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@auden williams

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La fêtait battait son plein; il n’y avait pas à dire, cela semblait être une réussite certaine. De toutes façons, tout type de fête organisée par le lycée était une réussite auprès des élèves qui en profitaient pour venir trainer avec leurs amis et faire les quatre-cents coups dans le dos des professeurs, bien trop occupés à venir surveiller la piste de danse et le punch posté un peu plus loin dans un coin du gymnase - mais qui étaient incapables de voir que ce dernier avait déjà été corsé depuis plusieurs heures déjà.

Damon ne se sentait en rien dans son élément, au milieu de toutes ces jeunes filles habillées de leur plus belle robe et du reste des jeunes hommes avec les cheveux gominés. Ses lunettes cul-de-bouteille et son appareil dentaire, à côté, faisait tache dans le décor. Ce n’était pas sa faute, au pauvre gamin: la génétique héritée des parents n’était pas mauvaise mais prenait son temps pour se faire voir. Alors, en attendant que la puberté décide de vraiment lui arriver en pleine face, c’étaient les moqueries de ses camarades qu’il se devait de subir, Damon. Et ce soir ne ferait aucune exception à la règle. Il avait déjà croisé au moins une fois ou deux Léo Ivywreath, qui adorait venir le surnommer affectueusement Calculette dès qu’il en avait l’occasion - à croire qu’il en venait également à créer les occasions, d’ailleurs -, qui ne pouvait s’empêcher à chaque fois de souligner qu’on pourrait voir jusqu’au fond de son âme avec la taille de ses verres de lunettes. Damon n’ayant aucune répartie, il se trouvait à chaque fois à venir acquiescer et prétendre être d'accord avec le brun alors qu’il n’avait qu’une envie: partir en hurlant et en pleurant.

Cependant, s’il n’était pas le premier fan de Léo, ce dernier n’était pas le pire de la collection de Damon des pas gentils qui se moquent de lui; il en était même loin - et malheureusement pour le petit blond, ses yeux venaient de se poser sur celui qui emportait la première place et haut la main. La gorge sèche, les yeux presque déjà humides, Damon regrettait déjà de ne pas réussir à partir en courant et à rester au milieu du passage de Auden. Le pire des pires, un saligaud comme il était rare d’en connaître, le tyrannique comme il venait l’appeler dans sa tête là où personne ne pouvait venir l’entendre.

Déjà, l’Université c’est chiant. En plus, les fêtes le sont encore plus.
Et je ne parle même pas du soir d’Halloween ou Dieu sait quelle connerie encore.

En somme, je me fais chier et j’erre d’un endroit à un autre en quête d’une mauvaise idée, d’une mauvaise personne, d’un mauvais objet. Quoi que ce soit qui puisse m’occuper et mener la vie dure aux gens alentour, à vrai dire, parce que c’est bien la seule chose qui vaille la peine de faire des efforts en ce monde. On sait toujours vous rendre une mauvaise blague, une insulte, un reproche. La rancœur est tenace et peu sont capables d’oublier un acte aussi infondé que celui-ci. C’est ce qui est amusant, justement: que les victimes ne le méritent jamais. Le sort peut s’abattre sur n’importe qui, même ceux qui s’emmerdent chaque dimanche à aller prier un Dieu absurde - et ça marche aussi pour ceux qui ont décidé de le faire d’autres jours de la semaine, voire même tous les jours. Et à la vue de la parfaite victime, mon visage s’illumine en même temps que le gringalet semble se liquéfier sur place. C’est déjà amusant. “Pompinaro !” C’est comme Marcelino, sauf que son surnom à lui c’est pas Marcelino, vous voyez. En fait, y’a juste la consonance de similaire, on va pas se mentir, vous et moi.

J’ai annoncé son surnom (bien qu’il change à chacune de nos rencontres, besoin de renouveau oblige) et avance désormais vers lui avec un large sourire sur les lèvres, bien décidé à passer la soirée avec mon meilleur ami et ses dizaines de petits compagnons rouges et blancs sur le visage. Comme quoi, il n’est jamais vraiment seul et l’adage ‘même votre ombre vous abandonne dans l’obscurité’ ne précise pas pour sa part qu’il lui reste toujours ses boutons comme compagnons de route. “Ça va ? T’as l’air tout pâle, tu devrais prendre un verre de punch, il a été rehaussé.” Et déjà, mon bras passé autour de ses épaules l’emprisonne dans mes filets.

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S’il ne bougeait pas, normalement on ne pouvait pas réellement le voir - c’était pas ça l’histoire ? Car en cet instant, Damon faisait tout pour ne plus bouger qu’un pouce ni d’un poils, et espérait de toutes ses forces que cela soit suffisant pour disparaitre de la surface de la terre. Mais en analysant un brin la démarche du brun qui s’en venait vers lui, il pouvait comprendre qu’il était en train d’échouer et lamentablement.

« Pompinaro ! » Il avait déjà tout autant et à la fois envie de pleurer, de fuir et de vomir - il n’expliquait pas réellement ce dernier élément. Tout le monde, mais pas Auden. Il aurait préféré qu’on vienne lui plonger la tête dans les toilettes plutôt que de devoir croiser sa route. Surtout lorsqu’il portait ce sourire là sur ses lèvres, ce qui annonçait qu’il avait déjà de la suite dans les idées. « Ça va ? T’as l’air tout pâle, tu devrais prendre un verre de punch, il a été rehaussé. » - « Je… j’aime pas ça, le punch. » Il n’en avait jamais goûté alors en réalité, il ne savait pas s’il aimait ça ou non; mais pour la situation, ça ferait tout à fait office de bonne réponse, du moment que cela pouvait permettre de donner à Auden une autre direction où se rendre.

Apparemment, c’était trop lui demander puisqu’il vint passer son bras par dessus les épaules de Damon et ce dernier failli s’évanouir rien qu’à ce simple contact. Heureusement que les regards n’étaient pas tournés vers eux en cet instant, sinon le petit blond deviendrait davantage la risée de cette école - et son père, le directeur, avait déjà du mal avec la réputation de looser qu’il avait réussi à se faire en simplement une année ici. « Qu’est-ce qui t’amène ici, Auden ? » Les paroles du gamin venaient davantage ressembler à ses petits cris d’oiseau, mais vraiment il était présentement terrorisé - et il n’y avait pas besoin d’avoir des verres de lunette de l’épaisseur des siens pour s’en rendre compte. C’était d’ailleurs plutôt un miracle qu’il ait réussi à prononcer la moindre phrase.

C’est drôle quand même, j’ai presque l’impression qu’il n’est pas heureux de me voir et même qu’il tente de fuir. Mais je me fais sûrement des idées puisque pompinaro et moi sommes des amis de toujours, pas vrai ? C’est justement parce que nous sommes proches que je lui confie le secret du punch quelque peu amélioré, vous voyez bien que tout ceci n’est pas de la comédie. « Je… j’aime pas ça, le punch. » Ça, je ne peux pas le croire. “T’as déjà goûté, au moins ?” Question rhétorique, mon bras passé autour de ses épaules lui empêche de s’enfuir autant que de choisir où aller. “Non, alors allez, viens.” Je le connais bien, mon ami, et je sais qu’il a besoin de quelqu’un comme moi pour lui montrer comment la vie fonctionne et ce à quoi il peut goûter, à son âge.

« Qu’est-ce qui t’amène ici, Auden ? » Il est amusant avec sa voix fluette qui ne va pas avec son corps - ou qui, justement, s’y conforme bien trop à en juger par son apparence filiforme. Il serait temps qu’il pense à gagner en musculation, j’ai un peu peur de son équilibre au moindre coup de vent. “Toi, bien sûr, tu m’avais manqué.” Les amis se voient souvent, pas vrai ? Pompinaro me manquait depuis notre dernière visite, je me devais de provoquer une rencontre entre nous puisque je vois qu’il n’est pas du genre émotif, le garçon. “Et j’imagine que je ne vole pas la place d’aucune cavalière, pas vrai pompinaro ?” Parce que justement c’est un pompinaro, vous voyez, vous commencez à comprendre le truc, vous aussi ? Il n’a pas le courage d’inviter une adolescente boutonneuse et les dents appareillées de leurs meilleurs métaux. “Prends un verre à ma santé.” A vrai dire, il n’a pas le choix, je le sers sans qu’il ne puisse donner son avis et je n’ai désormais plus qu’à l’observer avec insistance jusqu’à ce qu’il boive enfin son verre. Le premier. Au bout de quelques-un, il sera bien moins ennuyant.

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« T’as déjà goûté, au moins ? » Déglutissant avec peine, Damon vint remonter comme il le put ses lunettes sur le bout de son nez. « Oui ? » Sa voix déraillait à chaque mot qu’il venait prononcer, c’en devenait une torture à entendre même pour lui. « Non, alors allez, viens. » D’une, sa tentative de venir s’échapper de cette situation à Damon était ridicule, étant donné qu’il n’avait donné aucun argument pour venir appuyer la théorie de j’ai déjà goûté le punch; et de deux, le bras d’Auden autour de ses épaules l’empêchait présentement d’aller où que ce soit ailleurs que là où le brun voulait le voir aller. Et là où Auden voulait aller n’était que très rarement un endroit que Damon souhaitait découvrir à son tour.

Et puis, la question de la soirée: que venait-il faire ici ? Le blond était bien heureux de ne plus le voir dans les parages, et il lui fallait revenir la seule soirée où il n’avait pas spécialement envie de se trouver ridiculisé une fois de plus. « Toi, bien sûr, tu m’avais manqué. » Oh, il s’ennuyait surtout de pouvoir le martyriser à sa guise, là était une réponse bien plus adaptée que celle qu’il venait prononcer le sourire aux lèvres. « Et j’imagine que je ne vole pas la place d’aucune cavalière, pas vrai pompinaro ? » Les yeux paniqués, écarquillés bien plus que de raison, du petit blond vinrent se lever un instant vers le bien plus grand Auden. Il ne fallut qu’une seconde supplémentaire pour que ses joues se tintent de rouge - de honte, bien sur. « Comment… Non, enfin si, mais tu sais elle est… Elle devait rentrer tôt… » Un point de gagné pour l’effort, dix de perdus pour la justification. Comme s’il avait jamais eu le courage d’aller voir une fille pour lui demander de venir au bal avec lui. Ce n’était pas qu’aucune fille ne l’intéressait, il y avait bien Murphy qui lui avait tapé dans l’oeil depuis le début de l’année - surtout qu’elle faisait partie des clubs d’échecs et de mathématiques avec lui, si ce n’était pas là deux signes du Destin.

« Prends un verre à ma santé. » Avant qu’il ne puisse réellement comprendre ce qu’il se passait, Auden lui avait servi un verre de ce fameux punch et était venu le mettre dans sa main. L’odeur nauséabonde de l’alcool versé en douce par d’autres étudiants en début de soirée se faisait déjà sentir alors qu’il n’avait même pas trempé ses lèvres encore. « Vraiment ? » Il n’avait ni envie de boire du punch, ni de célébrer la santé d’Auden. Avec la main tremblante, il vint porter d’une lenteur de l’extrême le verre jusque ses lèvres, faisant mine de venir faire rencontrer le liquide et ses lèvres - quel mauvais acteur. « Hm, c’est trop bon. » Il était à deux doigts de venir vomir sans même avoir goûté le liquide pour de vrai.

« Oui ? »
« Tu sais pas mentir. »

J’ai de nombreuses passions dans ma vie, mais disons que tourmenter le garçon est une de mes préférées. Il se prend les pieds à chacune de mes questions et c’est un véritable plaisir de l’observer se perdre dans ses mots. Il est vraiment amusant, ce garçon, surtout lorsque j’évoque du bout des lèvres l’existence d’une jeune femme pour laquelle son coeur pourrait battre moindrement - quelqu’un d’autre que Curie. C’est étonnant à quel point ses joues peuvent prendre une teinte rosée rapidement, je ne sais même pas à quel nom elle correspond exactement. « Comment… Non, enfin si, mais tu sais elle est… Elle devait rentrer tôt… » « La soirée débute à peine. Elle a passé les portes du lycée, au moins ? » Preuve en est que la soirée ne débute à peine : Damon est encore là. Sans mon aide, je sais qu’il serait déjà reparti d’ici dans… trente minutes ? Heureusement, maintenant, je ne compte plus le lâcher.

« Vraiment ? » Dans sa main, le verre tremble, et ses lèvres en font tout autant lorsqu’elles touchent à peine le liquide. « Hm, c’est trop bon. » - « Termine le verre, c’est pour ton apport journalier en fruits. » Parce que y’en a plein dans un punch, pas vrai ? Me plantant face à lui, j’esquisse un sourire un peu plus appuyé. Il ne s’en sortira pas aussi facilement, je suis loin d’être con à ce point. Au fond, un cri se fait entendre, il me fait relever la tête un instant, curiosité oblige. Nous sommes beaucoup à en faire de même mais les discussions reprennent finalement, sans que personne ne s’inquiète de rien. « Si t’étais pas sous mes yeux, j’aurais pu croire que quelqu’un avait été effrayé par ta vue. » Disons que, bon, il n’est pas réellement un Appolon. « C’est peut-être ce qui est arrivé à la fille qui devait être là. C’était quoi son nom, déjà ? » Allez, qu’il en invente un sous le coup de la panique, j’ai hâte de savoir ce qui peut sortir de sa bouche en cet instant.

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« Tu sais pas mentir. » Non il ne savait pas mentir, même en y mettant toute sa bonne volonté, cela résultait toujours en un échec misérable.

Pourtant, il en aurait eu besoin de savoir le faire en cet instant, peut-être que cela lui aurait permis d’échapper aux griffes d’Auden une bonne fois pour toutes. « La soirée débute à peine. Elle a passé les portes du lycée, au moins ? » Il aurait arrêté de se moquer de lui, accessoirement, alors qu’il voyait parfaitement que ses joues étaient de couleur cramoisie, prêtes à cuire un oeuf si on venait en déposer un dessus. « Oui, elle est… Mais je l’ai perdu… » Il s’emmêlaient les pinceaux, perdait les pédales, pataugeait dans la semoule - toute comparaison pour montrer qu’il était dans la panade était la bienvenue. C’était déjà un comportement plutôt naturel pour lui, mais avec Auden à ses côtés pour venir enfoncer le clou, c’était de mal en pis au fil des moments qu’il venait ajouter.

« Termine le verre, c’est pour ton apport journalier en fruits. » Et si Damon ne se sentait pas bien à l’aise depuis qu’il était arrivé au lycée pour le bal, cet instant même était le pire moment de tous. Auden le regardait de façon instante, ne laissant pas la possibilité qu’il ne vienne pas boire le verre de punch. Sauf que Damon, rien que l’odeur, ça lui tordait l’estomac et il était presque prêt à venir redonner sur les chaussures du brun le diner qu’il avait mangé avant de venir. Heureusement pour lui, il eut un bref instant de répit, lorsqu’un cri se fit entendre de l'autre côté du gymnase et que l’attention de son tyran se fit distraite - vraiment juste un instant, mais au moins il put respirer de nouveau correctement. « Si t’étais pas sous mes yeux, j’aurais pu croire que quelqu’un avait été effrayé par ta vue. » Damon vint baisser les yeux; il avait vraiment hâte du moment où la puberté viendrait enfin faire son travail. « C’est peut-être ce qui est arrivé à la fille qui devait être là. C’était quoi son nom, déjà ? » - « C’est Mu… Murphy. » Il n’avait même pas besoin de l’inventer, le nom de la demoiselle qu’il adorait observer jouer aux échecs à la table d’à côté de lui tous les mercredis - et parfois même les samedis. Elle s’appelait vraiment Murphy et il s’était promis qu’un jour il arriverait à lui demander de l’accompagner au cinéma.

Et Damon se serrait murer dans un silence de la honte complet si de l’agitation ne s’était pas faite entendre du côté où le cri avait perçu l’instant d’avant. Relevant le regard et ses lunettes sur le bout de son nez, il vint un instant oublier le verre de punch et Auden à ses côtés pour se concentrer sur les personnes qui semblaient revenir en courant depuis l’une des portes du gymnase. Il aurait presque juré voir du sang sur la robe de l’une d’elle, mais… « Auden… » La panique dans la voix de Damon n’était pas dirigée contre Auden mais bien pour lui faire remarquer quelque-chose d’intéressant our eux deux pour une fois.

« Oui, elle est… Mais je l’ai perdu… » Tu sais pas mentir, gamin. Il aurait dû écouter mon conseil (oui, c’en était un) et se taire une bonne fois pour toutes plutôt que de s’enfoncer ainsi dans sa propre merde. Cela a quelque chose d’amusant mais très bientôt cela m’ennuiera profondément, je ne suis pas un grand adepte du comique de répétition. Un cri lui donne une seconde de répit et me laisse l’opportunité de faire semblant de m’intéresser à lui et à sa vie amoureuse. « C’est Mu… Murphy. » Vous voyez bien, je vous avais dit qu’il paniquerait. Qui sérieusement s’appellerait Murphy de nos jours ? C’est absurde. Je mime l’intérêt et porte mon attention sur un autre sujet dès la seconde suivante.

Je scrute avec attention le verre qu’il est supposé voir mais Pompinaro semble avoir une bonne étoile puisque, une seconde fois, mes yeux se reportent sur les alentours et l’agitation soudaine dont la foule fait part. Déjà, ils courent dans tous les sens tels des animaux en cage. « Auden… » Ce n’est pas tant sa voix apeurée qui me rend alerte, mais bien le fait que je n’arrive pas à comprendre exactement ce qu’il se passe autour de nous. Et ne pas comprendre quelque chose, ça a le don de m’énerver. « C’est Bree, quelqu’un a tué Bree ! » Et si vous voulez mon avis, la mort de Britney n’est vraiment pas une mauvaise chose en ce monde, elle faisait baisser le Qi de tout le monde, peu importe où elle passait. « Les portes sont bloquées, on est coincés !! » Qu’ils sont horripilants, tous, à hurler à tout va pour un oui ou pour un non. Moi je trouve la scène encore amusante, j’ai presque envie de parier que bientôt les lumières s’éteindront, un cri perçant se fera entendre et le tueur s’adressera aux élèves via les haut-parleurs. « Bois-le ce verre, Pompinaro, tu vas bien en avoir besoin s’ils disent vrai. » Je garde une part de doutes, sait-on jamais. Et, surtout, je ne m’éloigne pas trop de mon objectif premier, le seul qui ait sa place dans mon esprit en cet instant: qu’il boive ce foutu verre.

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Le brun s’était aperçu bien avant que Damon vienne lui faire remarquer que quelque-chose n’était pas normal. Rien qu’à voir les élèves venir courir dans tous les sens, comme s’ils échappaient à quelque-chose, n’était pas normal. Le blond vint déglutir avec pleine, alors que ses yeux venaient scruter les environs. Il n’était déjà pas rassuré de façon naturelle, mais là il en venait à trembler comme une feuille. « C’est Bree, quelqu’un a tué Bree ! » - « Les portes sont bloquées, on est coincés !! » Comment ça, on est coincés ? Le regard de l’italien passa des jeunes femmes à ses côtés, en pleurs, à Auden qui n’avait pas bougé d’un pouce, à d’autres élèves qui semblaient s’acharner sur les portes du gymnase.

Le coeur de Damon battait encore plus vite qu’au moment où il s’était aperçu que Auden l’avait vu sur sa trajectoire. « Bois-le ce verre, Pompinaro, tu vas bien en avoir besoin s’ils disent vrai. » - « S’IlS dIsEnT vRaI ?? » Parce-qu’il y avait vraiment une version de cette scène où Auden pensait que les autres élèves, courant comme des dératés, pouvaient dire vrai ? Les yeux de Damon vinrent quand même, malgré toute l’agitation ambiante, se poser sur le verre de punch que ses doigts tenaient encore, par il ne savait quel miracle. Sa main tremblait un peu, une partie du liquide menaçait de s’échapper du plastique, mais il en restait assez pour que le punch arrangé fasse effet sur le corps faible de Damon Williams. Cependant, si Auden disait vrai en supposant que les autres élèves aient raison, il allait avoir besoin d’un petit remontant pour réussir à survire au reste de la soirée.

Alors, venant se boucher le nez de sa deuxième main, Damon porta le verre de jus alcoolisé à sa bouche et vint boire le contenu de ce dernier d’une traite, cul-sec… et menaça de venir tout renvoyer sur le champ, alors qu’il se mit à tousser comme s’il s’était étouffé avec un morceau de viande bien épais. « C’est pas bon ! » Sa voix sifflait comme si des piments étaient venus scier ses cordes vocales, mais au moins elle avait arrêté de trembler lorsqu’il prenait la parole, c’était toujours ça de pris.

« S’IlS dIsEnT vRaI ?? » « Quoi, t’as peur ? » Ils sont chiants, tous, à craindre la moindre araignée, la moindre rue mal éclairée, le moindre meurtre. La mort fait partie de la vie, non ? Certaines arrivent simplement de façon plus prématurée que d’autres, il faut l’accepter, et je ne vois sérieusement pas où est le mal dans un monde surpeuplé. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir moi-même eu l’idée de la tuerie. Non seulement j’aurais pu suivre ma propre liste, mais en plus cela m’aurait assuré la prospérité pour les années à venir. Perdu dans mes pensées, j’observe pourtant tout le drame que le garçon fait autour de son simple verre de jus de pomme corsé, n’hésitant pas à se pincer le nez comme si cela allait y changer quoi que ce soit. Je me décale de lui lorsqu’il en vient à recracher ses poumons, pas forcément à l’aise à l’idée de choper la moindre maladie infantile qu’il pourrait transporter.

« C’est pas bon ! » J’esquisse désormais un sourire bien plus assuré, lui jetant un regard de toute ma hauteur. « Bien sûr, c’est de l’alcool. » Et le premier verre est toujours dégueulasse ; pour les autres, on s’y habitue. Pour ce soir, je doute cependant qu’il ait le temps de goûter à un second verre, les événements s’enchainant et me faisant détester d’avoir raison : dans le couloir, quelqu’un hurle ; et dans le gymnase, les lumières s’éteignent en même temps que la musique. D’une main, j’attrape le col du blond sans lui demander son avis, m’assurant ainsi qu’il ne se fasse pas piétiner par la foule d’élèves toujours un peu plus paniqués. « Ils avaient parlé d’un jeu grandeur nature, sur le carton d’invitation ? » Que je viens demander à son oreille, m’attendant pourtant à une réponse négative. Non pas que je commence à avoir peur, non, c’est amusant, mais peut-être que les filles en panique ne jouaient effectivement pas un rôle. Et puis de toute façon, personne n’aimait vraiment Britney, ce n’est pas grave. Tant que ce n’est pas ma propre personne à qui on essaye de planter un couteau. « Viens Pompinaro, on se tire, y’a une autre sortie derrière les gradins. » Qui mène au sous sol et donc à une infinité de couloirs sombres, certes, mais ça je ne le lui précise pas encore.

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« Quoi, t’as peur ? » Bien sur qu’il avait peur, c’était quoi cette question. Si Auden venait dire vrai, et que par conséquent les autres en faisaient de même, cela voulait dire que quelqu’un avait perdu la vie ce soir, alors qu’ils étaient tous juste supposés profiter de leur bal de lycée. Alors oui, bien sur que Damon avait peur et que si le brun ne venait pas toujours et encore lui mener la vie dure, ne lui permettant pas de venir se concentrer sur autre chose que sur les indications qu’il lui donnait, l’italien serait déjà parti en courant à son tour.

« Bien sûr, c’est de l’alcool. » Ecarquillant les yeux aux dire de Auden, il lui semblait halluciner. Dans un autre monde, il aurait eu un minimum de répondant et serait venu lui demander s’il se foutait de lui, à lui faire boire des trucs où c’était couru d’avance qu’il n’allait pas aimer - après, question réthorique, bien sur qu’il allait lui faire boire des choses infectes avec intention préméditée, il s’agissait d’Auden. Cependant, ils n’étaient pas dans cet autre monde, et dans celui dans lequel ils évoluaient, ils avaient plus gros à se soucier que la couleur ou le goût du punch. « Ils avaient parlé d’un jeu grandeur nature, sur le carton d’invitation ? » Avec des mouvements vifs, Damon vint secouer la tête pour venir répondre à la question - surement une fois encore réthorique - de Auden. « Et ils ont déjà élu le roi et la reine du bal. » Au cas où il viendrait lui poser la question, au moins il avait déjà la réponse. Car si cette partie là de la soirée ne s’était pas déjà déroulée, ils auraient pu croire que l’agitation était du à la future annonce et que les personnes revenant à l’intérieur du gymnase avec autant d’entrain souhaitaient voir le résultat de l’élection. A la façon dont ils venaient frapper sur les portes de l’entrée du gymnase de façon désespérée ne laissait plus supposer que c’était pour un heureux événements qu’ils étaient tous dans cet état là. « Viens Pompinaro, on se tire, y’a une autre sortie derrière les gradins. »

La main d’Auden toujours sur son col de chemise - il ne s’était même pas aperçu qu’il avait eu le temps de venir l’agripper ici tant la panique commençait à monter au sein de Damon également -, le petit blond n’eut pas d’autre choix que de venir suivre le mouvante imposé des grands pas d’Auden. S’il y avait une autre sortie, c’était tant mieux; cela leur permettrait surement, ainsi qu’à d’autres personnes, de pouvoir sortir de ce maudit gymnase et d’alerter la sécurité… Ou tout du moins, c’était ce que Damon aurait fait de son côté s’il avait pu sortir, en premier lieu même. Auden en semblait pas motivé par la même envie et entrainait Damon dans des couloirs qu’il ne connaissait pas et qu’il n’aurait jamais réellement voulu connaître. « On va… On va où là? » Non, une visite guidée des sous-sols-futures-catacombes de l’école n’était pas au programme de sa soirée. Sentant la panique monter en lui, le souffle se faisait de plus en plus cours, il commença à venir s’agiter sous la main d’Auden. « Non, non ! Pas les sous-sols, on va mourir dans les sous-sols ! » Mais à part Auden, personne ne pouvait l’entendre: les autres étaient soit encore dans le gymnase, soit trop occupés à venir courir comme des dératés. « Je veux pas mourir Auden, je veux pas mourir ! » Petite souris apeurée.

Pas de jeu grandeur nature, donc. Dommage, j’aurais encore préféré cette idée à la con face à celle de laisser un tueur se balader en liberté dans les murs de cet établissement. « Et ils ont déjà élu le roi et la reine du bal. » Oh oui, Pompinaro, voilà une précision qui me sera bien utile, merci, qu’est ce que je ferais sans toi, hein ? Et là, tout le monde se demande pourquoi sa petite tête ronde et boutonneuse n’a pas été élue roi du bal, bien sûr. Ayant donc décidé que nous n’avons aucune raison de laisser nos carcasses traîner ici (et, justement, laisser le loisir à qui que ce soit de faire de nous des carcasses), je prends les devants pour nous deux et annonce au garçon le plan qui sera le nôtre à partir de cet instant. Les portes du gymnase étant apparemment fermées, nous n’avons d’autres choix que d’emprunter le sous-sol, ce qui me réjouit à peine plus que le blond. Ce n’est pas comme s’il avait le choix.

« On va… On va où là? »
« Je sais pas, j’ai jamais eu à échapper à un tueur dans mon propre lycée. Et toi ? »

Je lui pose la question d’un air faussement enjoué, bien trop haut pour qu’il ait quoi que ce soit de sincère. De toute façon, je déteste bien trop les espaces confinés pour vouloir passer la moindre seconde dans un couloir lugubre, et ne me demandez pas comment j’en ai appris l’existence: cela ne vous regarde absolument pas. « Non, non ! Pas les sous-sols, on va mourir dans les sous-sols ! » Il m’exaspère assez pour que j’en vienne à le lâcher, le gamin. « Je veux pas mourir Auden, je veux pas mourir ! » Ça, je pense que j’aurais pu le comprendre seul, sans qu’il vienne me hurler ses projets d’avenir dans les oreilles. « Ferme la un peu. T’as un autre plan, peut-être ? Vas-y, c’est ton heure de gloire, je t’écoute. » Il a une seconde et une seule, je ne compte pas laisser qui que ce soit nous suivre et comprendre qu’il existe une seconde sortie plutôt que de tourner en rond comme des animaux en cage (des animaux d’élevage, nés pour être tués, vous voyez le genre). « J’y vais, avec ou sans toi. » S’il a le moindre instinct de survie, il saura quelle décision prendre sans trop avoir à faire bouillonner son cerveau-passoire d’adolescent. « Y’aura peut-être ta Murphy, à l’autre bout du couloir. » Même si je pense plutôt que nous déboulerons sur le parking, je ne suis pas à un mensonge près et, sans attendre sa réponse, j’ouvre la porte menant au couloir pour m’y engouffrer sans demander mon reste.

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« Je sais pas, j’ai jamais eu à échapper à un tueur dans mon propre lycée. Et toi ? » Avec la mine légèrement renfrognée, mais surtout toujours autant inquiète sur la suite des événements qui risquaient de se passer, Damon vint secouer la tête. Bien sur que non, il n’avait jamais eu à échapper à un tueur dans son propre lycée, c’était ridicule - ou alors, il aurait été l’élément portant la poisse et il n’avait aucune envie de l’être. Mais il était presque persuadé que de venir s’enfoncer dans les sous-sols de l’établissement, vraie tombe en attente d’être remplie, n’était pas une bonne idée. Il s’agitait tellement de panique que Auden finit par le lâcher, et alors Damon n’avançait plus du tout maintenant qu’il était livré à lui-même pour avancer. « Ferme la un peu. » Bizarrement, être traité comme un enfant ne lui plaisait plus en cet instant. « T’as un autre plan, peut-être ? Vas-y, c’est ton heure de gloire, je t’écoute. » Il vint ouvrir la bouche à peine Auden avait-il fini de parler. « Je… » Sauf qu’il n’avait aucun autre plan sorti de sa manche, Damon. Il lui faudrait qu’il ait plus de temps pour se poser, plus de temps pour y réfléchir, pour évaluer les dangers et les potentiels risques, pour découvrir un peu plus contre qui ils se lançaient à jour, pour…

« J’y vais, avec ou sans toi. » Le regard apeuré du petit italien vinrent se planter en un instant un seul dans ceux de Auden. Comment ça il partait sans attendre qu’il lui ait réellement proposé un plan ? Comment ça il était prêt à le laisser croupir ici tout seul, aussi ? Le regard paniqué de Damon ne traduisait aucune parole de toutes ces pensées là, mais il aurait aimé être assez fort pour les prononcer à haute voix. « Y’aura peut-être ta Murphy, à l’autre bout du couloir. » Oh, que c’était petit de lui sortir des histoires de la sorte. Parce-que même si tout l’être du gamin lui indiquait qu’il fallait fuir, même si son instinct lui indiquait que le grand datais à ses côtés lui mentait ouvertement simplement pour lui donner une vraie raison de sortir d’ici et de s’en sortir, justement - il ne connaissait pas Auden aussi coeur tendre -, il mit un instant avant de pencher pour l’idée que Murphy de l’autre côté de ce couloir n’était pas une histoire plausible. Mais le temps qu’il vienne réfléchir à tout ça, Auden s’était déjà engouffré dans le couloir, laissant petit Damon en arrière, seul et apeuré. Le blond vint déglutir, vint jeter un dernier regard en direction du gymnase avant de s’avancer à son tour vers le couloir menant aux sous-sols. Auden avait raison, ils se devaient de s’en aller avant de côtoyer la mort de trop près. « Attends moi Auden ! » Et il se mit à courir pour rattraper celui qui le forçait à boire son premier verre de punch seulement une poignée de minutes plus tôt.