| to our missed events. (JANCES) |
| | (#)Sam 6 Nov 2021 - 14:13 | |
| Cache-cache, ce jeu enfantin que tout le monde connaît. La partie est lancée depuis le début du mois de novembre. Pourquoi diriez-vous ? Hé bien, Frances ne souhaite pas croiser une certaine personne dans les couloirs de l’hôpital. Évidemment que ce dernier doit être au courant qu’il officine au St Vincent’s maintenant, son nom est cité partout, il y a un bureau pour lui et une salle d’auscultation. En fait si l’espagnol se cache, c’est parce qu’il ne sait pas comment réagir en retrouvant Jake, pour qui il semble toujours avoir des sentiments alambiqués. Amour ? Rancœur ? Il ne saurait le dire et ce qui est certain, c’est qu’il risque de laisser éclater sa colère. Tout ce à quoi il a eu droit, c’était un vulgaire message par téléphone disant grosso modo : je te quitte, à plus, cherche pas à me contacter. Il y aurait eu un émoji doigt d’honneur l’effet aurait été le même. Le soucis, c’est qu’au bout de quatre jours, faire semblant de ne pas se croiser, faire tout ce qui est en son pouvoir pour l’éviter, ça devient vite épuisant et qu’à un moment donné il ne pourra pas retarder l’inévitable. Les gardes se sont succédé ces derniers jours, deux fois de nuit. C’est son dernier rush avant d’avoir un jour de repos. Comme à l’accoutumée, c’est toujours le capharnaüm, il ne peut en être autrement. Depuis six heures du matin, il a enchaîné trois opérations et il est enfin onze heures du matin et il a enfin le temps de prendre son petit déjeuner bien mérité à la cafétéria. Le thé, toujours le thé. Alors qu’il le boit doucement, les fesses vissées sur les fauteuils confortables de la zone. Disons qu’il profite pleinement de cette sensation de délassement enfin méritée. Malheureusement, il se retrouve seul, encore une fois. Il n’a pas vraiment eu le temps de copiner avec les autres pour le moment, et il faut dire que ce n’est pas non plus l’homme le plus… amical de l’hôpital. Il lui faudra donc du temps, mais il ne doute pas que cela finira par arriver. Malheureusement, le repos n’est que de très courte durée puisque son biper se met à vibrer et lui annonce qu’on l’attend aux urgences. – Chiottes. Apparemment c’est un code rouge : alerte vitale lancée. Le patient semble avoir un gros problème mettant sa vie en jeu. Alors il jette son thé encore à moitié plein à la poubelle et se met à courir vers les urgences. Les internes ont également eu le message de toute évidence puisqu’ils vont avec lui. Il s’attend encore à tout, il a déjà vu des choses en Angleterre, autant dire que rien ne peut plus le surprendre.
Alors qu’il déboule, la première chose qu’il voit c’est le corps penché sur le patient afin de le piquer et lui faire une intraveineuse pour l’irriguer en sang. Première pensée : putain fais chier. Jake est là. Sauf que là, pas le choix, il ne peut pas laisser le patient en danger de mort pour une simple affaire de sentiments personnels. Autant jouer la carte de l’indifférence, ouais, c’est ça. Puis la seconde chose qu’il voit, c’est cette… – Mais putain qu’est-ce que c’est que ce bordel là ? J’te jure Hilmann tu prends en photo, j’te fais virer du programme, gronde-t-il en voyant un des internes sortir son téléphone portable. Le patient semble s’être encastré sur palissade en fer, deux piques enfoncés en plein dans l’abdomen et ressortent de l’autre côté. Code rouge, tu l’as dit bouffie. Frances commence à mettre des gants ainsi qu’un masque et une tunique stérile pour s’approcher de l’homme avant de commencer à attraper l’appareil d’échographie pour vérifier les dégâts internes. – La vache, c’est pas passé loin de son estomac, par contre sa rate est complètement explosée, il va falloir faire une splénectomie en urgence. Bipez la traumato, je vais avoir besoin d’aide. Toujours ignorer Jake, même s’il sent sa présence non loin de lui, et ça le dérange plutôt fortement. Le soucis, c’est qu’il va falloir retirer la palissade, et qu’aucun d’eux n’a le matériel pour cela. – Infirmier, allez chercher les pompiers pour qu’ils viennent avec une scie à métaux, va falloir retirer ça pour qu’on puisse l’opérer, sauf que c’est trop grand pour qu'on le retire nous même. Oui, il parle à son ex de la sorte. Il n’a pas envie de montrer une once de gentillesse pour le moment. Trop de rancœur. Qu’est-ce qu’elle disait déjà la psy ? Vous êtes en colère. Tu m’étonnes.
@Jake Vaughan
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| | | | (#)Lun 8 Nov 2021 - 16:25 | |
| Depuis quelques jours, Jake a l’impression d’être suivi, observé, peut-être même hanté. La première fois qu’il a entendu ce nom être appelé quelque part dans l’hôpital, il a cru que c’était une mauvaise blague. Et puis, il s’est dit que son ex petit-ami n’était pas le seul Ramirèz du pays. Quand il est passé dans un couloir qui sentait son parfum, il s’est dit que ce n’était que pour une opération, comme des années auparavant. Et quand il est passé devant son bureau, quand il a vu ses affaires, quand il a compris que c’était bien réel, il a… Il n’a rien fait. Il n’a toujours pas pris le temps de le trouver dans la cafétéria ou entre deux couloirs. Il a rasé les murs des urgences en espérant ne pas le croiser par hasard. Il a prié à chaque fois qu’une ambulance arrivait pour que le problème ne soit pas chirurgical et qu’ils n’aient pas à appeler un généraliste. Jake se sent piégé, traqué. Il sait qu’ils finiront par se croiser, que c’est inévitable. L’hôpital est grand mais le service des urgences croise forcément celui de la chirurgie, encore plus celle de la spécialité de Frances. Un patient vient d’arriver dans un état critique : des barres en fer perforent son abdomen. Les pics se sont plantés dans son dos et ressortent par le ventre : c’est impressionnant à voir, c’en est presque même douloureux pour soi-même. Par compassion, l’infirmier a presque envie de toucher son ventre et de comprimer une plaie inexistante. « Mais putain qu’est-ce que c’est que ce bordel là ? J’te jure Hilmann tu prends en photo, j’te fais virer du programme. » Il n’a pas besoin de lever la tête pour savoir qui est en train de crier sur ses internes. Évidemment que c’est Frances. Il est toujours aussi direct, toujours aussi autoritaire. Ça n’étonne absolument pas Jake qui lève quand même les yeux de son intraveineuse pour trouver l’homme qui partageait autrefois sa vie. Il sent son cœur faire des bonds étranges : il a l’impression qu’il s’arrête pour ensuite se mettre à accélérer. Il ressent trop de choses à la fois, il est incapable de décrire quels sentiments le contrôlent à cet instant précis. « La vache, c’est pas passé loin de son estomac, par contre sa rate est complètement explosée, il va falloir faire une splénectomie en urgence. Bipez la traumato, je vais avoir besoin d’aide. » Jake en a terminé avec les premiers soins : tous les médecins sont arrivés, ce n’est plus à lui de gérer le patient. Il est déjà prêt à laisser la place à Frances et à s’en aller quand il voit ses yeux se poser sur lui. « Infirmier, allez chercher les pompiers pour qu’ils viennent avec une scie à métaux, va falloir retirer ça pour qu’on puisse l’opérer, sauf que c’est trop grand pour qu’on le retire nous même. » Jake le regarde quelques longues secondes. « Bien, docteur. » Il appuie bien sur ce dernier mot. C’est donc tout ce qu’ils sont, maintenant ? Un infirmier et un médecin ? Jake et Frances ont disparu ? Vaughan et Ramirèz aussi ? Ce n’est plus qu’une relation professionnelle ? Il se pose toutes ces questions en courant vers l’endroit où les ambulances emmènent les blessés. Le camion est toujours là : ils ont la scie à métaux sur eux puisqu’il a déjà fallu l’utiliser une fois pour extraire la victime de l’endroit où elle s’est empalée. « Hey ! Attendez, ne partez pas. Je peux vous emprunter votre scie à métaux ? » Le pompier regarde son collègue en haussant un sourcil avant d’accepter la requête de Jake. Il la lui donne, en lui expliquant bien comment celle-ci fonctionne. Vaughan note dans son crâne les informations mais se désolidarise déjà intérieurement : ce n’est certainement pas lui qui va manier un objet comme celui-ci au-dessus d’un patient. Si Frances veut se la jouer bricoleur, il va devoir se débrouiller. Le brun revient aux urgences et tend la scie au chirurgien. « Tiens. Je te laisse faire, moi je ne touche pas à ça. » Et pour appuyer ses dires, après l’avoir mise dans les mains de son ex, il se recule d’un pas. Il s’est permis de le tutoyer, il a même fait exprès : pas de vouvoiement entre eux, il refuse de n’être qu’un infirmier parmi les autres. Ils vont devoir discuter dès que ce patient sera hors de danger, et Jake y compte bien. « Combien de temps ça prend une splénectomie, exactement ? » Jake ne connaît pas le temps des chirurgies, ses connaissances professionnelles s’arrêtent à la limite qu’il y a entre les urgences et les blocs opératoires. Il veut savoir dans combien de temps Frances sortira de là, pendant combien de temps il va pouvoir travailler ses arguments pour ensuite les lui exposer.
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Lun 8 Nov 2021 - 17:56 | |
| Il n’y a pas à dire. La présence de Jake, aussi douloureuse soit-elle six ans après, est toujours étrange. Frances n’a pas totalement guéri de cette relation qui s’est brutalement terminée. La plaie est toujours béante, droit dans son cœur. L’espagnol a été blessé de la façon dont les choses se sont terminées. Il aurait préféré que cela se fasse en face plutôt que par message, il aurait préféré que… en fait il n’en sait rien, mais pas ce qu’il a subit. Néanmoins, il y a une chose de positive : son coming-out a été libérateur. Oh, il ne crie pas sur tous les toits qu’il aime les hommes, et encore, c’est une longue histoire tout ça. Disons qu’il travaille encore là-dessus ; on ne retire pas la bande aussi fortement que lors d’une épilation. L’épilation, belle métaphore pour parler d’une éducation catholique presque intégriste. Quoi qu’il en soit, Jake le rend toujours nerveux, et ce n’est pas bon signe. Voilà pourquoi il durcit le ton, il sait qu’il voudrait lui en coller une en pleine face, mais après il aurait envie de le câliner. Et c’est beaucoup trop dangereux. Frances n’est pas encore au point quant aux sentiments qui l’animent vis-à-vis de son ex compagnon. C’est trop confus pour le moment. D’autant plus qu’il attendait ce moment de lui parler autant qu’il le redoutait. – Bien, docteur. Mange ça dans les dents Frances. Ils ne s’affublent plus que de la dénomination de leurs métiers. Pas même leurs prénoms. Ils se dépossèdent de tout, et ça fait mal. Mais après tout, c’est lui qui a commencé, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Au moins, Jake s’en va vers la sortie pour aller chercher l’objet demandé ainsi que le personnel compétant pour s’en servir. Sauf qu’il ne s’attendait pas à le voir revenir avec simplement la scie à métaux et non les pompiers. – Tiens. Je te laisse faire, moi je ne touche pas à ça. Le chirurgien lève les yeux au ciel avant de se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas devenir méprisant, tout ce qui sort est un juron espagnol avec le merveilleux accent qui va bien avec. – ¡Madre de Dios! Il n’a plus qu’à attendre qu’à attendre la traumato maintenant. Disons que Frances n’est pas habilité à manier ce genre d’engins, alors il ne préfère pas prendre de risque. Il fera tout ce qu’il peut pour maintenir le patient en vie, mais là, ça dépasse ses compétences. Un jet de sang finit par gicler sur le masque du chirurgien, là, ça commence à puer, s’il y a perforation quelque part, il faut agir très vite. Pas le temps d’attendre, il faut immédiatement partir au bloc. – Dites à la traumato de me rejoindre au bloc quatre, on peut pas attendre on va le perdre ! Puis comme ça, il partira loin de Jake. Il commence à bouillonner et à avoir envie d’exploser en public. Lui, une drama queen ? Non, si peu. Frances part avec le lit à roulettes et se dirige rapidement vers l’ascenseur avant d’être interpelé par l’infirmier. – Combien de temps ça prend une splénectomie, exactement ? – J’en sais rien, ça dépendra des dégâts internes ! Il parle sèchement, mais là, c’est surtout parce qu’il y a trop de sang qui coule. D’autant plus que Jake est obligé de grimper sur le lit pour se mettre au dessus du patient et de mettre ses deux mains gantées au niveau de la plaie qui saigne de trop pour la comprimer. Fort heureusement l’ascenseur arrive rapidement et ils partent tous vers le bloc quatre.
∆ ∆ ∆
Au bout de plus de deux heures d’opération, Frances sort enfin du bloc opératoire, les mains en bouillie. Les larmes aux yeux et une envie d’éructer. Il va falloir aller annoncer à la famille la mauvaise nouvelle, et il déteste cette partie du travail. D’autant plus qu’il ne connaît même pas le nom du gamin qu’il vient de tenter de sauver. On lui tend le dossier et il voit le nom Gabriel James, dix-neuf ans. Il serre les poings et indique l’heure du décès estimée à 13h48. Frances arrive dans la salle d’attente des familles et appelle les James, ils ont très bien compris vu l’air du chirurgien que le pire est arrivé et la mère se met déjà à fondre en larmes. – Monsieur et Madame James, les blessures de votre fils étaient trop importantes, nous avons fait ce que nous pouvions, mais Gabriel est décédé. Toutes mes condoléances. Il sait très bien qu’ils n’écoutent pas, ils pleurent, et c’est bien normal. Il les laisse en leur disant que s’ils ont des questions, qu’ils n’hésitent pas à le solliciter, qu’il viendra dès que possible y répondre. Le chirurgien toujours son calot à poissons taché de sang sur la tête commence à déambuler dans les couloirs en se dirigeant il ne sait trop où, cherche un endroit pour s’asseoir et commencer à… à il ne sait quoi, mais il doit hurler. C’est son premier échec à Brisbane et il déteste cette sensation : celle d’avoir été un mauvais chirurgien à cause des pensées parasites qu’il peut avoir. Il enrage parce que pendant toute l’opération il songeait à ce qu’il allait pouvoir dire à Jake alors qu’il aurait pu tenter de faire mieux pour ce pauvre gosse. Il commence alors à s’adosser contre un mur, la respiration courte et une envie incommensurable de pleurer parce qu’il se sent minable d’avoir de telles pensées. Chaque expiration devient de plus en plus douloureuse, à tel point qu’il en viendrait à manquer d’air, à manquer de tout.
@Jake Vaughan
Dernière édition par Frances Ramirèz le Lun 8 Nov 2021 - 19:04, édité 1 fois |
| | | | (#)Lun 8 Nov 2021 - 18:41 | |
| « ¡Madre de Dios! » Jake connaît ces injures-là. Il a suffisamment fréquenté le Ramirèz pour connaître ses phrases espagnoles préférées. Il comprend alors qu’il aurait peut-être dû embarquer un pompier avec lui plutôt que de se ramener qu’avec l’engin. Ça fait soudainement sens dans l’esprit du brun mais, en même temps, il ne pense pas les pompiers habilités à se servir de cette machine au-dessus d’un adolescent grièvement blessé. À vrai dire, l’infirmier n’en a aucune idée et c’est également cette incertitude qui le pousse à reculer. Plus il laisse de l’espace à Frances et aux autres médecins pour soigner le jeune homme, plus il se sent utile : il n’a pas réfléchi. Il n’a pas pris le temps de penser à l’ordre que lui a donné le docteur, seulement parce qu’il venait de lui. Si ça avait été de quelqu’un d’autre, il aurait analysé la question en se rendant jusqu’aux pompiers et aurait réalisé leur nécessité. « Dites à la traumato de me rejoindre au bloc quatre, on peut pas attendre on va le perdre ! » Jake suit le brancard en se maudissant de l’intérieur de ne pas avoir eu les bons réflexes. Ça ne lui ressemble pas d’être distrait, de faire passer ses besoins avant ceux du patient. Et pourtant, il le fait une seconde fois en demandant à Frances combien de temps dure la procédure. « J’en sais rien, ça dépendra des dégâts internes ! » Jake a envie de s’en aller mais la plaie saigne de trop. Et bien que ça ne soit pas son rôle à la base, il se sent obligé de s’en mêler, d’aider, et de partir avec eux au bloc opératoire.
∆ ∆ ∆ Après avoir rejoint le bloc et une fois la traumatologie arrivée, Jake est parti du bloc en demandant qu'on le tienne au courant de l’avancée de l’opération. Il l’a fait pour deux raisons : d’abord parce qu’il suit toujours le parcours de tous ses patients, et aussi parce qu’il veut savoir quand Frances sera libre. Il est de nouveau aux urgences au moment où le Ramirèz sort de chirurgie, et Jake est prévenu via un message sur son téléphone portable. « Bon, tu es entre de bonnes mains, je te laisse ici. Ça va aller bonhomme ? » Le petit garçon venu pour un pied cassé hoche la tête de haut en bas, joyeusement. Jake a réussi à sécher ses larmes et a lui redonner le sourire le temps que quelqu’un de la radiologie vienne confirmer la blessure, alors il est resté une seconde fois : le temps qu’on l’emmène en salle de soins, pour se faire poser un plâtre. Après lui avoir dit au revoir, Jake marche en direction de la salle d’attente. Il a repéré les James il y a une heure et demi déjà et a essayé de les rassurer du mieux qu’il le pouvait, sans trop s’avancer. L’état de Gabriel était vraiment préoccupant et l’infirmier préfère être mystérieux et craindre le pire avec les familles plutôt que de donner de trop gros espoirs. Les ascenseurs émotionnels, ce n’est jamais bien : quand on s’écrase, il y a la mort en bas. « Toutes mes condoléances. » Quand il arrive dans la pièce, c’est cette phrase qu’il entend, suivis des pleurs et plaintes de la famille du jeune garçon. Il voit Frances de dos, qui se dirige vers une autre porte que celle par laquelle est entrée Jake. Le brun regarde la famille quelques instants supplémentaires avant de suivre son ex dans le couloir : il le voit marcher vite, sans avoir de destination précise, jusqu’à finalement s’arrêter contre un mur pour souffler. À l’autre bout, Jake ne sait pas s’il doit s’approcher ou s’il ferait mieux de s’en aller. C’est en voyant qu’il a du mal à respirer qu’il se décide et qu’il avale les quelques pas qui le séparent de l’homme qu’il aimait autrefois. « Je suis désolé. » Il dit, en posant sa main sur l’épaule de Frances. « Pour ton patient, je suis désolé. » Il précise : il ne parlait pas de leur rupture, là. « Tu veux prendre l’air ? Il y a une sortie pas loin d’ici et une machine à café juste à côté de la porte. C’est le moment de se requinquer. » Un café, un thé, peu importe : il veut lui offrir quelque chose à boire et avoir l’opportunité de discuter avec lui. « Tu travailles ici à temps plein ? » Il ne sait pas comment poser la question sans avoir l’air offensé, sans être trop intrusif. L’infirmier se sent légitime, pourtant, de lui demander ce qu’il fait sur son lieu de travail. « Je ne pensais pas te revoir un jour. » Il dit ça, oui. Même si c’est lui qui l’a quitté, même si c’est lui qui a fait en sorte qu’ils ne se croisent plus. Il ne le pensait pas capable de prendre un poste dans le même hôpital que lui, d’habiter dans la même ville que lui, presque de respirer le même air que lui. Qu’est-ce qu’il lui a pris ? Est-ce que c’est juste professionnel ou est-ce qu’il y a autre chose ? Jake a beaucoup trop de questions, subitement, et il espère du plus profond de son être que Frances a toutes les réponses.
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Lun 8 Nov 2021 - 20:33 | |
| Il a du mal à respirer, son souffle se fait court et ses sens sont gourds à cause d’un manque flagrant d’oxygène. Les pensées parasitées par des idées trop mal dirigées. Il n’y a rien à faire. Le pauvre gosse est décédé à cause de son incompétence patente dès qu’il s’agit de ressasser des événements passés. La présence de Jake n’a pas aidé non plus, d’autant plus qu’il n’a fait que penser à lui, que penser aux piques acerbes qu’il pourra lancer. Frances a peut-être loupé certaines choses, probablement ; non son comparse en traumatologie lui aurait fait remarquer. Après tout, c’est lui le petit nouveau. Il commence bien, six opérations, un mort. Joli pourcentage, on commence fortement. Il déteste cette impression d’avoir été mauvais. Ce qui n’arrange pas sa légère crise d’apoplexie d’ailleurs. Des gens passent dans les couloirs, certains le regardent, d’autres ne font qu’avancer sans daigner lui accorder un coup d’œil. Qu’ils passent, il ne veut pas de la pitié des autres. Ce métier est éprouvant, et le milieu médical en règle général l’est de toute manière. Puis une main se pose sur son épaule, une pression habituelle, mais qui le fait sursauter de part son irruption. – Je suis désolé. Oui, ça lui fait une belle jambe. Ce n’est pas ce qui va ramener ce gamin à la vie. Il se dégage de cette étreinte qui en prime est plus que malvenue. Il a abandonné ce droit depuis longtemps, celui de pouvoir le toucher comme il le souhaite. – Pour ton patient, je suis désolé. Il avait cru comprendre en prime. De toute façon, si Jake avait vraiment été désolé pour leur rupture, il ne l’aurait pas fait comme un lâche par message. Il aurait accepté de le voir et de le lui dire en face. Frances sait très bien que le temps des excuses est passé depuis maintenant très longtemps. – Tu veux prendre l’air ? Il y a une sortie pas loin d’ici et une machine à café juste à côté de la porte. C’est le moment de se requinquer. Il ne lui répond toujours pas, toujours penché, les mains sur ses genoux. De toute façon, il va lui répondre quoi ? Oh oui, allons prendre une boisson en faisant comme si de rien n’était ? Autant se mettre deux doigts au fond de la glotte pour se faire dégobiller. Le chirurgien doit juste prendre son temps pour parler. Trouver quoi lui dire, après tout, c’est pour ça que Gabriel est décédé. – Tu travailles ici à temps plein ? Je ne pensais pas te revoir un jour. Cette fois-ci, Frances se redresse et le regarde droit dans les yeux, sans se démonter. Il y a longtemps que son ex a perdu le droit de lui poser la moindre question sur sa vie privée et professionnelle. Il y a très longtemps qu’ils n’ont plus rien à voir l’un avec l’autre, et Jake le lui a bien fait comprendre avec ce message dédaigneux qu’il lui a pondu en guise de rupture. Donc non, pas de question, il n’en a pas le droit. Certes, Frances avait eu beaucoup de tort, mais il aurait mérité plus qu’un putain de SMS envoyé à l’arrache. C’est pour cela qu’il l’a en travers de la gorge et qu’il aimerait avoir des excuses, pas pour avoir rompu, parce que c’était inéluctable, mais pour la façon dont tout ça a pu se faire. – Tu as retrouvé tes couilles c’est bon ? Y a cinq ans t’en avais pas autant pour me parler en face après tout. C’est plutôt violent, mais s’il s’écoutait il lui mettrait sa main à la gueule, donc autant user de verve plutôt que de geste. Frances n’est pas un bagarreur, loin de là, mais il a été touché dans son égo et ça ne lui a pas plu du tout. La colère, elle n’est pas que contre lui-même là, elle est surtout envers Jake. – Je t’interdis de me toucher, t’as bien compris ? Tu as perdu ce droit quand tu m’as largué par SMS comme une vieille merde ! Il hausse le ton et certains commencent à les regarder, des infirmiers, également des médecins ou des patients. Oui, maintenant il n’en a plus rien à faire qu’on puisse savoir qu’il est attiré par les hommes. Alors au diable tout cela ! – Oui, votre si parfait Jake Vaughan, l’infirmier tout mielleux, m’a largué par SMS, et maintenant il ose me demander ce que je fais ici ? Prendre les autres à partie, c’est toujours une très mauvaise idée, mais il veut faire ressentir toute cette rage qu’il ressent à Jake ; il veut qu’il comprenne qu’il a vraiment été blessé, combien même leur rupture était nécessaire. Nécessaire. Pas à faire comme un connard et s’arracher comme un voleur. Il lui en veut terriblement, mais il réagit aussi sous le coup de l’émotion, car son cœur bat beaucoup trop vite. Il ne sait toujours pas où il en est question sentiments, mais il commence enfin à en comprendre la teneur. – La vérité c’est que j’ai obtenu un meilleur poste dans un meilleur hôpital avec une meilleure fiche de paye, alors j’ai pas hésité deux secondes. C’était absolument pas pour te revoir. T’étais même unes des raisons qui m’aurait fait refuser. ALERTE MENSONGE. Non, c’est faux, il voulait le voir, il voulait le confronter. Sa psychologue lui avait dit que ce serait nécessaire pour le processus de guérison. Frances avait besoin de le revoir, pour comprendre, pour tenter d’exprimer ce qu’il ressentait, ce qu’il ressent toujours, même si c’est le bordel dans sa tête et dans son cœur. Ses poings sont crispés, ses jointures blanches, sa mâchoire tellement serrée qu’il s’en ferait mal aux dents. Mais le pire, c’est probablement son cœur saigne terriblement.
@Jake Vaughan
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| | | | (#)Jeu 11 Nov 2021 - 17:55 | |
| En posant sa main sur son épaule, Jake savait par avance qu’il faisait quelque chose de déplacé : Frances le lui confirme en se dégageant de son emprise. Il reste dans sa position, à la recherche de courage et d’air. Le brun ne peut que lui dire qu’il est désolé pour son patient et lui conseiller d’aller dehors. Respirer lui semblera plus simple face au temps printanier qui s’est installé à Brisbane depuis quelques jours. C’est vrai que la pluie vient souvent embêter les habitants mais là, en cet instant précis, elle ne peut qu’être salvatrice. Jake l’a comme alliée depuis un bon nombre d’années, désormais. Et il sait très bien que là où vivait avant Frances, elle était similaire et tout aussi agréable. Le monde semble s’écrouler à chaque pouls qui s’arrête, et le fait de se refroidir sous une pluie battante ne fait qu’aider à prendre conscience de ce qui s’est réellement passé. Frances n’y était pour rien, dans la mort de Gabriel. Le plus grand chirurgien au monde n’aurait rien pu faire face aux blessures de l’adolescent, et l’infirmier pense que son ex petit ami ne s’en est pas encore rendu compte. C’est pour ça, et seulement pour ça, qu’il lui parle de cette sortie et de la machine à café. Mais c’est bien pour d’autres raisons qu’il lui demande s’il a un travail régulier ici et qu’il lui avoue ne jamais avoir songé à le revoir un jour. C’est les mots de trop, Jake le comprend en voyant le Ramirèz se redresser, lui faire face, le regarder droit dans les yeux. « Tu as retrouvé tes couilles c’est bon ? Y a cinq ans t’en avais pas autant pour me parler en face après tout. » Touché. Vaughan secoue son visage. Si Frances est énervé, en cet instant, ce n’est pas à cause de lui : c’est parce qu’il vient de perdre quelqu’un sur sa table d’opération. « Ne mélange pas tout, s’il te plaît. » Il lui demande gentiment, doucement, mais ça ne sert à rien. « Je t’interdis de me toucher, t’as bien compris ? Tu as perdu ce droit quand tu m’as largué par SMS comme une vieille merde ! » Le ton monte et ça n’arrange pas Jake. Il regarde rapidement autour d’eux et oui, l’impression d’être observé se confirme : ses collègues sont là, ceux qu’il connaît depuis des années. « Oui, votre si parfait Jake Vaughan, l’infirmier tout mielleux, m’a largué par SMS, et maintenant il ose me demander ce que je fais ici ? » Les regards se détournent et les activités se reprennent, dans le couloir. Personne n’en a rien à faire de la crise de Frances, tout simplement parce que ceux qui devaient être au courant le sont déjà. Jake n’a jamais prétendu être parfait. Il n’a jamais dit être la bonté incarnée, ni le mal en personne. Il est l’homme qu’il est, avec ses défauts et ses qualités, et ses collègues n’ont pas oublié à quel point il était mal lorsqu’il a rompu avec le chirurgien. « La vérité c’est que j’ai obtenu un meilleur poste dans un meilleur hôpital avec une meilleure fiche de paye, alors j’ai pas hésité deux secondes. C’était absolument pas pour te revoir. T’étais même unes des raisons qui m’aurait fait refuser. » Prends toi ça dans la face, Vaughan. « C’est bon, tu as terminé ? » Il demande, toujours sur un ton qui se veut doux, agréable. Il sait que ça ne sert à rien de se prendre au jeu de Frances, que ça ne sert à rien d’essayer de parler plus fort que lui : il n’a pas la voix qui porte suffisamment, de toute manière, ils le savent très bien tous les deux. Le plus jeune des deux est également le plus puissant, dans tous les domaines, les cordes vocales ne sont pas une exception. « Tu pensais faire une scène et choquer tous mes collègues en poussant un coup de gueule en plein couloir ? On est pas dans un film, Frances, ils en ont strictement rien à faire de ce qu’il s’est passé entre toi et moi. » Il soupire, plante son regard dans le sien. « Tu penses que je t’ai envoyé ce message en buvant une bière avec eux ? J’ai passé la soirée à pl... » Pleurer, oui, il allait le dire. « J’ai passé une sale soirée à me poser un milliard de questions. Je ne savais pas ce que je devais faire, mais j’étais sûr d’une seule chose : en face à face, je n’aurais jamais réussi à te dire que je ne voulais plus te revoir. » Parce qu’il voulait le revoir, oui. Parce qu’il n’aurait jamais su rompre avec lui s’il n’avait pas envoyé que quelques mots par message. Face à lui, il l’aurait embrassé et lui aurait assuré l’aimer pour toujours. Parce que c’était le cas, parce que ça l’est peut-être encore un peu aujourd’hui : à ce jour, Frances a été le grand amour de Jake, et il le portera toujours dans son cœur. Mais ce n’était plus possible entre eux, l’infirmier a fini par s’en rendre compte et a pris la bonne décision. « Tu peux te lamenter autant que tu veux, tu n’as pas essayé de te battre pour nous. T’aurais pu venir toquer à ma porte en pleine nuit et gueuler à ce moment-là mais non, tu trouves tes couilles cinq ans après, toi aussi ! » Il pose une main sur sa propre bouche en se rendant compte que lui aussi a haussé le ton. Il reprend, une tonalité en dessous. « Tu savais aussi bien que moi que c’est ce qu’il nous fallait. Alors range tes accusations et ton envie de me culpabiliser, ça ne marchera pas. » Il lève les yeux au ciel et se recule d’un pas. « Je venais te voir pour Gabriel, pas pour nous deux. Mais tant pis, reste là à suffoquer comme un con. Félicitations pour ton job. » Et il lui tourne le dos, parce que Jake déteste les conflits et que c’est comme ça qu’il les règle, en général : il s’enfuit. Il l’a fait en envoyant un message, il tente de le faire maintenant. Frances ne l’avait pas retenu à l’époque, est-ce le moment de se rattraper ?
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Jeu 11 Nov 2021 - 19:18 | |
| Le chirurgien a toujours été de ceux qui s’énervent vite, il a toujours préféré hausser le ton et monter en choucroute. Parfois il en vient aux mains, ça a été un sujet de débats quand il était jeune. Ce n’est que quand il est devenu médecin qu’il a commencé à se calmer, à ne plus être dans l’agressivité constante. C’est pour cela qu’il est devenu dans la verve, dans la provocation constante, c’est pour effacer toutes les émotions qui brûlent en lui et qu’il n’arrive pas à extérioriser convenablement. Il ne devrait pas hurler dans les couloirs, il y a des salles de garde pour cela, mais il a été pris de court, d’autant plus qu’il n’arrive plus à respirer, d’autant plus que son cœur saigne tellement que ça lui en fait mal. Le revoir fait remonter des sentiments qu’il aurait préféré ne pas ressentir à nouveau. – C’est bon, tu as terminé ? Non. Mais il va se taire, pour éviter de continuer cette scène, pour éviter de laver son ligne sale en public. Jake ne monte pas le ton, il n’a jamais su le faire, non il reste parfaitement calme et c’est ce qui a le don d’énerver encore plus Frances. – Tu pensais faire une scène et choquer tous mes collègues en poussant un coup de gueule en plein couloir ? On est pas dans un film, Frances, ils en ont strictement rien à faire de ce qu’il s’est passé entre toi et moi. Il fait alors une pause, semblant réfléchir à ce qu’il va dire, un soupire s’échappant de ses lèvres. Non, il sait très bien que ce n’est pas ce qui s’est passé, il sait très bien ce qui est arrivé ce soir-là. C’était indispensable, les pleurs étaient là, autant ne pas le nier. Sauf qu’il y a une différence entre avoir du courage et s’enfuir comme un voleur. – Tu penses que je t’ai envoyé ce message en buvant une bière avec eux ? J’ai passé la soirée à pl... J’ai passé une sale soirée à me poser un milliard de questions. Je ne savais pas ce que je devais faire, mais j’étais sûr d’une seule chose : en face à face, je n’aurais jamais réussi à te dire que je ne voulais plus te revoir. Bien évidemment que c’était une des solutions, mais ce n’était pas la bonne. Il aurait fallu qu’il prenne son courage à deux mains. Jake n’a jamais été quelqu’un de très courageux, et c’est maintenant que Frances commence à s’en rendre compte. Il a fallu attendre une rupture pour qu’il ouvre les yeux. Il n’est pas exempt de tout reproches vis-à-vis de cela, il le sait très bien, mais il a su changer, il a changé et dans le bon sens. – Tu peux te lamenter autant que tu veux, tu n’as pas essayé de te battre pour nous. T’aurais pu venir toquer à ma porte en pleine nuit et gueuler à ce moment-là mais non, tu trouves tes couilles cinq ans après, toi aussi ! Cette fois-ci Jake commence à hausser le ton, et c’est bien une première. Frances commence à vouloir parler, mais il est à nouveau interrompu par les propos de son ex petit ami. – Tu savais aussi bien que moi que c’est ce qu’il nous fallait. Alors range tes accusations et ton envie de me culpabiliser, ça ne marchera pas. Je venais te voir pour Gabriel, pas pour nous deux. Mais tant pis, reste là à suffoquer comme un con. Félicitations pour ton job. Et comme d’habitude, le réflexe premier est la fuite avec lui. Jake tourne le dos et commence à s’en aller. Fuir, c’est toujours sa solution et c’est agaçant. Dès qu’il y avait une dispute et que Frances avançait des arguments, il s’en allait, ne voulant pas le conflit. Sauf que le conflit est parfois nécessaire pour pouvoir avancer.
C’est pour cela que le chirurgien attrape la main de l’infirmier, peut-être un peu fort avant de le pousser dans une salle de garde, plus à l’abri des regards et des oreilles. Ils pourront parler à cœur ouvert en se regardant droit dans les yeux. – Arrête de fuir. Tu ne fais que ça. Tu fuis toujours. Et arrête d’être hypocrite. Tu serais venu pour Gabriel tu m’aurais pas posé cette question personnelle. Il ferme la porte à clef derrière eux en faisant coulisser le verrou avant de se retourner vers lui. Dans la pénombre, leurs corps ne sont que des silhouettes floues. Et si une époque cela aurait pu être excitant pour l’un comme pour l’autre, ce n’est plus le cas désormais. Cette partie de leur histoire est foutue en l’air, comme tout le reste. A part peut-être ce palpitant qui bat trop vite malgré tout ce qui a pu se passer, malgré toute l’eau qui a coulé sous les ponts. – T’es pas possible, t’as pas changé d’un poil. T’es toujours aussi… non j’vais pas dire ce que je pense ça risque de devenir violent voire vulgaire. T’sais quoi Jake ? T’as pas eu de couilles. Ne viens pas me dire que j’aurais pu venir te voir, j’aurais dû faire quoi ? Débarquer dans ta vie et foutre encore plus la merde ? Non, ce n’était pas ce qu’il voulait. Frances a eu suffisamment de torts dans leur relation : il avait peur du regard de sa famille, du regard des autres. Il a changé, c’est un fait. Mais jamais il ne se serait permis d’entrer dans la vie de Jake de façon si intrusive simplement pour se rappeler le bon vieux temps. Non, sa présence à Brisbane ce n’est pas cela. C’était un besoin de changer d’air. D’autant plus qu’il reçu une proposition d’emploi étant donné qu’il était déjà venu ici pour opérer plusieurs fois. – J’ai été mis à pied, l’hôpital où je bossais m’a mis sur le banc de touche pendant un an, le temps que je règle tous mes problèmes parce que je devenais violent, parce que j’enchaînais les erreurs. J’ai consulté un foutu psy pendant une année entière parce que j’ai fait ce que tu me demandais. J’ai osé avouer à tout le monde ce que je suis. J’ai ruiné ma vie quand tu m’as plaqué comme une vieille merde. Il décide de tout lui avouer. Non pas pour le faire culpabiliser, ce n’est pas l’objectif. Frances joue la carte de l’honnêteté, chose qui a toujours pu manquer pendant les deux ans de relation qu’ils ont eu. Ils étaient des âmes sœurs, mais des âmes qui ne pouvaient pas dialoguer ensemble, qui n’y arrivait pas et qui se sont détruites à cause de cette incapacité. – Me quitter c’était la meilleure chose que tu ais pu faire en réalité. Mais j’aurais aimé que tu trouves le courage de venir me le dire en face, quoi qu’il en coûte. J’aurais pu comprendre, d’autant plus que c’était la meilleure chose à faire pour toi comme pour moi. Oui, il en est persuadé. Il se porte beaucoup mieux depuis. C’était tout ce dont il avait besoin pour réaliser quel homme il voulait devenir. Il s’est bien mieux épanouis. Mais restait toujours cette tâche noire : il veut l’entendre de sa bouche, il en a besoin pour définitivement tourner la page. C’était le deal avec sa psychologue, il devait l’entendre dire qu’il le quittait, c’était la condition sine qua non pour qu’il puisse guérir. – Je ne t’aime plus. J’avais besoin de te voir pour le savoir. Je t’ai détesté si fort de m’avoir largué de la sorte. Maintenant tout ce que je ressens pour toi en te voyant, et je m’en rends compte c’est la plus complète indifférence. Je n’ai plus la force de me battre pour toi, comme toi tu n’en avais plus la force non plus. Oui, le battement de cœur qui se loupe, cet énervement, c’est probablement sa façon de se rendre compte de la platitude de ses émotions. Jake ne l’attire plus, la seule chose qui l’attire ce sont des mots qui doivent être prononcés, mais il ne va pas supplier, il ne veut plus essayer. Trop blessé, et trop de larmes qui ont été versées, il n’en a plus pour lui. Tout ce qu’il veut c’est refaire sa vie. Brisbane, bien que la ville de son plus grand amour, est la ville qui lui permettra de renaître de ses cendres. Il trouvera la rédemption, tout ce qu’il aura à faire, c’est ignorer son ex petit ami, chose qui ne sera compliquée apparemment. – Je voudrais que tu comprennes que tu m’as rendu meilleur, mais que désormais tu n’as plus aucun droit d’être intrusif, tu n’as plus le droit de t’inquiéter pour moi, parce que tu aurais été vraiment inquiet, tu m’aurais pas traité comme tu l’as fait.
@Jake Vaughan
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| | | | (#)Jeu 18 Nov 2021 - 16:07 | |
| La communication a toujours été quelque chose de compliqué entre Jake et Frances. Leur première rencontre en témoigne : ils voulaient plutôt dévorer la bouche de l’autre qu’apprendre à se connaître. Les premiers mots prononcés, les premières phrases improvisées, tout ça n’avait pas vraiment de sens quand ils ne pensaient qu’à la même chose. Une nuit ensemble, passionnée, pleine d’intensité. Et c’est parce qu’elle a été si réussie qu’ils ont fait l’effort de se parler, encore, après, pour tout savoir de l’un et de l’autre. Et quand il n’y a plus rien eu à apprendre, ils ont recommencé à préférer les silences ; c’est à travers eux qu’ils se comprenaient le mieux. Quand il fallait parler, ça finissait souvent par un Frances qui hausse le ton et un Jake qui refuse d’entrer sur ce terrain-là. Ça se terminait avec l’un chez lui et l’autre chez soi. Ça ne se ressemblait en rien au couple qu’ils étaient, qu’ils voulaient rester. Ça n’était pas eux, et cinq ans après, il semblerait qu’ils aient toujours la même problématique. L’infirmier tente une approche calme, précise, adéquate face à la situation qu’ils viennent de vivre. Il cherche à savoir comment se sent son ex petit ami après la perte de son patient et, au même moment, essaie de comprendre ce qu’il fait sur son lieu de travail. Mais Frances ne l’entend pas de cette oreille et ce qui aurait pu être une discussion calme et posée se transforme en une agression, en un lynchage sur la place publique. Alors, le même scénario se reproduit. Cinq ans plus tôt, Frances haussait le ton et Jake rentrait chez lui. Cinq ans plus tard, Frances hausse le ton et Jake lui tourne le dos. S’il n’a pas été retenu à l’époque, s’il a réussi à lui envoyer un SMS ensuite, il semblerait que le chemin emprunté soit différent aujourd’hui : Ramirèz attrape la main de Vaughan et l’entraîne dans une salle de garde. « Arrête de fuir. Tu ne fais que ça. Tu fuis toujours. Et arrête d’être hypocrite. Tu serais venu pour Gabriel tu m’aurais pas posé cette question personnelle. » Jake secoue son visage. Il ne sait pas s’il doit rire, pleurer, se taire ou le pousser pour s’en aller. Le chirurgien verrouille la porte. Si ce geste pouvait avoir quelque chose d’extrêmement excitant à une époque, aujourd’hui, ça ne peut qu’embêter l’infirmier. « Une question personnelle… Pardon, je ne savais pas qu’on était si peu intimes. » Il ne lui demande pas d’être son ami. Mais ça lui semble normal d’avoir encore quelques droits sur lui. Jake n’a pas envie de passer d’inconnu à amants pour redevenir des inconnus ensuite. Frances a compté pour lui, Frances comptera toujours, et il a la fâcheuse habitude de s’inquiéter pour ceux qu’ils aiment. C’est tout, ça s’arrête là. « T’es pas possible. T’as pas changé d’un poil. T’es toujours aussi… non j’vais pas dire ce que je pense ça risque de devenir violent voire vulgaire. T’sais quoi Jake ? T’as pas eu de couilles. Ne viens pas me dire que j’aurais pu venir te voir, j’aurais dû faire quoi ? Débarquer dans ta vie et foutre encore plus la merde ? » « Toujours aussi quoi, Frances ? » S’il veut être violent ou vulgaire, il est encouragé : qu’il le fasse, Jake le demande. « Tu comptes me répéter que j’ai pas eu de couilles encore longtemps ? » Il demande, parce que ça ne le gêne pas de lui prouver que si, il en a. « Tu as aussi tes responsabilités, c’est tout ce que je dis. » Il faut être deux pour être en couple, il faut être deux pour rompre. S’il n’a jamais cherché à se battre pour leur relation, ce que lui aussi voulait de cette rupture. Autrement oui, il serait venu jusque chez lui et aurait foutu sa merde. « J’ai été mis à pied, l’hôpital où je bossais m’a mis sur le banc de touche pendant un an, le temps que je règle tous mes problèmes parce que je devenais violent, parce que j’enchaînais les erreurs. J’ai consulté un foutu psy pendant une année entière parce que j’ai fait ce que tu me demandais. J’ai osé avouer à tout le monde ce que je suis. J’ai ruiné ma vie quand tu m’as plaqué comme une vieille merde. » Jake écoute. Et à vrai dire, là, tout de suite, il ne sait pas quoi lui répondre. Il a l’impression que Frances est lui-même partagé, est-ce des reproches ou une explication ? « Me quitter c’était la meilleure chose que tu ais pu faire en réalité. Mais j’aurais aimé que tu trouves le courage de venir me le dire en face, quoi qu’il en coûte. J’aurais pu comprendre, d’autant plus que c’était la meilleure chose à faire pour toi comme pour moi. » Il a l’impression que les phrases ne se suivent pas. Un coup, toute la misère du monde semble être associée à Jake, un autre coup, il semble avoir les réponses à tous les maux. Victime ou coupable, dans quelle case se ranger ? « Je ne t’aime plus. J’avais besoin de te voir pour le savoir. Je t’ai détesté si fort de m’avoir largué de la sorte. Maintenant tout ce que je ressens pour toi en te voyant, et je m’en rends compte c’est la plus complète indifférence. Je n’ai plus la force de me battre pour toi, comme toi tu n’en avais plus la force non plus. » Les mots prononcés par le chirurgien font mal. Que Jake le veuille ou non, son ex a tiré un trait sur lui. C’est évidemment le cas pour l’infirmier également mais lui ne ressent pas que de l’indifférence en voyant l’homme qui a partagé sa vie. Il y a toujours la même affection et le même désir de savoir s’il se porte bien. « Je voudrais que tu comprennes que tu m’as rendu meilleur, mais que désormais tu n’as plus aucun droit d’être intrusif, tu n’as plus le droit de t’inquiéter pour moi, parce que tu aurais été vraiment inquiet, tu m’aurais pas traité comme tu l’as fait. » Jake le regarde droit dans les yeux. C’est le moment de répondre quelque chose. C’est le moment de trouver les mots qu’il n’a pas su prononcer pendant cinq ans. C’est le moment, oui. « On dirait que tu ne me connais pas. » Drôle de manière de débuter, oui, mais Jake sait où il veut en venir. « Je ne peux pas ne pas m’inquiéter. Je ne peux pas ne pas être intrusif. J’ai réussi à ne pas l’être car tu étais à des kilomètres de moi et que c’était plus simple ainsi. Là tu es à... » Il tend sa main, l’effleure du bout des doigts. « Quelques centimètres. Quelques mètres. Des étages au-dessus ou en-dessous. Tu seras toujours dans les parages. Alors non, je ne peux pas te promettre de ne pas m’inquiéter pour toi et de ne pas avoir de questions personnelles si on se croise dans l’ascenseur. » Parce que ce n’est pas dans la nature de l’infirmier d’être indifférent. Il est concerné, constamment, par tout ce qui l’entoure. « Je ne ressens pas de l’indifférence quand je te regarde. Je ne t’aime plus non plus, ça, je le sais depuis longtemps. Mais mon affection est toujours présente et profonde, que ça te plaise ou non. Et tu n’es pas obligé de me répondre si je te demande comment tu te sens, encore moins quand je te demande si t’es installé ici pour de bon, ni ce que tu comptes faire après ton service. Mais tu peux être sûr que ces questions viendront à chaque fois, parce que c’est ce que je suis. » Il hausse ses épaules. « Et c’est de cet homme que tu es tombé amoureux à l’époque alors ne me le reproche pas, s’il te plaît. » Il se recule d’un pas, la proximité étant bien trop troublante. « J’ai… Je… » Il soupire. « Je suis désolé. » C’est peut-être pas ce qu’il recherchait, mais c’est dit. « J’aurais aimé avoir le courage de te le dire en face. Mais je ne m’en sentais pas capable. » Il est désolé que pour ça. Pas d’avoir gâché sa vie, soi-disant, ni de l’avoir forcé à sortir du placard. Il avait besoin d’un coup de pouce et Jake le lui a donné, même s’il a fallu qu’ils se séparent suite à ça. « Et je suis vraiment désolé pour Gabriel. Je suis pas hypocrite, je venais vraiment te voir pour ça. Je sais à quel point tu te tortures toi-même face à tes échecs. Ses blessures étaient trop graves, t’aurais rien pu y faire. C’était pas de ta faute. » Ses yeux toujours plantés dans les siens, il essaie de lui faire comprendre au travers de Gabriel que dans toutes les situations où il s’accable lui-même, ce n’est jamais de sa faute. Frances doit arrêter de se culpabiliser lui-même pour tout et n’importe quoi. Jake le lui disait déjà à l’époque, il le pense encore maintenant.
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Jeu 18 Nov 2021 - 18:52 | |
| Frances ne sait plus sur quel pied danser. L’animosité et la rancoeur se disputent son coeur avec cette euphorie d’avoir enfin une discussion – peut-être houleuse – avec son ex compagnon. Ils étaient des âmes sœurs, il le sait, ils le savent tous les deux. Mais tout s’est achevé dans des circonstances qui ne lui ont pas plu du tout. Le chirurgien aurait aimé un peu plus de courage, il aurait aimé avoir une véritable conversation pour clarifier les choses. Tout ce qu’il a eu c’est ce message et une supplication de ne pas venir le retrouver. Il sait qu’il a fait le bon choix, ne pas insister. Cela aurait ajouté de l’huile sur le feu, et c’était bien inutile. Il avait hésité à lui répondre, il n’en a pas eu l’envie au final, préférant se morfondre sur les choses qu’il a mal faites, sur ses actes manqués et ses paroles en l’air qu’il prononçait. Sa venue à Brisbane n’était pas pour retrouver Jake. Enfin, pas uniquement. Il lui assure le contraire, mais si le doute était présent, ce n’était pas pendant longtemps. Ils devaient parler tous les deux, et cette offre d’emploi était une bénédiction à plusieurs étages. Associer ce pour quoi il est né avec ce besoin irrationnel d’avoir des excuses, ou à défaut des explications pleines de sens sur les raisons de cette rupture aussi brutale et non exprimée de vive voix. – On dirait que tu ne me connais pas. Le problème est bien là. Les deux ne se connaissaient pas malgré les deux années passées ensemble. Ils ne communiquaient pas convenablement, ils préféraient les cris ou alors les réconciliations sur l’oreiller. Ils auraient dû prendre le temps de s’écouter, de se découvrir au lieu de se déchirer comme ils le faisaient. – Je ne peux pas ne pas m’inquiéter. Je ne peux pas ne pas être intrusif. J’ai réussi à ne pas l’être car tu étais à des kilomètres de moi et que c’était plus simple ainsi. Là tu es à... quelques centimètres. Quelques mètres. Des étages au-dessus ou en-dessous. Tu seras toujours dans les parages. Alors non, je ne peux pas te promettre de ne pas m’inquiéter pour toi et de ne pas avoir de questions personnelles si on se croise dans l’ascenseur, et tout en parlant, il vient le toucher du bout des doigts avant de retirer sa main. Il sait très bien que c’est dans la nature de Jake de vouloir savoir. Cet homme a ce besoin d’être au courant des choses quand il s’agit de ses proches, mais il ne l’a pas fait assez quand ils étaient ensemble. A moins que ce soit Frances qui le repoussait dès qu’il s’agissait de sujets trop houleux. Il ne sait plus, tout ce dont il se souvient, c’est de ce message qui lui a pourri l’existence, c’est de ces reproches qui venaient lui empoisonner la vie quand il lui disait qu’il n’avait pas besoin de se cacher. – Je ne ressens pas de l’indifférence quand je te regarde. Je ne t’aime plus non plus, ça, je le sais depuis longtemps. Mais mon affection est toujours présente et profonde, que ça te plaise ou non. Et tu n’es pas obligé de me répondre si je te demande comment tu te sens, encore moins quand je te demande si t’es installé ici pour de bon, ni ce que tu comptes faire après ton service. Mais tu peux être sûr que ces questions viendront à chaque fois, parce que c’est ce que je suis. Et c’est de cet homme que tu es tombé amoureux à l’époque alors ne me le reproche pas, s’il te plaît. Il a raison, c’est pour cela qu’il était tombé amoureux, entre autres raisons bien évidemment. Il ne peut pas le lui reprocher, mais il voudrait pouvoir le faire. Parce que c’est trop troublant de savoir qu’il peut toujours s’inquiéter pour lui après ce qu’il lui a fait. Frances sait que celui qui a eu le plus de torts dans toute cette histoire, c’est lui, et non l’autre. Il le reconnaît, mais cette fois-là, c’était un coup bas qu’il n’a pas apprécié, lui qui préfère la franchise quand elle est plus que nécessaire.
Jake commence alors à se reculer, et il fait bien, parce que cette tension et cette proximité le dérange, les dérange à vue d’œil. Frances quant à lui ne sait quoi répondre, il reste complètement coi. – J’ai… Je… Je suis désolé. J’aurais aimé avoir le courage de te le dire en face. Mais je ne m’en sentais pas capable. C’est tout ce qu’il voulait entendre. Il souhaitait des excuses sur cette façon dont il a fait les choses. Sa mâchoire se desserre immédiatement tant la pression se défait après ces trois mots dont il avait terriblement besoin. – Et je suis vraiment désolé pour Gabriel. Je suis pas hypocrite, je venais vraiment te voir pour ça. Je sais à quel point tu te tortures toi-même face à tes échecs. Ses blessures étaient trop graves, t’aurais rien pu y faire. C’était pas de ta faute. Cette fois-ci, Frances s’assied sur le lit juste derrière lui et commence à voir ce qui s’est passé. Les larmes lui viennent aux yeux. Des mots qui reviennent et qui étaient pourtant loin derrière lui. Ne te renferme pas sur toi-même. Ne culpabilise pas sur tes échecs. Jake n’arrêtait pas de le lui rappeler. Alors le chirurgien pose ses coudes sur ses genoux et prend son visage dans ses mains, essayant de lutter contre des sanglots qui semble vouloir apparaître de façon intempestive. – Je… je sais pas quoi dire Jake. T’étais mon âme sœur, j’avais jamais aimé quelqu’un comme je t’ai aimé. Mais je suis bien obligé de remarquer que tu… fais chier… tu es… il peine à trouver ses mots, les émotions en vrac et le cœur qui se met à faire des yo-yo. Tu es toujours important pour moi. Mais je peux pas faire comme si de rien n’était. Frances voudrait bien que l’on puisse faire table rase de tout ce qui s’est passé. Or ce n’est guère possible. Les actes qu’ils manquaient tous les deux ont bien eu des répercussions sur leurs vies actuelles, à l’un comme à l’autre. Frances sait que sa vie n’est pas celle qu’il souhaitait. Est-elle vraiment meilleure comme il le sous entend ? Il serait tenté de dire que oui. Il semble être bien plus épanouis qu’auparavant. Bien plus que quand il était avec Jake, et même si c’est dur à admettre, c’est bien le cas. – Tout ce que je voulais, c’était t’entendre dire que tu es désolé. Je tiens également à te présenter des excuses. Je n’étais pas à la hauteur quand nous étions ensemble. Je veux également te remercier. Oui, il l’a déjà dit. Sauf que c’est important étant donné qu’il est devenu ce qu’il est également grâce à Jake. Leurs quelques paroles échangées étaient bénéfiques, ils ont appris à grandir grâce à tout cela. Bien que le terme grandir n’est pas le plus adéquat, il faudrait parler plutôt de mûrir. Leur relation a finalement été plus qu’un échec. – Tu m’as aidé à y voir plus clair dans ma vie. J’ai envoyé chier tout le monde. Tu avais raison sur de très nombreux points, notamment sur la place de la religion dans ma famille… cela m’empoisonnait, ou plutôt m’emprisonnait. Jake n’a jamais été très virulent vis-à-vis de tout cela. Il l’était vis-à-vis de l’importance que cela pouvait avoir pour Frances étant donné qu’il se cachait pour ne pas froisser ses parents qui étaient trop catholiques pour accepter ce qu’il est. Bien qu’il n’y ait rien à accepter puisqu’il n’a jamais eu à choisir son attirance amoureuse et sexuelle. Est-ce qu’un hétérosexuel doit accepter quoi que ce soit ? Surtout qu’au final, cela ne concerne personne d’autre que lui en réalité. – Sauf que j’ai pas envie de rester ami avec toi. Tu m’as trop blessé avec ce que tu m’as fait, et ça me reste en travers de la gorge. Mais je ne ressens pas que de l’indifférence… ce serait mentir… Il préfère être totalement honnête, au moins ça fait quelque chose d’honnête entre eux. La transparence a du bon, cela permet d’éviter les conflits. Cela l’aurait été bien utile lorsqu’ils étaient en couple. Parler évite les problèmes, et ça il l’a toujours remarqué dans son travail, dire les choses franchement, cela permet de ne pas souffrir, du moins pas plus que nécessaire. – Je ne suis pas prêt à pardonner. Je ne suis pas sûr de l’être un jour. Je te demande juste de… me laisser respirer. Je suis pas revenu pour toi, je voulais juste pas rester dans une ambiance étouffante. Ne me rend pas la nouvelle étouffante également, s’il te plaît. Très clairement, il lui demande de l’espace. Il ne veut pas être asphyxié par une présence de son passé, par un souvenir qu’il a depuis longtemps enterré. Jake n’appartient plus qu’à son passé, son futur a été défini comme étant sans sa présence et c’est tout ce qui compte pour le moment. Mais après tout, l’avenir n’est jamais tracé à l’avance. – Et je sais que j’aurais pas pu sauver Gabriel. Ce qui me fait chier c’est d’avoir pensé à toi plutôt que d’essayer de faire mon maximum pendant l’opération. C’est tout simple, il aurait dû faire son maximum, c’était ce que l’on attendait de lui, et il n’a pas été à la hauteur. Il a laissé ses sentiments personnels prendre le dessus, et on lui a toujours appris à ne pas le faire, à laisser sa vie quand il se lave les mains avant d’opérer, cela permet d’éviter les erreurs.
@Jake Vaughan
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| | | | (#)Ven 19 Nov 2021 - 18:16 | |
| Est-ce que leur échange ressemble à tout ce qu’il a imaginé durant cinq ans ? Non, probablement pas. Durant les premiers mois qui ont suivi leur séparation, Jake s’imaginait le croiser au coin d’une rue et retomber dans ses bras. Il se voyait lui dire à quel point il était désolé et qu’ils pouvaient reprendre à zéro, repartir sur de bonnes bases, devenir ce qu’ils auraient dû être dès le départ. Il se voyait assumé et décontracté avec lui. Il imaginait un mariage avec de beaux costumes blancs, le père de Jake invité – parce qu’ils auraient fini par se pardonner mutuellement – et la famille de Frances faisant également l’effort de se déplacer. Il voyait les choses en grand car c’est ainsi qu’il le qualifiait. Frances Ramirèz, son grand amour, le seul et l’unique. Et puis, les années sont devenues des mois et Jake a arrêté d’y croire. Il a arrêté d’imaginer le revoir un jour. Il a oublié les phrases toutes prêtes et n’a plus attendu de pouvoir s’expliquer avec lui. Alors, cette conversation arrive et il ne l’attendait pas : oui, il a des choses à lui dire et oui, ils doivent s’expliquer. Mais ce n’est pas facile, ni pour lui, ni pour Frances. Et celui-ci le lui fait bien comprendre en le repoussant d’abord, en criant ensuite, en l’isolant avec lui après. Il le remercie, lui reproche d’avoir gâché sa vie et de l’avoir aidé à y voir plus clair en même temps. Son discours est aussi troublant qu’inégal et finalement, tout ce que trouve à dire Jake, c’est qu’il ne le connaît pas. Deux longues années, et il ne sait rien de lui. Alors que l’infirmier, de son côté, a la sensation de maîtriser son ex petit ami sur le bout des doigts. Car quand l’un était trop préoccupé à se cacher et à se trouver des excuses, l’autre essayait de mettre son compagnon en avant, essayait de l’aider à s’ouvrir davantage. Il s’est effacé, petit à petit, à trop vouloir pousser le chirurgien sur le devant de la scène. Tellement que, cinq ans après, ils ne savent plus qui ils sont. L’un comme l’autre. Il l’aide à y voir plus clair : il ne lui dit pas simplement qu’il ne le connaît pas, non, il lui rappelle qui il est. Il lui dit qu’il s’inquiétera toujours, qu’il posera toujours des questions indiscrètes, il lui fait comprendre qu’il aura toujours le même sourire au bord des lèvres quand ils se croiseront au détour d’un couloir. Parce qu’il est comme ça, Jake. Il ne sait pas ignorer, il ne sait pas mépriser, il ne sait que donner de l’affection. Et évidemment, il n’en demande pas en retour. Il en revient sur Gabriel en lui rappelant qu’il ne pouvait rien faire pour son cas et qu’il est sincèrement désolé de sa perte. Il est toujours difficile de faire le deuil d’un patient, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un adolescent. Frances s’assoit sur le lit et Jake se recule encore un peu, en direction de la porte cette fois. Il assiste à une scène qu’il n’imaginait pas pouvoir exister un jour ; des sanglots de la part de son ex. « Je… Je sais pas quoi dire Jake. T’étais mon âme sœur, j’avais jamais aimé quelqu’un comme je t’ai aimé. Mais je suis bien obligé de remarquer que tu… fais chier… tu es… Tu es toujours important pour moi. Mais je peux pas faire comme si de rien était. » Il l’écoute. Il sait qu’il a encore des choses à dire et fait au mieux pour se concentrer sur ses émotions à lui, pas sur les siennes. « Je ne te demande pas de faire comme si de rien n’était. » Il tient malgré tout à le souligner. « Tout ce que je voulais, c’était t’entendre dire que tu es désolé. Je tiens également à te présenter des excuses. Je n’étais pas à la hauteur quand nous étions ensemble. Je veux également te remercier. » Il n’était pas à la hauteur, non. Jake voulait vivre son amour au grand jour, il voulait simplement être heureux. Frances avait trop peur du regard des autres et faisait tout pour les conserver dans leur grotte. C’était beau au départ, ce mystère, ce besoin de garder l’autre pour soi. Et ça a fini par déraper, par devenir dérangeant : au final, dans cette histoire, c’est bien Frances qui a manqué de courage. Il n’en a pas eu pendant deux ans, est-ce qu’il peut réellement blâmer Jake de ne pas en avoir eu pour un soir seulement ? « Tu m’as aidé à y voir plus clair dans ma vie. J’ai envoyé chier tout le monde. Tu avais raison sur de très nombreux points, notamment sur la place de la religion dans ma famille… cela m’empoisonnait, ou plutôt m’emprisonnait. » Comme toi avec moi. Il évite de le dire mais le pense tellement fort. « Sauf que j’ai pas envie de rester ami avec toi. Tu m’as trop blessé avec ce que tu m’as fait, et ça me reste en travers de la gorge. Mais je ne ressens pas que de l’indifférence… ce serait mentir... Je ne suis pas prêt à pardonner. Je ne suis pas sûr de l’être un jour. Je te demande juste de… me laisser respirer. Je suis pas revenu pour toi, je voulais juste pas rester dans une ambiance étouffante. Ne me rends pas la nouvelle étouffante également, s’il te plaît. » Jake comprend bien où veut en venir Frances. Il fait de son mieux pour ne pas le prendre personnellement. Il ne lui demande pas la lune, il devrait pouvoir s’arranger pour lui laisser l’espace nécessaire. Jake est occupé : il a son fils à gérer, désormais, et il a sa relation avec Marcus qui va… lui-même ne sait pas où, mais qui a son intérêt. S’occuper de son ex petit ami n’est véritablement pas sa priorité à l’heure actuelle, et ça ne le sera jamais. « Et je sais que j’aurais pas pu sauver Gabriel. Ce qui me fait chier c’est d’avoir pensé à toi plutôt que d’essayer de faire mon maximum pendant l’opération. » « Si tu voulais ne pas penser à moi, tu aurais pu essayer de me trouver plus tôt. » La phrase sort toute seule. « Tu es ici depuis quelques jours déjà. Ça fait plus de vingt ans que je suis infirmier dans cet hôpital précisément. Tu aurais pu venir me trouver plutôt que de rendre les choses encore plus compliquées. » S’il l’avait fait, il ne l’aurait pas eu à l’esprit durant son opération. C’est tout ce qu’il dit. Jake se retourne vers la porte, prêt à l’ouvrir, mais fait finalement volte-face. « Je suis d’accord. » Il dit, en s’approchant d’un pas. « Pour te laisser l’espace dont tu as besoin. Pour accepter que tu ne veuilles pas prendre un café avec moi durant ta pause. Pour ne pas le prendre mal si tu ne réponds pas à mon bonjour le matin. » Il s’approche encore. « Mais je veux rattraper les dernières années. Là, rapidement, en quelques minutes. » Peu importe si ça déplaît à Frances. Il veut bien commencer, pour donner le ton, pour lui faire comprendre ce qu’il recherche au travers de cet échange. Il s’approche encore et s’assoit sur le lit, à côté de lui. « Je n’ai pas rencontré quelqu’un d’autre après toi. J’ai eu quelques rendez-vous, mais jamais rien de vraiment concret. Il y a quelqu’un qui me plaît bien en ce moment, par contre. » Il tient à lui dire pour lui prouver qu’il a tourné la page et que non, il ne va pas lui courir après ou chercher à le reconquérir. S’ils ne peuvent pas être amis, ils ne redeviendront certainement pas amants ou amoureux. « J’ai un fils. » Il le regarde un instant, puis regarde la porte face à lui. « Je ne t’en avais pas parlé quand on était ensemble mais… Il a vingt-cinq ans. Je l’ai rencontré le mois dernier, il est génial. Il s’appelle Melchior. » Il avait ses secrets, lui aussi, quand ils étaient encore quelque chose de concret. « C’est ça que je suis devenu. C’est ce que je suis. C’est ce qui me fait me lever le matin et me coucher le soir, ce qui m’anime jour après jour. » Marcus, son fils : oui, c’est un peu tout ce qui le rend heureux ces dernières semaines. « Si tu ne veux pas me répondre, tu peux partir maintenant. » Il ne lâche pas la porte du regard et se rend bien compte que ce qu’il s’apprête à dire va paraître ambigu. « Peu importe ce qui se dit ou se fait ici, dans cette pièce, quand on sortira d’ici… Je te promets de ne pas t’embêter, de ne pas en faire trop. On ne sera pas amis, je l’ai compris. Tu peux me dire ce que tu veux maintenant, ça ne franchira pas le seuil. » Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, tout ça, il commence à avoir l’habitude de cette formulation. Il tourne son visage vers lui et le regarde un instant. Il ressent une envie pressante de le prendre dans ses bras et en même temps, il sait que ça ne mènerait à rien. Parce qu’ils ne sont pas faits pour être ensemble, parce qu’il ne l’aime même plus, parce que ce serait simplement répondre à une pulsion. Est-ce que ça vaut le coup ? Non, sûrement pas. Et c’est le fameux manque de courage dont l’accusait Frances il y a quelques minutes qui l’a poussé à lui donner les cartes, à le laisser choisir : ou il reste et se livre, ou il s’en va et met un terme à ce qui n’a pas encore commencé. C’est aussi simple que ça, oui. C’est aussi bien plus facile à dire qu’à faire, Jake veut bien l’admettre.
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Sam 20 Nov 2021 - 12:14 | |
| Au final, ils parlent tous les deux de courage, mais l’un comme l’autre ils en ont manqué. C’est certain. Frances a tendance a réprimer ce qu’il ressent et à le fuir comme la peste ; il reproche aux autres ce qu’il ferait mieux de se reprocher à lui-même. On a souvent la fâcheuse manie de voir la paille dans l’œil de l’autre mais pas la poutre dans le sien. L’adage semble avoir été créé pour lui tant il lui colle à la peau. Ce manque de courage a peut-être coûté la vie d’un pauvre garçon. C’est ce qu’il a en tête depuis tout à l’heure, c’est pour cela qu’il a fait une crise de panique dans les couloirs après avoir annoncé le décès de cet enfant. Il a donc pensé en boucle à son ex compagnon alors qu’il aurait pu faire mieux au-dessus de la table d’opération. – Si tu voulais ne pas penser à moi, tu aurais pu essayer de me trouver plus tôt. Tu es ici depuis quelques jours déjà. Ça fait plus de vingt ans que je suis infirmier dans cet hôpital précisément. Tu aurais pu venir me trouver plutôt que de rendre les choses encore plus compliquées. La phrase fait mal. Mais il a terriblement raison. Et s’il savait la vérité jusqu’au bout, il deviendrait probablement complètement fou. Sauf que ça doit sortir, pour être honnête comme il ne l’a probablement jamais été. Jake se tourne vers la porte, prêt à partir. Puis au dernier moment, il fait demi-tour pour regarder l’Espagnol et continuer à lui parler. La discussion ne semble donc pas terminée. Il ne sait s’il doit en être heureux ou contrit. – Je suis d’accord. Pour te laisser l’espace dont tu as besoin. Pour accepter que tu ne veuilles pas prendre un café avec moi durant ta pause. Pour ne pas le prendre mal si tu ne réponds pas à mon bonjour le matin. Mais je veux rattraper les dernières années. Là, rapidement, en quelques minutes. Tout en parlant, il s’avance vers lui, allant jusqu’à s’asseoir à ses côtés au final. Ils sont très proches, et si Frances aurait pu se décaler, il ne le fait pas, parce qu’il sait qu’ils doivent y passer tous les deux, ce sera salvateur comme démarche. S’améliorer l’un et l’autre, voire peut-être panser des plaies qui pourraient être toujours présentes. – Je n’ai pas rencontré quelqu’un d’autre après toi. J’ai eu quelques rendez-vous, mais jamais rien de vraiment concret. Il y a quelqu’un qui me plaît bien en ce moment, par contre. Cette fois-ci, il sourit. Content. Il ne lui souhaite pas de malheur, et au contraire, sans savoir comment, ni pourquoi, il est heureux pour lui. C’est une bonne nouvelle qu’il y ait quelqu’un d’autre, une nouvelle personne pour lui apporter bonheur et sérénité. Malgré ses torts, il le mérite. – J’ai un fils. Là, par contre, c’est la douche froide. Son sourire s’efface et il se retourne, le regarde, un peu surpris. – Je ne t’en avais pas parlé quand on était ensemble mais… Il a vingt-cinq ans. Je l’ai rencontré le mois dernier, il est génial. Il s’appelle Melchior. C’est ça que je suis devenu. C’est ce que je suis. C’est ce qui me fait me lever le matin et me coucher le soir, ce qui m’anime jour après jour. C’est suffisant. Ce n’est pas la vie que Frances désire, mais c’est suffisant selon la conception de la vie selon Jake. Il voulait un beau mariage, une famille avec des enfants, une stabilité et un cocon pour pouvoir être confortable en toute circonstance. – Si tu ne veux pas me répondre, tu peux partir maintenant. Peu importe ce qui se dit ou se fait ici, dans cette pièce, quand on sortira d’ici… Je te promets de ne pas t’embêter, de ne pas en faire trop. On ne sera pas amis, je l’ai compris. Tu peux me dire ce que tu veux maintenant, ça ne franchira pas le seuil. C’est à ce moment-là que l’infirmier se retourne et leurs regards se croisent. Mais se croisent réellement, ils se regardent peut-être comme ils ne se sont jamais regardés. Un contact qu’ils n’avaient pas eu depuis plusieurs années. Il aurait pu détourner les yeux et il ne le fait pas. Il lui prouve qu’il n’a pas l’intention de partir. Discuter. Une véritable discussion. Acte manqué. Ils ne l’ont probablement jamais fait. Le couple n’abordait que des sujets sans réelle importance. Ou alors les sujets qui l’étaient faisaient vite monter le ton entre les deux. Le fait que Frances voulait se cacher pour éviter que l’on sache qu’il aimait les hommes, qu’il l’aimait lui. Il n’avait pas honte de Jake, il avait honte de ce qu’il est. Si jamais il s’est enfin accepté, il a toujours peur du regard des autres, bien qu’il commence enfin à ne plus se soucier de ce que l’on pense de lui, avoir dit merde au reste des Ramirèz a été libérateur. Sauf qu’il se doit de tout lui dire. C’est nécessaire pour ne pas s’emmurer encore dans une situation qu’ils ne supportaient plus tous les deux quand ils étaient en couple. Peut-être qu’ils ne se reparleront pas après tout cela, dans tous les cas, crever l’abcès ne pourra pas faire de mal ? N’est-ce pas ? Si seulement ça pouvait être vrai. Ils se blesseront peut-être, seul l’avenir le dira, et les paroles qu’ils prononceront également. – Je suis à Brisbane depuis le mois de mai. Je voulais juste pas te parler, je ne sais pas si c’était par manque de courage, mais je voulais t’éviter comme la peste pour ne pas avoir à ressentir quoi que ce soit te concernant. Mon contrat est signé depuis le mois de mai. Bien évidemment, il ne dit pas cela afin de le blesser, simplement pour continuer sur le chemin de l’intégrité la plus complète. Frances sait qu’il n’aurait pas dû le dire parce que… oui, c’est dégueulasse. Sauf qu’il aurait dû faire quoi ? Venir l’embêter ? Se pointer la bouche en cœur ? Il pensait qu’avec le travail, cela aurait été plus facile, plus acceptable. – Je suis heureux pour toi. Tu as toujours voulu une famille, et tu en as enfin une qui te convient. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux pour toi. Il aurait peut-être été préférable d’être contrarié, d’en vouloir au monde entier que ça aille bien pour Jake et pas pour lui. Mais ce n’est pas le cas. La vérité, c’est que Frances sait que son ex le mérite bien plus que lui : celui d’atteindre ses buts et envies. C’est à ce moment précis que l’Espagnol décide de s’installer un peu mieux sur le lit pour être en face de lui, il retire ses chaussures et s’assied en tailleur, position qu’il adore pour s’installer confortablement. – J’ai adopté un chat, Mirage, une petite Bengale qui fait beaucoup de câlins. A part ça… je n’ai rien de particulier à te dire… Sa vie n’a eu rien d’excitante. Il n’a pas vécu d’histoire d’amour. Il n’a pas d’enfant caché. Tout ce qu’il a eu c’est la chirurgie, toujours et encore. Il n’y a que cela qui l’anime de toute façon, surtout depuis qu’il est tout seul. – J’ai eu des plans culs… c’est tout. Autant appeler un chat un chat de toute manière. Il n’a pas ressenti d’amour pour quelqu’un depuis Jake, tout ce qu’il voulait, c’était se défouler, enlever la pression. Il a essayé les applications pour rencontrer, il a eu droit à des gens épouvantables. Il faut dire que la nouvelle génération semble dégénérée sur quelques points. – Je me suis engueulé avec toute ma famille quand j’ai annoncé que je suis… en fait je sais même pas ce que je suis et je m’en contre fou. Les seuls avec qui je parle toujours ce sont mes sœurs et mon frère. Sa fratrie a été très compréhensive, ils lui ont donné tant d’amour qu’il en avait les larmes aux yeux tandis que ses parents hurlaient au scandale avant d’aller s’enfermer dans une église pour demander conseil à leur Dieu pour qu’il redevienne normal selon leurs propres termes. Il leur a claqué dans la gueule que c’était eux qui n’étaient pas normaux à ne pas évoluer avec leur temps, ils n’ont pas apprécié. Quoi qu’il en soit, il soulève un point important. Il n’a jamais su trouver un mot pour définir son attirance sexuelle ; mais il est de ceux qui différencient l’amour des envies sexuelles. Et il a déjà aimé une femme ou deux. Enfin il croit. Donc dans tous les cas, cela l’ennuie d’avoir à se définir pour les autres, tout ce qu’il sait c’est qu’il est en adéquation avec lui-même désormais. Même s’il lui aura fallu du temps pour que cela se fasse convenablement. – Le plus étrange, c’est que je pensais te haïr. Vraiment. Ce n’est pas le cas. Je ne sais pas si c’est de l’indifférence, j’ai peut-être utilisé un terme fort, mais je ne sais pas si je veux toujours t’avoir dans ma vie, même en tant qu’ami… il me faudra du temps pour comprendre ce que je ressens. Frances a toujours eu du mal avec ses émotions, avec ses sentiments. Il lui faut un temps d’adaptation pour réussir à se faire à ces pulsations, à ces repoussements qui l’habitent quand il rencontre quelqu’un. L’amitié avec son ex compagnon. Une utopie que Jake semble croire possible, quant à lui, c’est une toute autre histoire, et il ne sait pas s’il est prêt pour ça.
@Jake Vaughan
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| | | | (#)Mar 23 Nov 2021 - 15:12 | |
| Jake sait qu’il joue à un jeu dangereux. Il veut discuter avec son ex-compagnon, rien de plus. Mais ouvrir son cœur, pour Frances, c’est bien plus complexe que de se déshabiller. Jake le connaît suffisamment pour le prédire et pour imaginer une tentative d’esquive de la part du chirurgien. C’est pour ça qu’il commence à se confier en premier. Il lui dit avoir rencontré quelqu’un ; un sourire s’installe sur ses lèvres à la mention discrète de Marcus. Ils ne sont pas vraiment quelque chose, mais aux yeux de l’infirmier, ils ne sont pas rien non plus. Il y a une tension qui règne dans toutes les pièces où les deux hommes se retrouvent. Il a à chaque fois envie d’être meilleur, plus intéressant, plus drôle, plus regardable. Il veut être l’homme idéal pour le directeur marketing ; parce qu’à l’inverse, il semble persuadé que celui-ci est fait pour lui. Le mentionner face au dernier homme qu’il a aimé est peut-être un premier pas avant d’oser se lancer dans un truc vraiment sérieux. Le presque cinquantenaire est prêt, lui, il n’attend qu’un signe de la part de l’homme qu’il convoite. Il a bon espoir que dans quelque temps, tous ses doutes s’envoleront et laisseront place à une confirmation directe : oui, il y a quelque chose entre eux. Il lui parle ensuite de l’autre homme de sa vie, qui lui, a une place plus que concrète. Son fils. Oui, il en a un, enfin. Après des années à rêver de fonder une famille, il a trouvé le moyen d’avoir son enfant. Ce n’est pas exactement ce qu’il imaginait, mais c’est déjà un pas dans la paternité. Il sait qu’il a loupé les moments plus importants de la vie de Melchior mais il a bien l’intention de participer aux suivants, d’avoir une place au premier rang. Et peut-être qu’un peu plus tard, quand il sera prêt, il se décidera pour goûter aux vraies joies de la paternité. Avant de recevoir le mail du centre de soins, il songeait à devenir une famille d’accueil ou à aller voir s’il a le droit d’adopter. Ces projets sont rangés-là, dans un coin de sa tête, dans un tiroir appelé « plus tard ». Il évite de lui confier cette partie-là et se contente de lui répéter que s’il veut se confier, il peut le faire. Que s’il veut se mettre à nu – au sens figuré du terme – il est grand temps. Les deux hommes se regardent. Ça dure quelques secondes seulement et pourtant, elles paraissent durer une éternité. Parce que c’est intense : ils se regardent réellement. Ils se jaugent et peut-être que sans mots, là, ils se comprennent enfin. « Je suis à Brisbane depuis le mois de mai. Je voulais juste pas te parler, je ne sais pas si c’était par manque de courage, mais je voulais t’éviter comme la peste pour ne pas avoir à ressentir quoi que ce soit te concernant. Mon contrat est signé depuis le mois de mai. » Jake se pince les lèvres. Il ne s’attendait pas à cette révélation-là, mais ça ne l’étonne pas plus que ça. Il essaie de se mettre à la place de Frances et d’imaginer ce qu’il aurait fait, à sa place. L’ancien Vaughan l’aurait confronté immédiatement, celui qui a décidé de se poser et de ne plus confronter aurait fait exactement comme lui. « Je ne peux pas t’en vouloir. Mais je le répète, ne me mets pas sur le dos que tu pensais à moi, alors. » Parce que s’il avait voulu se sortir de ses problèmes personnels plus tôt, il n’aurait pas pris le risque de recroiser Jake aux urgences et l’aurait trouvé de lui-même. S’il n’était pas concentré durant l’opération de Gabriel, ce n’est que de sa faute à lui, et Vaughan n’a pas l’intention d’en démordre. « Je suis heureux pour toi. Tu as toujours voulu une famille, et tu en as enfin une qui te convient. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux pour toi. » Les paroles de Frances lui font chaud au cœur. « Elle est encore à améliorer mais oui, j’ai une famille. » Il a plus que son chat, du moins. Il a quelqu’un qui compte pour lui et qui compte sur lui, en dehors de ses amis habituels. Quelqu’un qui partage son sang, même s’ils n’ont pas le même nom. Oui, même si elle est complexe et encore fragile, il a une famille. « J’ai adopté un chat, Mirage, une petite Bengale qui fait beaucoup de câlins. À part ça… je n’ai rien de particulier à te dire… J’ai eu des plans culs… c’est tout. » Et c’est là toute la différence entre Jake et Frances : l’un a besoin de sentiments pour aller jusqu’aux plaisirs charnels, l’autre non. Jake n’a jamais – ou très rarement – rencontré les draps d’un inconnu. Le dernier en date, c’est justement l’homme qui se trouve face à lui. Et les sentiments sont très vite arrivés derrière alors, est-ce qu’il peut vraiment dire que c’était un plan cul ? Pas vraiment. « Je me suis engueulé avec toute ma famille quand j’ai annoncé que je suis… en fait je sais même pas ce que je suis et je m’en contre fou. Les seuls avec qui je parle toujours ce sont mes sœurs et mon frère. » Jake n’ose pas imaginer ce qu’a vécu Frances après son départ. S’assumer est quelque chose de compliqué, il sait de quoi il parle : il l’a fait avec son père et l’a regretté amèrement à chaque coup reçu. Et pourtant, ça ne l’a pas empêché de lever la tête avec fierté et de rester qu'il est. Certes, il y a eu un délai de quelques années entre son coming out privé et son coming out officiel. Mais ça, c’est parce qu’à l’époque, tout était différent d’aujourd’hui. Perdu dans ses pensées et dans les yeux de son ex, Jake n’a pas le temps de commenter ce qu’il vient de lui annoncer. C’est Frances qui, à nouveau, reprend la parole. « Le plus étrange, c’est que je pensais te haïr. Vraiment. Ce n’est pas le cas. Je ne sais pas si c’est de l’indifférence, j’ai peut-être utilisé un terme fort, mais je ne sais pas si je veux toujours t’avoir dans ma vie, même en tant qu’ami… il me faudra du temps pour comprendre ce que je ressens. » Jake retire ses chaussures, à son tour, et se place lui aussi en tailleur face à Frances. Ils sont tous les deux dans le même lit, et pour une fois, il n’y a aucune réelle tension entre eux. Jake ne veut que lui parler et essayer de comprendre. De le comprendre lui, d’abord, et de se comprendre lui-même ensuite. « Tu m’auras dans ta vie en tant qu’infirmier, dans tous les cas. Alors… évite de me détester, s’il te plaît. » Il le dit avec un sourire aux lèvres. Il blague mais en réalité, il est sérieux. « Va falloir qu’on apprenne à se croiser sans que ce soit étrange. Moi je n’ai rien contre l’idée d’être ton ami. Je ne dis pas que ça ne va pas me faire étrange, je dis simplement que je préfère ça plutôt que de l’indifférence ou de la haine. » C’est bien plus facile à vivre au quotidien. Jake est l’homme apprécié de l’hôpital, et en général. Il n’a personne qu’il déteste ou qu’il ne peut pas se voir. Il n’a personne qu’il évite comme la peste. Il aime saluer et prendre des nouvelles, ou faire simplement un signe de tête et un sourire quand il n’a pas le temps. Devoir se méfier de quelqu’un et l’éviter, c’est quelque chose qu’il ne connaît pas et qu’il ne veut pas expérimenter avec son ex petit ami. Il regarde la porte, puis regarde de nouveau en sa direction. « Je suis fier de toi. » Ce sont des mots qu’il n’a jamais pris le temps de prononcer, non plus. Après le dîner d’aveux, il est resté silencieux et s’est contenté de lui tenir la main. « Pour avoir osé dire qui tu étais, même si tu ne sais pas exactement qui tu es toi-même. Je suis fier de ton parcours, et j’espère vraiment que tu réussiras à être heureux à ton tour. » Même s’il ne rêve pas d’une famille comme lui, même s’ils n’ont pas la même perception du bonheur, il espère qu’il saura la trouver dans les bras d’un autre. Il n’y a aucune chance pour qu’ils remettent ça, eux deux. Ils ne sont pas compatibles, ils ne s’aiment même plus. Espérer le bonheur de l’autre, voilà ce qu’ils peuvent faire de mieux. « Si tu veux y aller, je te libère. Je n'ai pas grand-chose à dire de plus, si ce n’est que j’espère que ta prochaine chirurgie se passera bien. Ah, et… Ne m’appelle plus infirmier. Jake ou Vaughan, si tu veux. Mais c’est tout. » Il ne l’appelle pas chirurgien, alors lui aussi se doit de le respecter et de ne pas l’appeler par le nom de sa profession. Les infirmiers ont droit à leur reconnaissance, eux aussi. Le fait qu’ils fassent tous le même travail et qu’ils soient tous interchangeables selon les services ne veut pas dire qu’il ne faut pas se forcer à chercher un peu comme ils s’appellent.
@Frances Ramirèz |
| | | | (#)Mar 23 Nov 2021 - 16:11 | |
| Se mettre à nu n’est pas une mince affaire pour Frances. Il a toujours détesté parler de ses sentiments. Cela fait pourtant maintenant presque huit ans qu’ils se connaissent avec Jake. Huit années où ils auraient pu apprendre à se parler l’un à l’autre. Et ce n’est en réalité pas le cas. Ils ont toujours eu beaucoup de mal à se délivrer ; enfin, le chirurgien a toujours eu du mal. Ce n’est pas la faute de Jake pour cela ; enfin, il aurait peut-être dû être moins pressant avec lui, c’est probablement son seul véritable tort dans l’histoire. L’Espagnol malgré tout se décide à dire ce qu’il a sur le cœur, à lui expliquer quelle est sa vie actuellement ; peut-être oser parler aussi de ses espoirs s’il lui en vient le courage. Frances ne sait même pas ce qu’il voudrait à l’avenir ; peut-être continuer son travail car c’est sa seule source de réconfort dans la vie. Il n’a jamais été aussi honnête qu’en ce moment, à dire ce qu’il a au fond de son être. – Tu m’auras dans ta vie en tant qu’infirmier, dans tous les cas. Alors… évite de me détester, s’il te plaît. Il n’est pas totalement dans le faux. Ils vont devoir se voir tous les jours avec le travail. C’est un désagrément qu’ils vont devoir supporter. Du moins, qu’il devra supporter lui puisque Jake ne semble pas dérangé par la situation. Ce dernier a toujours été le plus sentimental des deux, celui qui n’a pas peur et qui reste toujours émotionnellement parlant une petite boule d’affection avec tous. – Va falloir qu’on apprenne à se croiser sans que ce soit étrange. Moi je n’ai rien contre l’idée d’être ton ami. Je ne dis pas que ça ne va pas me faire étrange, je dis simplement que je préfère ça plutôt que de l’indifférence ou de la haine. Ils vont devoir apprendre, Frances va devoir apprendre plutôt ; les mots lui étaient adressés à lui après tout, par à eux deux. Il essaiera, mais peut-être qu’il lui faudra du temps. Il ne sait pas s’ils deviendront amis, au moins, ils seront collègues, c’est déjà un premier pas. – Tu as raison, JE vais devoir faire des efforts. Il accentue bien le pronom personnel pour que ce soit bien ciblé puisque c’était déjà le cas à la base dans les propos de l’infirmier. Le problème est venu de Frances à la base, bien qu’il y ait eu parfois de l’huile ajoutée sur le feu de la part de Jake. L’Espagnol doit faire des efforts, il va en faire, il essaiera tout du moins. – Je suis fier de toi. Étrangement, un petit fourmillement secoue les poils des avant-bras du chirurgien. Touché par de tels mots, il se met à sourire avec des larmes au bord des yeux qui lui montent instantanément. – Pour avoir osé dire qui tu étais, même si tu ne sais pas exactement qui tu es toi-même. Je suis fier de ton parcours, et j’espère vraiment que tu réussiras à être heureux à ton tour. Il aimerait bien être heureux. L’est-il ? En ce moment même, pas vraiment. Mais en règle générale ? Il aurait tendance à dire que oui bien qu’il lui manque quelque chose. Si cela ne se remarque pas à première vue, c’est un inconditionnel romantique, et si ça n’a pas fonctionné avec Jake c’était pour des raisons évidentes. – Si tu veux y aller, je te libère. Je n'ai pas grand-chose à dire de plus, si ce n’est que j’espère que ta prochaine chirurgie se passera bien. Ah, et… Ne m’appelle plus infirmier. Jake ou Vaughan, si tu veux. Mais c’est tout. Cette fois il se met à rire de façon complice avec Jake. S’il l’a appellé infirmier, c’était pour se moquer, parce qu’aucune nouvelle de sa part depuis ce fameux message pour le quitter comme une vieille chaussette. – Je m’en souviendrais, ne t’en fais pas, qu’il lui dit toujours avec un petit sourire. Mais alors qu’il s’apprête à continuer de parler, son biper se met à sonner pour annoncer un nouveau patient pour lequel on aimerait une consultation, le code n’est pas rouge, ce n’est donc pas urgent, mais parce que la situation est devenue assez étrange entre eux il décide de regarder attentivement. – On m’attend au service de chirurgie générale, je dois aller ausculter une patiente que l’on a récupérée avant hier. Il le regarde avant de… il ne sait même pas ce qu’il doit faire. Lui serrer la main semble trop cérémoniel. Un baiser sur la joue, trop personnel. Alors il lui fait une petite tape sur le genou avant de se relever et d’enfiler ses baskets et d’ouvrir la porte de la salle de garde où il s’était enfermé avec Jake. – Tu… je… à bientôt Jake. Et c’est comme ça qu’il s’esquive à travers les couloirs de l’hôpital pour filer. Il a trop à penser, beaucoup à digérer. Ce n’est pas comme s’il était heureux de la discussion, ni dégoûté ou triste. En fait, il ne sait pas ce qu’il doit ressentir. Ce qu’il sait, c’est qu’il a la conscience tranquille, qu’il va pouvoir faire un deuil qu’il a commencé il y a bien longtemps. Plus aucune hantise, plus aucun frein possible pour vivre enfin sa vie comme il l’entend.
@Jake Vaughan
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| | | | | | | | to our missed events. (JANCES) |
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