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 the rescue ◊ Jake

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyMar 2 Nov 2021 - 6:15



the rescue
(where have you been all my life ?)

Vendredi 29 Octobre 2021.

Je pousse la porte du Canvas et lance un rapide regard circulaire afin de jauger le taux d'occupation de ce soir. Je ne viens pas souvent ici, mais la réputation de cet établissement n'est plus à faire au sein du quartier : une veille de week-end, je ne dois pas m'attendre à ce qu'il soit désert. Et bien que les lieux bondés ne me mettent pas particulièrement mal à l'aise, on ne peut pas dire qu'ils soient ma tasse de thé non plus. J'aurais préféré retrouver Silver dans un petit restaurant calme et cosy, voire chez l'une de nous, mais ce bar est son fief, et elle ne m'a pas vraiment laissé le choix.

« Le barman est devenu un bon ami, depuis le temps. On ne va pas laisser passer l'occasion de boire une ou deux tournées à l'œil, si ? Et je te rappelle, Miss-Je-nage-dans-le-bonheur-avec-Elie, que contrairement à toi, je l'ai pas encore trouvée, ma perle rare. J'ai besoin de sortir. » Son air espiègle à qui l'on ne peut rien refuser avait fait le reste, et me voilà sur place. Estime-toi heureuse qu'elle ne t'ait pas donné rendez-vous demain, plutôt. Au moins t'as échappé à la soirée karaoké. Et ça, ça n'a pas de prix.

Je ne prends pas la peine de la chercher parmi les clients. Mon amie est un amour, mais elle a un énorme défaut : elle est toujours en retard. Je repère un coin de bar qui vient de se libérer, m'installe sur le tabouret haut et commande un soda en attendant que la princesse daigne arriver. Puis, je récupère mon portable et envoie un SMS à Elie, juste quelques mots pour lui rappeler que je pense à lui. Il aurait dû m'accompagner et enfin rencontrer Silver, mais le travail s'en est mêlé : ce soir, il est en mission protection pour un gros client. Et je serais certainement dans les bras de Morphée quand il rentrera.

Je suis en train de scroller les dernières nouvelles de Brisbane quand une voix masculine inconnue me hèle. Je lève les yeux, et mon regard tombe sur un brun aux cheveux courts, la quarantaine, petit embonpoint, une pinte de bière quasiment vide dans la main. Un rictus gravé sur les lèvres, il esquisse un pas dans ma direction. « Comment une femme aussi charmante que vous peut se retrouver seule dans un bar ? » Je réalise que sa voix est légèrement moins claire que ce qu'elle aurait dû. Il ne doit donc pas en être à sa première boisson. « J'attends quelqu'un qui va arriver d'une seconde à l'autre. » Je m'empresse de le détromper. « Bonne soirée à vous. »

Je pense que c'est fini, qu'il va comprendre, qu'il va abandonner et me ficher la paix, mais l'homme semble tenace. Il se rapproche et se penche légèrement vers moi. « En attendant, laissez-moi vous offrir un verre. » Je me raidis face à cette insistance. Hermétique à mon embarras manifeste, il s'installe sur le siège vide à mes côtés. « Qui sait, peut-être que vous changerez d'avis sur la personne avec laquelle profiter des prochaines heures… » Il ponctue ses mots d'un clin d'œil sûr de lui et moi, je serre les dents. Je ne vais pas pouvoir m'en débarrasser. Combien de temps encore à le supporter ? Grouille-toi, Sil.

« Alors, qu'est-ce que vous buvez ? » Il reprend, désignant mon verre désormais vide. « Rien, merci. » Je m'assure de rester calme et polie. Il a un petit coup dans l'aile et je ne veux pas aggraver les choses. « Je vous l'ai dit, j'attends quelqu'un. » « Oh, allez, juste un petit verre ! Faîtes pas la timide ! Ce serait pas mieux d'attendre en faisant connaissance, vous et moi ? Qu'est-ce que vous comm- » Il n'a pas le temps de finir sa phrase : une autre voix, qui de prime abord m'est étrangère, le coupe en plein laïus alors que la main de son propriétaire vient se poser avec douceur sur mon épaule (effleurer serait un terme plus approprié).

Et dire que la soirée ne fait que commencer.


@Jake Vaughan the rescue ◊ Jake 873483867
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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyMer 3 Nov 2021 - 3:11

Les amis sont la famille que l’on se choisit. Cette phrase est on ne peut plus vraie, pour Jake, qui a su très bien s’entourer au fil des années. Assez sociable et très bienveillant, il n’a jamais eu de mal à s’intégrer dans un groupe ou dans une équipe, si bien qu’il n’a presque plus de temps pour lui seul. Presque tous ses moments libres sont destinés à quelqu’un : Marcus, un ami, un groupe d’amis, un collègue, une consœur. Il y a toujours une personne avec qui aller dîner, quelqu’un à rejoindre, une activité à faire. Et ça ne déplaît pas à Jake, sauf une fois de temps en temps où son besoin de solitude se fait ressentir. Et pour l’infirmier, être seul ne veut pas dire ne pas avoir de monde autour de lui : c’est la raison pour laquelle il a décidé de passer sa soirée en solitaire dans un endroit aussi bondé que le Canvas. L’idée n’est pas d’ignorer les autres et d’accrocher avec personne mais de ne pas avoir à se focaliser sur quelqu’un pour, au contraire, s’ouvrir au monde entier. Le Vaughan adore rencontrer de nouvelles personnes et il trouve que ça ne s’y prête pas s’il y a déjà quelqu’un avec lui. C’est pour ça que, une fois de temps en temps, il s’accorde un temps de répit sur ses amitiés déjà bien concrètes pour découvrir d’autres habitants de Brisbane. Il y a foule, ce soir : Halloween approche, le week-end est là, tout le monde semble s’être passé le mot. Jake est déjà là depuis de longues minutes et a eu le temps d’entamer et finir un premier verre. Il arrive vers le comptoir et pose le contenant désormais vide. « Tu peux me remettre la… » Même chose, il allait dire. Mais il entend un bout de conversation à quelques pas de lui qui le fait hausser un sourcil. « Rien, merci. Je vous l’ai dit, j’attends quelqu’un. » La voix féminine n’a pas l’air de s’accorder parfaitement à la voix masculine. L’un est trop entreprenant, l’autre est on ne peut plus fuyarde. Jake secoue doucement sa tête. « Non, rien. Je te règle ça. » Il ouvre son portefeuille et pose un billet sur le comptoir. « Oh, allez, juste un petit verre ! Faîtes pas la timide ! Ce serait pas mieux d’attendre en faisant connaissance, vous et moi ? Qu’est-ce que vous comm- » « Excuse-moi de mon retard, ma chérie, j’ai eu du mal à trouver une place. » Après avoir posé le billet, Jake a fait un signe de tête au barman et a contourné les quelques personnes adossées au comptoir pour trouver d’où venaient ces fameuses voix. Il n’a pas eu de mal à les trouver, les positions correspondant parfaitement aux tons employés : il était un peu trop penché vers elle. C’est pour ça qu’il s’en est mêlé, en prenant le rôle de son petit ami, en posant sa main sur son épaule. À la fois pour que l’autre homme y croit et surtout pour la rassurer, elle, en exerçant une légère pression avec sa main. Histoire de lui faire comprendre qu’il n’est pas là dans le même but qu’elle mais qu’au contraire, il veut la sortir de cette situation. « Tu as eu le temps de nous commander quelque chose ? » Il lui demande avant de faire semblant d’être surpris par la présence de l’autre homme. « Oh, pardon, je ne vous avais pas vu. Jake, enchanté. Vous êtes ? » Il lui tend sa main par pure politesse. Au fond de lui, l’infirmier est en train de prier que l’autre homme ne l’ait pas vu un peu plus tôt, quand il buvait un verre seul. Si c’est le cas, tout son numéro de petit ami en retard va tomber à l’eau. « Il y a méprise. J’suis personne. » L’homme ne lui serre pas la main et part après avoir regardé Quinn de haut en bas une nouvelle fois, mais avec du dégoût plus que du désir, cette fois-ci. Les hommes ont pour habitude de dénigrer ce qu’ils ne peuvent pas avoir, Jake l’a remarqué plus d’une fois, il se désolidarise totalement de la gent masculine quand ce genre de choses arrive. Il retire sa main au moment où l’autre se confond dans la foule et se pose sur le tabouret à côté d’elle. « Désolé de vous avoir touché mais ça me semblait bien plus convaincant. » En tant qu’infirmier, il a l’habitude des personnes qui détestent les contacts physiques et espère donc ne pas l’avoir offensée.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyDim 14 Nov 2021 - 20:48

La réaction normale de mon corps face à ce contact inattendu aurait été de se tendre, ou de sursauter, voire même les deux à la fois. Mais sa paume se fait si douce et si discrète sur mon épaule, qu'elle en devient presque imperceptible. Cette prévenance me rassure avant même d'entendre sa voix. Je lève mon regard sur lui et me surprends à trouver ses traits légèrement familiers, sans en comprendre la raison. « Excuse-moi de mon retard, ma chérie, j’ai eu du mal à trouver une place. » Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, une telle suite de mots puisse être prononcée à mon attention de la bouche d'un inconnu. J'entre dans son jeu sans perdre une seconde, lui adressant un sourire chaleureux. « Tu as eu le temps de nous commander quelque chose ? » « Non, pas encore. » J'aurais bien ajouté qu'un client un peu trop insistant m'en a justement empêchée, mais c'est inutile : mon compagnon se tourne vers lui, et va même jusqu'à s'excuser de ne pas l'avoir vu, lui offrant sa main en signe de politesse. « Il y a méprise. J’suis personne. » Il m'observe, cette fois avec dédain - tant mieux, avant qu'il ne nous tourne le dos, s'éloignant et disparaissant de notre champ de vision. La première chose que je fais est de m'autoriser un soupir soulagé.

Un ombre se glisse sur le tabouret à côté de moi : mon sauveur affiche une expression qui me semble sincèrement préoccupée. « Désolé de vous avoir touché mais ça me semblait bien plus convaincant. » Décidément, entre lui et l'homme qu'il vient de faire fuir en jouant le petit-ami en retard, il y a tout un monde. Je secoue la tête pour le rassurer. « Au contraire. L'attaquer de front aurait pu mal tourner. » J'ai vu, senti, qu'il n'en était pas à son premier verre, ce soir. Qui sait comment les choses se seraient terminées sans cette petite mascarade ? Certains ont l'alcool heureux, d'autres se noient soudain dans la tristesse, et d'autres encore peuvent se montrer carrément violents. Je n'aurais pas voulu qu'il se prenne un coup en tentant de défendre mon honneur. « Merci d'être intervenu. »

Mes iris plongés dans les siens, je réalise enfin pourquoi j'ai cette impression tenace de déjà le connaître : parce que c'est le cas ! C'est normal que de son côté, il ait davantage de mal à me remettre. Il voit tellement de patients jour après jour… Mais en ce qui me concerne, jamais je n'oublierai la bienveillance et l'attention de celui qui m'a prise en charge après ma plus impressionnante chute de cheval, il y a un an et demi. Surtout que depuis, je l'ai revu une fois, lorsque la monture de Steph a refusé un obstacle et que cette dernière a fini aux urgences suite à une entorse à la cheville. « Vous êtes infirmier au St Vincent. » Et ce n'est pas une question : c'est une déclaration. Car ça ne fait aucun doute dans mon esprit. Je ne peux pas me tromper. « En juin l'année dernière, j'ai eu trois côtes fracturées et un traumatisme contondant à l'abdomen avec lésion de la rate. » J'esquisse une grimace contrite. « Je suis passée à pas grand-chose de la splénectomie. » Je n'aurais pas été la première à subir une telle chirurgie, mais en tant qu'organe immunitaire, son ablation n'aurait pas été sans conséquences.

Au final, j'ai passé une poignée de jours sur place. Parfois contente d'avoir évité le pire, et plus souvent déprimée parce que, bien sûr, j'allais devoir me passer de monter durant de longues semaines. Et même si l'équipe au complet a été prévenante avec moi, c'est de lui dont je me souviens le plus. De son enthousiasme constant. Si seulement je pouvais me rappeler son prénom… « Je m'appelle Quinn. » J'avance mon bras entre nous pour une poignée de main réglementaire. A cet instant, mon téléphone émet une courte sonnerie : je viens de recevoir un nouveau SMS. Je lis le texto, tapote une réponse rapide et reporte mon attention sur mon interlocuteur. « L'amie qui devait me rejoindre a un empêchement. » Je l'informe. Venant de Sil, ça ne m'étonne pas plus que ça. « Alors si vous n'avez rien de prévu et si ça vous dit… Je vous offre un verre ? Il est grand temps que je vous remercie de m'avoir sortie du pétrin. Par deux fois ! » Je précise avec un rire clair, impatiente de découvrir qui se cache derrière cette blouse blanche et cette âme chevaleresque.


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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptySam 20 Nov 2021 - 2:31

L’homme leur tourne le dos et la jeune femme pousse un soupir de soulagement. Un léger sourire s’installe sur les lèvres de Jake lorsqu’il le remarque, il comprend qu’elle ne voulait vraiment pas avoir affaire à ce type. Il s’installe à côté d’elle et lui fait immédiatement comprendre qu’il n’a pas les mêmes intentions que lui, bien au contraire : il s’excuse de son geste, qu’il considère comme déplacé. En réalité, l’infirmier sait qu’il ne l’est pas réellement et qu’elle ne peut pas lui en vouloir pour si peu. Mais il a aussi conscience du mal-être des uns et des autres face aux gestes non désirés, surtout dans son métier, alors il tient à y faire attention. À quoi bon avoir volé à la rescousse d’une personne si c’est pour la mettre mal à l’aise dans la seconde qui suit ? « Au contraire. L’attaquer de front aurait pu mal tourner. » Il ne l’aurait jamais tenté. Jake doit puiser au fond de lui-même pour se trouver un peu de courage. Les mots sont ses plus grands alliés, les poings sa plus grande faiblesse. Il ne fait pas le poids face aux autres, il n’a jamais appris à se battre et n’en ressent pas l’envie. « Merci d’être intervenu. » « C’est normal. » Pour lui, oui. Pour d’autres, non. La preuve : ils ne sont pas seuls dans ce bar et pourtant, il n’y a que lui pour être intervenu. La blonde le regarde droit dans les yeux et Vaughan soutient ce regard, en essayant de comprendre ce qu’elle cherche au travers de cet échange muet. « Vous êtes infirmier au St Vincent. » Ils se sont sûrement déjà croisés. « En Juin l’année dernière, j’ai eu trois côtes fracturées et un traumatisme contondant à l’abdomen avec lésion de la rate. Je suis passée à pas grand-chose de la splénectomie. » Il voit des patients arriver aux urgences tous les jours. Jake est un très bon professionnel qui arrive à tisser de bons liens avec ces patients, mais il est vrai que parfois, il lui arrive de ne pas se souvenir de ceux qu’il a pris en charge. Il essaie de se remémorer Juin et tout ce qui s’en suit, pour parvenir à se souvenir de ces instants avec elle. « C’est toujours mieux d’éviter une splénectomie quand on le peut. » La phrase est basique, il la prononce seulement pour gagner quelques précieuses secondes. Peu à peu, ça lui revient. Quinn ne se ressemble pas exactement, il y a une grande différence entre l’état dans lequel elle était entre les murs de l’hôpital et ceux de ce bar. « Je m’appelle Quinn. » Elle lui serre la main, Jake lui sourit en hochant sa tête. « Jake. Votre visage commence doucement à me revenir. » Il l’admet. Il n’a pas envie de mentir en lui disant qu’elle a été sa patiente préférée et qu’il la reconnaîtrait entre milles : il lui a déjà prouvé que ça n’était pas le cas en s’installant à côté d’elle comme s’il s’agissait d’une parfaite inconnue. « L’amie qui devait me rejoindre a un empêchement. Alors si vous n’avez rien de prévu et si ça vous dit… Je vous offre un verre ? Il est grand temps que je vous remercie de m’avoir sortie du pétrin. Par deux fois ! » Jake n’a rien de mieux à faire, et la compagnie de Quinn lui semble agréable. « Non. » Il dit, d’abord, et marque une seconde de pause avant d’enchaîner. « Vous avez eu droit à un gros lourd et vous avez été plantée par votre amie. C’est vous qui méritez un verre, c’est moi qui vous l’offre. » Et le regard appuyé de Jake aide à lui faire comprendre que non, ça n’est pas négociable. « Il m’arrive souvent de recroiser d’anciens patients en dehors de l’hôpital et habituellement, on parle de tout sauf de leur séjour là-bas. J’aime cette distinction entre le milieu professionnel et privé même si, je l’admets, j’ai rencontré bon nombre de mes amis aux urgences. » Il se confie déjà, naturellement. « Qu’est-ce que vous buvez, alors ? » Il demande en faisant un signe au barman, qui ne va pas tarder à venir prendre leur commande. « Je vais prendre comme vous, faites-moi découvrir quelque chose. » Habitué aux bières basiques ou au bon vin, Jake ne se risque presque jamais aux cocktails. Il a sûrement déjà tout goûté une fois dans sa vie, mais chaque nouvel essai est pour lui une énième découverte. « Vous veniez pour célébrer quelque chose ou uniquement pour parler de la pluie et du beau temps ? » Il est comme à son habitude : curieux.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyVen 3 Déc 2021 - 22:44

« C'est normal. » Je lui adresse un petit sourire. « Malheureusement non. Mais ça devrait l'être. » Nous ne sommes pas seuls ici, bien au contraire - après tout, c'est le début du week-end, et dans un monde idéal, je n'aurais pas eu à me débattre plusieurs minutes avant que l'on ne vienne me prêter main-forte. La cruelle vérité est que les gens, de nos jours, ne font plus attention à ce qui se passe autour d'eux. Et quand c'est le cas, ils ne se sentent pas concernés et détournent le regard, à moins d'être directement impliqués. Je peine à croire que c'est devenu la norme. Mais il arrive un moment où je suis bien obligée de l'admettre. Car ce soir, sur les dizaines de clients du Canvas qui discutent un verre à la main à quelques mètres à peine de moi, il n'y en a eu qu'un pour agir. Un seul et unique.

Il s'installe sur le tabouret adjacent et c'est là que je comprends pour quelle raison sa voix et son visage me semblent familiers. Je ne manque pas de lui raconter mon passage aux urgences après une chute de cheval, détaillant mes blessures, me disant que cela l'aidera peut-être à se souvenir. Nos mains se serrent avec énergie. « Jake. Votre visage commence doucement à me revenir. » J'acquiesce sans me départir de mon enthousiasme. Que ses mots soient sincères ou qu'il les ai prononcés seulement par peur de me froisser n'a aucune importance. Je ne suis qu'une patiente parmi tant d'autres à ses yeux. Ce qui compte, c'est ce qu'il m'a apporté durant mon séjour à l'hôpital. Et je n'ai pas besoin qu'il sache qui je suis pour garder en moi le souvenir de sa douceur et de sa présence réconfortante alors que je vivais une période difficile.

Silver venant de me poser un lapin - non sans me promettre de m'appeler demain pour tout me raconter, je propose à Jake de lui offrir un verre : c'est le moins que je puisse faire. L'espace d'une seconde, la panique m'envahit alors qu'il refuse. J'ai d'abord peur qu'il se méprenne sur mes intentions, avant de me dire, plus raisonnablement, qu'il a peut-être déjà quelque chose de prévu. Au final, c'est lui qui souhaite me payer ce verre. Une manière de me remonter le moral après un début de soirée peu agréable. Comprenant qu'insister ne servirait à rien, je lutte contre ma nature profonde et décide qu'on peut sans doute trouver un terrain d'entente. « Seulement si vous me laissez vous offrir le deuxième. C'est un marché qui vous semble acceptable ? » Je l'interroge, les sourcils rehaussés et le ton malicieux.

Il évoque la barrière qu'il préfère mettre entre le travail et sa vie personnelle, même avec ceux qu'il a connu via son métier. J'apprécie la facilité avec laquelle il se confie. On me dit souvent que m'ouvrir aux autres est quelque chose de naturel, chez moi. Je viens donc de découvrir mon premier point commun avec Jake. « Je comprends. Il y a un temps pour chaque chose. » Je n'ose pas imaginer son quotidien s'il devait parler boulot avec ses proches, même après avoir raccroché sa blouse blanche. Tout le monde mérite de décompresser. Surtout ceux qui, comme lui, vouent leur vie à s'assurer que celle des autres ne leur échappe pas.

« Qu’est-ce que vous buvez, alors ? » Il fait un petit signe en direction du barman, lui signifiant qu'on est prêts à commander. « Je vais prendre comme vous, faites-moi découvrir quelque chose. » Si j'avais été à la maison, j'aurais opté pour un verre de vin blanc. Seulement voilà : je suis au Canvas, avec un choix beaucoup plus vaste que ma propre cave - ou plutôt celle d'Elie, puisque c'est son domaine de prédilection. Autant en profiter, non ? Je jette un coup d'oeil rapide sur les grands panneaux en ardoise où s'étend la liste des cocktails. « On prendra deux Zombies, s'il vous plaît. » Je me tourne vers Jake. « J'ai envie de goûter quelque chose de nouveau, moi aussi. » Pour expliquer mon inspiration soudaine, j'ajoute presque en un chuchotement de conspiration, un rictus étirant mes traits. « Je suis en train de découvrir la série The Walking Dead… »

Anticipant le rituel indispensable des verres qui trinquent les uns contre les autres, Jake me demande si ma présence ici est liée à un événement à fêter. « Une simple soirée entre amies. » Je songe à Sil et secoue la tête, amusée. « Elle me trouve trop casanière. Et c'est vrai que je préfère inviter mes proches ou leur rendre visite, plutôt que de leur donner rendez-vous dans un bar. »  Je concède. Il faut savoir reconnaître ses habitudes, bonnes ou mauvaises. « Du coup, elle insiste toujours pour qu'on se voie ici. C'est son fief. Surtout les samedis. » Sans surprise, je ne réponds jamais présente à ces occasions : le karaoké, très peu pour moi. Mais assez parlé de Sil. « Et vous ? Qu'est-ce qui vous amène à ce comptoir, mis à part tester des cocktails aux couleurs criardes ? » Je m'enquiers, sans chercher à dissimuler ma curiosité. Personnellement, je vote pour un instant détente après un long service. Les prochaines secondes me donneront raison… ou tort.


@Jake Vaughan the rescue ◊ Jake 873483867
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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyVen 17 Déc 2021 - 22:00

« Malheureusement non. Mais ça devrait l’être. » Il est d’accord avec elle. Il sait que ce n’est pas la norme. Ce n’est que la sienne. Et il ne se prive pas de le dire à chaque fois qu’on le remercie pour quelque chose qui lui semble naturel. Celle qui le fait constamment et qu’il recadre à chaque fois, c’est Albane. Elle le remercie pour tout et rien, tout le temps, car il lui donne ce dont elle a besoin. C’est normal. Il répète ces mots, encore et encore, dans l’espoir qu’un jour ils finiront par rentrer dans son crâne. Le sien, et ceux de tous les autres. Et peut-être qu’ainsi, à force de répéter, en essayant de s’auto-persuader, il arrivera à créer un monde meilleur. Lui, et toutes les personnes semblables à ce qu’il est. Car non, Jake n’est pas la dernière personne bienveillante qu’il y a sur cette Terre. La preuve en est, ici, avec Quinn. Elle lui dit rapidement qu’elle se souvient d’où elle le connaît. L’hôpital, évidemment. 90% des personnes rencontrées à Brisbane, pour Jake, proviennent de cet endroit. Il y a eu des drames et des moments plus heureux. Il y a eu des pertes et des sauvetages inespérés. Il y a eu des amitiés, des romances, quelques inimitiés également. Il a construit toute sa vie autour de cet établissement. Alors, qu’il connaisse Quinn de là-bas – sans réussir à la remettre dans l’immédiat – ça ne l’étonne pas plus que ça. Elle lui propose de lui payer un verre pour le remercier de ce qu’il vient de se passer, et parce que son amie a finalement annulé leur rendez-vous de ce soir. Jake refuse, seulement pour mieux l’inviter ensuite. « Seulement si vous me laissez vous offrir le deuxième. C’est un marché qui vous semble acceptable ? » Il fait mine de réfléchir quelques secondes. « Je pense, oui. Faisons ça. » Au moins, ils pourront tous les deux cocher la case d’avoir offert un verre à l’autre. Sur le compte de la galanterie, il tient malgré tout à être celui qui offre le premier. Jake lui explique qu’il a rencontré beaucoup de son entourage à l’hôpital, mais que la distinction se doit d’exister malgré tout. Quinn était une patiente dans l’esprit de Jake hier encore – oubliée mais présente – et, demain, peut-être qu’elle pourra avoir sa place parmi ses amis. Il ne faut pas des mois et plusieurs sorties, à Jake, pour savoir s’il affectionne quelqu’un ou non. La blonde a déjà coché quelques cases, remporté des bons points – et toutes autres métaphores pour dire qu’il l’apprécie déjà. « Je comprends. Il y a un temps pour chaque chose. » « Exactement. » Même s’il reste très humain, quand il est à son travail. Le tutoiement est souvent proposé à ses patients, une fois sortis des urgences. Et il se permet des conseils qui dépassent la médecine, souvent. « Mais je suis toujours heureux de revoir des personnes que j’avais eues aux urgences. Surtout ceux qui avaient des blessures vraiment moches. Ça me fait plaisir de me dire que ces personnes ont une toute nouvelle vie, après leur séjour au St Vincent. » Même si, évidemment, il aurait préféré que la blessure n’ait pas lieu au départ. Mais Jake ne fait que de faire son métier. Si les humains ne ressentaient pas la douleur, n’avaient plus de maladie et devenaient immortels demain, il en serait heureux. Il aime son métier, il aime d’autant plus vivre dans la santé, en paix. Il fait un signe au barman qui ne tarde pas à venir. Jake décide de suivre Quinn sur sa commande, pour qu’elle lui fasse découvrir quelque chose. « On vous prendra deux zombies, s’il vous plaît. J’ai envie de goûter quelque chose de nouveau, moi aussi. Je suis en train de découvrir la série The Walking Dead… » Elle lui dit cette dernière phrase sur le ton de la confidence, ce qui fait sourire l’infirmier. « Oh, je vois. Elle vaut le coup ? » Il n’a jamais regardé cette série. « J’ai essayé de lancer le premier épisode, une fois. Je ne suis pas très à l’aise avec tout ça. » Pourtant, il a déjà vu bien pire que du faux sang et de fausses blessures. Mais ça le met mal à l’aise, quand même. Une fois les verres servis, ils trinquent à leur soirée ensemble. Inattendue, mais qui vaut déjà le coup. Une nouvelle connaissance, ça fait toujours plaisir à Jake. « Une simple soirée entre amies. Elle me trouve trop casanière. Et c’est vrai que je préfère inviter mes proches ou leur rendre visite, plutôt que de leur donner rendez-vous dans un bar. » Jake a un faible pour les restaurants, lui. Bien manger en bonne compagnie, n’est-ce pas le but ultime de toute une vie ? « Du coup, elle insiste toujours pour qu’on se voie ici. C’est son fief. Surtout les samedis. » « Elle doit regretter de ne pas pouvoir venir, alors. Si elle a réussi à vous faire venir jusqu’ici. » Ce qui semble être un exercice compliqué, à l’écouter. « Et vous ? Qu’est-ce qui vous amène à ce comptoir, mis à part tester des cocktails aux couleurs criardes ? » Il regarde la couleur du cocktail. Bien orangée, presque fluo. « Je cherchais un peu de détente. » Après le travail, dans sa vie personnelle aussi. « J’ai l’habitude de retrouver des amis. Quand je ne suis pas au travail, je suis toujours avec quelqu’un. J’aime la solitude de temps en temps. Mais la solitude en étant entouré. » Parce que rester à son appartement pour ne rien y faire, ça, il n’apprécie pas. « La solitude qui permet faire de nouvelles rencontres. » Et découvrir, encore et toujours. Sept milliards d’humains, il n’aura jamais fini de s’émerveiller à chaque nouveau faciès. « Ces derniers jours ont été assez étranges, pour moi. J’ai rencontré un membre de ma famille pour la première fois. Et j’avais besoin de me sentir entouré sans avoir l’impression de devoir des comptes. » L’histoire de Melchior, il va devoir l’expliquer à toutes les personnes qui le connaissent depuis des années et qui n’ont aucune idée qu’il a eu un enfant. Elle, elle ne le connaît pas. C’est bien plus simple de se confier, ainsi. « Je ne crois pas aux coïncidences. Alors, je suis content d’être tombé sur vous. » Il l’admet déjà, alors que la discussion ne fait que de commencer. Le brun porte son verre à ses lèvres pour goûter la boisson qui, tout de suite, a son aval. « Ils sont peut-être moches, ces zombies, mais ils ont de bons cocktails ! » C’est déjà ça de pris.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyLun 3 Jan 2022 - 1:07

Autour de nous, les clients du bar continuent à passer le seuil de la porte dans un sens ou dans l'autre, les conversations vont bon train et les boissons, plus ou moins alcoolisées, sont distribuées aux tables. Je ne prête aucune attention à ce remue-ménage. Il n'est rien d'autre qu'un simple bruit de fond nous enveloppant, Jake et moi, offrant ainsi une certaine atmosphère à notre agréable échange. Je ne pense même plus à cet homme qui a voulu gâcher ma soirée après une ou deux bières de trop. Je ne suis même plus piquée par le comportement de Sil qui, à n'en pas douter, m'a posé un énième lapin pour un tête-à-tête avec un potentiel prince charmant, croisé par hasard dans la journée. Elle vit, mange et respire dans le seul et unique but de trouver celui avec lequel elle construira son avenir. De trouver son âme sœur. Comment lui en vouloir, alors que j'ai la chance d'avoir la mienne à mes côtés ? La chance de savoir ce que ça fait, de se coucher chaque soir et de se lever chaque matin dans les bras de la personne que l'on aime ? Alors évidemment, dans ces circonstances, je n'imagine pas lui faire le moindre reproche. Surtout quand son absence me permet, finalement, de faire de nouvelles rencontres telles que Jake.

Il évoque le plaisir qu'il a de revoir des anciens patients dans un environnement autre que celui de l'hôpital. De constater qu'ils vont bien, qu'ils ont pu reprendre le cours de leur existence après un passage entre les mains des médecins et infirmiers ; dont les siennes. Ce doit être grisant, je songe. De se dire qu'on a contribué à rendre à ces gens ce qu'ils ont de plus précieux : leur santé. Voire qu'on leur a sauvé la vie. Comme ça doit souvent être le cas dans le service des urgences, auquel Jake est rattaché. Là-bas, chaque seconde, chaque décision compte, et peut faire la différence entre un sauvetage in extremis ou la mort. Alors oui, c'est sans doute plaisant quand ça se passe bien. Mais je refuse d'imaginer ce qu'on ressent à l'inverse. Lorsqu'on perd quelqu'un. C'est l'une des raisons pour lesquelles je respecte et j'admire ce genre de métiers : il faut une force mentale dont je suis, simplement, incapable de faire preuve.

Le barman s'enquiert de notre commande et je décide, un peu par hasard en voyant le nom affiché sur l'ardoise, de partir sur un cocktail portant le nom de Zombie. Prometteur. J'avoue à demi-mots d'où me vient l'inspiration : Jake connaît la série sans avoir réussi à aller au-delà de l'épisode pilote. Il précise qu'il n'est pas très à l'aise avec les œuvres du genre. J'esquisse une légère grimace compréhensive : il voit déjà bien assez de sang, il n'a pas besoin que les programmes télé qu'il choisit pour se détendre lui rappellent, même en partie, ce qui compose son quotidien. « J'aime beaucoup. Mais j'ai des goûts assez variés. » Je précise. Non, les cadavres dévoreurs de chairs ne sont pas tout ce qui m'intéresse. « J'apprécie autant un bon vieux Desperate Housewives ou, plus récemment, La Casa de Papel. » Soit une comédie dramatique et un apparenté policier/thriller. N'importe quel film ou série me va, en réalité. Je ne suis fermée à rien. J'essaie ce qui me semble sympa. Si j'accroche tant mieux, sinon tant pis.

Je tente de deviner ce qui amène Jake au Canvas un vendredi soir, et penche pour un moment détente après un long service. Il explique qu'il est la plupart du temps avec des amis, mais que quand il n'est pas accompagné, il préfère rester entouré. Je hoche doucement la tête. « Je vois parfaitement ce que vous voulez dire. » Dans une certaine mesure, nous sommes similaires. Il est vrai que je suis casanière. Éviter la solitude en buvant un verre dans un bar quelconque n'est pas dans mes habitudes cependant, je suis rarement seule chez moi. Je pourrais faire la paperasse du centre équestre à la maison, afin d'être tranquille, sans bruit, sans aucun risque d'être dérangée. Au lieu de ça, j'ai aménagé un bureau au premier étage du club-house, soit dans le bâtiment le plus actif et fréquenté de Riverside. J'aime cette ambiance. J'aime sentir la vie autour de moi. En faire partie tout en me tenant légèrement en retrait.

« Ces derniers jours ont été assez étranges, pour moi. J’ai rencontré un membre de ma famille pour la première fois. » Mon regard ne quitte pas le sien alors qu'il se livre. D'ailleurs, je remarque à peine que nos deux verres viennent d'être déposés devant nous, malgré les couleurs effectivement très vives de leur contenu. « Et j’avais besoin de me sentir entouré sans avoir l’impression de devoir des comptes. » Autrement dit, sans être poussé à des explications qu'il n'est peut-être pas prêt à donner, ou du moins, pas à ses proches. Qu'ils le veuillent ou non, ils ne pourront pas s'empêcher de le juger. C'est humain. Mais en ce qui me concerne, je ne suis qu'une inconnue à ses yeux. « Je ne crois pas aux coïncidences. Alors, je suis content d’être tombé sur vous. » C'est avec un sourire sincère que j'accueille ses mots. « Moi aussi. » Je laisse passer un battement de cœur avant de reprendre. « Il est souvent plus facile de se confier à des étrangers sur les événements les plus importants de notre existence. Ceux qui nous touchent vraiment, jusqu'au plus profond de nous-mêmes. » Le visage de mon meilleur ami depuis vingt ans s'impose à mon esprit. « Je parle en connaissance de cause. » Je souffle, presque en un murmure. Cette nuit-là, on s'est ouverts l'un à l'autre, Casey et moi, alors qu'on ne s'était jamais vus auparavant. Aujourd'hui encore, je considère cet instant comme l'un des plus difficiles mais aussi l'un des plus beaux qu'il m'ait été donné de vivre… et de partager.

Jake trempe ses lèvres dans notre cocktail-surprise et approuve immédiatement. Je suis d'abord soulagée : je m'en serais voulue d'avoir fait le mauvais choix. A mon tour, désormais intriguée, je tente une première gorgée. « Aucun regret ! » Je m'exclame, satisfaite. « La preuve qu'il est parfois bon de sortir de sa zone de confort. » De se laisser inviter - et d'inviter en retour - une personne dont on ne sait pas grand-chose mais qui vient de nous sortir d'un mauvais pas. De sélectionner un cocktail original plutôt qu'un verre de vin au cépage familier. Et la soirée n'en est qu'à ses balbutiements. « Vous voulez m'en dire plus sur ce membre de votre famille que vous venez de rencontrer ? » Je finis par lui demander. Au minimum, je serai une oreille attentive. Au mieux, je pourrai l'aider à y voir plus clair en apportant un point de vue extérieur à sa situation, puisque je ne connais rien de lui. Car à l'instar de Jake, j'ai l'intime conviction que nos chemins ne se sont pas croisés par hasard, ici et maintenant.

Et quelque chose me dit que, pour une fois, ce soir, ce n'est pas à lui de prendre soin des autres. Mais à quelqu'un d'autre de prendre soin de lui.


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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptySam 15 Jan 2022 - 7:29

« J’aime beaucoup. Mais j’ai des goûts assez variés. J’apprécie autant un bon vieux Desperate Housewives ou, plus récemment, La Casa de Papel. » Jake hoche son visage de haut en bas, il connaît ces noms-là. « J’ai déjà regardé les deux. » Il avoue, avant de creuser dans ses méninges pour savoir laquelle il a préférée. « Je dois avouer avoir eu un faible pour Berlin. Physiquement, mentalement. Il n’avait rien d’une bonne personne mais dégageait quelque chose d’attirant. » Il ne sait pas trop comment l’expliquer, c’est toute la magie de ce personnage : l’illégalité peut attirer n’importe qui, même les personnes les plus sages, même Jake Vaughan. Il vient d’exprimer sans aucune gêne ses préférences physiques, voilà plusieurs années que ça ne le gêne plus. A une époque, c’était encore illégal et mal vu par la plupart des personnes. Aujourd’hui, Jake a su s’entourer d’amis tolérants qui ne le jugent pas pour ceux qu’il décide d’aimer. C’est pour ça qu’évoquer le sujet avec une – presque – inconnue ne le dérange pas. Au mieux elle l’accepte comme il est, au pire elle le rejette et il trace sa route. Il a bien plus à gagner qu’à perdre, dans cette histoire. « Je pense que ma série préférée de tous les temps, quand même, ça reste how i met your mother. Elle a la pire fin de l’histoire des séries mais elle se laisse regarder si facilement, c’est à chaque fois un vrai plaisir. » Il l’a vue plus d’une fois, c’est pourquoi il se permet de dire « chaque fois ».

Elle essaie de deviner pourquoi il est ici, ce soir, et il lui fait comprendre qu’elle a plus ou moins raison. Sa journée a été longue et plutôt que de retrouver des amis sur lesquels se concentrer, il voulait être seul tout en étant accompagné. Il n’avait pas prévu d’aborder qui que ce soit, Quinn lui tombe un peu dessus, mais il ne crache pas dessus : bien au contraire, il affirme en être content. Cette rencontre – ou ces retrouvailles, si on peut appeler ça comme ça – semblent tomber du ciel, pour le brun. Il lui parle de Melchior sans mentionner qu’il s’agit de son fils et explique qu’il ne voulait pas avoir à rendre de comptes. Ses proches sont tout ce qu’il a de plus précieux au monde mais tout le monde juge, même avec les meilleures intentions. Et il n’a pas envie de ça, ce soir. Il veut simplement comprendre ce qu’il ressent, lui-même, avant de réussir à l’exposer au reste du monde. Sa discussion avec Adriana n’a pas aidé, il faut le dire : elle l’a accusé d’être un pilier instable, une chance pour que son fils s’écroule. Et il ne veut pas de ça, Jake, bien au contraire. Il lui dit donc être content d’être tombé sur elle. « Moi aussi. Il est souvent plus facile de se confier à des étrangers sur les événements les plus importants de notre existence. Ceux qui nous touchent vraiment, jusqu’au plus profond de nous-mêmes. Je parle en connaissance de cause. » Cette dernière phrase pique sa curiosité. « Oh, je sais bien. Je pique le travail des psychologues de l’hôpital constamment lorsqu’une victime de trauma est admise à l’hôpital après un séjour aux urgences. J’ai l’habitude d’aller dans les chambres des patients que j’ai traités pour les aider à délier leur langue en leur faisant comprendre que je ne suis pas un professionnel et que je n’ai pas l’intention d’aller le répéter ailleurs ou de les brusquer avec ça. Parfois ça fonctionne, parfois ça échoue. Mais quand ils se libèrent, je sens que j’ai aidé. » Et c’est tout ce qu’il cherche à faire, à chaque fois. Certains patients sont plus durs à cerner que d’autres, il pense particulièrement à Maisie ou à Winston, qui ont été deux gamins durs à comprendre. Ça a fini par se faire, à force d’acharnement.

Il goûte le cocktail et le valide immédiatement : les goûts sont francs mais agréables. « Aucun regret ! La preuve qu’il est parfois bon de sortir de sa zone de confort. » « Je suis totalement d’accord. » Il a pour habitude de le faire, Jake. « Je suis le genre d’homme à détester perdre. C’est peut-être mon plus grand défaut. Alors, souvent, je me lance des défis dans des branches qui me sont inconnues jusqu’à y parvenir, gagner contre moi-même. Je sors régulièrement de ma zone de confort en agissant de la sorte, je vous le conseille. » Pas d’être mauvaise perdante mais de se défier elle-même, constamment. C’est la meilleure chose à faire pour être la meilleure version de soi-même, selon Jake. « Vous voulez m’en dire plus sur ce membre de votre famille que vous venez de rencontrer ? » Il boit une nouvelle gorgée de son verre en regardant Quinn. Il pèse le pour et le contre, mais il remarque bien vite qu’il n’y a que du pour, là-dedans. « J’en ai déjà parlé à quelques amis, je pense qu’un avis extérieur ne peut me faire que du bien. J’ai rencontré mon fils, récemment. » Il se rend bien compte d’à quel point cette phrase est étrange. Parler de son fils lui fait toujours le même effet. « Il y a des années, j’ai aidé une amie à avoir un enfant. Notre accord était clair, moi je ne voulais pas m’investir et elle, elle voulait l’élever seule. Je lui avais fait la promesse de me présenter s’il devait lui arriver quelque chose et j’ai récemment appris qu’elle est atteinte d’Alzheimer. » Il grimace, toujours triste à l’idée que sa meilleure amie soit en train de perdre toute sa mémoire. « Il a vingt-cinq ans et n’a pas besoin d’un père maintenant mais… Je suis allé à sa rencontre, comme promis envers sa mère, et je ne pense qu’à lui désormais. J’ai envie de m’investir, même si c’est trop tard et même si je ne regrette pas toutes ces années sans lui. C’est complexe, non ? » Il ne lâche pas la blonde des yeux, oubliant la foule autour d’eux : il veut son avis, maintenant. Il sait qu’elle sera sincère et qu’elle ne cherchera pas à passer par quatre chemins avec lui, tout simplement parce qu’ils ne se connaissent pas et qu’elle ne peut pas savoir si sa susceptibilité s’appuie quelque part ou ailleurs.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyDim 23 Jan 2022 - 21:07

Je ne pensais pas qu'un choix de cocktail nous mènerait aussi loin dans notre discussion sur nos séries télévisées du moment, mais je suis loin d'en être mécontente. Le sujet est léger, propice à la détente que nous cherchons tous les deux en cette fin de semaine, et il semblerait que ma nouvelle connaissance et moi partagions quelques points communs sur la question. « Je dois avouer avoir eu un faible pour Berlin. Physiquement, mentalement. Il n’avait rien d’une bonne personne mais dégageait quelque chose d’attirant. » J'approuve en un lent hochement de tête avant de plisser les yeux, une grimace légèrement désapprobatrice ne tardant pas à se dessiner sur mes traits. « Je suis vraiment désolée de vous l'annoncer Jake, mais j'ai déjà mis une option sur Berlin, et je n'ai pas pour habitude de partager. » Bien sûr, le ton de ma voix est faussement grave, et un large sourire rempli de malice balaie cette mascarade en une fraction de seconde. De toute évidence, nos goûts en matière d'hommes sont similaires. Encore un point en faveur du Destin, cette main invisible qui a décidé de provoquer notre rencontre ce soir.

Continuant sur notre lancée, Jake m'informe que sa série préférée reste How I Met Your Mother. Je comprends par ses mots que la conclusion de cette dernière, dont la qualité se situe largement en-dessous du reste, ne l'a pas empêché de voir et revoir les épisodes. Au point de les connaître par cœur ? Sans doute. Après tout, quand on aime, on ne compte pas. « Je suis d'accord avec vous. J'ai été déçue par le final mais ça n'enlève rien au reste. C'était une belle aventure. » Qui m'a fait rire - beaucoup, et pleurer - un peu. « En ce qui me concerne, si je devais choisir, je crois que je partirais sur Dexter. » Bien moins drôle et autrement plus sanglant. « Mais seulement les quatre premières saisons. » Je précise. Le reste ? Il n'en vaut pas la peine : c'est en grande majorité un pur gâchis. Je vais jusqu'à prétendre qu'il n'a jamais existé, à un petit nombre d'événements près.

Peu à peu, le fil de notre conversation devient plus sérieux, et Jake avoue qu'en plus de son propre travail, il aime prendre le relais des psychologues de l'hôpital, afin d'aider ses patients d'une autre manière : en espérant recoudre leurs plaies intérieures. Celles qui ne se voient pas et qui, pourtant, sont tout aussi dangereuses que les autres. Je ne suis pas étonnée par cette révélation, car dans une moindre mesure, c'est exactement ce qu'il a fait avec moi. Je me souviens qu'au moment de quitter ma chambre, la première fois, Jake avait réussi à me remonter le moral. J'avais retrouvé cet espoir qui s'était volatilisé lors de l'annonce plutôt mitigée du médecin en charge de mon cas. « Le St Vincent a beaucoup de chance de vous avoir dans leur équipe. J'espère qu'ils en sont conscients. » Je lève le verre coloré posé devant moi. Il est temps de goûter notre cocktail. Je décide de dédier cette première tournée - mais pas la dernière, nous avons passé un marché - à cet homme en blouse blanche et à l'âme d'un héros. « À vous. »

En partageant une boisson qui n'est pas du vin blanc dans un bar du centre-ville en compagnie d'un quasi-étranger, je peux affirmer avec certitude que je suis bien en-dehors de ma routine. Et s'il s'agit là d'un exercice avec lequel je ne suis pas familière - à une exception près, il semble n'avoir aucun secret pour mon interlocuteur. « J'ai quitté Brisbane cet hiver. J'ai passé quinze jours à Honolulu. Un voyage surprise organisé par mon conjoint. » J'explique brièvement, avant de conclure. « C'était la première fois que je partais en vacances depuis plus de vingt ans. » Je pense que dans la catégorie 'sortir de sa zone de confort', c'est plutôt pas mal. L'opération fut un succès, à un tel point que j'ai décidé d'en faire une habitude : à partir de maintenant, Elie et moi allons changer d'air régulièrement, et je suis même en charge de la prochaine destination. « Je vais suivre votre conseil et me trouver quelque chose. Me lancer mon propre défi. » Pourquoi pas apprendre au moins les bases d'une langue étrangère ? J'aimais beaucoup le Français lorsque j'étais à l'école. Ou peut-être me mettre à un instrument de musique ? Il y a tellement de possibilités ! « Je vous ferai un point dans une poignée de mois. » J'ajoute sur un ton de connivence, sous-entendant déjà que ça me ferait plaisir de le revoir.

Et parce qu'il n'y a pas d'amitié naissante sans quelques confidences, je lui demande s'il souhaite me parler du fameux membre de sa famille dont il vient de croiser la route. Je dois admettre que je ne m'attendais pas à ce qu'il s'agisse d'un fils. J'écoute cette partie de son histoire avec attention, comprenant qu'il a eu du cœur et autant de courage en acceptant d'aider son amie à avoir un enfant, sans être reconnu de manière officielle, sans être impliqué. C'était son choix, je l'entends, mais ça n'enlève rien à la beauté du geste. Il faut pouvoir en supporter les conséquences, ne pas avoir peur de le regretter, car c'est une décision qui ne se prend pas à la légère et qu'on ne peut pas, tout simplement, effacer comme si de rien n'était. « Je lui avais fait la promesse de me présenter s’il devait lui arriver quelque chose et j’ai récemment appris qu’elle est atteinte d’Alzheimer. » Cette nouvelle me bouscule. « Je suis désolée. » Compte tenu de ses symptômes et de ce qu'elle engendre pour le patient et son entourage, cette maladie est à mon sens l'une des plus terrifiantes. Et je suis sans doute loin d'être la seule à le penser.

« Il a vingt-cinq ans et n’a pas besoin d’un père maintenant mais… Je suis allé à sa rencontre, comme promis envers sa mère, et je ne pense qu’à lui désormais. J’ai envie de m’investir, même si c’est trop tard et même si je ne regrette pas toutes ces années sans lui. C’est complexe, non ? » Je plisse le nez en une légère grimace compréhensive. Complexe est bien le mot. Les iris de Jake ne quittent pas les miennes, me poussant silencieusement à lui offrir un avis, un regard extérieur sur cette situation délicate. « Vous l'avez précisé vous-même : il a vingt-cinq ans. Tout ce que vous pouvez faire, à votre niveau, c'est lui dire ce que vous ressentez. » Car l'honnêteté est ce qui compte le plus. « Mais c'est un adulte. Et en tant que tel, au final, ce sera à lui de décider s'il souhaite vous avoir dans sa vie ou non. Comme vous l'avez décidé vingt-cinq ans et quelques mois plus tôt. » Je lui rappelle avec un petit sourire. « Ai-je le droit de vous demander comment s'est passée cette première rencontre ? » J'ai conscience que l'on rentre dans des détails encore plus personnels, encore plus intimes qu'un 'simple' résumé de la situation. Je comprendrais qu'il ne souhaite pas aller jusque-là, et loin de moi l'envie de le froisser en franchissant d'éventuelles limites.


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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyLun 31 Jan 2022 - 7:13

« Je suis vraiment désolée de vous l’annoncer Jake, mais j’ai déjà mis une option sur Berlin, et je n’ai pas pour habitude de partager. » Jake fait une légère moue avant d’hausser ses épaules. « Bon, je ne vais pas me battre avec vous. » Ce serait peine perdue ; dans la série, Berlin fait très clairement comprendre que son cœur bat pour les femmes. Son ami en est d’ailleurs désolé, lui qui aurait aimé l’avoir pour lui, lui qui n’a pas eu droit à des sentiments partagés. Jake évite des souffrances, ainsi. Enfin, il en éviterait s’il y avait une véritable bataille entre Quinn et lui pour cet homme. Là, il ne s’agit que d’un personnage télévisé qui n’existe pas réellement. Et après avoir parlé de lui, ils se penchent sur les séries favorites de l’un et de l’autre. Jake en mentionne une qui l’a beaucoup fait rire, qu’il regarde dès qu’il en a l’occasion. Il n’hésite pas à dire, malgré tout, avoir été déçu par la finalité de celle-ci. Mais il a remarqué que beaucoup de séries foirent leur final, comme s’il était trop difficile de faire un bel adieu. Il pense que ces ratés reflètent plutôt bien la réalité ; les adieux sont toujours brutaux, ne font jamais de bien. « Je suis d’accord avec vous. J’ai été déçue par le final mais ça n’enlève rien au reste. C’était une belle aventure. » Il aurait aimé se poser devant ses enfants et leur expliquer comment il a rencontré leur mère, lui aussi. Ou leur père, dans sa situation à lui : il peut toujours essayer de le faire avec Melchior, maintenant. « En ce qui me concerne, si je devais choisir, je crois que je partirais sur Dexter. Mais seulement les quatre premières saisons. » Il n’a jamais regardé cette série. « Oh. Je ne saurais pas dire. Je vais la regarder. » Il ne le dit pas dans le vent. Dès demain – si son travail ne le fatigue pas trop – il se lancera dans cette aventure. Pas sûr que ça lui plaise, mais il tentera. Juste pour écouter Quinn et saluer ses goûts.

Le sujet change, la discussion s’intensifie. Jake lui parle de sa manière d’aider les autres. S’il le fait en général via son travail, il ne peut pas s’empêcher d’en rajouter une couche en allant creuser à l’intérieur des uns et des autres. Il lui arrive régulièrement de se heurter à des murs, c’est d’ailleurs ce qui arrive le plus souvent. Mais lorsque l’inverse se produit, lorsque le patient s’ouvre et soigne ses plaies intérieures, il n’y a rien de plus beau. Et rien que pour aider une personne, Jake est prêt à essuyer le refus d’une centaine d’autres. Parce que chaque vie à la même valeur, à ses yeux. Peu importe que l’on soit un homme, une femme, grand, petit, noir, blanc, gros, maigre, gay, hétéro, riche, pauvre. Tout le monde a sa place, tout le monde a le droit à une seconde chance – et d’autres après, si ce n’est pas suffisant. « Le St Vincent a beaucoup de chance de vous avoir dans leur équipe. J’espère qu’ils en sont conscients. » Jake n’est pas de cet avis. Enfin, si, il l’est un petit peu – on ne peut pas avoir autant d’humilité. « J’ai beaucoup de chance de les avoir, également. » Ses collègues, ses patients. Il appartient à cet univers et ne saurait s’en déloger. Ne pas compter ses heures est une habitude chez lui mais peu importe, il fait ce pourquoi il est né : il n’a jamais l’impression de travailler, ainsi. Et peu importe si ce n’est pas marrant tous les jours. « A vous. » Elle trinque à lui, il ne fait que de sourire. Il ne peut pas la contredire là-dessus, ne va pas se risquer à lui retourner le compliment. Elle ne lui a rien dit pour l’en inspirer et il ne veut pas paraître lourd à n’accepter aucune belle parole. Ils goutent tous les deux au cocktail et en conviennent qu’il est bon de sortir de sa zone de confort. Face à une phrase comme celle-ci, Jake ne peut s’empêcher de tiquer et lui explique sa manière de fonctionner, à lui. En se défiant lui-même, il arrive bien mieux à s’aventurer ailleurs. « J’ai quitté Brisbane cet hiver. J’ai passé quinze jours à Honolulu. Un voyage surprise organisé par mon conjoint. C’était la première fois que je partais en vacances depuis plus de vingt ans. » Honolulu, une destination intéressante selon Jake. Lui aussi ne prend pas beaucoup de vacances, peut-être même jamais. « J’aime passer mes congés dans mon salon ou dans les rues de Brisbane. Je ne quitte presque jamais la ville. » Il l’a fait il y a quelques années, avec son ancien compagnon. Ils étaient partis en Italie pour une conférence, c’est un beau souvenir. Il aimerait repartir de la sorte, en amoureux. Mais pour cela, il faut déjà avoir un amoureux. Et ça, Jake ne peut pas dire en avoir un pour le moment – Marcus fait vibrer son cœur, oui, mais ils n’en sont pas là pour le moment. « Je vais suivre votre conseil et me trouver quelque chose. Me lancer mon propre défi. Je vous ferai un point dans une poignée de mois. » Cette dernière phrase fait sourire l’infirmier. « Avec plaisir. Je vais m’en lancer un nouveau, moi aussi. On pourra comparer. » Un défi envers eux-mêmes et entre eux, de quoi bien s’amuser si l’on a un sens de la compétition aiguisé.

La conversation mue en quelque chose de totalement différence. Sur le ton des confidences, Jake lui parle de ce membre de sa famille qu’il vient de rencontrer. Il lui raconte l’histoire avec la mère de Melchior, il peut lire la compassion sur le visage de la blonde. « Je suis désolée. » Il l’est tout autant. Il aurait aimé pouvoir échanger une nouvelle fois avec sa meilleure amie avant que celle-ci s’éteigne de l’intérieur. Il a dit à son fils qu’il ne souhaitait pas lui rendre visite, parce qu’il aurait trop peur de la perturber – elle l’aimait, à une époque, et il ne veut pas qu’elle se plonge dans ce moment-là. Si elle ne se rappelle que de ses sentiments et oublie leur rupture et leur amitié, il aura l’impression de lui briser le cœur une seconde fois. Ce serait trop égoïste d’aller la voir, oui, même s’il en meurt d’envie. Alors ça, il évite d’en parler. Il lui raconte plutôt ses doutes concernant Melchior. « Vous l’avez précisé vous-même : il a vingt-cinq ans. Tout ce que vous pouvez faire, à votre niveau, c’est lui dire ce que vous ressentez. Mais c’est un adulte. Et en tant que tel, au final, ce sera à lui de décider s’il souhaite vous avoir dans sa vie ou non. Comme vous l’avez décidé vingt-cinq ans et quelques mois plus tôt. Ai-je le droit de vous demander comment s’est passée cette première rencontre ? » Elle a raison. C’est Melchior qui tire les ficelles, désormais. Il s’est présenté à lui et lui a dit qu’il souhaitait le connaître. Maintenant, c’est à son fils de décider s’il veut faire de lui un père ou s’il ne le veut que comme géniteur. Jake doit rester à sa place et, quoiqu’il arrive, accepter la sentence. « C’était incroyable. » Il n’hésite pas avant de se lancer là-dedans. « Quand j’ai posé mes yeux sur lui, j’ai ressenti quelque chose d’inexplicable. Et je suis persuadé que c’est ce que ressentent tous les parents quand ils rencontrent leur enfant, dès que celui-ci vient de naître. J’ai eu cette sensation avec des années de différence, certes, mais c’était ça. » Il l’a reconnu. Dès qu’il a ouvert la porte, il est devenu père. « On a discuté. Pas énormément, je ne voulais pas le brusquer de trop. Mais il m’a accepté directement et on a pu se parler, déjà chercher à rattraper le temps perdu. Il ne m’a pas dit qu’il souhaitait me revoir à une date précise mais j’ai senti qu’il le voulait, au fond de lui. » Il ne l’a pas repoussé, c’est déjà ce qu’il y a de plus important à retenir. « J’espère qu’il voudra de moi. Je ne voulais pas d’enfant il y a vingt-cinq ans, non. Mais depuis quelques années, j’en rêve. Je n’ai jamais su trouver l’homme idéal pour fonder une famille, il me donne l’impression d’être ma seule chance. Je n’aurais pas droit aux premières fois, j’espère pouvoir être témoin de toutes les autres. » Il veut être là, c’est tout. De maintenant à jamais, et jusqu’après encore.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyMar 15 Fév 2022 - 23:09

Je vais sérieusement commencer à tenir des comptes, car Jake et moi semblons avoir un autre point commun : celui de ne pas réellement savoir ce que veux dire le mot voyage. « J’aime passer mes congés dans mon salon ou dans les rues de Brisbane. Je ne quitte presque jamais la ville. » La différence entre nous est que cela semble être un choix pour lui. Il préfère rester là plutôt que de parcourir le monde, profiter de tout ce que Brisbane peut offrir avant d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs. « Moi non plus. » Je renchéris, bien qu'il le sache déjà puisque je viens de lui mentionner mes toutes premières vacances. « Avant Hawaii, les uniques fois où j'ai quitté le territoire, c'était pour rejoindre Ashburton. » Je ne crois pas que l'on puisse considérer ces allers-retours rapides comme un vrai séjour à l'étranger, d'autant que cette partie de l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont des territoires plutôt proches. « J'allais rendre visite à mes parents, je ne restais pas plus de deux ou trois jours maximum. » Et encore, très souvent, ce n'était pas moi qui faisait le trajet, mais eux. Ils avaient plus le temps, et ils avaient conscience que quitter un centre équestre en plein travaux, puis en pleine expansion, m'était difficile. Dans le fond, ce qui nous rapproche, Jake et moi, c'est surtout notre connaissance des lieux. « Avec tous les congés qu'on a vécus à parcourir Brisbane, cette ville n'a plus de secrets pour nous. Au moins, si on décide de changer de travail, on pourra toujours s'associer et proposer des visites guidées aux touristes ! » Dans un univers alternatif, qui sait ? Mais dans celui-ci, ce n'est qu'un peu d'humour : nos métiers n'ont pas été choisis par pur besoin alimentaire, par dépit ou par défaut. Ils se font par passion, et je crois ne pas me tromper en affirmant que Jake n'est pas plus prêt à abandonner sa blouse, que moi à abandonner mes chaps.

Mais ce qui fait notre quotidien, ce que l'on connait par cœur, n'est pas l'unique chose qui doit nous faire avancer dans la vie. Au final, on ne cesse jamais d'apprendre. Je compte bien suivre les conseils de l'infirmier et me lancer dans une activité qui m'est totalement étrangère, ou essayer de retrouver des connaissances perdues du fil des années. J'avoue que les cours de français me tentent beaucoup. Ils sont la première chose qui me soit venue à l'esprit. Peut-être que lors de notre prochaine entrevue, je serais en mesure de balbutier quelques phrases dans la langue de Molière à Jake ? Pour l'heure, j'acquiesce à ses mots, un large sourire étirant mes lèvres. J'ai l'impression que la perspective de nous revoir lui serait aussi appréciable, et il propose même d'en profiter afin de comparer nos avancées respectives. « Marché conclu. » Encore un. Et je suis sûre qu'avant d'avoir franchi les portes du bar dans l'autre sens, on aura été capables d'en trouver un troisième.

Seulement, à mesure que les minutes s'égrènent et que le contenu de nos verres diminuent, nos sujets de conversation perdent en légèreté. Je n'en suis pas gênée, bien au contraire. Je suis la première à admettre que se confier à des inconnus a du bon. Je dois déjà tellement à Jake : si je peux lui rendre un peu de sa bienveillance en l'écoutant voire en l'aiguillant à propos de son fils, j'en serais ravie. J'ose l'interroger sur leur rencontre, espérant ne pas dépasser des limites que Jake se serait fixées. Il ne tarde pas à me rassurer : son regard brille soudain de mille feux, et sa voix enthousiaste fend l'air entre nous. « C’était incroyable. » Je n'ai aucun mal à le croire. Je ne le quitte pas des yeux, concentrée sur ce qu'il veut bien partager de ce moment, hochant la tête de temps à autres. Bien que je n'aie pas vécu ce sentiment qui peut traverser un parent lorsqu'il voit son enfant pour la première fois, Jake est capable de m'en faire ressentir toute sa puissance. Jusque-là, il ne s'était jamais considéré comme un père. Dans une telle situation, quoi de plus normal ? Et en une fraction de seconde, il en est devenu un, sans plus aucune envie de revenir en arrière.

Son fils a montré quelques réserves auxquelles il pouvait s'attendre, mais selon Jake, il est prêt à accepter sa présence, à accepter de rattraper le temps perdu. J'en suis heureuse pour lui, parce que j'ai compris une chose, en l'écoutant : si son enfant devait choisir de le rejeter, je ne suis pas certaine qu'il arrive à s'en remettre un jour. « J’espère qu’il voudra de moi. Je ne voulais pas d’enfant il y a vingt-cinq ans, non. Mais depuis quelques années, j’en rêve. Je n’ai jamais su trouver l’homme idéal pour fonder une famille, il me donne l’impression d’être ma seule chance. Je n’aurais pas droit aux premières fois, j’espère pouvoir être témoin de toutes les autres. » Je suis touchée par son histoire, par sa volonté tenace de construire une véritable relation avec son fils. « Je vous le souhaite. » Je pense sincèrement qu'il le mérite. « Cela étant, il n'a pas à être votre seule chance de fonder une famille. C'est ce qui fait la beauté de notre existence : on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. » Demain, dans deux semaines, six mois ou un an, il pourrait le rencontrer, cet homme idéal, et avec lui, réaliser son rêve de fonder une famille, qu'elle soit de sang, ou de cœur, ou les deux à la fois. Car aucune n'est plus forte que l'autre. Et si son fils de vingt-cinq ans est à ses côtés, alors Jake sera comblé.

« Il vous a déjà dit ce qu'il aimait faire, quelles étaient ses passions ? » Je l'interroge après une autre gorgée de Zombie. « Quitte à aimer sortir de votre zone de confort… je me dis que vous pourriez essayer d'intégrer la sienne. » Doucement, sans le brusquer. Ce serait une belle façon pour eux de se rapprocher. Son grand garçon se trouverait alors en terrain connu, donc sans doute plus ouvert, plus réceptif à l'idée de nouer ce lien père/fils qui leur fait défaut. « Je lance ça au hasard, mais s'il vous avoue un éventuel faible pour l'équitation, ou la randonnée en pleine nature, venez me trouver, je peux vous proposer le lieu idéal pour ça. Riverside, à Daisy Hill. » Gérer un centre équestre au beau milieu d'une réserve naturelle a ses avantages. Et je dois admettre que je ne suis moi-même pas toujours accompagnée d'une monture quand je me balade. Il y a de quoi faire, sur cent quatre-vingt hectares, que ce soit à cheval, à pied ou en VTT. « Ça me ferait plaisir de participer à mon humble niveau. » En leur laissant une carte, du matériel. En leur souhaitant bon vent. Et en espérant que ce dernier soit favorable à leur rapprochement.


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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyMar 22 Mar 2022 - 1:58

« Moi non plus. Avant Hawaii, les uniques fois où j’ai quitté le territoire, c’était pour rejoindre Ashburton. J’allais rendre visite à mes parents, je ne restais pas plus de deux ou trois jours maximum. » Ashburton. Il met quelques longues secondes à resituer cette ville sur la carte, puisque ce n’est pas un nom qu’il a l’habitude d’entendre. « Vous venez de là-bas ? » Née en Nouvelle-Zélande ou sur le sol australien, peu importe, ça ne change pas grand-chose. On peut venir d’un endroit, le quitter et se poser ailleurs. Beaucoup l’ont fait, ici, à Brisbane. Jake est né dans le coin et n’a pas l’intention d’en bouger, d’autres ont compris qu’il n'y avait pas meilleur lieu de vie qu’ici, même en ayant essayé ailleurs. Est-elle de cet avis ? C’est bien ce qu’il espère comprendre après lui avoir posé cette question. « Avec tous les congés qu’on a vécus à parcourir Brisbane, cette ville n’a plus de secrets pour nous. Au moins, si on décide de changer de travail, on pourra toujours s’associer et proposer des visites guidées aux touristes ! » L’idée fait sourire Jake. Il adore les autres mais sait déjà qu’il n’aurait pas la patience nécessaire pour faire ce métier. Il y a ceux qui découvrent, oui. Et il y a ceux qui pensent mieux connaître parce qu’ils l’ont lu sur des blogs avant de venir. Jake n’aime pas la technologie pour cette raison – et beaucoup d’autres. Certains pensent avoir acquis quelque chose seulement en l’ayant effleuré. Pour lui, il faut aller au fond des choses. Oui, on peut raconter l’histoire d’un monument en l’ayant vue quelque part. Non, on ne peut pas la ressentir tant qu’on n’a pas touché ledit monument. Il n’aurait vraiment pas la patience. « L’agence tous risques. » Parce qu’en plus de ça, il n’est pas sûr d’emmener les uns et les autres au bon endroit. Il sait se repérer, oui, mais il aime trop se promener. Il a l’habitude de se perdre et de retrouver son chemin, trop distrait par ce qui l’entoure.  

Et puis, la discussion continue et les sujets s’enchaînent. Il y a eu les séries qu’ils aiment, les boissons, il y a eu ce nouveau défi envisagé et un marché conclu. Jusqu’à ce que ça devienne un peu plus violent, jusqu’à ce que le besoin de se confier se fasse ressentir. Jake vit un moment bouleversant. Il sait qu’il ne pourra plus jamais être le même homme maintenant qu’il a rencontré son fils. Il y avait un avant Melchior, il est déjà plus qu’heureux du après. Mais il a peur, en même temps. Peur de ne pas être accepté. Peur que ça ne soit qu’une illusion. Peur d’avoir perdu trop de temps. Peur de s’attacher et d’être déçu – ou pire, de le décevoir. Il sait que toute cette crainte vient avec une dose d’amour et de bonheur, il sait que ça vaut le coup, il sait qu’il faut s’accrocher. Mais ce n’est pas simple de ressentir autant de choses lorsque, depuis des années, on se persuade que c’est trop tard. Il ne pensait pas avoir droit à cette joie un jour, celle d’être avec un autre être humain et de se dire être son père. Il n’y aura jamais de couches à changer, de biberons à donner ou de nuits entrecoupées, mais il y a encore tout le reste. Et il veut être aux premières loges. « Je vous le souhaite. Cela étant, il n’a pas à être votre seule chance de fonder une famille. C’est ce qui fait la beauté de notre existence : on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. » Elle a raison. Et en même temps, elle a tort. Parce que Jake a bien une personne en tête quand il pense à l’amour. Marcus. Il n’est pas amoureux de lui, non. C’est bien trop tôt pour ressentir quelque chose d’aussi fort. Mais c’est vrai qu’il a envie de faire un bout de chemin avec lui. Et c’est aussi vrai que les deux hommes ne parviennent pas à le faire. Ils finissent toujours par s’éloigner l’un de l’autre quand ça pourrait devenir intéressant. Déjà un an de passé, et toujours aucun baiser échangé. S’ils continuent sur cette voie, ils réussiront peut-être à former quelque chose quand ils auront soixante ans. « J’espère que vous avez raison. » Peut-être qu’il va se bousculer, le bousculer, et qu’ils vivront quelque chose de merveilleux. Qui sait ? « Il vous a déjà dit ce qu’il aimait faire, quelles étaient ses passions ? » Il l’aurait deviné même s’il ne l’avait pas dit. « Le violon. C’est un musicien, comme sa mère. Ça ne m’étonne pas. » « Quitte à aimer sortir de votre zone de confort… je me dis que vous pourriez essayer d’intégrer la sienne. » Le conseil est intéressant. Plus que bon, même. « Je lance ça au hasard, mais s’il vous avoue un éventuel faible pour l’équitation, ou la randonnée en pleine nature, venez me trouver, je peux vous proposer le lieu idéal pour ça. Riverside, à Daisy Hill. Ça me ferait plaisir de partager à mon humble niveau. » Elle est adorable, Quinn, à proposer une idée comme celle-ci. « Je suis un piètre sportif, j’espère ne lui pas avoir transmis ça dans les gènes. » Il le dit en ricanant. « Mais je vais lui poser la question quand je le reverrai, ce serait avec plaisir. En attendant, je pense lui proposer de l’accompagner à l’un de ses concerts. J’imagine que c’est ce qui plaît le plus aux musiciens, d’avoir un public que l’on reconnaît et qui nous aime pour ce que l’on fait. » Il est sûr qu’il est doué. Et même si ça se veut faux à quelques moments, il tâchera de l’applaudir. Parce qu’il s’agit de son fils et qu’il est fier de lui, quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse. « Vous désirez des enfants, vous ? » Une question très personnelle, il s’en rend bien compte, mais il lui a confié ses envies. Autant qu’elle s’ouvre sur les siennes – si elle le souhaite seulement.

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Message(#)the rescue ◊ Jake EmptyMar 5 Avr 2022 - 2:59

J'aime beaucoup cette idée de montrer les merveilles de Brisbane aux gens de passage, aux touristes désireux d'en apprendre plus sur la ville où ils ont choisi de poser leurs valises pour les vacances. Contrairement à certaines idées reçues sur les lieux de cette taille, elle est bien plus qu'une capitale grouillante de monde dans laquelle ne sont disséminés qu'une poignée de sites dignes d'intérêt. Au contraire, elle regorge de secrets intéressants voire surprenants. Et lui témoigner un minimum d'attention est le seul et unique prérequis afin d'entrer dans cette douce confidence. Comment je le sais ? Mon métier n'est peut-être pas officiellement celui de guide, puisqu'il ne me voit pas déambuler dans les rues de Brisbane à la tête de groupes aux multiples nationalités, mais en un sens, il s'en rapproche. La différence est que la visite se fait à cheval, non à pied. Et qu'elle se limite à la réserve naturelle de Daisy Hill, loin du centre-ville bouillonnant. Il n'en reste pas moins que Riverside vit en grande partie de ces fameux touristes pendant la saison estivale. J'aime être là pour eux, leur parler de ce que je connais d'ici, leur conseiller des établissements qui ne sont jamais mentionnés dans leurs soi-disantes bibles de voyage et qui, pourtant, valent mille fois le détour. Ça me plaît de transmettre mon amour pour Brisbane en me baladant sur ma monture en pleine forêt. Je pense que ça me plairait autant de transmettre ce même amour avec un petit changement de décor. Bien que la nature finirait indéniablement par me manquer. « L’agence tous risques, » propose Jake, m'arrachant un rire amusé. J'en suis convaincue : la touche d'humour ferait de nous de vraies célébrités locales et attirerait les foules.

La soirée est des plus agréables. Les sujets abordés sont d'abord légers, comme ceux, passés maintenant, de nos séries télé favorites ou de nos façons assez similaires de profiter de nos vacances. Jake sait désormais que je ne voyage presque pas, à l'exception de deux semaines parfaites à Hawaii, que je suis née à Brisbane même si j'ai vécu une partie de mon enfance à Ashburton en Nouvelle-Zélande, et que la majorité de mon existence tourne autour d'une grande passion : celle des chevaux. L'infirmier n'est cependant pas en reste : il m'a offert en retour des morceaux de son quotidien entre deux gorgées de notre fameux cocktail Zombie, et j'ai écouté chacun de ses mots avec une attention particulière, heureuse d'être là, avec lui, de cet instant présent, de ce partage. Je me dis que je devrais sortir plus souvent. Oser faire de nouvelles rencontres, mais en-dehors de ce terrain connu qu'est le domaine. Peut-être que cette démarche pourrait faire l'objet d'un autre défi lancé à moi-même ? Aller hors de ma zone de confort, coûte que coûte. Étendre mon horizon.

Et puis au fil du temps qui s'égrène, les confidences deviennent plus profondes, plus faciles aussi. Jake me parle de son fils inconnu, de ses envies de famille, de sa tentative de se rapprocher de sa progéniture aujourd'hui adulte. Je l'interroge sur ses loisirs. « Le violon. C’est un musicien, comme sa mère. Ça ne m’étonne pas. » J'acquiesce. Je ne connais malheureusement pas grand-chose aux instruments de musique. Je suggère néanmoins à mon vis-à-vis de s'y intéresser - si ce n'est pas déjà fait, ne serait-ce que pour se rapprocher de cet homme qu'il souhaite tant découvrir. Je profite du sujet, lui soufflant où il pourra me trouver dans l'hypothèse où mon aide pourrait être requise, que ce soit en équitation ou, plus simplement, en randonnée pédestre. « Je suis un piètre sportif, j’espère ne lui pas avoir transmis ça dans les gènes. » J'esquisse un sourire. Notre monde serait un endroit bien ennuyeux si nous avions tous les mêmes talents. « Mais je vais lui poser la question quand je le reverrai, ce serait avec plaisir. » « Parfait. » Je serais là. « En attendant, je pense lui proposer de l’accompagner à l’un de ses concerts. » De mon humble point de vue, c'est une belle idée. La meilleure d'entre elles, je crois, pour une raison que Jake évoque d'ailleurs par la suite avec une grande justesse. « J’imagine que c’est ce qui plaît le plus aux musiciens, d’avoir un public que l’on reconnaît et qui nous aime pour ce que l’on fait. » « Oui, c'est ce que je pense aussi, et je suis certaine qu'il sera touché de votre présence. » Dans une telle situation, qui ne le serait pas ?

« Vous désirez des enfants, vous ? » En compagnie de n'importe quel autre inconnu, j'aurais sûrement hésité avant de répondre. Certaines personnes ont du mal à comprendre ce manque d'envie de devenir maman. Ce manque d'envie qui a été le mien depuis très longtemps et qui, d'ailleurs, ne m'a jamais quittée. Pourtant, avec Jake, je sais que je peux en parler sans aucune restriction ni aucune peur de me sentir jugée, sans filtre destiné à ménager les susceptibilités dominantes. « Je n'en ai jamais voulu. Je n'ai pas souhaité devenir maman. » Un sourire, grand, lumineux, éclaire mon visage. Car je ne suis pas mère, mais je n'en suis pas moins entourée d'enfants, petits comme grands. « Je suis une tata comblée, par contre. Mon jumeau a un fils de vingt-deux ans et une fille de six ans. Et ce n'est pas tout : ma belle-fille, la fille de mon conjoint, a donné naissance à une petite princesse qui va bientôt fêter ses un an. » Cette fois, c'est un rire enthousiaste qui résonne en direction de Jake. « Je préfère cent fois jouer les tantes ou les… belles-grands-mères… ? » Je fronce les sourcils. Est-ce vraiment un mot ? Peu importe, s'il faut l'inventer, alors je le ferai, et avec joie.

La soirée file à vitesse grand V. Je réalise à peine que la seconde tournée - la mienne - touche maintenant à sa fin. Nos verres sont vides de toute boisson aux couleurs criardes mais au goût agréable. Les lieux sont devenus plus calmes, eux aussi. L'homme de tout à l'heure a quitté le Canvas sans que je n'aie eu à recroiser son regard. Tant mieux. Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est déjà tard - plus que ce que j'imaginais. La preuve, s'il en faut une, que j'ai sincèrement apprécié ce moment. « Je vais devoir rentrer, » j'annonce à Jake, et une certaine déception transparaît dans ma voix. Malgré cela, j'ai hâte de retrouver Elie et de lui raconter l'excellente compagnie que j'ai eu la chance d'avoir ces dernières heures. Mes lèvres forment un rictus de connivence alors que mes iris trouvent celles de l'infirmier. « Vous et moi, on a passé un marché, » je lui rappelle, non sans une légère pointe d'espièglerie. « On se retrouve donc ici dans un mois pour comparer ? » Je ne peux m'empêcher d'ajouter un nouveau paramètre à cette entente déjà scellée un peu plus tôt, et ma proposition ne se fait pas attendre. « Le perdant offre les boissons. » Nous tenant debout l'un en face de l'autre, je lui tends la main. « Deal, Jake ? » Je le savais. Jamais deux sans trois.

----- THE END -----

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