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{I'm not nothing without a steady hand}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Paradise City. C'est ce que proclame la devanture et le logo pas encore éclairé pour le coup, il ne le sera pas encore pendant quelques semaines, car même si le plus gros des travaux est derrière vous, Itziar et toi, vous avez encore du boulot et les derniers détails à peaufiner. Ou en d'autres termes, il vous faut des employés et des gens qui vont partager votre passion. Et s'il n'y a eu aucun accro avec l'équipe de construction, tous les hommes ont été plus que professionnels à souhait, le chef d'équipe offrant même de son temps et de ses précieux conseils pour ne pas que vous vous retrouviez à l'appeler toutes les deux minutes, tu espères vraiment que l'alchimie sera présente avec tout le reste de vos employés, plus que consciente que c'est un élément important. Parce qu'Itziar et toi, vous vous connaissez déjà et cette nouvelle aventure ne va pas entacher votre amitié, bien au contraire... Tu en es persuadée, tu en as déjà fait la promesse à la blonde et maintenant que le projet est sur pied et plus que lancé, plus que jamais, tu veux avoir l'avis d'Evelyn.
C'est bien pour cela que tu l'as guidée dans Redcliffe après votre déjeuner, bien décidée à partager cela avec elle. Tu n'estimes pas vraiment avoir de secret pour ta cousine à ce stade et son opinion compte vraiment pour le coup, sûrement encore plus parce que vous avez le même nom de famille et quand vous finissez par vous extirper du taxi, tu es contente qu'Evelyn puisse voir le lieu avant son ouverture. Peut-être que tu devrais emmener Trevante ici et lui expliquer ce que tu tentes de faire, l'idée t'a effleuré l'esprit une ou deux fois, mais d'un côté, tu ne sais pas comment il pourrait réagir, et de l'autre ta relation avec ton père commence à attendre un semblant de normalité -il t'écoute vraiment lors de vos échanges- tu n'as pas envie de repartir de zéro en révélant plus sur ta vie. Tu n'as vraiment pas envie de lire la déception sur son visage ou pire encore... Evie au moins ne te considère pas comme une gamine, elle croit en toi et tes capacités et même si elle a un avis à donner, tu sais que cela sera fait avec son tact légendaire et que ses critiques seront forcément constructives, et c'est ce que tu veux.
Tu n'as pas envie qu'on chante tes éloges ou qu'on te dise que tu n'es qu'une gamine avec des rêves plein la tête, tu as bossé dur, avec une personne en qui te fais plus que confiance, et vous méritez un véritable jugement. "Okay... c'est normal si je suis un peu nerveuse à l'idée de te faire visiter ? On va dire que oui." Que tu lâches devant la devanture du club, jetant un regard par-dessus ton épaule, pour t'assurer qu'Evelyn te suit bien. Elle est là et tu prends une légère inspiration en cherchant les clefs dans ton sac, tu les trouves rapidement et tu ouvres la porte. Vous êtes du côté de l'entrée principale, là où les clients pourront bientôt se presser et faire la queue et ouvrant la porte, tu guides Evelyn, cherchant déjà les interrupteurs histoire de lui montrer le club dans son ensemble."Les travaux sont presque finis, mais c'est l'idée générale..." Que tu dis au moment où les lumières légèrement tamisées viennent éclairer l'espace. Il s'agit de la pièce principale, avec le bar, les différentes tables pour accueillir jusqu'à quatre clients maximum et surtout la scène, avec son rideau et ses différentes barres de pole dance. La scène est encore plongée dans la pénombre, c'est une autre série d'interrupteurs en coulisse pour s'occuper de cela et ce sera pour plus tard. Pour le moment, tu montres à Evelyn la pièce principale, le bar qui est en train d'être stocké petit à petit, ce qui explique les différentes boites sur le sol que tu expliques, les toilettes terminées et flambantes neuves mais également le vestiaire pour les employés qui est d'une taille plus que respectable, et beaucoup plus grand que n'importe quel autre club que tu as fréquentés par le passé.
D'un autre coup de tête, tu indiques le couloir avec les différentes salles pour des danses privées, pas tout à fait fini pour le moment, un souci avec la peinture ou l'éclairage, ou est-ce les deux ? La nervosité te fait un peu oublier tous les détails sur le coup et tu guides de nouveau Evelyn vers la pièce principale, posant la question fatidique. "Qu’est-ce que tu en penses ?"

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"C’est normal. Mais c’est aussi mon rôle de te dire de ne pas l’être alors, ne le soit pas, Lara." Elle se croyait presque maline, Evelyn, à trépigner derrière Lara, un murmure se faisant entendre à la suite de la question de cette dernière. Elle aurait pu faire une farce de toute cette situation, c’était tellement rare de voir la jeune femme agir avec autant d’hésitation. Mais elle savait combien tout ça était important pour elle, aussi à part un sourire en coin, un peu malicieux tout de même, il ne fallait pas changer les bonnes habitudes, elle ne tira sur aucun fil pour forcer sa cousine à admettre que si elle était nerveuse, c’était avant tout parce qu’elle avait accordé du temps et de l’énergie dans tout ça. Voir son projet s’accomplir autrement que sur le papier, c’était un évènement qu’il fallait célébrer, c’était une certitude qu’elle nota dans son carnet mental, déjà prête à organiser quelque chose à la portée du mérite que les deux collaboratrices avaient de s’être aventurées sur le chemin de l’entreprenariat.
Pour l’heure, elle attendait de son aînée un avis objectif sur ce qu’elle avait su mettre sur pieds avec son amie Itziar. Même s’il était certain que ce business en particulier était totalement étranger à Evie, elle avait à cœur de faire ce qu’elle attendait d’elle avec l’impartialité qu’elle lui connaissait. Elle savait d’emblée qu’elle ne se montrerait pas dure, simplement parce qu’elle connaissait assez Lara pour savoir qu’elle ne laissait rien au hasard, et qu’elle avait les idées assez arrêtées pour ne pas prendre par-dessus la jambe la masse de choses auxquelles songer pour faire de son rêve une réalité. Alors elle était là pour lui accorder son opinion bien arrêtée, mais elle était surtout là pour l’encourager et saluer les efforts qu’elles avaient fait pour mener à terme un projet important à ses yeux. Elle était probablement la seule du côté de Lara à avoir eu le privilège de suivre ses progrès presque en direct, leur proximité lui permettant de toujours garder un œil sur elle, il ne fallait pas qu’elle boude la révélation de ce pourquoi elle avait durement cravaché. En plus, ça lui faisait plaisir d’être à ses côtés, et si elle tachait de le cacher sous ses airs de grandes dames, elle était aussi excitée que Lara en vérité.

La devanture était engageante en tout cas, c’est ce qu’elle se dit lorsqu’elles descendirent du taxi, et que suivant le parcours engagé par sa cousine, elle jeta un regard curieux à ce qui englobait le tout. Elle n’avait pas souvent mis les pieds dans ce genre d’endroits, mais elle savait que bien souvent, ils manquaient d’un peu de classe. Ici, la touche était féminine rien qu’à l’extérieur, et ça la ravissait au plus haut point de savoir qu’enfin Lara, en plus d’être la patronne, évoluerait dans un endroit où la sécurité régnerait. Elle avait déjà eu des craintes à ce sujet, ça leur avait demandé de se faire confiance l’une et l’autre, mais elles furent étonnamment balayées à l’instant où elle ouvrit enfin les portes de son établissement et qu’elles entrèrent, enfin.
Elle pénétra dans un cocon tamisé, où chaque détails n’avaient pas été décidé sur un coin de table. Il y avait de la cohérence jusque dans le choix de couleurs du mobilier, tandis qu’il manquait encore quelques éléments pour rendre officielle l’ouverture imminente du club. Paradise City. Pour certains, ce serait un paradis en effet, s’y perdre ne serait pas difficile, songea-t-elle en ne lésinant pas sur ses observations, ne manquant pas une occasion d’effleurer les matières du bout de ses doigts graciles et de lever les yeux pour constater la bonne facture des travaux qui avaient été accomplis. Il n’y avait pas à dire, Lara et Itziar avaient su transcrire à leurs ouvriers la manière dont elles voyaient les choses. Encore une fois, bien que ce n’était pas vraiment le genre d’endroit qu’elle-même côtoyait, elle imaginait que ceux qui avaient davantage l’habitude de s’y rendre trouveraient leur salut en se laissant envelopper par la douceur et la bienveillance qui émanait des murs peints savamment, avec des nuances chaudes, parfaites, qui permettaient une immersion totale dans le nirvana proposé par Lara et Itziar.
Après un tour complet du propriétaire, son avis fût sollicité. Evelyn, qui avait retiré son manteau, posé dans le creux formé par ses bras croisés sur sa poitrine, se tourna vers Lara "Qu’est-ce que j’en pense ?" répéta-t-elle à la suite de la jeune femme, arquant légèrement un sourcil pour jouer le suspens. Mais ne tenant pas plus de quelques secondes, elle finit par écarter doucement les bras, son manteau tenu dans sa main droite, et engloba la pièce d’un gracieux tour sur elle-même, qui termina face à Lara dont elle s’approcha pour lui poser les mains sur les épaules "J’en pense que je suis fière de toi, et que c’est le plus élégant club de strip-tease dans lequel j’ai mis les pieds au cours de ma vie." Le fait qu’elle n’avait pas souvent mis les pieds dans un club strip-tease ne comptait pas vraiment, se dit-elle en, exceptionnellement, prenant la jeune femme dans ses bras pour la serrer si fort contre elle que même elle fût submergée par une vague d’émotion qui lui fit monter les larmes aux yeux. Elle avait toujours su que Lara était bien plus que ce que leur clan avait voulu qu’elle soit, et ça l’émouvait qu’elle s’en rende enfin compte, elle aussi.

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L'avis d'Evelyn compte beaucoup à tes yeux, et ça, tu le sais depuis longtemps. Oui, un seul mot de ta cousine et tu seras prête à rappeler l'équipe de construction pour leur dire de tout démonter et de tout refaire selon les idées de ton aînée. Pas parce que tu manques particulièrement de confiance en toi, c'est tout le contraire, tu as assez d'ego pour probablement en mettre en bouteille et le vendre aux plus démunis et les plus timides ; et ce n'est pas juste parce qu'elle possède une carrière solide et à succès dans le domaine de l'événementiel... et pas seulement parce que vous partagez le même nom de famille, mais bien parce qu'il s'agit d'Evelyn. La même Evelyn qui ne t'a jamais jugée toi et tes choix de vie, celle qui a suggéré sans aucune hésitation que vous emménagiez ensemble, celle qui t'a aidée à faire face aux critiques de tes parents et celle qui, d'une manière générale, est toujours là pour t'encourager. Tu ne sais pas vraiment ce qu'elle voit quand elle pose les yeux sur toi, mais ce n'est décidément pas une cause perdue, pas comme certains ont osé le proclamer par le passé, mais c'est assez pour que tu te sentes pousser des ailes et que toi aussi tu tentes de construire quelque chose. Tu es persuadée que si Evie et toi, vous n'étiez pas aussi proches, l'idée d'avoir ton propre club et d'être ta propre patronne serait... restée une idée justement, juste un bout de conversation entre Itziar et toi, balayée simplement par des rires et la suggestion d'aller vous remplir l'estomac et de passer à autre chose.
Mais fréquenter Evelyn te fait voir les choses avec un peu plus de perspective et réaliser que oui, comme elle, tu peux absolument tout faire et ce même si certains tentent de te mettre des bâtons dans les roues. "Oui ?" Tu murmures le mot quand Evelyn répète la question que tu viens de lui renvoyer. Tu comptes les secondes avant sa réponse dans ta tête, la fixant toujours quand elle pose une main sur tes épaules. La réponse a au moins le mérite de te faire sourire et la pression que tu ressentais il y a quelques secondes, elle semble s'envoler peu à peu. Partiellement et lentement, cela aide quand ta cousine te prend dans tes bras et tu retournes l'étreinte, que vous partagez si rarement, tu le fais avec un sourire encore plus lumineux que le précédent. Evie est fière et ce ne sont pas des mots que tu prends à la légère et tu le sais, tu sens ton cœur se serrer pour les bonnes raisons, un peu plus et tu ruinerais la couche de mascara que tu as appliqué un peu plus tôt dans la journée. Tu ne le fais pas, non, à la place tu as un léger mouvement de recul, observant toi aussi le club vide, puis Evelyn.
"Okay tu es sûre ?" Tu ne lui laisses même pas le temps d'élaborer que tu ajoutes déjà :"Non parce ce qu'une partie de moi se dit qu'il n'y a pas assez d'espace entre les tables, ou alors qu'il faudrait placer le DJ un peu plus proche de la scène, histoire qu'il ne se fasse pas embêter par les clients et..." Et tu as des tas d'idées, c'est même Itziar qui a dû t'arrêter dans tes élans et te faire comprendre que tu aurais beau changer tous les détails, une centaine de fois, il faudrait bien que tu fasses confiance à ton instinct tôt ou tard. C'est une partie du problème, tu ne sais pas encore si c'est une bonne chose ou pas de faire confiance à tes tripes, pour certains, c'est évident, mais cela t'a déjà fermé beaucoup de portes. Cela en a ouverte certaines également, cependant, on dit bien qu'il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, pas vrai ? C'est beaucoup d'un coup, autant pour Evelyn que pour toi et tu te forces à prendre une profonde inspiration. Elle n'aura pas la réponse à toutes tes interrogations et le but n'est vraiment pas de la bombarder de questions sur la décoration, bien sûr que non. "Désolée, je ne fais pas exprès d'être nerveuse, ton avis compte beaucoup, j'espère que tu le sais. Tout comme j'espère que tu seras là pour l'ouverture." Et ce même si ce n'est pas le genre d'endroits qu'Evelyn fréquente, tu ne lui demandes pas de rester toute la nuit, pas comme toi tu comptes bien le faire, au moins le temps de boire un verre et de voir l'endroit rempli de monde. Enfin tu l'espères, cela peut aussi être un désastre colossal et ne mener à rien. Tu secoues légèrement ta tête, pour chasser la pensée bien loin et parce que vous n'y êtes pas encore dans le fond... Pas du tout, il y a encore beaucoup de détails à régler en dehors de l'emplacement des tables.
"On n’a pas encore de date précise mais... Tu seras l'une des premières au courant." Bien entendu qu'elle sera l'une des premières au courant, à qui d'autres pourrais-tu confier une info pareille ? Tes parents ? Ou pas... c'est toujours un sujet délicat pour toi et ce malgré les efforts de Trevante et vos déjeuners fréquents. Il a compris que tu donnais des cours de danse et que cela te rendait très heureuse, il n'est décidément pas prêt pour une annonce du type : au fait mon vrai métier c'est strip-teaseuse et je vais ouvrir un club avec ma meilleure amie... décidément pas. "Tu veux monter sur scène ?"

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"J’en suis sûre." Ces mots-là sortirent aussi naturellement que les autres tant elle était impressionnée par le travail qu’il y avait eu dans cet endroit. Elle n’avait eu qu’une vision globale des travaux en cours, Lara lui en ayant assez parlé pour qu’elle s’imagine le chantier sans s’y rendre. Ça dépassait tout ce qu’elle avait pu établir dans l’intimité de sa psyché à dire vrai, largement. Rien n’avait été laissé au hasard, preuve irréfutable que pour Lara, il s’agissait-là de l’aventure d’une vie qu’elle comptait bien rendre exceptionnelle. Se dégageant de l’étreinte qu’elle lui avait donnée, Evie fit permuter l’expression de profonde fierté qu’elle avait sur le visage, ravalant les petites larmes qui bordaient ses yeux bruns pour ajouter avec dérision "Bon, pour être tout à fait honnête avec toi, je n’ai pas souvent mis les pieds dans des clubs de strip-tease, alors je n’ai pas l’expertise de certains." Chacun son domaine, se dit-elle en opérant de nouveau un tour sur elle-même pour observer l’ensemble.
Elle commença par poser les yeux sur le plafond, pour le faire glisser sur les murs du club avant de tourner la tête en direction d’une Lara plus nerveuse que jamais. Elle voulait la soulager de ce poids qu’elle sentait peser sur ses épaules, aussi poursuivit-elle avec un assentiment sincère et joyeux dans le ton de sa voix "Mais en tant que femme, j’aime l’ensemble. Ça doit vouloir dire quelque chose de positif, tu peux te détendre, et souffler." lui conseilla-t-elle, et puis dans la foulée, elle se sentit obligée de lui dire à nouveau avec plus de sérieux, reprenant ses airs de grande sœur qui ne pouvait s’empêcher de verser dans le sentimentalisme. Lara était bien la seule à pouvoir lui faire dire ce genre de choses sans qu’elle n’ait la sensation d’en faire trop "Je suis fière de toi. Vraiment." Elle le lui répéterait autant de fois qu’elle aurait besoin de l’entendre. Evelyn opina du chef dans l’intention de marquer ce point définitif, que Lara était bien obligée d’accepter, sinon elle se fâcherait. Ou pas. Le sourire qu’elle lui accorda signifiait clairement qu’elle n’était pas là pour jouer les trouble-fête.

Un rire lui échappa quand elle l’entendit dérouler ce qu’elle ressentait vis-a-vis de ce grand chamboulement dans sa vie professionnelle. Elle était passée par-là. Certains mettraient ça sur le compte des astres, ou elle ne savait quoi exactement, mais elle avait toujours été perfectionniste, et elle savait ce qu’on ressentait quand on alimentait sans cesse le sentiment de ne jamais être satisfait. C’était son lot quotidien, elle pouvait bien rassurer sa cousine sur ce point commun qu’elles avaient, et pendant qu’elle refaisait un petit tour du propriétaire, marchant de part et d’autre de la grande pièce, elle lui dit "Et tu auras toujours l’impression que ce n’est jamais assez bien. Ça s’appelle être perfectionniste, et ce n’est pas un défaut, je te rassure là-dessus." Elle lui fit un clin d’œil, posant ses petites affaires dans un coin pour avoir les mains libres en même temps qu’elle poursuivait, le regard posé sur la jeune femme "On m’a déjà dit que ça se soigne, mais j’en suis encore à trouver le bon remède. Je crois que tu vas devoir faire avec et te faire confiance… ça fonctionne plutôt bien pour moi." Elle se plaça à bonne distance de Lara, inclina la tête sur le côté pour lui dire avec l’aura de quelqu’un qui savait de quoi elle parlait, et qui était assez pointilleuse pour reconnaître quand il n’y avait rien à redire. C’était le cas ici "C’est parfait, Lara. Ça le sera encore plus quand tout sera terminé." lui assura-t-elle alors que ses sourcils se haussèrent très brièvement quand elle l’invita à l’inauguration des lieux "Si tu veux bien de moi, je serai ravie de venir vous soutenir." Sincère, encore une fois, elle ferait ce qu’elle pourrait pour ne pas manquer ça ; et si elle pouvait donner un coup de main pour l’organisation, faire jouer sa réputation pour leur obtenir ce qu'il fallait pour une ouverture digne de ce nom, elle n’hésiterait pas une seule seconde.
D’ailleurs, l’organisatrice qui sommeillait en elle sembla se réveiller quand elle lui demanda, concernée "Vous avez une idée de combien de temps prendront les derniers travaux et de quand vous ouvrirez ?" La réponse, Lara la lui donna en lui indiquant qu’elles n’avaient pas encore décidé d’une date précise. Ça viendrait plus vite qu’elle ne l’imaginait, il ne fallait pas précipiter les choses, pensa-t-elle en embrassant de nouveau le cadre du regard et en, malicieusement, répondant à la jeune femme qui lui promit qu’elle serait la première au courant "J’espère bien." Elle songea à l’éventualité qu’elle avait prévenu ses parents. Mais c’était un sujet trop sensible pour qu’elle n’ose lui poser ouvertement la question. Et puis celle qu’elle lui posa attira toute son attention de toute façon. Dans un rire qu’elle n’essaya pas de retenir, elle lui fit "Tu vas vouloir me faire danser si j’accepte ? Je n’ai pas ton talent tu sais." Et elle n’avait pas les bons sous-vêtements non plus, une réflexion qu’elle ne prononça pas à voix haute, se gardant bien de verser dans ce genre de commentaires. Au lieu de quoi, elle n’attendit pas que Lara s’accorde à la rassurer sur ce sujet, elle prit le coche, et passa devant elle pour se diriger vers la scène qu’elle lui avait désignée.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

"Quoi ? Tu ne passes pas tes vendredis soir dans tous les clubs de Brisbane ?" Que tu réponds fasse aux premiers commentaires d'Evelyn, parce que tu sais bien qu'en plus d'avoir choisi des professions complètement différentes, vous vivez des styles de vie un peu éloignés l'une de l'autre, elle est beaucoup plus posée et organisée que toi, c'est certain. Tu n'as jamais vu cela comme une mauvaise chose ou des barrières pour vous éloigner, oui, ta cousine est bien différente de toi, c'est normal, si vous étiez toutes les deux bien rangées ou que vous étiez plus similaires à ce que vos mères respectives veulent pour vous... La vie serait d'un ennui certain. Tu n'aimes pas savoir que tout est déjà tracé, que tout est déjà mis en place pour toi et tu n'as qu'à suivre le chemin, cela ne t'a jamais plu et maintenant qu'Evelyn est dans ta vie et qu'elle y occupe une place importante, tu sais que tu n'as pas à avoir honte de tes choix. Aucun de tes choix d'ailleurs, que ce soit ta sexualité, ton métier ou même de te lancer dans une telle aventure... Il n'y a pas de retour en arrière possible maintenant et être ici avec Evelyn, avant la grande ouverture et avant que tout se concrétise, cela rend tout encore plus réel et met encore plus en lumière ce que tu as accompli avec Itziar ces derniers mois.
"Je vais te croire sur paroles pour le coup..." Que tu conclus avec un léger sourire, quand Evie te rassure et te dit que non, tu ne seras jamais satisfaite. C'est une bonne chose alors, cela voudra sûrement dire que tu vas bien t'assurer que tout fonctionne avant le jour-j et que tu veilleras au grain, sur les murs mais également sur les employés. C'est sûrement cet aspect que tu redoutes le plus, tu n'as jamais été le patron de quelqu'un, Izzie et toi vous êtes sur un même pied d'égalité ici, partenaires et amies, cependant avec le reste des employés... tu as tout à apprendre dans le domaine et tu sais déjà quel type de patronne tu ne veux pas être, tu ne seras pas un tyran, qui cherche à faire briller le club et faire rentrer l'argent dans les caisses avant tout. Pas l'inverse non plus, hors de question de te laisser marcher sur les pieds, cela n'a jamais été ton style après tout, c'est une balance délicate, tu en as parfaitement conscience, tout comme tu le sais qu'il y aura des erreurs dans un premier temps. Il faut bien commencer quelque part, pas vrai ? Oui, tu pourras te pencher sur ce nouveau problème quand tout sera terminé, comme le dit si bien ton ainée et non, tu ne lui proposes pas de monter sur scène pour qu'elle te montre ses propres talents de danseuse.
"Tout de suite, quoi que, il faudrait bien voir si c'est de famille un jour, non ? Je plaisante..." Si tu parais sérieuse au début de ta phrase, ce n'est pas du tout le cas et tu as un autre rire avant de faire signe à Evelyn de te suivre dans une autre direction, pour la guider sur scène. "Déjà, je suis certaine que tu débrouilles très bien et ensuite, c'est juste parce que j'adore la vue d'ici, c'est tout." Que tu marmonnes avant de trouver le bon interrupteur et d'illuminer toute la scène cette fois-ci. "Ta-da..." Petite exclamation tandis que tu tends les deux bras avant de rire de ta propre bêtise et de te placer au centre de la scène, échangeant toujours avec ta cousine. Tu n'y peux rien si c'est ton endroit préféré dans tout l'établissement, c'est mieux pour voir la salle principale dans son ensemble et pour capter tous les regards. Oui, il n'y a aucun moyen de se cacher ici et c'est très probablement l'aspect qui te plaît le plus, il en faut du courage pour venir jusqu'ici quand il y a des dizaines, des trentaines, voire même plus de regards tournés vers soi, peut-être que tu aimes un peu trop l'attention, mais pour une passionnée de danse comme toi, c'est l'emplacement parfait. "On en a encore pour quelques semaines avec Izzie, on a déjà eu notre première auditions pour engager des danseuses, maintenant il faut se pencher sur le reste du personnel." Tu réponds à l'autre question de ta cousine, plus que juste, il ne vous faut pas que des danseuses, si c'était le cas, vous auriez ouvert la semaine dernière, non, il en faut plus pour faire tourner une opération pareille et ce même si beaucoup ne s'en rendent pas compte, et qu'il s'agit juste de venir se rincer l'œil.
"Je reste optimiste, mais l'ouverture ne se fera pas avant l'année prochaine au moins, en janvier si tout suit son cours correctement et qu'il n'y a pas d'autres imprévus." C'est le plus raisonnable, cela vous laisse encore quelques semaines pour tout revoir et briefer et former tout votre personnel. Certaines danseuses ont plus d'expérience que les autres par exemple, tu voudrais créer une certaine cohésion entre elle, histoire que l'illusion soit parfaite."Itziar et moi, on sait rester réalistes." Oui, il n'est pas rare que vous vous perdiez dans votre propre discussion, pour envisager de partir à la conquête de Brisbane et même pourquoi pas du monde, cependant, cela fait bien souvent votre force et vous pousse à déplacer des montagnes, la preuve en étant avec Paradise City."Je suppose que c'est le deal quand on décide d'être son propre patron, il faut savoir être réaliste, mais pas trop." Tu laisses échapper un léger soupir avant que ton regard ne retombe sur Evelyn."Tu vois, la vue est mieux d'ici."

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La grimace qu’elle renvoya à sa cousine à ce moment-là était adorable. Non, elle ne passait pas tous ses vendredis soirs dans les clubs de Brisbane. Enfin, si elle devait être tout à fait honnête avec Lara, elle ne passait plus tous ses vendredis soirs dans les clubs de Brisbane. Il y avait eu une époque où, forte de sa rébellion à la manque initiée dans le seul but de faire enrager sa mère et son entourage, elle prenait un malin plaisir à dépasser les portes scellées d’endroits peu recommandables pour une toute jeune femme de son rang. Ça alimentait un superbe cliché cependant, d’être l’adolescente, élève d’un pensionnat catholique, héritière d’une lignée triomphante, de s’immiscer dans les bas-fonds d’un milieu dont elle ne connaissait rien si ce n’était les fantasmes et descriptions des grands écrivains, et ce dans la seule idée de briser ses propres chaînes. Elle n’avait jamais fait tache pourtant, elle savait s’adapter à toutes les situations, Evelyn. Un talent qu’elle avait acquis à force de faire semblant, étouffée par les conventions. Or, la vérité, c’était qu’elle n’avait jamais aimé ça, ce n’était pas fait pour elle. L’ambiance y était malsaine, chargée de particules de vices au milieu desquelles elle ne s’était jamais sentie très à l’aise malgré l’air qu’elle avait tant tenté de se donner  ; en sortant avec des types plus vieux, en jouant avec le feu, et en dépassant des limites imposées par l’image qu’elle était supposée renvoyer de part le nom qu’elle portait. Elle avait toujours préféré passer ses vendredis soirs à dessiner, la tête enfoncée dans les oreillers de Matteo à disserter sur un avenir tracé à l’encre indélébile par chacun d’entre eux, pressés de partir pour vivre leur vraie vie, et évoluer sans aucun poids sur les épaules. Ça avait été une phase, une mauvaise, sur laquelle elle ne tenait pas à revenir et à s’épancher. D’aucun dirait que ça n’avait été qu’une provocation de plus, et ils n’avaient pas tort à ce sujet.
De toute façon, le sujet n’était pas celui-là. Elle n’était pas venue ici pour faire la rétrospective de ses erreurs, et pendant qu’elle rassurait Lara sur l’idée que son perfectionnisme était une force qu’elle ne devait pas se reprocher, elle évitait par la même de s’arrêter sur tout ce qui lui tournait dans la tête à propos de ses erreurs de jeunesse ; elle en avait perdu le compte à dire vrai. Un sourire lui échappa lorsque, lui ayant proposé de monter sur scène, sa cousine réfuta l’accusation qu’Evelyn laissa poindre. Est-ce qu’elle redoutait qu’elle tente de la faire danser sans qu’elle ne s’en aperçoive ? Pas vraiment, mais ça la fit rire de l’imaginer, et encore plus quand Lara émit l’hypothèse qu’il fallait bien vérifier si son talent pour la danse était la résultat de leur riche héritage familial.

"Mon père savait plutôt bien danser d’après mes souvenirs, et Enola a fait de la danse classique pendant des années, alors peut-être que…" lui répondit-elle en riant, mais en levant résolument les mains devant elle pour refuser silencieusement de se plier à l’exercice si jamais elle prenait le risque de vouloir la faire danser. Quand elle rejoignit la scène, l’endroit préféré de Lara selon ses dires, elle admira le panorama, la tête obliquant légèrement sur la gauche, elle lui dit "Je ne pourrais pas faire comme toi, tu sais. Etre soumise à une cinquantaine de paires d’yeux tous les soirs, toutes à scruter le spectacle que tu leur offres. Tu es courageuse, je t’admire beaucoup pour ça." Elle savait de quelle image souffrait les danseuses comme Lara, elle savait que les dénominatifs qu’on faisait pleuvoir sur elles n’étaient jamais très gratifiants et que dans l’imaginaire collectif, travailler de cette manière était une ignominie qui cachait des travers moins glorieux. C’était une réalité parfois, il ne fallait pas édulcorer les choses. Mais il y avait aussi un côté plus positif que chacun refusait de voir parce que ça arrangeait tout le monde de prendre ces femmes là pour des paumées qui n’étaient pas maîtresses de leur choix.
Lara l’était, et elle n’avait aucun doute sur le fait qu’elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour s’entourer d’une équipe avec la même volonté qu’elle de faire changer les mentalités "Vous comptez en engager combien en tout ?" lui demanda-t-elle, intéressée par le cheminement dans lequel elles devaient se lancer pour faire de leur projet une réalité "C’est bientôt, l’année prochaine. Je sais que je ne suis pas vraiment une spécialiste dans ce domaine, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit pour l’ouverture, il paraît que je me débrouille pas mal en matière d’organisation d’évènement." lui fit-elle, tournant la tête vers elle en finissant par acquiescer à ce qu’elle lui dit sur l’idée qu’il fallait rester réaliste "Il y a de quoi perdre la tête quand on se lance dans un projet pareil, c’est bien que vous puissiez compter l’une sur l’autre. Je ne connais pas Itziar, en revanche je te connais suffisamment pour savoir que, si elle perd pieds à un moment donné, tu n’hésiteras pas à lui rappeler d’où vous partez." Elle avait déjà collaboré avec quelqu’un, elle était la mieux placée pour savoir que c’était une bonne chose d’être accompagné de quelqu’un qui contrebalançait le tout. Et Neal s’insinua très brièvement dans ses pensées, pas assez longtemps cependant pour qu’elle se perde dans sa propre tête.
Elle jeta un nouveau coup d’œil à l’ensemble que Lara lui présentait. Evie souhaitait tellement que tout se passe pour le mieux et que sa cousine puisse s’épanouir davantage encore. De nouveau, ça lui fit songer à son oncle et sa tante, et à ce qu’ils rataient de la vie de leur fille. Le moment n’était toujours pas très opportun, elle le savait bien, mais lorsque le regard de Lara tomba sur elle et qu’il trouva le sien, elle lui demanda finalement "Tes parents sont au courant de tout ce que tu entreprends ?" Elle savait que Lara voyait Trevante de temps en temps, peut-être qu’elle avait eu le courage de l’impliquer, même de loin, dans le rêve de sa vie en lui en parlant un peu.

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{I'm not nothing without a steady hand}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Quand c'est Evelyn qui décrit le reste des Pearson, et qui parle même de son père, vous avez l'air d'une famille normale et complètement équilibrée... oui, il y a une certaine magie dans les mots de l'autre brune et il est très facile de s'y perdre et de croire que, pourtant, tu ne voudrais pas d'autres Pearsons à tes côtés aujourd'hui. Et Evelyn est bien la seule privilégiée dans votre famille et la seule qui mérite de voir le club avant son ouverture, selon toi et c'est tout. Il ne s'agit pas d'avoir son aval ou d'avoir le feu vert, loin de là, mais bien de partager quelque chose qui est cher à ton cœur et de oui... de frimer un peu. Tu le fais tellement rarement qu'on ne peut pas vraiment te le reprocher, elle comme toi, vous êtes des personnes très privées et même certaines personnes de ton entourage ne savent pas tout de toi. Non, ce n'est pas pour cultiver le mystère, mais bien pour éviter des conversations inutiles, sur des sujets qui ne regardent que toi dans le fond et qui ne sont pas vraiment ouvert à la discussion, et parce que tu as trop eu l'habitude des critiques avant que quoi que ce soit ne soit fait quand tu étais plus jeune... c'est le genre d'expérience que tu ne recommandes à personne et le chemin dans ces chaussures-là est bien long, c'est certain. "Tu dis courageuse, certains disent sans-gêne..." Que tu commentes face aux dires de ta cousine, laissant échapper un léger rire, te moquant bien de ta réputation, contrairement à beaucoup. Ce n'est qu'un mot trop compliqué pour ceux qui laissent l'opinion de parfaits étrangers dicter leur vie, de ton expérience, personne n'est parfait, et ceux qui le prétendent sont tout simplement devenus des experts quand il s'agit de cacher des gros secrets et c'est tout.
Tu n'as la prétention de rien, tu veux juste avancer, faire ton bout de chemin et voir où ta passion te mènera, peut-être que dans six mois, Evelyn sera celle qui devra te consoler alors que vous devrez mettre la clef sous la porte et que tu seras accablée par les dettes... peut-être, mais même dans ce cas précis, tu sais déjà que tu n'auras absolument aucun regret. Parce que tu auras fait ce que tu avais envie de faire, tant pis si cela se termine par un échec, ce sont des choses qui arrivent, ce sera toujours mieux que de ne rien faire et se contenter de rêver, n'est-ce pas ? Oui, tu en es persuadée. "On n'a pas encore de nombres précis en tête, pour le moment, on a gardé que celles qui correspondaient à ce que l'on recherche et qui n'ont pas besoin de beaucoup de coaching..." Tu hoches la tête à tes propres mots, tu ne te lances pas dans les détails techniques mais contrairement à beaucoup de clubs qui laissent les danseuses faire ce qu'elles veulent pendant leur moment sur scène, tu as quelques numéros de groupes et individuels en tête. Tu seras un peu moins sur scène et plus sur les coulisses, une chose qui ne te dérange pas vraiment, tu as pris l'habitude d'être professeure de danse maintenant et les deux aspects te conviennent très bien. "Il ne s'agit pas juste d'enlever ses fringues et de faire un joli sourire..." Tu as une grimace en disant cela, une idée reçue que tu détestes, qui donnent une très mauvaise réputation à ton boulot et qui rend les choses beaucoup plus compliquées.
"C'est beaucoup de bouches à oreilles, j'en ai parlé à mes élèves au studio, à des anciennes connaissances et beaucoup de mes clients... okay certains espèrent avoir une danse gratuite mais hein..." A en juger par ton expression, cela n'est pas près d'arriver, tu fais cela depuis longtemps, ta liste de clients avec les poches profondes est longue. Certains seront conviés et pas d'autres, les plus polis et ceux qui savent garder leurs mains pour eux, tu ne souhaites pas que ce qui t'es arrivé en Octobre dernier arrive à une autre danseuse et surtout pas dans ton établissement. Tu chasses la pensée aussi vite qu'elle est arrivée et tu reportes ton attention sur Evelyn. "Oui, il parait que vous vous débrouillez bien Miss Pearson et en plus je sais exactement où vous trouver..." Même si tu ne te vois pas parler business sur votre canapé, autant laisser les affaires ici, non ? Oui, le reste n'est pas très saint malheureusement. Evie te pose enfin la question que tu redoutais et tu hoches négativement la tête, tout en croisant les bras sur ta poitrine.
"Honnêtement ? Non. Je ne sais même pas par où commencer, j'ai enfin l'impression que mon père me regarde comme une personne normale et pas comme un problème à résoudre." Ce qui est triste à dire, mais une vérité absolue, il ne comprend pas tous tes choix, certainement pas celui de donner des cours de danse. Et si tu ne lui as pas parlé de ta vie de strip teaseuse, tu lui as juste dit que tu dansais dans certains clubs, ce qui dans un sens, n'est pas un mensonge... juste une légère correction. "Ma mère, je ne sais pas, mon père joue encore les messagers, elle se dit que je lui dois des excuses, et moi je me dis qu'elle devrait faire des efforts..." Tu soupires légèrement en songeant à Cassandra, elle est têtue, tu sais très bien de qui tu tiens cela et tu sais que tu vas camper sur tes positions, ton père a bien su faire des efforts, conscient qu'il risquait de te perdre pour de bon si ce n'était pas le cas. Pourquoi pas ta mère ? Est-ce que tes choix de vie sont si abominables que cela ? Tu n'en sais rien, et honnêtement, c'est fatiguant de toujours se poser la question après tant d'années..."Je sais que je suis la première à dire que je n'ai aucune honte de ce que je fais... mes parents ne sont même pas au courant, je suis une énorme hypocrite, pas vrai ?" Tu as un maigre sourire sur le visage en posant la question, ton regard rencontrant de nouveau celui de ta cousine. "Si je leur dis et que tout tourne mal, je sais que je n'aurais plus d'autres chances ... du tout même."

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crédit/(gwensgifs) ✰ w/@Lara Pearson  

Courageuse, sans-gêne, peu importait dans le fond comment les autres qualifiaient Lara, et Evelyn se mettait dans le lot, tant qu’elle avait assez confiance en elle pour savoir que tout irait bien, il n’y avait pas besoin de chercher le meilleur moyen de trouver grâce aux yeux des autres pour avancer sereinement et faire de son club quelque chose de grandiose, qui valait le coup. Elle savait qui elle était, qui elle voulait devenir et ne pas devenir, et c’était suffisant pour se créer une vie tranquille, loin de ceux qui se croyaient tributaires des choix des autres. Ce n’était pas le cas, quand bien même ils faisaient partie de la même famille. C’était un peu cliché à penser, encore plus à le dire, c’est pour cette raison qu’elle ne le fit pas, mais la maxime qui disait que le seul capitaine de son Destin, c’est soi-même, et uniquement soi-même, n’avait pas tort. Si Lara avait besoin d’encouragements, Evelyn la pousserait dans ce sens, à toujours prendre son instinct pour le meilleur indicateur, et à ne laisser personne interférer autre que sa collaboratrice. Elles étaient déjà proches, elles devaient se connaître suffisamment pour se faire confiance et s’en remettre à l’une et l’autre en cas de problèmes. En quelque sorte, c’étaient elles contre le reste du monde, et si ça paraissait critique de penser ainsi, c’était en fait plutôt réconfortant de savoir qu’on n’était pas vraiment seul quand on se lançait dans une aventure de cette sorte. En tout cas, bien qu’elle ne doutait absolument pas de la capacité de Lara de s’en sortir, ça la rassurait, elle, de la savoir accompagnée dans l’élaboration de ce projet. A croire que ses aptitudes cachées de sœur se révélaient quand la jeune femme était concernée.

Elle s’intéressait sincèrement à la manière dont elles envisageaient l’ouverture de leur club, et ne lésinaient pas sur les questions, indirectement pour s’assurer que tout était sous contrôle. Ce n’était pas un excès de zèle de sa part, elle s’inquiétait juste assez, sans trop en faire et sans étouffer la jeune femme, se reposant sur sa propre expérience pour se rancarder des bonnes choses et conclure d’elle-même, qu’effectivement, tout était en très bonne voie, et qu’il n’y avait plus qu’à "Et bien, la gratuité, c’est un gage de fidélisation, tu devrais y penser sérieusement." lui fit-elle dans un sourire, montrant qu’elle plaisantait évidemment, tandis que l’air ne pas y toucher, elle faisait mine de ne pas être émue par le compliment de la jeune femme à propos de son talent pour l’organisation d’événement comme si elle ne lui avait pas insufflé l’idée quelques instants plus tôt. Elle marcha le long de la scène, s’éloignant un peu de Lara jusqu’à oser mentionner ses parents.
Elles ne parlaient pas de ça, toutes les deux. Elles étaient trop pudiques pour s’attarder trop longuement sur les difficultés qu’elles rencontraient avec leurs parents respectifs, se reposant sur l’idée qu’elles savaient déjà ce qu’elles vivaient en faisant partie de ce clan surexposé. Il n’y avait jamais grand-chose à ajouter, juste des ruminations et des regrets qu’elles auraient pu soulager l’une et l’autre en osant se montrer plus explicites sur ce que ça leur faisait d’être autant mises à l’écart, mais elles préféraient s’amender de la corvée de faire dans le sentimentalisme sous le prétexte qu’elles étaient les vilains petits canards des Pearson. Mais aujourd’hui, le moment était important pour Lara, et parce qu’elle l’avait toujours devinée proche de ses parents à une époque pas si lointaine que ça, elle songea à la possibilité qu’elle puisse regretter de les tenir à distance de tout ce qu’elle s’apprêtait à mettre en place. Sa réponse, elle lui fit doucement hocher la tête "C’est déjà une bonne chose. Vous parlez souvent, avec ton père ?" lui demanda-t-elle en l’enviant peut-être un peu d’avoir réussi à trouver grâce aux yeux de Trevante quand de son côté, sa mère continuait à la traiter comme une malvenue. On ne pouvait pas dire qu’elle faisait beaucoup d’efforts non plus, mais c’était plus simple de rendre Celie responsable de leurs difficultés que le contraire. Sur ce point, Evie pouvait se montrer terriblement puérile parfois "Il y a un moment où elle se rendra compte de ce à côté de quoi elle passe. Crois-en mon expérience, ça ne sert à rien de forcer les choses, ça fait encore plus de mal." lui avoua-t-elle, se laissant guider par ses pensées pendant qu’elle continuait de longer la scène. Et puis, elle pivota, pour de nouveau rejoindre Lara "C’est une vraie question ? Si oui, et si tu veux vraiment mon avis, je ne trouve pas que tu sois aussi hypocrite que ça." Pour ce que ça valait. Elle fronça les sourcils, haussant les épaules en jetant un regard circulaire à l’ensemble de la pièce "Tu sais si ç’était aussi facile que ça, si tout était rationnel, les thérapeutes pourraient ranger leur bloc-notes et leur stylo. Mais c’est déjà dur, de garder de bonnes relations avec ses parents, ça l’est juste un peu plus pour nous… et ça ne fait pas de nous de mauvaises personnes, c’est juste comme ça." C’était sa grande phrase, en ce moment, ce c’est juste comme ça "Si tu as encore besoin de temps pour leur parler de tout ça, prends-le. Et même si tu ne te sens jamais prête à t’ouvrir, tu auras quand même accomplie de belles choses, non ?" Sans leur soutien qui plus est, ça la rendait encore plus méritante qu’elle ne l’était déjà. Mais ça, elle ne le lui dit pas, penchant la tête sur le côté avec un sourire naissant au coin de ses lèvres "Ça va être une belle aventure, j’en suis persuadée." Elle savait ce qu’elle aurait dû faire: la convaincre  pour de bon d’impliquer ses parents dans tout ça et lui faire réaliser à quel point c’était important de vivre ces moments-là avec eux. Mais elle n’arrivait déjà pas à démêler ses propres problèmes avec sa mère, il ne fallait pas attendre d’elle qu’elle se range du côté parents de l’histoire avec celle qu’elle se traînait, trop peu pour elle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Ta relation avec tes parents a bien changé au fil des années et maintenant que tu y penses, il n'y a jamais eu de tableau de famille parfait. Tu sais déjà que si on posait la question à tes parents, ils diraient certainement que tout se portait bien quand tu étais encore à l'université, quand tu prévoyais de trouver un boulot dans un laboratoire pharmaceutique et de rejoindre la fondation Pearson par la suite... cependant, ce n'est pas la vérité, tu n'étais pas toi-même pendant ces années-là, et maintenant que tu tiens debout sur cette scène, à côté d'une personne qui te connait vraiment, le contraste est encore plus saisissant. Oui, tu courbais l'échine pour rentrer dans le moule et leur faire plaisir, espérant encore gagner plus de points auprès de tes géniteurs, alors que cela n'aurait jamais dû fonctionner de la sorte. Combien d'années as-tu perdu en agissant ainsi ? Autant ne pas compter, cela te donnerait sûrement le tournis maintenant que tu y penses et ce n'est pas comme si tu pouvais retourner en arrière, attraper la toi du passé par les épaules et véritablement la secouer et lui dire de se réveiller. Ce qui est fait est fait et à présent, les choses vont un peu mieux, avec ton père seulement, cependant, tu ne peux pas te sentir coupable. Tu aimes ta vie et ton quotidien tels qu'ils sont maintenant, tu ne troquerais cela contre rien au monde, absolument rien.
"On a commencé tout doucement mais maintenant on se retrouve pour déjeuner au moins une fois par semaine en fonction de nos emplois du temps respectifs..." Tu réponds simplement à la question d'Evelyn, te mordant la lèvre en songeant au fait que c'est une opportunité qu'elle n'aura jamais avec son père à elle et que oui vraiment, ce n'est pas juste. Cependant, tu connais assez ta cousine pour savoir qu'elle refuserait que tu t'excuses ou que tu te sentes mal à cause de cela, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez changer, ni elle, ni toi. Tu ne mentionnes pas Cassandra, comme tu l'as déjà dit, c'est compliqué, elle campe sur ses positions et ton père t'a beau avoir assuré qu'il tentait de faire le travail nécessaire avec ta mère pour la persuader que tu as fait les bons choix, cela ne devrait pas être son travail à lui. Ni le tient d'ailleurs en réalité, voilà ce que tu te dis l’instant suivant, te raccrochant aux mots d'Evelyn un peu plus que nécessaire et hochant la tête. "Je ne pense qu'il me faudrait des fonds illimités pour persuader un psy de se pencher sur un cas comme le mien et celui de mes parents." Tu as un léger rire en disant cela, ne sachant même pas si ton trait d'humour fonctionne, et tu te vois mal te perdre sur un canapé pour raconter tes problèmes. Tu ne saurais absolument pas par où commencer et dans le fond, tu détesterais que quelqu'un te dise de quelle manière faire avancer les choses. Evie marque des points et elle te rassure encore, très facilement, si bien que tu veux la croire et qu'une partie du stress que tu as ressenti jusqu'à présent s'envole en écoutant ta cousine.
C'est un peu le super pouvoir d'Evelyn, que tu concèdes en ayant un autre sourire, cette capacité de garder la tête haute dans l'adversité et de continuer d'utiliser la logique et la raison et ce peu importe la situation... Tu ne sais pas comment elle fait, tu espères pouvoir être en mesure de le faire un jour, tu es encore loin du compte pour le moment. "La vérité c'est que je ne suis pas prête pour leur montrer tout ça..." Que tu concèdes, hypocrite ou non, Evie a raison, autant être honnête avec toi-même, tu préfères garder ton boulot loin de tes parents pour le moment. Si jamais tu décides de partager avec eux cet endroit, ce sera avec une fierté certaine et pas parce que tu as peur ou que tu hésites. "Et tu as raison, si je décide de forcer les choses, cela me reviendra en pleine figure, littéralement, j'en ai déjà fait les frais quand j'ai fait mon coming out, la première fois. Je ne veux pas repasser par cette case." Tu hoches négativement la tête, tu peux encore te souvenir du discours de tes parents à ce sujet-là, t'assurant que ce n'était qu'une phase et que tu n'étais pas prête pour ce genre de décisions. Peut-être pas, cependant, à quinze ans, tu aurais bien voulu entendre un tout autre discours de la bouche de tes géniteurs. Plutôt que de voir la honte et l'agacement passer sur leur visage, plutôt que de savoir que tu es la source de ces sentiments-là.
"Quand je serais prête à leur en parler, je leur ferais…" Oui, Trevante comme Cassandra, tu pourras les convier ici, leur dire qu'ici, c'est toi le patron, qu'ici, tout le monde se sent en sécurité, y compris toi et ce peu importe les préjugés et l'argent qui coule à flots. Tu prends une autre inspiration, te rapprochant d'Evelyn pour lui prendre la main droite, la serrant légèrement. "Merci." Tu sais déjà qu'elle va te dire que tu n'as pas besoin de la remercier, cependant, pour toi, c'est important de le dire à voix haute, parce que maintenant que tu le réalises, Evie a été là pour toutes les étapes importantes ces derniers temps. "De ne pas me juger et ... pour tout. Merci pour tout Evelyn..." Pour être là, et se montrer encourageante et pour être la grande sœur qu'il t'aurait très certainement fallu en grandissant, aucun doute sur ce simple fait. Elle veille sur toi à sa manière et sans la présence de l'autre brune dans ta vie, tu ne te serais jamais lancée dans une telle entreprise, et ce, même si Evelyn t'assurera que c'est toi et qu'elle n'y est pour rien. "Bon ..." Tu prends une profonde inspiration, n'ayant pas du tout anticipé le caractère aussi sérieux de votre conversation du jour. "On va parler de quelque chose de plus joyeux avant que je ne ruine mon mascara, okay ? Okay !" Tu laisses échapper un autre rire, celui-ci un peu plus nerveux, ne voulant vraiment pas ruiner le moment avec des larmes ou autre chose.

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crédit/(gwensgifs) ✰ w/@Lara Pearson  

"C’est bien." intervint-elle doucement quand Lara lui dit qu’elle voyait son père une fois par semaine pour déjeuner, le sourire lui venant tout aussi délicatement, comme se développant au fur et à mesure qu’elle les imaginait attablés, à discuter de tout et de rien. Elle se serait sentie mal à l’aise si elle avait pris le temps d’expliciter sa pensée, si elle avait levé voile qui reposait sur ce c’est bien qu’elle lui adressa avec un calme infini, mais qui dissimulait tout ce qu’elle n’oserait pas lui dire; profites-en, tu ne sais pas la chance que tu as… ce genre de petites choses qu’elle avait cessé de prononcer parce qu’elle ne voulait pas faire reposer son deuil mal fait sur les épaules de qui que ce soit, et surtout pas sur celles de Lara. Elle ne pouvait que l’encourager pudiquement à continuer à prendre sur elle, à faire des efforts avec ses parents, et à en retirer le meilleur pur flouter les mauvais moments qu’ils avaient passé ces dernières années, à ne pas réussir à se comprendre, les uns et les autres. Encore une fois, elle l’admirait beaucoup d’avoir cette force-là; de faire amende honorable, et d’endiguer la rancœur qu’elle pouvait ressentir pour ses parents. C’était d’une maturité qu’elle n’avait jamais douté qu’elle avait, et plus elle la regardait, plus elle se disait que l’âge n’avait rien avoir avec ça et qu’elle devrait tôt ou tard s’échiner à suivre son exemple pour simplement faire table rase et profiter de sa propre mère, de ce qu’elle pouvait lui apporter durant quelques années encore, et qui n’était pas que du mauvais, elle en était persuadée quelque part, au plus profond d’elle-même.

Pas de tout de suite. Tout de suite, elle était trop occupée à sourire face à la blague de sa cousine "Tu crois qu’ils font des prix de groupe, les psys ? Je demande ça pour une amie." Elle feignit l’innocence tout en potassant intérieurement sur l’idée qu’en vérité, elle serait prête à consulter si elle n’avait pas tant l’impression de devoir se justifier sur tout ce qui constituait sa vie, si elle n’avait pas autant peur d’être confrontée à ses propres émotions aussi. Elle dégagea son visage de ses cheveux, ses doigts s’écartant pour mieux les replacer, et bascula la tête en arrière pour regarder le plafond lumineux du club. Elle s’imagina une ambiance dans laquelle elle n’était pas habituée à être certes, qui n’en était pas moins digne d’une contemplation qu’elle s’autorisa quelques instants avant de baisser de nouveau la tête pour poser son regard sur Lara. La secouant pour marquer son point, elle lui répondit "Concentre-toi sur l’ouverture du club. Tu dois avoir l’esprit tranquille pour faire les choses bien. Tu sentiras que tu seras prête à les faire entrer dans ton univers, je te le promets. Ce n’est pas important si c’est maintenant ou à un autre moment… c’est ta vie, c’est toi qui fais les règles." C’était important de le souligner, même si ça ne paraissait qu’un détail pour quiconque surprendrait leur conversation; et elle savait de quoi elle parlait. Si elle n’avait pas quitté Brisbane, sa vie aurait été celle de Lara a un moment donné. Elle, elle n’avait même pas essayé de rentrer dans le moule, elle s’en était extraite le plus rapidement possible, se gargarisant de la satisfaction de savoir tenir tête à celle qui l’avait mise au monde, mais ça ne la rendait pas plus forte, ça la rendait simplement plus lâche.
Lara, elle avait su compartimenter son évolution pour éclore soudainement, en paix avec sa conscience pour avoir d’abord tout tenté, pour avoir voulu se plier aux choix que ses parents avaient pour elle. Elle avait définitivement fait une croix sur la certitude que c’était fait pour elle parce qu’elle s’était donnée les moyens de savoir vraiment ce que ça ferait de vivre cette vie-là. Elle n’avait pas fuit, elle avait tout affronté jusqu’à en avoir assez, et ça faisait d’elle quelqu’un de droit qu’Evie respectait plus que quiconque dans son entourage. Elle avait la vie devant elle, elle n’avait pas besoin de se précipiter pour y faire entrer quiconque. C’était son royaume, elle en était l’unique souveraine, aussi bien grâce à la manière dont elle avait évoluée, que par sa volonté de réussir en écrasant tout sur son passage, Doc Martens aux pieds.
Evelyn s’était un peu perdue dans ses pensées. Le contact de la main de Lara prenant la sienne la fit revenir sur Terre, et affronter son regard avec plus d’émotions qu’elle ne croyait. Elle lui laissa sa main, raffermissant son étreinte, mais elle se servit de l’autre pour lui toucher doucement l’épaule en lui disant presque tout bas "Lara, tu n’as pas besoin de me remercier." C’était elle qui faisait tout, c’était elle qui méritait les honneurs. Elle n’était là que pour lui assurer une sécurité qu’elle savait inutile puisqu’elle était tellement forte, que quoi qu’il se passerait, Evie savait qu’elle s’en sortirait. Elle posa sa main sur sa joue, juste pour prendre son visage en coupe et froncer le nez quand elle ajouta avec malice "Je vais te dire quelque chose qui va te faire grimacer, mais ce sera l’unique fois si c’est trop pour toi, croix de bois, tout le tralala…" lui fit-elle, barrant son coeur d’une croix rapide, et lui disant enfin, la voix pleine de sourires, et un peu chevrotante d’émotion et de gêne quand même "Je t’aime, OK ?" Le petit coup de tête qui apposa le point qu’elle venait de prononcer, il marqua littéralement le tout. Une, deux, trois secondes, et elle finit par faire un petit bon en arrière, mains dressées comme une voleuse prise sur le fait et sourcils haussés très haut "C’est le moment de te demander de me montrer les loges des danseuses pour dissiper tout ça." Une bonne idée, qu’elle répéta avec plus de légèreté Lara, je peux voir les loges des danseuses, s’il te plaît ?" Et elle avait l’air angélique Evelyn, mais elle avait aussi l’air d’être à deux doigts de fondre en larmes d’émotion et de ruiner elle aussi son mascara.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Non, il y a des années en arrière, tu n'aurais jamais cru que l'avis de quelqu'un qui porte le même nom de famille que toi compte autant. Pourtant c'est bien le cas, c'est une évidence même et la présence d'Evie a été une véritable ancre ces derniers mois. Surtout quand les doutes sont arrivés, surtout face à tous les détails administratifs, la gestion du budget du club et la réalisation que si tout ceci se solde par un échec, tu devras l'assumer pendant des années. Bien entendu, tu ne seras pas seule, Itziar fait partie de ta vie depuis des années et elle ne risque pas de disparaitre du jour au lendemain, ça tu l'as toujours su dans le fond et tu lui accordes une confiance aveugle, c'est certain... Cependant, c'est bien différent avec Evelyn et tu sais que quoi qu'il se passe, elle sera là pour t'épauler, aussi quand elle t'assure que tu n'as pas à la remercier, restant proche de toi, tu hoches négativement la tête, prêt à démonter ces arguments, un par un. "Bien sûr que j'ai besoin de te remercier, tu crois vraiment que j'en serais là si je n'avais pas repris le contact avec toi ?" La réponse est évidente, non, tu ne serais pas là, tu n'aurais jamais envisagé devenir ta propre patronne, et tu aurais encore l'impression d'être une gamine impétueuse qui n'est jamais sortie de sa crise d'adolescence. Avec une passion qui ne l'a mènera nulle part, et oui, peut-être que tu es un peu trop dure avec toi-même, mais c'est bien cette impression peu glorieuse de ta personne que tu as eu au moment où tu as décidé d'arrêter la fac, d'arrêter de prétendre et juste de vivre ta vie. "Ou si j'habitais avec quelqu'un d'autre ?"  Encore une fois, la réponse est négative, aucun doute à tes yeux là-dessus et Evelyn ne s'en rend peut-être pas compte, mais vivre avec elle, cela t'a réconcilié avec beaucoup de parts de toi-même.
Assez pour que tu réalises que tu n'avais pas à avoir honte de ce que tu voulais, et que tu n'avais pas à te sentir stupide pour ne pas avoir des envies de grandeurs ou rendre honneur à ce nom de famille. Et pour réaliser que tu ne dois rien à personne en réalité et que tu peux juste vivre sans culpabiliser et sans devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Cela s'est tissé et dessiné au fil des jours, dans votre appartement, à forcer Evie à regarder des dessins-animées qui ne sont plus de son âge, ou les mille tentatives de l'organisatrice de mariage à te faire manger un plat équilibré, ou même les notes laissées sur le frigo pour l'autre quand vos emplois du temps respectifs et les horaires non-compatibles vous ont empêchées de vous voir... Tout cela, ça a joué, tout cela a eu un impact alors oui, tu dois la remercier.
"Hmm ?" Tu ne t'attends pas aux prochains mots d'Evelyn et ton expression doit être très similaire à la sienne, l'émotion est là et tu mentirais si tu disais que ce sont des mots que tu as entendus souvent... Non malheureusement pas, tu n'essayes même pas de t'apitoyer sur ton sort, c'est la vérité, tes parents ont toujours été avare en matière d'affection et prononcer ces trois mois-là n'a jamais fait partie de ton quotidien... Ta vie amoureuse ? Vide, et personne ne s'est jamais attardé assez pour développer de tels sentiments et réalité encore plus cruelle, tu n'as jamais laissé s'approcher de toi à ce point-là. Cela veut très certainement en dire beaucoup sur toi, cependant, ce n'est pas le moment pour une introspection non, tu resserres la main d'Evelyn et tu hoches la tête. Tu sens les larmes monter, l'émotion, tout ce qui te serre le cœur pour de bonnes raisons et parce que tu sais qu'elle est sincère et tu prends une profonde inspiration pour ne pas te mettre à pleurer sur scène. Oui, tu décides que cela serait de très mauvais augures, à la place, tu t'éclaircis la gorge.
"Aucune grimace de ma part.… tout ce que je peux te dire c'est que moi aussi je t'aime, okay ? Quoi qu'il se passe avec le reste de la famille, je sais que tu es là, pour de vrai. Et l'inverse s'applique également..." Tu seras toujours là pour elle, sans qu'elle n'ait besoin de le demander, tu espères qu'elle le sait et que tu as su le lui démontrer. Une larme réussit à passer la barrière que tu t'étais imposée et tu la chasses rapidement de tes joues, parce que tu avais réussi à si bien te contrôler jusqu'à maintenant, tu ne vas pas craquer pendant la dernière ligne droite.
"Okay donc les loges..." Tu as un léger rire nerveux avant de guider Evelyn vers l'autre partie de Paradise City. "Par ici Miss Pearson." Vous descendez rapidement de la scène et tu la guides vers les fameux vestiaires et les loges.  Une partie qu'aucun client ne verra si tout se passe bien, et tu y comptes bien, ce n'est qu'une distraction dans tous les cas, vous le savez toutes les deux, mais quand même. Tu peux en montrer plus à ta cousine avec le cœur un peu plus léger qu'il y a quelques minutes et pouvant enfin partager tout ceci avec elle... en plus de tout le reste.