Depuis qu’elle n’était plus à ABC, May avait reçu plusieurs appels et propositions, notamment d’autres chaines de télévision comme Network 10 où travaillait Sofia. Elle savait que sa meilleure amie n’y était pas pour rien, elle avait elle-même tenté de rallier la blonde à son école mais May était réellement touchée par ce coup dans le dos que lui avait fait ABC, qu’elle ne se sentait pas prête à revenir devant une caméra. Elle avait l’impression que tous les signes lui disaient qu’elle n’était pas faite pour ça, qu’elle n’avait pas besoin de retenter l’expérience car ça ne mènerait nulle part. Elle finirait par à nouveau se prendre un mur. Le métier d’animateur télé était exigeant mais ce n’était pas tout. C’était aussi souvent un coup de pile ou face, la chance y avait sa part. Mais elle n’avait pas son étoile au-dessus d’elle pour la soutenir. May en était encore dégoutée, encore en colère et elle mettait tout le monde dans le même panier. D’autant plus depuis qu’elle avait eu de nombreux articles pour la descendre dans les journaux et magazine people. Peut être qu’elle n’avait pas les épaules pour tout ça et là où elle excellait réellement, c’était bien dans l’ombre.
Elle s’était posé la question, de ce qui lui plairait, du domaine où elle pourrait s’orienter. La question était longtemps restée en suspens, elle avait préféré prendre son temps, ne pas se précipiter afin d’être sûre d’elle. Sauf que May n’avait plus le temps à présent. Elle n’avait plus beaucoup d’économies de côté et ses dépenses allaient commencer à peser dans son budget. Elle ne voulait surtout pas retomber dans ses travers. Elle avait besoin de regagner sa vie convenablement, d’avoir un salaire qui comble son compte en banque chaque mois.
C’est pour cette raison qu’elle se trouvait au sixteen antlers ce soir. Ca faisait des mois qu’elle n’avait plus remis les pieds dans ce rooftop car pour elle, cet endroit était synonyme de rencontres professionnelles. Elle n’y avait plus sa place légitime et y remettre un pied remuait quelques souvenir d’antan. Lorsqu’elle était encore directrice de casting et chasseuse de tête, elle y donnait souvent rendez-vous pour convaincre ses futurs talents de se lancer dans le monde merveilleux de la télé réalité. Le cadre s’y prêtait, car il était prometteur. Le luxe du Sixteen Antlers faisait déjà rêver et était annonciateur de ce qui pouvait les attendre ensuite. Il était à lui seul un très bon argument.
Sergio ne devrait pas tarder à se pointer. May l’avait déjà envoyé sur les roses une première fois, jusqu’à ce qu’elle se décide à reprendre elle-même contact avec lui pour en savoir davantage sur la proposition qu’il comptait lui faire. Il n’avait pas été épargné ces derniers temps par les magazines et elle se demandait s’il était tant en difficulté pour se tourner vers elle. Était-elle en position de force parce qu’il ne trouvait aucun collaborateur qui souhaitait travailler avec un homme violent ? Après tout, son image avait du y prendre un sacré coup… Pourtant, quand elle le remarqua, passant la porte d’entrée, c’est un homme plein d’assurance qu’elle avait sous les yeux. Elle le connaissait puisque deux ou trois des candidats qu’elle avait recruté pour la téléréalité avaient trouvés leur place en tant qu’acteurs et étaient devenus les poulains de son agence. Elle suivait tout ça de loin.
La blonde se redressa et leva la main pour qu'il ne tarde pas à la remarquer. Elle avait déjà un verre devant elle, se sentant ici chez elle, elle ne voulait pas qu'il ait l'ascendant sur elle. Si Sergio la voulait dans ses rangs, il allait devoir se montrer convainquant et surtout, il allait devoir y mettre le paquet...

@Sergio Gutiérrez

Sergio se pointe avec son sourire bien connu dans le milieu. Il est connu pour être un vrai séducteur, oh non, pas dans le mauvais sens du terme, mais il sait que rien ni personne ne lui résiste vraiment. Il est un excellent professionnel, compétent et connaissant son travail sur le bout des doigts. Il n’a pas peur de se mouiller, pas peur de foncer tête baisser – tant qu’il sait dans quoi il s’engage – ne laisse rien au hasard. Il est connu pour aller droit au but et savoir ce qu’il veut, tout le temps. May savait que ça n’allait pas être mince affaire que de le rencontrer mais elle était curieuse. Elle était prête pour cette partie de bras de fer qui allait sans doute les épuiser tous les deux.
Sergio avait pris place face à la blonde et le combat des titans pouvait alors commencer. « Bonjour May. Merci d’avoir accepté de me voir. Je me doute que tu es assez occupée. » oh, si il savait. « J’ai pu dégager un peu de temps. » tu parles, May Andrews n’avait jamais été aussi disponible que ces derniers mois. Là où elle passait le plus de temps, c’était au refuge, où elle était bénévoles, mais à part ça, elle avait surtout pris l’habitude de farniente. Ce qui n’était pas déplaisant, mais elle savait qu’il était temps qu’elle reprenne un rythme de vie plus correct. Elle devait travailler, bien qu’elle ait appris à prendre du temps pour elle, là, ce n’était plus possible de trainer comme ça encore longtemps. Elle prenait les devants avant d’être à nouveau dépassée par un torrent de démarches administratives et de nouvelles dettes car son train de vie lui, n’avait pas réellement diminué. Maintenant que sa situation budgétaire n’était plus au rouge, elle n’avait aucune envie de renouveler l’expérience. Le traumatisme de son appartement vide suite au passage des huissiers étaient encore bien trop jeune, bien qu’une année entière venait de s’écouler depuis ce triste spectacle. Aujourd’hui, elle pouvait dire que c’était derrière elle, mais pour ne pas recevoir à nouveau des lettres d’huissier, elle devait avoir une nouvelle rentrée d’argent régulière.
Sergio pris sa commande alors que May sirotait devant lui son martini frappé. « Je dois admettre que je ne m’attendais pas à avoir de tes nouvelles. Tu avais l’air pourtant sûre de toi à mon premier appel, quand tu m’as envoyé paître. » impulsive, elle était pourtant sure d’elle : elle ne voulait pas entendre parler de près ou de loin de ce monde de requin qui n’avait plus voulu d’elle. Mais, avec du recul, l’agence de Sergio n’était pas la télévision et si il était venu la chercher en personne, c’est bien qu’il savait ce qu’il faisait. Elle avait été flattée par cette prise de contact et flattée que pour une fois, depuis quelques mois, ses compétences à elle soient enfin reconnues. Sergio savait qui était May Andrews, ou plutôt, il voulait May Glitters, nom par lequel elle était connue dans le milieu, une sorte de nom de marque qu’elle allait vouloir gommer. S’il lui serait utile dans un premier temps, elle allait rapidement se faire connaitre sous May Andrews et ce serait non négociable. Assumer son nom et exercer avec faisait partie du nouveau plan de carrière de la blonde. « Je serais curieux de savoir ce qui t’a fait changer d’avis. » le serveur dépose le Top Shelf de Sergio sur la table, laissant quelques secondes de répit à la quarantenaire pour répondre. Lui dire qu’elle était en besoin de reconnaissance total n’était pas de la partie. « Je suis aussi curieuse de savoir ce que tu as réellement à me proposer. » comme si, c’était lui qui aurait besoin d’elle. C’est tout ce qu’elle cherche à lui faire comprendre. « J’ai suivi tes récentes affaires… J’espère que tu ne cherches pas seulement à redonner une image positive à ton agence en embauchant une femme à tes côtés. » peut être que c’était le cas aussi après tout. Mais si ça pouvait être un atout pour que May trouve sa place, pourquoi pas, si ça pouvait aussi être un moyen de négocier son salaire et ses conditions de travail : encore mieux. « Comment se passent les affaires ? » qui sait, peut être qu’il a eu plusieurs ruptures de contrat suite à tout ce raffut.

Ce que May recherche ? Un travail. Après avoir été écartée de Race of Australia, son goût pour la télévision s’est spontanément transformé en dégoût. Un besoin de prendre du recul, surtout de la hauteur. Il lui a fallu plusieurs mois avant de se rendre compte qu’elle faisait peut être fausse route à vouloir faire un virage à cent quatre-vingt degrés pour trouver un travail qui lui conviendrait mais surtout un travail dont elle n’avait aucune expérience et aucune expertise. Elle avait pensé à différents domaine : la mode, l’art, l’artisanat… mais à chaque fois, elle trouvait ça d’un ridicule. Une chose est sûre, May est bien plus cérébrale que manuelle, elle n’est pas faites non plus pour pratiquer une activité physique trop régulière, n’a pas envie de courir, n’est pas faites pour le travail à la chaine, elle a besoin d’être stimulée, elle est très bonne négociatrice et manipulatrice lorsque c’est exigé. Elle a un leader ship naturel et préfère toujours prendre les choses en main. Elle a tendance à coordonner et laisser les petites mains agir pour elle. Conceptualiser, diriger, elle n’a aucun scrupule à annoncer de mauvaises nouvelles, n’a pas peur de blesser et pour autant elle sait la rapidement la manière dont elle doit s’adresser à quelqu’un. Blesser oui, mais pas n’importe qui, flatter oui, mais pas n’importe qui non plus. Et on dirait bien que Sergio connaissait lui-même toutes ces méthodes. Il était en pleine démonstration avec May. Gonfler son égo, c’est surement tout ce dont elle avait besoin après avoir été piétinée par ABC, pour autant, elle n’avait pas décidée de le dévoiler de si peu. Elle cherchait toujours à savoir quelle serait sa plu value à elle, en rejoignant l’agence de Sergio. Elle ne voulait pas se brûler les ailes une seconde fois avec des scandales qui pourraient lui tomber à nouveau dessus. Elle avait été bien plus touchée qu’elle ne l’aurait imaginé en voyant son intimité mise en pâture au public. « Quand bien même je suis persuadé que tu ferais une superbe femme trophée, non. Je recherche surtout quelqu’un de compétent, peu importe son sexe. » des mots clés comme compétent raisonnaient davantage pour la blonde que femme trophée, mais bien qu’elle tout de même le prendre comme un compliment. Elle le savait, elle n’était pas qu’un physique et pas qu’un nom, si May avait gravi les échelons depuis ces vingt dernières années, elle avait mérité chacune des places qu’elle avait occupée, d’aussi courte durée qu’elles soient, surtout la dernière. Finalement, il aurait sans doute eu besoin de ça pour se rendre compte que ce n’était pas sous les projecteurs qu’elle excellait le plus, mais bien dans l’ombre. Et la notoriété qu’elle avait gagnée ne lui avait en réalité, rien apporté de très bon, si ce n’est des ennuis de plus. Tant mieux pour elle si on l’avait oublié aussi vite qu’elle n’avait été mise en avant. Les gens passent rapidement à autre chose lorsque vous n’avez plus rien à leur apporter, c’est pareil pour la presse.
Elle écoute le discours de Sergio en toute transparence. Les hauts et les bas, les affaires qui fonctionnent, les talents dont il cherche à se séparer, ceux qui lui rapportent mieux, les étoiles montantes. Les scandales qui lui sont tombés dessus et sa plaidoirie. May connaissait bien les manipulations des images et des textes, on peut faire dire ce que l’ont veut à une photo, on peut écrire n’importe quel titre à un sujet. Qui pourra le vérifier ? Le commun des mortels se contente de lire des titres putaclique sans avoir le bon sens de vérifier les sources ou de se poser des questions deux secondes sur le contenu. Il dépeint le portrait de la personne qu’il recherche, les qualités qu’il vise, les compétences attendues. A chaque fois qu’il en énumère une, May se voit mettre un petit check à côté, la rassurant ainsi sur les attentes de Sergio. Elle le savait : elle correspondait parfaitement à ce qu’il voulait. « Mais où est-ce que je pourrais trouver une perle pareille, n’est-ce pas ? » les flatteries, toujours. « Qu’est-ce qu’il s’est passé avec ABC ? » il fallait bien une contrattaque. May s’était montrée indiscrète, c’était au tour de Sergio de mettre les pieds dans le plat. Et elle hésita un court instant avant de se lancer dans la même transparence qu’il ne l’avait fait. C’était le moment de jouer carte sur table pour elle et lui montrer qu’il pourrait lui faire confiance. Pour autant, elle ne devait pas avoir l’air vulnérable. Elle ne devait pas lui montrer qu’elle avait absolument besoin de ce travail à présent, mais il devait toujours avoir en tête que c’était elle qui allait négocier ses conditions et pas l’inverse. « Ils m’ont remercié. » et pas l’inverse, ce n’était pas elle qui avait claqué la porte. « A vouloir viser le soleil, on se brûle les ailes. » elle restait de marbre, bien qu’elle ait été réellement touchée par leur manière de lui dire au revoir. « J’avais un objectif depuis toujours : passer devant les caméras et en faire une vraie carrière de présentatrice. J’y suis arrivée sans jamais rien lâcher. Mais la volonté ne suffit pas toujours. » il sait bien, Sergio que ce n’est pas donné à tout le monde d’être fait pour l’audiovisuel. « On ne me reprochera pas ma ténacité. » faire de ses échecs une réussite quoi qu’il en soit, elle avait mis du temps à le comprendre aussi. Elle pouvait y trouver du bon, dans cette chute. « Ils n’ont plus voulu de moi, estimant que je n’avais pas le charisme et l’aisance requis pour être face caméra. J’ai été recontactée pour diriger de nouveaux castings. Les propositions sont toujours plus alléchantes. Mais j’ai besoin d’un renouveau. » De découvrir de nouvelles faces du monde dans lequel ils baignent tous les deux. « J’en suis, si tu me refiles pas uniquement les boulets dont tu veux te débarrasser. J’aurai pas de scrupules à les remercier s’il le faut. » en dirigeant des castings, elle savait briser des rêves, elle aussi. « Mais je veux aussi tes poulains. Ceux sur qui tu mises. » ceux qu’il voudrait sans doute se garder sous le coude, avec qui ça marche bien mais avec qui il faut aussi marcher sur des œufs, ceux pour qui le moindre contrat peut tout faire basculer, du bon comme du mauvais côté. « Si tu m’fais confiance, prouve le. » c’est maintenant, que Sergio à l’avenir de May entre les mains. Ses conditions, pas celles du mexicain. C'est du challenge dont elle a besoin, la blonde.

« Je ne peux pas m’empêcher d’admirer leur culot. » Elle leva les yeux au ciel. Admirer ne serait pas le mot qu’elle aurait employé, sans doute pas objective. Elle avait sans doute fait pire dans sa carrière pour remercier ou recaler des candidats aux programmes qu’elle castait. May n’avait jamais été réputée pour sa diplomatie et elle avait une place dans le milieu pour sa poigne de fer, son caractère bien trempé tout en étant quelqu’un qui visait souvent juste. Elle ne s’accordait pas le droit à l’erreur. Cette fois, l’erreur lui avait été fatale, elle savait que ça n’arriverait plus. Elle avait dans un premier temps tout fait pour ne plus être liée de près ou de loin à ce monde de requin, où, jusqu’à ce qu’elle n’y soit plus la bienvenue, elle y avait une place très confortable. Elle avait réfléchi à une nouvelle carrière, à l’opposé de ce qu’elle savait faire, prête à se lancer dans une formation mais la vérité était que cet inconnu lui faisait terriblement peur. May n’avait aucun diplôme en poche, elle n’avait aquis ses compétence qu’en se formant sur le terrain, en faisant preuve d’experience, en observant, capable de repérer les bons et les mauvais comportements à adaptés, comment manipuler, comment détourner. Elle avait forgé son caractère à mesure des années et des échelons qu’elle avait gravi. Mais retourner dans les livres et l’apprentissage ne l’attirait pas. Surtout, rien ne l’attirait. Elle n’avait aucune idée du domaine dans lequel elle pourrait se complaire. Finalement, la proposition de Sergio tombait bien dans cette periode où elle commençait à être au pied du mur, les mois sans emploi commençant à être bien trop nombreux. Elle savait qu’elle devait remettre le pied à l’étrier et rapidement. Allait-elle miser sur le bon cheval ? « J’aurais tout de même été curieux de connaître les vraies raisons de leur décision. » il lui mettait le doute. Qu’entendait-il par là ? « J’ai même pas envie de savoir. » égo mal placé, peut-être qu’elle le voudrait si on lui proposait. Maintenant, pour elle, ABC, c’était derrière, loin derrière.

May avait à présent mis carte sur table. Elle ne voulait pas juste être l’assistante qui prendrait en charge les boulets pour combler des chiffres d’une agence. Elle voulait être utile, elle voulait être reconnue pour le travail difficile qu’elle devrait mener. « J’ai des maillons faibles parmi mes talents, je l’admets. Et ne t’en fais pas, m’en débarrasser est en tête de mes projets, pour les remplacer par des artistes prometteurs. » Elle était curieuse de savoir s’il avait déjà des noms en tête. May avait une cousine actrice et qui avait une place confortable, elle n’avait plus rien à prouver à personne et elle n’était pas en manque de projet. Elle était sur un bateau de croisière et n’avait qu’à attendre que le bateau fasse escale pour choisir ses projets. Elle pourrait rapporter gros à l’agence. MJ pourrait peut-être lui être un argument supplémentaire. A condition qu’elle ne gère pas sa carrière. Famille et vie professionnelle, elle savait depuis bien trop longtemps que ça ne faisait pas bon ménage. « Je ne peux pas faire cela seul. Je manque de temps, et mon image est quelque peu souillée ces derniers temps. Alors oui, je vais te donner accès à la liste entière de mes artistes. » En étaient-ils encore en phase de négociation ou étaient-ils déjà en train de valider leurs échanges ? May n’avait pas terminé avec ses conditions. Elle poursuivrait ensuite. En tout cas, Sergio avait l’air partant pour ses propositions, une parole est une parole, elle ne l’oublierait pas. « J’ai parfaitement confiance en tes capacités. En revanche, je suis réaliste. C’est un milieu de requin. Et je ferai toujours le nécessaire pour que l’on travaille ensemble, pas que tu te retrouves un beau matin à faire partie de la compétition. » Confiance en ses capacités, pas confiance en elle. C’était bien noté, après tout, ça pouvait s’entendre, bien qu’elle avait un peu de mal à l’accepter. Mais c’était bien elle qui allait travailler pour lui, pas l’inverse, il apprendra à faire confiance avec le temps. May ne mettait pas des coups de couteaux dans le dos à ses collaborateurs. « Qu’est-ce qui te ferait plaisir pour ton premier jour ? Un scandale médiatique à apaiser ? Un producteur prêt à lâcher ses avocats à cause d’une rupture de contrat ? Une course aux castings ? Ou si tu es d’humeur vindicative, je peux te laisser fouiller jusqu’à trouver qui virer. J’aimerais juste avoir le dernier mot là-dessus. » Avant de parler de premier jour, la blonde enfonça ses coudes sur la table tout en se penchant, droite, fière, vers Sergio. « et la rémunération ? » Elle connaissait les tranches de salaires dans le domaine, elle savait où elle pouvait se positionner et ce à quoi elle pouvait prétendre, à voir quelle serait sa marge de négociation. « Mais, j’aime pas trop les avocats, si tu veux tout savoir. » fini-t-elle quand même par répondre. Une jolie bataille judiciaire ne lui faisait pas peur. « Les ruptures de contrat ensuite. » à croire qu’elle avait besoin de se défouler sur plus faible qu’elle aussi. En se projetant ainsi, la blonde assurait sa motivation à Sergio, à lui de lui rendre la pareille.

Il semblerait que toutes les conditions étaient mises sur la table, sans langue de bois. La transparence allait dans les deux camps. Sergio savait à quoi s’attendre avec May et vice versa, à priori ils n’auraient pas de surprises l’un et l’autre. Leurs réputations dans leurs domaines les précédaient sans doute et c’est aussi grâce à ça que la Andrews s’était finalement tournée vers lui. Si pendant quelques mois, elle avait réfléchit au sens de sa vie – sans trop se forcer – et vers quoi elle pourrait se tourner comme nouvelle carrière, elle n’avait jamais réussi à répondre à cette question. Elle qui pensait qu’il était temps de se tourner vers de nouveaux horizons encore inexplorés pour elle, mais la jeune femme, qui avait appris à se former directement sur le terrain, était aussi pétrifié que son manque de diplôme lui referme des portes. Elle qui avait arrêtait ses études lorsqu’elle était enceinte sans jamais les reprendre ensuite, c’était une tare qu’elle n’assumait pas, de son point de vue. Elle ne pouvait mettre en avant sur son CV que ses différentes expériences, qui lui avaient réussi cependant, mais pas de certificat d’études pour valider ses compétences sur le papier. Elle se savait pourtant compétente et talentueuses en plusieurs points, mais, dans une société qui se base sur des diplômes, elle manquait d’assurance pour l’assumer. Chance pour elle qu’elle n’ait pas eu à se défendre de ses formations pour Sergio. Elle, elle avait appris à côté des meilleurs et elle était à bonne école, sur le terrain, elle défendait la pratique en meilleur apprentissage, mais au fond d’elle, il semblait tout de même lui manquer quelques choses. Des formalités, ça lui passerait aussi vite que ça ne lui était venu en tête.
« Je pourrais te proposer un salaire fixe, essayer de te séduire avec un chiffre au-delà de ce que le marché propose. Mais disons autre chose. Je prends 10% des revenus des talents que je gère. Je suis prêt à te donner la moitié. La moitié, elle fut surprise, parce que ça lui semblait être un sacrifice important pour lui, renoncer à la moitié de ses revenus, c’est qu’il misait tout de même gros sur la blonde et qu’à la fois, ses revenus devaient lui être suffisants pour pouvoir se le permettre… elle tentait de ne pas laisser paraitre son étonnement, mais par reflex, ses yeux s’arrondis en avant qu’elle ne reprenne le contrôle et arborer à nouveau sa poker face. « Laisse-moi te proposer quelque chose de formel. Un mois de période d’essai, puis un contrat d’un an. Après ça, tu fais ce que tu veux. » se projeter sur un an était sans doute la chose la plus concrète qu’on ne lui avait réellement proposé jusqu’à présent. La blonde était adepte du free lance, des contrats pour des projets précis, des émissions ici et là, des castings d’une semaine ou deux, envoyée à droite et à gauche lorsqu’on avait besoin de ses compétences. Mais jamais elle n’avait dégoté un contrat d’un an. Elle faisait partie de ceux qu’on appelle les intermittents du spectacle, bien qu’elle n’avait rien à voir avec les artistes qu’on pouvait mettre dans cette case, jusqu’à présent, c’est bien ce qui décrivait ses missions. De l’intermittence. « Tu peux évidemment prendre le temps d’y réfléchir. L’offre reste sur la table. Je peux même t’organiser un petit stage d’observation. » Qu’il garde son stage pour la gamine qui débarquera, tout droit sortie de son école de juriste et qui devra apprendre à leur côté. « Soit pas désobligeant, Sergio. » bien qu’elle le savait plaisantin, hors de question de laisser sous-entendre qu’elle avait besoin d’une quelconque période d’adaptation. « J’reviens vers toi. » qu’elle lance en agrippant son sac à main. « Dans quelques jours. » elle ne trompait personne, May, elle savait qu’il se doutait bien qu’elle finirait par accepter, mais il allait sans doute jouer le jeu de la blonde. « commence à faire un peu d’place. » dans ses bureaux, sans qu’il ne compte qu’elle n’y soit trop souvent, May aimait travailler où elle voulait, quand elle voulait. S’il lui faisait confiance, il n’aurait pas besoin de l’avoir sous ses yeux pour savoir qu’elle fait le travail comme il le faudrait. Elle ne se rendrait dans son agence qu’en cas de besoin. « à bientôt. » pour sa réponse, pour renégocier ses propositions si nécessaire, pour commencer, sans doute.