(Dinis saute son tour )
tw : addiction, sang, violence non justifiée

« Michaela, sois mignonne, passe la seconde. » ordonnait Lise Parker, les doigts crispés sur son smartphone dernier cri. La ribambelle de véhicules provoquait un bordel tel, qu’il aurait fallu avoir recours aux forces de l’ordre pour rétablir la circulation. « Explique à ce : Luke, que tu seras indisponible ce matin et par pitié, cesse de geindre. » Les automobilistes, qui se pressaient de plus en plus vers l’épicentre de l’accident la poussèrent, elle aussi, à se mettre en mouvement. L’idée n’était pas de mieux voir le lieu de l’impact ; mais bien de calculer le temps qu’elle perdrait à cause de l’idiot qui n’avait pas su user de la pédale de frein. « Tu auras tout le temps de me parler de tes ‘responsabilités’ lorsque je serai arrivée. Pour l’heure je suis bloquée sur Spring Hill et ça risque d’être long. Prends-le dossier Arnett’s sur mon bureau et fais patienter le client. » beuglait-elle avant de raccrocher. La cinquantaine bien tassée, Lise Parker était courtière en assurances depuis près de quinze ans ; en témoignait son tailleur passé et son visage aux traits marqués. Fraîchement ménopausée, elle méprisait le monde entier et, tout particulièrement, son imbécile de mari qui venait, en une soirée, d’abattre toutes leurs économies. Elle concevait difficilement qu’il soit possible de miser une somme aussi colossale dans des jeux de hasard et, davantage, qu’il soit plausible d’y prendre du plaisir. Elle gardait alors précieusement les justificatifs d’une demande de divorce qui, elle l’espérait, seraient une pression suffisante pour qu’il mette un terme à son addiction. « Qu’est-ce que ? » Ses sourcils se froncèrent quand elle tomba sur une mangue. Devant elle gisait toute une cargaison de fruits exotiques, ce qui lui donnait irrémédiablement l’envie de céder au premier excès de sa sensibilité : l’aigreur.  Elle ne serait jamais présente à temps pour faire signer l’éminent chef d’entreprise et devrait pour la première - et dernière fois - s’en remettre à cette sotte de Michaela. « Peut-on savoir ce qu’il se passe ?! » grondait-elle à l’attention d’un homme couvert d’hémoglobine. A côté, deux hommes se ruaient de coups, l’un vociférant comme un fauve, l’autre le suppliant de le laisser partir. La cause de la discorde semblait encore être une mangue ; elle en avait assez vu. « Bon dieu mais faites quelque chose ! » hurlait-elle à son tour.