La journée a été longue. Tu ne comprends pas pourquoi, certains jours passent sans encombre alors que d’autres vous écrasent sous les problèmes qui commencent dès le matin. Tu as eu l’honneur d’avoir un amphithéâtre totalement excité pour commencer la journée puis tu as ensuite eu la visite de collègues qui se plaignaient l’un de l’autre. Très honnêtement, tu n’avais pas du tout envie de jouer au directeur d’école, tu considérais que tu avais mieux à faire. Pour échapper à toutes ces histoires, tu t’étais caché dans le bureau de Joanne toute l’après-midi ce qui avait beaucoup amusé la jeune femme qui allait certainement te taquiner à ce sujet pendant un moment. Du moment qu’elle souriait et qu’elle faisait des pauses, c’était tout ce qui comptait. Car même si tu traversais une période difficile, tu avais conscience que ce n’était rien comparé à ce que Joanne avait traversé et continuait à traverser. Mais comme à son habitude, Joanne vous donnait l’impression que tout était simple. Tu avais quitté son bureau quand elle l’avait quittée elle-même pour aller récupérer ses enfants et tu avais trouvé des documents déposés sur ton bureau pour lecture. Tu n’échangerais pour rien au monde ton rôle de doyen mais des fois, tu ne pouvais nier que tes étudiants étaient bien plus simples à gérer que tes collègues. Heureusement, tu continuais à enseigner encore quelques cours ce qui te permettait de souffler un peu et de ne pas te couper totalement de l’enseignement. Enseigner voulait dire se rendre disponible pour tes élèves voilà pourquoi tu venais de finir deux heures à enchainer les questions des élèves qui se présentaient à ton bureau au sujet de leur projet quand tu sentis ton portable vibrer dans ta poche. Vu que tu te retrouvais enfin seul, tu le déverrouillais et un sourire apparut immédiatement sur ton visage quand tu vis que c’était Dani qui te contactait. Toutefois, une fois le message ouvert, c’est la confusion qui vint remplacer ton sourire. Son message ne voulait rien dire, les mots ne formaient pas des phrases et rien que ça suffisait à t’alarmer. Dani n’était pas le genre de personne qui vous envoyait un message n’importe quand et n’importe comment surtout en fin de journée. Tu lui répondis donc immédiatement pour lui demander si tout allait bien et sa réponse te laissa encore plus perplexe. La seule chose que tu pus décrypter c’était qu’elle allait à la plage. L’énonciation de cet endroit te fit te lever brusquement. Si Dani était à la plage, c’était certainement près de chez elle à Bayside et il y avait de fortes chances qu’elle t’envoie des textos qui ne voulaient rien dire parce qu’elle avait bu un verre en trop. Vu son métier, Dani avait toujours su gérer les doses d’alcool qu’elle buvait. Si elle avait trop bu et qu’elle avait dépassé les limites, c’est qu’elle ne devait pas aller bien et tu espérais que quand elle buvait elle était moins triste que toi. A sa place, tu aurais trouvé que c’était une bonne idée d’aller te jeter à l’eau.

Ne perdant pas plus de temps, tu attrapais quelques dossiers au hasard et tu quittais ton bureau en n’oubliant tout de même pas de le fermer à clés. Tu te mis ensuite à courir en direction de ta voiture, une scène qui fit tourner quelques têtes, toi qui détestais toute forme de sport. Tu arrivais d’ailleurs à ta voiture complètement essoufflé et tu démarrais au quart de tour. Pour ne mettre personne d’autre en danger, tu respectais les limitations de vitesse et une vingtaine de minutes plus tard, tu te retrouvais garé sur le parking de la plage en bas de chez Dani. Tu n’étais pas retourné chez la jeune femme depuis son emménagement mais tu te souvenais précisément du lieu où elle habitait. Tu courrais ensuite sur la plage et tu te mis à crier « Dani ! Dani ! » Tu passais pour un fou très certainement mais tu t’en fichais. Avec l’air frais de l’hiver australien, il n’y avait que quelques promeneurs sur la plage et quelques adolescents profitant d’un moment loin de leur entourage. Tu avançais alors que tu continuais de crier et soudain, tu vis une silhouette et une chevelure bien connue qui semblait danser au loin. Tu te remis à courir et le soulagement fut total quand tu arrivais à sa hauteur et que c’était bien elle. « Gosh Dani ! Tu m’as fait une de ces peurs … » Tu avais du mal à reprendre ton souffle mais déjà, tu sentais l’adrénaline retomber alors que ton cerveau commençait à accepter que contrairement à Colleen, Dani était toujours là, elle allait bien. Ou du moins aussi bien que quelqu’un qui avait abusé de la bouteille. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tout va bien ? » Te retrouvas-tu à lui demander, ne pouvant t’empêcher de poser la question.

@Dani Hwang

La blessure est encore à vif. Les pensées sont encore troubles. La semaine lui a semblé interminable. Elle veut oublier ce douloureux souvenir mais elle n’y arrive pas. Leur histoire est finie alors qu’elle avait à peine commencer. Cependant Dani n’a jamais toléré la trahison. Elle l’a vécu une première fois avec Hugo son ex et elle voit l’histoire se répéter, impuissante. Dani n’a pas encore guéri de ses histoires du passé. Elle le sait. Elle le sent. Elle lui a laissé le temps de se confesser et de lui donner des explications mais elle est restée froide et sans voix. Il a franchi une limite et a réussi à ternir son cœur. Ils se sont quittés sans un regard en arrière. L'histoire se répète inlassablement.

Pourtant la vie de l’œnologue continue. Le premier jour de la semaine, Dani a dû prendre son courage à deux mains pour aller travailler tout en abordant un sourire. Pourtant ses traits sont restés tristes. Nicole, son assistante, a bien senti que quelque chose cloché. Les jours de la semaine se sont écoulés. Dani s’est enfermée dans son travail. Elle réagie toujours de cette manière lorsque quelque chose ne va pas. Elle n’a pas répondu aux messages de ses proches. Elle a même annulé une soirée qu’Asher lui a proposé, elle qui ne dit jamais non à son drinking buddy. Dani navigue entre le chai et les caves du vignoble. Elle a trié et rangé les bouteilles qui prenaient la poussière, comme si elle souhaitait mettre un peu d’ordre dans sa vie, mais elle n’y voyait rien dans la pénombre de ses pensées.

La semaine s’achève et l’humeur de Dani est toujours aussi morne. Elle rentre du vignoble comme à son habitude en fin de journée. Elle sort une énorme caisse de six bouteilles du coffre de sa voiture de fonctions. Parfait cela lui fera le week-end. Dani monte son bazar à l’étage. Elle fouille dans ses tiroirs et s’empare d’un tire-bouchon. Elle enfile un gros sweat à capuche et mets deux bouteilles dans un tote bag. Parfait pour la soirée. Ses écouteurs aux oreilles, elle quitte son appartement avec son pack de survie direction la plage.

Le vent caresse le visage de porcelaine de la coréenne. En temps normal, elle aurait froid, mais l’alcool dans son sang réchauffe son corps. Elle a longuement marché, sans but, en se délectant du nectar rouge aux saveurs australiennes. Elle a finalement fait une pause et pris place sur le sable. Elle a regardé son répertoire téléphonique à la recherche d’un ami. Elle tombe sur Marius. Son prénom sonne comme une évidence. Le temps a filé mais il est resté. Dani appuie sur son numéro et expérimente la rédaction d'un message. Sa tentative est médiocre alors que ses doigts sont maladroits sur l’écran tactile de son cellulaire. L’œnologue estime que son message est suffisamment compréhensible mais il ne le sera pas pour son destinataire. Mais elle s’en rend même pas compte qu’elle a repris son activité favorite : boire.

Elle entend son prénom entre le murmure des vagues mais elle ne se retourne pas. Elle est trop concentrée à regarder la houle au loin s'agiter. Elle entend son nom raisonner un peu plus fort et elle voit apparaître Marius dans son champ de vision. « Oh Marius, tu as pu venir. » qu’elle répond d’une petite voix. Elle le voit tout essoufflé mais l’alcool parasite sa vision ainsi que ses pensées. Il lui demande si ça va. C’est la première fois qu’on lui pose la question depuis sept jours. Dani baisse la tête en faisant quelques vers Marius. Elle sent l’émotion lui monter en elle mais il est hors de question de pleurer devant quelqu'un. La tristesse reste bloquée dans sa gorge. Alors sans réfléchir elle vient se blottir contre Marius. Elle lui fait une espèce de câlin maladroit avec ses bras beaucoup trop petits par rapport au gabarit masculin et une bouteille de vin dans la main. « Non ça va pas. » qu’elle avoue sortant enfin de son silence. « J’avais besoin de voir un ami. » qu’elle dit d’une voix étouffée.

Dani était là, devant toi, elle allait bien, tu pouvais respirer. Voilà les pensées que tu obligeais ton cerveau à répéter en boucle pour te convaincre que ce n’était pas un rêve, que tu n’arrivais pas trop tard. Dani ne t’avait jamais parue dépressive ou suicidaire mais tu étais l’exemple parfait qui montrait que les apparences peuvent parfois être trompeuses. Mais Dani était là, les yeux légèrement dans le vague, dans un état d’ébriété que tu ne lui connaissais pas mais rien qu’une bonne nuit de repos ne pourra effacer. Cela te rassure et te permet de calmer ta respiration. Tes cris et ton état d’anxiété ne semblent pas atteindre la jeune femme qui te regarde comme si tout allait bien, comme si cette rencontre n’était qu’une autre de vos rencontres au vignoble ou dans une galerie d’art. En aura-t-elle honte demain matin ? Peut-être pourtant, tu seras la dernière personne qui pouvait la juger de son état. « Oh Marius, tu as pu venir. » Première déduction de la soirée, elle avait réellement cherché à te contacter même si les éléments qu’elle avait mis dans son message étaient tout sauf clairs à ce sujet. Elle s’attendait à te voir et n’était pas paniquée face à ton apparition. Tes pensées se bousculaient alors que tu la regardais se lever et se diriger vers toi. Ta question avait fait disparaître de son visage son sourire légèrement béat qui te faisait comprendre que son niveau d’alcoolémie était assez élevé pour que ses pensées ne soient plus claires, que son comportement allait devenir différent de celui que tu lui connaissais. Tu n’avais jamais connu Dani saoule malgré les nombreuses bouteilles que vous aviez partagées au fil des années. Rien que le fait qu’elle soit dans cet état signifiait qu’elle n’allait pas bien mais pour la faire parler, tu lui posais la question la plus débile qui soit. Cette question qui avait fait tomber son sourire et qui l’avait amenée se blottir contre toi. Tu ne peux t’empêcher le léger sursaut qui envahit ton corps. C’est la première fois que l’on te touche ainsi depuis le départ de Colleen. Sa présence t’avait faite oublier ton aversion au toucher non anticipé des autres mais cela semblait revenir en force. Dani ne sembla pas s’en rendre compte cependant et avant que tu ne puisses passer tes bras autour de son corps frêle, elle te dit : « Non ça va pas. J’avais besoin de voir un ami. » Si tu étais le genre d’ami qui prenait régulièrement des nouvelles, tu aurais peut-être une idée de ce qui avait causé une telle réaction chez Dani. Mais la vérité c’était que tu n’étais pas vraiment du genre à prendre des nouvelles par message et qu’avec la fin de ta relation avec Colleen, tu t’étais refermé sur toi-même et sur ton travail. Les années t’avaient appris, en plus de ton expérience personnelle, qu’il y avait de fortes chances que cela soit lié à la vie privée ou plutôt amoureuse de Dani. Toutefois, la jeune femme n’avait pas fait mention d’un homme ou d’une femme da sa vie. Ou alors c’était toi qui n’avais pas fait attention ce qui était tout à fait possible. Dans un geste que tu voulais rassurant et réconfortant, tu entourais Dani de tes bras et passais ta main dans son dos. Peu importe le problème finalement, elle pouvait compter sur toi. Si tu devais être honnête avec toi-même, tu n’étais pas un spécialiste des histoires de cœur, au contraire même mais tu feras de ton mieux pour l’aider dans tous les cas parce que Dani ne se retrouvera jamais seule. « Qu’est-ce qui s’est passé Dani ? » Lui demandas-tu alors que tu l’invitais à s’asseoir. Tu ne brisais pas le contact entre vous, te faisant violence pour ne pas la brusquer ou lui faire peur. Il fallait qu’elle te parle, il fallait que tu saches où tu mettais les pieds et si Dani subissait le même mal que toi.

@Dani Hwang

Le temps et la distance ont montré que leur amitié est solide. Les vrais amis se comptent sur les doigts d’une main et elle considère le Warren comme tel. Même s'ils ne sont pas les plus démonstratifs, une partie d’elle espère que cela est réciproque. Dani est l’incarnation de la femme forte et indépendante, elle s’est construite une armure au fil du temps pour réussir tant dans sa vie professionnelle que personnelle. Mais parfois, les choses ne se passent pas exactement comme prévues. Certaines déceptions prennent plus de place que l’on aurait imaginé. Les premiers jours sont souvent les plus intenses. Dani ne se laisse jamais aller, elle est toujours tirée à quatre épingles. Au boulot, elle est incroyablement redoutable, il ne faut pas éveiller le dragon qui sommeille en elle. Pourtant, il arrive d’avoir des exceptions, comme aujourd’hui où la Hwang se laisse complètement aller. L’alcool dans sa bouteille diminue d’une façon plus que raisonnable.

Elle ne réfléchit pas et vient se blottir contre son ami d’une façon maladroite et imprévue. Elle perçoit un léger mouvement de surprise de la part de Marius avant de sentir une main réconfortante sur son dos. Elle ferme les yeux pendant quelques instants. Sa respiration se calme et la douleur dans son cœur paraît moins lourde à supporter pendant ce moment. Elle est toujours moins lourde en compagnie d'un ami. « Qu’est-ce qui s’est passé Dani ? » Délicatement, il l’invite à s’assoir dans le sable. Dani reste à côté de Marius ne voulant pas bouger d’un pouce tellement elle se sent éprouvée par cette semaine qui a été un véritable ascenseur émotionnel.

« Pardon si je t’ai surprise ou fais peur… » Elle se mord l’intérieur de la joue. Elle fait autant allusion à son étreinte surprise ou ses messages pouvant paraître alarmistes. Elle souhaite d'abord s'excuser pour son comportement. « Il s’est passé que je n’ai vraiment pas de chance en amour. » Il regarde ses pieds et fait tourner la bouteille entre ses doigts. « Cela faisait quelques mois que je fréquentais quelqu’un et j’ai vraiment cru qu’on était sur la même longueur d’onde. » Naïvement, bêtement. Elle laisse échapper un grand soupir de déception. Elle n’a pas envie de remuer le couteau dans la plaie. Elle ne peut changer les événements passés. Il a embrassé son ex. Dani ne tolère pas ce genre de comportement. Son impulsivité la rend rancunière. « J’ai l’impression qu’à chaque fois que je m’autorise à ouvrir mon cœur, je vois l’histoire se répéter. Je m’entiche d’un gars qui ne me correspond pas. » La liste de ses ex s’agrandit et elle peut ajouter le nom de Channing aux côtés de celui d’Hugo. Elle se sent stupide de ne pas avoir mieux écoutée certaines mises en garde. Un jour, l’œnologue apprendra de ses erreurs, on y croit. Elle aura le nez plus fin en amour tout comme elle le possède avec le vin.

Maintenant que tu es là, maintenant que Dani est près de toi, il faut que tu comprennes. Tu trouves cela rassurant de voir que tu n’es pas le seul à couler ces derniers temps et tu te sens coupable de trouver un certain réconfort dans la détresse de tes proches. Il est tellement plus facile de se concentrer sur les problèmes des autres pour oublier les siens … Ce soir, c’est Dani qui t’a appelée à l’aide et alors que son message avait suffit à t’inquiéter, la trouver dans un tel état sur la plage n’était pas pour te rassurer. Ils étaient rares les gestes d’affection spontanés entre vous. Tu n’étais pas une personne tactile, tes proches le savaient et ils évitaient de te toucher sans raison. Mais Dani n’avait pas tous ses moyens ce soir alors tu lui pardonnais cette étreinte aussi brusque qu’improbable alors que tu ne savais toujours pas ce qui la mettait dans cet état. Plusieurs scénarios se dessinaient dans ton esprit, tous aussi probables les uns que les autres. Finalement, tu la fis asseoir dans le sable et tu finis par lui demander ce qui se passait. Tu seras un bien meilleur conseiller quand tu auras en main toutes les pièces du puzzle ou du moins la plupart des pièces. « Pardon si je t’ai surprise ou fais peur… Il s’est passé que je n’ai vraiment pas de chance en amour. Cela faisait quelques mois que je fréquentais quelqu’un et j’ai vraiment cru qu’on était sur la même longueur d’onde. » Donc c’était la vie amoureuse de Dani qui ne se portait pas bien. Tu reconnaissais avec un brin de honte que tu ne t’étais pas intéressé plus que de mesure à la personne qui avait partagé brièvement la vie de ton amie. Tu te souviens vaguement d’une photo envoyée, d’un prénom donné au bout du fil, de tes félicitations et de tes voeux de réussite pour cette relation. Aujourd’hui, une chose était claire, tu n’auras pas à rencontrer cet homme ou du moins, si tu le rencontrais, ce ne sera pas pour un échange cordial. « J’ai l’impression qu’à chaque fois que je m’autorise à ouvrir mon cœur, je vois l’histoire se répéter. Je m’entiche d’un gars qui ne me correspond pas. » Suite à ces paroles, Dani se tut. De ton côté, tu poussais un petit soupir parce que pendant longtemps, tu avais cru que l’histoire se répèterait aussi. Même avec Colleen au départ, tu l’avais envisagé avant de te rendre compte que c’était une bêtise. Aucune histoire n’est destinée à se répéter et si tu étais seul aujourd’hui, c’était très certainement de ta faute avant d’être celle des autres. « Je suis désolé que cette histoire se soit terminée, je me souviens de l’engouement avec lequel tu m’en avais parlé. » Tu étais sincère. Tu ne souhaitais à personne de se faire briser le coeur. « Mais tu n’es pas condamnée à revivre encore et encore des histoires malheureuses. Personne n’y est condamné même si je comprends que des fois on puisse le penser. » Il ne servait à rien de nier les faits, Dani se fera sinon un plaisir de te conter toutes ses autres histoires pour appuyer son argument et tu n’étais pas certain d’être prêt à cela. « C’est difficile de trouver une personne qui nous complète. » Une personne et pas cette personne parce que tu ne croyais pas qu’il y avait une seule personne faite pour chaque être humain sur terre. « Il y a tellement d’imprévus dans la vie, c’est tellement compliqué que rare sont ceux qui trouvent et qui ne souffrent jamais. Tu vas la trouver cette personne Dani, il faut juste être patiente et peut-être un peu plus méfiante. » Ton amie avait le chic d’accorder sa confiance très rapidement, quelque chose que tu ne lui recommandais pas. Ton coeur se serra alors que tu prononçais ces paroles parce que toi, tu avais trouvé cette personne avec Colleen mais la vie vous avait séparé, avait rendu votre amour impossible.

@Dani Hwang

Parler à cœur ouvert a toujours été quelque chose de difficile pour la coréenne, fruit d’une éducation qui lui a appris à ne jamais montrer ses faiblesses. Cette facette de son caractère a été endurcie depuis qu’elle navigue dans l’océan tumultueux de l’œnologie, un monde encore beaucoup trop masculin à son gout, où la place des femmes est encore à défendre. Aujourd’hui, Dani a baissé les armes pour une fois. Elle témoigne de ses tourments auprès de son ami, Marius. L’œnologue regrette de s’être laissée emporter une nouvelle fois par le jeu des sentiments. Elle se mord les doigts de ne pas avoir écouter certains conseils qu’on lui a prodigué. L’erreur est humaine et Dani veut apprendre de ses faux pas. Alors elle écoute les paroles de son ami malgré son cœur meurtri. « Je suis désolé que cette histoire se soit terminée, je me souviens de l’engouement avec lequel tu m’en avais parlé. » Ses yeux fixent le sable comme si elle ne voulait pas affronter la réalité, mais de désagréables souvenirs lui reviennent à l’esprit. Ses doigts se crispent autour de la bouteille de vin alors qu’elle revoit Channing lui confesser ses péchés. Ils sont tous pareils, qu’elle pense à l’intérieur d’elle alors que la colère reprend le dessus sur la tristesse. C’est l’ascenseur émotionnel. « Mais tu n’es pas condamnée à revivre encore et encore des histoires malheureuses. Personne n’y est condamné même si je comprends que des fois on puisse le penser. » Cette fois-ci, ses deux billes noisette se redressent vers le visage de Marius. « Tu crois ? » qu’elle lui demande d’une voix qui manque cruellement de conviction. Dani a l’impression de ne jamais se défaire du mauvais sort qui survole sa vie sentimentale. « C’est difficile de trouver une personne qui nous complète. » Elle agite doucement sa tête de haut en bas. Cette personne existe-t-elle ? Dani n’a pas encore trouvé le millésime qui lui convenait parfaitement. « Je me demande où se cache cette personne. » qu’elle ajoute avec un léger rire nerveux. Dani n’est pas désespérée pour autant, mais c’est une envie qu’elle ressent ces derniers temps maintenant que le vignoble roule un peu près correctement. Elle aimerait partager sa réussite auprès de quelqu’un, qui est noté aux abonnés absents pour l’instant. « Il y a tellement d’imprévus dans la vie, c’est tellement compliqué que rare sont ceux qui trouvent et qui ne souffrent jamais. Tu vas la trouver cette personne Dani, il faut juste être patiente et peut-être un peu plus méfiante. » Peut-être que Marius a raison, il faut juste que l’information monte au cerveau de la coréenne. « Merci pour tes mots Marius. » Pour la première fois, un sourire prend vie sur les traits de la demoiselle. Elle est reconnaissante d’avoir un ami comme lui dans sa vie. « Tu es toujours de bons conseils, que ça soit en France ou ici. » Plus de dix ans séparent les deux amis, et Marius a clairement plus d’expérience et de sagesse que l’intrépide Dani, elle apprendra avec le temps, patience. « Et toi, comment tu vas Marius ? » qu’elle lui demande. Ces derniers temps, elle a clairement négligé sa sphère amicale pour travailler d’arrache-pied. C’est le premier symptôme d’une peine de cœur. Le second se matérialise par l’alcool, Dani adresse un regard à la bouteille de vin à moitié vide. Elle l’approche une nouvelle fois de ses lèvres pour s’enivrer de cette chaleur réconfortante mais éphémère.

Les peines de coeur, ce sont les épreuves que tu trouves les plus compliquées à surmonter. C’est une souffrance qui vous transperce, une souffrance qui vous met à terre et ne vous laisse que des doutes pour compagnie. Toi, tu avais traversé ça avec ton premier amour au lycée mais c’est surtout avec Alice que tu as compris ce que voulait dire avoir le coeur brisé. C’est ton travail et cet acharnement dont tu as fait preuve qui t’ont permis de garder la tête hors de l’eau. Tu ne l’as sortie que lorsque tu as rencontré Colleen, que lorsque tu as ait la paix avec tes anciens démons car se cacher derrière son travail n’est qu’une manière de se dérober à la vérité qui vous entoure. Tu es peiné de voir Dani dans cet état car elle mérite d’être aimée. Tu avais découvert en la jeune femme une personne douce mais aussi très forte à la fois qui n’était jamais en peine d’aventures … « Tu crois ? » Son regard se pose sur toi et te ramènent des années en arrière, quand Moïra était encore enfant et qu’elle te regardait avec ses yeux écarquillés et implorants comme si tu avais les réponses à toutes ses questions. Dani est dubitative, tu le sens mais tu dénotes une pointe d’espoir dans sa voix et tu n’hésites pas à lui dire : « J’en suis persuadé. » Car tu l’es. Dani n’a que vingt-neuf ans, elle est encore au début de sa vie. Elle est destinée à rencontrer encore énormément de personnes alors tu ne te faisais pas de soucis, un homme finira par l’apprécier à sa juste valeur. Comme Moïra, elle t’écoute patiemment mais elle ne reste pas muette à boire tes paroles, elle te confie ses doutes, chose qu’elle fait peu souvent d’habitude. « Je me demande où se cache cette personne. » Là, tu n’avais pas de réponse à lui apporter. Certains lui répondraient qu’elle se cachait peut-être sous son nez mais tu ne connaissais pas assez bien l’entourage de Dani pour te permettre ce genre de commentaire. Il faudra certainement qu’elle fasse d’autres tentatives avant de trouver cette personne, il n’y avait pas de recette miracle. « Elle finira par apparaitre, personne n’est destiné à finir seul à part quand c’est un choix. » Dans ton cas, c’était un peu la vérité. Pendant des années tu n’avais pas fait d’efforts, trop absorbé par ton coeur brisé et étant incapable de te voir dans une quelconque relation. Colleen avait changé tout ça mais elle aussi avait disparu. Est-ce que cela serait de ta faute si tu finissais seul ? Tu n’en savais rien mais il fallait très certainement te faire à l’idée contrairement à ce que Moïra semblait penser. « Merci pour tes mots Marius. Tu es toujours de bons conseils, que ça soit en France ou ici. » Tu ne dis rien, tu acceptes ses remerciements même si tu ne sais pas ce qu’elle aura retenu demain de tes conseils mais s’il fallait lui répéter ce que tu venais de dire, tu n’hésiteras pas. « Et toi, comment tu vas Marius ? » Sa question te surprit. Ce soir, tu n’étais pas préparé à parler de toi. Tu n’aimais pas parler de toi quand ça n’allait pas et avec le départ de Colleen, ça n’allait pas fort il fallait le reconnaître. Dani a toujours la bouteille dans sa main alors quand elle s’appuie sur ton épaule, tu la lui attrapes car il est temps qu’elle arrête de boire de toute façon. « Colleen est partie. » Dis-tu sans préambule. Ces trois mois suffiraient à faire comprendre à Dani que tu n’allais pas bien. Tu lui avais confié votre éloignement à cause de sa fille mais pas la fin définitive de votre relation. « Alors ça pourrait aller mieux. » Dis-tu ton regard perdu dans le vague. Tu es tenté de prendre une gorgée de la bouteille dans tes mains, ta gorge te brûle tellement que cette envie te démange mais tu n’en fais rien, tu écoutes le liquide tanguer dans la bouteille, lui donnant le même rythme que les vagues qui viennent s’écraser à quelques mètres de vos pieds.

@Dani Hwang

 
« J’en suis persuadé. » Durant un moment, elle se laisse bercer par les paroles masculines. Malgré toute la tristesse et la rancune que son palpitant a acculumé ses derniers jours, elle reste une optimiste dans l’âme. Peut-être qu’elle n’est pas chanceuse en amour, mais elle est épanouie dans le monde qu’elle s’est construite. Elle sait qu’il veille sur elle là-haut dans les étoiles. « Elle finira par apparaitre, personne n’est destiné à finir seul à part quand c’est un choix. » En silence et avec un simple hochement de tête aux paroles de son ami, elle accepte ce fait.

C’est au tour de ton ami de longue date de se confier. Cela fait bien trop longtemps qu’ils n’ont pas pris le temps de parler, d’échanger, de prendre du temps l’un pour l’autre. « Colleen est partie. » Elle sent la profonde triste dans le timbre de sa voix. L’œnologue ne connaissait pas personnellement Colleen, mais elle est sûre d’une chose. Ils étaient heureux ensemble et surtout sincèrement amoureux. Elle se souvient encore des paroles de Marius et de son regard rêveur lorsqu’il lui avait parlé de Colleen le jour de son aménagement à Brisbane. Elle regrette qu’ils n’aient pas eu l’occasion de boire un verre tous les trois afin de faire connaissance. « Alors ça pourrait aller mieux. » Dani pose ses yeux noisette sur son ami. Elle comprend totalement ce vide qui traverse leurs cœurs. C’est en silence qu’elle lui témoigne son soutien. Il n’est pas nécessaire de remuer le couteau dans cette plaie ouverte et encore à vif. Ils sont partis vers d’autres horizons. Les deux amis se retrouvent à présent seuls face à un océan de questionnements. Sans émettre d’opposition, Dani laisse Marius se saisir de la bouteille déjà bien entamée. Elle voit ses yeux hésitants. « T’as le droit de boire une gorgée tu sais. » L’alcool réchauffe les cœurs solitaires. « C’est pas comme si j’allais en manquer. J'ai tout un stock à l'appart' et je ne te parle pas de celui du vignoble. » qu’elle opte avec un léger trait d’humour, essayant tant bien que mal de se dépatouiller de cette ambiance clairement déprimante, digne d’une romance dramatique. « Ça te dit : on se lève, on va face à l’océan et on crie toutes les choses qui nous contrarie en ce moment ? Au moins le vent l’apportera au loin, très loin. » A cette heure tardive, ce n’est pas comme s’il y a foule sur la plage. Ils ne seront jugés par personne. Il fait froid, il fait nuit. Ils sont les seuls intrépides -ou alcooliques- à oser braver le froid. L’hiver est encore bien présent à cette période de l’année à Brisbane. Dani se lève les jambes légèrement vacillantes. Pourtant, elle arrive encore à garder son équilibre. Ce qui est assez miraculeux. Des années de pratique, je vous dis. A défaut d’être assidue et ponctuelle dans son suivi psychologique qu’elle a abandonné depuis quelques semaines déjà, elle se dit que cet exercice face à l’océan peut être excellent pour extérioriser. De sa main libre, elle tend sa paume en direction de Marius. A deux, ils peuvent le faire ensemble, s'il accepte la proposition de la coréenne.

Spoiler:

La meilleure personne pour remonter le moral de Dani, ce n’est évidemment pas toi. Cependant, tu ne peux pas lui peindre un tableau tout noir non plus, pas quand contrairement à toi, Dani est dans la fleur de l’âge et que même si elle vient de se séparer de son petit ami, elle fera forcément de nouvelles rencontres et retombera amoureuse. Dani avait toujours eu une vision optimiste de la vie et cela n’allait pas changer maintenant même si elle était incapable de le voir à cet instant précis. C’était toi qu’elle avait appelé dans ce moment de faiblesse alors tu devais te montrer à la hauteur. Tu ne pouvais pas être à la hauteur pour toi mais tu pouvais l’être pour les autres. Pourtant, tes paroles sonnaient creux, même à tes oreilles. Au fond, seul l’avenir vous dira qui Dani rencontrera et si elle retombera amoureuse. Mais tu veilleras à ce qu’elle soit en position de le faire, ce que tu t’étais toujours interdit après Alice, sans réellement t’en rendre compte. Et puis il y avait eu Colleen. Colleen avait tout changé, arrivant comme une légère brise avant de tout balayer sur son passage. Tout ce que tu pensais impossible, elle t’avait amené à le faire et aujourd’hui, la perte était d’autant plus immense que tu savais exactement ce que tu étais en train de perdre. Tu sembles être voué à perdre les femmes qui te sont chères mais contrairement à Alice, tu n’arrives pas à regretter d’avoir aimé Colleen. Elle t’avait ouvert les yeux, elle avait réouvert ton coeur. Tu doutais retomber amoureux, un futur solitaire et dévoué à ta nièce te semble bien plus probable mais Colleen t’aura montré que c’était possible, si tu t’en donnais les moyens. Et puis elle avait doucit les relations avec ta fratrie, un miracle qui restait entier … « T’as le droit de boire une gorgée tu sais. C’est pas comme si j’allais en manquer. J'ai tout un stock à l'appart' et je ne te parle pas de celui du vignoble. » Un timide sourire se dessina sur tes lèvres. Le liquide tournait toujours dans la bouteille mais tu fis non de la tête. Tu savais où menait ce chemin et tu refusais de le prendre. Dani ne t’avait pas connu dans tes pires moments, c’était bien mieux que les choses restent ainsi. « Je préfère m’abstenir, je dégusterai ton vin quand je serais en mesure d’en apprécier sa juste valeur. » Dis-tu à la Coréenne en vidant la bouteille dans le sable. Il ne restait pas grand chose et Dani avait déjà bien assez bu de toute manière. Elle ne sembla pas s’en offusquer, peut-être ne le remarqua-t-elle même pas. « Ça te dit : on se lève, on va face à l’océan et on crie toutes les choses qui nous contrarie en ce moment ? Au moins le vent l’apportera au loin, très loin. » Tu regardes Dani se lever, elle titube légèrement mais trouve son équilibre plus vite que ce que tu n’aurais pensé. Crier n’est pas quelque chose que tu fais souvent, tu ne le fais même jamais. Tu ne sais pas si tu y arriveras, c’est un lâcher prise que tu n’es pas certain de pouvoir mettre en place mais tu attrapes la main de ton amie avant de lui dire : « Allons-y ! » Après tout, cela ne coûte rien d’essayer. Au pire, tu regarderas Dani crier les siens de problèmes car pour les crier, encore faut-il mettre des mots sur ces derniers. Une fois debout, vous vous élancez et tu fermes les yeux te laissant guider par Dani. Rien que ça, c’est pour toi un lâcher prise qui te fait du bien. Le vent est fort autour de vous et qui sait ? Peut-être que tu as finalement des choses à crier toi aussi …

@Dani Hwang