set traps
for the future.

@saül williams

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Entre les préparatifs du mariage et mille autres choses qui étaient tombées à travers tout ça, l’esprit de Damon avait navigué ici et là en étant toujours un peu ailleurs et il avait complètement oublié les démarches qu’il avait lancé quelques mois plus tôt lorsqu’il était revenu d’Italie. A ce moment là, les choses étaient apaisées, presque calme au sein de la famille Williams et un semblant de dynamisme avait reprise le dessus sur les quelques semaines compliquées qu’ils venaient d’essuyer; il semblait même que Elise et Saül se trouvaient en une sorte de bon termes, de ce que Damon avait compris des dires de ses parents. Les préparatifs du mariage de Saül et Ariane commençaient à pointer le bout de leur nez, alors que leur attention était entièrement concentrée sur le petit qui avait poussé son premier cri plus tôt en février. Un joli tableau, pour une jolie famille.

Sauf qu’il n’était pas aussi simple de venir embobiner le jeune italien et que ce tableau de famille parfaite, il n’y croyait pas un seul instant. En réalité, il n’avait aucune confiance envers Ariane et c’était à la base contre elle que toute cette opération avait été montée; le but était de venir montrer à son père - parce-que rappelez vous, à ce moment là de l’année, l’entente était presque douce entre les deux italiens - que la rousse était une véritable sorcière et que ce n’était en rien bon pour lui de venir s’accrocher à elle. Contre toutes attentes cependant, la Parker avait toute seule quitté le tableau familiale et le plan machiavélique de Damon était tombé à l’eau, alors il avait oublié ne serait-ce qu’avoir entamé quelconque démarches.

Jusqu’à cette journée où il avait reçu un appel téléphonique. « Monsieur Williams ? » - « Oui ? » - « Ici le refuge animalier, j’espère ne pas vous déranger. C’est pour vous prévenir que nous avons trouvé un chien compatible à la description que vous nous aviez faite parvenir, et vous pouvez venir le récupérer dès que vous pouvez ! » Fuck, fuck fuck. Il vint se frotter les yeux d’une main, se mettant d’un autre côté à réfléchir à toute vitesse. Il ne pouvait pas raccrocher sans rien dire, en faisant comme si de rien n’était. D’un autre côté, l’idée qu'il avait eu quelques mois plus tôt n’était plus d’actualité et son intention n’était plus d’offrir un chien à Saül, puisque si le choix lui avait été proposé, il aurait préféré ne plus avoir à faire à lui jusque nouvel ordre. Mais surtout, il ne saurait dire non à la jeune femme au bout du téléphone qui semblait rempli d’espoirs et de joie à l’idée de savoir qu’un de leurs jeunes chiens allait trouver sa nouvelle famille. Prenant encore un instant pour lui-même, Damon vint finalement retenir un petit soupire. « D’ici trois heures, c’est bon pour vous ? » - « On vous attend avec impatience, merci à vous ! » Trois heures. Cela lui faisait largement le temps d’aller acheter de quoi accueillir un chiot dans un logement, et d’être à l’heure au refuge. Il espérait seulement que Saül serait chez lui ce soir.

Après une seconde ou deux d’hésitation, presque quatre heures plus tard - le soleil avait déjà dangereusement décliné dans le ciel -, Damon vint assener quelques coups contre le bois de la porte de chez son père. Son coeur battait à toute allure, et le rouge lui était déjà monté aux joues alors qu’il n’avait encore rien dit.

Barbe de trois jours, café dans une main et Abel contre lui, Saül épluche ses contacts à la recherche d'il ne sait pas vraiment quoi. Depuis qu'Ariane est partie, l'italien erre entre son bureau et le canapé du salon, où il passe toutes ses nuits. Il ne se rend que très rarement au travail, préférant exécuter ses tâches à distance. Pour éviter les questions sur ses absences, les "comment va ta femme?", parce qu'il n'en sait rien. Comment va Ariane ? Est-elle avec quelqu'un d'autre ? Sait-elle qu'elle manque à son fils et à son époux ? Saül a arrêté d'essayer de la contacter. Son numéro a de toute façon été réatribué. Pour entendre sa voix, il ne peut que se passer les enregistrements et les vidéos prises en vacances ou pendant la grossesse d'Ariane. Heureusement, Saül a toujours adoré la photographie. Des photos d'Ariane, il en a des tas. Abel ne grandira pas sans pouvoir s'imaginer le visage de sa maman.

Plus tard, le soir-même, quelques coups brisent le silence dans lequel l'appartement est plongé. Abel dort comme un petit loir après que son père lui ait offert un concert de berceuse chantées de sa voix caverneuse - et en italien, s'il vous plaît. Dans un soupir, Saül se dirige vers la porte d'entrée, prêt à envoyer paître un énième voisin ennuyeux. Abel pleure un peu moins ces jours-ci, alors ils n'ont pas le droit de venir emmerder Saül à son sujet.

Ce n'est pas un voisin mais bien Damon qui se trouve là, planté dans l'entrée. Les yeux de Saül se posent sur ce fils qui a l'air d'avoir couru un marathon - et qui tient en laisse une drôle d'énergumène gigotant dans tous les sens. « Bonjour, mon garçon...? » La salutation, sur le ton de l'interrogation, vise autant Damon que le chien qu'il tient sous bonne garde. « Je ne savais pas que tu avais adopté un chien. » Saül ne savait pas que Damon aimait les chiens, en fait. Il sait qu'il a terriblement peur des chevaux, mais le reste des animaux... Il n'y a pas grand chose que Saül connaisse des peurs de son premier né, au final. Et certainement pas ces choses là, trop personnelles pour être discutées. Qu'est-ce qu'un garçon qui a peur ? Une mauviette. « Abel dort. Fais-le taire. Il reste dans l'entrée. » Saül n'accorde qu'un regard mauvais à la bête qui s'agite, excitée comme une puce. Chez les Williams, les animaux ne sont pas légion. Le père a bien eu des chevaux et des chiens de chasse, mais il ne fallait pas jouer avec ces derniers sous peine de se faire mordre. Saül a toujours adoré les oiseaux de proie et les chevaux, mais les chiens n'ont jamais eu ses faveurs. Il était question d'adopter un chat, à un moment, avec Ariane. Voilà une chose que Saül a mis de côté et à laquelle il n'a plus pensé depuis qu'elle est partie.

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Damon n’eut qu’un instant de répit avant de voir son père apparaitre de l’autre côté de la porte de bois. Il ne savait exactement depuis quand les deux hommes ne s’étaient pas vus, d’autant plus avec aucun public autour d’eux. En étaient-ils réduits à ça, ces derniers temps ? A venir se côtoyer parce-qu’ils y étaient obligés et non parce-qu’ils avaient le désir de passer du temps l’un avec l’autre ? « Bonjour, mon garçon…? » L’étonnement fut de mise du côté de Saül, et cette fois ci le jeune homme ne pouvait lui en vouloir. Il était celui se potinant sur le pas de la porte de son ainé sans annoncer son arrivée, et de surcroit avec un chiot tenu en laisse à ses côtés. Même le blond ne savait trop en réalité ce qu’il faisait ici aujourd’hui, mais il avait l’intention d’aller au bout de ses idées. « Bonjour, papa. » Si depuis l’annonce de son mariage, Damon s’était mis à appeler son père par son prénom devant toute autre personne, devant ce dernier il ne savait se résoudre à faire de même. Le surnom qu’il avait adopté enfant pour le désigner lui collait à la peau - et il savait d’avance, malgré tout, incapable de venir s’en débarrasser même avec le temps et les affaires partagés entre eux.

« Je ne savais pas que tu avais adopté un chien. » Là allait donc commencer les explications, d’un instant à l’autre. « Abel dort. Fais-le taire. Il reste dans l’entrée. » Les lèvres du gamin vinrent se pincer en une ligne fine, alors que le chiot ne comprenait pas réellement ce qui se déroulait autour de lui. Pour l’animal, seul un meilleur avenir se présentait et il était simplement heureux de pouvoir partager de futurs bons moments avec des êtres humains, dans une nouvelle maison. « J’ai pas vraiment adopté de chien, en réalité. » Il était bien celui qui était passé le récupérer auprès du refuge, mais le nom de Saül avait été apposé sur le certificat d’adoption. « Et il va pas pouvoir rester dans l’entrée, non plus. » Damon savait pertinemment d’avance que Saül n’allait guère apprécier la façon dont il venait parler en cet instant, étant donné que ses paroles allaient parfaitement à l’encontre des instructions que l’italien venait de donner. « Je suis désolé de passer si tard, j’espérais avoir la chance d’arriver avant que Abel ne s’endorme, en réalité. » Tant parce-qu’il aurait apprécié pouvoir voir son frère - le demi ne faisait pas partie du vocabulaire de Damon, qu’importe les circonstances; le gamin n’avait rien demandé -, que parce-qu’il savait que la suite de la discussion pouvait devenir musclée.

Ou alors, après un instant de réflexion, cela pouvait finalement peut-être le sauver et éviter que son père ne se mette dans une colère noire, comme il savait si bien le faire. « Le chiot est pour toi, en fait. » Autant ne pas y aller par quatre chemins, là était le secret pour ne pas venir s’attirer les foudres du patriarche Williams. « C’était supposé être un cadeau de mariage, pour Ariane et toi, et pour que Abel puisse grandir avec un animal de compagnie. » La vérité n’était pas si loin de la réalité qu’il s’appliquait à présenter. Il n’avait pas eu cette chance, étant gamin, de pouvoir compter sur un ami de toujours sous la forme animal. Il aurait grandement aimé, cependant; mais entre les allers et retours incessants à travers le monde de ses parents et de lui-même, ainsi que les changements de lieux d’habitat qui s’en venaient avec, cela n’aurait pas été possible. « Je sais que ça tombe plus au bon moment… » Oh, rien qu’à juger par le visage que lui présentait son père aujourd’hui,  il n’y avait aucun doute quant au fait que ce cadeau de mariage ne tomberait plus jamais au bon moment. Mais justement, peut-être que cela pourrait apporter un peu de gaité dans le quotidien d’un homme s’appliquant tant à venir ternir celui de son fils.

« J’ai pas vraiment adopté de chien, en réalité. » Alors, à qui appartient ce cabot ? Saül pose ses yeux sur le chiot - la bête - qui lui donne à froncer les sourcils. Ses pupilles retrouvent alors celles de Damon dans un regard d'incompréhension. « Et il va pas pouvoir rester dans l’entrée, non plus. » Main sur la porte, Saül pousse un grand soupir. « C'est tranquille, ici. Personne ne lui fera de mal. » Les voisins d'en face ne sont pas aussi stupides. Ici, personne ne fréquente Monsieur Saül Williams, aussi aimable qu'une porte de prison. Non, l'italien ne se rend pas aux petites soirées organisées par ses voisins à chaque fois qu'un changement de saison intervient dans leur vie. Non, il ne dit pas bonjour dans les couloirs, pas plus qu'il n'essaie de sympathiser avec la voisine du dessous - bien qu'elle soit tentée par l'idée de prendre un verre avec l'ours qui vit au dessus de chez elle. Rien n'emmerde plus Saül de vivre en communauté maintenant qu'Ariane n'est plus là. Elle était bizarrement la part sociale de leur couple, celle qui acceptait les cookies avec un doigt d'honneur et qui répondait au voisin avant d'aller empoisonner leur chat. Une charmante voisine, en somme.

« Je suis désolé de passer si tard, j’espérais avoir la chance d’arriver avant que Abel ne s’endorme, en réalité. » « C'est un bébé. Il ne fait que ça, dormir. » Non, ça ce n'est pas vrai. Parfois - souvent - Abel pleure. Il mange, aussi, quand il n'envoie pas sa purée dans le visage grincheux de son père. Abel aurait été content de voir son demi-frère, à qui il fait des sourires. Il en fait aussi beaucoup à Elise, ce qui a le don d'agacer son géniteur. « Je suis sûr qu'il aurait été content de te voir. » que marmonne l'italien pour essayer d'adoucir la conversation. Depuis l'annonce du mariage faite à Damon, Saül ne sait plus vraiment sur quel pied danser. Doit-il être autoritaire ? Damon n'en a pas besoin. Il a accepté les conditions posées par son père, il ne se rebellera certainement plus. Alors quoi, essayer de renouer malgré le vent froid qui souffle sur leur relation ? « Le chiot est pour toi, en fait. » L'homme d'affaires ouvre la bouche, de laquelle aucun son ne daigne sortir. D'un seul mouvement des yeux, Saül dévisage le chien et son fils, alternant entre les deux comme si cela pouvait les faire disparaître. Le chiot jappe, trépigne et s'agite, faisant montre de toute sa vivacité. « C’était supposé être un cadeau de mariage, pour Ariane et toi, et pour que Abel puisse grandir avec un animal de compagnie. » Le quarantenaire lève un index comme pour faire taire son fils, fixant alors l'animal. Un cadeau de mariage. Ariane aurait été ravie. Un animal de compagnie, elle en a toujours voulu un. Un temps, elle et Saül avaient prévu de prendre un chat. Ariane aurait voulu "le plus laid du refuge", pour sûr. Le chiot récupéré par Damon n'a rien de laid. Il est en fait très mignon, si l'on veut. Abel va l'adorer, Saül en est certain. L'admettre lui donne l'impression de sentir Ariane derrière lui, une sensation qu'il a appris à détester. Il faut bien s'obliger à la laisser partir, pour avancer. « Je sais que ça tombe plus au bon moment… » « Tu crois ? » Bras croisés, Saül dévisage son fils. Ils restent face à face une poignée de secondes avant que Saül ne s'écarte finalement de la porte d'entrée.

C'est un cadeau de mariage qui ne tombe pas à pic. Un cadeau de séparation ? Peut-être. C'est plus adapté. « Non, ça se sont les chaussures d'Ariane. » Sans s'en rendre compte, Saül a pris le ton adapté pour s'adresser au chiot. Alors que Damon s'en rend peut-être compte, il change d'attitude et attrape les escarpins pour les mettre en hauteur avant que le chiot ne s'en empare. Guidant Damon au salon, Saül se masse les tempes. « Tu ne pouvais pas le garder ? Comme tu peux le constater, Ariane n'est plus là pour former la famille de rêve. » La femme, le chien, la villa et le bébé. Le parfait petit cercle de rêve, juste assez parfait pour éclater proprement et simplement à la moindre difficulté. « Je n'ai rien ici pour prendre soin de lui. » Même si tout à été repensé pour prendre soin d'Abel, cet appartement impeccable dans lequel vit Saül n'a rien d'un foyer pour un animal. Tout y est si parfaitement aseptisé qu'on pourrait croire que l'homme d'affaires vit seul. « Est-ce qu'il a un nom, au moins ? » Voilà qu'il s'y intéresse lentement mais sûrement, se penchant même vers l'animal qui bondit pour mordiller sa main. « Les seuls chiens avec lesquels j'ai vécu étaient des chiens de chasse. Nous avions interdiction de nous en approcher. » Même si Saül avait son préféré, un chien courant à poil ras du nom d'Atticus. Le chef de la meute, évidemment. Le plus hardi à la chasse aussi. Saül en garde un bon souvenir... Ainsi qu'une cicatrice à la main qui va avec le souvenir du jour où Elon l'a fait abattre. Selon lui, Atticus était devenu dément. Saül en avait eu le cœur brisé, même si Atticus l'avait mordu la veille. Ce jour là, il n'avait pas versé une larme et avait observé son père abattre l'animal d'un coup de fusil dans la tête. "Un travail propre" selon le paternel, qui avait poussé du pied l'animal dans la tombe. Saül s'était chargé de la refermer. Et là non plus, il n'avait pas pleuré.

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« C'est tranquille, ici. Personne ne lui fera de mal. » Et si son père n’était pas venu lui-même pousser un soupire l’instant d’avant - et qu’il n’était, également, pas Saül Williams -, Damon serait surement venu en faire de même. Il ne voyait pas encore le point où il voulait en arriver, le garçon, et ce dernier ne pouvait réellement lui ne vouloir. La situation était des plus floues et des plus inattendues, si bien que le moindre indice pouvait facilement passer à la trappe. Le jeune homme ne vint cependant pas relever la remarquer pour le moment - comme à son habitude serait une justification bien plus honnête en réalité -, préférant venir s’excuser d’arriver si tard chez son paternel. Ces derniers temps, il savait qu’il ne fallait pas le déranger plus que de raisons, car sa vie s’était retrouvée sans dessus-dessous du jour au lendemain sans qu’il ait pu s’y préparer. Ariane était partie, laissant un vide immense dans la vie et le coeur de l’italien. Manque de chance pour le reste de l’entourage, elle était la seule personne sachant raisonner ce dernier - et encore, elle n’était en rien dotée de pouvoir magique bien que Damon ait eu une certaine tendance à l’appeler la sorcière. Bien qu’il soit compatissant pour la situation dans laquelle son père se retrouvait, il ne saurait l’être complètement, les choses n’étant pas au beau fixe entre les deux ne partageant pas le même sang. Damon ne partageait qu’un lien sur papier avec Abel, en revanche, mais venait s’inquiéter réellement pour ce dernier. « C'est un bébé. Il ne fait que ça, dormir. » Certains échos qu’il avait pu avoir reportaient qu’il pleurait souvent, aussi - et c’était Saül lui-même qui était venu lui révéler cette facette de sa nouvelle paternité. « Je suis sûr qu'il aurait été content de te voir. » - « Je reviendrai passer du temps avec lui un autre jour. » Car si sa relation avec son père n’était pas des plus faciles, ce n’était pas une raison aux yeux de Damon pour venir négliger celle qu’il s’appliquait à construire avec son frère - aussi petit ce dernier pouvait-il être.

Finalement, ayant déjà assez tergiverser au sujet de Abel à ses yeux, Damon vint reprendre le contrôle de la conversation afin d’annoncer de vive voix la réelle raison de sa visite et, allant de paire avec, la présence du chiot un brin surexcité à ses côtés. « Tu crois ? » Certes, le gamin avait parfaitement compris qu’il ne tombait pas au meilleur des moments, mais ce n’était pas une raison pour que Saül vienne le souligner de la sorte. Serrant discrètement les mâchoires un instant, Damon vint par la suite relever son regard dans celui de son père - geste qu’il ne s’autorisait à exercer que depuis très récemment; depuis qu’il avait appris en réalité que l’homme face à lui avait été capable de venir lever la main sur Megan alors qu’aucune raison ne pourrait jamais justifier un tel geste. Le silence devint pesant un instant, peut-être deux entre les hommes Williams avant que le sénior ne daigne enfin venir s’écarter afin de laisser suffisamment d’espace pour que Damon et le chiot puisse entrer chez lui. Ce n’était pas gagné, loin de là, mais au moins le jeune homme put venir laisser échapper dans un soupire silencieux une partie de la pression qu’il s’était mis seul sur les épaules.

« Non, ça se sont les chaussures d’Ariane. » Car si la tension était présente au sein des poumons et de tous les autres organes de Damon, le chiot lui ne semblait pas voir tout le mal dont l’humain était capable. Tout ce qu’il désirait en cet instant, c’était de venir jouer avec les deux hommes qu’il venait de rencontrer, afin de passer ce qui pouvait-être la meilleure soirée de son existence. « Tu ne pouvais pas le garder ? Comme tu peux le constater, Ariane n'est plus là pour former la famille de rêve. Je n'ai rien ici pour prendre soin de lui. » Venant dans un premier temps ouvrir la bouche, avant de venir quelque-chose qu’il allait regretter, Damon vint refermer ses lèvres afin de tourner sept fois sa langue dans sa bouche pour parler. Là était une habitude qu’il avait pris dès son plus jeune âge, et qui ne saurait réellement le quitter. « Je pouvais pas le garder, non. » Cela n’avait rien à voir avec l’endroit dans lequel il habitait dernièrement - entre les cartons, donc -, ni même avec ses propres aspirations à pouvoir avoir un animal de compagnie à ses côtés; mais bien que son idée de base était un brin plus farfelue qu’elle ne pouvait y paraitre, et qu’à défaut de pouvoir mener son plan à bien, il souhaitait venir apporter un petit rayon de soleil dans la vie de son père - quelle ironie, de se dire qu’il agissait toujours ainsi alors que le père en question était en train d’organiser son propre mariage forcé en parallèle. « Et je savais que tu allais argumenter en disant ne rien avoir pour accueillir un chiot, c’est pour ça que je suis venu avec un sac bien rempli. » Il vint laisser tomber sur le parquet le sac qui lasserait son épaule jusque maintenant, ce dernier étant rempli de jouets et tout matériel nécessaire afin de venir accueillir un chiot sur les trois prochains jours. Ensuite, Saül était un grand garçon et serait capable de s’occuper de la suite tout seul.

L’un des jouets vint d’ailleurs se précipiter hors du sac plus rapidement que prévu, et ce fut le signal pour le chiot que la soirée jeu était lancée - alors qu’à côté de lui, les deux hommes peinaient à avoir ne serait-ce qu’un semblant de conversation. « Est-ce qu'il a un nom, au moins ? » Damon vint secouer la tête. « Je pense que le refuge a du lui en donner un, mais j’y ai pas prêté attention. Je suis sur que tu sauras trouver quelque-chose qui lui conviendra à la perfection. » Snitch serait un surnom parfait pour le canin, par exemple. « Les seuls chiens avec lesquels j'ai vécu étaient des chiens de chasse. Nous avions interdiction de nous en approcher. » Le regard du jeune homme vint se porter tour à tour sur Saül, puis sur le chiot, avant qu’il ne décide finalement de se baisser également afin d’être à la hauteur des deux autres. Attrapant le jouet déjà presque déchiqueté par l’animal, il vint le faire tourner au dessus de sa tête. « Lui est adorable comme tout, tu verras. » Il s’avançait beaucoup, Damon, avec de telles paroles - après tout, il ne connaissait l’animal que depuis une heure ou deux, tout au plus. « J’aurais imaginé grand-père autoriser plein de chiens à courir dans la maison, je suis surpris. »