(costume) Halloween, une fête qui signe la fin du meilleur mois de l’année. Le seul mois où il est socialement acceptable d’être n’importe qui, voir n’importe quoi. Non pas que ça change grand-chose à ma vie, c’est pas comme si j’attendais d’être en octobre pour enfiler mon plus beau costume et par costume, j’entends celui qui ne me quitte pas depuis que j’ai commencé à bosser à la Michael Hills. La pièce maitresse d’une imposture qui dure depuis bien plus longtemps, un artifice pour dissimuler ce que je m’entête à vouloir cacher. Je ne saurais dire quand est-ce que cela a commencé, ni même comment j’en suis venu à mentir pour la toute première fois. Je sais seulement que c’est de ce premier mensonge qu’est née une avalanche de borbards, un mouvement rapide de faux semblants qui s’est déversé sur moi à la vitesse de la lumière jusqu’à ce que je me retrouve ensevelis sous un ramassis de conneries. Je me souviens d’un temps où il m’était encore difficile de mentir, où chaque mensonge avait tout de même le mérite de me coûter quelques heures de sommeil, du dégoût pour moi-même et une bonne dose de culpabilité et puis le prix a fini par baisser entrainant avec lui tout l’amour propre qu’il me restait jusqu’à ce qu’il ne finisse par faire faillite. Adieu, l’intégrité, bonjour les problèmes. La vérité c'es que tout le monde ment, y’a ceux qui le font pour protéger autrui et d’autres qui le font pour se protéger tout court. Moi, en l’occurrence, je le fais pour les deux car c’est en préservant les miens que je sens serein. Mon regard se porte sur ces deux personnes qui forment mon talon d’Achille, la femme qui dort toujours sur le canapé et le petit mec en pyjama qui est trop absorbé par l'écran de la télé pour remarquer l’uniforme orange que je viens d’enfiler. « Bonnie ne va pas tarder à arriver et les pizzas sont déjà commandées. » que je dis en déposant un billet sur la table de la cuisine avec un petit mot à l’intention de sa baby-sitter préférée. « Tu vas ramasser les poubelles ? » Bingo. Je souris à sa question qui ne fait que me réconforter quant au choix de ma tenue. « C’est à peu près ça. » Petit, Samuel était obsédé par les camions poubelles. Il ne se passait pas un matin sans qu’il ne se réveille à l’aube pour pouvoir saluer les éboueurs de par sa fenêtre. Je crois même que c’est dans cette obsession que se loge les prémices d’une ritualisation qui lui est devenu propre. « N’oublie pas de te brosser les dents après le repas. » Je lui tends mon petit doigt qu’il lie au sien d’un geste qui se veut bref. Il me tarde déjà d’être à demain pour pouvoir fêter Halloween en sa compagnie, ce soir c’est juste un avant-goût, l'opportunité de mettre au point le plan machiavélique que j’ai mis un moment à élaborer. Six coups se mettent à retentir sur le rythme du jingle de Friends, un code secret qui nous permet de savoir qui se cache réellement derrière la porte que je finis par ouvrir. « Tu tombes à pic ! Merci d'être venue, je dois filer mais on se reparle dès que je serai rentré. » « C’est quoi ce …» Je l’enlace puis dévale les escaliers sans lui laisser le temps de terminer sa phrase.
La première étape de mon plan consistait à faire des recherches. Il m’a donc fallu récolter les numéros de tous les petits cinémas de la ville. Des numéros de téléphone que j’ai composé les uns après les autres jusqu’à ce que sa voix se fasse finalement entendre à l’autre bout du fil. C’est seulement après avoir trouvé l’adresse de son lieu de travail que la deuxième étape a pu débuter. Une phase beaucoup moins pénible que la précédente et lors de laquelle je me suis amusé à faire mon petit marché pour trouver le costume ainsi que les accessoires qui seraient essentiels à l’élaboration de ma vengeance. Et puis, j’ai dû prendre mon mal en patience jusqu’à ce soir, le 30 octobre 2021, date à laquelle Maisie Moriarty s’apprête à répondre de ses actes.
L’endroit a l’air bondé comme si tout le voisinage s’était décidé à venir participer à la soirée organisée par notre cinéma de quartier. Le professionnel de Marketing que je suis est forcé de constater que la publicité qu’ils ont pu faire autour d’Halloween a eu son petit effet. Je pousse la porte du lieu du crime et m’avance vers la vieille femme qui se tient derrière le comptoir. « Bonjour, je suis Scott, le cousin de Maisie. » La veille me sourit tandis que je pointe mon doigt en direction de ma pseudo cousine. « Il faut parler plus fort mon garçon ! » Elle tend son oreille tandis qu’un sourire vient étirer mes lèvres devant ce qui m’a tout l’air d’être l’occasion parfaite pour mettre mon plan à exécution. « JE VIENS APPORTER LA CREME POUR LES HEMORROIDES DE MAISIE. » que je gueule en sortant le tube de mon sac poubelle. « LA PHARMACIENNE M’A AUSSI DONNÉ DES OVULES POUR... » Je marque un temps d’arrêt et me penche vers la mamie pour venir murmurer quelque chose à son oreille dans un volume sonore qui ne peut être perçu que par les moins de cinquante ans. « ses mycoses.» Je m'efforce de chuchoter comme si je mettais un point d'honneur à vouloir préserver l’intimité de cette fille que je suis clairement en train d'humilier. « Navrée jeune homme, mais je n’ai rien compris.» Je sors la boite d'ovules de mon sac poubelle, la dernière arme du crime et la secoue telle une maraca devant les yeux de la mamie. « POUR SES MY-CO-SES. » Ma voix rauque laisse place à des ricanement de la part de quelques clients, j'essaye tant bien que mal de me mettre dans la peau de celui dont j’ai usurpé l’identité en mimant une gêne qui est loin de m’habiter. Moi, je jubile de l’intérieur. Je repense à la fois où je me suis fait blacklister du bureau de poste par sa faute, à son sourire avec lequel elle prenait un malin plaisir à me narguer.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
@ANGUS SUTTON & MAISIE MORIARTY ⊹⊹⊹ This is Halloween, this is Halloween, Pumpkins scream in the dead of night. This is Halloween, everybody make a scene, Trick or treat 'til the neighbors gonna die of fright.
(FORTITUDE VALLEY, TWELVE HAPPY SPECTATORS).J’adore mon boulot ; et je l’adore encore plus lors de soirées comme celles-ci. Halloween est du pain béni pour n’importe quel cinéma indépendant, l’occasion de créer un événement qui attire (quasiment) toujours plus de monde qu’à l’accoutumée. Cette année, avec Rose, nous avons mis les bouchées doubles, prônant mon amour de cette fête de mon côté, tandis que ma patronne justifiait son engagement par le plaisir de réunir les gens autour d’une passion commune. La vérité, c’est que nous savons toutes les deux très bien que le cinéma a besoin de plus de visibilité pour s’en sortir ; et qu’Halloween est un peu notre dernière chance pour renflouer les comptes avant les vacances et les fêtes de fin d’année qui, paradoxalement, nous assure une fréquentation en baisse. Le cinéma peine de plus en plus à se relever de ses déficits et aujourd’hui, nous avons un objectif bien précis pour tenter de ne pas dépenser à perte ; et je ne perds pas le compte de chaque ticket que je vends, nous rapprochant du moment où nous serons bénéficiaires dans les dépenses que nous avons faites pour assurer à tout le monde de passer une bonne soirée. Nous aurions pu nous contenter de passer des films à thème en vendant notre pop-corn à prix exorbitant, mais il faut se démarquer des autres et nous avons engagé un petit traiteur du coin pour nous faire un buffet aussi dégoûtant (visuellement) que succulent (gustativement) afin de marquer tous ceux qui viendraient ici pour la première fois. Car il y en a, évidemment, entre les habitués qui n’auraient pas manqué cet événement pour rien au monde et ceux qui auraient été là quoi qu’il advienne, simplement par amour du cinéma. Il y a de nouvelles têtes auxquelles j’adresse mon plus grand sourire, ma sympathie la plus naturelle et même quelques tentatives de plaisanteries pour qu’ils apprécient suffisamment l’accueil et reviennent, et peut-être même avec d’autres nouvelles têtes ; un bouche à oreille dont nous avons terriblement besoin. J’ai bossé la communication sur les réseaux, j’ai pris sur moi pour me rendre sur ceux-ci afin d’assurer toujours plus de visibilité à l’événement et au cinéma qui tient tant à cœur à Rose. Cette soirée sera un succès. Cette soirée doit être un succès.
Et ça semble l’être, alors que des gens s’entassent dans le hall pour discuter avant le début de la séance, quand d’autres se sont répartis entre les deux salles disponibles afin de s’assurer des meilleures places. Bien en face de l’écran, évidemment, mais aussi près des décorations que nous avons prévues pour l’occasion ; qui manquerait l’occasion de se saisir de l’araignée en plastique sur le mur à sa droite pour faire peur à son pote à sa gauche ? Certains s’empiffrent déjà des doigts de sorcière et autres soupe à la crotte de nez quand les plus réservés font la queue pour du pop-corn ou des m&m’s qui n’ont rien de d’aussi dégoûtants. La musique d’Halloween résonne en fond pour se mettre dans l’ambiance, alors que chaque individu déguisé à le droit à une réduction sur son billet ; et les costumes défilent. Certains sont réussis, d’autres sont un fiasco, mais peu importe, l’essentiel est de voir l’ambiance bon enfant qui émane des lieux et le sourire de Rose qui passe entre nos visiteurs pour échanger quelques mots avec eux. Dans une dizaine de minutes, c’est Beetlejuice qu’on va lancer et pour l’occasion j’y fais honneur avec mon costume. J’ai passé une heure dans la salle de bain avec un Llewyn bien trop enthousiaste à l’idée de me vider la bonbonne de teinture verte sur la tête, me suppliant de m’accompagner pour un film qui aurait fini bien trop tard pour lui – qu’il ne se plaigne pas, il a eu le droit à la séance de Ghostbusters cet après-midi. Par moment, on échange les rôles avec Rose, pour présenter nos costumes respectifs et faire monter l’excitation. Elle qui passe derrière le comptoir, moi qui suis au max pour socialiser. Je me régale des rires que j’entends et de l’impatience que je perçois à quelques minutes du début de la séance.
Ça semblait l’être. Avant qu’une voix bien trop familière ne résonne au milieu des clients et que mon regard ne se dirige vers celle-ci, que mon cœur manque un battement en reconnaissant celui qui vient gâcher la soirée. « JE VIENS APPORTER LA CREME POUR LES HEMORROIDES DE MAISIE. » Mes yeux s’écarquillent alors que désormais, je maudis les gens de s’entasser par ici et le succès de l’événement tandis que je n’arrive pas à me faire une place entre eux pour atteindre suffisamment rapidement le comptoir où ce connard de Sutton fait des siennes. « LA PHARMACIENNE M’A AUSSI DONNÉ DES OVULES POUR... » NON. Non, non, qu’il se la ferme cette imbécile et je vois dans le regard de Rose que cette fourbe se régale de passer pour une ignorante. On se taquine toujours, toutes les deux, mais pas au point de s’humilier. « POUR SES MY-CO-SES. » Il n’aura pas le temps d’en dire plus que je n’ai pas été très bonne vendeuse en poussant sans ménagement les quelques dernières personnes sur mon chemin afin d’arriver au comptoir et me saisir de l’uniforme – un point pour lui, même si je ne le dirai jamais – d’Angus. « D’ABORD C’EST DE TA FAUTE. » Que je précise, même si ma voix ne porte pas aussi bien que la sienne ; je suis gênée, mais il est hors de question qu’il n’échappe pas, lui-aussi, à une honte temporaire. « Ensuite... » Je le tire rapidement à l’écart de la foule et des quelques regards humiliants que je sens sur moi. « Pardonnez-le, il est un peu... » Je fais mine de murmurer. « ...limité. » Mes excuses à toutes les personnes en situation de handicap, je suis désolée de les comparer à Angus alors qu’ils méritent bien mieux que ça. « Tu viens avec moi ? » Je demande en gardant mon visage de bonne hôtesse, sourire aux lèvres alors que ma main qui se referme autour de son bras ne lui laisse pas le choix et que poussée par un sursaut de colère, je le traîne malgré son physique bien plus impressionnant que le mien. Un peu à l’écart de la foule qui commence à entrer dans la première salle, je finis par le lâcher pour mieux frapper son torse à défaut de pouvoir le gifler. « Tu m’expliques ce que tu fous là ? » Même si m’abstiens de crier pour ne pas attirer encore plus l’attention qu’il ne l’a déjà fait, mon ton sec ne laisse aucun doute quant à ma colère. « T’as rien de mieux à foutre que de venir bousiller notre soirée la plus importante de l’année ? » Il se rend compte qu’une mauvaise pub du genre pourrait nous mettre en danger, plus qu’on ne l’est déjà ?
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Dernière édition par Maisie Moriarty le Mer 16 Aoû 2023 - 20:51, édité 1 fois
‘Grandis, un peu’ c’est ce que j’ai lâché à Maisie la dernière fois qu’on s’est vu avant de quitter le café comme un voleur. Enfin non, pas vraiment puisque j’ai tout de même eu la bonté de laisser quelques billets derrière-moi pour ne pas qu’elle se retrouve à devoir tout payer. ‘Grandis, un peu’ lui a dit le mec qui se retrouve désormais à scander haut et fort des gamineries à propos de mycoses et d’hémorroïdes sur le lieu de travail de son ennemie jurée, le tout en portant l'uniforme d'un éboueur. Ce mec, c’est moi. ‘Grandis, un peu’ une phrase, trois mots d'une gratuité sans précédent. On a pour habitude de dire que c’est meilleur quand c’est gratis et c’est vrai, ça l’est quand c’est un repas offert par l’entreprise ; des plats tout préparés payés en cumulant les bons de réductions ; un voyage en bus sans rien avoir déboursé grâce au ticket offert par un touriste sur le point de s’envoler, mais jamais quand on parle de méchanceté. Je regrette pas mes mots et quand bien même ce serait le cas, je ne le dirais pas. Par contre, j’admets y avoir été un peu fort. Primo, parce qu’elle ne pouvait pas savoir, Maisie, qu’il pouvait suffire d’un rien pour perturber le cheminement de pensée d’un petit garçon trop pragmatique pour pouvoir accepter toute injustice. Secondo, parce qu’elle n’a été finalement que le dommage collatérale d’une situation qu’elle a initié à son encontre. Le truc c'est que c'était la seule personne à avoir les épaules assez larges pour encaisser mon trop-plein de colère et d’humiliation. Tertio, parce que j'aurais beau tout nier en bloc, il y a dans ses enfantillages quelque chose qui fait qu'avec elle c'est ok de ne pas endosser le rôle de l'adulte responsable. Si je suis ici ce soir, c’est pas seulement pour me foutre de sa gueule ou me venger d’avoir été blacklisté du bureau de poste, mais surtout pour pouvoir souffler le temps d'une soirée. Et puis il faut aussi se rendre à l'évidence, je pourrais perdre mon temps à gaspiller ma salive en lui demandant de grandir, elle ne fera jamais plus d’un mètre soixante-dix. « D’ABORD C’EST DE TA FAUTE. » Je souris et m'octroie même le droit de jubiler en secret. C'est qu'en pensant m'humilier en retour, elle vient de se faire passer pour la nana qui aime se taper son cousin. Personnellement, j'en ai rien à foutre si les gens que je fais dans la consanguinité, personne ne me connait ici et quand bien même, il serait difficile de me reconnaitre dans un tel accoutrement. En revanche, il doit y avoir un grand nombre d'habitués dans la pièce, peut-être même quelques-uns de ses amis ou pire encore, des membres de sa famille. Je la regarde se faufiler à travers la foule pour arriver jusqu'à moi, un poil trop tard, mais juste à temps pour ne pas avoir à m’entendre gueuler la notice d’utilisation de ce qui semble être un suppositoire vaginal. Ces propos font rire une seule personne, un Iron Man pour être plus précis. Ce qui pour moi ne compte pas, ça devrait être proscrit de se déguiser en super héros le soir d'Halloween, il en de même pour les filles qui font le choix de se transformer en lapines ou tout autre animal de compagnie. Je juge pas, c'est pas une faute en matière de goûts, mais ça colle pas avec l’esprit d’un 31 octobre, voilà tout. « Ensuite... » Elle me tire à l’écart et j’en profite pour voler un doigt de sorcière au passage. « Pardonnez-le, il est un peu... » Un peu quoi ? Je pourrais sauter sur l’occasion pour combler la phrase à trou par des adjectifs tels que : trop beau, trop cool, trop intelligent, trop grand, trop tout, mais elle met fin au suspense avant même d'avoir eu le temps de me jeter la première fleur. « ...limité. » Je me mords l'intérieur de la joue, c’est qu’elle n’aurait pas pu choisir pire adjectif pour me décrire. Ça aurait pu me valoir un sourire si Samuel n’avait pas été trop de fois victime de ce type de propos. Néanmoins, ça fait rire sa clientèle jusqu’à ce que je leur montre l’amuse-bouche en guise de majeur et qu’ils vaquent à leurs occupations. « Tu viens avec moi ? » Je viens écraser le doigt de sorcière sur son front une première fois, puis une seconde fois. « Ça veut dire ‘non merci’ en morse. » que je lui réponds avant de ne faire qu’une bouchée du rouleau de saucisse version creepy. La traduction d'un code qu’elle n’a pas l’air de prendre en compte puisque ses deux mains qui viennent rapidement encercler mon bras pour me tirer -une nouvelle fois- vers un endroit un peu plus excentrée de la foule qui commence à se ruer dans la première salle. Maisie finit par s’arrêter dans un coin de la pièce à l’abris des regards indiscrets, c'est qu'il ne faudrait pas qu'un témoin puisse la voir meurtrir mon torse à coup de poing. « Tu m’expliques ce que tu fous là ? » Je lui montre le sac poubelle d’un air innocent. « T’as rien de mieux à foutre que de venir bousiller notre soirée la plus importante de l’année ? » « Ah bah su-per, je te ramène les pesticides pour anéantir tes champipi et c’est comme ça que tu me remercies ? » Le pire, c’est que je commence à y croire à mon bobard. Je suis presque blessé de la voir se comporter ainsi devant mon élan de sympathie. C’est que je les ai payés ses médocs et pas peu cher, merde. « T’as un bébé Flubber écrasé sur le coin de la bouche, t’es au courant ? » Un truc vert et visqueux qui me pousse à faire quelques pas en arrière. C’est pas la première fois que je la vois sur les nerfs, c’est même devenu monnaie courante avec elle. Pour autant, y’a quelque chose de différent ce soir, je dirais même qu'elle est plus contrariée qu'énervée. « Relax, c’est qu’une soirée d’Halloween. » C’est clairement un franc succès, le cinéma est plein à craquer quant à l’ambiance, y’a qu’à entendre les rires des clients pour comprendre qu’ils sont en train de passer du bon temps. On dirait une convention pour cinéphiles et puis y’a moi, l’éboueur qui fait tâche au milieu de tous ces personnages fictifs. J’en reconnais quelques-uns, mais si y’a bien un domaine où j’ai des lacunes c’est bien dans le cinéma. J’ai plus le temps pour ces choses-là, les seuls films que je connais datent de mon enfance et encore, mon truc c'était surtout les publicités et les vieux feuilletons à la télé. Je saurais même pas dire en quoi est déguisée Maisie. La sœur du Joker, peut-être. « Et je suis ici pour regarder un film. C’est ce que les gens font en allant au ciné, non ? » C’est là que je me dis que j’aurais dû prendre le temps de lire le programme de la soirée parce que j'ai aucune idée de ce qui peut bien se tramer dans la salle d'à côté.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
« Va te faire foutre », c’est ce que j’ai murmuré à Angus lorsqu’il m’a ordonné de grandir, lorsqu’il s’est outré de ma réaction face à l’information dévoilée par Samuel de la grosse crise de larmes de Ryan Robinson. J’ai bien conscience que ce n’était pas la réaction la plus mature qui soit et Angus n’a pas connaissance de l’envers du décor, du moment où j’ai pris Lee a parti une fois rentrés chez nous pour lui expliquer à quel point il est important qu’il reste calme dans ce genre de situation. Il s’est bien foutu de moi en soulignant que je ne mettais pas en pratique mes propres conseils et je lui ai répété qu’en tant que grande sœur, j’avais bien le droit de faire ce que je veux et que les règles ne s’appliquent pas à moi. Il a crié à l’injustice, je lui ai expliqué que c’en était, mais que c’était aussi comme ça : et dans un sens, c’est ce qu’il s’est passé avec Ryan. C’est injuste qu’il s’en soit pris à Samuel, puis à Llewyn. C’est injuste que mon frère ait été puni pour avoir défendu son ami et c’est injuste que ce Ryan ne paie pas le prix de ses actes ; mais c’est comme ça. C’est rageant, c’est dégoûtant, c’est la vie et il en verra d’autres, Lee. Ce n’est pas pour autant qu’il doit l’accepter, seulement apprendre à mieux réagir que l’autre idiot de gamin et ne pas utiliser sa bouche et son vocabulaire pour blesser les autres. Je n’ai néanmoins pas cherché à punir son geste, car même si la violence ne résout rien, blabla, dans ce cas de figure, je crois que c’est très exactement ce dont ce Ryan avait besoin. Lee a compris l’ambivalence de mon comportement après une longue discussion, entre deux vannes et de grands discours sérieux et nous en sommes arrivés à la conclusion que ça ne devait pas reproduire, peu importe le motif, et que désormais, sa meilleure arme serait ses mots, utilisés avec parcimonie et justesse pour ne pas se moquer gratuitement, mais toujours pointer des faits et se donner raison même si Ryan a la mauvaise foi de ne pas le considérer.
« Va te faire foutre », donc, quelques mots qui résumaient mon opinion face à sa réflexion irrespectueuse et face à lui de manière générale. Des mots que j’aimerais prononcer une fois encore aujourd’hui alors qu’il fait irruption sur mon lieu de travail pour poursuivre ce jeu de répartie qui s’est mis en place entre nous et qu’aucun ne veut abandonner. J’ai bien deviné ce qu’il faisait, se vengeant de cette rencontre au bureau de poste de laquelle je suis ressortie gagnante. Angus Sutton n’aime pas la défaite et si je m’attendais à un retour de bâton, j’espérais au moins qu’il aurait la décence de ne pas impliquer d’autres choses que notre égo dans la bataille ; et là, c’est mon emploi que je risque de perdre parce qu’un type est venu faire le spectacle. J’ignore ce qu’il a fait avant que je capte enfin sa présence, mais une chose est sûre, il est hors de question que je le laisse poursuivre sur ce chemin alors que je m’avance dans la foule en rejetant la faute sur lui après avoir capté un partie de sa petite plaisanterie. J’arrive enfin à sa hauteur et mon regard est aussi noir que possible, dirigé à son encontre autant qu’à l’égard de ceux qui osent rire de sa petite plaisanterie. Je le prends rapidement à l’écart pour ne pas qu’il fasse plus de dégâts qu’il n’est déjà en train d’en faire auprès de nos habitués, rageant silencieusement de le voir se servir au passage. Ce buffet est là pour les participants, les clients, n’importe qui, mais certainement pas lui. Et il s’en sert contre moi, en plus, à croire qu’il n’a jamais eu le mémo selon lequel on ne joue pas avec la nourriture (qui suis-je pour dire ça). « Ça veut dire ‘non merci’ en morse. » Je rage, je fulmine, ma patience est inexistante ce soir parce que mon travail est en jeu, parce que s’il fait un scandale, on ne s’en sortira pas et je ne veux pas mettre Rose dans une situation indélicate. La soirée doit bien se passer et avec Angus dans le coin, je sais déjà qu’elle court à la catastrophe. Plus que de la colère, c’est de l’anxiété que je ressens, parce que je suis incapable de prédire ses agissements et donc, mes réactions, autant que les solutions qui s’offriront à moi. Je serai sûrement trop agacée pour y réfléchir correctement et je précipiterai moi-même la soirée à la catastrophe. Mon regard se dirige vers le sac qu’il me montre et il devrait comprendre que je ne rigole pas, ce soir, Angus, en vue du manque de répondant dont je fais preuve, bien trop occupée à le tuer dans mon imaginaire. « Ah bah su-per, je te ramène les pesticides pour anéantir tes champipi et c’est comme ça que tu me remercies ? » Je n’arrive pas à me retenir alors que je le frappe une nouvelle fois, sur l’épaule cette fois-ci, hargneuse. « Angus. » Son prénom prononcé froidement en guise d’avertissement, je ne surenchéris plus et certainement pas comme je l’ai fait avant. « T’as un bébé Flubber écrasé sur le coin de la bouche, t’es au courant ? » « J’ai oublié de m’essuyer après être passée sur ton compte instagram. » Référence à notre dernière rencontre, aux commentaires qu’il a fait et si on peut croire que je reprends mon calme pour parvenir à lui répondre, il n’en est rien. « Relax, c’est qu’une soirée d’Halloween. » Non, c’est là qu’il se trompe. Ce n’est pas qu’une soirée d’Halloween. C’est la soirée qui est susceptible de sauver le cinéma, celle qui nous permettra d’éponger un maigre pourcentage de nos dettes et de ne pas nous retrouver en faillite, celle qui peut nous faire croire à un avenir meilleur pour la petite entreprise de Rose. Ce n’est donc pas un jeu et Angus et ses sourires faux peuvent repartir d’où ils viennent. « C’est pas un jeu, ce soir, Angus. » Je sais qu’il n’en a rien à foutre de mon honnêteté ou de mes supplications, mais peut-être qu’il aura plus d’égard pour ma patronne. « Ma patronne a besoin que cette soirée fonctionne. » J’insiste sur ce mot, ce n’est même pas une envie, on en a véritablement besoin. « Je t’autorise à me faire toutes les crasses que tu veux, mais s’il te plaît, Pas. Ce. Soir. » J’insiste à nouveau pour qu’il comprenne à quel point ça me tient à cœur. Encore une fois, il s’en fichera probablement, mais la perspective d’avoir mon autorisation pour faire de ma vie un enfer à la suite de cette soirée doit probablement le réjouir. « Et je suis ici pour regarder un film. C’est ce que les gens font en allant au ciné, non ? » Je secoue la tête, ne croyant pas une seconde à ses bonnes intentions. Il m’a prouvé par le passé qu’il n’en possédait aucune. « Non. Tu vas t’installer, tu vas commenter le film à voix haute. Tu vas rendre les autres spectateurs dingues. Tu vas foutre un bordel pas possible en sachant que je vais devoir nettoyer derrière toi et après tout ça, tu te feras un plaisir de continuer à raconter des trucs gênants pour faire fuir les quelques personnes qui auront eu le courage de rester à la séance que t’as bousillé. » J’en oublie de respirer tellement le plan me semble clair et précis dans ma tête et que je n’ai aucune raison d’en douter ou d’imaginer une autre issue. Il est venu pourrir la soirée, il n’y a qu’à voir son accoutrement. « Et de toute façon, t’as pas payé ton ticket. » Je souligne, consciente que l’argument ne sera pas suffisant et ajoutant rapidement : « C’est 50$. » Ce n’est pas vrai, mais c’est bien le triple des tarifs moyens dans les cinémas, de quoi le pousser à trouver cela exagéré et à déguerpir, peu envieux de contribuer à cette mascarade. Casse-toi, Sutton, pour l’amour de Dieu.
'− ·−−−−· · ··· −·· ·−· −−− ·−·· · −−·− ··− ·− −· −·· − ··− − ·−−−−· ··−·· −· · ·−· ···− · ···' C'est ce que j'aimerais ajouter sur son front, mais que je me refuse de faire pour ne pas émietter un peu plus la pâte feuilletée du doigt que je m'apprête à bouffer. Au lieu de quoi, c'est son visage qui se décompose face à ma gaminerie et à cette nonchalance qui ne semble pas vouloir me quitter. Ô que j'adore la voir dans cet état surtout dans un lieu qui l'oblige à faire profil bas. Je m'amuse, que dis-je, je jubile d'être la cause de cette rage que je peux apercevoir à travers toutes les expressions de ce joli petit minois qui ne reflète plus que de l'agacement à mon égard. Et c'est lorsque je secoue le sac poubelle pour lui rappeler la simple raison de ma présence parmi les invités qu'elle finit par réellement perdre patience en me frappant une seconde fois. Son poing vient heurter mon épaule d'ancien flanker, ce qui me fait l'effet d'une douce caresse. C'est pour elle que j'ai mal, j'en connais qui se sont brisés des phalanges pour moins que ça et ça me ferait de la peine qu'elle ne puisse plus répondre à mes conneries en levant son majeur. « Angus. » "Maisie" que je réponds sur le même ton qu'elle comme à chaque fois qu'elle prononce mon prénom. Et si on continue comme ça, je peux être sûr que mon patronyme sera la dernière chose que je finirais par oublier lorsque la maladie d'Alzheimer aura rongé une grande partie de mes neurones. « J’ai oublié de m’essuyer après être passée sur ton compte instagram. » Je retiens un rictus, hors de question de lui laisser penser que sa répartie m'amuse, même si je dois avouer que c'est quand même bien lancer. La tâche verdâtre sur le rebord de ses lèvres est bien la preuve que sa personnalité est tout aussi moche que les tréfonds qui composent son être. Quant à instagram, c'est un sujet que je préfère garder pour plus tard parce qu'en attendant c'est Moriarty qui a dû passer sa nuit à me chercher sur l'application et je doute qu'elle se soit donnée tout ce mal juste pour rendre son repas. « C’est pas un jeu, ce soir, Angus. » Oh que si c'en est un, comme ça l'était dans le bureau de poste ou même dans celui de l'enseignante parce qu'au final ça l'est toujours un peu quand on se retrouve tous les deux. « Ma patronne a besoin que cette soirée fonctionne. » Je détourne le regard vers la mamie qui se trouve toujours derrière le comptoir. Elle me rappelle un peu mon grand-père à toujours vouloir venir bosser alors qu'elle pourrait profiter de la retraite pour se reposer. « Je t’autorise à me faire toutes les crasses que tu veux, mais s’il te plaît, Pas. Ce. Soir. » "Toutes ?" que je demande, un sourire malicieux sur le bout des lèvres. C'est par là qu'elle aurait dû commencer, Maisie. Je veux bien me montrer un poil plus adulte car si y'a un truc sur cette terre qui est plus appétissant que les buffets, ça reste les crasses à volonté. « Non. Tu vas t’installer, tu vas commenter le film à voix haute. Tu vas rendre les autres spectateurs dingues. Tu vas foutre un bordel pas possible en sachant que je vais devoir nettoyer derrière toi et après tout ça, tu te feras un plaisir de continuer à raconter des trucs gênants pour faire fuir les quelques personnes qui auront eu le courage de rester à la séance que t’as bousillé. » Maisie me déballe les faits à une vitesse vertigineuse au point que j'en arrive à manquer d'air alors que c'est elle qui tente de s'initier à l'apnée. "T'oublies la partie où je vais marquer 1 000 points en additionnant les têtes au lancé de pop corn; celle où je vais attendre le moment propice pour avoir envie de pisser; les applaudissement en début et à la fin du film pour rendre hommage à tous les noms qui seront cités à l'écran et pour finir, ma partie préférée, celle où je vais m'amuser à faire des ombres chinoises avec la lumière du rétroprojecteur." que j'énumère à l'aide des doigts de ma main de libre, celle qui n'est pas occupée à pianoter sur l'écran tactile de mon téléphone pour composer le message que je m'apprête à poster en story. "Mais sinon, c'est à peu près l'idée que je me faisais du programme de la soirée, ouais." que je réponds sans relever les yeux de mon écran. Un message court, visant à promouvoir le lieu dans lequel je me trouve en conviant mes abonnés à cette soirée que je vends comme étant celle de 'l'année'. C'est pour la vieille que je le fais, c'est sa patronne qui m'a pris par les sentiments et pas son employée. Y'a que les personnes âgées qui arrivent vraiment à me toucher, sans mauvais jeu de mots. J'en profite pour y glisser l'adresse du cinéma ainsi qu'un lien direct vers les avis du plus gros moteur de recherche en promettant de rendre la pareille à tous ceux qui auront la gentillesse d'y laisser pas moins de cinq étoiles et un commentaire positif. « Et de toute façon, t’as pas payé ton ticket. » "Ouais, ouais." que je marmonne sans avoir écouter un mot de ce qu'elle vient de me dire. Enfin, mes oreilles ont perçu le son de sa voix, mais mon cerveau, lui, est bien trop occupé à paramétrer la story pour que tout le monde puisse la voir sauf Maisie. Et dieu sait que les hommes n'ont jamais été doué pour faire plusieurs choses à la fois. « C’est 50$. » Le tout posté, je relève enfin les yeux vers elle. "50 $ le ticket ?" Je ris, si elle croit qu'elle peut m'avoir aussi facilement. Je berne les autres et non, l'inverse."Eh toi là, l'épouvantail émo avec toute la panoplie du couteau suisse à la place des doigts." Le mec se retourne en me dévisageant, visiblement fort mécontent de la description que j'ai pu faire de son si beau costume. "Tu l'as payé combien ton ticket ?" "Environ 17$" qu'il me répond d'une voix morose. " Merci, au fait il super cool ton costume ! Tellement effrayant qu'il en ferait hurler les portiques de sécurité." Évidemment, le mec ne pige rien à ma blague qui se retrouve à faire un flop monumental. C'est qu'ils sont pas drôles les adeptes d'Halloween et c'est qu'il doit y avoir une grosse ambiance en enfer si c'est à ça que ressemble les sataniques. "Je t'en donne 20 si tu me laisses rester." Ce qui fait un bénéfice de trois dollars et dans le milieu dans lequel nous avons grandi, Maisie et moi, c'est les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. "Ok ?" Je demande une nouvelle fois en sortant un billet de la poche de mon uniforme d'éboueur.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
J’ai envie de lui arracher son sac poubelle des mains pour mieux entourer sa tête avec, serrer jusqu’à ce qu’il manque d’air et que le problème Sutton soit rayé de la surface de la terre. Mais je ne suis pas une meurtrière malgré tout ce que je peux penser, alors je revois mes ambitions à la baisse ; j’ai envie de lui arracher son sac poubelle des mains pour mieux lui le faire bouffer. Et parce que ça nécessite un contact que je n’ai aucune envie d’avoir avec lui, j’enchaîne avec un plan qui me paraît tout de suite plus cohérent ; j’ai envie de m’emparer du sac poubelle derrière le comptoir (non, mieux, ceux des toilettes) pour lui en envoyer le contenu à la figure. Oh, que j’espère qu’une fille a eu des règles bien abondantes et un type une overdose de pop-corn qu’il n’a pas pu vomir dans la cuvette ; oui, j’ai envie de voir son sourire satisfait disparaître de ses lèvres et tous les moyens sont bons pour ça, même les plus écœurants. J’ai envie de lui briser les doigts quand il secoue son sac poubelle, j’ai envie de lui cracher dessus, de le tirer par l’oreille pour mieux le faire sortir d’ici ; j’ai envie de plein de choses face à Angus et toutes sont liées à des pulsions de violence que je ne me reconnais pas. Il me rend dingue et si dans d’autres circonstances, j’aurais peut-être (peut-être) trouvé son déguisement hilarant (non, n’abusons pas, à la rigueur il m’aurait provoqué un rictus vite caché) autant que le rappel à notre dispute au bureau de poste, aujourd’hui l’heure n’est pas à la plaisanterie. On parle de mon boulot ; et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai jamais porté atteinte à ses responsabilités. Je me suis souvent amusée de lui, oui, mais toujours dans un contexte adapté. J’ai mes limites, même quand elles concernent le Sutton et il vient d’outrepasser une règle tacite dont je suis visiblement la seule à tenir compte. Il vient de me prouver que tous les coups sont permis ; j’espère qu’il est prêt, car s’il fait un scandale sur mon lieu de travail, il devra s’atteindre à un retour de bâton et d’une plus grande humiliation encore, puisqu’il est hors de question qu’il s’en sorte mieux que moi. "Maisie" J’ai envie de lui faire manger sa langue pour ne plus entendre le son de sa voix et tous mes désirs violents se lisent probablement dans le regard noir que je lui adresse en continu.
Je ne connais pas suffisamment Angus pour anticiper ses actions et ses réactions ; je le connais toutefois assez pour savoir qu’il ne partira pas, malgré toutes les supplications dont je peux faire preuve. Il n’en a rien à faire de moi, de mes demandes – ainsi je prends sur moi pour hisser un début de drapeau blanc en utilisant Rosemary, l’attachante et vieille Rose, il ne lui ferait pas ça à elle, n’est-ce pas ? Et je le déteste plus que jamais, Sutton, de me forcer à plier le dos et à m’affaiblir alors qu’il conserve tout le contrôle. Je plie face à lui, je m’avoue vaincue et je suis hors de moi à cette idée. "Toutes ?" « Touche à mon intégrité physique et t’es mort. » Je précise néanmoins, car il est hors de question qu’il s’amuse encore une fois à me pincer la cuisse. Tout comme il est hors de question qu’il prétende être venu simplement pour regarder un film, pas à moi. J’ai mille idées de scénarios en tête pour expliquer le déroulement de la soirée, j’en choisis un parmi d’autres et il ne fait que confirmer qu’il y a bien d’autres aspects que j’ai oubliés. "T'oublies la partie où je vais marquer 1 000 points en additionnant les têtes au lancé de pop corn, c’est moi qui vais arriver à 1'000 points si j’additionne tous les os que j’ai envie de lui casser, celle où je vais attendre le moment propice pour avoir envie de pisser, faites-moi penser de surveiller les sorties et de glisser un scorpion dans l’urinoir, avec un peu de chance il se retrouvera amputé, les applaudissement en début et à la fin du film pour rendre hommage à tous les noms qui seront cités à l'écran, tous les noms qui viendront témoigner et confirmer que j’ai vraiment eu raison de mettre un terme à l’existence d’Angus Sutton, et pour finir, ma partie préférée, celle où je vais m'amuser à faire des ombres chinoises avec la lumière du rétroprojecteur." Celle où je suis prête à payer de ma poche le remplacement d’un projecteur hors de prix simplement parce que je n’aurai pas résisté à l’envie de le décrocher pour qu’il s’abatte sur lui. "Mais sinon, c'est à peu près l'idée que je me faisais du programme de la soirée, ouais." « Je peux le lire dans tes yeux, ouais. » Façon polie de souligner que quitte à se montrer insultant, autant qu’il puise avoir les couilles de le faire en me regardant dans les yeux. Mais Angus est un connard jusqu’au bout, ne relevant même pas le regard quand il me parle. "Ouais, ouais." Et même quand je lui souligne le plus important, le fait qu’il n’a pas le droit d’être ici sans avoir mis la main au porte-monnaie, il n’est guère réactif. "50 $ le ticket ?" Le prix l’interpelle enfin et je me dis que j’ai peut-être enfin trouvé le moyen de me débarrasser de l’entrecôte. "Eh toi là, l'épouvantail émo avec toute la panoplie du couteau suisse à la place des doigts." J’écarquille les yeux, un « tu déconnes ? » étouffé sous la surprise qui s’échappe d’entre mes lèvres. "Tu l'as payé combien ton ticket ?" "Environ 17$" "Merci, au fait il super cool ton costume ! Tellement effrayant qu'il en ferait hurler les portiques de sécurité." « Excusez-le. » Que j’essaie de rattraper envers le Edward aux mains d’argent, parce que la culture cinématographique d’Angus fait peur à voir. "Je t'en donne 20 si tu me laisses rester." « Parce que tu comptes vraiment rester ?! » Je m’offusque encore une fois, avant de reprendre : « T’as eu ce que tu voulais pourtant ! » Je commence à m’énerver, parce qu’il a pu m’humilier devant les clients et ma patronne, ça devrait être suffisant pour qu’il fasse demi-tour. "Ok ?" Mais ce serait encore pire de virer Angus, l’argent qu’on peut se faire et l’assurance d’avoir une mauvaise réputation parce qu’il serait capable de nous la faire. J’hésite un instant, muette, pesant le pour et le contre ; avant d’abdiquer contre ma volonté. « 22 et t’as un rab’ de pop-corn. » Je propose, tentant de rendre la proposition plus alléchante encore : « et si tu fais le con et que la sécu doit te sortir, je leur demande d’épargner tes bijoux de famille et ton visage. » Ça vaut bien deux dollars de plus, non ? « Et tu vas à la séance de Beetlejuice. » Histoire qu’il comprenne qu’on est loin de Flubber. Quel inculte, pfff.
(costume)« Touche à mon intégrité physique et t’es mort. » Je souris parce que c’est amusant de voir qu’elle a encore la scène de notre première rencontre en tête. Enfin, pas vraiment la première, mais certainement celle qui fait que je me retrouve ici ce soir. C’est encore plus drôle quand on sait que celle qui a commencé à porter atteinte à une quelconque intégrité corporelle, c’est bien Maisie et non moi. Je la laisse me sermonner, c’est devenu un de ces rituels auxquels j’ai fini par m’habituer. Maisie émet les limites à ne pas dépasser, la conduite à tenir et moi, je me contente d’acquiescer par ci, par là, jusqu’à ce qu’elle en ait terminé et que je puisse enfin en placer une, ou deux voire trois. C’est qu’elle commence à me connaitre, Moriarty ou peut-être que c’est l’enfoiré de service que je deviens quand elle est dans les parages qu’elle a l’air d’avoir bien cerné. « Je peux le lire dans tes yeux, ouais. » Je fais battre mes cils en fixant ses prunelles aux couleurs de la boue comme si elle était destinée à me faire patauger. À bien y réfléchir, j’aurais très bien pu choisir une toute autre comparaison pour décrire le marron de ses yeux, ce qui aurait expliqué le fait qu’elle prenne autant de plaisir à me faire chier. Je sais plus comment on en arrive à parler d’argent, mais elle tente de me vendre sa place de cinéma trois fois plus cher que son prix initial. Je ne suis peut-être pas un cinéphile, mais je suis loin d'être assez naïf pour foncer tête baissée et il m’est arrivé – à de nombreuses reprises- d’être forcé de venir au cinéma pour voir le tout nouveau Pixar avec Samuel. Je pourrais lui dire que la valeur du ticket est bien moins chère que ce qu’elle veut me faire sortir du porte-monnaie, mais je la connais un peu, moi aussi, et je sais qu’elle n’aura que faire de mes protestations. C’est pour cette raison que je détache mes yeux des siens à la recherche d’un complice, d’une honnête personne qui saura me donner le juste prix et quoi de mieux qu’un habitué pour le faire ? Fort heureusement la salle en est pleine, mais c’est sur l’épaule d’un mec déguisé en ce que je pense être un Wolverine pendant ses périodes les plus sombres que je décide de poser ma main.
« tu déconnes ? » Oh que non, je déconne pas, non. Je suis même encore plus sérieux que ce père qui est en train de sermonner son gosse de douze ans à propos des risques que peut avoir le sucre sur l'organisme. Mon attention se reporte sur le gothique qui ne réfléchit pas une seconde avant de me sortir le prix du ticket, le vrai, pas celui que Maisie m’a donné quelques minutes plus tôt. Dix-sept dollars, soit trente-trois de moins que la valeur initiale. Je lui jette un coup d’œil accusateur avant de remercier son client qui n’a aucune idée de l’argent qu’il vient de me faire économiser. « Excusez-le. » Des excuses elle sait en faire quand c’est pour rattraper mes blagues de mauvais goûts par contre quand il est question de se faire pardonner l’arnaque du siècle, là y’a plus personne. « C’est toi qui m'en doit, des excuses. » Les bras croisés, je la dévisage en attendant de voir ne serait-ce qu’une once de culpabilité déformer les traits de son visage. Une cause, que je sais, perdue d’avance. Un soupir lasse s’échappe de mes lèvres tandis que je lui propose trois dollars de plus que le prix de la place de ciné. Trois dollars, une modique somme si c’est pour avoir l’opportunité de la faire chier pendant toute une soirée, mais malgré tout assez conséquente pour un cinéma qui a l’air d’être au bord de la faillite. « Parce que tu comptes vraiment rester ?! » Le fait qu’elle en soit surprise me surprend bien plus encore. Évidemment que je compte rester, la soirée ne fait que commencer. Il me reste bien trop d’énergie à revendre pour ne pas en mettre au profit de Moriarty. Ma générosité finira par me tuer, je sais. « T’as eu ce que tu voulais pourtant ! » Elle commence à hausser la voix, signe que je suis en train de l’agacer. « J’en ai jamais assez. » Le truc, c’est que plus Maisie s’énerve et plus ça me met de bonne humeur sauf que malheureusement pour elle, ma jauge de satisfaction n’a pas encore atteint son apogée. « 22 et t’as un rab’ de pop-corn. » Là, elle parle le même langage que moi. On arrive enfin à se mettre d’accord, c’est si beau que j’en verserais presque une petite larmichette. « et si tu fais le con et que la sécu doit te sortir, je leur demande d’épargner tes bijoux de famille et ton visage. » Mes lèvres s’étirent jusqu’à laisser apparaitre mes fossettes. « Je rêve ou tu t’inquiètes pour le futur de ma descendance ? C'est mignon. » Déjà que l’offre de rab’ de pop-corn était douteuse, j’ai du mal à croire qu’elle veuille épargner deux parties de mon anatomie en prime. Je suis presque sûr que c’est juste pour pouvoir s’en charger elle-même. Je lui tends une main pour qu’on puisse acter notre accord dans les règles de l'art tandis que je ne quitte pas son visage des yeux. « Et tu vas à la séance de Beetlejuice. » Ça sonne comme une punition. Je sors mon téléphone portable de la poche de ma combinaison orange pour rechercher la fiche du film en question, celui qu’elle a pris soin d’accentuer la moindre syllabe pour me faire comprendre qu’il n’avait rien à voir avec Flubber. En effet, celui-ci a l’air chiant à mourir, j’espère que les sièges sont confortables parce que je compte bien taper une sieste entre trois points marqués à l’aide de pop-corn et deux aller-retour aux toilettes pour faire chier les gens au moment le plus opportun. « T’es certaine de pouvoir survivre sans moi pendant un plus d’une heure et demie ? » Je demande en tirant une moue compatissante. « Non parce que le manque ça peut tuer, parfois. » y’en a même qui pensent que certaines crises cardiaques pourraient y être liées. Se sentir seul, être tellement triste que le cœur finit par lâcher, littéralement. Je sais pas si j’y crois, je relate juste les faits mais quand je vois à quel point certains sevrages peuvent être intenses pour des consommateurs de drogues, je me dis que rien n’est impossible. Je me dirige vers le comptoir pour payer mon dû et choisir le plus gros paquet de pop-corn que le cinéma puisse proposer sous les yeux ébahis du gosse de dix ans qui en baverait presque. « Profite-bien de la mi-temps, Moriarty. » que je dis sous le ton de la menace, sûrement parce que c’en est une ou alors peut-être aussi parce que j’aime bien l’idée de la savoir paniquée pendant que moi, je serai tranquillement en train de mater un film.
Finalement il n’était pas si nul que ça, je lui donnerais pas cinq étoiles, mais c’était un peu mieux que l’idée que ce j'imaginais. J’ai tout de même senti le temps passé même en donnant mon maximum pour me distraire. J’étais à un pop-corn de battre mon record quand le générique de fin est apparu sur le grand écran. J’ai récolté six jurons, de nombreuses messes basses et une dizaine de soupirs d’agacement jusqu’à ce qu’une scène attire suffisamment mon attention pour ne plus faire chier les gens autour de moi. C’est à partir de là que le film est devenu assez intéressant pour ne pas me donner envie d’aller faire un tour aux toilettes ou jouer les guignols pour avoir un peu d’actions. Je plisse les yeux lorsque la lumière du hall m’agresse les rétines avant de chercher Maisie du regard. La pièce s’est vidée, les derniers convives sont sur le point de partir et je me rends compte du bordel monstre que les gens peuvent laisser derrière eux même dans un lieu public. C’est pire qu’une scène de crime, y’a des biscuits apéritifs écrasés sur la moquette, quelques pop-corn qui gisent sur le sol et des gobelets qui se sont visiblement perdus en chemin avant d’atterrir dans la poubelle. « Tu sais que tu ressembles beaucoup à Lydia Deetz ? Elle est tout aussi étrange et surnaturelle que toi. » Je lance à Maisie après m’être rapproché du comptoir sur lequel je prends place comme si c’était chez moi. J’attrape un pop-corn au fond de mon paquet et lui lance en pleine tête. « Il me manquait 1000 points pour battre mon record. » J’ajoute alors que sa tête vaut bien plus que ce que je viens de lui sortir. C’est le carton plein, le tir qui fait toute la différence, celui qui me fait remporter la victoire. J’observe les gens sortir du cinéma, balançant mes jambes dans le vide pendant que je réfléchis à quelque chose qui pourrait la faire vriller davantage. « Vous auriez pas une sono ? Parce que ça manque de musique. » Cette fois-ci, c’est à sa patronne que je m’adresse et non pas à celle qui se serait empressée d’employer la négation pour répondre à ma question.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
Les regards accusateurs d’Angus n’arriveront pas à me faire flancher ; s’il est ici, c’est uniquement pour m’emmerder, alors autant qu’on joue à armes égales alors qu’il est hors de question qu’il puisse venir m’humilier sans en payer, littéralement, le prix. Et je m’en fiche bien que ce ne soit pas très commercial, que ça relève carrément de l’arnaque, après tout c’est le premier à se vanter de sa parfaite petite vie, de son super boulot et qui a l’arrogance de nous regarder de haut, Seth et moi, puisque monsieur se remplit les poches. C’est drôle, car il a connu mon frère en étant son collègue de galère et j’ai l’impression que le succès (ou ce qui y ressemble, à son échelle) lui monte un peu trop vite à la tête, au Sutton. Monsieur ne joue plus dans la même catégorie et Monsieur se sent obligé de le souligner dès que l’occasion se présente. S’il est si à l’aise que ça, pourquoi il aide pas sa mère à envoyer son frère dans un collège privé, hein ? Ça éviterait peut-être à Lee d’avoir à se faire cogner parce qu’il a voulu défendre son pote, tiens. Mais je ne suis pas surprise que les neurones d’Angus soient incapables de fonctionner, tout comme je ne suis pas surprise (seulement outrée) qu’il n’ait aucune culture cinématographique. Pour jouer au Duc il y a du monde, mais pour s’améliorer un peu et être un peu moins con (si c’est possible, j’en doute), il y a plus personne. Bel exemple, vraiment. « C’est toi qui m'en doit, des excuses. » Je lui adresse un regard qui veut tout dire ; il n’aura pas la moindre excuse de ma part. Oui, ma proposition relève de l’arnaque, non, j’en ai pas honte. J’ai l’impression qu’il attend que le monde se mette à ses genoux, tout dans son attitude respire l’arrogance et il est nécessaire qu’il soit remis, de temps à autre, à sa place, le Sutton. Qu’il arrête de croire que le monde lui est dû, qu’il a des passe-droits juste parce qu’il bosse pour une grosse entreprise. C’est ridicule et qu’il ne compte pas sur moi pour le traiter comme il a l’air de s’y attendre. À mes yeux, il reste un paria, un imbécile du premier ordre et j’en passe les meilleurs. La fin justifie les moyens ; et très clairement, on se dirige vers la nôtre à ce rythme, alors autant faire du bénéfice où l’on peut, encore plus quand ça vient de poches qui méritent bien d’être vidées. Et encore plus si ça peut le dissuader d’imposer sa présence dérangeante entre ces murs, sauf qu’Angus a l’air déterminé à rester. Bien sûr que je l’anticipais, bien sûr que je le voyais venir gros comme une maison vu la connerie du type, mais c’est pas ce soir qu’il doit me mettre hors de moi. « J’en ai jamais assez. » Je serre les lèvres pour éviter de l’insulter alors que des clients sont autour de nous et que je n’ai pas envie d’anéantir la réputation de ce cinéma. Je vais jouer à l’adulte, à la gentille Maisie, qui va se contenter de sourire aujourd’hui pour mieux lui rouler sur le pied la prochaine fois que je le croiserai dans la rue – tant pis pour les éventuels dommages à rouler sur le trottoir. « Je rêve ou tu t’inquiètes pour le futur de ma descendance ? C'est mignon. » « J’ai aucun doute sur le fait que personne voudra se reproduire avec un type comme toi. » Ewwwww. Sérieux, s’il y a des filles qui peuvent avoir envie de se faire féconder par cette chose, c’est leur problème, mais je leur conseille très clairement d’aller voir un psy, parce qu’il y a sûrement un gros traumatisme derrière cet intérêt. Il me tend une main et je l’imite avec la mienne pour sceller notre accord, non sans avoir exagérément toussé sur ma paume au préalable. J’ai presque espoir d’avoir une sale maladie à lui transmettre, là. « T’es certaine de pouvoir survivre sans moi pendant un plus d’une heure et demie ? » Je lève mes yeux au ciel – ils vont vraiment finir par rester coincés. « Non parce que le manque ça peut tuer, parfois. » « Ouais bah ça m’arrangerait là, merci. » Et casse-toi, surtout. Je suis agacée, agacée contre lui-même pour avoir osé se pointer ici, agacée contre moi-même d’être incapable de lui répondre sans me donner en spectacle sur mon lieu de travail et agacée contre l’univers de toujours foutre cet enfoiré de Sutton sur mon chemin. « Profite-bien de la mi-temps, Moriarty. » Je force un sourire et lui adresse un doigt d’honneur sans, cette fois-ci, me soucier des clients qui sont trop occupés à rejoindre la salle. Qu’il se casse la gueule dans les escaliers et qu’il se brise la nuque, ça nous fera des vacances.
Mais il ressort, l’imbécile, un peu plus d’une heure et demi après, alors que j’ai passé tout autant de temps à scruter la porte de la salle en espérant que personne ne la claque, trop énervé par le comportement d’Angus (ça ne m’aurait pas étonnée). Le temps m’a semblé interminable alors que je n’ai rien fait de ce que j’avais prévu durant ce laps de temps, un nœud dans mon estomac à l’idée qu’Angus puisse aller trop loin et détruire tous nos efforts. Je crois qu’il ne se rend pas compte que s’il agit ainsi, c’est pas son boulot que je vais détruire en contrepartie ; c’est sa vie toute entière. Mais je vois certains regards, j’entends certains commentaires à la sortie du film, la précipitation avec laquelle certains quittent les lieux ; et je comprends. Je comprends qu’il n’a pas su se tenir et qu’il a emmerdé son monde ; et j’ai même pas besoin d’avoir été là pour savoir qu’Angus est le coupable. « Tu sais que tu ressembles beaucoup à Lydia Deetz ? Elle est tout aussi étrange et surnaturelle que toi. » Je fronce les sourcils alors que ça comparaison est stupide. « Et toi, tu me fais penser à Otho, tu sais ? À donner ton avis alors que personne te l’a demandé. » Si la première partie de ma phrase se veut presque amusée, la seconde traduit de tout mon agacement. « MAIS DÉGAGE. » Je m’emporte alors qu’il s’installe sur le comptoir et que mon réflexe consiste à lui frapper la cuisse pour qu’il déguerpisse, sans succès. « Il me manquait 1000 points pour battre mon record. » « Tu... quoi ? » Je lui demande outrée, alors qu’au même moment, une femme sort de la salle en essayant de se débarrasser de quelques pop-corn dans ses cheveux, en lançant un regard noir à Angus. « Vous auriez pas une sono ? Parce que ça manque de musique. » Rose me jette un coup d’œil, l’air de se demander si elle doit me laisser gérer ou non et mon regard lui confirme que oui, tandis qu’elle s’éclipse un instant, disparaissant avec les derniers spectateurs qu’elle accompagne jusqu’à la sortie pour échanger quelques mots et, probablement, tenter de rattraper la soirée qui avait si bien commencé. Derrière mon comptoir, je me saisis d’un énorme saut de pop-corn que, cette fois-ci, je n’offre pas à Angus, mais que je déverse sur sa tête avec difficulté, obligé de me mettre sur la pointe des pieds. « Ça t’éclate ? » Je lui demande le plus sérieusement du monde avant de contourner le comptoir pour venir lui faire face. « Dégage, j’t’ai dit ! » Je me répète, je fulmine, alors que je me retiens de ne pas lui arracher l’oreille en voulant lui montrer la sortie. « C’est pas parce que t’as pas réglé tes problèmes avec Seth que tu dois venir me faire licencier ! » Car aussi gentille et compréhensive que soit Rose, si l’on perd des clients par la faute d’Angus, je vais devoir assumer le blâme. « C’était la soirée la plus importante de cette fin d’année et là, à vue de nez, je peux déjà anticiper la mauvaise réputation que tu vas nous faire ! » Je me retiens de hurler, je me fais violence, alors que je n’ai qu’une seule envie : lui écraser la tête contre ce comptoir. « Sérieux, à quel moment t’as été bercé trop près du mur pour être incapable d’aligner tes neurones et comprendre que tes actes peuvent avoir des conséquences ?! » Je lui demande, question rhétorique, c’est pas juste un mur qu’il s’est pris sur la gueule, c’est un building – c’est la seule explication. « Je te jure que si je perds mon boulot ou qu’on perd du monde à cause de toi, tu vas le regretter. » Je menace, car il y a une différence entre l’avoir empêché de faire quelques envois à son bureau de poste alors qu’il en existe mille autres, et saccager le boulot de quelqu’un. Et si je perds le mien, il peut déjà se préparer à ce que le sien subisse le même sort.
(costume)« J’ai aucun doute sur le fait que personne voudra se reproduire avec un type comme toi. » Ça tombe bien, je suis pas de ceux qui rêvent de fonder une famille. Trop peu pour moi, c'est à peine si j'arrive à subvenir aux besoins de Samuel alors faire un gosse, non merci. C'est peut-être pas mon fils, mais y'a des jours -pour ne pas dire tous ceux qui composent une année- où c'est tout comme et c'est finalement ce qui rend la tâche encore plus difficile. Jongler entre le rôle de grand-frère et celui de figure paternelle alors que je donnerais tout pour n'être que son ainé. Je pense être un frère dans la moyenne, pas la meilleure version de ce qu'il aurait pu avoir, mais loin d'être la pire non plus. Par contre, je suis carrément nul dans le rôle de 'père', en même temps j'ai pas eu ce qu'il y a de mieux comme modèle. Maisie tousse dans sa main avant de la lier à la mienne lorsqu'on arrive enfin à se mettre d'accord sur le prix du ticket. Elle veut jouer à ça ? Aucun problème. Je lèche le bout de mon pouce et lui essuie le bout du nez pour y laisser un peu de mon ADN sous forme de salive. La bataille de bactéries, ça me connait depuis que je l'ai rencontré. Je finis par échanger le fond de mon porte-monnaie contre une place de ciné et le plus gros pot de pop-corn que la patronne puisse me proposer et c'est, à contre coeur, que je rejoins la foule qui s'impatiente devant la salle de projection. Adossé contre le mur, j'essaye de prévenir Maisie sur les effets néfastes que peut provoquer le manque. Une heure et demie, c'est super long. Je mâche pas mes mots, même quand je tente de lui expliquer que y'en a qui ont tellement mal supporté le sevrage, qu'ils ont se sont retrouvés à devoir passer l'arme à gauche. « Ouais bah ça m’arrangerait là, merci. » Ce qu'il ne faut pas entendre, tant pis pour elle. Elle pourrait disparaître que ça me ferait ni chaud, ni froid. Les portes finissent par s'ouvrir et j'ai à peine le temps de contrer le majeur de Maisie que je me retrouve happé par une bande personnages fictifs qui se ruent dans la salle pour avoir les meilleures places. C'est super dangereux les cinéphiles, sérieux.
Le film est enfin terminé, les gens se précipitent vers la sortie avec la même impatience que lorsqu'ils ont forcé le passage pour entrer dans la salle, une heure et demie plus tôt. C'est peu surprenant compte tenu du navet qu'on vient de se taper, ça devrait être interdit de vendre un ticket aussi cher pour un film aussi médiocre. Non pas que j'en sache un rayon sur le sujet, mais y'a pas besoin d'avoir fait des études dans l'audiovisuel pour comprendre que ce film est une grosse arnaque. Rien que la typographie du générique d'ouverture laisse à désirer, c'est digne d'un vieux montage fait avec movie maker. Sans parler du scénario, non mais sérieux, ça choque personne qu'un chien de la taille de deux chihuahuas arrive à contre-balancer le poids d'une voiture avec deux personnes à l'intérieur ? Non, je demande, parce que c'est clairement à partir de ce moment que j'ai commencé à forcer mes rires. J'ai dû attendre un peu plus de cinquante minutes avant d'apprécier une scène, une seule. Ce qui équivaut à peu près à trois minutes de répit pour les autres. Je pense qu'ils n'ont pas du tout apprécié ma compagnie puisqu'une fois que les lumières se sont enfin rallumées, j'ai pu constater un paquet de billes me dévisager de la tête aux pieds. Ils ont peut-être survécu au film, mais je suis à peu près sûr que leur susceptibilité finira par les tuer. Je rejoins celle que je tiens pour coupable, parce que c'est sa faute si j'ai gaspillé l'équivalent de treize tickets de loterie pour une séance de cinéma. J'aurais pu devenir riche, putain. « Et toi, tu me fais penser à Otho, tu sais ? À donner ton avis alors que personne te l’a demandé. » J'imite ses piaillements de ma main en levant les yeux au ciel.« Dit celle qui vient de me donner le sien sans en avoir l'othorisation. » Je balaye les miettes du comptoir avant de prendre place dessus. Maisie aurait pu commencer à faire le ménage pendant qu'on était tous en train de regarder le film. On la paye pour faire quoi au juste ? Si ce n'est arnaquer de pauvres clients et se moquer des novices dans mon genre ? « MAIS DÉGAGE. » wow, faut qu'elle se calme la beuglante. Elle frappe ma cuisse et ça me fait sourire. Je fais mine de composer un numéro sur la main qui me sert de téléphone imaginaire. « Allô, la police de l'intégrité physique ? J'aimerais porter plainte contre une fille qui peut pas s'empêcher de me toucher... oui, c'est ce que j'ai essayé de lui expliquer mais c'est plus fort qu'elle... raide dingue de moi, vous dites ? ... C'est bien ce que je pensais, priez pour moi s'il vous plait, merci ! » et je raccroche retrouvant l'usage initial de ma main que je plonge au fond du pot à pop-corn pour lui en lancer un en plein milieu du front. « Tu... quoi ? » Une femme sort de la salle, des boules de maïs accrochées à sa longue chevelure brune. C'est presque stylé, ça fait très décorations de Noël. J'accorde dix points pour l'originalité et dix de plus pour l'effet anti-gaspillage, recyclable et garde-manger. Les clients finissent par quitter les lieux, les uns, après les autres, emportant avec eux le vacarme d'une foule enjouée à l'idée de se retrouver pour un ciné. La patronne lance un regard à Maisie lorsque je lui demande s'il y a une sono que je pourrais emprunter et la brune disparait derrière le comptoir sans même m'adresser ne serait-ce qu'un regard. Grosse ambiance, je sors mon portable, persuadé de voir Maisie répondre à ma demande alors que je tends ma main vers l'arrière pour qu'elle puisse me passer le câble, mais c'est une rafale de pop-corn que je me prends sur la tête. « Ça t’éclate ? » Je soulève le saut qui me tombe sur les yeux tandis qu'elle sort de sa cachette pour venir se positionner devant moi. « D'avoir le droit à un rab de pop-corn ? Carrément. » Je réponds en lui postillonnant dessus, la bouche pleine de maïs sautés. « Dégage, j’t’ai dit ! » Il se fait tard, mais la soirée ne fait que commencer alors j'ai pas l'intention de m'en aller. « C’est pas parce que t’as pas réglé tes problèmes avec Seth que tu dois venir me faire licencier ! » Pour une fois que c'est pas moi qui ramène mon histoire avec son frangin sur le tapis. Pourtant, Maisie a tout faux si elle pense que c'est à cause de Seth que je suis me retrouve ici, ce soir. Enfin, elle se fourvoie qu'à moitié, parce qu'il est bien question de rancune, mais celle que j'ai envers elle et non pas envers son ainé. « C’était la soirée la plus importante de cette fin d’année et là, à vue de nez, je peux déjà anticiper la mauvaise réputation que tu vas nous faire ! » Non mais quel toupet ! Bah oui, évidemment que c'est la faute à bibi si le cinéma fait faillite. Faut bien qu'elle passe ses nerfs sur quelqu'un, ça lui ferait trop mal d'avouer que si ça fonctionne pas, c'est surtout parce qu'elle propose des films de merde aux gens du quartier parce que ça voudrait dire qu'elle n'a pas forcément assuré. « Sérieux, à quel moment t’as été bercé trop près du mur pour être incapable d’aligner tes neurones et comprendre que tes actes peuvent avoir des conséquences ?! »Alors là, c'est le pop-corn qui déborde du saut. « Et toi ? T'as pensé aux conséquences de tes actes quand t'as tapé une scène dans le bureau de poste ? » Bien sûr qu'elle y a songé. Je la revois encore en faire des tonnes et surjouer le moindre de ses faits et gestes pour attiser la pitié des deux mamies et de l'employé dans l'unique but de me faire virer. Ils étaient où ses neurones à elle ce jour là ? Non parce que je veux bien me faire remonter les bretelles, admettre que j'ai peut-être un peu dépassé les bornes pendant la séance, mais faut pas abuser. « Et j'te vois venir, se faire blacklister d'un lieu public est une conséquence comme une autre, alors commence pas à me sortir des excuses pour minimiser la conséquence de tes actes. » Je lance un regard à sa patronne qui est trop occupée à tirer les stores pour témoigner de la scène qui se déroule juste derrière elle. « Je te jure que si je perds mon boulot ou qu’on perd du monde à cause de toi, tu vas le regretter. » Si Maisie perd son boulot ce ne sera en aucun cas de ma faute, le cinéma faisait déjà faillite avant mon arrivée. Et puis, putain, je regrette amèrement d'avoir eu la gentillesse de poster un truc sur insta pour lui faire de la pub. La seule qui mérite que ce ciné soit sauvé, c'est la vieille dame qui se penche pour ramasser les gobelets jetés au sol. « Écoute, c'est pas mon problème si t'es nulle en marketing et que t'es pas douée pour choisir les films. » Voilà, c'est dit. Je saute du comptoir et attrape le balais des mains de sa patronne.« Laissez, je prends le relai. Il est tard, vous devriez rentrer, je vais l'aider à ranger.» Je propose en haussant le ton pour qu'elle puisse m'entendre. Ce qui devrait être interdit, encore plus que de miser sur Beetlejuice pour donner un nouveau souffle à un vieux cinéma démodé, c'est de laisser une mamie travailler aussi tard dans la soirée. Sans vraiment lui laisser le choix, je commence à balayer le fond de la pièce. Il faut bien que je fasse honneur à mon costume d'éboueur et puis des déchets, j'en côtoie tous les jours et même que le plus gros se tient juste devant le comptoir. Je fais une pause pour mettre une musique sur mon portable, le silence me rebute encore plus que la gueule de Moriarty et puis on a l'habitude de toujours faire les corvées en chanson chez les Sutton. « Tu comptes m'aider ? C'est un peu ton ciné donc ton bordel.» Je demande, en reproduisant la chorégraphie de la seule scène qui m'a vraiment fait rire. J'ai jamais aimé ça, danser, mais c'est le truc avec Maisie. Elle arrive à me faire apprécier toutes les choses que je peux bien détester à partir du moment où je sais que ça pourrait la mettre mal à l'aise ou l'énerver. Et y'a clairement pas plus embarrassant que de voir le mec qu'elle connait se rapprocher de sa patronne pour l'inviter à se déhancher sur la chanson mythique du film qu'elle a proposé.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
C’est quand même grave d’en arriver à souhaiter être contaminée par un virus hautement contagieux pour le transmettre à Angus (point bonus s’il est tellement virulent qu’il décime une partie de la population et qu’il fait partie des malheureux) lorsque je tousse sur ma main pour sceller notre pacte ; mais c’est le truc avec le bovin, j’en arrive à penser et souhaiter des choses qui ne me ressemblent pas. Il a ce pouvoir sur moi que je déteste, celui où chacun de ses mots me met hors de moi, peu importe ce qu’il dit, en fait. Il pourrait m’expliquer la manière de sauver la vie de Lee qu’il arriverait à me taper sur le système, et je sais que c’est complètement déraisonnable et immature, mais je n’arrive pas à me comporter en adulte quand je suis face à lui. C’est juste impossible, comme s’il y avait une loi universelle concernant notre relation qui ne peut être que négative et remplie de haine de coups de bas, un peu au même titre que la gravité est quelque chose qu’on ne discute plus ; voilà, c’est ça, c’est pareil avec Angus, il m’insupporte et il n’y a rien à justifier, c’est un fait, c’est comme ça et ça le sera jusqu’à ce que Sam et Lee mettent un terme à cette amitié qui nous oblige à nous côtoyer. Ce sont des gosses de neuf ans, avec un peu de chance d’ici quelques mois, quand ils passeront en classe supérieure, ils commenceront à s’éloigner et, dans le meilleur des mondes, ne se parleront plus d’ici un an. Le temps me semble long jusqu’à ce qu’ils y parviennent, en attendant je dois supporter la vue d’Angus autant que les bactéries qu’il colle dans ma main. Je peux même pas m’en plaindre, j’ai lancé les hostilités et il ne fait qu’y répondre. De là à penser qu’il prend l’avantage, non, hors de question. J’affiche mon plus beau sourire quand ma main se scelle à la sienne et, un instant, je suis presque tentée de la lécher pour lui montrer que je n’ai pas peur de lui et que je suis plus dégoûtante que lui – histoire de gagner la partie, même si, encore une fois, ça ne vole pas bien haut. Puis, je me souviens qu’il s’agit d’Angus Sutton, que je n’ai pas connaissance de son dossier médical, mais que je ne doute pas que si la peste et le choléra devaient enfanter, leur progéniture aurait le visage et la personnalité du Sutton – alors je m’abstiens, parce qu’au-delà d’aimer le provoquer, j’aime encore plus la vie et je suis sûre qu’un partage de ses microbes est l’assurance de voir celle-ci se terminer au plus vite.
Si d’ordinaire les séances me paraissent durer une éternité, celle-ci semble ne jamais finir alors que mon regard ne quitte pas la porte de la salle, anxieuse à l’idée qu’un spectateur furieux vienne m’annoncer qu’Angus a fait le show – je sais de quoi il est capable et c’est une idée qui est bien trop réaliste, à ma plus grande tristesse. Mais personne ne sort et si une fois ou deux j’ai été tentée de m’incruster discrètement, j’ai résisté à mon envie. Il me déteste, mais il est civilisé. Bien sûr qu’il est civilisé ; et si je ne suis pas là pour apprécier ses méfaits, il n’en commettra pas, parce qu’il n’aura aucun spectateur à rendre fou et tout l’effet tombera à l’eau. Je me rassure comme je peux, même si, une fois la séance terminée, les regards et les visages que je croise n’ont rien de particulièrement enchantés. Alors, quand le coupable tout désigné finit par lui-aussi sortir, je le fusille du regard. « Dit celle qui vient de me donner le sien sans en avoir l'othorisation. » Et il se croit drôle, en plus. « C’est pas un avis, c’est un constat. » Je précise, mon regard qui le jauge de la tête aux pieds, ma main qui vient marquer un peu plus ma désapprobation sur sa cuisse quand il décide de s’installer et de ruiner ma soirée (si c’était pas déjà fait) en supplément de la séance des autres individus qui quittent les lieux. « Allô, la police de l'intégrité physique ? J'aimerais porter plainte contre une fille qui peut pas s'empêcher de me toucher... oui, c'est ce que j'ai essayé de lui expliquer mais c'est plus fort qu'elle... raide dingue de moi, vous dites ? ... C'est bien ce que je pensais, priez pour moi s'il vous plait, merci ! » Il conclut son cinéma (littéralement) en me balançant un pop-corn sur le front et moi, je me retiens de ne pas lui offrir une droite sur sa joue. Ma main préfère se porter à ma bouche, mon index que j’enfonce entre mes lèvres entrouvertes avec une aisance que je regrette et mime de vomir à cette idée. « Tu peux être aussi réactif pour appeler un psy et régler ton problème d’égo ? » Ça ferait des vacances au monde entier, et pas juste à moi. Si ça se trouve, la police et le psy débarqueront en même temps, ce qui ne serait pas un mal, car d’ici quelques minutes je vais vraiment finir par être arrêtée et il me faudra une expertise pour prouver ma bonne foi quand j’évoquerai un cadeau à l’humanité que je viens de faire en dézinguant Angus Sutton. Les minutes passent et lui en a toujours moins à vivre alors qu’il continue son manège. La femme aux cheveux plein de maïs est la goutte d’eau qui fait déborder le vase – ou plutôt, le seau de pop-corn que je reverse sur la tête du Sutton. « D'avoir le droit à un rab de pop-corn ? Carrément. » D’ordinaire, je ne lui aurais pas donné l’avantage, je ne me serais pas emportée de la sorte. Mais cette fois-ci, il s’agit de mon travail, de la seule chose de bien que j’arrive à réaliser depuis des mois, de ma seule victoire au quotidien ; alors il ne peut pas tout gâcher simplement parce qu’il n’a pas connaissance des limites ou parce qu’il ne vit pas dans le même monde que moi, qui doit bosser pour survive quand lui est payé à rien foutre et à se balader à des galas. « Et toi ? T'as pensé aux conséquences de tes actes quand t'as tapé une scène dans le bureau de poste ? » C’est ça ? Il m’en veut pour une histoire qui s’est passée il y a des mois et qui, à ce que je sache, n’a pas mis son poste en péril. « Et j'te vois venir, se faire blacklister d'un lieu public est une conséquence comme une autre, alors commence pas à me sortir des excuses pour minimiser la conséquence de tes actes. » Oh, je minimise rien, et je compte pas plus me justifier ou m’excuser. « Oh, parce que tu vas me dire que ta multinationale à la con a eu vent de ça et t’as viré ? » Je demande, question rhétorique alors que je sais très bien par Sam qu’il bosse toujours à MHI, et je poursuis sans lui laisser le temps de répondre : « Ou que t’es banni dans TOUS les bureaux de poste de la ville et que tu peux pas faire un kilomètre de plus pour aller au suivant ? » Non plus, parce que je doute qu’ils aient fait passer le message au point de le bannir de chaque succursale – ils ont autre chose à faire que de vérifier les visages de chacun client. « Tu vas me dire que ça vaut que je perde mon boulot ? Juste parce que t’as pas été capable de réparer ton égo en cinq mois ? » Il aurait eu le temps pourtant, mais preuve en est qu’Angus ne passe plus aucune porte et que cinq mois ne suffisent plus à faire dégonfler le melon qui lui sert de tête. « Sérieux, grandis un peu, t’es pire que Seth. » Est-ce que je ramène mon frère sur le tapis seulement pour l’enrager ? Est-ce que je le compare à lui en sachant très bien que je vise juste ? Peut-être. « Écoute, c'est pas mon problème si t'es nulle en marketing et que t'es pas douée pour choisir les films. » « T’es au courant que... » C’est Rose qui a choisi, parce que ce film lui tient à cœur, mais ça, il est pas foutu de réfléchir deux secondes, n’est-ce pas ? « Laissez, je prends le relai. Il est tard, vous devriez rentrer, je vais l'aider à ranger.» Il va me balancer le sac d’ordures dessus, je le vois venir à des kilomètres. Je reste interdite tandis que je le vois lancer la musique du film et s’adresser à moi. « Tu comptes m'aider ? C'est un peu ton ciné donc ton bordel.» « Tu te fous de moi ? La majorité c’est le bordel que t’as fait pendant le film. » Genre, il compte m’arnaquer comme ça, cet idiot ? C’est pas parce que c’est mon boulot que je dois pas souligner son impolitesse. Et qu’il se ridiculise tout seul entre son costume et ses mouvements loin d’être synchro ni ressemblants à la chorégraphie, si ça lui fait plaisir. Dans d’autres circonstances, je n’aurais eu aucun souci à me joindre à quelqu’un pour reproduire cette scène, sauf quand le quelqu’un en question est Angus. Et même lorsqu’il s’approche de Rose, même quand il me lance un regard pour juger ma réaction, je ne réagis pas, parce que dans le fond, je sais que ce qu’il s’apprête à faire fera plaisir à Rose, même si ça me met hors de moi qu’il se joue d’elle pour me provoquer. Mais je connais la vieille dame bien plus que lui, je sais qu’elle est bien plus extravertie que moi derrière son allure fragile et que ça lui mettra du baume au cœur entre deux nouvelles rides pour réfléchir à l’avenir de ce cinéma qu’elle a hérité d’un père parti trop tôt et qu’elle a géré pendant des décennies avec son défunt mari. « Je vais nettoyer la salle. » Que je souligne sèchement en quittant les deux tourtereaux pour oublier, brièvement, la présence d’Angus. Il a proposé à Rose de prendre la relève, j’imagine que je peux les laisser seuls sans qu’il ne la traumatise.
J’ai même pas eu à prétendre être occupée plus que nécessaire dans la salle tant il a laissé un bordel derrière lui, Angus (et oui, je considère que chaque pop-corn par terre et son œuvre, des premiers sièges à la dernière rangée). Je mets quelques secondes supplémentaires avant de me décider à revenir dans le hall, inspirant profondément pour garder mon sang-froid, inquiète quant à ce que je pourrais découvrir. Et mes yeux s’écarquillent quand je constate que Rosemary n’est plus dans les parages, et qu’il y a seulement Angus et sa sale gueule. « Où est Rose ? Qu’est-ce que tu as fait d’elle ?! » Je demande, inquiète, scrutant la pièce en faisant les cents pas, avant d’apercevoir que son manteau n’est plus là et qu’elle est sûrement rentrée. Bon. Il est donc le temps de se débarrasser d’Angus et de son sourire fier, et pour ça, j’ai une idée toute trouvée qui a déjà fait ses preuves au bureau de poste. « Tu sais que c’est elle qui a choisi le film ? » Je lui annonce, sans le regarder, alors que je m’affaire à ranger derrière le comptoir et à nettoyer la machine à pop-corn après avoir mis le reste dans un seau. « T’as passé ton temps à critiquer ‘’mon choix’’, je mime entre guillemets, et à pourrir la soirée que j’imagine que tu t’es même pas posé la question du pourquoi on s’obstine à diffuser un film aussi vieux. » Je débute, lui offrant mon dédain et en évitant soigneusement son regard. « Rose a rencontré son mari à une projection du film. » Que j’annonce, très sérieuse, en balançant l’éponge humide dans l’évier et en relevant les yeux vers lui. Ma mâchoire se crispe, il peut constater sur mon visage que je ne rigole plus du tout – et que ses provocations m’ont agacées pour une raison. « Elle a tenu ce cinéma avec lui pendant plus de trente ans. » J’ajoute, mon regard qui papillonne sur la déco décrépie, mais qui possède toujours un certain charme. « Il est mort il y a trois ans. » J’ajoute, mes traits qui ne sont plus aussi crispés par la colère, mais seulement marqués par la peine que cette idée suscite. « C’est tout ce qui lui reste de lui. » Je fais le tour du comptoir, vient me planter un instant devant lui pour soutenir son regard. « Félicitations. » Que j’assène, sèche, mes prunelles dans les siennes tandis que je me détourne de lui pour continuer à ranger en l’ignorant royalement et en le laissant avec le poids de ses fautes – et la satisfaction de mon acting. Il y a du vrai dans ce que j’ai dit ; ce qui a probablement aidé mon récit, mais il y a aussi du faux : il n’a seulement pas à savoir la distinction entre l’un et l’autre.
À peine sorti de la salle qu'elle me prend déjà la tête, tout compte fait le film n'était pas si mal et je regrette déjà de ne pas pouvoir y retourner. Je me suis peut-être fait chier les trois quarts du temps, mais c'était mieux que d'avoir à écouter les conneries de Maisie. « C’est pas un avis, c’est un constat. » J'acquiesce, la bouche en cul de poule. C'est souvent ce que je dis quand les gens me reprochent de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Au final, un avis, un constat, c'est du pareil au même. Sa main vient trouver ma cuisse qu'elle frappe sans ménagement lorsque je viens prendre place sur le comptoir. Un geste criminel contre un corps qui n'a rien demandé ce qui peut-être puni par la loi. L'auriculaire collé contre mes lèvres, j'improvise une conversation des plus sérieuses avec nos chers policiers de Brisbane. Je balance tout, son geste déplacé jusqu'à la façon qu'elle a de toujours avoir envie de porter atteinte à mon intégrité. Je sais qu'il m'arrive souvent d'extrapoler certaines situations, mais il y a toujours une infime part de vérité dans ce que je peux bien raconter et il se trouve que Maisie ne peut pas s'empêcher de me frapper, il est là, le véritable constat. Elle dépose son index sur ses lèvres pour m'ordonner de la fermer ce qui fonctionne peut-être avec son petit-frère, mais qui me donne juste envie de lui envoyer un nouveau pop-corn en pleine tête. « Tu peux être aussi réactif pour appeler un psy et régler ton problème d’égo ? » On pourrait faire un tir groupé : j'appelle un psy pour mon régler mon problème de vantardise maladive et j'en profite pour lui parler du grain qu'elle a hérité à la place du cerveau. 10 contre 1 qu'il trouvera son cas beaucoup plus intéressant que le mien. Les derniers clients quittent les lieux et, par politesse, j'agite machinalement ma main à chaque fois que l'un d'entre eux pousse la porte pour rejoindre le brouhaha de la rue. Un savoir-vivre qui se trouve être mal reçu à de nombreuses reprises surtout par la femme qui a un mal fou à ôter les boules de maïs soufflés de ses longs cheveux. J'essaye de cacher le sourire débile qui me colle aux lèvres, mais Maisie s'en rend compte et tourne les yeux vers l'une de mes nombreuses victimes. Résultat des courses : je me prends le seau de pop-corn en pleine gueule ce qui ne fait qu'amplifier mon rire et donc, son agacement. L'un ne va pas sans l'autre, plus je m'amuse et plus ça l'énerve. C'est comme s'il nous était impossible de rire ensemble, y'en a toujours un qui n'est pas de la partie et on ne peut pas faire autrement que de réagir à contre-sens. Elle remet une nouvelle fois l'histoire de son frère sur le tapis, alors qu'elle ne sait rien de ce qui a bien pu se passer entre lui et moi. Rien, si ce n'est ce qu'il a bien pu lui raconter. Maisie n'était qu'une gamine à l'époque, elle devait avoir quoi ? Tout juste quatorze ans, ce qui est assez drôle compte tenu du fait qu'elle paraissait bien plus mature que maintenant qu'elle est majeure et vaccinée. Non, le problème c'est elle. « Oh, parce que tu vas me dire que ta multinationale à la con a eu vent de ça et t’as viré ? » Ma multinationale à la con n'entendra jamais parler d'elle, jamais. On ne vit plus dans le même monde, Maisie et moi. Les personnes qui ont pour vocations de faire partie de la haute société ne perdent pas leur temps à fréquenter des gens comme elle. « Ou que t’es banni dans TOUS les bureaux de poste de la ville et que tu peux pas faire un kilomètre de plus pour aller au suivant ? » Elle commence à m'agacer sévère, je retire le seau de ma tête pour le déposer derrière le comptoir et lance un regard à Rose qui se tient près de la porte. La patronne devient alors la seule raison qui me pousse à ne pas manquer de respect à son employée préférée. « Tu vas me dire que ça vaut que je perde mon boulot ? Juste parce que t’as pas été capable de réparer ton égo en cinq mois ? » Cinq mois, voilà pourquoi j'ai de plus en plus de mal à garder mon sang froid. Cinq mois qu'on ne fait que se croiser et que je dois me taper ses états d'âmes pour faire plaisir à Samuel. C'est presque la moitié d'une année alors certes, cette fois-ci je suis venu la retrouver de mon plein gré, mais c'était pas le cas au bureau de poste, ni même dans celui de la directrice.
« Sérieux, grandis un peu, t’es pire que Seth. » "Mais qu'est-ce que tu connais de moi au juste ?" que je lui crache à la gueule, parce qu'il y a des limites à ne pas dépasser et me comparer à son flemmard de frère en fait partie. Elle parle, juge, pleurniche pour quelques pop-corn envoyés sur la tête d'inconnus, se plaint d'être à un rien de perdre son job et se permet de faire des reproches comme si ses agissements n'avaient jamais eu aucun impact sur ma vie privée. Le temps, c'est de l'argent. Je pourrais faire le kilomètre de plus si mes journées hebdomadaires n'étaient pas déjà chronométrées à la minute près ou si les bureaux de postes ne fermaient pas à 17h, heure à laquelle je dois aller chercher Samuel et même ça, il m'arrive de ne pas pouvoir le faire, parce que les nouveaux ne doivent pas compter leurs heures à la MIH et que la plupart du temps c'est Bonnie qui a la chance de pouvoir aller le récupérer à la sortie de l'école. C'est elle qui a le droit aux anecdotes de sa journée. Anecdotes, qu'il a souvent la flemme de me raconter car il déteste avoir à se répéter. Alors oui, un foutu kilomètre en plus ça change la donne parce que ça retarde l'envoi de mes commandes freelance sans lesquelles je me retrouve trop souvent à découvert. J'ai peut-être merdé, c'est un fait, mais y'a pas que Maisie qui a des soucis dans la vie donc me parler de mon égo quand on est pas non plus capable de voir plus loin que le bout de son nez, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. "Je connais des tas de gamins et de parents qui se feraient un plaisir de venir passer une après-midi devant un bon Disney." Elle va pas le perdre son job, mais faut vraiment qu'elle revoit ses stratégies de communication. Le cinéma a du potentiel, il est bien situé, peut-être un peu petit comparé aux grandes chaines que l'on peut trouver aux quatre coins de la ville, mais c'est aussi l'authenticité du lieu et son histoire qui fait la force d'un tel endroit. L'être humain est friand de nostalgie, mais faut d'abord pouvoir le trouver, son ciné, pour avoir envie d'y aller. Elle aurait d'ailleurs pu choisir mieux comme classique horrifique, j'y connais pas grand chose, mais ce film n'était pas terrible pour une soirée Halloween. « T’es au courant que... » Je ne l'écoute même plus, j'ai arrêté de le faire à partir du moment où elle a prononcé la phrase de trop. Sans lui laisser le temps de finir, je me lève pour aller rejoindre la seule personne respectable de ce lieu, c'est à dire Rose. Je trouve le moyen de connecter mon portable au bluetooth de la sono et lance l'une des chansons phares du film que je viens de me taper. Y'a comme de l'électricité dans l'air et petit, le seul moyen de détendre l'atmosphère après une énième querelle entre mes parents, c'était de mettre la musique à fond dans le salon et d'inviter ma mère à danser. Aujourd'hui, je déteste ça, parce que contrairement à la plupart des gens, je suis pas fan de tout ce qui a un arrière-goût de nostalgie. Pour autant, je préfère ça à la proximité de Maisie. « Tu te fous de moi ? La majorité c’est le bordel que t’as fait pendant le film. » "La présomption d'innocence, ça te parle ?" Encore une fois, Moriarty n'était pas là. Qu'est-ce qui lui dit que le pauvre gamin ayant été privé de sucres n'a pas participé au lancé de pop-corn ? Il aurait pu avoir envie de se venger et lancer les sucreries sur des étrangers à défaut de pouvoir en manger. On était je ne sais combien de personnes à regarder le film et puis sans parler de la salle, le bordel qui se trouve dans le hall d'entrée n'a rien à voir avec moi. J'execute ma plus belle révérence à Rose pour l'inviter à danser non sans un regard vers son employée qui reste de marbre. « Je vais nettoyer la salle. » C'est ça, asta la vista. Je lui adresse un signe de la main et reporte toute mon attention sur ma cavalière que je fais tournoyer à plusieurs reprises, un peu trop car elle commence à perdre pied jusqu'à ce que la musique s'arrête et que je propose de la raccompagner jusqu'à chez elle, c'est à dire à quelques mètres à peine du cinéma.
« Où est Rose ? Qu’est-ce que tu as fait d’elle ?! » Je finis de ramasser les petits tas de poussières à l'aide de la balayette puis me redresse pour tout foutre dans la poubelle. Le hall est loin d'être comme neuf et ça va sans doute me prendre une éternité avant d'arriver à tout ranger, mais au moins la moquette ne fait plus office de garde-manger. "Dans le bac à glaces, elle se fait une petite séance de cryothérapie." Je lance, sans prendre la peine de la regarder. « Tu sais que c’est elle qui a choisi le film ? » J'hausse les épaules, va falloir trouver autre chose pour me faire culpabiliser. Rose n'a pas eu l'air de m'en tenir rigueur, c'était pas malin de ma part de critiquer à haute voix le film de la soirée, mais c'est pas mon genre de dire le contraire de ce que je pense pour éviter de froisser les cœurs sensibles. « T’as passé ton temps à critiquer ‘’mon choix’’, Elle mime des guillemets pendant que je me dirige vers le buffet aménagé pour l'occasion muni d'un énième sac poubelle qui sera bientôt plein à craquer. et à pourrir la soirée que j’imagine que tu t’es même pas posé la question du pourquoi on s’obstine à diffuser un film aussi vieux. » Je ne me suis pas posé la question car cela m'importait peu que le film soit vieux ou récent puisqu'à la base je n'avais pas l'intention de le visionner. Je pensais venir, faire mon petit numéro et repartir sauf que ça a dérapé. Maisie ne me regarde pas et moi, je décide de lui tourner le dos pour qu'elle puisse parler à mon cul. « Rose a rencontré son mari à une projection du film. » Je vais bientôt en connaitre plus sur sa patronne que sur sa propre personne. C'est quoi son but ? Me faire chialer en me racontant son histoire à l'eau de rose ? J'empile les gobelets en plastique que je jette dans le sac puis tourne la tête vers elle pour bien lui montrer que son discours est loin d'avoir l'effet escompté. « Elle a tenu ce cinéma avec lui pendant plus de trente ans. » Mais encore ? Je mime un bâillement en tirant sur la nappe en papier qui ne tarde pas à rejoindre les gobelets. Maisie ne m'apprend rien, il suffit de regarder les murs pour comprendre qu'ils ont vécu, même les fauteuils sentent le vieux. « Il est mort il y a trois ans. » D'accord, je vois où elle veut en venir et si ça m'attriste pour Rose, je suis un peu surpris de ne pas l'entendre dire que tout ceci est de ma faute. Non, parce qu'elle est douée pour me faire porter le chapeau. Je suis franchement étonné de ne pas l'entendre ajouter des conneries à propos d'une histoire farfelue d'un moi plus jeune de trois ans qui aurait malencontreusement causé la mort du mari de sa patronne. « C’est tout ce qui lui reste de lui. » C'est faux et qu'elle ose utiliser la perte de Rose pour essayer de m'atteindre me débecte. Le cinéma n'est pas la seule chose qu'il reste de cet homme et le film, non plus. Ça doit être un lieu extrêmement cher à son cœur ce que je conçois parfaitement, mais je vois pas comment trente années peuvent se résumer à un seul et même endroit. Des souvenirs, elle doit en avoir d'autres et j'aime à penser qu'il existe d'autres lieux qui la ramène un peu à lui. Maisie quitte le comptoir pour venir me rejoindre pour venir planter ses yeux dans les miens. Si elle arrive à me regarder, il n'en est pas de même pour moi. « Félicitations. » J'applaudis sa prestation aussi minable soit elle. C'est bas, presque aussi bas que le comportement enfantin que j'ai pu avoir ce soir. "T'es fière de toi ?" que je demande lorsqu'elle repart vaquer à ses occupations. "Est-ce qu'il y a au moins du vrai dans ce que tu viens de dire ou est-ce que c'est comme ton histoire de poubelles ?" Cette fois ci, c'est moi qui cherche ses noisettes. Je n'ai pas besoin de citer ma source pour qu'elle comprenne que les petites discussions que j'ai pu avoir avec son petit-frère ne se sont pas arrêtées au dernier dessin animé à la mode dans la cours de récré. Elle ment comme elle respire, Maisie. Je la revois encore sécher ses larmes de crocodiles, ravaler sa morve en jouant la gamine hyper mal dans ses baskets au point d'en arriver à se comparer à une clocharde. Je suis bon menteur, moi aussi. Ce qui nous fait un point commun sauf que contrairement à elle, je n'utilise pas mes mensonges pour attiser la pitié des gens ou les faire culpabiliser. Alors ouais, ça marche plus avec moi. Son métier a dû lui montrer à la tête et peut-être qu'à force de trop bosser dans le monde du cinéma, elle a fini par prendre goût à la comédie. "Finalement je m'en moque. Tu fais bien ce que tu veux, c'est toi et ta conscience, mais ne viens pas me reprocher des choses quand t'es loin d'être un modèle à suivre." Je n'en suis pas un non plus, mais je gaspille pas ma salive pour lui donner des leçons quand je suis pas en mesure de les appliquer. J'ai joué au con ce soir, je regrette en rien l'histoire des mycoses, mais j'aurais dû penser aux dommages collatéraux avant de débarquer ici en costume d'éboueur. Je la rejoins au comptoir pour attraper l'éponge qui se trouve dans l'évier. "Tu n'auras qu'à dire à Rose que je lui suis redevable." Je suis peut-être un beau parleur, mais je sais tenir parole. Elle n'aura qu'à me faire signe si la clientèle vient à baisser après cette soirée et je mettrai tout en œuvre pour lui en créer une nouvelle.
BY PHANTASMAGORIA
Maisie Moriarty
la trahison des images
ÂGE : vingt-trois ans (10.02.2001). STATUT : elle aime angus ; elle l'a donc largué, en toute logique (non). MÉTIER : employée polyvalente dans un cinéma de quartier, arrondi les fins de mois avec son compte onlyfans (@onlyfeet) où elle vend ses sous-vêtements sales et envoie des photos de ses pieds. LOGEMENT : #29 hardgrave road (west end), avec mateo et elena. elle croise les doigts pour que ça dure plus d'un an, cette fois. POSTS : 1299 POINTS : 40
TW IN RP : troubles alimentaires, mention de nourriture, perception erronnée du corps, parentification, langage cru (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : mère récemment décédée, père expatrié, un frère emprisonné, l’autre en foyer ; elle manque sérieusement de repères familiaux ≈ mouton noir de la famille, tombée dans les troubles du comportement alimentaire, elle a vraiment cru qu’elle s’en était sortie pour de bon jusqu’à ce qu’elle replonge en janvier 2024 ≈ vierge et paniquée par tout ce qui touche à l’intimité, ce n’était pas un problème jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’angus ≈ impulsive, immature, elle vit sa crise d’adolescence avec un peu de retard ≈ arrogante, peste, bourrée d’insécurités, douce : un vrai paradoxe. CODE COULEUR : maisie nargue le monde en tomato et en peru. RPs EN COURS : llewyn ⊹ there’s no other love like the love for a brother. there’s no other love like the love from a brother.
angus ⊹ in any universe you are my dark star. i want you to want me, why don't we rely on chemistry? why don't we collide the spaces that divide us? i want you to want me.
seth ⊹ there is a little boy inside the man who is my brother. oh, how i hated that little boy. and how i loved him too.
aiden ⊹ if you'd never looked my way i would've stayed on my knees and i damn sure never would've danced with the devil at nineteen, and the god's honest truth is that the pain was heaven and now that i'm grown, i'm scared of ghosts, memories feel like weapons.
morigan #4 ⊹ every single day, yeah, i dig a grave, then i sit inside it, wondering if i'll behave. it's a game i play, and i hate to say, you're the worst thing and the best thing that's happened to me. i don't know what to do, you don't know what to say, the scars on my mind are on replay.
C’est pas la police que Sutton doit appeler, c’est un hôpital, c’est un psychologue, un psychiatre, peu importe le professionnel qui le prendra en charge ; au final je crois qu’il en faudrait plusieurs pour tenter d’arriver à quelque chose vu le cas qui se présentera face à eux. Je le dévisage un instant ; ouais, non, je pense que même une petite dizaine de professionnels ne sera pas en mesure de faire grand-chose quant à son absence de neurones : ils ont disparu et ils ne vont jamais se régénérer, quelle tristesse. L’acceptation semble la seule option, et je parle de la sienne, hein, parce que de mon côté il est hors de question que j’accepte de supporter sa connerie plus longtemps. Il ne veut pas déguerpir ? Je vais faire de mon mieux pour le forcer. C’est sûr que je ne fais (littéralement) pas le poids face à lui, mais je suis aussi teigne que le grand nigaud face à moi et il devrait savoir que j’arrive toujours à mes fins. J’ai réussi à le faire virer d’un bureau de poste, alors je devrais parvenir à le faire dégager de mon lieu de travail, n’est-ce pas ? J’ai besoin d’y croire alors que je le sais aussi persévérant que moi quand il s’agit de rendre fou le monde qui l’entoure (à comprendre, moi) et que la tâche ne me semble pas aussi facile que je le voudrais. Même couvert de pop-corn, Angus trouve encore le moyen de s’esclaffer. J’envisage de plus en plus la manière forte – à savoir lui coller mon poing dans la gorge pour aller tirer moi-même ses cordes vocales et l’étrangler avec celles-ci. Ils le font bien dans les films d’horreur, je suis sûre qu’avec un peu de volonté, je peux appliquer cette belle image dans la réalité. J’ai envie d’y croire, j’ai dit. Et si les gestes ne suffisent pas à lui faire entendre raison, je peux toujours essayer avec la parole – même si je suis très loin d’être raisonnée quand ça concerne Angus. Il m’insupporte ; j’ai envie de lui hurler l’évidence, à savoir qu’il n’est qu’un sale con qui devrait se remettre de sa fierté piétinée il y a cinq mois, mais je reste adulte. Ou presque. Je lui souligne que c’est un sale con qui devrait s’en remettre, mais avec un argumentaire un peu plus construit. Je doute sincèrement que la merveilleuse entreprise pour laquelle il travaille a eu vent de son exclusion d’un foutu bureau de poste. Il se pavane toujours chez MHI à ce que je sache, alors qu’il ne vienne pas jouer les caliméros, parce qu’il peut me reprocher beaucoup de choses, mais il ne peut pas nier que j’ai su me tenir derrière une certaine limite que lui, à outrepasser ce soir en venant sur mon lieu de travail. Un geste qu’il paiera – et puisque je m’en fiche bien de faire partie de la haute, je n’ai rien à perdre à faire un scandale dans le hall de son entreprise, contrairement à lui qui verrait le mensonge qu’il s’efforce de construire depuis des mois être ébranlé par mes soins. Oh que cette seule perspective me fait déjà sourire ; oh que je vais m’assurer de lui pourrir la vie dans tous les domaines sur lesquels je suis capable d’intervenir.
"Mais qu'est-ce que tu connais de moi au juste ?" Je ne retiens pas mon rire amusé, moqueur, ni mon sourire en coin quand il joue les offusqués alors qu’il est bien celui qui a commencé cette guerre en me rangeant du même côté de mon frère, sans réfléchir deux secondes à cette attitude injustifiée. Moi aussi, je souffre des décisions de Seth, de son comportement puéril, de son inconstance, Angus est loin d’être le seul à en faire les frais contrairement à ce qu’il pense. Je savais que la comparaison allait l’énerver et je m’en satisfaire. Il me crache les mots à la gueule, et moi je lui crache ma satisfaction face à sa réaction. « J’te retourne la question. » Il m’a prise en grippe sans me connaître, seulement parce que sa foutue fierté – encore une fois – était plus importante qu’une once de réflexion. C’est à lui qu’il faut poser la question, c’est à lui qu’il faut demander d’où il se permet de me traiter ainsi alors qu’il ne me connait pas. Et dans le fond, on sait tous les deux qu’on a aucune envie de changer les choses – j’ai aucun intérêt à me rapprocher de lui et il en va de même pour lui. Alors qu’il ne joue pas les aigris alors qu’il n’a aucune envie que je connaisse quoi que ce soit sur lui, hm. "Je connais des tas de gamins et de parents qui se feraient un plaisir de venir passer une après-midi devant un bon Disney." Je fronce les sourcils, c’est quoi cette manière qu’il a de souffler le chaud et le froid ? « Ouais, bah tu penseras à me les envoyer, à l’occas’. » Et à quoi je joue, à lui demander son aide de façon détournée ? Je soupire, agacée contre moi-même autant qu’à son égard alors qu’il juge, une fois encore, le choix du film de ce soir. J’ai envie de le mettre mal à l’aise en soulignant que le choix provient de cette femme dont il se joue désormais – et qui profite de la situation, à croire que Rose a choisi son camp, merci bien. Et en plus cet imbécile arrive encore à me solliciter pour nettoyer son bordel. J’veux bien que ce soit mon boulot, mais faut pas déconner. "La présomption d'innocence, ça te parle ?" « T’as perdu toute crédibilité au moment où t’avais des étoiles dans les yeux en voyant tes victimes sortir de la salle. » Je souligne, parce que l’accusation a des arguments en or, des confessions qui n’ont peut-être pas été verbalisées, mais qui tiennent la route. Et si on reste dans la même pièce, ce sera à moi d’en faire, quand je me retrouverai au poste parce que je lui aurai enfoncé ce balais d’un orifice à un autre – ouais, il faut vraiment que je déguerpisse pour me calmer.
Il y en a une autre qui n’est plus là quand je reviens dans le hall, et ce n’est pas la personne que je souhaitais voir disparaître. Dieu sait ce qu’il a fait de Rose et un instant, je panique alors que je l’interroge. "Dans le bac à glaces, elle se fait une petite séance de cryothérapie." Mon regard se dirige vers le bac en question et pendant un instant, je le prends au sérieux avant de me rassurer quant au fait que Rose ne passerait pas dans le bac – et non pas qu’il n’en serait pas capable. Je comprends pas son délire d’avoir critiqué la soirée et de persister à rester, surtout qu’il ne dit plus grand-chose et qu’il se contente de... nettoyer ? Non, mais, vraiment, il lui manque un grain à ce type, il ne suit aucune logique. Et c’est parce qu’il ferme enfin sa gueule pour la première fois depuis le début de la soirée que j’en profite pour souligner à quel point ses critiques étaient blessantes, pour Rose autant que pour moi. Je lui adresse à peine un regard alors que je m’efforce de nettoyer de mon côté, car plus vite la besogne sera faite, plus vite je pourrai abandonner Angus. Et s’il ne compte toujours pas quitter cet endroit, c’est lui qui finira dans le bac à glace – oui, il ne passe pas, mais je trouverai un moyen, j’ai une scie circulaire à la maison. Et plus je parle, plus il joue aux insensibles et il me rend folle, parce qu’il me reproche de ne pas réfléchir aux conséquences de mes actes, mais j’ai le mérite d’avoir un cœur, moi. Et même quand je me plante devant lui, il ne trouve rien de mieux à faire que de continuer à faire le malin. "T'es fière de toi ?" Je relève le regard vers lui. "Est-ce qu'il y a au moins du vrai dans ce que tu viens de dire ou est-ce que c'est comme ton histoire de poubelles ?" Et cette fois-ci, mes yeux se lèvent au ciel. « T’es encore plus con que ce que je pensais. » J’essaie même pas de formuler de jolis arguments pour lui balancer cette vérité. Je perds patience et s’il a raison sur un point, sur le fait que tout n’est pas vrai, le fait est que ce cinéma est un héritage et que Rose y tient plus que tout – parce qu’avant d’être le sien, il était celui de son père, d’un père qui est parti trop tôt et si le mien est pourtant encore bien vivant, c’est une absence que je comprends. Mais qu’est-ce qu’il s’en fout, Angus, des blessures des autres, alors qu’il bosse pour une boîte qui exploite ses employés, qui se fait des millions sur le dos de salaires modestes et qui puent une richesse que le 99% la population mondiale ne pourra jamais atteindre. Ils font pas dans les sentiments ou l’humanité, dans sa boîte, c’est normal qu’il devienne un robot comme les autres. "Finalement je m'en moque. Tu fais bien ce que tu veux, c'est toi et ta conscience, mais ne viens pas me reprocher des choses quand t'es loin d'être un modèle à suivre." Je le suis pas, il le sait et il le saurait encore plus s’il savait à qui il parlait. Mais il l’a dit, on ne se connait pas, et il ne sait pas que le mensonge fait partie intégrante de mon être, que je le veuille ou non. Que j’ai façonné ma vie autour de ça, que j’ai éloigné les autres par ce biais aussi, que j’en use encore et encore, surtout contre moi-même. Et ma conscience se porte très bien, merci, parce que je ne connais pas d’autre manière d’être que de cacher la personne que je suis sous une large couche d’affabulations – alors s’il pense que ses remontrances me feront me remettre en question, il se trompe. « J’fais pas croire à l’inverse, moi, au moins. » C’est pas moi qui prétend le contraire sur les réseaux, dans la vie, et il se rend pas compte que si on se connaît pas, je connais pourtant l’élément le plus important de sa vie, celui qu’il semble cacher au reste du monde ; ce statut qui n’en est pas un. "Tu n'auras qu'à dire à Rose que je lui suis redevable." Il essaie d’attraper l’éponge dans l’évier et je l’en empêche, bloquant sa main pour la repousser avant de me saisir de l’éponge. « T’en as assez fait pour ce soir. » Et je ne parle pas de ce ménage auquel il n’était pas censé prendre part, mais de tout le reste ; qu’il accorde du crédit à mes paroles ou non ne change rien à la part de vérité qui s’y cache, à l’insensibilité dont il fait preuve et à l’agacement que je n’arrive plus à contenir alors que mon regard est plus parlant que tous les mots échangés depuis tout à l’heure. S’il ne franchit pas la porte de son plein gré, c’est moi qui le balancerai à travers celle-ci.
Vingt-deux dollars, c’est ce que m’aura coûté la soirée. Vingt-deux dollars auxquels il ne faut pas oublier d’ajouter le prix du costume d’éboueur et les crèmes pour ses mycoses. Tout ça pour quoi ? Un film médiocre et un rab de pop-corn que j’ai préféré jeter sur la tête des gens plutôt que de les engloutir comme le môme qui était assis à côté de moi durant toute la séance. Ça fait cher payé pour me foutre de la gueule de Moriarty, c’est au moins le prix d’une commande freelance, cette connerie. Je dois stopper mes enfantillages, j’ai passé l’âge des batailles en tout genre, mais c’est dur de se retenir lorsqu’on passe la majorité de son temps dans un smoking trois pièces avec des gens qui ne savent pas parler d’autres choses que du marché boursier et des pierres précieuses que je n’aurai jamais les moyens de me payer. Elle ose me comparer à son crétin de frère, y’a rien de mieux pour piquer mon égo à vif, ce qui doit très certainement se lire sur mon visage parce qu’elle se met à sourire. Nous n’avons rien en commun Seth et moi, outre le fait d’avoir partagé le même job dans le passé. Il ne prend jamais rien au sérieux et, d’accord, peut-être que je l’ai cherché et que c’est typiquement l’image que je veux donner à sa sœur depuis qu’on s’est rencontré sauf que c’est loin, très loin d’être la réalité. Son frère ne pense qu'à sa gueule, c'est encore un morveux qui se moque pas mal des conséquences de ses actes, en gros c’est un pour tous, mais surtout tous pour lui. Alors que moi, je passe mon temps à planifier ma vie en fonction des besoins de ceux qui me sont chers. Je suis pas en train de dire que je suis mieux que lui, parce que je m'amuserais sûrement autant que Seth si les choses étaient différentes et que je pouvais me le permettre, mais je suis loin d'être pire. On ne peut pas comparer l'incomparable, nous n'avons pas du tout la même façon de penser, ni le même sens des priorités. Alors pourquoi ça a le don de me toucher ? Aucune idée. C’est pas comme si j’avais envie qu’elle m’apprécie. Je devrais en avoir rien à foutre de ce qu’elle peut bien penser de moi, pourtant ses propos me font péter un câble. « J’te retourne la question. » Je prends sa phrase pour un défi. Elle a l’air si sûre d’elle que j’ai envie de lui clouer le bec une bonne fois pour toutes. "Ok, voyons-voir. 1) Tu peux pas saquer les mecs comme moi." Facile, pas besoin de la connaitre pour comprendre qu'elle ne peut pas me voir en peinture. Je gratte les points où je peux et c’est un constat qu'elle ne pourra pas contredire ce qui m'assure la victoire sans avoir à trop me creuser les méninges. "2) Llewyn est ta priorité." Là encore, je ne me mouille pas trop. Je l'ai vu à l'œuvre, elle était à deux doigts de sortir les griffes dans le bureau de la directrice. Elle l'aime, son frangin et je pense qu'il n'y a rien qu'elle ne serait pas en mesure de faire pour le protéger. Je n'ai jamais vu Seth devant l'école, ni même aucun autre membre de sa famille. Les seules fois où j'ai vu son Lee en compagnie de quelqu'un, c’était Maisie. "3) T’aimes faire ton cinéma." Son job n’a rien d’étonnant, elle est quand même nettement plus douée pour jouer la comédie que pour en recommander, mais ce n'est que mon avis. Je n’ai pas besoin d’en dire plus et elle n’a pas besoin de le nier. Je l’ai déjà vu mentir pour s’attirer la sympathie d’inconnus, ce que je trouve plutôt triste. "4) T’es la fille la plus bornée que je connaisse et il faut toujours que tu trouves le moyen d’avoir le dernier mot."Le problème c’est qu'on se rejoint sur ce point – et peut-être aussi un peu sur les précédents – mais c’est celui-ci qui nous plonge incontestablement dans des joutes verbales à n’en plus finir. Je m’arrête là, même si je pourrais continuer pendant des heures parce que y’en a des choses à dire sur Maisie. Je connais peut-être pas son fruit préféré, ni même son signe astrologique, mais je l’ai observé contrairement à ce qu’elle peut bien penser. Rongé par le remord, je lui propose de parler du cinéma au centre asperger. Qu’on soit clair, c’est Rose qui vient de me pousser dans mes retranchements, pas Maisie. Je peux pas voir le ciel d’ici, mais je peux quand même imaginer mon grand-père me foudroyer du regard du haut de son petit nuage. C’est d’ailleurs peut-être de là que vient le tonnerre, des yeux bioniques de personnes qui ont dû quitter ce monde beaucoup trop tôt, mais qui essayent tout de même de faire des leçons de morale à leurs proches. Le coach n’aurait pas apprécié mon comportement de ce soir, c’est un fait, mais il n’est plus là pour m’en dissuader, c’en est un autre. « Ouais, bah tu penseras à me les envoyer, à l’occas’. » Elle soupire tandis que j’affiche un petit sourire plus que satisfait. C’est un peu notre définition de « faire la paix », même si généralement ça ne dure que quelques secondes. Des ondes électromagnétiques, c’est comme ça que je schématiserais notre relation si on me le demandait. On oscille entre des reproches (ondes négatives) et de l’aide mutuelle (ondes positives), du bruit et des silences, mais surtout du bruit et des reproches. Elle m’accuse d’avoir gâché sa soirée, alors qu'en fait c'est juste une histoire de point de vue. C’est sûr qu’à sa place, je penserais la même chose, mais j’ai quand même fait rire quelques adolescents et ça n’a pas de prix, non ? Je pars du principe qu’on ne peut pas dire qu’une soirée est ratée si au moins un des invités s’est amusé. « T’as perdu toute crédibilité au moment où t’avais des étoiles dans les yeux en voyant tes victimes sortir de la salle. » Des étoiles dans les yeux, carrément. La constellation du jet de pop-corn, même. C’est Sam qui aurait été heureux de voir une galaxie dans le regard de son grand-frère. Bon d’accord, peut-être bien que ça m’a fait rire et que, pendant deux minutes, j’ai fait le coq. Et, peut-être même que je suis allé jusqu’à noter mon score dans le bloc-notes de mon téléphone portable en me jurant de faire tout mon possible pour battre mon record lors de la prochaine projection, mais c’est un passe-temps qui demande une bonne dextérité et puis faut aussi prendre en compte le poids du pop-corn pour évaluer la force du lancer, c’est pas donné à tout le monde.
L’univers m’accorde un peu répit quand Maisie se dirige vers la salle de projection pour nettoyer toute la merde laissée par les invités. Et moi, je préfère rester sagement dans le hall en compagnie de Rose. Je lui vole le balai des mains et tire le tabouret de derrière le comptoir pour qu’elle puisse s’y asseoir. On discute un moment, entre deux remplissages de sacs poubelles. C’est elle qui pose les questions, moi je ne fais qu'y répondre. Rose me demande si je fais partie des clients fidèles et je lui avoue que je l’ai été, fut un temps, lorsque j’étais gamin, mais que c’est la première fois que je remets les pieds ici depuis que mon père s’est barré. Enfin, je ne lui parle pas de mon père, je dis juste que ça remonte à plusieurs années sans trop m’étaler. C’était lui, le cinéphile de la famille. Je me souviens de la boite à café qu’il avait transformé en tirelire spécialement prévue pour les séances de ciné. On y fourrait nos fonds de poches – y’avait parfois des billes qui s’immisçaient entre la monnaie ou bien les pions d’un échiquier- et à la fin du mois on choisissait le film qu’on voulait voir. Ce qui se terminait souvent en partie de chifoumi, parce qu’il était raide dingue des box-office du type Marvel et compagnie tandis que j’avais une préférence pour les films à petits budgets sans réellement en avoir conscience. Je décide de la raccompagner jusqu'à chez elle, même quand elle me certifie qu’elle peut parfaitement se débrouiller toute seule. Je suis persuadé que les habitants de Logan City doivent tous l’apprécier, mais je me mets quand même à marcher à ses côtés pour être certain qu’elle arrive à son domicile en toute sécurité. Maisie refait surface peu de temps après mon retour et bien trop tôt à mon goût. D’une oreille, je l’écoute me conter l’histoire de Rose et du cinéma, son discours est tellement bien pensé que je m’attends presque à ce qu’elle allume un rétroprojecteur pour me montrer son power point ou une connerie du genre. Son récit est un mélange de fiction romantique et d’histoire du cinéma, j’essaye de me concentrer sur ce qu’elle dit, mais je peux pas m’empêcher de chercher la faille parce qu'il y en a toujours une dans les histoires qu’elle peut bien raconter. « T’es encore plus con que ce que je pensais. » "Tu vois que tu sais être honnête quand tu veux. " Je dis en souriant à pleine dents. C’est culotté venant de la bouche d’un menteur invétéré, mais franchement les miens sont de bas de gammes comparés aux siens. Je mens pour mieux me faire voir, elle ment pour faire culpabiliser les gens, c’est différent. « J’fais pas croire à l’inverse, moi, au moins. » Je fronce les sourcils puis ouvre la bouche une seconde avant de me mordre l’intérieure de la joue. J’espère qu’elle prêche le faux pour avoir le vrai même si pour une fois, elle n’a pas l’air de bluffer. Une chose est sûre, je vais devoir avoir une conversation avec Samuel pour lui rappeler que même si Llewyn est son meilleur-ami, il y a certaines informations qui sont confidentielles et qui ne regardent personne d’autre que nous. Je me dirige vers l’évier pour attraper l’éponge et ainsi finir ce pourquoi je suis resté. « T’en as assez fait pour ce soir. » » Je la dévisage puis retire rapidement ma main de la sienne. « C’est sûr que j’suis plus bon à rien maintenant que le hall est rangé.» C’est facile de me mettre à la porte une fois que le ménage est terminé. Je me penche pour attraper les sacs poubelles puis me retourne vers elle. « On se voit demain alors. » J’en ai peut-être assez fait pour ce soir, mais demain est un autre jour.