Après l’échec cuisant de l’appel téléphonique il faut qu’on trouve une autre solution. Si la police n’a pas décidé de nous croire pour le moment tant pis elle nous croira plus tard. En attendant on se débrouillera sans elle. Décidément impossible de compter sur les profs, ce connard de Burton ou les flics. Mais où sont les adultes bordel ? Je marche en direction du gymnase, Anwar me suite de près. La musique se fait toujours entendre lorsque nous passons la porte du gymnase. Le gymnase est plongé dans l’obscurité et il est vide. Alors que je me m’approche du tourne disque pour arrêter la musique je trébuche sur quelque chose. Ou plutôt sur quelqu’un. Je viens de trébucher sur un cadavre. «Oh merde » C’est un véritable cauchemar, d’abord Riley et maintenant d’autres personnes. C’est bien ce que je craignais, pas besoin de les prévenir ils savent déjà pour le tueur et il les a trouvés. Je me relève brusquement et je vais éteindre la musique qui est d’une ironie macabre. « Anwar il y a des morts ici aussi. » La colère est plus forte que la peur de finir comme ces malheureux. Je sais qu’Anwar a mis du temps à croire au premier meurtre mais je pense qu’il mesure désormais davantage la gravité de la situation. Je remercie l’obscurité qui nous empêche de voir les visages, on n’a pas le temps pleurer nos morts pour l’instant, on ne peut plus rien pour eux. Les vivants attendent et ont besoin d’aide, il faut qu’on essaie de réfléchir vite pour empêcher que le carnage continue. « Faut vraiment qu’on trouve ce taré, et vite. » Comment le trouver c’est déjà une grande question, il peut être n’importe où. Et puis la question la plus délicate c’est comment le coincer. Si on arrive à le trouver et qu’on se pointe devant lui les mains vides, sans rien pour le mettre hors d’état de nuire ça sera une vraie boucherie. Il est dangereux, armé et nous n’avons rien à part un tire-bouchon, c’est mal barré. Il ne faut pas confondre courage et folie, on doit trouver de quoi être en capacité de répliquer. « Il faut qu’on trouve de quoi se défendre, on pourra pas se battre sans rien s’il est armé.» Je réfléchis mais j’ai du mal à imaginer où est-ce qu’on pourrait trouver de quoi se défendre. A la cafétaria ? Les salles de cours ? En tout cas Carla devra attendre. Je sais qu’elle est seule, en état de choc et probablement en danger mais si on se pointe dans les vestiaires comme ça on ne l’aidera pas.

Elle agace Anwar sans vraiment l'étonner, la réaction peu professionnelle du policier qui leur a littéralement raccroché au nez. Les adultes appellent ça la crise d'adolescence mais le brun, lui, trouve ahurissant la manière dont leur parole n'est jamais prise au sérieux, comme s'ils étaient encore des enfants. Anwar a dix-sept ans, il n'est plus un enfant, et il en a assez qu'on le traite comme tel – son oncle surtout, sa tante aussi, un peu. Il n'y a que Talia pour le regarder tel l'adulte qu'il est persuadé d'être, avec l'envie et la hâte d'en être bientôt une à son tour. Il se sent adulte aussi lorsqu'il est avec Riley, lorsqu'ils ne sont pas en train de s'écharper pour une bêtise, quand ils font le mur pour se voir en cachette, qu'ils vident des bouteilles de bière achetées en douce et refont le monde nus comme des vers sur un bout de crique où personne ne vient jamais à part eux. Riley. Ne pense pas à Riley. Les secours viendraient peut-être quand même, mais Cesar et lui décident de ne pas trop compter dessus et prennent la direction du gymnase dans un silence pesant. « Y'a un truc qui cloche … » Murmure alors Anwar en serrant son sac à dos contre lui comme un bouclier. Il devrait y'avoir des rires, des gens qui vont et viennent hors du bâtiment pour prendre l'air, des éclats de lumières colorées provenant des spots installés par le BDE … Mais rien, rien du tout, et malgré le tube de Gloria Gaynor qui s'époumone dans la sono, le gymnase est plongé dans la pénombre. « Oh merde. » Quoi ? Zehri n'a pas le temps de demander qu'il trébuche à son tour et se rattrape comme il peut sur le sol, les mains glissant dans une mélasse visqueuse dont il ne comprend l'origine que lorsque Cesar réalise le premier « Anwar il y a des morts ici aussi. » Le brun comprend instantanément que c'est une flaque de sang dans laquelle il vient de tomber, et un juron lui échappant il se remet debout avec l'énergie de la panique. « Faut vraiment qu’on trouve ce taré, et vite. » Ses oreilles bourdonnent et les battements de son cœur y résonnent, il bafouille un « Je sais pas, je … Je … » maladroit et réalise que jusqu'à présent tout cela ne lui semblait pas encore réel. Mais ça l'est – il y a des morts, et Riley est morte. Riley est vraiment morte. « Il faut qu’on trouve de quoi se défendre, on pourra pas se battre sans rien s’il est armé. » le presse maintenant Cesar, capable d'un sang-froid qu'Anwar peine à trouver tandis qu'une larme perle au coin de son œil, de colère autant que de tristesse. « On fera jamais le poids s'il a tué tout le monde. » Il ne sait pas quand le coupable est devenu un "il" et il sait bien qu'une seule personne ne peut pas avoir tué l'intégralité des élèves d'un lycée plus le corps professoral allant avec. Il réfléchit au fur et à mesure, et tandis qu'il pense à Riley il se met à penser à Carla : s'il était occupé au gymnase alors elle est peut-être toujours saine et sauve. « Faut qu'on trouve Carla. » Essuyant ses larmes et bardant au passage ses joues de traces sanguinolentes, il scrute la silhouette de Cesar dans la pénombre « On cherchera de quoi se défendre sur le chemin … On trouvera rien ici. » Rien qui ne leur assure plus d'une seconde et demi de survie, en tout cas. « Peut-être dans les labos de sciences … ou dans les cuisines ? » Mais Anwar le végétarien ne découpe jamais rien de plus dur que les légumes, alors utiliser un couteau comme une arme … Il n'en sait rien, il se contente d'avancer, Cesar à sa droite et l'impression désagréable d'une présence malfaisante soufflant sur leur nuque.

@Cesar Gutiérrez  

« Y'a un truc qui cloche … » Souligne Anwar face au silence qui règne dans la salle. Il y a bien I will survive qui tourne en fond mais aucune discussion, aucun bruit, l’ambiance est plus qu’anxiogène. Et on comprend vite pourquoi puisque que trébuche sur un cadavre en voulant éteindre la sono. Je laisse échapper un juron en tombant et j’entends qu’Anwar dérape à son tour. Je réalise qu’on se trouve au beau milieu d’un bain de sang, c’est l’horreur. La pénombre nous empêche de voir combien de personnes sont mortes et il vaut mieux qu’on ne sache pas. Il faut qu’on trouve une échappatoire très vite et surtout qu’on capture le tueur, on ne peut pas le laisser s’en tirer comme ça. « Je sais pas, je … Je … » Anwar est fébrile et je ne fais pas le fier non plus. J’essaie de garder mon sang froid, de réfléchir mais j’ai du mal aussi. La différence c’est que j’ai vu le corps de Riley dans les vestiaires alors qu’Anwar ne réalise que maintenant que la situation est réelle. J’essaie de me reprendre, on ne peut  pas être tous les deux en panique il faut qu’on se reprenne. La voix légèrement tremblante aussi j’essaie d’articuler « Anwar… ne regarde pas par terre. Je sais que c’est difficile mais essaie de te concentrer sur autre chose. » Ce que je lui demande est impossible je le sais mais s’il essaie de deviner l’identité des morts ça sera encore plus difficile pour lui, on s’occupera de ça plus tard. J’insiste sur l’importance de trouver de quoi nous défendre, à mains nues on n’arrivera à rien. « On fera jamais le poids s'il a tué tout le monde. » Il n’a pas pu tuer tout le monde, non ce n’est pas possible on ne peut quand même pas être les seuls survivants. « Non non il n’a pas tué tout le monde. » J’essaie de me persuader de ça mais en réalité je n’en ai aucune idée. Ils sont peut-être tous morts et ce qui nous a sauvés c’est d’être sortis du gymnase. « Enfin on n’en sait rien, mais suis sûr qu’il doit y avoir d’autres personnes en vie. » Il faut qu’on garde un minimum d’espoir, qu’on s’accroche à quelque chose. J’espère que je ne me trompe pas et qu’il reste bien des survivants. « Faut qu'on trouve Carla. » Je ne sais pas si la priorité est de trouver Carla qui est peut-être déjà morte ou essayer d’attraper le tueur. Franchement j’en sais rien, je suis un peu perdu mais je sais une chose il faut qu’on bouge vite d’ici. Si on reste plus longtemps ici on sera une cible facile pour le tueur. Alors on se casse et on verra ce qu’on fait sur le chemin, on improvisera. « T’as raison oui, on ne peut pas la laisser seule. » La pénombre du gymnase est étouffante, surtout maintenant que je sais que nous sommes entourés de cadavres, il faut qu’on sorte et vite avant de devenir fous. « On cherchera de quoi se défendre sur le chemin … On trouvera rien ici. » Il a raison à part quelques bouteilles et des gobelets il n’y a rien par ici, il faut qu’on aille voir ailleurs. Et ce n’est pas le tire-bouchon d’Anwar qui nous sera d’une grande aide. Mais où est-ce qu’on trouve des armes dans un lycée ? « Peut-être dans les labos de sciences … ou dans les cuisines ? » J’hoche la tête tout en essayant de réfléchir à ce qu’il vient de proposer. J’essaie de matérialiser le plan du lycée dans ma tête pour qu’on soit plus efficaces. « Les labos sont plus près… je pense qu’on devrait commencer par là. » Je me dirige vers la sortie du gymnase, vers le couloir et j’ai l’étrange sensation que nous ne sommes pas seuls. Et soudain j’entends un craquement.  Je m’arrête net et je murmure à Anwar « Attends chut. » Je tends l’oreille et les bruits se font à nouveau entendre. « T’as entendu ? » Je me retourne et j’essaie de voir d’où ça vient et surtout ce qui a pu provoquer ces craquements. J’observe une silhouette qui se détache au loin, au niveau des portes du gymnase. « Merde il y a quelqu’un là-bas ! »

Spoiler:

L’ironie c’est que personne ne leur a jamais appris à réagir face à une telle situation. Depuis le jardin d’enfant ou presque on leur bourre le crâne pour qu’ils apprennent quel comportement adopter face à un cyclone ou un tsunami, parce qu’ils vivent sur une terre magnifique mais capricieuse comme le dit son oncle, mais jamais personne n’a envisagé que la menace dont ils devraient se protéger puisse venir de l’intérieur. Et tandis que Cesar réfute « Non non il n’a pas tué tout le monde. » d’un ton laissant penser qu’il a aussi besoin de se convaincre lui-même, Anwar se fend d’une suggestion dont la simple idée semble leur glacer le sang à tous les deux « Et s’ils sont plusieurs ? » Si le “il” se révélait être un “ils” la question n’avait plus lieu d’être : ils n’avaient aucune chance. Préférant ne pas y songer, ou mué par l’idée que si tel était le cas ils n’avaient plus rien à perdre, Cesar finit par reprendre « Enfin on n’en sait rien, mais suis sûr qu’il doit y avoir d’autres personnes en vie. » pour leur donner un peu de courage. Dégoûté par le fait d’être désormais à moitié recouvert du sang d’un de ses camarades, Anwar frotte ses mains l’une contre l’autre avec un brin de malaise et se décide à acquiescer « Tu as raison … Ils ont dû avoir le temps de s’échapper. » Mais pour aller où ? C’était ce qu’ils devaient désormais découvrir.

Le souvenir de Carla lui revenant à nouveau à l’esprit, le brun la mentionne une nouvelle fois sans pour autant réfuter l’idée soulevée par Cesar : il leur faut des armes, ou du moins n’importe quoi qui puisse vaguement remplir ce rôle dans le cas où ils feraient une mauvaise rencontre sur le chemin. « Les labos sont plus près … je pense qu’on devrait commencer par là. » Indique le Gutiérrez lorsqu’Anwar leur laisse le choix entre cette option ou celle des cuisines, et ce dernier acquiesçant en silence ils prennent tous les deux la direction de la sortie, le gymnase encore plus lugubre maintenant que la musique n’y résonne plus et depuis qu’ils savent que son sol est tapissé de cadavres. Peut-être y’a-t-il certains de leurs amis dans le lot, peut-être est-ce sur une connaissance qu’Anwar a trébuché en arrivant … D’y penser, et de savoir que le sang qui tache ses mains et ses vêtements n’est peut-être pas celui de n’importe qui, le brun sent sa gorge se serrer et sa vision se brouiller à nouveau, mais un craquement sinistre les fait finalement s’immobiliser Cesar et lui. « Attends chut. T’as entendu ? » Zehri confirme d’un signe de tête mais lui fait signe de se taire, qu’ils puissent tous les deux tendre l’oreille … Peut-être ont-ils rêvé. Peut-être est-ce la peur qui leur fait imaginer des choses. Peut-être que …

« Merde il y a quelqu’un là-bas ! » – « Bordel de m- … ! » Les deux exclamations leur échappent en même temps, et sans avoir besoin de se consulter les deux adolescents se mettent à courir à toute vitesse dans la même direction, traversant les couloirs et attrapant à la volée la première porte ouverte qui leur passe sous la main pour s’y barricader. Ils se heurtent littéralement à un mur, ayant atterri dans un placard, mais ce n’est ni le lieu ni le moment de faire les difficiles et les deux jeunes hommes se contentent de tenter de reprendre leur souffle tout en restant aussi silencieux que possible. « Ouf c’était moins une. » – « Hmhm … » Marmonnant entre deux respirations, Anwar tente un pas en arrière pour chercher un peu de place mais se retrouve dos au mur. La main gauche tâtant ses poches, avant puis arrière, il en sort un briquet qu’il allume aussitôt, produisant entre Cesar et lui un faible éclat de lumière. « T’as réussi à voir qui c’était ? » Demande-t-il à tout hasard, mais la vitesse à laquelle ils ont détalé ne leur permettrait même pas de dire s’ils venaient d’échapper à un homme ou à une femme. « On est près de l’escalier jaune. Les labos sont juste au-dessus. » indique-t-il ensuite, toujours en chuchotant, l’oreille toujours tendue sans savoir s’il préfèrerait entendre l’intrus passer près d’eux et s’éloigner, ou ne pas l’entendre du tout. « Je crois qu’il est parti … » Il préfère s’en convaincre, du moins, et ajoutant aussitôt « Je passe le premier. Attends dix secondes, et si tu ne m’entends pas crier, tu m’suis. » il ne laisse pas le temps à Cesar de négocier et relâche la flamme de son briquet, les plongeant de nouveau dans le noir.

Citation :

WIN. Sans un bruit, Anwar ouvre la porte du placard et se glisse à l’extérieur. Il regarde à droite, puis à gauche : personne. Sans se poser plus de question il s’élance aussitôt dans les escaliers sans regarder derrière lui, en priant simplement pour que Cesar ne le suive pas de trop loin. Arrivé en haut des escaliers le brun est rejoint par son camarade, et d’un « Ici ! » il désigne la première salle de classe sur leur droite. Plus qu’à fouiller les lieux et voir ce qu’ils ont à leur offrir en termes de défenses.

SO CLOSE. Sans un bruit, Anwar ouvre la porte du placard et se glisse à l’extérieur. Il regarde à droite, puis à gauche : personne. Sans se poser plus de question il s’élance aussitôt dans les escaliers sans regarder derrière lui … C’est son erreur, car déboulant à peine à l’étage du-dessus le brun voit une ombre lui foncer dessus. Un cri de douleur lui échappe en sentant une lame traverser la manche de sa veste et lui taillader l’avant-bras, mais déboulant à son tour Cesar parvient à pousser l’ombre dans les escaliers et tous les deux se réfugient dans la première salle de classe sur leur droite. Anwar tient son bras en grimaçant – il saigne, mais il est vivant, et pour l’instant il préfère ne pas regarder plus en détail l’ampleur des dégâts. Adressant un « Merci, mec ... » essoufflé à son ami, il s’accorde quelques secondes de répit adossé contre le mur avant de songer à explorer les lieux.

FAIL. Sans un bruit, Anwar ouvre la porte du placard et se glisse à l’extérieur. Il regarde à droite, puis à gauche : personne. Sans se poser plus de question il s’élance aussitôt dans les escaliers sans regarder derrière lui … et entend aussitôt des pas précipités derrière lui. Hurlant aussitôt « Cesar, sauve-toi ! » Anwar grimpe les marches trois par trois et manque de tomber une fois en haut, mais refuse de s’arrêter en espérant entraîner l’ombre suffisamment loin pour que Cesar ait le champ libre. Il finit par s’arrêter lorsqu’il comprend qu’il n’est plus suivi … Mais réalise qu’il n’a plus aucun moyen de savoir ce qu’il est arrivé à son ami. Tremblant, il tente un « Cesar … ? » mal assuré, et comprend en entendant son camarade crier que le danger s’est déplacé vers lui.

@Cesar Gutiérrez

« Et s’ils sont plusieurs ? » Anwar soulève un point intéressant. Depuis le début on s’imagine que c’est un tueur isolé mais s’ils étaient plusieurs ? On ne peut pas savoir et cette nouvelle perspective est plus qu’angoissante. J’essaie de réfléchir à la raison qui pourrait pousser deux personnes à commettre des atrocités pareilles mais je n’arrive même pas à comprendre comment une seule personne peut vouloir faire ça. « J’avais pas pensé à ça. » Je suis comme un con, je ne sais pas quoi dire de plus. Je me vois mal dire à Anwar que non j’en suis sûr ce type est seul, ou l’inverse. Je suis complètement perdu mais il faut qu’on arrête de se torturer avec des choses sur lesquelles on n’a pas d’emprise et où on n’a aucune certitudes. « Bon ça sert à rien de penser à ça, on ne sait pas et on peut pas savoir. » J’essaie d’être optimiste en parlant des personnes qui sont très certainement en vie, le tueur n’a pas pu avoir tout le monde quand même.  « Tu as raison … Ils ont dû avoir le temps de s’échapper. » Je n’ose rien dire à Anwar mais si les issues sont verrouillées je ne suis pas certain que tout le monde ait pu s’échapper. Mais le lycée est grand alors certains ont pu se cacher j’en suis sûr. « …Ou de se cacher quelque part. » J’espère que ceux qui sont cachés le resteront et que le tueur ne les a pas trouvés. Nous sommes brutalement tirés de notre conversation par une ombre qui fonce sur nous, nous courrons à toute vitesse, à la recherche de la planque la plus proche. C’est sur un placard à balai que nous tombons, je claque la porte, et je m’appuie dessus. J’essaie de reprendre mon souffle et de calmer mon cœur qui bat la chamade, j’ai eu la peur de ma vie. J’ai vraiment cru qu’on allait y passer. C’est la première fois qu’on aperçoit le tueur et la perspective de savoir qu’il rôde près de nous est terrifiante. Anwar aussi essaie de reprendre son souffle et il sort de sa poche un briquet qu’il allume. Un peu de lumière, bien que très faible est rassurant, je n’ai jamais été très fan de l’obscurité. « T’as réussi à voir qui c’était ? » La scène a été trop furtive, la pièce trop sombre et regarder qui était le tueur n’était pas la priorité.  « J’ai juste vu une ombre nous foncer dessus, c’était trop sombre . » Tant pis, l’identité du tueur n’est pas importante, la finalité reste la même : il cherche à nous tueur comme il l’a fait pour les autres au gymnase ou pour Riley. Ma chemise ensanglantée me colle à la peau et la sensation du tissu humide m’arrache un frisson. Si j’arrive à sortir d’ici, le premier truc que je ferai ce sera de brûler cette chemise, je ne veux plus jamais la voir. « On est près de l’escalier jaune. Les labos sont juste au-dessus. » Heureusement qu’il a un bon sens de l’orientation, ce n’est pas mon cas, surtout quand il fait noir et qu’on est poursuivis pas un fou armé. « Je crois qu’il est parti … » Les bruits se sont calmés, c’est bon signe. « J’entends rien non plus, il a dû partir oui. » Avant que je puisse proposer qu’on réfléchisse à un plan, qu’on se décide vers où aller Anwar me lance « Je passe le premier. Attends dix secondes, et si tu ne m’entends pas crier, tu m’suis. » Et il sort instantanément du placard, sans attendre ma réponse. « Mais Anwar qu’est-ce tu fous ? » je lui lance le plus bas possible mais il s’est déjà engouffré dans le couloir. J’essaie de me calmer mais vraiment je ne comprends pas pourquoi il a fait ça ? Et si le tueur était posté en haut de l’escalier. J’attrape un des balais dans le placard, je ne sais pas pourquoi je fais ça, ce n’est même pas une arme, mais c’est toujours mieux que rien. Je n’entends pas de bruits en particulier, pas de cris ou de bruits de meurtre, je sors du placard, mon balai dans la main droite et je monte l’escalier qu’a emprunté Anwar. Je le vois en haut et il m’invite à le suivre « Ici ! » Je m’empresse de le rejoindre et sans réfléchir je lui dis « Anwar t’es malade quand même de sortir comme ça. Et si le tueur avait été dans le coin ? »  Mon cœur bat encore super vite, mes muscles sont crispés et je n’arrive pas à redescendre en pression. Je ne veux pas l’engueuler, après tout il a été plus que courageux en faisant ça. Mais il ne faut pas confondre courage et folie, ce qu’il a fait état trop dangereux. « Tu m’as fait super peur. On a eu de la chance cette fois mais il faut qu’on soit vigilants. » Nous entrons dans la salle de classe, à la recherche d’armes pour nous défendre. Anwar est près de la porte d’entrée et je m’engouffre au fond de la salle de classe, vers les bureaux du fond, ceux où j’ai l’habitude de m’assoir. Je baisse les yeux vers un des bureaux et je découvre que nous ne sommes pas les seuls à avoir trouvé refuge ici.

Spoiler:

Poussés par un instinct de survie totalement légitime, les deux garçons ne se sont pas posés de question en apercevant une silhouette menaçante au bout du couloir : ils ont couru comme si leur vie était (littéralement) menacée et se sont enfermés derrière la première porte venue – et tant pis s'il s'agit d'un placard. Leurs esprits leurs reviennent en même temps que leur souffle, puis que la lumière lorsque le pakistanais les éclaire faiblement à l'aide de son briquet. Là seulement, Anwar se risque à demander si Cesar a vu quoi que ce soit, reconnu ne serait-ce qu'un détail à propos de celui à qui il viennent d'échapper, regrettant de n'avoir pas eu la présence d'esprit de vérifier lui-même dans la panique. « J’ai juste vu une ombre nous foncer dessus, c’était trop sombre . » lui indique cependant le Gutiérrez, les laissant au même point. Les secondes passent, les minutes, et puisqu'aucun bruit ne se fait plus entendre, Anwar suggère sans trop y croire « C'était peut-être juste un élève, ou un prof … » Mais un élève ou un professeur se serait annoncé, il ne se serait pas contenté de les fixer et d'avancer dans leur direction. Les a-t-il poursuivis ? Dans leur fuite, ils n'ont même pas pris le risque de regarder derrière eux pour vérifier. « J’entends rien non plus, il a dû partir oui. » Anwar acquiesce en silence, plus rassuré par le fait d'avoir un second avis quand bien même ils ne pèsent pas lourd ni l'un ni l'autre.

Rapidement cependant la situation le frustre. Ils sont là, cachés dans un placard comme des souris dans le trou d'un mur, et si Anwar ne s'est jamais particulièrement senti une âme de héros, l'idée de subir une situation quelle qu'elle soit au lieu d'en être l'acteur lui a toujours été profondément insupportable … Anwar n'est pas une mauviette, Anwar n'est pas une victime, et piqué par sa propre fierté (ou son propre orgueil) il s'élance hors de leur planque sans tenir compte du « Mais Anwar qu’est-ce tu fous ? » lancé par son acolyte derrière lui. Les couloirs sont toujours déserts, l'escalier aussi, et le brun use de la même application pour se déplacer en silence que lorsqu'il rentre chez sa tante et son oncle après avoir fait le mur. Rapidement il entend Cesar suivre derrière lui, soulagé qu'il n'ait pas décidé de rester barricadé seul dans le placard, et atteignant enfin les labos réservés aux matières scientifiques ils s'y engouffrent tous les deux sans demander leur reste. Ouf. « Anwar t’es malade quand même de sortir comme ça. Et si le tueur avait été dans le coin ? » Le Gutiérrez s'inquiète, légitimement, et la seule chose qui empêche Anwar d'admettre que son camarade a raison c'est cette tendance qui est la sienne à ne jamais totalement reconnaître ses torts. « Mais il ne l'était pas. On l'aurait entendu sinon. » se contente-t-il donc de faire remarquer en guise de réponse, haussant doucement les épaules avant de sortir à nouveau son briquet pour éclairer autour d'eux.

La salle de classe semble vide – à première vue. Naviguant chacun d'un côté de la pièce, les deux garçons cherchent des yeux à la recherche de quelque chose, n'importe quoi qui puisse les aider, et Anwar a presque mauvaise conscience quand Cesar ajoute « Tu m’as fait super peur. On a eu de la chance cette fois mais il faut qu’on soit vigilants. » avec l'air de sincèrement s'inquiéter. La gorge se serrant et la silhouette tournant volontairement le dos à Cesar pour ne pas avoir à croiser son regard, même dans la pénombre, le brun répond « Ce connard a tué Riley. » Et d'autres, c'est vrai, mais aux yeux d'Anwar il a avant tout tué Riley, et la peur qui l'animait au début est en train de se transformer en une colère aussi difficile à gérer que puisse l'être la moindre émotion émanant d'un adolescent. « Je vais jamais la revoir, je vais … » Mais le lycéen n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'il est interrompu par un cri. Celui de Cesar, celui de quelqu'un d'autre … Il n'est pas sûr, mais c'est bien deux silhouettes qui se dressent depuis la pénombre du fond de la salle. « Cesar ! » Il n'y a finalement pas plus de vigilance dans la précédente imprudence du Zehri que dans la façon dont il bondit pour tenter de venir en aide à son ami. Repoussant l'assaillant d'un coup d'épaule, il bascule en même temps que lui sur le sol, et le scalpel vole quant à lui à quelques mètres d'eux.

Citation :

WIN. Un instant paralysé par la surprise, l'intrus se révélant être un autre élève passe d'un regard à l'autre en tremblant, et sans demander son reste il prend ses jambes à son cou pour aller trouver refuge ailleurs – dans une autre classe, peut-être. « Mec, ça va ? » demande finalement Anwar en se massant le coude sur lequel il est tombé, avançant à genoux pour rejoindre Cesar. « Heureusement qu'il t'a pas planté ça plus profondément. » La blessure provoquée par le coup de scalpel ne semble pas sérieuse, la lame sans doute arrêtée par son pantalon … Plus de peur que de mal, en somme, et ils ont désormais un scalpel comme arme. Pas idéal, mais toujours mieux qu'un balai ou un briquet.

SO CLOSE. Un instant paralysé par la surprise, l'intrus se révélant être un autre élève passe d'un regard à l'autre en tremblant, et sans demander son reste il prend ses jambes à son cou pour aller trouver refuge ailleurs – dans une autre classe, peut-être. « Mec, ça va ? » demande finalement Anwar en se massant le coude sur lequel il est tombé, avançant à genoux pour rejoindre Cesar. « Merde, il t'a pas raté … » Ayant traversé le tissu du pantalon, l’entaille provoquée par le scalpel saigne trop pour qu’ils puissent espérer qu’elle s’arrête seule. Regardant autour de lui, Anwar a la présence d’esprit de récupérer le scalpel – pas une arme idéale mais une arme malgré tout, la cuisse de Cesar en était la preuve – et ses yeux se posent sur la blouse de TP abandonnée par un élève. « Attrape ça. » Indique-t-il aussitôt à son camarade après avoir taillé dans le tissu du vêtement à l’aide du scalpel. De quoi enrouler son entaille en attendant de pouvoir véritablement s’en occuper ; Ce n’est pas vraiment le lieu ou le moment.

FAIL. Un instant paralysé par la surprise, l'intrus se révélant être un autre élève passe d'un regard à l'autre en tremblant, et sans demander son reste il prend ses jambes à son cou pour aller trouver refuge ailleurs – dans une autre classe, peut-être … Il ne manque en tout cas pas de déguerpir en emportant le scalpel. Reste plus qu’à espérer qu’un autre se cache quelque part dans la salle de classe. L’entaille provoquée par l’arme de fortune sur la cuisse de Cesar saigne trop pour espérer qu’elle puisse s’arrêter seule, et Anwar quant à lui est toujours face contre terre, inerte après que sa tête ait heurté le coin d’un autre des bureaux dans sa chute. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que des pas se font à nouveau entendre dans le couloir, en dehors de la salle de classe …

@Cesar Gutiérrez

« C'était peut-être juste un élève, ou un prof … » Je n’en suis pas sûr. Je n’ai pas vu si la silhouette était armé ou quoique ce soit mais pourquoi est-ce qu’un prof ou un élève nous aurait-il couru après comme ça. Pour moi c’est certain nous étions tout près du tueur, à quelques secondes d’être ses prochaines victimes. Je ne veux pas inquiéter Anwar, alors je réponds « Oui on s’est peut-être inquiétés pour rien. » Le placard est bien trop exigu pour qu’on y reste enfermés trop longtemps. Juste le temps de reprendre notre souffle et il faudra bientôt sortir de ce minuscule placard aux allures de cercueil. Alors que je m’apprête à proposer à Anwar de réfléchir à un plan celui-ci me donne des indications -pour ne pas dire des ordres- et il quitte à toute vitesse le placard. Je reste comme un con pendant quelques secondes, mais qu’est-ce qu’il fait ? J’attrape un balai avant de m’engouffrer à mon tour en dehors du placard et sûrement directement dans la gueule du loup. Je monte les escaliers à toute vitesse, craignant d’être suivi mais il n’y a personne, l’escalier est désert. Pas totalement désert puisque j’aperçois Anwar en haut de l’escalier qui me demande de le suivre. Je suis content de le revoir mais il m’a filé une sacrée trouille, je lui fais un peu la morale parce que j’ai eu très peur et qu’il nous a mis en danger en faisant ça. « Mais il ne l'était pas. On l'aurait entendu sinon. » C’était très courageux mais surtout très inconscient, il aurait dû me consulter avant, nous sommes deux dans cet enfer. J’essaie de passer à autre chose, ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière et il ne nous est rien arrivé. Nous entrons dans une salle de cours, je me radoucis en disant que j’ai eu très peur, ce à quoi Anwar me répond « Ce connard a tué Riley. » Riley n’était que la première victime de cette immense boucherie. Je repense à tous les cadavres qui jonchent le sol du gymnase. A ce bain de sang où nous n’avons pas pu voir les visages de ceux qui ont subi la colère du tueur. Je repense à Sara, est-elle parmi ces cadavres ? Est-ce qu’elle a réussi à s’enfuir ? « Et il a peut-être tué ma sœur aussi. » J’essaie de chasser cette pensée, si je continue à me torturer en me demandant comment elle va je pense que je deviendrais complètement fou. Je n’ai aucun moyen de savoir comment elle va. Pour penser à autre chose je me dirige vers le fond de la salle pour explorer un petit peu. « Je vais jamais la revoir, je vais … » Et là je sens qu’on me plaque brutalement contre le sol et qu’on essaie de me planter un scalpel dans la cuisse. Je crie à l’aide, je ne vois pas qui m’attaque mais il est trop grand et trop fort pour que j’arrive à me dégager tout seul. « Cesar ! » J’essaie de donner des coups à mon assaillant mais sans grand succès. C’est Anwar qui le dégage en le plaquant à son tour. Le souffle coupé je suis en état de choc. Cette soirée est de pire en pire. A chaque fois que je me dis « j’ai eu la peur de ma vie » dans la minute d’après une nouvelle galère me tombe dessus et ajoute un peu plus d’horreur à cette soirée. J’essaie de reprendre mon souffle, mon cœur bat à une vitesse jamais atteinte et je tremble. « Mec, ça va ? » Je porte ma main droite sur ma cuisse, essayant de jauger l’étendue des dégâts. J’ai eu de la chance l’épaisseur de mon pantalon a grandement freiné la lame du scalpel, la blessure est superficielle. « ça va… je saigne un peu mais ça aurait pu être pire. » Je n’ose même pas imaginer ce qui aurait pu se passer. Je serai peut-être mort, j’aurais peut-être agonisé toute la nuit sur le sol de cette salle en me vidant de mon sang. Un frisson me parcourt en imaginant quel aurait été mon sort si mon ami n’avait pas été là pour voler à mon secours. « Heureusement qu'il t'a pas planté ça plus profondément. » Et si je vais bien c’est grâce à lui alors je le remercie « Merci…je sais pas ce que j’aurais fait sans toi. » Je tends ma main à mon acolyte pour qu’il m’aide à me relever. Je reprends petit à petit mes esprits. Je suis épuisé, terrorisé mais toujours animé par cette colère de choper le tueur pour qu’il souffre toute sa vie en prison, il ne peut pas s’en tirer aussi facilement. « Il nous faut un plan, à deux on ne pourra rien faire, surtout avec seulement un balai et un scalpel » L’union fait la force mais si nous ne sommes que deux face à un tueur armé le rapport de force sera inégal. « Il faut qu’on soit plus nombreux si on veut choper ce connard, on n’arrivera à rien à deux. » Pour peser sur la balance il n’y a pas 36 solutions, il faut qu’on soit nombreux pour espérer parvenir à notre but. « Je pense qu’il faudrait qu’on se sépare, chacun essaie de trouver d’autres personnes et après on se rejoint ici pour partir à la recherche du tueur. On couvrira plus de terrain si on se sépare. » Le lycée est immense, si on reste ensemble on n’arrivera jamais à tout fouiller pour trouver des renforts. Je sais que c’est dangereux de se retrouver seul dans les couloirs mais je ne vois que cette solution pour être plus efficaces. Le jeu en vaut la chandelle alors j’espère qu’il me suivra dans mon idée folle.  « T’en penses quoi ? »

Depuis que Cesar est venu interrompre son intermède artistique, Anwar et lui ont eu l’esprit trop accaparé par le besoin d’agir pour véritablement se poser et réfléchir à la situation – à ce qu’elle impliquait pour eux, pour leurs proches, pour leurs camarades, pour la suite. Et peut-être est-ce l’instinct de survie qui l’en empêche, mais si la réalité de la mort de Riley commence peu à peu à s’imprimer dans son esprit, Anwar n’est pas encore capable de penser à ce que cela signifiera le lendemain, et les jours suivants. Tout juste arrive-t-il à énoncer les faits à voix haute, et lorsque Cesar lui répond « Et il a peut-être tué ma sœur aussi. » dans un souffle, le brun comprend que même s’ils ressortent vivants de ce lycée, rien dans leur vie ne sera plus jamais comme avant. Rien ne sera plus jamais normal. « T’en sais rien. » Pour Riley il n’y plus de quoi douter, mais pour les autres ils ne sont sûrs de rien, et Anwar refuse de laisser Cesar penser autrement. La réflexion n'a cependant pas le temps d'être poussée plus loin, et c'est le cri de son camarade ainsi que le tumulte au fond de la salle qui arrache Anwar à son inspection du bureau du professeur. Comme au moment de s'élancer hors du placard, l'instinct du brun s'exprime plus vite que sa réflexion et sans la moindre conscience du risque qu'il prend l'adolescent bondit pour venir au secours de Cesar. Leur erreur à tous les deux a été de partir du principe que les salles de classe seraient forcément vides, comme s'il ne restait plus qu'eux (eux et le tueur) dans les parages, et sans doute armé de la même certitude bancale l’adolescent avec lequel le Gutiérrez tombe nez-à-nez s’imagine forcément jouer sa vie du simple fait de quelqu’un investisse son espace vital.

L’empoignade se termine aussi vite qu’elle a commencé, le scalpel glisse sur le linoleum, et avant de déguerpir l’élève inconnu leur jette un regard rempli de terreur qui glace aussitôt le sang d’Anwar. Massant le coude sur lequel il est tombé dans l’empoignade, un bien moindre mal, le brun détache aussitôt ses yeux de la porte par laquelle leur assaillant vient de s’échapper pour les reposer sur son acolyte. « Ça va … je saigne un peu mais ça aurait pu être pire. » La vue du sang ne lui fait rien, mais malgré tout une grimace barre aussitôt le visage du Zehri en pur réflexe. « Merci … je sais pas ce que j’aurais fait sans toi. » Faisant signe qu’il n’y a pas de quoi, Anwar se relève et tend aussitôt la main à Cesar pour l’aider à en faire autant. Malgré tout il ne peut pas s’enlever totalement de l’esprit l’image du regard terrorisé du troisième élève, et un frisson lui parcourant l’échine il murmure « Je sais pas ce qu’il a vu avant nous … Mais il avait vraiment l’air parti sur Jupiter. » Pourtant même s’il ne sait pas son cerveau est capable de faire des hypothèses, et toutes sont de nature à justifier un tel masque de terreur.

« Il nous faut un plan, à deux on ne pourra rien faire, surtout avec seulement un balai et un scalpel. » L’attention à nouveau revient à Cesar, et Anwar acquiesce aussitôt ; Ils ont tous les deux eu la preuve qu’un scalpel, même tranchant, ne fait pas une arme imparable si maniée dans la panique la plus totale. « Il faut qu’on soit plus nombreux si on veut choper ce connard, on n’arrivera à rien à deux. » Certes, mais jusqu’à preuve du contraire ils ne sont que deux, et désignant la pièce d’un geste de la main le brun se sent obligé de le faire remarquer « On n’a pas vraiment le choix. » Surtout si chaque élève qui croise leur route est un risque d’être attaqué de la sorte. « Je pense qu’il faudrait qu’on se sépare, chacun essaie de trouver d’autres personnes et après on se rejoint ici pour partir à la recherche du tueur. On couvrira plus de terrain si on se sépare. » Donc. Après avoir souligné qu’ils n’arriveraient à rien à deux, Cesar suggère qu’ils soient deux fois moins. « T’en penses quoi ? » Il en pense que c’est une mauvaise idée, ni plus ni moins, mais de peur de vexer Cesar en répondant aussi frontalement Anwar s’entend jouer les hésitant – et Dieu sait que ce n’est pourtant pas le genre du brun de ménager l’égo d’autrui. « Je sais pas … Dans les films, ça finit rarement bien quand les gens se séparent. » Et si Cesar était entré seul dans cette classe ils ne seraient pas en train d’avoir cette discussion, par ailleurs. « Je croyais que tu voulais pas jouer les héros. » N’est-ce pas ce qu’il lui a reproché quelques minutes plus tôt, lorsqu’il s’est élancé hors de leur placard ?

Mais les secondes passent, le temps presse, et malgré tous ces arguments ainsi que la petite alarme dans un coin de son crâne qui sonne à plein poumons en lui indiquant que l’idée est mauvaise, le brun n’a pas de meilleur plan à proposer que celui avancé par le Gutiérrez. Il ne sait pas ce qui lui déplait le plus, se retrouver seul ou l’idée de ne plus assurer les arrières de Cesar ; Mais ce dernier a raison, le lycée est trop grand pour que se partager la tâche ne soit pas une nécessité. « Tu promets de faire attention ? » Il a même envie de lui faire promettre de le retrouver en un seul morceau à la sortie, mais lui qui n’a jamais été superstitieux se sent soudainement rempli par la crainte de leur porter l’oeil à tous les deux. « On se retrouve à la cafétéria dans une demi-heure ? » Pourquoi la cafétéria ? Anwar n’en sait rien, mais elle est au rez-de-chaussée et en plein centre du bâtiment, alors cela lui semble être l’option la plus adéquate pour que tous s’y rejoignent facilement … Peu importe à combien ce “tous” s’élèverait au bout du compte.

@Cesar Gutiérrez