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 the stuff that dreams are made of | léolie #24

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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptyMer 3 Nov 2021 - 16:58

Il a fait du thé dans de jolies tasses soigneusement alignées. Assis sur le canapé, Léo attend le retour de Charlie. Toute la ménagerie dort à l'heure qu'il est. Les chats ne s'approchent pas de leur propriétaire. Ils ne s'y risquent pas. Léo arrache une à une les peaux mortes qui dépassent sur ses doigts. C'est une manière bien huilée de s'occuper les mains pour éviter qu'elles n'aillent casser quoi que ce soit dans l'appartement qu'il partage avec celle qui fut un jour sa meilleure amie. L'est-elle toujours ? Il y a des semaines qu'ils ne s'adressent plus vraiment la parole. 'Bonjour', 'passe moi le sel', 'tu peux descendre les poubelles ?' - voilà ce qui anime désormais leur quotidien, ponctué des escapades de Léo. Officiellement, c'est pour aller travailler qu'il file tôt le matin pour ne rentrer que tard le soir. C'est un peu vrai, certes.

Mais sont-ils nombreux à se perdre en chemin ? Sont-ils nombreux à s'oublier dans les bras de leur patron ? Sont-ils nombreux à dire "c'était la dernière fois", le sourire aux lèvres, tout en sachant très bien qu'il y aura des lendemains trop nombreux pour être comptés ?

Alors, Léo attend. Il en vient à se ronger l'ongle du pouce, maintenant. Charlie ne devrait plus tarder. Lorsque la clef tourne dans la serrure, le jeune homme se lève, l'air de rien, comme s'il avait jusque là été occupé par autre chose. « Je suis rentré tôt. » C'est presque comme une accusation qui sort de sa bouche. Quand ses yeux se sont posés sur ces photos qui traînent sur internet, Léo est rentré. Les photos, parlons-en un instant: cette affreuse scène de baiser, tout droit sortie d'un mauvais film à l'eau-de-rose. Et l'article - pire encore. On y trouve des monstruosités qui ont fait monter les larmes aux yeux de Léo. La bouche sèche, ce dernier sert le thé - le favori de Charlie, celui qu'elle reproche toujours à Léo de finir sans elle. « Comment était ta journée ? » C'est donc ça, leur quotidien ? Marcher sur des oeufs ? 'Comment était ta journée ?', 'et si on allait au restaurant ?', 'je me suis disputé avec Patricia'...

Léo se brûle les lèvres sur la tasse de thé, mais il vaut mieux ça que d'affronter le regard de Charlie, de peur qu'elle ne lise la colère dans les yeux de son mari. « On a fini un tableau. Avec Auden. » L'idiot tournera autour du pot encore bien longtemps, trop lâche pour planter ses yeux dans ceux de sa femme. Peut-être qu'elle explosera en premier, peut-être qu'elle l'enverra valser comme de rien et là, alors, il pourra abattre sur la table toutes ses cartes. « Et c'est marrant que je te dise ça parce que je m'intéresse justement à la photographie en ce moment. » Sur la table basse, le téléphone du jeune homme claque, étalant l'article qui fait fureur depuis quelques heures déjà. C'est que les nouvelles vont vite, dans cette ville que Léo déteste depuis le premier jour. Il avait appris à l'aimer, avec Charlie entre les buildings et les tours de verre. Le regard du canadien se plante enfin dans celui de l'Australienne, pour espérer jauger l'ampleur des dégâts. Ils sont infinis, malheureusement pour eux.

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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptySam 6 Nov 2021 - 8:00

Et la première chose qu’elle se dit, c’est qu’il a l’air louche. Elle ne se dit pas qu’il a cette même mèche rebelle lui revenant sur le front, comme le soir de leur première rencontre et bien d’autres après. Non, elle se dit qu’il n’a pas l’air comme d’habitude et un Léo qui ne ressemble pas à son Léo est bizarre. Peut-être qu’il n’a pas pu voir son amant, aujourd’hui, et Charlie est infiniment triste d’en venir à une telle conclusion avant toutes les autres. Il n’y a même plus de eux, seulement lui et son amant d’un côté, elle et ses rebellions à deux balles de l’autre. Elle préférait largement jouer le rôle de l’infidèle, c’est bien dommage qu’elle n’ait jamais eu le cœur à une telle chose avec son mari, la faute à l’amour trop important qu’elle lui porte. Parfois être amoureux ne suffit pas. « Je suis rentré tôt. » Cette conclusion, elle aurait pu la tirer elle-même sans trop de problème. Elle force un sourire faux qui ne dure qu’une seule seconde, refermant la porte avec plus de soin qu’elle n’en a dédié à son mari durant les dernières semaines écoulées. L’excuse qu’elle se répète en boucle reste la même : tout est de sa faute ; c’est lui qui a commencé. Désormais, Léo lui sert le thé comme s’ils faisaient partie d’une scène de Lewis Caroll mais elle n’a pas le temps pour jouer à ce jeu-là. Son travail l’occupe davantage et lui, au moins, ne va pas voir ailleurs si l’herbe est plus verte. « Comment était ta journée ? » Il est définitivement louche, il est un Léo qui marche sur des œufs et dont la langue brûle de dire quelque chose - il a peut-être vu les photos, alors ? Si ce n’est pas ça, elle serait bien trop déçue. “Longue. Tu as terminé plus tôt ?” Elle joue le jeu mais à moitié seulement, n’ayant aucun mal à sous-entendre qu’elle est toujours la seule à travailler pour deux, la seule à faire des efforts aussi, la seule à ne pas déjà briser les vœux d’un mariage auquel personne ne croyait réellement de toute façon - excepté eux.

« On a fini un tableau. Avec Auden. » Et ce n’est qu’à la suite de ce prénom qu’elle commence sérieusement à (déjà) perdre patience, décidant de s’asseoir face à Léo plutôt que de venir briser chaque objet de cet appartement lui rappelant son mari. “Vous travaillez bien ensemble. C’est bien.” La blonde reprend d’un ton trop enjoué, trop heureux, trop aigu aussi. Elle ne cherche pas même à avoir un meilleur jeu d’acteur puisque de toute façon, tout risque d’exploser d’un instant à l’autre. Si elle a su garder pour elle le fait qu’il la trompait, il ne saura pas en faire de même après avoir vu les photos d’elle et de Jo. Peut-être que c’est de Jo dont elle aurait dû tomber amoureuse, qui sait. Ou peut-être qu’elle aurait dû rester avec Trent depuis tout ce temps, même, cela aurait été bien plus simple encore.

Ses yeux ne se défilent pas mais il ne plante pas le clair des siens sur sa silhouette. Le thé était trop chaud pour lui ; elle n’a même pas touché à sa propre tasse encore et il y a fort à parier qu’elle ne le fera pas non plus. « Et c'est marrant que je te dise ça parce que je m'intéresse justement à la photographie en ce moment. » La jeune femme esquisse un sourire en coin. Il les a bien vues, alors. Il était temps, non ? Elle n’aurait pas voulu jouer au jeu de la fausse femme plus longtemps encore alors que, de son côté, le mensonge lui va à ravir et l’adultère bien plus encore. Le téléphone glisse sur la table, petit bijou de technologie sauvegardant à tout jamais les meilleurs comme les pires souvenirs de chacun. Et, enfin, elle gagne le droit à un regard de sa part (le premier depuis combien de temps, Léo ?). En retour, il ne peut qu’observer un visage éternellement impassible, ne venant le briser que pour y apposer un sourire, son index replaçant habilement une mèche blonde derrière son oreille. Ses jambes se croisent, elle se penche doucement pour prendre le téléphone entre ses doigts et observer plus précisément les photos, zoom au maximum. “J’adore les couleurs.” Sa peau contre celle de Jo, l’instant où le visage de la blonde est cachée par celui de l’autre jeune femme au moment crucial du baiser. Leurs sourires, leurs yeux qui ne se lâchent pas, les cocktails dont le niveau ne baisse soudainement plus. “Ou ce n’est pas la raison pour laquelle tu me les montres, peut-être ?” Cette fois-ci, il ne pourra pas s’en tirer sans expliquer clairement ce qu’il ressent, à quel point il se sent trahi, triste, usé et abusé.
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptyVen 12 Nov 2021 - 23:33

La première des questions de Charlie est élipsée d'un vague mouvement de la main. De toute façon, cela ne l'intéresse pas, pourquoi il est rentré tôt. Non, ils ont des choses plus intéressantes à débattre. Des histoires du genre "pourquoi est-ce qu'il y a ta langue dans la bouche de cette fille ?" qui prendront un bon moment avant d'être résolues. « Vous travaillez bien ensemble. C’est bien. » « T'as fait le Cours Florent ? » Oh, il n'est pas très observateur, Léo. Mais il connaît tout de Charlie autant qu'elle connaît tout de lui. Dans son ton, il sait détecter le moindre changement. Les plus infimes des variations, Léo les connaît toutes. Bon, il n'est pas en capacité de les interpréter pour autant. Mais c'est déjà bien de comprendre que Charlie a envie de l'égorger, non ? Alors, autant s'attaquer au gros du problème. Sans se départir de son ton agacé, Léo se dépêche de trouver les photos sur lesquelles il est tombé par hasard sur internet. Devant ces photos, Charlie a la pire des réactions. Elle n'a pas honte. Elle ne rougit pas. Elle n'a pas l'air perturbée. Pire, elle prend son temps pour observer chacun des pixels composant les images comme un artiste observerait la qualité d'une photographie.

« J’adore les couleurs. » Oh qu'il la déteste.
« Ou ce n’est pas la raison pour laquelle tu me les montres, peut-être ? » Oh qu'il voudrait la tuer, sans autre forme de procès.

Se mordant la langue, Léo tempère. Il croise les jambes après avoir repris son téléphone - et son calme. Ses doigts filent attraper la tasse bouillante - et pas infusée - pour la porter à ses lèvres. Ses yeux ne lâchent pas Charlie mais il prend son temps, le brun, pour savoir par quel bout prendre le problème. Elle ne l'aura pas, pas cette fois. Cette victoire là, elle ne l'aura pas. « Si t'avais besoin d'un photographe, il fallait me le dire. On bosse là-dessus aussi avec Auden. » Jamais, en fait. Ils ont juste assez de temps pour finaliser toutes les idées lancées par Auden. Le reste de leur temps est plutôt bien occupé. Peut-être s'ils savaient un peu mieux s'organiser... La tasse retrouve sa place sur la table dans un mouvement un peu trop brusque qui trahit l'agacement du canadien. « Elle a aussi le VIH et t'as besoin de la sauver, ta copine, ou alors c'est parce que j'ai le VIH que tu ressens le besoin d'aller voir ailleurs ? » Oui oui, la carte de la maladie mortelle, Léo la ressortira au moindre obstacle qui semble un tout petit peu insurmontable. Dents serrées, il se rend pourtant compte de l'erreur qu'il vient de faire. C'est à Charlie qu'incombe la grande responsabilité de supporter son mari insupportable. C'est à elle que revient le mérite de ne pas avoir claqué la porte - attendez, c'est lui le squatteur, il faut donc rectifier : c'est à elle que revient le mérite de ne pas l'avoir déjà mis dehors. C'est aussi à elle que revient le mérite de garder son calme dans cette situation qui semble parfaitement catastrophique.

« T'aimes bien faire ton intéressante, hein. Je l'avais déjà remarqué à la plage. » Oh, la suite, Léo ne la dira que dans sa tête. Il y a des tas de vilaines insultes misogynes qui s'y mêlent et qu'il gardera soigneusement pour lui. Trent est presque de sorti aussi mais Léo sait qu'il est en tort. Par dessus tout, l'étrange sensation que quelque chose cloche le titille de plus en plus. Mais elle ne peut pas savoir, pas vrai ? Auden et lui ont pris toutes les précautions du monde - enfin, Léo surtout, parce que Auden est Auden - pour ne pas se faire voir, de personne. Enfin, presque.
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptySam 13 Nov 2021 - 12:22

Il ressemble à une peinture de la Renaissance, Léo, avec son teint éternellement porcelaine et ses traits bien dessinés. Il aurait pu être le modèle du Saint-Jean Baptiste, Léo, et même avec une furieuse envie de le décapiter, Charlie n’oubliera jamais que sa beauté est la première chose qu’elle a remarqué chez lui. Le modèle de Saint-Jean Baptises n’était pas un amant de Da Vinci, d’ailleurs ? Oh, simple question, juste comme ça, elle recommence la liste de tous les reproches qu’elle peut lui tenir, dans l’ordre alphabétique cette fois puisqu’elle a déjà épuisé celui d’importance. Il faut dire qu’elle y pense depuis longtemps, à ce moment où enfin il verra la photo, où il reprochera à elle des faits erronés sans jamais ô grand jamais se douter qu’elle sait qu’il a fait bien pire encore. Alors elle joue à l’innocente, elle lui pose des questions inutiles, elle apprécie à sa juste valeur la qualité d’une photographie pourtant prise dans des conditions peu optimales. « T'as fait le Cours Florent ? » Oh, il s’énerve déjà, Léo ? C’est dommage, elle commence à peine à rentrer dans son rôle et l’amusement n’en est qu’à ses prémices encore. Il est sûrement bien plus patient que ça, avec son peintre. Si elle avait fait les Cours Florent, ça aurait fait d’elle une artiste ; elle aurait été plus intéressante dans ce cas ? “Tu veux voyager en France ?” Même là-bas, il trouverait le moyen de tomber amoureux du premier venu qui ne soit pas elle. Il s’en lassera peut-être plus rapidement, de celui-ci, mais il n’aura qu’à faire quelques mètres pour se trouver une nouvelle passion aussi dévorante qu’éphémère. Le problème n’est en rien endogène à Brisbane, sinon elle aurait déjà proposé un voyage sans retour sans le seul et unique but de le garder à ses côtés.

Et elle adore les couleurs de la photo, la petite blonde, mais peut-être que ce n’est pas le sujet de la conversation du jour ? Elle n’en sait rien, la Charlie parfaitement innocente dont sa langue s’est retrouvée dans la bouche de Jo sans qu’elle ne cherche nullement un tel objectif. Parfois, il faut accepter la vie telle qu’elle vient, non ? Et d’autres, quand il s’agit de votre mari vous trompant avec un homme de deux fois son âge, il faut un peu moins laisser les choses se passer. Mais Charlie n’attaque pas de front, elle sait qu’elle y perdrait des ailes et beaucoup d’ego, alors elle le fait d’une façon infiniment plus insidieuse, douloureuse et agaçante. Léo n’aura certainement pas sa pitié aujourd’hui, ni avant bien longtemps. Déjà le garçon s’agace, il a tous les signes d’un petit bonhomme qui s’apprête à éclater en sanglots et faire une crise devant ses parents parce qu’ils refusent de lui acheter des bonbons. Toujours pas la moindre empathie de la part de la policière qui ne laisse aucun répit à son regard clair qu’elle attaque d’éclairs. « Si t'avais besoin d'un photographe, il fallait me le dire. On bosse là-dessus aussi avec Auden. » Elle va le tuer. Honnêtement, elle ne s’était pas préparée à ce qu’il ose prononcer le nom de cet homme, encore moins à ce qu’il se vante de leur collaboration, peu importe la forme que cette dernière prend.

« Elle a aussi le VIH et t'as besoin de la sauver, ta copine, ou alors c'est parce que j'ai le VIH que tu ressens le besoin d'aller voir ailleurs ? » - “Et ton peintre, il a le VIH ? Ca serait pas étonnant.” Il ne peut pas sérieusement ressortir l’argument de sa maladie à tout va, surtout pas alors que cela ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs et de fricoter avec autrui, surtout pas alors que Charlie n’a jamais laissé échapper le moindre mot de travers à ce sujet, pas même par pure maladresse. Elle le soutient depuis le premier jour, ou tout du moins celui où il a daigné lui faire part de ce léger problème de santé. Maintenant, s’il veut réellement jouer à ce jeu-là, alors elle ne se retiendra plus. Tout est de sa faute, ça, comme tout le reste. “Ma question, c’est surtout de savoir lequel l’a refilé à l’autre.” Parce que les échanges de fluides ne sont pas rares entre eux, n’est-ce pas ? Et qu’ils n’ont rien du fruit du hasard, bien au contraire. Léo sait parfaitement ce qu’il fait lorsqu’il lui dit partir travailler et qu’au lieu de ça il saute un autre homme qui n’a rien, absolument rien, qui puisse le confondre avec sa femme à qui il a juré amour et fidélité. Cela n’aura pas duré bien longtemps (est-ce que ça a me existé ? elle ne sait pas depuis quand leur histoire a repris, ni même si elle a réellement connu une fin temporaire). « T'aimes bien faire ton intéressante, hein. Je l'avais déjà remarqué à la plage. » Cette fois-ci, au moins, la remarque la fait rire. Elle prend le coup sans broncher, consciente de déjà avoir joué un rôle à l’époque. “Quel honneur, Léo Ivywreath daigne remarquer ma présence. C’est une nouvelle, ça. T’aurais dû me prévenir, j’aurais au moins joué l’amoureuse transit, pour l’occasion.” Elle aurait joué un rôle bien plus réaliste qu’il ne le fait depuis des semaines, des mois même. C’est lui qui aurait dû prendre des cours en France, il en aurait eu bien besoin. “Je vais te détruire si tu continues ce jeu-là, Léo.” qu’elle annonce finalement d’un calme olympien, le clair de ses yeux toujours ancré au sien. Ce n’est en rien une menace, elle se contente de lui lire son avenir sans même avoir à observer les lignes de sa main. Un des avantages de l’amour, sans doute.
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptySam 13 Nov 2021 - 12:54

Auraient-ils pu deviner ? Auraient-ils pu savoir ? Quand ils se sont tirés l'un et l'autre dans l'appartement encombré de cartons que Léo venait d'investir la veille, pouvaient-ils sentir que les choses tourneraient au vinaigre ? Il n'y a pas de certitudes, mais Charlie et Léo ont de toute façon toujours eu le goût du mélodrame. D'abord, avec Clément. Les choses n'ont jamais été simples, pas même lorsqu'il a fallu se débarrasser du canapé sur lequel les amants avaient commis leur méfait. Rien n'avait été simple ensuite non plus, pas quand il y avait eu John et puis - quel était son nom, déjà ? Emma ? - Emmy. Et puis ensuite, il y avait eu l'essai avec Clément et l'infidélité avec Auden - ne pouvait-on pas sentir que l'histoire se répétait déjà ? Certaines personnes sont prévisibles, mais rien n'est plus "je te l'avais dit" que Léo Ivywreath. Margot dirait certainement que tout était écrit. Elle a toujours eu le don d'agacer son frère mais surtout de lui faire sentir - à raison - que chacun de ses décisions étaient prises de façon précipitées. Et peut-être Charlie et Léo sont-ils dans un épisode de Grey's Anatomy où les personnages passent leur temps à se rendre compte qu'ils ont fait les choses avec trop de précipitation. Ou peut-être sont-ils décidés à se voiler la face et à faire un peu de forcing le temps que les choses fonctionnent pour de vrai ? Mais on apprend cela aux enfants : le carré ne va pas dans la forme du rond.

« Et ton peintre, il a le VIH ? Ca serait pas étonnant. » « C'est petit. Tu es très, très petite. » Léo n'a pas relevé le possessif employé par Charlie. Il se voile encore la face, persuadé que son secret est encore assez bien gardé. Tout balancer dans la figure de sa femme le démange terriblement, comme du poil à gratter glissé dans le dos d'une chemise. Oh, comme le Canada lui manque, soudain. Faire un coming-out de force semblait bien plus facile que d'affronter le regard et les mots de la personne qu'il aime le plus au monde. Parce que c'est vrai, même quand elle dit et fait des choses affreuses, il n'y a rien ni personne que Léo aime plus que Charlie Villanelle-Ivywreath. Elle est belle et gentille et agaçante, elle est douce et piquante et son regard est meurtrier, parfois. Elle a mauvais goût en cuisine, bon goût en déco et un goût moyen pour la peinture. Elle rend les journées de Léo plus belles et même s'il lui rend la vie dure, Charlie est la seule personne qui reste constante dans la vie du brun. Constante, jusqu'à quand ? Est-ce aujourd'hui que la variable quitte le tableau ? « Ma question, c’est surtout de savoir lequel l’a refilé à l’autre. » Il voudrait avoir la force de la gifler, mais Léo ne se battra pas contre Charlie. D'abord parce qu'elle pourrait très bien lui mettre une raclée et ensuite parce qu'on ne se bat pas avec les gens qu'on aime, surtout quand l'amour devient si douloureux qu'il en devient paralysant et meurtrier - aussi - pour l'autre. « Je te déteste. » C'est une blague qu'ils auraient pu se faire dans un moment de rigolade. Qui t'a refilé le VIH ? - J'en sais rien, le peintre peut-être. Ils se seraient moqué de Auden ensemble. Ils auraient tout fait pour calmer les pleurs de Léo qui aurait répété en boucle "je ne veux pas mourir" alors que les gens vivent très bien avec le VIH - ça c'est Charlie qui le lui aurait répété. Pour l'instant, ils n'ont que des méchancetés à se dire.

Et qu'elle était mauvaise, cette journée à la plage. Pourquoi l'évoquer ? Une soudaine envie d'autodestruction, sans doute. Bientôt, il n'y aura plus rien à annihiler. « Quel honneur, Léo Ivywreath daigne remarquer ma présence. C’est une nouvelle, ça. T’aurais dû me prévenir, j’aurais au moins joué l’amoureuse transit, pour l’occasion. » Le regard de Léo vire au dégoût. Alors c'est ça ? Elle va lui dire pourquoi elle sonne si faux, depuis quelques temps ? C'est maintenant qu'elle en parle, après des semaines durant lesquelles Charlie a tout gardé pour elle ? « Je vais te détruire si tu continues ce jeu-là, Léo. » Un rire mauvais fuse de la cage thoracique de l'adulescent qui, bien qu'ayant dépassé les vingt-cinq ans réglementaires, ne sait toujours pas se comporter en société comme un grand. « Mais Charlie, si j'avais pas été là tu prendrais toujours de la cocaïne avec des étudiants. Rappelle toi qui était là pour t'aider quand l'autre connard t'a mise enceinte. » L'autre connard, Trent. Quel fils de- « Et rappelle toi qui était là aussi quand l'autre chien te sautait et te tapait dessus, c'est toi qui était détruite quand je t'ai récupérée. » Ils se sont cassés et reconstruits ensemble, voilà pourquoi ils ont aussi le pouvoir de se mettre sur la figure et d'en encaisser autant avant que les choses n'explosent pour de bon. Voilà que Léo se lève pour donner sa scène, le visage rouge de colère et les yeux fous de rage. « T'es qu'une égoïste de merde. T'avais des tas de jours pour me dire pourquoi tu t'es comportée comme ça alors que j'ai fait des tas d'efforts pour te plaire. Mais non ! » A son tour de montrer tout ce qu'il a appris au Cours Florent. Marchant dans l'appartement, Léo abandonne son thé qui refroidira à loisir, tout seul, posé sur la table basse du salon. « J'ai été sympa d'être là, même quand tu te faisais sauter par toute la ville et aussi quand tu l'exposais sur les réseaux sociaux. Ton idée de mariage au premier regard c'était de la merde et vas-y, sors moi tes grands mots, mais moi au moins je ne suis pas lâche. J'ai peut-être choppé un truc- » un truc et l'amour au passage « -mais j'ai pas d'enfants dont j'ai perdu la garde à cause de mon irresponsabilité. »
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptySam 13 Nov 2021 - 13:43

« C'est petit. Tu es très, très petite. » Ce n’est que l’échauffement, Léo. Ces quelques mots ne reflètent en rien toute la colère qu’elle ressent pour le brun en cet instant, ils ne devraient même pas compter dans la joute verbale qu’elle s’apprête à laisser éclater d’une seconde à l’autre. Charlie n’a d’apparence que son calme, au fond elle bouillonne d’une rage nouvelle mêlée à une honte incommensurable. Elle aurait tout pu lui pardonner, absolument tout, mais pas qu’il se joue d’elle au vu et à la su de tous, comme s’il n’y avait rien de plus normal que de tromper sa femme et meilleure amie avec un connard croisé au détour d’une foutue galerie. Elle aussi, elle peut mettre de la couleur sur une toile, ce n’est pas sorcier. Si ce n’est que ça, elle aurait fait l’effort de changer pour lui plaire, parce qu’exister dans son cœur et ses yeux est une des rares choses pour lesquelles elle serait prête à se plier en quatre, en mille. Mais ce ne sera jamais suffisant, en réalité, et personne n’a osé le lui dire avant qu’elle ne s’en rende compte de ses propres yeux, finalement. « Je te déteste. » Il y a peu de temps encore, c’étaient des ‘je t’aime’ qu’il murmurait à l’oreille de la jeune femme, ces mots tellement rares venant de lui. Et dans des instants tels que ceux-ci, elle se sentait exister, elle se sentait importante, elle pensait enfi avoir trouvé la personne avec laquelle elle pourrait franchir n’importe quel obstacle, parce qu’eux deux, c’était l’évidence. Même son mariage n’a pas empêché le leur, même la maternité de Charlie n’a pas empêché leurs retrouvailles. La tromperie de Léo, par contre, remet absolument tout en question, surtout alors qu’il s’enfonce dans son mensonge et toutes ses apparences trompeuses, faisant de sa femme la méchante du film. “Tu veux des mouchoirs ou ça ira ?” Elle ne devrait pas déjà mettre de l’huile sur le feu alors que la suite de leur discussion sera bien plus susceptible de les emmener tout droit dans les flammes de l’Enfer mais c’est plus fort qu’elle, après tout, elle ne sait pas résister à la tentation (c’est bien ce que son mari lui reproche, non ?).

Et déjà, le regard du brun change. Plus seulement animé de colère autant que d’incompréhension, il prend une teinte de dégoût, s’alignant avec le reste de son visage. A avoir passé ces dernières années à le côtoyer chaque jour, il ne peut pas lui cacher le moindre de ses sentiments, pas alors qu’elle lit en lui dans un livre ouvert - et que l’inverse est tout aussi vrai, elle s’en rend parfaitement compte. Il est temps d’annoncer les choses telles qu’elles sont et de lui expliquer le plus calmement du monde que s’il continue sur ce même chemin, alors elle se fera un malin plaisir de le détruire, purement et simplement, grâce à tous les moyens mis à sa disposition. L’amour ne peut pas tout sauver et si on dit souvent qu’il n’a pas d’égal, c’est bien faux. Le besoin de vengeance sera toujours bien plus fort. Qu’il rigole tant qu’il le peut encore, voilà le seul conseil qu’elle pourrait encore daigner lui donner. « Mais Charlie, si j'avais pas été là tu prendrais toujours de la cocaïne avec des étudiants. Rappelle toi qui était là pour t'aider quand l'autre connard t'a mise enceinte. » S’il n’était pas là, elle aurait tout de même grandi. S’il n’avait pas été là, c’est la demande en mariage de Trent qu’elle aurait accepté et c’est avec lui qu’elle serait désormais, parce que cet homme-là, au moins, n’aurait jamais eu l’idée de la tromper. Il lui aurait offert une vie sans doute bien moins palpitante et tumultueuse que Léo le fait mais ce n’est pas grave, au final, parce qu’il lui aurait donné la seule chose qu’elle n’arrive pas à trouver par elle-même: de la stabilité. Il ne devrait pas remettre le sujet de l’autre connard sur la table, parce qu’elle a bien trop à dire à propos de son connard à lui, en retour. Au moins, le sien lui a donné de beaux souvenirs, de parfaits enfants. Au moins, son connard, elle continuera de vivre une vie à ses côtés sans même à être en couple avec ; est-ce qu’il pourrait en dire autant d’eux deux, Léo ? Rien n’est moins sûr, désormais. « Et rappelle toi qui était là aussi quand l'autre chien te sautait et te tapait dessus, c'est toi qui était détruite quand je t'ai récupérée. » L’autre connard, l’autre chien ; voilà un artiste qui manque de vocabulaire. Son peintre ne lui apprend pas l’italien ? Ça aurait pu constituer un peu de nouveauté, un peu de piquant dans cette discussion à laquelle elle prend part sans y mettre le coeur. Elle écoute les mots, les comprend, les range dans un coin de son cerveau, dans la catégorie ‘ce que Léo pense vraiment de moi’. Et jamais ô grand jamais elle ne les oubliera, peu importe à quel point il tentera plus tard de la rallier de nouveau à sa cause et de calmer sa colère. Parce que bien sûr que c’est ce qui finira par arriver, c’est Léo, et elle, elle est sa Charlie. Pas sa connasse, pas sa chienne - mais pas son artiste non plus.

Comme s’ils étaient dans une pièce de théâtre, il se met soudainement à occuper l’espace, le garçon trop agité pour rester en place comme Charlie le fait, jambes croisées, dos au fond du siège. Il perd le contrôle, elle garde le sien tant bien que mal, ses grands yeux trahissant pourtant une partie de son émotion. « T'es qu'une égoïste de merde. T'avais des tas de jours pour me dire pourquoi tu t'es comportée comme ça alors que j'ai fait des tas d'efforts pour te plaire. Mais non ! » Cette fois-ci, c’est à son tour d’éclater d’un rire froid et sans saveur. Il a fait des tas d’efforts pour passer le moins de temps possible avec elle, voilà ce qu’il a fait. Peut-être a-t-il aussi fait l’effort de retirer son alliance au moment de coucher avec l’italien mais elle n’en est même pas sûre, de ça. « J'ai été sympa d'être là, même quand tu te faisais sauter par toute la ville et aussi quand tu l'exposais sur les réseaux sociaux. Ton idée de mariage au premier regard c'était de la merde et vas-y, sors moi tes grands mots, mais moi au moins je ne suis pas lâche. J'ai peut-être choppé un truc mais j'ai pas d'enfants dont j'ai perdu la garde à cause de mon irresponsabilité. » Et s’il s’octroie le droit d’attaquer sur tous les fronts, elle en fera donc de même. Ce ne sont plus des explications qu’elle s’apprête à demander, c’est tout simplement une guerre ouverte qui débute ici et maintenant. Charlie dodeline de la tête et le suit du regard alors qu’il s’agite comme un animal en cage (oh, qu’il ne s’en fasse pas pour ça, elle ne le retiendra pas ici). Sa mâchoire crispée traduit désormais son agacement et sa rancœur, il est allé bien plus loin qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Elle n’avait pas anticipé que la discussion lui échapperait à ce point et pourtant elle ne s’imagine pas faire machine arrière, maintenant, ni même demander à enterrer la hache de guerre. Oh que non. S’il veut la guerre, il l’aura. “T’as été là pour moi ? Tu t’es fait casser la gueule et je suis allée te voir à l’hôpital, tu crois que t’as été de la moindre aide ? J’ai pas besoin de toi, Léo, parce qu’à ta différence, j’ai beaucoup de personnes sur lesquelles compter.” Et même s’il est l’élément central et le pilier de toute son existence, elle ne ment pas sur le reste. Charlie est bien entourée, de personnes aussi nombreuses qu’elles sont bonnes pour elle, simplement aucun ne peut la comprendre aussi bien que l’a toujours fait Léo. C’est son ego qui parle, pourtant, et il lui est tout simplement impossible d’accepter d’avouer qu’elle a besoin de lui (ou de qui que ce soit) dans sa vie. “Rappelle moi, t’as vu autre chose que le fond de ta couette, l’an passé ?” Quand son peintre l’avait abandonné une première fois, chose qu’il finira pas refaire tôt ou tard quand il jugera que son jouet ne l’amuse plus et qu’il a besoin d’un neuf. Son peintre, parlons-en. “C’est drôle que tu parles de John. Tu sais pourquoi ? Parce que Auden te saute et te tape et que t’es assez con pour y retourner.” Au moins, Charlie n’a pas fait cette erreur, elle. Lui recommence la sienne plusieurs fois par semaine, depuis bien trop longtemps déjà. Il décide de son existence sans la moindre pensée pour Léo et pourtant son mari ne sait faire autre chose que d’accourir au moindre signe de sa part. “T’es l’homme le plus lâche que je connaisse, Léo, justement. T’es même pas foutu d’accepter d’être au pied du mur. Tu t’enfonces dans ton mensonge tout ça parce que tu veux pas que je te regarde dans les yeux en te disant que tu me dégoûtes à accourir dans les bras de ce gars alors que t’as osé me jurer fidélité. Reproche moi ce que tu veux, mais moi au moins j’ai jamais eu d’idée dans le genre. T’as vingt huit ans et t’as jamais rien fait de ta vie, c’est pas en suçant un peintre que t’en deviendras un à ton tour, désolée de te l’annoncer.” La blonde ne peut pas garder son calme d’apparence avec de telles paroles, elle n’est pas une actrice capable d’autant prendre sur elle. Les mots volent un peu plus haut que le reste, son visage ne cache désormais plus toute la colère qu’elle ressent et si elle se retient encore de se lever, c’est parce qu’elle ne veut pas avoir la possibilité de prendre toutes les affaires du brun et les jeter par la fenêtre du premier étage. "Depuis quand ? Depuis quand il te saute, depuis quand tu me mens, depuis quand tu me dis que tu m'aimes les yeux dans les yeux alors que tu crèves d'envie de le retrouver, lui ?"
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptyDim 26 Déc 2021 - 4:10

La Messe est dite - ou peut-être pas tout à fait encore. Léo n'a pas remarqué que dans les yeux de Charlie brûle la lueur maligne de la vengeance. Un feu plus ardent et plus destructeur que celui de la passion. Mâchoire serrée, il déblatère un discours qu'il aurait pu apprendre par cœur et auquel il ne croit pas vraiment. La maladie, c'est une belle excuse toute trouvée. Une façade derrière laquelle se cachée habillement en attendant le printemps - mais voilà : le printemps ne viendra jamais. L'hiver dure, sous le toit des deux jeunes gens. L'hiver est rude et cette fois, ils n'y survivront peut-être pas. Charlie et Léo auraient peut-être dû arrêter les frais il y a longtemps, quand les choses étaient encore assez faciles. Quand ils n'étaient pas attachés. La dispute, c'est parce qu'ils s'aiment non ? Ils s'aiment, et ils ne savent pas se le dire. Ce doit être pour ça. Sinon, que font-ils ici, à se hurler des mots dont Léo ne comprend pas encore la portée ? Doit-il prendre la porte ou se jeter par la fenêtre ? Ca n'a plus aucune espèce d'importance. De toute façon, la finalité en est la même : Charlie sait. Et cela, Léo ne l'a pas encore compris - n'ose pas le comprendre. « T’as été là pour moi ? Tu t’es fait casser la gueule et je suis allée te voir à l’hôpital, tu crois que t’as été de la moindre aide ? J’ai pas besoin de toi, Léo, parce qu’à ta différence, j’ai beaucoup de personnes sur lesquelles compter. » Il n'ose pas rétorquer le contraire, le brun. Il sait autant qu'elle qu'ils n'ont pas les même fréquentation, pas du même genre. La dernière personne avec laquelle Léo s'est lié d'amitié... non, il ne s'en souvient pas. C'est Charlie, le tout. Charlie son socle. Charlie qui joue le rôle de meilleure amie, de confidente, d'amie la plus chère à son cœur - et parfois aussi de pire ennemie. Elle le connaît trop bien pour être autre chose que tout cela à la fois, c'est pour cela qu'elle est si parfaite. Comme une pièce de puzzle ajustée. Comme la seule personne sur qui vraiment compter.

Après la mâchoire, ce sont les poings qui se serrent. Il n'osera jamais lever la main sur Charlie, Léo. De toute façon, elle lui mettrait probablement la raclée de sa vie. Elle est bien plus forte pour ces choses là que lui et même quand ils se bagarrent sur le canapé pour savoir qui choisit le film, Charlie gagne toujours; et pas parce que Léo la laisse gagner. « Rappelle moi, t’as vu autre chose que le fond de ta couette, l’an passé ? » « Oui, j'ai avancé dans mes travaux. » Léo sait aussi bien qu'elle combien la phrase ne fait rien d'autre que mettre en lumière son manque d'implication dans le grand jeu de la vie. Des moments de partage, Léo a été absent pendant de longs mois. Il ne vit de toute façon qu'en fantôme depuis qu'Auden l'a effacé de sa vie sentimentale. Vivre en fantôme, c'est bien quand on le fait à travers quelqu'un d'autre. Auden lui laisse cette place là dans sa grande générosité. C'est tout ce que demande Léo, au final. Une petite place. Charlie lui en a fait des tas, des places. Mais Léo s'est probablement perdu dans l'immensité de cet espace à combler de sa présence. La fuite, ça a toujours été son moyen de résolution favori. « C’est drôle que tu parles de John. Tu sais pourquoi ? Parce que Auden te saute et te tape et que t’es assez con pour y retourner. » La bouche du canadien s'assèche quand il comprend enfin, long à la détente et mauvais sur la longueur. « Comment tu sais ? » qu'il marmonne d'une petite voix blanche. Pas qu'il se tape son mari, non. Qu'il tape aussi sur son mari de façon occasionnelle. Les derniers heurts remontent à l'épisode Ginny et fort heureusement, le brun n'a plus eu à contempler sur son corps ces affreux bleus laissés autrefois par le peintre. Du bleu et du vert sur une toile affreuse dont Charlie ne voudra plus, elle non plus.

La suite n'est qu'une longue tirade qui, faute de couper le souffle de Charlie et de lui clouer le bec, ne fait qu'accentuer le malaise dans lequel se noie Léo. « Je... J'ai pas rien fait de ma vie. » Absolument rien du tout, si on n'oublie pas de compter toutes les choses abandonnées par le jeune homme. Le violon, le piano, les études. Un vrai métier ? Il n'en a pas. Tout ce que Léo sait faire, au final, c'est gagner quatre sous en peignant à la place de Auden. Bientôt, cela aussi connaîtra une fin probablement abrupte. Le voilà qui se mord le bout de la langue pour esquiver bravement la montée de larmes qui suit les mots de Charlie. Il voudrait lui reprocher des choses à elle aussi. Qu'a-t-elle fait sinon... sinon quoi ? Des enfants dont elle ne s'occupe plus ? Au moins, elle a un métier. Un appartement. Des amis. Charlie, c'est tout ce qu'a Léo. Et il est en train de la perdre de la plus misérable des façons. « T'as jamais cru que je deviendrai un peintre, pas vrai. » Y croit-il lui même ? Rien n'est moins sûr.

« Depuis quand ? Depuis quand il te saute, depuis quand tu me mens, depuis quand tu me dis que tu m'aimes les yeux dans les yeux alors que tu crèves d'envie de le retrouver, lui ? » « Quelques semaines. » Bras croisés, Léo soutient le regard de Charlie. Epaules basses, il tente de faire bonne figure devant le visage déçu de celle qu'il aime le plus au monde. « Je t'aime mais je... » Quoi ? « T'as l'appartement de rêve, le chien, le métier. T'es quelqu'un, maintenant. J'ai rien fait d'autre que contempler le fond de ma couette, tu l'as dit toi-même. » C'est lâche, terriblement lâche d'essayer d'attiser la pitié de Charlie. Malheureusement, il n'y a pas autre chose que Léo sache faire correctement. Être lâche, ça, oui. Elle l'a dit elle-même. « Auprès de Auden, j'apprends. Je ne fais pas qu'apprendre mais je... » S'enfoncer toujours plus loin dans les justifications, fuir la surface et les responsabilités. « Ecoute, je suis désolé. » Prier pour le salut, maintenant. Et le pardon, surtout. « Je croyais qu'on était assez grands pour éviter les vengeances. Pourquoi tu m'as juste pas tout balancé à la figure ? » Le revoilà, l'homme blessé dans son ego, qui secoue la tête et quitte maintenant la pièce à la recherche d'un sac dans lequel fourrer quelques affaires. S'il part, c'est mieux pour tout le monde. « Je suis déçu. De moi-même, et de toi aussi. De nous, surtout. » qu'il lance en jetant son sac aux pieds de Charlie. Déçu, aussi, de l'injustice dont il est capable de faire preuve, même le nez dans la merde.
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptyDim 2 Jan 2022 - 18:07

« Rappelle moi, t’as vu autre chose que le fond de ta couette, l’an passé ? »
« Oui, j'ai avancé dans mes travaux. »

Non, il n’a rien fait d’autre que de sortir le nez du lit simplement pour aller se réapprovisionner en chocolats et autres bonbons, quand ce n’était pas pour sa douche bimensuelle. Il lui hurlait de rentrer depuis le lit, n’avait même pas la force ou l’envie d’aller actionner la poignée de porte lui-même. Le coup est bas mais Charlie savait qu’elle ne pouvait pas le rater. A ses yeux, ce n’est pourtant qu’un moyen pour avancer le véritable argument de toute cette histoire et la cause de bons nombres des récents problèmes entre eux : son adultère. Son acharnement à retourner auprès d’un autre, son entêtement à ne pas écouter ses proches. Il est sous le coup d’un stupide poison d’amour, voilà tout ce que Charlie peut croire tant les choses ne font pas le moindre sens à ses yeux. « Comment tu sais ? » Bien sûr que c’est la seule question qui importe à ses yeux. Il n’esquisse pas même la moindre excuse, il ne montre aucune honte et encore moins de regret. Il s’en moque, Léo, parce que tout ce qui importe à ses yeux c’est qu’il ne puisse plus continuer à jouer sur tous les tableaux (oh, elle est simple, celle-là) impunément et indéfiniment. “T’as deux secondes pour te rattraper et essayer de me faire croire que c’est pas la seule chose qui t’importe.” Il a deux secondes pour au moins tenter de lui faire croire qu’il a moindrement cru en eux, en leur couple, en leur mariage. Peut-être qu’elle aurait dû le laisser continuer de chanter Queen seul, cette première soirée là, et choisir de s’enticher d’un homme qui en vaut vraiment la peine.

« Je... J'ai pas rien fait de ma vie. » Oh, vraiment ? Il a fait quoi, Léo, si ce n’est gagné le vih au loto de la vie ? « T'as jamais cru que je deviendrai un peintre, pas vrai. » Ce n’est pas une question, elle n’y répondra donc pas. Même si ça en avait été un, il y a fort à parier qu’elle n’aurait pas fait davantage d’efforts, les larmes de Léo ne suffisant même plus à calmer sa colère. Il est allé trop loin et a trop joué avec le feu pour qu’elle puisse tout oublier simplement par envie. Ce n’est pas une histoire d’un soir, ce n’est pas une erreur, ce n’est pas la faute à trois Sex on the beach d’affilés. Il aime cet homme bien plus qu’il n’aime Charlie, et c’est là le véritable problème. Ils seront sans doute bien plus à leur place dans leurs rôles d’amis, finalement, comme avant. Tout allait bien, avant. Tout pourrait reprendre ainsi, s’ils ne donnent plus la même signification à tous les ‘je t’aime’, lesquels ne sont de toute façon plus échangés depuis de nombreuses semaines maintenant. Il pouvait être un peintre s’il le voulait, elle n’a jamais pensé le contraire, mais il ne mérite pas qu’elle lui précise la vérité ce soir. L’heure est bien trop aux règlements de comptes pour ça.

Depuis quand, Léo ? « Quelques semaines. » Quelques semaines et quelques autres mois avant ça, quand à l’époque leur histoire était encore acceptable puisque la blonde ne faisait pas partie du tableau. Mais depuis quelques semaines, plus rien n’est acceptable, pas même le fait qu’il décide soudainement de soutenir son regard alors qu’elle ne rêve que de lui envoyer des éclairs depuis ses yeux clairs. « Je t'aime mais je... » Mais c’est pas suffisant ? Mais je l’aime davantage ? Mais quoi, bordel de merde ? Léo parle trop doucement, submergé par des sentiments qu’elle ne veut pas voir. Il n’a pas le droit de lui dire qu’il l’aime dans cette situation, pas alors qu’il est la seule et unique raison de toute la tristesse qu’elle ressent et qui lui oppresse la poitrine. « T'as l'appartement de rêve, le chien, le métier. T'es quelqu'un, maintenant. J'ai rien fait d'autre que contempler le fond de ma couette, tu l'as dit toi-même. » - “C’est de la jalousie ? Tu détesterais mon métier, t’aimes pas les chiens et tu trouves que cet appartement se la pète, cherche pas d’excuses à la con.” Encore heureux qu’il n’a pas parlé de ses enfants, sujet ô combien tabou depuis que Charlie lui a avoué en vouloir un autre en même temps que lui lui a annoncé sa maladie. De toute façon, elle sait bien qu’il déteste les enfants aussi, il n’en aurait pas voulu. Son peintre peut lui refiler des maladies mortelles mais pas de mini-lui, c’est peut-être pour ça qu’il s’en est autant entiché. « Auprès de Auden, j'apprends. Je ne fais pas qu'apprendre mais je... » - “T’avise pas de prononcer son nom sous mon toit.” Encore moins pour chanter ses louanges, surtout pas lorsqu’il tente de lui faire comprendre les raisons pour lesquelles le peintre vaut bien plus à ses yeux que sa femme. Entre ces murs, il n’a pas le droit d’exister autrement que sous le nom de code ‘le connard’, et à en juger par la perte soudaine de patience de Charlie, elle n’est pas prête de négocier cette part du contrat. « Ecoute, je suis désolé. » Il est trop tard pour les excuses. Il est allé bien trop loin pour pouvoir s’en sortir aussi rapidement et aisément. S’excuser ne sert à rien, surtout pas lorsqu’ils savent déjà tous deux que cela ne l’empêchera pas de retrouver son connard dès les jours suivants. Il est désolé mais il ne saurait pas s’arrêter de le voir non plus. La mâchoire serrée, la tête haute, c’est un nouveau silence qu’elle lui impose, lui faisant ainsi comprendre ce qu’elle peut bien en faire, de ses excuses de merde.

Tout aurait pu s’arrêter là et la casse aurait été évitée, au moins à un certain niveau. Ça aurait pu, oui. « Je croyais qu'on était assez grands pour éviter les vengeances. Pourquoi tu m'as juste pas tout balancé à la figure ? » Mais Léo est Léo, et Léo est un sombre connard égoïste qui ne sait faire autre chose que de laisser la faute reposer sur autrui, même alors qu’il est le seul coupable de toute cette histoire. “T’es sérieusement en train de me rejeter la faute dessus ?” Répond oui, Léo, histoire qu’elle ait au moins une raison digne de ce nom pour te foutre une gifle. Le problème n’est pas la façon dont elle a amené le problème mais bel et bien qu’il y ait un problème, justement. Au moins, il a le mérite de comprendre qu’il n’est plus le bienvenue dans l’appartement avant qu’elle ne l’en expulse manu militari, et c’est sûrement sa seule bonne action de la journée. “Je t’ai laissé une chance et le temps de m’en parler de toi-même.” C’était une épreuve, pas une offre charitable, et il a lamentablement échoué.

Il secoue la tête, surjoue la scène, passe à nouveau pour la pauvre petite victime de conséquences qu’il n’a fait qu’appeler. Il pourra jouer ce numéro face à l’autre connard, il ne tient plus pour Charlie. Son dernier acte charitable se résume à lui laisser le temps de faire son sac, là où elle crève pourtant d’envie de brûler la moindre de ses affaires sur place. « Je suis déçu. De moi-même, et de toi aussi. De nous, surtout. » qu’il annonce, jetant son sac aux pieds de la jeune femme, comme si elle allait finalement s’excuser de toutes choses et l’aider à remettre chaque chose à sa place. Foutaises. Elle accuse un sourire faux, largement exaspéré de la scène et bien plus encore de ses paroles. “S’il n’y a plus de ‘nous’ alors tu auras une déception de moins à supporter en ce monde.” De toute évidence, elle n’imagine pas d’autre issue possible à cette impasse dans laquelle ils se trouvent - par la seule faute de Léo, rappelons-le une fois de plus. Elle attrape le sac avec dédain et dégoût pour se contenter de faire quelques pas jusqu’au balcon d’où elle laisse retomber le sac de ses trois étages, faisant ainsi grâce à Léo de le transporter. “T’as pas intérêt de revenir.” Il doit assumer les conséquences de ses erreurs, maintenant, et Charlie ne supportera pas une année de plus son insistance à se terrer sous une couverture au moindre problème dans sa vie.
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Message(#)the stuff that dreams are made of | léolie #24 EmptyMar 11 Jan 2022 - 18:46

« T’as deux secondes pour te rattraper et essayer de me faire croire que c’est pas la seule chose qui t’importe. » Il déglutit, Léo. Il déglutit parce qu'il est dans la merde. « C'est pas ce que je voulais dire. » Ce n'est pas ce qu'il voulait qu'elle comprenne. Bien sûr que ce n'est pas la seule chose qui compte. Ca ne compte pas du tout, même. « Je voulais juste savoir. » L'excuse est pathétique mais Léo a au moins le mérite d'être sincère, pour une fois ça n'arrive pas souvent. Et la colère éclate, la colère emporte tout sur son passage. Il y a les reproches, aussi. Les pires. Léo est jaloux. Léo n'a pas ce qu'il veut quand Charlie, elle, n'a pas besoin de passer par dix chemins détournés dont un malhonnête pour avoir ce qu'elle veut. Oui, c'est de la jalousie. Mais de la jalousie, il ne devrait pas y en avoir: elle a tout qu'il n'a pas, mais ils pourraient l'avoir ensemble si Léo cessait d'être si obstinément stupide. Des chemins détournés, il y en a des tas qui ne comprennent pas "tromper sa femme". Mais cela, Léo ne l'a pas vraiment compris. Il n'a pas envie de les prendre, du moins. C'est tellement plus facile de se laisser aller à ses bas instincts. « C’est de la jalousie ? Tu détesterais mon métier, t’aimes pas les chiens et tu trouves que cet appartement se la pète, cherche pas d’excuses à la con. » Il lève les mains devant lui en signe d'apaisement. « Je cherche pas d'excuses, t'as posé la question. » Mais ce ne sont que des excuses. Le fond du problème est ailleurs.

Le fond du problème, c'est tout l'amour que Léo croit porter à Auden. C'est un amour illusoire, fait de 'peut-être' qui n'arriveront jamais. C'est u amour à sens unique, une impasse dans laquelle Léo se pousse lui-même inlassablement. Au fond, il n'y a pas d'excuses. Il est juste ainsi, Léo. On ne peut pas vraiment compter sur lui pour s'engager. Il a été bien bête de croire qu'il pouvait s'améliorer. On ne change pas pour les gens, on ne change que pour soi-même. « T’avise pas de prononcer son nom sous mon toit. » Il les aime tous les deux, n'essaiera pas non plus de le dire à Charlie. Elle le jetterait par la fenêtre aussitôt, et Léo tient encore à la vie. Quoi qu'elle ait une drôle de saveur, quand on tombe de si haut.

« T’es sérieusement en train de me rejeter la faute dessus ? » Suicidaire, il répond presque "oui" juste pour qu'elle puisse se défouler un bon coup. « Je dis juste qu'il y avait plusieurs manières de régler le problème et... » Et quitter les bras d'Auden en était une. Mais bien sûr, il est plus facile de rejeter la faute sur Charlie qui n'a rien fait sinon être parfaitement honnête dans sa vengeance. Œil pour œil, dent pour dent. Comment aurait-il fait, lui ? Sûrement pareil, voilà pourquoi Charlie et Léo vont si bien ensemble. Ils se ressemblent dans l'adversité et même s'ils se hurlent souvent dessus, Léo espère que rien n'est définitif. Jamais. « Je t’ai laissé une chance et le temps de m’en parler de toi-même. » « C'était ça la plage ? C'était ça ta chance ? Draguer le prof pour me faire réagir ? Mais t'as quel âge ? » Le ton monte et les gestes de Léo se font plus pressants. Au final, le brun fait son sac, qu'il jette aux pieds de Charlie. « S’il n’y a plus de ‘nous’ alors tu auras une déception de moins à supporter en ce monde. » Et avant qu'il n'ait le temps de répondre, elle balance son sac par la fenêtre, la garce. Les larmes montent aux yeux d'un Léo honteux qui ne cesse de se poser en victime du crime qu'il a lui même commis. Les pêcheurs ne vont pas au paradis. On le lui a assez répété. « T'es qu'une garce. On peut régler ça comme des adultes ? » Deux intentions dans la même phrase et Léo se perd, Léo est prêt à se jeter aux pieds de Charlie et tant pis s'il connaît le même sort que le sac. « T’as pas intérêt de revenir. » « S'il te plaît non. » Je t'aime qu'il lâche presque, conscient que la situation ne s'y prête pas. Mâchoire serrée, Léo contient le flot de larme qui menace de partir à l'assaut de ses joues.

Attrapant sa veste, Léo s'éloigne assez pour s'assurer de ne pas prendre une gifle de la part de sa femme. Peut-il encore l'appeler ainsi ? « Je reviendrai même si tu demandes le contraire. » Je t'aime trop pour te laisser tomber. Ils en ont traversé, des épreuves, mais celle là sera peut-être la dernière.
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