Avril, 2021. L’heure approche. Tu jettes un dernier coup d’œil à ton téléphone, empoche ton sac à dos et passe le cadre de la porte. Ce n’est pas bien long, car ton studio fait tout juste la taille d’une grande pièce. Dehors, l’air est frais, et tu te félicites d’avoir mis ta veste. Holden. C’est chez lui que tu te diriges ce soir. Un effort pas évident pour toi qui est si réticente à faire un pas vers les gens. Mais bien nécessaire, nécessaire car vous vous connaissez depuis au moins dix ans, nécessaire car tu l’as laissé sans nouvelles depuis presque un an. C’est même lui qui t’a surprise d’être revenue à Brisbane sans un mot. Tu ne sais pas comment il va le prendre, pourtant tu le connais très bien mais les gens peuvent être des créatures imprévisibles. Tu t’en veux certes, de ne pas avoir donné de nouvelles comme ça, mais en même temps c’est dans ta nature. S’accepter comme on est, n’est-ce pas? En à peine deux-trois minutes, te voilà devant sa porte. 52 rue Kent Street. Une histoire de quelques foulées car ton adresse se trouve littéralement juste au bout de la rue. Tu te surprends même que ça ait pris presque un an avant que vous ne découvriez tous les deux habiter dans le même quartier. La logique dit que vous auriez dû vous croiser au moins une fois depuis le temps, mais la vérité est que tu ne sors pas souvent. Du moins, pas en plein jour.
Tu toques à sa porte, deux petits coups secs mais bien distincts. Tu t’attendais à être réticente et à avoir hâte de rentrer chez toi, ce n’est pas contre Holden mais voilà, tu as envie de solitude ces derniers temps. Mais pourtant, c’est presque de l’excitation que tu ressens, une sorte de joie mélangée à une nostalgie de ne pas avoir vu quelqu’un depuis longtemps. C’est même le sourire aux lèvres que tu te présentes devant lui lorsqu’il ouvre la porte, avec une attitude presque décontractée. Tu n’es pas comme ça normalement, pas si à l’aise, mais tu sais que tu peux être toi-même devant ton vieil ami. Grand, mince et blond, c’est bien Holden que tu reconnais devant toi. D’un coup, le stress retombe, et tu retrouves celui que tu connais depuis si longtemps. « Salut, Holden. Je peux rentrer? Il fait un peu froid dehors. » Fait comme chez toi, qu'ils disent.
Comment il avait mis le foutoir en l’espace d’une soirée. C’était assez simple, il accueillait un groupe d’amis, ils commandaient des pizzas, des boissons, et ils se posaient dans le salon, avec de la musique, à jouer à des jeux vidéo et sociétés à refaire le monde, pour finir par danser, en poussant les meubles pour faire un peu de place. Les cadavres de boîtes de pizzas, de sachets de chips sur le sol, marquer la présence de cette soirée. Tout le monde s’était enfui quand il est question de ranger. Et Holden n’avait pas le courage de le faire hier soir ou plutôt ce matin. Il n'en avait toutefois pas plus, en se levant. Mais l’appartement était un foutoir sans nom, dont il avait honte. Il n’était pas le monsieur propre, accro au ménage, mais il y avait un minimum. Donc il s’attela à la tâche sur un fond de musique, une playlist à son goût, appeler sans la moindre recherche « ma motivation » qui était composé de pop rock, alternatif. Composer de musique plus ancienne que moderne. Holden écoutait des choses variées, ne se fixait pas de genre. Bien souvent intéressé par le son, et par la voix. Si il n’avait pas eu autant d’activité, il se serait certainement laissé tenter par la musique. Mais amateur, et simple oreille musical n’était pas mal.
Encore en pyjama et décoiffer, faux pic pouvait en témoigner, Holden n’attendait pas de visite, donc c’est surpris qu’il entendît un coup à la porte. Holden avait pensé qu’un de ces amis avait oublié un truc chez lui… Ce n’était pas rare. c’était même à chaque fois. Donc ils n’allaient pas jouer les surpris si il le trouvait en tenue de combat. Sauf que ce n’était pas un de ces amis. Il s’était rendu compte de son erreur dès l’instant où une tête brune, féminine de présenter devant lui. Wolfie. Son absence de nouvelle, Holden l’avait pris pour… Tout simplement, couper les ponts. « Wolfie.. » Est-ce qu’il se sentait blessé ? Non pas tellement elle devait avoir ses raisons, même si, il aurait aimé avoir autant de facilité à tourner la page. « Euh… non, tu n’as plus ce droit depuis un an... » Bien sûr, il ne le pensait pas et le sérieux faisait penser que… Mais il s’écarta tout de même pour la laisser entrer. « Qu’est-ce qu’il t ‘amène depuis tout ce temps ? Excuse-moi pour ma tenue, et l’appart… À vrai dire, je n’attendais pas de visite. » Il n’était pas froid dans ces paroles, mais plutôt curieux.
Tu n'as pas la jugeote facile. À vrai dire, tu ne juges pratiquement jamais, sauf lorsqu’il s’agit d’injustice. Peut-être est-ce parce que tu as toi-même aussi peur du regard des autres, que tu ne t’autorises à porter sur eux que des regards neutres et bienveillants, dans la mesure du possible. C’est donc avec une certaine curiosité que tu entends des bruits émaner de l’appartement de Holden. Tu te penches légèrement vers l’avant pour tendre l’oreille vers ce qui ressemble à de la musique. La tête collée contre la porte, tu fermes les yeux et te laisse emporter par la mélodie, oubliant presque que tu viens de toquer à la porte et qu’Holden pourrait ouvrir d’un instant à l’autre. C’est d’ailleurs ce qui fini par arriver, et malgré le fait que tu tentes de te relever subitement, tu perds l’équilibre et manque tomber à la renverse. Tu reprends l’équilibre rapidement et te remet droit sur tes pieds, espérant qu’il n’ait rien remarqué. Lorsque tu relèves les yeux cependant, tes inquiétudes sont rapidement balayées par quelque chose de plus préoccupant. Holden se tient devant toi, bien debout et vivant, mais il y a quelque chose chez lui à cet instant précis qui te rappelle un homme des cavernes. Cheveux en bataille, vêtu d’un vieux pyjama. Tu crois même distinguer des boîtes de pizza derrière lui, quelque part entre deux meubles. Tu tentes de le regarder droit dans les yeux, sans ciller et c’est l’un des moments ou tu te remercies d’avoir un esprit ouvert qui ne juge pas facilement. Même si au fond de toi, tu meurs d’envie de lui demander comment il va, ou s’il est peut-être tombé dans la boisson, qui sait.
C’est un regard fixe qu’il te jette, un regard qui te rend mal-à-l’aise. Les secondes s’allongent, et tu te demandes presque si venir ici n’était pas une erreur finalement. « Wolfie. » Tu te grattes nerveusement le derrière de la tête, jetant un regard nerveux au sol. Tu n’oses pour l’instant pas affronter son regard. Car le regard droit dans les yeux, ce serait voir sa déception à ton égard, face à ton départ subit et avouons-le, très lâche. Tu vacilles presque devant lui et ton excitation d’il y a quelques instants seulement part en fumée d’un coup lorsque tu l’entends te dire que tu n’es pas la bienvenue. Pire encore, que tu n’es plus la bienvenue. Si tu ne savais pas à quelle réaction t’attendre, tu ne t’attendais certainement pas à cette réaction-là. C’est un vague sourire que tu lui lances alors que tu t’apprêtes à faire demi-tour pour rentrer chez toi. Ses paroles sont claires et tu n’es pas du genre à insister. Le regard des autres est important pour toi et celui que te lance Holden à cet instant précis est insupportable pour toi. Finalement, il s’écarte pour te laisser entrer. Tu écarquilles légèrement les yeux en le dévisageant. « Tu es sûr? » Comme si tu t’attendais à ce qu’il te jette réellement à la porte. Tu décides de rentrer quand même, alors qu’il te demande ce qui t’amène ici depuis tout ce temps. Évidemment, tu te doutais qu’il ne te reprendrait pas sans rien dire. Qu’il demanderait des explications. C’est moins évident d’en donner, surtout lorsque tu ne le sais pas toi-même. C’est qu’il y a des choses qui ne s’expliquent pas, et surtout des choses auxquelles Holden n’est pas au courant. Comment expliquer qu’après t’être fait agresser, tu avais besoin de couper contact avec ta vie d’avant. « Désolée de m’être présentée à l’improviste comme ça. J’avais pensé appeler, mais je me suis dit que c’était plus simple comme ça. » Plus simple comment? Évidemment que ça aurait été plus simple d’appeler. Mais tu n’es pas très bonne avec les mots. Une fois rentrée, tu te tournes vers Holden. « Tu me manques. » Dis-tu simplement pour répondre à sa question. Il est drôle à voir comme ça quand même, en pyjama et la tête décoiffée.
Le temps ça pouvait paraître court, comme long. Sans nouvel de quelqu’un, c’était long. Les questions sans réponses pareilles. Holden avait peut-être un tord, il n’avait pas cherché à avoir plus de nouvelles. Au vue, ils s’étaient juste et simplement perdus de vue. Elle était partie du jour au lendemain, il avait cru qu’elle voulait changer de vie. Holden n’avait pas manqué le mouvement de Wolfie quand il avait ouvert la porte, il retenait juste au coin de sa tête, le moment idéal pour frapper. Ce n’était pas maintenant, alors qu’une tension était palpable, ça ne venait pas lui. Parce que dans le fond, il était plus surpris de la trouver au pas de sa porte, qu’il ne lui en voulait vraiment. Elle n’avait pas l’air sûr, sur la réservée. Elle l’avait toujours été, mais un peu moins avec lui. Aujourd’hui, Wolfie était… Différentes. Est-ce que c’était le temps, qui l’avait changé ? Holden ne l’était pas lui… C’était toujours le même, celui qui allait vers les autres, un sourire aux lèvres, comme maintenant pour mettre les gens en confiance. « Tu es sûr? » En regarda en arrière, un sourire en coin, il s’empêchait de le vers les yeux en l’air à cet instant. « Ce n’est pas toi qui avais froid, il y a deux secondes ? » Son ton étai malicieux, bien sûr. Il n’allait pas la laisser dans le froid, parfois, il pouvait être froid mais à laisser quelqu’un dans la difficulté. Et puis malgré le silence radio, ça restait Wolfie, ils avaient un passé. « A moins que ne souhaite pas jouer les voyeuses derrière la porte ? Tu feras attention la prochaine, il est toujours préférable de le faire avant d’avoir frappé » Un clin d’œil au passage, loin d’être un reproche. « C’est juste un conseil… d’ami » Ami ? Est-ce qu’ils l’étaient encore… Il avait le droit de se poser cette question, après tout.
Pour lui, ça ne changeait pas grand-chose. Il fermait la porte derrière elle. Il n’était pas vraiment gêné par l’état de son appartement, à moins quand le trouve désordonner et souillon. Si on le connaissait bien, on savait que cette idée était à avorter. Son boulot, c'était d’être ordonné, et organiser, dans la vie s’était exactement pareil. Il avait seulement des amis qui s’étaient un peu trop… Investi. « Désolée de m’être présentée à l’improviste comme ça. J’avais pensé appeler, mais je me suis dit que c’était plus simple comme ça. » Holden ramassait les quelques affaires, enfin boites qui se trouvaient à encombrer les lieux ou s’asseoir. Une fois dégager, il lui fit signe de s’installer, enfin si elle le voulait. Il ne savait pas comment réagir avec Wolfie. « Tu as toujours mon numéro ? » Il la taquinait un peu. Lui en vouloir, il y avait pensé. Mais pourquoi ? Mais c’est elle , finalement qu’il l’avait pris dans son propre jeu. « Tu me manques. » Lui qui se grattait la tête à cet instant, gêné. Il n’avait jamais été doué pour les effluves de sentiments. Qu’est-ce qu’il pouvait répondre ? Qu’est-ce qu’on répondait à cet instant ? À part avoir le trait, un peu plus amical, mais il les avait déjà depuis quelques minutes. « Ouai… »Moi aussi aurait été une réponse plus logique, la voix l’indiquait tout comme, mais les mots ne sortaient pas. Holden ne lui apprenait rien de nouveau. Il s’agitait d’un seul coup, comme si il y avait un feu, et qu’il fallait sortir, il connaissait trop bien le malaise. Finalement, ils échangeaient à cet instant les rôles. Alors qu’il était été chez lui, il aurait dû se sentir en pleines conquêtes. Et bien non. « Tu es venu pour me dire ça ? » Son regard était fuyant, se préoccupant d’autre chose de son invité, comme si, il y avait bien plus intéressant. « Effectivement, le téléphone était bien mieux, je pensais que tu voulais m’expliquer... » Et puis, finalement, il s’arrêta là comme ça, en plein milieu de la pièce, comme s'il venait d’être pris d’une révélation. « Le téléphone aurait été mieux pour dire ça…. Tu veux boire quelque chose ? Je crois qu'on en a besoin tous les deux... » Il n’était rien finalement, pour avoir des explications.
« Ce n’est pas toi qui avais froid, il y a deux secondes? » Tu hausses les épaules dans un geste pas très convaincant, mais ne te fais pas prier davantage et passe le cadre de porte, pas très sûr de toi toutefois. C’est que même si l’on est en Australie en pleine saison estivale, les nuits sont fraîches et ce soir l’est tout particulièrement. « À moins que tu souhaites jouer les voyeuses derrière la porte? Tu feras attention la prochaine fois, il est toujours préférable de le faire avant d’avoir frappé. C’est juste un conseil… d’ami. » Cette fois, la gêne t’emporte. Tu ris nerveusement, te grattant à nouveau le derrière de la tête, t’emmêlant les cheveux au passage. « Ah, tu m’as vu? C’est que, je me demandais si tu étais bien là. » Mensonge. Avec toute la musique, certainement que tu savais qu’il était bien là. Mais la vérité était plutôt que tu ne le reconnaissais pas dans ce bordel. Toi qui avais connu un Holden si organisé, méticuleux à parler de ses étoiles avec lui-même des étoiles dans les yeux, le voir vivre dans cet environnement presque insalubre était pour toi quelque chose d’étrange, presque inquiétant. Ce qui t’inquiète davantage cependant, c’est ce temps d’arrêt. Un conseil… d’ami. L’inquiétude t’emporte, cela paraît dans ton visage. Mais tu ne sais pas comment l’exprimer. Alors tu chuchotes simplement « Wolfie, l’amie de Holden. » Un murmure presque imperceptible, peut-être même ne l’a-t-il pas entendu. Si autrefois Holden était devenu ce que tu avais le plus près d’une famille et qu’il avait été l’un des premiers à t’accepter comme tu es, l’un des premiers avec qui tu t'étais sentie vraiment à l’aise, aujourd’hui l’atmosphère était beaucoup plus calme, presque tendue, un certain malaise planant au-dessus de vos têtes. Tu aurais aimé reculer le temps, faire les choses différemment, mais cela n’était hélas pas possible.
Tu le regardes faire le ménage rapidement autour de toi alors que tu t’excuses de t’être présentée à l’improviste. Appeler Holden, c’était bien une pensée que tu avais eue à de nombreuses reprises, mais au bout d’un certain temps, le poids devient trop lourd à porter et ne pas appeler devient chose plus facile. « Tu as toujours mon numéro? » Tu hésites, toi-même incertaine tellement ça fait longtemps. « Ça dépend si c’est toujours le même numéro. » Tu t’énerves toi-même, à donner des réponses qui n’en sont pas vraiment unes. « Oui, il est toujours là, quelque part. » Pour répondre à sa question de la raison de ta présence, cette fois tu réponds avec beaucoup plus de franchise. Il te manque, c’est bien vrai, même si cela ne paraît peut-être pas. Tu n’es pas émotive, seulement honnête. Mais sa réponse est comme un second coup de couteau. « Ouai… » Une phrase pas très convaincante, une intonation qui l’est tout autant. Toi qui le connais si bien, ou plutôt qui le connaissait si bien, tu reconnais de la nervosité chez Holden. Une attitude qui ne trompe pas. Il se tient debout devant toi, l’air de se tortiller sur place, se grattant nerveusement la tête. À cet instant précis, il semble tout aussi vulnérable que toi. « Tu es venu pour me dire ça? Effectivement, le téléphone était bien mieux, je pensais que tu voulais m’expliquer… Le téléphone aurait été mieux pour dire ça. » Tu t’assois mollement sur le canapé dans un espace libéré par Holden, lui lançant un sourire pas très convaincant. « Il aurait fallu dire moi aussi. » Tu ne parles pas très fort, comme si parler te coûtait une énergie dont tu ne disposais pas actuellement. Des explications, bien évidemment qu’il en veut. Tu espérais ne pas avoir à en donner par un quelconque miracle, ne sachant pas vraiment quoi dire, mais tu sais qu’il faudra en arriver là à un moment ou à un autre. « Tu veux boire quelque chose? Je crois qu’on en a besoin tous les deux. » Tu hoches la tête, fermant les yeux le temps du geste. Puis tu regardes Holden s’éloigner, le moment pour toi de respirer un peu, de reprendre tes esprits. Tu savais que cette rencontre allait te coûter, tu ne savais juste pas à quel point. Mais c’était comme un pansement qu’il fallait arracher. Tu réfléchis à ce que tu peux bien lui dire pour expliquer l’inexplicable. Lorsqu’il revient, tu ne le laisse pas placer un mot. « Je sais que tu attends des explications. Alors je vais essayer de t’en donner. » Tu marques une courte pause, qui ne dure pas plus d’une seconde. Prendre une pause, c’est prendre le risque de t’arrêter, et tu ne veux pas ça. « J’ai dû partir. Après que ma mère ait été muté à Brisbane, quand on s’est rencontré, mon retour à Sydney ne s’est pas bien passé. J’ai fait comme j’ai pu mais Sydney, Brisbane, ce n’était plus possible pour moi. J’avais besoin de séparation, de m’éloigner. » Tu le regardes dans les yeux, pas certaine que ce soit suffisant. « Je savais pas comment t’en parler. »
« Ah, tu m’as vu? C’est que, je me demandais si tu étais bien là. » Bien sûr qu’il l’avait vu. Est-ce qu’ils allaient se mentir comment ça, durant un moment ? Est-ce qu’à chaque fois qu’elle allait passer la porte, elle lui sortirait une excuse comme celle-ci ? Est-ce qu’il devait s’attendre à ce qu’elle continue à mentir ? Car, au fond ça en était un, il le savait. La musique était un signe de sa présence. Il hésita donc à répondre, à réfléchir sans être désagréable… Ou était le temps ou la conversation était facile ? Ou les mots pouvaient sortir sans avoir aucun remords. Jusqu’à maintenant, Holden n’avait jamais eu de mal à contrôler ce qu’il avait à dire et surtout pas avec Wolfie. La conversation n’avait pas été facile au début, retrancher sur elle. Mais force de patience, les choses s’étaient faite naturellement. « La musique n’était pas un indice ? Est-ce qu’on va continuer à se mentir Wolfie ou pour une fois, on va jouer les adultes ? j'aime bien les devinettes, faire marcher mon cerveau, mais aujourd'hui, je passe mon tour... » Il avait bien le droit à une part de vérité, au moins ça ! Il n’était pas du tout amer, bien au contraire, devant le mal à l’aise de Wolfie, il n’avait pas besoin d’en rajouter, en l’accablant. Il était juste calme que ça en était déstabilisant. « Wolfie, l’amie de Holden. » Il devait bien avouer qu’à cet instant, il l’avait regardé en deux fois. Pas sûr d’avoir entendu ce qu’elle venait de murmurer. Froncer les sourcils dans une incompréhension. Ami… Le mot voulait tout dire pour certaines personnes. Pour Holden, c'étaient des mots qu’il pesait et qui étaient réfléchis. Loin d’être des paroles en l’air. Et pourtant, il restait silencieux dans cette confidence personnelle.
« Ça dépend si c’est toujours le même numéro. » En d’autres thèmes, il lui aurait certainement dit, qu’il fallait qu’elle tente sa chance. La vie était majoritairement de la chance et de coup bien placé comme aux échecs. Ces échecs ou ils avaient passé des heures à se défier. Perçant la stratégie de l’autre, ou rendre les coups. Est-ce qu’ils n’étaient pas en train de faire la même chose, à cet instant? Le jeu n’était pas loin de la réalité finalement. « C’était trop dur d’appuyer sur la touche appel ? » Loin d’être un reproche, puisqu’il l’accompagnait d’un sourire, même si, il y avait de amertume dans le fond. Ce qui le surprenait tout autant, c’est de la trouver ici, assis sur ce canapé, après des mois, des années. Si elle ne voulait pas revenir, pourquoi était-elle là ? « Il aurait fallu dire moi aussi. ». Holden l’avait assez entendu, pour lâcher un son, un rire entre ses lèvres, désabusé. « Je n'ai pas d'explication à te donner mais... Je ne dis jamais ce qu’on aimerait entendre. Wolfie tu le sais aussi bien que moi … . Moi aussi, tu m’as manqué ? C'est ce que tu veux ? » On lui reprochait souvent de ne pas l’être… Sentimentale. La vérité, c’est qui en avait fait les frais, qu’il avait vu le désastre. Il préférait être dans la sincérité, que dans le mensonge. Il s’accorda un moment pour s’asseoir, après avoir fait un peu de place, sur la petite table en face du canapé. « Je ne pense pas vraiment que ça a de l’importance. Ça ne change rien à la situation. Je suis content que tu sois là, c’est tout ce que je suis capable de te dire maintenant. » Et c’était bien assez. Parce qu’elle allait certainement repartir, encore une fois, sans un mot. Elle l’avait fait une fois pourquoi pas deux ? Les gens gravitaient autour de vous, ils partaient, d’autres revenaient et prenaient la place. D’autre plus fidèle, Holden avaient des amitiés qui duraient depuis des années. Wolfie en faisait partir… Du moins, c’est ce qu’il avait cru. Il le croyait encore même si, il avait été blessé par le geste. « J'ai trouvé d'autres adversaires à ta hauteur pour jouer aux échecs... » Ce n'était pas vrai, malgré la pointe d'humour, un trait que caractérisait Holden quand les choses étaient beaucoup trops sérieuses. Il se contenta de faire un signe de tête, en réponse à la sienne. Et de partir, pour prendre de quoi boire. Mais quoi ? À vrai dire, il n’en avait pas envie lui-même. Et si Wolfie était, au premier abord la même, elle était… Ce qui se rapprochait de plus à une connaissance, un voile frôlant avec l’inconnue. Mais ça lui permettait également de reconstruit ce mur impassible qu’il avait arborait en ouvrant cette porte. Car il se figurait à mesure de la conversation.
Verres, deux bouteilles de jus de fruit en main et de l’eau, c’est ce qui lui semblait la meilleure proposition. Parce que si, il passait à cet instant, pour un bordélique. Il ne voulait pas passer en prime pour un alcoolique. Alors que rien n’était vraiment vraie, là dedans. Il sortait oui, buvait quelques verres pour l’occasion, mais ça en restait là. Et puis la conversation était déjà assez compliquée comme ça. Il n’avait pas envie d’en rajouter. « J’espère que ça te va ? Il me semble que tu as un faible pour celui-là ? À moins que ça est changé ? » A la fin de sa phrase, il la sonda de son regard. Une vérité, un fait qu’il ne s’était pas trompé. Une réminiscence d’un souvenir en commun, dont il avait espoir qu’il ne soit pas perdu. « Je sais que tu attends des explications. Alors je vais essayer de t’en donner. » Oui, c’est vrai, il n’allait pas le nier mais... « Je ne te demande rien... » Sa voix paraissait ferme. Après tout, il n’avait pas vraiment de droit d'en demander. Mais ça avait l'air de lui tenir à coeur, il ne cherchait pas à la couper. Peut-être qu’au fond ça l’arrangeait bien. Une pointe de curiosité, de mettre des mots à cette absence. « J’ai dû partir. Après que ma mère ait été muté à Brisbane, quand on s’est rencontré, mon retour à Sydney ne s’est pas bien passé. J’ai fait comme j’ai pu, mais Sydney, Brisbane, ce n’était plus possible pour moi. J’avais besoin de séparation, de m’éloigner. » Il gardait le silence, pensant ces mots, les phrases qu’elle venait de prononcer avec l’intuition qu’elle n’avait pas tout dit. Qu’elle cachait une part de vérité. Sa tête se baissa, sur ses mains qu’ils venaient de croire dans un souffle. Ce souffle qui lâchait ses nerfs déjà mis à rude épreuve pour la journée. « Comme aujourd’hui simplement... » Il n’avait pas plus changé d’hier à aujourd’hui, il l’aurait écouté comme il le faisait aujourd’hui. À chercher à comprendre pourquoi ? Il ne l’aurait pas retenu. Ça aurait mal venu de sa part, quand lui y avait pensé à le faire, bien des fois. Le passé trop lourd pour pouvoir le gérer. À la différence, peut-être c’est qu’Holden avait du monde pour l’entourer. « Il y a une raison à ce départ ? Quand tu dis séparation, besoin de t’éloigner, qu’est ce que tu veux dire ? Tu es parti où ? » Sa voix plus calme, poser qu’au début de l’échange.
« La musique n’était pas un indice? Est-ce qu’on va continuer à se mentir Wolfie ou pour une fois, on va jouer les adultes? J’aime bien les devinettes, faire marcher mon cerveau, mais aujourd’hui je passe mon tour. » Tu clignes des yeux, le regarde avec incrédulité. Pourtant après toutes ces années, tu aurais dû te souvenir de sa franchise. Car oui, tu te souviens bien que Holden eût toujours été honnête, c’était d’ailleurs une qualité que tu appréciais fortement chez lui. Tu avais simplement oublié qu’il était si honnête. Ou peut-être l’était-il devenu davantage avec le temps? Tu ne saurais pas dire. Tu hoches simplement la tête, fermant les yeux le temps du mouvement. « J’imagine que la musique était un indice, oui. » De ton côté, être direct ce n’est pas trop ton fort. Pas que tu sois malhonnête, loin de là, mais il y a un sentiment de confrontation que tu n’aimes que peu ressentir. D’avoir eu Holden dans ta vie, ça t’avait justement aidé à t’affirmer davantage. Du moins, du temps qu’il était là. « C’est pour ça que je suis là. Mettre les choses à plat. » Tu dois avouer que sa réaction te secoue un peu, pour le moins tu n’en laisse rien paraître. Lorsqu’il te demande si tu as toujours son numéro, voilà que le sentiment de malaise revient. Tu contournes un peu la question, répondant par l’affirmative dans un voile déguisé. « Ça dépend si c’est toujours le même numéro. » Tu n’es pas lâche. Tu le sais. Sinon, tu ne serais pas là. Même si ces discussions ne sont pas faciles, surtout quand tu dois parler de toi, tu ne cherches pas à fuir la situation. Du moins, plus maintenant. Seulement, le prendre de front actuellement est chose trop difficile. Alors tu t’approches de lui à petits pas, en te mettant un peu sur le côté, histoire que tout ne t’éclate pas à la figure. Et surtout car simplement voir Holden après toutes ces années, c’est assez déstabilisant comme ça. « C’était trop dur d’appuyer sur la touche d’appel? » Tu ne t’attendais pas à un accueil chaleureux. Après toutes ces années, tu as bien conscience que tu n’es pas en droit de t’attendre à quoi que ce soit. Alors, tu encaisses toutes ses remarques sans rien dire. Tu déglutis, comme si ça allait t’aider. « Oui, justement. C’était trop difficile, justement. » Cette fois, tu es bien honnête. « Je n’ai pas d’explications à te donner mais… Je ne dis jamais ce qu’on aimerait entendre. Wolfie, tu le sais aussi bien que moi… » Oui, c’est vrai. Même si tu as cette impression actuellement d’avoir un inconnu en face de toi, tu sais que personne ne te connaît aussi bien que lui. Et inversement, enfin tu n’en es plus tout à fait certaine à l’heure actuelle. « Moi aussi, tu m’as manqué? C’est ce que tu veux? » Tu as envie de lui dire que tu n’attends rien du tout, mais les mots n’arrivent pas à sortir de ta bouche. Sans doute car tu sais que ce n’est pas vrai. Sinon, tu ne te serais pas présenté là, devant sa porte. Alors tu choisis de faire fi de sa dernière question et de simplement répondre à ses premiers propos. « Même si c’est vrai, tu ne le diras pas? Même si tu le penses, tu ne le diras pas quand même? Simplement pour quoi. Ne pas dire ce qu’on aimerait entendre? » Le nœud dans ta gorge semble s’être dénoué à présent et tu t’exprimes avec beaucoup plus de liberté. « Sauf si ce n’est pas le cas. » Tu prononces ces mots sur un ton plus faible. Tu restes debout face à Holden, et tu n’as pas l’intention de craquer. Mais la vérité c’est que ses mots t’achèvent comme à coups de couteau. « Je suis content que tu sois là, c’est tout ce que je suis capable de te dire maintenant. » Tu hoches la tête à nouveau, cette fois en gardant les yeux bien ouverts. Tu le sens sur ses gardes, et en même temps tu ne lui en veux pas. Tu réagirais sans doute pareil, si c’était la situation inverse. Tu es déjà surprise qu’il t’ait laissée entrer et qu’il accepte de t’écouter, c’est un début. Sans t’en rendre compte, ton regard a migré vers le sol, vers un coin du mur. Comme si tu prenais une pause, un retrait de quelques secondes. Si la franchise est naturelle pour Holden, pour toi elle est un peu plus coûteuse. « J’ai trouvé d’autres adversaires à ta hauteur pour jouer aux échecs… » Cette fois, tu te relèves, bien droite. Tu clignes des yeux, le regarde avec surprise. « C’est vrai? » Au fond de toi, une pointe de jalousie et un pincement qui fait mal. En même temps, encore une fois, tu ne peux pas lui en vouloir. Même si c’était vrai, il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre. En t’éloignant comme ça, tu as laissé la porte ouverte à d’autres pour te remplacer. Tu adoptes une moue bougonne, un peu comme un enfant, les bras croisés et détournant ton regard de Holden. « De toute façon… C’était agréable de jouer avec toi mais j’ai beaucoup progressé aux échecs, dernièrement. » Tu jettes un rapide coup d’œil vers lui, pour sonder sa réaction. Tu l’agaces, certainement. De l’humour, tout simplement.
Tu le regardes se tourner dos à toi, s’avancer sans doute vers la salle à manger pour prendre de quoi boire. Tu observes le salon quelques instants, pour chercher un endroit où t’asseoir. Tu te pose finalement sur le bout du canapé, attendant qu’il revienne. Mentalement, tu te prépares à ce qui s’en vient. Car au fond, la vraie raison pour laquelle tu n’as pas donné de nouvelles toutes ces années, c’était pour ne pas avoir à expliquer à Holden ce qui s’était vraiment passé. Même ici, tu espères encore pouvoir t’en tenir à des explications simples. Tu entends quelques sons, et réalise qu’il est de retour, posé juste devant toi. Tu lèves les yeux vers un grand gallon de jus d’orange et une bouteille d’eau. « J’espère que ça te va? Il me semble que tu as un faible pour celui-là? À moins que ça ait changé? » Tu souris. « Non, c’est parfait. Je n’aime pas plus l’alcool que je l’aimais par le passé. Le jus d'orange, c'est beaucoup mieux. » Ça fait au moins une chose qui n’a pas changé, ni pour lui ni pour toi. « Je sais que tu attends des explications. Alors je vais essayer de t’en donner. » Tu te grattes la gorge, le regardant se faire une place pas très loin sur le divan pour s’asseoir. « Je ne te demande rien… » Tu secoues la tête. Il a l’air bien calme mais au fond, tu n’en crois pas un mot. Avant qu’il dise quelque chose d’autre, tu commences, lui expliquant les grandes lignes sans vraiment aller dans les détails. Tu es bien honnête, c’est véritablement ce qui est arrivé. Tu avais besoin de prendre de la distance avec ta vie d’avant, de t’éloigner de tout ce qui pouvait s’en approcher. Malheureusement, Holden également. Une fois tes explications terminées, tu tournes ton visage vers lui. C’est la tête baissée vers ses mains que tu le découvres. « Comme aujourd’hui simplement… » Tu secoues la tête à nouveau. « Non, pas comme aujourd’hui. J’ai changé. La situation a changé également. Je n’ai plus envie de fuir. » Tu sais que ce soir sera ta seule chance de t’expliquer et de lui faire comprendre que tu es là pour de bon. Que tu n’as plus l’intention de partir. Alors pour une fois, tu t’attelles de tout ton courage et tu essaies de faire les choses correctement. « Il y a une raison à ce départ? Quand tu dis séparation, besoin de t’éloigner, qu’est-ce que tu veux dire? Tu es parti où? » Sa voix est calme. De ton côté, tu es prise au dépourvu. Miroir à Holden quelques instants plus tôt, ta tête se baisse vers tes mains que tu entrelaces, jouant avec tes doigts dans un geste de nervosité. « Il s’est passé quelque chose qui m’a blessée et par la suite, j’ai été incapable de rester. » Tu ne sais pas vraiment comment répondre. Tu n’as pas envie de tout dire. Vous n’êtes plus aussi proches qu’avant, c’est quelque chose qui prendra du temps. Tu espères seulement que cette réponse lui suffira. « J’avais seulement envie de partir. Je pense que tu étais la seule personne vers qui j’aurai eu envie de me tourner à ce moment mais je voyais pas d’autres solutions que celle-là. Alors je suis quand même partie. Un peu partout… j’ai voyagé beaucoup. » Tu marques une pause, regardant à nouveau tes mains entrelacées. « J’ai continué de jouer aux échecs… entre-temps, je pense t’avoir dépassé. » Un rictus se dessine sur le coin de tes lèvres alors que tu lui jettes un regard en coin, pour l’agacer.
Il savait que sa franchise pouvait refroidir, même si parfois, il essayait de se contrôler. Parfois même déroutante, qu’il pouvait paraître dure parfois. La vérité, ce que le plus souvent quand il employait cette diversion, pour cacher qu’il était blessé. Ou même la moindre faiblesse d’ailleurs. Wolfie avait refroidit par cette vérité qui venait de franchir ses lèvres. Une alerte dont Holden, jugea bon, de maîtriser. Un soupir lasse, ou résigner, peut-être que cette fois, il avait été un petit peu trop loin. Mais il ne pouvait s’empêcher, d’avoir une certaine vague à l’âme. « C’est pour ça que je suis là. Mettre les choses à plat. » . Il ne pouvait approuver ces paroles. Ils avaient beaucoup de choses à se dire. Et pourtant, tout ça semblait compliquée. Holden savait qu’il ne fallait pas la brusquer, il avait appris l’observer par le passé. Elle n’avait pas beaucoup changé aujourd’hui. Il avait même l’impression que ça avait empiré avec le temps. Tout ce qu’il allait obtenir et finalement qu’elle mette un point final à sa venue. Partir, sans qu’il n’ai la moindre explication. C’est tout ce qu’il aurait gagné. « Ça dépend si c’est toujours le même numéro. » Il leva les yeux au ciel, cette éternelle question. Il lui faisait comprendre qu’il n'y avait qu’un moyen de le savoir, c’était de passer à l’action. Mais elle n’avait pas l’air d’avoir compris. Peut-être qu’il n’avait pas été assez clair. Pourquoi le faire quand on pouvait faire simple. Il soupira pour lui-même. « Oui, c’est toujours le même, je n’ai rien changé... » Il ne parlait pas que de son numéro. Parce que pour lui, rien n’avait changé depuis des années. Sa vie ressemblait toujours à la même chose, avec très peu d’évolution. Se complaisant presque dans là dedans. Pourquoi ? Parce qu’il avait ce petit truc de rassurant. Parce qu’il n’avait pas l’impression de perdre de pieds à chaque instant. « Oui, justement. C’était trop difficile, justement. » Difficile de quoi ? C’est exactement ce qu’il cherchait à savoir. La cause ? Il leva les yeux au ciel, parce que ce sujet le lasser. Parce qu’elle ne répondait pas exactement à ces questions. Trop évasif. Soit, il n’aura certainement pas de meilleur explication. Alors Holden allait devoir se contenter de ça. Mais alors qu’est-ce qu’elle faisait là ? Reprendre là, où ils s’étaient arrêtés sans rien demander. Il pourrait le faire ? Mais ça serait faire semblant, semblant que tout allait bien. Et Holden le faisait un peu trop dans sa vie, dans son couple, dans sa famille. Ouai tout va bien… Que des mensonges. « Même si c’est vrai, tu ne le diras pas? Même si tu le penses, tu ne le diras pas quand même? Simplement pour quoi. Ne pas dire ce qu’on aimerait entendre? » Holden la regardait d’une autre façon. La tête penchait légèrement sur le côté, son regard plantait sur elle. Un rictus au coin des lèvres. Est-ce qu’elle échangeait les rôles là ? Il lui semblait bien. Et pourtant, ce silence s’étirait. Avant qu’il ne réagisse, en souriant. Un sourire, amusé. « Il n’y a pas qu’en échec qui tu as évolué… Donc on répond aux questions par d’autres d’accord. ! On reste sur le même objectif… Pourquoi, je le dirais ? Parce que parfois ça fait plaisir ou parce que ça flatte ? Est-ce que tu crois vraiment que ça soulage parfois, de savoir ? » Il arqua un sourcil, parce que la réponse l’intéresser. La vision, qu’elle se faisait, parce que ça allait révéler beaucoup de choses. « C’est vrai? » Est-ce qu’il allait jouer le rôle de la vérité ou mentir ? Est-ce qu’elle le méritait ? Même si, il voyait qu’il avait touché un point sensible. Holden se souvenait de ces parties entre eux. De ces heures passaient a essayé de battre l’autre. « Non, je gagnais tout le temps, c’est devenu lassant. Il y avait aucun jeu en face... ». À un moment donné, il fallait bien dire la vérité. Ses amis jouaient pour lui faire plaisir, sans le moindre jeu. Il restait toujours les clubs, mais Holden avait montré beaucoup moins d’intérêt depuis plusieurs années, les boudant presque. « De toute façon… C’était agréable de jouer avec toi, mais j’ai beaucoup progressé aux échecs, dernièrement. » Il arqua un sourcil, amusé à cette phrase. Claquant légèrement sa langue contre son palais, pour sortir un brui de désapprobation. « Tu me provoques ou tu essaies d'amadouer ? » Pour une fois, il était sur le ton de l’humour, au abord de rivalité, qui restait toujours amicale. Depuis qu’ils se connaissaient.
À son retour, elle avait l’air ailleurs. Il ne savait pas où elle était partie au juste. Mais tout cas, elle n’était plus ici dans cet appartement. Holden devait certainement froncer légèrement les sourcils, comme si c’était une étrangère qu’il avait en face de lui. Elle était là physiquement, c’était la même. Mais plus du tout, la même personne. Elle avait quand même quelque chose de changer. Il préférait mettre la remarque de côté. « Non, c’est parfait. Je n’aime pas plus l’alcool que je l’aimais par le passé. Le jus d'orange, c'est beaucoup mieux. » Il n’avait pas oublié au moins l’essentiel. Il était presque soulagé de voir que certaines choses ne changeaient pas. De retrouver des habitudes, qu’ils avaient oubliées l’un comme l’autre. Finalement, ça avait quelque chose de réconfortant. Sur son accord, il en profita pour remplir deux verres, le premier qu’il tendait vers Wolfie. Qu’il rejoignait quelques secondes aven un deuxième verre. Ce dernier verre, il leva légèrement devant elle. « A la nôtre alors… C’est ce qu’on dit… ?! » Il n’attendait pas vraiment de confirmation de sa part. Une gorgée comme réconfort, quelque chose qui donnait un peu de courage pour la suite. Parce qu'ils avançaient dans la conversation, plus Holden trouvait que la conversation devenait dès plus éprouvante.« Je sais que tu attends des explications. Alors je vais essayer de t’en donner. » Oui, il ne cachait pas qu’il en voulait des explications. Il les attendait d’ailleurs avec une certaine impatience. « Non, pas comme aujourd’hui. J’ai changé. La situation a changé également. Je n’ai plus envie de fuir. » Là, ça devenait intéressant, Holden posa son verre , pour s’avancer, ses coudes posait sur ces genoux. À cet instant, il avait toute son attention. Oh, il ne jouait pas les curieux ! En fait, rien n’allait filtrer de leur conversation et à vrai dire, qui pouvait il bien en parler ? Non, elle avait éveillé un intérêt. Est-ce qu’enfin, il allait savoir la vraie raison de son absence ? « Il s’est passé quelque chose qui m’a blessée et par la suite, j’ai été incapable de rester. » Et bien visiblement non, un soupir traversa ses lèvres, avant de laisser son corps s’exprimer à sa place. C’est- dire, de s’effondrer sur un fauteuil à disposition. Ce n’était pas encore pour tout de suite. « D’accord, j’ai compris tu ne pouvais pas resté…. Mais ça ne t’empêcher pas de prévenir non plus. Et ça c'est quelque chose que je te reprocherais... » Elle n'arrêtait pas dire qu’elle ne pouvait pas rester, mais ça n’excusait pas tout. Visiblement, elle n’était pas prête de lui dire pourquoi ? « J’avais seulement envie de partir. Je pense que tu étais la seule personne vers qui j’aurai eu envie de me tourner à ce moment, mais je voyais pas d’autres solutions que celle-là. Alors je suis quand même partie. Un peu partout… J’ai voyagé beaucoup. » C’est certainement la seule réponse qu’il allait avoir aujourd’hui. « Tu sais quoi c’est bon, tu es désolé d’être parti, il le fallait et visiblement tu ne veux pas dire pourquoi ? Alors on va en rester là, parce qu'on tourne en rond... Tu dois avoir tes raisons. Et moi, je dois être là parce que tu es de retour. Tu comptes rester au moins cette fois-ci ? Que l’envie de voyage ne va pas te reprendre ? Wolfie je veux bien passé l’éponge cette fois, sans savoir pourquoi tu es parti. Mais me manger encore une fois, un mur et le silence, juste que tu en as besoin, non ? Je ne suis pas en libre-service quand tu sembles en avoir besoin ? » Il n’y avait même pas de colère dans sa voix. Ni animosité. Il était aussi calme et posait que d’habitude que ça le surprenait lui-même. Il posait juste ces conditions. Une ouverture peut-être à la faire rentrer une nouvelle fois dans sa vie. « J’ai continué de jouer aux échecs… Entre-temps, je pense t’avoir dépassé. » Son regard qui était à l’origine vers le plafond quand il prodiguait ces belles paroles. « Alors là ma belle, je pense que durant ton voyage, tu as perdu la tête ! Ou pris un peu trop la grosse tête. » Il se redressa, joueur. « La prochaine fois, puisque tu n’arrêtes pas de me défier, toi et moi devant un plateau où et quand tu veux ? Pour l’heure… Si tu es revenu, ça veut dire que tu avais une raison, je sais que je t’ai beaucoup manqué et que j’ai de beaux yeux, mais ce n’est pas la seule raison… ? Tu vis où ? Tu repris le logement de ta mère ? Et tu as voyagé où ? » Il en savait même pas si c’était un appartement, ou une maison, après ces années à se connaître.
Tu tournes autour du pot, tu le sais. Tu as cette façon de contourner les choses, de prendre les problèmes par le côté et jamais par devant; des réponses à demi-voilées, qui veulent dire quelque chose mais ne répondent jamais vraiment, du moins pas complètement. C’est ta façon à toi de gérer les conflits, ou plutôt ton incapacité à les gérer, justement. Et ça semble vraiment tomber sur les nerfs à Holden, qui soupire sans arrêt. « Il n’y a pas qu’en échecs que tu as évolué… Donc on répond aux questions par d’autres, d’accord! On reste sur le même objectif… Pourquoi, je le dirais? Parce que parfois ça fait plaisir ou parce que ça flatte? Est-ce que tu crois vraiment que ça soulage parfois, de savoir? » Cette fois, c’est à ton tour de soupirer. Si ses lèvres sont étirées dans un rictus plus ou moins réconfortant, tu te doutes qu’il ne parle pas sur le ton de la légèreté. Il a toujours été direct, Holden, et tu le sais. Pas le genre à lâcher des demi-mots comme toi, mais plutôt du type à être honnête et à aller au fond des choses. Si tu y étais habitué autrefois, voilà que c’est un apprentissage que tu devras recommencer à zéro. « Tu veux dire, est-ce que ça soulage de savoir, autant que ça te soulagerait toi de savoir pourquoi je suis partie? » Cette fois, tu le regardes droit dans les yeux. Car c’est beau, tu es partie, tu lui dois des explications, tu le sais. Mais s’il peut te dire tes quatre vérités, tu peux bien en faire de même. Mais tu sais que répondre par une autre question, il n’aime pas, et surtout que ce n’est pas la réponse qu’il attendait. « Bien sûr que ça soulage de savoir. De savoir si c’était la bonne décision de venir ici ce soir, si tu avais envie de me voir. Mais dans le fond, après toutes ces années, je peux pas t’en vouloir de ne pas pouvoir répondre à cette question, alors oublie ça tout simplement. » Cette fois, tu ne te défiles pas. Tu sais choisir tes batailles, tout simplement… sauf quand ça attrait aux échecs. « …Non, je gagnais tout le temps, c’est devenu lassant. Il y avait aucun jeu en face… » Ce à quoi tu ne peux pas t’empêcher de le taquiner, le provoquer un peu. Comme dans le bon vieux temps. Tu sais qu’il ne peut pas résister à l’appel de la compétition, vous avez toujours eu une belle amitié tous les deux mais ce que tu aimais avant tout chez Holden, c’est qu’il ne te faisait pas de cadeaux. Aux échecs, bien sûr. « Tu me provoques ou tu essaies de m’amadouer? » Tu adoptes une moue sarcastiquement hautaine, rictus aux lèvres, relevant ton avant-bras vers toi et détaillant tes ongles de la même façon que le ferais une diva beaucoup trop riche. « Ah, je cite simplement les fais. » Tu tentes un coup d’œil vers Holden, tâte le terrain. « J’essaie peut-être d’amadouer... peut-être. » Il s’attend à quoi là, que tu donnes une réponse claire? Tu es Wolfie, tu as quand même une réputation à préserver.
Tu t’es détendue un peu, depuis tout à l’heure. Assise sur le divan, tu admires le bordel épouvantable de l’appartement d’Holden alors qu’il se ramène avec un grand bol de jus d’orange. Distraitement, tu le regardes verser deux verres alors que tu réfléchis à ce que tu t’apprêtes à dire. « À la nôtre alors… C’est ce qu’on dit? » Tu hausses les épaules alors qu’il te tend un verre. Nœud dans la gorge et pas tout à fait sûr de toi, tu t’élances tout de même et essaie de lui expliquer les raisons de ton départ… Qu’il ne comprend pas, bien évidemment. Car à répondre toujours à demi-mots, c’est difficile de comprendre. « D’accord, j’ai compris que tu ne pouvais pas rester… Mais ça ne t’empêche pas de prévenir non plus. Et ça c’est quelque chose que je te reprocherais… » Tu retiens un soupire alors que tu avales une première gorgée du liquide orange. « Comme tu as dit tout à l’heure, est-ce que ça soulage parfois, de tout savoir? » Cette fois, tu ne te retiens pas pour soupirer. Il y a des vérités qui sont bonnes à garder, mais tu n’es pas une menteuse. Tu préfères patauger et laisser des non-dits que d’être malhonnête et de lui servir un discours, loin de la réalité, qui pourrait le satisfaire. Holden devra se contenter de cette expliquer, et il doit déjà le savoir à présent. « Tu sais quoi c’est bon, tu es désolé d’être parti, il le fallait et visiblement tu ne veux pas dire pourquoi ? Alors on va en rester là, parce qu'on tourne en rond... Tu dois avoir tes raisons. Et moi, je dois être là parce que tu es de retour. Tu comptes rester au moins cette fois-ci ? Que l’envie de voyage ne va pas te reprendre ? Wolfie je veux bien passé l’éponge cette fois, sans savoir pourquoi tu es parti. Mais me manger encore une fois, un mur et le silence, juste que tu en as besoin, non ? Je ne suis pas en libre-service quand tu sembles en avoir besoin ? » Cette fois, tu souris. Au fond de toi, tu es bien satisfaite de pouvoir arrêter d’en parler. Alors tu hoches la tête, comme pour répondre positivement à tout ce qu’il vient de dire. « Oui, je comptes bien rester… J’ai assez voyagé comme ça. » Tu ravales de justement un pour le moment, qui le ferait certainement paniquer plus qu’autre chose. « Je sais bien, Holden. Je n’ai pas été à la hauteur de notre amitié. J’aurai dû te prévenir, te donner des nouvelles plus tôt… il y a beaucoup de j’aurai dû. Tout ce que je peux te promettre maintenant, c’est que ça ne se reproduira pas. À l’avenir, je te le dirais. » Tu te concentres sur ton jus d’orange à présent… avant de lui lancer une nouvelle pique en lien aux échecs. Ce à quoi il te répond que tu as perdu la tête, avant de te lancer au défi de se remettre à une nouvelle partie d’échecs. Tu ris aux éclats, sincèrement cette fois. « Où tu veux, quand tu veux. » que tu lui lances, le regard plein de férocité. « Si tu es revenu, ça veut dire que tu avais une raison, je sais que je t’ai beaucoup manqué et que j’ai de beaux yeux, mais ce n’est pas la seule raison… ? » Tu roules des yeux avec un sourire amusé. « Tu aimerais que je te dise que c’est ça, pas vrai? » Tu mets ta main sur ton front dans une allure dramatique. « Holden, tu m’as tellement manqué! » Le pire, c’est que c’est vrai. Mais tu as quand même un petit ego caché quelque part, alors c’est une autre chose de le dire. « Euh, je vis dans un petit logement, un studio. C’est modeste mais ça tient debout. » Tu évites de parler de tes dettes, ce n’est pas un sujet très réjouissant. « Je suis resté en Australie… j’ai voyagé un peu partout. Je suis rentré ici parce qu’au fond, ça a toujours été chez nous cette ville. Et puis j’avais plus les sous pour continuer de voyager. » Tu avales une énième gorgée de jus. « Et toi, quoi de neuf? Je n’ai pas besoin de te demander où tu restes. Tu vis seul, c’est chez toi ici? Et tu fais quoi sinon, tu t’es trouvé un boulot? » Tu le regarde, souriante cette fois, pour faire changement. « Ça faisait un moment que je voulais te contacter, je suis contente de l’avoir fait. » Comme dans le bon vieux temps.
Holden était du genre patient de nature, mais comme beaucoup de choses, il avait ses limites. Et il sentait qu'il n'était pas loin de la franchir, à cet instant, face à Wolfie. Pourtant, il savait bien comment elle agissait ? Non pas vraiment, il avait surtout l'impression d'avoir une inconnue devant lui. De la voir pour la première fois. Est ce qu'elle avait joué le jeu durant les années d'avant, quand ils se côtoyaient ? Il avait quand même des doutes. « Tu veux dire, est-ce que ça soulage de savoir, autant que ça te soulagerait toi de savoir pourquoi je suis partie? » Bien sûr que ça le soulagerait ! Mais ce n'était pas égoïste de soulager sa conscience. De savoir que ce n'était pas de sa faute. Ou alors il était trop blessé par son absence... « Bien sûr que ça soulage de savoir. De savoir si c’était la bonne décision de venir ici ce soir, si tu avais envie de me voir. Mais dans le fond, après toutes ces années, je peux pas t’en vouloir de ne pas pouvoir répondre à cette question, alors oublie ça tout simplement. » Est-ce qu'il était content de la voir ici ? Qu'elle est prise la décision de venir... Oui bien sûr. Ça m'était fin à toutes ces questions qu'il se posait depuis qu'elle était partie. « Je ne cache pas rien... Oui tu as raison, sinon cette conversation va s'éterniser » Bien sûr, qu'il cachait ces sentiments, comme il le faisait à chaque fois, c'était devenu un problème. Holden se sentait piqué, à vif sur ce changement de situation, accuser d'une chose qu'il ne se sentait pas du tout responsable. Il ne voulait certainement pas s'avouer qu'il était peut-être en tort d'acculer Wolfie, d'accusation pour se dédouaner. Il n'avait pas été tendre, il le savait pertinemment. Sa colère qui parlait pour lui, comme bien souvent, dans c'est cas là, il oubliait bien souvent le reste, aveugler... Affronter son regard, et cette conversation, lui procurer la migraine. Qu'il commençait à masser de deux doigts au-dessus du nez, un soupir lasse. Ils n'allaient pas s'entendre sur le sujet. Pour une fois, ils étaient tous les deux bornés. « Ah, je cite simplement les fais. » Parler d'échec était ce qui les rapprocher, toujours de loin comme de près. Ce besoin de se défier, comme ils le faisaient à l'époque. Ils en avaient passé des heures, pas forcément l'un contre l'autre, mais en tournoi. Des hochements de tête complice, des clin d'œil, et de la fierté quand l'un ou l'autre gagné. Parfois, les deux, dans les bons jours. De motiver l'autre. « J’essaie peut-être d’amadouer... peut-être. » Un sourire franc franchissait ses lèvres, en secouant la tête. « C'est peine perdue, je ne suis pas un novice et bien que je t'apprécie beaucoup... » Autant dire, elle n'avait aucune chance.
La détente était de courte durée et c'était la faute de Holden au lieu, de laisser passer les choses, non, il avait remis sur le tapis, le sujet de sa disparition, avec ce toast débile. Bravo ! Des fois, il ferait mieux de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Énième soupir, son verre claqua sur la table. Ce n'était pas de la colère, juste... Cette question qui revenait sans cesse. « Comme tu as dit tout à l’heure, est-ce que ça soulage parfois, de tout savoir ? » Elle comprenait pas plus sa position, que lui comprenait la sienne, à ne rien dire. « Laisse tomber... Visiblement, on va rester sur le même point. Dans nos retranchements, parce que personne ne voudra céder. » Ils étaient plutôt du genre têtu les deux-là. Mais elle répondait pas à ces questions, elle évitait toujours aussi bien, en répondant à côté. Est-ce que ça l'énervait ? Un peu. De toute évidence, il n'aura pas mieux. Et il se contenta de l'observer, sans la quitter des yeux. « Oui, je comptes bien rester… J’ai assez voyagé comme ça. » Assez voyager ? Est-ce que c'était un indice, où elle était pendant tout ce temps ? « Je sais bien, Holden. Je n’ai pas été à la hauteur de notre amitié. J’aurai dû te prévenir, te donner des nouvelles plus tôt… il y a beaucoup de j’aurai dû. Tout ce que je peux te promettre maintenant, c’est que ça ne se reproduira pas. À l’avenir, je te le dirais. » Il avait envie de répondre, clairement oui, mais ça aurait été avec une pointe de sarcasme et de mauvaise fois. S'il voulait s’améliorer autant le faire maintenant. Avec des " j'aurais dû..." On refaisait le monde. Ne jamais se reproduire, il avait quelque doute quand même, qui allait le laisser sur ces gardes durant un moment. Mais au lieu de répondre, il préférait consentir en hochant la tête. Ce qui lui semblait un bon compromis. Pas de dispute, pas de discussion, et ça ramener une certaine paix dans la conversation. « Où tu veux, quand tu veux. » Un sourire redoutable aux lèvres, un regard en coin, cette fois, elle lui parlait totalement. Avec cette hâte sous la peau qui le parcourait. Ils savaient défier, faire de leur passion, un combat redoutable. « On a qu'à dire ce week-end au parc, à notre lieu habituel. J'ai envie de te mettre la pâtée ! » Et d'effacer ce sourire qu'elle avait sur les lèvres, c'était son esprit de compétition qui parlait. « Tu aimerais que je te dise que c’est ça, pas vrai? » Oui, il fallait bien flatter un peu son ego, c'était si rare. Un air angélique, il leva les yeux au ciel. Ce qui confirmait clairement sa question. « Holden, tu m’as tellement manqué! » Douce mélodie dans ses oreilles, il pouvait presque sentir des ailes poussaient derrière son dos. « Je crois que je vais aimer l'entendre, c'est la nouvelle chanson de l'été ! » Tu en fais trop Atwood ! Mais même si c'était pour flatter son ego, il n'était pas contre l'entendre. « Euh, je vis dans un petit logement, un studio. C’est modeste, mais ça tient debout. » Holden avait senti une petite hésitation, dans cette réponse. Qui fait monter une certaine inquiétude. « Qui tient debout ? C'est-à-dire, ce n'est pas du genre un studio, comprenant qu'une chambre, et les toilettes sur le palier que tu dois partager, dans un quartier mal famé ? » Il avait l'imagination un peu fertile, il pouvait s'imaginer plein de choses, ce n'était pas un souci. En plus, elle changeait facilement de sujet, à son goût. « Je suis resté en Australie… J’ai voyagé un peu partout. Je suis rentré ici parce qu’au fond, ça a toujours été chez nous cette ville. Et puis j’avais plus les sous pour continuer de voyager. » Léger haussement de sourcil. « Tu veux dire que tu n'as plus rien ? » Il n'y avait pas de honte à avoir, dans ce genre de situation, à son avis. Il ne portait aucun jugement et si c'était vraiment le cas, il apporterait surtout son aide. « Et toi, quoi de neuf? Je n’ai pas besoin de te demander où tu restes. Tu vis seul, c’est chez toi ici? Et tu fais quoi sinon, tu t’es trouvé un boulot? » Un regard sur la zone du désastre, ouai, l'appartement ressemblait à un appartement de célibataire. Il y avait de quoi de poser des questions. « Oui, c'est chez moi... Enfin, presque, il y a un autre nom sur le bail. Un ami, on fait un peu de la collocation, on cherche une autre personne... Les faits sont moins... important. Je travaille au planétarium, dans le domaine des étoiles... » Rien de bien étonnant quand on connaissait Holden et sa passion pour ces dernières. « Et puis... J'ai quelqu'un dans ma vie... » A ces souvenirs, Leto était rentré il y a peu dans sa vie quand elle était partie. Donc c'était nouveau, même si ça faisait un bout de temps qu'ils étaient ensemble. « Ça faisait un moment que je voulais te contacter, je suis contente de l’avoir fait. » C'est vrai, leurs conversations, lui avaient manqué comme aujourd'hui, quand ils avaient passé leurs animosités respectives. « Moi aussi, on a des choses à rattraper... » Dit-il dans un sourire des plus sincères.
Ils disent qu’il n’y a qu’une fine ligne entre l’amour et la haine. Alors à ce moment précis, c’est dans le calme que tu acceptes les remarques d’Holden sans rechigner. « Je ne cache pas rien… Oui tu as raison, sinon cette conversation va s’éterniser. » Ça faisait longtemps que tu n’avais pas vu Holden mais de le voir ce soir, peu importe comment se déroulerait votre rencontre, te fait tout simplement plaisir. Son ton est cette fois moins agressif, moins accusateur. Tu lui souris. De son côté, il se masse les deux tempes et si tu ressens une certaine culpabilité au fait que ta visite lui ait valu une migraine, tu es fière toutefois de ne pas t’être défilée cette fois. Alors tu continues de sourire tout simplement, alors qu’il se masse le crâne dans un soupire lasse. De l’extérieur, la scène doit être plutôt ironique. Ton sourire se transforme en une grimace lorsqu’il insinue pouvoir te battre aux échecs. « C’est peine perdue, je ne suis pas un novice et bien que je t’apprécie beaucoup… » tu roules des yeux, l’air amusé. « Bien que tu m’apprécies beaucoup… tu vas quand même perdre? » tu lui lances un clin d’œil, avant de rire. Un rire modeste, léger et peu bruyant, mais un rire quand même. « Ça fait plaisir de te revoir, Holden. » Tu espères que peut-être ces mots le feront changer d’humeur, mais bon, tu ne te fais pas trop d’idées. C’est qu’il a la tête dure, ce Holden, et sans doute beaucoup plus que toi.
Tu tiens fermement ton verre, parfaitement immobile sur son divan à la regarder claquer son verre sur la table l’air visiblement exaspéré. L’ambiance est si pesante à cet instant précis que tu regrettes qu’il n’y ait pas un peu de tequila dans vos verres pour relever un peu l’ambiance, ne serait-ce que temporairement ou artificiellement. « Laisse tomber… Visiblement, on va rester sur le même point. Dans nos retranchements, parce que personne ne voudra céder. » Il commence à présent à comprendre que tu ne parleras pas. Si habituellement il parvient assez facilement à te convaincre, cette fois-ci, aucun mot ne parvient à sortir. Ce n’est pas contre Holden, si tu es muette comme une tombe, mais il y a des vérités qui sont préférables de garder pour soit et surtout dans des moments pareils. Il tomberait bien de sa chaise si tu lui déballais tout maintenant, et des retrouvailles en plus d’une commotion cérébrale, tu juges que c’est trop en une soirée. « Je te le dirais plus en détail Holden, mais pas ce soir. » que tu lâches simplement. Pour le rassurer? Peut-être. Pour t’assurer que tu vas bien le revoir? Sûrement un mélange des deux. Mais c’est surtout car à cet instant, tu vois l’énervement distinctement sur le visage d’Holden, qui raffermit ses traits et lui donne un visage plus dur qu’à son habitude, et tu ne souhaites pas faire déraper les choses davantage. Alors tu lui expliques qu’à présent, tu ne quitteras plus Brisbane. Que ton départ comme il y a plusieurs années ne se reproduira plus. Qu’il peut compter sur toi, à présent, ou en tout cas au moins sur ton honnêteté d’être transparente à l’avenir. Tu attends une quelconque réponse sarcastique qui semble être au menu ce soir, mais rien ne vient. Il hoche simplement la tête, et tu te contentes de cette réponse plutôt évasive mais suffisante. Tu t’imagines bien qu’il doit avoir des doutes sur ta crédibilité à présent et tu ne peux pas vraiment lui en vouloir.
« On a qu’à se dire ce week-end au parc, à notre lieu habituel. J’ai envie de te mettre la pâtée! » tu bailles lourdement, tapotant ta main sur ta bouche à quelques reprises. « Hein? Je crois avoir mal compris. Tu as envie qu’on te mettre la pâtée? » tu lui souris à nouveau, toutes dents dehors, une lueur de malice dans le regard. « Ça peut s’arranger. » Puis tu roules des yeux une seconde fois lorsqu’il se moque de toi. « Je crois que je vais aimer l’entendre, c’est la nouvelle chanson de l’été! » tu ricanes doucement. « Holden, abuse pas quand même. » Une vraie rabat-joie cette Wolfie. Mais tu n’as pas à faire d’efforts de ce côté-là car le sujet de ton appartement est venu sur le tapis et pour te plomber le moral, il n’y a pas de recette plus gagnante que celle-là. « Qui tient debout? C’est-à-dire, ce n’est pas du genre un studio, comprenant qu’une chambre, et les toilettes sur le palier que tu dois partager, dans un quartier mal famé? » Tu te grattes l’arrière du crâne, soudainement subjuguée par l’étiquette du pot de jus d’orange. « … Pas si mal famé que ça, quand même, enfin c’est le Fortitude Valley, c’est quand même pas mal… » Tu changes rapidement de sujet, l’inconfort de ton logement te mettant légèrement mal-à-l’aise. Tu lui racontes tes voyages, ton retour à Brisbane. Et le fait que tu n’as plus un rond pour voyager. « Tu veux dire que tu n’as plus rien? » De nouveau ce grattement derrière la tête, le plancher de l’appartement d’Holden devenant cette fois la vedette. « Pas grand-chose, non, mais bon je tiens debout hein… c’est pas si mal… » tu relèves la tête vers lui, preuve de ton courage, lui servant un sourire aussi jaune que le soleil. « C’est la misère d’être peintre. » Rire jaune. Puis tu lui demande quels changements se passaient-ils dans sa vie, depuis toutes ces années. « Oui, c’est chez moi… Enfin presque, il y a un autre nom sur le bail. Un ami, on fait un peu de colocation, on cherche une autre personne… Les faits sont moins… importants. » Tu plisses des yeux, cette fois pleine de curiosité, mais tu le laisse terminer. « Je travaille au planétarium, dans le domaine des étoiles… » Évidemment, cette nouvelle ne t’étonnait pas du tout. « Et puis, j’ai quelqu’un dans ma vie… » Tu relèves la tête, surprise. « Ah oui? Depuis combien de temps? » Plein de questions te viennent à présent, mais tu y vas une chose à la fois.