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 balancin' on breaking branches (cameya)

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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptySam 13 Nov 2021 - 18:46

BALANCIN' ON BREAKING BRANCHES
I think I've seen this film before. And I didn't like the ending. – ft. @Cameron Lewis

Dans la vie, Freya Vranken était connue non seulement pour son ambition, mais aussi pour sa ténacité, il était donc juste de supposer qu’à l’instar de Charles, elle occuperait un siège élevé dans l’échelle sociale. Avocat spécialisé dans le droit des affaires, il avait minutieusement bâti, en compagnie de sa femme, une réputation qui ne devait jamais s’effriter hors du domicile ; règle première qui condamnait sa descendance à un avenir des plus tristes. Bien que la jeune femme soit honorée de faire partie de l’une des meilleures familles de Brisbane - selon lui -, elle ne consentait pas à suivre l’ensemble de ses règles et devenir une vulgaire marionnette. Elle traversa la rue, ses talons aiguilles martelant l’asphalte, et franchit le portail en fer forgé du building qui abritait son loft. Freya venait d’assister à une vente aux enchères en compagnie de Karen Elias-Bell, chroniqueuse à propos de laquelle elle avait eu des échos, mais qu’elle n’avait jamais rencontrée. Elle avait souri de façon charmante à ce qu’elle lui avait raconté en prenant garde de ne pas avaler trop de millésimé. Des minutes avaient passé, très peu ou une éternité, elle n’aurait pu le dire, jusqu’à ce qu’elle ne claque enfin la porte d’entrée. « Bonsoir mon cœur. » déclarait-elle en serrant Zeus, son félin du bengal,  contre sa poitrine. Ses prunelles scintillaient encore de la légère ivresse que lui avait procurée le champagne, et elle se sentait grisée d’avoir vu autant de monde. Dehors, la lumière déclinait et le ciel adoptait une couleur violâtre, accompagnée de sous tons orangés. C’était la fin d’une journée où elle avait su - une énième fois - ce que c’était que de se sentir oppressée. « Bonsoir Dallas. » Elle était vêtue d’une robe en satin jaune pâle dont les fines bretelles mettaient en valeur ses épaules et accentuait la finesse de sa taille, sans pour autant mettre trop en avant ses charmes. Sa coiffure était plus nette qu’elle ne l’avait été de toute la journée. Ses cheveux bruns s’élevaient en torsade, sculptés en un chignon distingué, et sa longue nuque se profilait dans la lumière du crépuscule. « J’espère que vous avez été sages. » lançait-elle, presque dans le but de s’en convaincre. Cela faisait quelques semaines qu’elle avait la garde du doberman. Une nouvelle source de tendresse. Un cauchemar pour Zeus. Il s’agissait en réalité d’un service qu’elle avait accepté de rendre à Zoya, sa meilleure amie. Liées depuis l’enfance, elle la considérait comme une membre à part entière de sa famille et ne pouvait rien lui refuser. Pas même cette aide-là. Dallas appartenait à l’un des trois fils Lewis, un jeune homme qu’elle avait fréquenté lorsqu’elle était au lycée ; adolescent farouche et grossier. Il avait dans le regard cette lueur sombre et mélancolique que personne ne prenait jamais à la légère. Une distinction suffisante pour qu’elle fasse le choix de rester à distance, au détriment d’autres élèves. Quand la sonnerie du loft retentit, Freya ouvrit la porte. « Cameron. » le salua-t-elle. Il avait l’air élégant, malgré la barbe naissante qui hérissait son menton. Elle ne l’avait plus vu avec un visage lisse depuis l’accident, - elle n’était plus sûre de l’avoir déjà vu d’ailleurs -.  Elle était bien plus proche des autres descendants Lewis que de l’énergumène qui venait de se présenter chez elle. « Entre, je t’en prie. » Dallas, survolté de retrouver son maître, se pressait déjà à ses genoux, la langue pendante et les oreilles dressées comme des antennes. Ses jappements aigus et frénétiques avaient attisé la curiosité de Zeus qui répandait déjà son odeur contre la jambe fantôme de Cameron, - petit traître à la couronne -. « Intéressant, ton nouvel accessoire. » déclarait-elle en désignant sa canne. Son ton, différent d’à l’accoutumée, exprimait le sarcasme à plein nez. Après l’acquisition de sa prothèse et une longue période de rééducation, Cameron Lewis se tenait - pour la première fois de sa vie peut-être - en position de faiblesse devant elle. « Puisque tu as su arriver jusqu’ici, tu sauras trouver le chemin du canapé. » Refermant la porte, Freya glissa enfin ses pieds hors de ses escarpins. Un pli amer déforma ses lèvres tandis qu’elle remuait ses orteils meurtris, délivrée de plus avoir à faire bonne figure. La vente aux enchères avait été organisée un peu rapidement, à vrai dire, mais tout le monde lui avait semblé trop comblé pour s’en soucier. Tant mieux. Elle était payée pour ça. Planifier des événements sur demande, courber l’échine devant des délais impossibles, cocher toutes les cases du nom de supplications. « Qu’est-ce que je te sers ? » demandait-elle en se dirigeant vers le bar, la voûte plantaire encore sensible. Avant qu’il ne réponde, Freya se servit un verre de whisky - on the rocks -, qu’elle absorba aussitôt. Elle détestait ça ; mais elle en conservait toujours une bouteille, sur les illustres conseils du patriarche.

Loft de Freya:


Dernière édition par Freya Vranken le Jeu 6 Jan 2022 - 15:09, édité 1 fois
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptySam 27 Nov 2021 - 19:35

Balancin' on breaking branches
Pourquoi est-ce que Zoya avait demandé à Freya de s’occuper de Dallas alors que Cameron et elle n’entretenaient pas des rapports cordiaux et que, forcément, il allait devoir la voir pour récupérer son chien parce que ça n’allait certainement pas être sa sœur qui allait le faire pour lui? Des fois, le brun se demandait si ce n’était pas justement pour l’énerver, un jeu qui plaisait un peu trop à son aînée depuis leur tendre enfance. Pourquoi pas Willow dans la maison que les anciens amoureux possédaient toujours? Elle connaissait bien Dallas et le doberman aurait été à l’aise dans son ancien environnement. De plus, elle aurait pu lui ramener en même temps qu’elle déposait Hannah chez ses parents, mais bon, cette solution trop simple n’était sans doute pas assez intéressante pour la photographe. Cameron imaginait ses proches en train de manigancer pour le faire sortir de chez lui. « Cameron. » Sans même l’ombre d’un sourire, il la salua d’un hochement de tête en pinçant les lèvres. « Freya. » Il ne se rappelait même pas la dernière fois qu’il avait eu une discussion avec elle, ça devait bien remonter à 2012-2013 quand il habitait avec Zoya et Birdie. « Entre, je t’en prie. » Il fit quelques pas jusqu’à ce qu’il franchisse la porte du loft de Freya et qu’il entende les griffes de Dallas résonner sur le plancher. Dès que leurs regards se croisèrent, le chien accourut vers son maître en courant. « Hey Dallas. » Il sourit un peu malgré sa main qui se crispa sur la poignée de sa canne plus son chien s’approchait de lui. Avec les tournées qu’il faisait à travers le monde avec son travail, ce n’était pas la première fois qu’ils étaient séparés pendant plusieurs semaines, Cameron connaissait donc suffisamment son chien pour savoir qu’il avait intérêt à se tenir s’il ne voulait pas tomber. Excité, Dallas appuya son corps contre les jambes de Cameron, se retournant vers lui en sautant pour le lécher l’instant d’après, incapable de rester sur place plus de deux secondes. « Attention, tu vas écraser le chat! » dit-il en appuyant sa main libre contre le mur à proximité. Bien sûr, ce n’était surtout pas pour lui-même qu’il désirait que l’animal se calme alors qu’il se sentait coincé entre Dallas et Zeus qui étaient à ses pieds. « Intéressant, ton nouvel accessoire. » Dallas semblait d’accord avec la brune, tentant de mordiller l’objet comme il avait l’habitude de le faire lorsque Cameron et lui partaient en randonnée dans le bois et qu’il trouvait une branche au sol. « Dallas, lâche! » Il repoussa l’animal de sa main libre tout en fusillant du regard Freya. « Vraiment, si tu savais tout ce que ça me permet de faire. Comme… » Il ancra solidement ses deux pieds au sol, puis il leva sa canne pour faire semblant de vouloir faire tomber un bibelot posé sur une petite table à proximité. « Un objet est si vite brisé. » Il haussa les sourcils d’un air innocent en lui adressant un sourire faux. « Puisque tu as su arriver jusqu’ici, tu sauras trouver le chemin du canapé. » Il soupira discrètement en la suivant des yeux jusqu’à ce qu’elle quitte son champ visuel et que Dallas la suive. Là seulement il se sentit suffisamment à l’aise pour se rendre jusqu’au salon où il prit place dans le canapé. « Toujours aussi sympathique à ce que je vois, je ne vois pas trop ce que ma sœur te trouve. » Il n’avait aucune envie de rester, mais il n’avait pas envie de se faire humilier en chutant dès l’instant où il tiendrait son chien en laisse et que celui-ci tirerait un peu trop par excitation. « Qu’est-ce que je te sers ? » Il hésita pendant un instant, tenté par l’alcool qu’elle venait de se servir, mais il finit par se dire qu’il valait probablement mieux qu’il soit sage ce soir s’il voulait rentrer chez lui en un morceau alors qu’il ne s’était pas encore habitué à sa nouvelle condition. Qui plus est, marcher avec une prothèse requérait une dépense énergétique plus grande qu’avec deux jambes, la tâche allait être encore plus difficile si sa jambe intacte devenait molle à cause de l’alcool. Même si Freya avait gardé Dallas pendant quelques semaines, Cameron et elle n’étaient pas particulièrement proches et il n’avait pas envie de devoir rester ici pour la nuit, encore moins qu’elle le voit plus vulnérable qu’il ne l’était déjà actuellement. « Une boisson gazeuse. » répondit-il sans aucune formule de politesse. Après tout, on ne pouvait pas dire qu’elle était très polie avec lui depuis son arrivé chez elle. Pendant qu’elle leur servait à boire, Dallas vint se coucher aux pieds de son maître tandis que ce dernier tentait tant bien que mal de trouver un sujet de conversation alors qu’il n’avait rien à dire à la brune. « Tu deviens quoi, Frayeur? » Pas que ça l’intéressait vraiment, mais chaque occasion de ne pas parler de lui-même était bonne à prendre.
© Laueee


Dernière édition par Cameron Lewis le Jeu 30 Déc 2021 - 17:39, édité 1 fois
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyVen 3 Déc 2021 - 21:41

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I think I've seen this film before. And I didn't like the ending. – ft. @Cameron Lewis

Les murs, les plafonds et les planchers du loft présentaient toute une gamme de tons neutres, habillant la pièce et révélant une architecture de qualité. Là où certains reconnaîtraient la coquette influence d’Eleanor, il n’y avait que le goût et l’expression de Freya. Sa résidence était un merveilleux havre de paix situé dans un quartier privilégié, au bord de l’artère principale de Spring Hill, loin des Vranken et consorts. Elle avait choisi ce garde-fou deux ans plus tôt pour échapper au despotisme de Charles et à l’inventivité démesurée de sa femme. Pourtant, elle conservait les codes du cadre familial en suspendant de précieuses œuvres dans son living room et en exposant, sans gêne, un mobilier d’exception. Comme sa figure maternelle, elle sélectionnait avec soin les enseignes avec lesquelles elle choisissait de faire affaire, sur la base d’une qualité et d’une réputation de renom ; certifiées par un patriarche qui menaçait de les traîner en justice au moindre faux pas. Son intérieur était aussi contrasté qu’elle ; à la fois sobre et sophistiqué, d’une opulence folle à taille humaine. L’exubérance des Vranken se heurtait à la réserve des Rhoads. « Fais-toi plaisir. » déclara-t-elle. Dans un grand vase en verre trônait un épais bouquet de roses. Les pétales, d’un blanc virginal, s’y épanouissaient lentement, comme Freya s’était accommodée à ce milieu social mille fois plus élevé que le sien, vingt-et-un ans plus tôt. Elle regarda Cameron, l’air amusé et décontracté tandis qu’il menaçait de briser l’objet. « Mais je ne suis pas sûre que Zoya te pardonnerait de faire tomber ce vase. » La jeune femme aurait aimé arracher les cheveux bruns de la jolie tête du fils Lewis. Elle aurait aimé mettre en miettes son nouvel accessoire de mode ; mais elle ne visait pas des victoires à court terme. Elle voulait gagner. Et on ne pouvait gagner en attaquant le frère - probablement préféré - de sa plus fidèle alliée. C’est pourquoi elle redressa imperceptiblement le buste avant d’avancer vers le bar, Dallas à sa suite. « C’est elle qui me l’a offert. » Il était possible, même fort probable, que cette information soit vraie. Peut-être que cette jarre aux sous-tons rosés lui avait été donnée. Ou bien, se demanda Freya, peut-être que ce n’était pas le cas. Elle était assez proche de lui pour entendre que cela lui avait suffi pour se raviser, et un léger sourire naquit au coin de ses lèvres. Au-delà d’être le seul lien qui les unissait, l’aînée de l’estropié était le parfait simulacre d’une terre sacrée. La clé du no man’s land entre deux êtres qui n’avaient rien - et ne faisaient rien - pour s’entendre. La jeune femme effleura le pelage du doberman d’une caresse quasi maternelle - en maudissant Zeus - qui, conquérant, se frottait encore contre la jambe ennemie. Le regard de Freya erra au plafond quand elle entendit son invité blasphémer. C’était à peu près tout ce qu’il savait faire, à défaut d’être entier, - au propre comme au figuré -. « Tu sais encore te servir de tes doigts ? » lançait-elle en lui donnant une canette de soda. Elle avait prononcé cette phrase en plaisantant, cependant, dès que les mots sortirent de sa bouche, elle sut qu’elle avait dévié. Elle essaya de ne pas jeter un regard de pitié sur Cameron mais il était pathétique de le voir dans cet état. « Comment se passe la rééducation ? » demanda-t-elle, presque sincère. Freya venait de s’engager dans une nouvelle discussion dont elle n’avait rien à faire mais qui lui semblait pourtant nécessaire. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à toutes ces fois où Zoya s’était confiée, parlant d’un ton mécanique, privée de toute joie de vivre. Elle n’avait pas eu besoin d’être présente sur le lieu de l’accident pour imaginer l’horreur de la scène et, plus tard, la détresse de la famille Lewis. Un verre de vin rouge en main, elle prit place sur le divan où Cameron s’était tout récemment assis. C’était une fois encore le parfait reflet de ses origines ; la simplicité des Rhoads face aux fastueux penchants des Vranken. « Bien envoyé, Davy Jones. » Elle eut envie de sourire en pensant au corsaire à la jambe de bois mais elle se ravisa. « Je suis chargée d’événementiel au QAGOMA depuis deux ans. Tu as dû entendre parler des derniers galas de charité organisés en l’honneur de ’For a child’s smile’. » La presse locale s’était faite une joie de relayer les événements, portant à la connaissance du petit million de brisbanais les sommes astronomiques récoltées par la galerie. Cet exploit était en grande partie due à l’implication d’un acteur également grand collectionneur d’œuvres d’art ; Freddy Mulligan. Tournée vers Cameron, les doigts contre sa tempe, Freya jaugeait mentalement - une fois encore - la nuit qu’elle avait partagé avec le comédien. Elle ne parvenait pas à se défaire de ce souvenir et de la gêne qu’elle avait ressenti en le côtoyant à la galerie. Il y avait eu là quelque chose d’inexplicable, d’inattendu qui avait relancé en elle les cartes d’une partie dont l’issue était incertaine. « Comment se portent les sorcières de Salem ? » demandait-t-elle, railleuse. Elle désignait par cette appellation moqueuse le groupe dont Cameron était à la fois choriste et guitariste. Elle savait déjà, ayant observé son comportement depuis l’adolescence, que ce boys band lui tenait particulièrement à cœur mais elle ne pouvait se le représenter sur scène, la canne à bout de bras. Il était en bien piètre état. « Zeus ! » Les iris de Freya s’enflammèrent quand elle vit le félin importuner Dallas, dont le flanc reposait contre son maître. L’air de rien, le fauve tentait une nouvelle d’asseoir son autorité auprès du doberman. Elle vint le soulever pour le déposer un peu plus loin, essayant d’étouffer l’ardeur qui le submergeait. « J’ai quelque chose pour toi. » déclara-t-elle. La jeune Vranken regarda autour d’elle, s’attendant à voir l’objet de ses recherches ; mais ne le voyant pas, elle se dirigea vers une autre pièce. « Je comptais le donner à Zoya mais, puisque tu es là… » Elle tenait dans ses mains une petite étoile en tissu duveteux ; comme ceux qui étaient utilisés pour confectionner ce que l’on nommait plus communément un doudou. « Je pensais l’offrir à Hannah. » Son estomac se noua quand elle la tendit à Cameron. Il ne lui avait rien dit au sujet de sa fille, ni de sa séparation avec sa génitrice, mais Zoya lui contait depuis longtemps les épreuves qu’il traversait. Chose qui lui donnait toujours un vague mais dérangeant sentiment de commisération. Alors, incapable de faire le moindre commentaire sur cela, Freya se permettait d’offrir à l’enfant ce qu’elle considérait être une bonne étoile pour qu’elle ne manque jamais de rien.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyJeu 30 Déc 2021 - 21:17

Balancin' on breaking branches
« Fais-toi plaisir. Mais je ne suis pas sûre que Zoya te pardonnerait de faire tomber ce vase. » Le regard de Cameron se promena entre Freya et le fameux vase qu’il venait de menacer de faire tomber, confus. Qu’est-ce que sa sœur venait faire là-dedans? Il n’eut pas à attendre longtemps avant d’obtenir la réponse à sa question. « C’est elle qui me l’a offert. » Il acquiesça d’un mouvement de tête en pinçant les lèvres. Croyait-elle vraiment que cette information suffirait à l’empêcher de faire tomber l’objet? Ce ne serait pas la première fois qu’il le ferait, plusieurs poupées Barbie de sa sœur avaient fini décapitées alors qu’ils s’étaient pris la tête pour pas grand-chose. « Zoya est la meilleure carte que tu as pour me convaincre de ne pas briser ton vase en mille morceaux, vraiment? C’est mal nous connaître. » Ils s’aimaient autant qu’ils s’haïssaient par moment, même à l’âge adulte. Même si l’envie de pousser l’objet se faisait beaucoup sentir, toutefois, il se ravisa parce que Zoya ne l’avait pas trahi lorsqu’il avait chuté en se levant du lit alors que leurs parents n’étaient pas à la maison le mois précédent. Elle n’était pas obligée de tenir sa langue, mais elle l’avait fait et pour ça, il allait laisser le vase tranquille. « Parce que t’as gardé Dallas, je veux bien être gentil pour une fois. N’en prends pas une habitude, je ne serai peut-être pas du même avis la prochaine fois. » répondit-il dans un soupir, légèrement irrité de la laisser gagner cette fois-ci et il le regretta aussitôt qu’elle ne put s’empêcher de se moquer de son handicap lorsqu’elle lui apporta à boire. « Tu sais encore te servir de tes doigts ? » Le regard flamboyant, il prit la canette qu’elle lui tendait en faisant exprès de refermer sa main sur la sienne pour l’empêcher de la retirer l’espace de quelques secondes. « J’ai des doigts de fée, tu ne sais pas ce que tu manques. » cracha-t-il en libérant sa main avant de porter la canette à ses lèvres sans la quitter des yeux. Il ne souhaitait pas aborder le sujet de son handicap avec elle, parler de son moignon le rendait plus mal à l’aise que de parler de sexualité même si son accident impactait également cet aspect de sa vie. Parce qu’il était peut-être à l’aise avec son corps avant son accident, la réalité était toute autre maintenant et il était incapable de se dénuder devant quiconque. La vue de son moignon suffisait à lui ôter toute envie même lorsqu’il était seul. Son moignon le dégoûtait. « Comment se passe la rééducation ? » Il leva les yeux au ciel, la regarda furtivement, puis il baissa les yeux sur la canette posée sur ses cuisses. « Pas besoin de faire semblant, je sais que tu n’en as rien à foutre. » Et ça l’arrangeait parce que jamais il n’oserait lui dire que ça ne se passait pas bien, qu’il ne reprenait pas le contrôle de son corps assez vite à son goût et qu’il en voulait à la Terre entière pour ce qui lui arrivait. « Je suis capable de marcher, comme tu peux le voir. » se contenta-t-il d’ajouter en se penchant légèrement pour flatter Dallas. Plutôt que de continuer à parler de lui alors qu’il n’en avait pas du tout envie, il lui demanda ce qu’elle devenait, ce à quoi elle ne peut encore une fois pas s’empêcher de faire un commentaire sur sa jambe amputée comme s’il s’agissait de la seule chose qui le définissait. « Bien envoyé, Davy Jones. » Comment était-il supposé regarder de l’avant et oublier son accident si on ne faisait que lui remettre sous le nez à tour de bras? « Tu vas en revenir un jour de mon accident ou quoi?! » demanda-t-il sèchement sans même oser la regarder avant de rapporter plutôt son attention sur ce qu’elle avait à dire sur elle. « Je suis chargée d’événementiel au QAGOMA depuis deux ans. Tu as dû entendre parler des derniers galas de charité organisés en l’honneur de ’For a child’s smile’. » Il fronça les sourcils et il haussa une épaule. « Ça me dit quelque chose. » Il n’y avait jamais partagé, disons que les groupes de post-hardcore n’étaient peut-être pas le premier choix pour un gala de charité pour enfants. « Comment se portent les sorcières de Salem ? » L’esquisse d’un sourire franc apparut une fraction de seconde au coin des lèvres du musicien avant de se transformer en sourire triste. « On prend une pause. » Avait-il vraiment besoin de spécifier que c’était à cause de son accident? « Ça va nous faire du bien, les dernières années ont été chargées. » mentit-il alors qu’il était prêt à donner n’importe quoi pour se sentir prêt à retourner sur la scène, plutôt, mais le regard des autres pesait trop. Il était incapable de s’imaginer remonter sur scène. Il avait cru qu’il se sentirait différemment au bout de quelques mois, mais rien ne changeait et il commençait à se demander s’il ne devait pas se résoudre à abandonner sa carrière musicale, à abandonner son rêve. Il se perdit dans ses pensées tandis que le chat de Freya s’amusait à importuner le doberman. C’est la voix de Freya qui le sortit de ses pensées. « J’ai quelque chose pour toi. Je comptais le donner à Zoya mais, puisque tu es là… » Quelque chose pour lui? Il fronça les sourcils en la suivant des yeux tandis qu’elle quittait la pièce. Il s’attendait à tout de la part de Freya : une figurine de pirate, un œil de pirate ou toute autre connerie qui ferait référence à sa jambe, mais pas du tout à l’objet qu’elle lui tendit. « Je pensais l’offrir à Hannah. » Il observa longuement l’étoile qu’il tenait entre ses mains et qu’il caressait avec ses pouces sans savoir quoi dire, incapable de parler en raison des émotions qui remontaient dans sa gorge. Son geste le touchait, mais lui rappelait aussi à quel point il n’était pas présent pour Hannah depuis sa sortie de l’hôpital et il culpabilisait. Il ne cessait de se dire que la gamine méritait mieux, qu’elle méritait mieux que lui. Freya ne la connaissait même pas qu’elle faisait sans doute plus pour elle que son propre père. « Merci… » la remercia-t-il d’une voix presque inaudible. Il déglutit difficilement et il releva seulement le regard une fois convaincu que celui-ci ne trahirait pas les émotions qui le traversaient. « Pourquoi tu fais ça? » Elle le détestait, elle ne l’avait jamais aimé probablement même, il ne comprenait pas pourquoi ce soudain élan de gentillesse de sa part.  
© Laueee
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyJeu 6 Jan 2022 - 20:06

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I think I've seen this film before. And I didn't like the ending. – ft. @Cameron Lewis

Les pupilles incisives et, la main posée sur la sienne en guise de provocation, Cameron crachait un venin dont elle avait pris soin de se préserver au fil du temps. Les mots qui s’échappaient de sa voix rauque et masculine la firent arquer un sourcil ; une avance sarcastique, instantanément détruite par les profondes convictions de la suédoise. « Des doigts de fée… » répététait-elle, songeuse. « Tu ne me penses pas capable de te mettre au défi ? » susurra-t-elle, à son oreille, tandis qu’elle libérait sa main vernie de son emprise. Elle avait fait l’erreur, quelques minutes plus tôt, de les lancer sur un terrain qui n’étaient pas le leur. Freya n’était pas prête, malgré son verre de vin pourpre d’une qualité supérieure, à s’imaginer terminer une nuit d’extase entre ses bras. Elle tressaillit à l’idée que ses mains puissent glisser le long de ses courbes graciles, suivre consciencieusement les contours de sa plastique et effleurer son grain de peau séraphique ; mais, portant le cristal à ses lèvres, elle chassa cette pensée de son esprit. La jeune femme n’entretenait aucun rapport de ce genre avec Cameron et ne le désirait pas ; plutôt mourir que de progressivement fantasmer sur le frère de Zoya Lewis. « Et toi, tu vas en revenir un jour de ton accident ? » souffla-t-elle, les dents serrées. La confiance en elle qu’avait emmagasinée Freya depuis son arrivée venait de croître magistralement, grâce à une toute petite phrase dont seul le fils Lewis avait le secret. C’était tellement simple, elle percevait son désarroi, son incompréhension et ses incertitudes en un seul coup d’œil. « Ce n’est pas comme une paire de chaussures dont tu pourras te débarrasser lorsqu’elles ne te plairont plus. » Elle marqua un temps d’arrêt sans même lui accorder un regard. Loin d’elle l’idée d’user de cruauté pour parvenir à ses fins, et pourtant, la situation s’y prêtait si bien qu’elle se forçait à résister. Cameron connaissait très bien sa réputation, et pour cause, elle était à la fois très juste et très caricaturale. Créature froide, littéralement obnubilée par son travail et par le désir de tout contrôler, séductrice discrète, tempérament des plus exigeants. Il avait su à qui il aurait affaire en pénétrant chez elle, il était trop tard pour regretter. « C’est définitif, Cameron. Alors cesse de jouer les demoiselles en détresse et avance. Les gens changent, la vie change… et la tienne est loin d’être finie. » déclara-t-elle froidement ; parce qu’elle le scrutait suffisamment pour savoir qu’à défaut d’arguments concrets il tenterait de gagner du temps pour se torturer un peu plus l’esprit. Avait-il seulement conscience qu’en gardant ses tribulations pour lui il n’allait pas gâcher uniquement sa vie mais aussi celle de Willow, celle de l’enfant, celle de sa famille et de ses amis ? Elle ne le laisserait pas faire un choix aussi égoïste. « Ne me regarde pas comme ça, qu’est-ce que tu espérais ? Que j’allais te ménager comme Deklan, tes parents ou encore Zoya ? Pitié, pas de ça avec moi. » D’un geste franc, elle leva son verre pour trinquer dans sa direction et bu à petites gorgées le liquide aux sous-tons vermillon. L’ivresse gagnait lentement ses veines, ondoyant peu à peu dans ses membres, tandis qu’elle fixait à nouveau ses pupilles obsidiennes. « Prends soin des gens qui comptent pour toi, tu veux. » poursuivait-t-elle d’un ton faussement méprisable en replaçant doucement ses mèches brunes, laissant apparaître son cou et sa nuque avec sensualité. Elle parviendrait à le contrarier en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, mais toutes ses pensées étaient tournées vers Zoya, qui ne méritait certainement pas son rôle de dommage collatéral. « Dis plutôt que tu n’as pas envie de te pavaner devant tes groupies sur un seul pied. » Un sourire à la fois indéchiffrable et charmeur se dessinait sur ses lèvres alors qu’elle se servait un deuxième verre. « Cela dit, certaines femmes doivent aimer le style unijambiste grognard. » Elle rit avec sarcasme dans l’espoir qu’un électrochoc le ramène sur Terre, dans le monde réel, juste, bon et droit. « Je plaisante. » rectifiait-elle avant de dévoiler la surprise qu’elle réservait à Hannah. La suédoise, qui l’avait déjà fait une douzaine de fois, posa la main sur le pelage de son félin et plongea ses billes lapis-lazulis dans les yeux de Cameron. « J’ai cru comprendre que ça n’était pas simple pour toi en ce moment… » expliqua-t-elle brièvement sans entrer dans les détails sensibles et superflus, dont il n’avait évidemment pas besoin. Confortablement installée sur la banquette en cuir, elle le regardait examiner la petite étoile, incapable de mettre un mot sur les émotions auxquelles il semblait être en proie. « Alors, même si je suis persuadée qu’au fond tu restes le toquard qui régnait dans les couloirs du lycée, ça ne me tueras pas d’être un peu sympa. » Cette réflexion lui rappela les sentiments douloureux qu’elle avait éprouvés dans sa prime adolescence, quand la raillerie et la froideur de Cameron avaient commencé à se dégager de sa personnalité. Freya ne l’avait réellement ‘fréquenté’ qu’à l’âge de seize ans, néanmoins observer le petit garçon qu’il avait été se transformer en un adolescent cruel et barbare, lui avait causé une profonde douleur. « Je dois beaucoup à ta famille. À Zoya, plus qu’à quiconque mais, je te dois aussi toutes ces parties de chat et de cache-cache qui nous faisaient tant rire quand on était enfants. » Cameron, s’il était piqué au vif, ne dit rien. Sans doute n’avait-il aucun souvenir de la période durant laquelle Freya était entrée dans sa vie. Comme le parfum des fleurs, la couleur d’un diamant rare et prisé qu’on aurait cherché durant toute sa vie ; au milieu des contrées les plus reculées, dans les entrailles impénétrables de la terre, à l’autre bout du monde, dans les mines à ciel ouvert de Sibérie et d’Afrique, elle s’était progressivement immiscée au sein de la fratrie Lewis. « Il faut croire que tu n’as pas toujours été un sombre crétin. » Sa bouche se contracta pour exprimer une sorte de sourire qui s’épanouit plus naturellement sur ses lèvres au fur et à mesure que les secondes passèrent. En effet, né du conflit de toutes ces émotions contradictoires, un sentiment affectueux semblait finalement gagner la partie.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyLun 17 Jan 2022 - 23:57

Balancin' on breaking branches
« Des doigts de fée… Tu ne me penses pas capable de te mettre au défi ? » Un rire insolent résonna dans la pièce. La vérité? Il la croyait capable d’une telle chose, oui, mais pas avec lui. Même s’ils se connaissaient depuis l’enfance, depuis cette époque durant laquelle ils partageaient de bons souvenirs remplis d’innocence, leur relation avait pris un brusque tournant à l’adolescence. Les sourires qu’ils s’échangeaient depuis n’avaient plus du tout la même signification et les rares fois où ils se côtoyaient, leurs échanges étaient remplis de sarcasme et parfois même de mépris. Il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux et ce n’était pas près de changer. « Tu penses vraiment que j’ai envie de coucher avec toi? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Peut-être qu’à une autre époque il aurait répondu différemment et qu’il se serait essayé avec elle pour avoir le dernier mot et l’avoir comme trophée, Freya était le genre de femme à laisser peu d’hommes indifférents, après tout, mais aujourd’hui, Cameron n’avait pas envie de jouer à ce jeu. Parce que si jamais la brune décidait de vraiment le mettre au défi alors qu’il était incapable de se livrer à un quelconque plaisir sexuel, il savait qu’il se sentirait humilié et il ne voulait pas lui donner le bonheur de le voir de cette façon. « Et toi, tu vas en revenir un jour de ton accident ? » Cameron avait tant l’habitude qu’on le prenne en pitié, qu’on se sente désolé pour son état, que la question de Freya et le ton utilisé par cette dernière le prirent par surprise. Sa tête eut un mouvement de recul tandis qu’il la fixait d’un air vexé. « Ce n’est pas comme une paire de chaussures dont tu pourras te débarrasser lorsqu’elles ne te plairont plus. » Il passa sa langue sa lèvre inférieure avant de ricaner. « No shit. Je pense que je suis bien placé pour le savoir. » C’était lui qui avait dû subir une première chirurgie, puis une deuxième lorsque sa jambe s’était infectée et qu’il s’était réveillé dans d’atroces souffrances. C’était lui qui devait réapprendre à vivre tous les jours avec un membre en moins, avec la frustration de ne plus être capable de faire tout ce qu’il faisait autrefois. Chaque déplacement lui demandait une quantité considérable d’énergie supplémentaire et il s’essoufflait beaucoup plus vite qu’avant. Il avait du mal à suivre les autres et il se sentait comme un incapable chaque fois que les gens autour de lui ralentissaient le pas pour qu’il puisse les rejoindre ou qu’ils décidaient de l’aider sans qu’il n’ait demandé quoi que ce soit. Il les voyait les regards lorsqu’il sortait et que sa démarche boiteuse trahissait son handicap. Quelque part au fond de lui, il espérait que son accident ne soit qu’un mauvais cauchemar duquel il se réveillerait sous peu. Tout ce qu’il souhaitait, c’était retrouver sa vie d’avant, que rien n’ait changé alors que c’était tout simplement impossible. Alors il restait chez lui, à voir personne, à dormir la majeure partie de ses journées ou à discuter en ligne avec des inconnus malgré son dos qui le faisait souffrir à force d’être inactif. « C’est définitif, Cameron. Alors cesse de jouer les demoiselles en détresse et avance. Les gens changent, la vie change… et la tienne est loin d’être finie. » Les épaules du brun se crispèrent davantage à chaque réplique de la jeune femme. Il ne voulait pas qu’elle le prenne en pitié, mais il avait l’impression qu’elle balayait son handicap d’un geste de la main comme s’il s’agissait de quelque chose de banal alors qu’il souffrait énormément depuis son accident, autant mentalement que physiquement. « Tu penses que c’est facile?! Qu’on se remet d’un accident de la sorte en claquant des doigts comme si de rien n’était? » demanda-t-il sèchement en la dévisageant. « Je ne suis plus capable de suivre Hannah qui court ou même de marcher mon chien. Quand je veux prendre ma douche, je dois m’asseoir sur un putain de banc comme si j’avais 80 ans. Ne parlons pas des douleurs fantôme et de tout le reste. » Il pourrait continuer encore, mais il s’arrête parce qu’il n’a pas envie de s’étendre sur certains aspects de sa nouvelle réalité. « Tu t’es fait amputer une jambe? Non. Alors ta gueule, tu ne peux pas comprendre ce que je vis. » Le cœur battant la chamade, il porte sa canette à ses lèvres pour en prendre des longues gorgées en espérant calmer sa colère et ses mains tremblantes. « Ne me regarde pas comme ça, qu’est-ce que tu espérais ? Que j’allais te ménager comme Deklan, tes parents ou encore Zoya ? Pitié, pas de ça avec moi. » Il était trop remonté pour se réjouir du fait qu’elle ne le prenait pas en pitié à l’inverse du reste de son entourage. « Je n’espérais rien de toi. » se contenta-t-il de répondre en soutenant son regard. « Prends soin des gens qui comptent pour toi, tu veux. » Le regard fuyant, il rapporta son attention sur Dallas toujours couché à ses pieds. Cameron arrivait difficilement à prendre soin de soi-même depuis son accident, il ne voyait pas trop comment il pourrait prendre soin de ses proches. Il n’en avait pas l’énergie, ou peut-être n’était ce qu’une excuse qu’il se donnait pour justifier son inaction. Dans tous les cas, ce n’était pas un sujet qu’il souhaitait aborder avec l’amie de sa sœur, ils étaient loin d’entretenir un lien suffisamment fort pour qu’il se sente à l’aise de le faire. « J’ai déjà une mère, je n’en ai pas besoin d’une deuxième. » grommela-t-il en espérant qu’elle ne renchérirait pas. « Dis plutôt que tu n’as pas envie de te pavaner devant tes groupies sur un seul pied. Cela dit, certaines femmes doivent aimer le style unijambiste grognard. » Freya semblait plutôt de bonne humeur malgré le ton de leur sujet précédent, sans doute l’effet de l’alcool qui se répandait dans ses veines à mesure que sa coupe de vin se vidait. « Je n’ai pas besoin d’une sangsue qui ne voudra rien d’autre que siphonner mon compte en banque. Je ne vais pas laisser n’importe qui s’approcher d’Hannah. » Parce que même s’il s’occupait peu d’elle depuis son accident, sa sécurité était toujours importante pour lui. « Je plaisante. » Ça en faisait au moins un des deux qui trouvait la situation drôle. Les commentaires de la jeune femme ne firent pas la seule surprise qu’il eut ce soir, le doudou qu’elle lui tendit pour la petite le laissa bouche bée une seconde fois. Freya et lui n’étaient plus proches depuis longtemps, ils ne l’avaient jamais réellement été, alors jamais il n’aurait cru qu’elle lui ferait vivre autant d’émotions ce soir alors qu’il venait chercher son chien. « J’ai cru comprendre que ça n’était pas simple pour toi en ce moment… » Il baissa la tête et posa son regard sur la canette posée sur ses cuisses. Elle avait raison et même s’il ne le dirait pas, il se sentait mal d’infliger toute cette souffrance à ses proches en étant odieux avec eux. Mais il ne se voyait pas faire autrement, il s’agissait de la seule façon qu’il avait trouvée d’éloigner ses proches pour se protéger lui. « Alors, même si je suis persuadée qu’au fond tu restes le toquard qui régnait dans les couloirs du lycée, ça ne me tueras pas d’être un peu sympa. Je dois beaucoup à ta famille. À Zoya, plus qu’à quiconque mais, je te dois aussi toutes ces parties de chat et de cache-cache qui nous faisaient tant rire quand on était enfants. » L’esquisse d’un sourire apparut au coin des lèvres du musicien. Il ne se rappelait pas énormément de cette époque, mais il avait quand même quelques souvenirs vagues dont elle faisait partie. « Il faut croire que tu n’as pas toujours été un sombre crétin. » Il leva les yeux au ciel avant de la regarder d’un air réprobateur. « Crois-le ou non, je me suis amélioré avec le temps. Comme ton vin. » se défendit-il en désignant sa coupe d’un geste de la tête. « J’étais con au lycée, je ne vais pas te contredire là-dessus, mais ça fait genre… dix ans de ça. Il faudrait peut-être que tu arrêtes de vivre dans le passé. » Parce que avant son accident, il était connu pour son éternel sourire charmeur qui se faisait plutôt rare depuis quelques mois.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyJeu 3 Fév 2022 - 18:36

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I think I've seen this film before. And I didn't like the ending. – ft. @Cameron Lewis

Les prunelles de Freya brillaient comme du métal en fusion. Elle se tenait droite, son dos magnifiquement cambré faisant face à l’insolence personnifiée, immuable quelques mètres plus loin. Une hilarité bruyante jaillissait avec force de sa gorge masculine, faisant voler en éclats sa tentative humoristique. Avec ses mèches qui lui tombaient sur le front, Cameron avait un air un brin négligé qui changeait de l’aspect militaire qu’elle lui avait toujours connu, ses cheveux ayant désespérément été coupés ras. Elle préférait – de loin – l’allure qu’il avait aujourd’hui, en dépit du membre fantôme qu’il traînait comme un boulet à sa cheville et qu’il refusait d’oublier. Elle se demandait d’ailleurs, avec tous les ouï-dire qui étaient arrivés jusqu’à elle, s’il était réellement prisonnier de ses chaînes ou s’il ne s’en accommodait pas pour échapper à la dure réalité. Corsaire néophyte, elle lui infligeait le supplice de la planche en abordant la délicate question de l’intimité. Cette tactique n’avait pourtant qu’un seul but : l’acculer, le contraindre à avancer, et à dépasser ces obstacles qu’il dressait seul sur son chemin. Souple comme un lys, les cheveux relevés au-dessus de sa nuque fine, Freya le fixait de ses yeux de panthère. Avec l’éclairage du loft, ses prunelles prenaient une incroyable teinte azurée, vive, éclatante ; comme celles d’un félin en chasse. « Qui ne le voudrait pas ? » répliqua-t-elle d’un ton espiègle. Elle se sentit blessée par les paroles qu’il venait de lui cracher à la figure, mais elle n’en montra rien ; juvénile sylphide au cœur de pierre.

Avec les années leur relation avait changé, évolué, s’était étiolée pour qu’il n’en reste que du vide, du rien, des océans abyssaux. Ils ne se comprenaient plus, ne se toléraient plus et, comme deux fauves en cage, exhibaient leurs crocs au moindre signe de rivalité. Une part du duo candide qu’ils avaient un jour formés semblait partie plus loin que Neptune, ne laissant plus que le souvenir de deux rires enfantins, égarés dans une lointaine boucle temporelle. « Tu serais surpris de tout ce qu’on peut être capable de désirer sans en avoir conscience. » reprit-elle. C’était déjà presque trop de se tenir assise, face à lui, dans cet endroit qui n’appartenait qu’à elle, reflétait son intimité propre, et d’être discréditée de la sorte. Sa présence lui était aussi hostile que sur les bancs de l’école, quand bien même une infime part de son être se sentait bien, sereine, presque en sécurité. C’était peut-être la seule chose agréable qu’elle ressentait encore à son contact, sans trop savoir pourquoi.

« Je pense surtout que tu te cherches pas mal d’excuses. » lâcha-t-elle d’une voix sèche. Ses yeux bleus brillaient comme deux émeraudes et ses pommettes s’enflammaient sous son courroux. Elle considéra ses mains d’un air pensif avant de relever la tête vers lui, ses traits habituellement fins et séraphiques déformés par son éréthisme. C’était comme si, subitement, elle trouvait les choses aussi dures pour elle que pour lui, percevant la détresse et le mal-être dont il souffrait dans chacun des mots qu’il employait. Freya sentait un poids gonfler dans sa poitrine à mesure qu’il énumérait les actes qu’il n’était plus en mesure d’accomplir. Mais qu’était-elle supposée faire, face aux grands yeux tristes de Lewis ? Lui rétorquer qu’elle n’en avait rien à faire et que ces choses-là se nommaient – le karma – ? Non, Zoya la tuerait pour ça. « Hannah n’est qu’une enfant, et pleine de vie, si j’en crois la manière dont ta sœur me la décrit. Tu ne penses pas que ce serait triste si elle était juste… oisive ? Ce serait à se demander si c’est ta fille. » Redressant le menton, elle le toisa avec retenue. Par cette remarque, la suédoise sondait la finesse de son esprit, la puissance de sa hargne, mais aussi sa douceur enfouie et sa mélancolie. « Quant à Dallas, je pense que c’est plutôt lui qui te marche. » Un sourire naquit au coin de ses lèvres ; c’était plus fort qu’elle. Elle gagnait du temps avec une plaisanterie teintée d’amertume parce qu’elle n’était pas prête à lui montrer qui elle était réellement ; à prendre cette place d’amie, de confidente, de joyau qu’elle pourrait être à ses côtés. Malgré l’aversion qu’elle lui vouait depuis le lycée, une partie d’elle ne put réprimer l’empathie qui la frappait de plein fouet ; cette immense qualité. Le sol s’était dérobé sous ses pieds pour l’entraîner dans un vide sombre et glacial où il n’avait rien eu pour se raccrocher ; pas même Willow, sa source de jouvence. « Ne m’insulte pas ! » D’un mouvement souple, grâcieux, mais vif, elle saisit le coussin qui trônait à sa droite et lui lança au visage. « C’est donc ton jour de chance, je n’ai pas l’envie d’être mère. » siffla-t-elle avant de se diriger vers le bar, non sans gratifier Dallas d’une caresse, à défaut d’être affectueuse avec son maître.

Cette petite guerre était aussi stupide qu’inutile ; Cameron semblait sur la défensive devant chacun des mots qu’elle prononçait, si bien qu’il lui donnait l’impression de mettre les pieds sur du verre brisé. « C’est donc vrai, ce que Zoya me racontait ? C’est fini entre Willow et toi ? » D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Freya n’avait jamais entendu sa sœur parler d’une autre femme que la blonde, avec ses traits angéliques et ses longues jambes fines, dignes des plus grands top modèles.  Elle ne savait comment aborder le sujet, consciente qu’elle devait se munir de pincettes, mais c’était sa manière à elle – malhabile, certes – de détendre l’atmosphère. « Avant que tu ne dises quoi que ce soit… » commença-t-elle en troquant sa canette vide contre une nouvelle. « Je sais que ce ne sont pas mes affaires. Je suis simplement surprise que tu utilises le terme ‘n’importe qui’ pour désigner la prochaine femme qui fera partie de ta vie. » Ce que Freya était capable de comprendre, en revanche, c’était que l’intérêt d’Hannah était une raison suffisante pour qu’il se lève le matin et, peut-être, pour qu’il se reprenne en main. Elle se lova à nouveau dans le cocon qu’offrait le canapé ; ses pensées ricochant contre les murs écrus du loft. Elle avait passé sa vie à se construire une armure, captive d’un destin qu’elle n’avait pas choisi, de démons aux milles figures qu’elle avait elle-même crée faute de figure paternelle pour la protéger. Elle ne ressentait qu’ennui, désolation et déception de la part de Charles, là où James Rhoads l’avait couverte d’amour, de tendresse et d’adoration. « Vraiment… ? Cameron Lewis ne serait plus le même homme ? Je serais bien curieuse de voir ça, tiens. » Freya leva vers lui un regard intrigué, ses iris bleutées miroitant telle une mer tropicale. Il lui était difficile de garder un air grave quand il était question d’imaginer le plus acariâtre des Lewis se changer en homme bon, louable. Elle doutait même que cela ne soit, ne serait-ce qu’envisageable. « Tu sais quoi ? Trinquons ! » articulait-elle en se redressant d’un bon, et en se dirigeant vers l’un des placards de la cuisine. À l’intérieur, parfaitement rangés et alignés, des verres en cristal taillé. Les coupes rayonnaient sous la lumière du lustre, et littéralement satisfaite de son idée, la suédoise décocha un rictus spontané. « Je refuse que cette soirée se termine sans que nous n’ayons fêté ce ‘nouvel homme’. » Elle en avait marre de l’entendre geindre, marre de supporter ce gamin qui faisait l’apologie de la douleur en permanence. La vie du grand Cameron Lewis serait tellement plus belle, limpide et simple sans la présence dérangeante de sa prothèse dedans. Il pourrait voguer de conquêtes en conquêtes, retrouver son héroïne hitchcockienne, dépenser des milliards en présents pour sa fille sans se préoccuper de la souffrance constante qu’avait occasionné son accident. Sauf qu’il avait dit la phrase de trop, celle qui compromettait tout, qui n’offrait pas de retour en arrière.  Qui signifiait le début d’une nouvelle ère. « Cul sec, Davy Jones. » murmurait-elle à son oreille. Elle glissa entre ses mains le fruit d’un cépage de haute qualité, avant de laisser leurs coupes s’entrechoquer ; promesse silencieuse que tout finirait par s’arranger.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptySam 12 Fév 2022 - 18:14

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« Qui ne le voudrait pas ? » Le regard intense de la jeune femme le déstabilisa quelques secondes. Il se sentait acculé au pied du mur tel un animal traqué, comme si elle tenait absolument à le faire changer d’avis alors que leur relation n’avait jamais été passionnelle et ce n’était pas aujourd’hui que leurs rapports prendraient une tournure différente. « Je ne veux pas. » se contenta-t-il de réitérer sèchement, le visage fermé. Il regrettait d’avoir amené le sujet sur la table et il espérait que son ton suffirait à ce qu’elle n’insiste pas davantage. « Attention, avec ta grosse tête, tu ne passeras bientôt plus dans les cadres de portes. » Le musicien était sans doute mal placé pour parler alors qu’il avait passé l’adolescence à se vanter et à croire que ceux qui faisaient partie de son cercle étaient privilégiés étant donné sa grande popularité. Heureusement, il n’avait pas gardé la même mentalité en vieillissant, bien qu’il semblât retomber dans ses vieilles habitudes depuis son accident. « Tu serais surpris de tout ce qu’on peut être capable de désirer sans en avoir conscience. » Sa langue claqua contre son palais tandis qu’il levait les yeux au ciel. « Est-ce que t’es vraiment en train d’essayer de me convaincre que je te désire et que je ne suis pas au courant? » demanda-t-il en lâchant un rire, les sourcils froncés, ne comprenant pas pourquoi elle tenait tant à ce qu’il ressente de l’attirance pour elle. « Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise de plus, je n’en ai pas envie. » That's the way it is. « Je n’ai pas vraiment la tête à ça depuis mon accident. On peut changer de disque maintenant?! » s’impatienta-t-il en portant son breuvage à ses lèvres pour en prendre une gorgée.

Malheureusement pour lui, le sujet suivant ne l’enchanta guère plus. Freya n’avait pas tort, Cameron ne faisait pas vraiment d’efforts pour aller mieux et son accident n’avait pas seulement impacté sa vie à lui, mais aussi celle des membres de sa famille qui tentaient tant bien que mal de l’aider à se remettre sur pied malgré les nombreux vents qu’ils se prenaient dès qu’ils se montraient un peu trop présents au goût du musicien. Il avait besoin de temps pour cheminer, le support de ses proches n’était pas suffisant. S’il suffisait d’aimer« Je pense surtout que tu te cherches pas mal d’excuses. » Malgré toutes les tentatives de ses proches pour savoir comment il allait réellement, Cameron ne s’ouvrait que très peu à eux. Cependant, les paroles de Freya vinrent suffisamment le chercher pour qu’il s’ouvre sur certains aspects de sa vie qu’il trouvait difficile depuis son amputation, dans le but de justifier sa mauvaise attitude. « Hannah n’est qu’une enfant, et pleine de vie, si j’en crois la manière dont ta sœur me la décrit. Tu ne penses pas que ce serait triste si elle était juste… oisive ? Ce serait à se demander si c’est ta fille. » Il ne désirait pas que sa fille ralentisse le rythme pour qu’il soit capable de la suivre, au contraire, il voulait que tout soit comme avant, qu’il puisse faire des activités avec elle sans difficulté. Avant son accident, il n’était pas rare qu’il l’amène jouer au parc, qu’il joue à la cachette avec elle dans leur maison familiale même si Dallas avait la mauvaise manie de dire à la petite où il était caché. Lorsque Willow avait des plans de son côté, il amenait la petite avec lui sur son voilier pour partager avec elle son intérêt pour la mer tout en grattant sa guitare sur le coin de la table pendant qu’elle le regardait avec ses grands yeux brillants. Il n’avait rien fait de tout ça depuis des mois, cette époque lui semblait bien lointaine d’ailleurs. « Tu ne comprends rien… » grommela-t-il en secouant négativement la tête. « Quant à Dallas, je pense que c’est plutôt lui qui te marche. » Dans un autre état d’esprit, Cameron aurait probablement pu rire de la blague de Freya, mais son cœur était trop labouré de chagrin pour que même l’esquisse d’un sourire apparaisse au coin de ses lèvres. « Très drôle… » Il n’avait pas envie de rire, pas aujourd’hui alors que son amputation était le sujet de leur discussion. Chaque fois qu’on le regardait, il avait cette impression que la seule chose que les gens voyaient était son handicap, à défaut de le voir lui. « Ne m’insulte pas ! » Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais il n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot qu’un coussin le percuta en plein visage. « Hey! » Il se frotta la joue d’une main en la fusillant du regard tandis qu’il se rappelait les multiples bagarres qu’ils avaient eues enfants. « C’est donc ton jour de chance, je n’ai pas l’envie d’être mère. » Alors que la brune se levait pour se diriger vers le bar, il haussa le ton pour se faire entendre. « Alors arrête de me materner. » Et protège-toi ou tu vas te ramasser avec un enfant sur les bras comme Zoya.

« C’est donc vrai, ce que Zoya me racontait ? C’est fini entre Willow et toi ? » Il baissa furtivement les yeux sur son breuvage avant de relever la tête vers elle. « Pourquoi Zoya aurait menti là-dessus? » Oui, c’était vrai, et il ne savait toujours pas comment il se sentait vraiment par rapport à sa rupture. Le regard de Willow était devenu difficile à supporter après son accident, et rompre avec elle avait semblé être la chose à faire, même s’il se sentait incapable de vendre leur maison et qu’il évitait au maximum le sujet, comme s’il avait toujours l’espoir de se réveiller de ce mauvais cauchemar et de retrouver sa vie d’avant. D’un autre côté, il ne voyait pas comment les choses pourraient s’arranger entre son ex et lui. Il n’avait pas été en couple très souvent, deux fois pour être exacte, mais il réussissait toujours à se faire détester par son ancienne flamme, diminuant ainsi toutes chances de retour en arrière. Il l’avait fait avec Jayce et il était en train de faire la même chose avec Willow, il le sentait. « Parce que vous parlez de moi en plus? » Ce qui n’était pas très surprenant considérant tout ce que la suédoise semblait savoir alors qu’ils n’étaient pas du tout proches tous les deux. « D’ailleurs, t’as pas envie de faire découvrir de nouvelles chansons à @Zoya Lewis? Je pense que si je l’entends chanter I’m alive ou my heart will go on de Céline Dion une fois de plus pendant qu’elle fait le méange, je la pousse par la fenêtre. » Disons qu’il ne partageait pas vraiment les même goûts musicaux que sa grande sœur, préférant le rock et le punk. « Avant que tu ne dises quoi que ce soit… Je sais que ce ne sont pas mes affaires. Je suis simplement surprise que tu utilises le terme ‘n’importe qui’ pour désigner la prochaine femme qui fera partie de ta vie. » Il leva son index en secouant la tête pour la reprendre. « Tu me parlais de groupies je te rappelle… » Et il n’avait pas du tout l’intention se lancer dans une relation avec l’une d’elle, persuadé qu’elle serait surtout intéressé à son portefeuille et sa notoriété plutôt que sa personne. Et puis rien ne disait que la prochaine personne qu’il allait fréquenter allait être une femme. De toute manière, il était bien loin de se sentir prêt à être intime avec quelqu’un, il allait prendre son temps.

« Vraiment… ? Cameron Lewis ne serait plus le même homme ? Je serais bien curieuse de voir ça, tiens. » Non, il n’était plus le même homme. Il était persuadé d’avoir cheminé, de s’être amélioré après avoir conscience à quel point la façon dont il agissait à l’adolescence n’était pas appropriée. Il n’en était pas fier, Cameron, même si son accident faisait ressortir certaines facettes de sa personnalité qu’il ne croyait plus avoir. « Tu crois que les gens ne changent pas? » L’adolescence était une période durant laquelle les jeunes se cherchent et testent les limites. « Tu sais quoi ? Trinquons ! » Il fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment ce qu’il y avait à fêter aujourd’hui. Peut-être que Freya était de ceux qui trouvent une raison pour boire dans tout. « Je refuse que cette soirée se termine sans que nous n’ayons fêté ce ‘nouvel homme’. » Il pinça l’arête de son nez en ricanant. Dans quoi venait-il de s’embarquer? La jeune femme revint près de lui avec deux coupes de vin, son souffle chaud chatouillant son oreille tandis qu’elle murmurait « Cul sec, Davy Jones. » Le regard perdu dans le vin, il fit tourner le liquide fruité dans sa coupe avant de s’exécuter, avalant d’une traite le contenu de sa coupe sans couper le contact visuel avec elle. Les soirées de beuverie sur son voilier remontaient à longtemps, mais il était encore capable de vider son verre en un claquement de doigts. « Ça fait longtemps que je n’avais pas bu ça. » avoua-t-il en souriant légèrement tout en observant attentivement sa coupe vide. L’envie de lui en redemander d’autre était là, mais déjà qu’il craignait de tomber en ramenant Dallas chez lui, l’alcool risquait de ne pas l’aider s’il en consommait trop. « Si tu veux vraiment fêter, t’aurais peut-être intérêt à amener la bouteille au salon. » finit-il par lui dire en posant son regard noisette sur elle, prêt à oublier un instant sa misérable existence ou à la noyer dans le poison que Freya lui offrait.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyDim 27 Fév 2022 - 18:57

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I think I've seen this film before. And I didn't like the ending. – ft. @Cameron Lewis

Elle leva les yeux au ciel, froissée par les répliques de Cameron qui semblait prendre soin d'ériger, par l'intermédiaire de ses invectives cinglantes, une indéfectible barrière. Elle n'avait jamais réellement réfléchi à la manière dont il viendrait récupérer Dallas ; mais elle n'avait pas imaginé que leurs retrouvailles se passeraient de la sorte. L'atmosphère était singulière, pesante, presque incommodante. Il n'avait plus l'air d'un homme mais d'un tigre blanc, hostile, menaçant ; avide de sa chair et de sa ténacité. Il semblait prêt à bondir pour lui ôter, à l’aide de sa mâchoire, ses dernières bribes de courage sans qu’elle ne parvienne à se débattre, à l’en empêcher. Ses yeux étaient sombres, comme deux puits sans fond dans lesquels elle risquait pernicieusement de chuter, s’y s’écorcher l’âme et l’épiderme. « Je plaisante Lewis. Tu n’es pas obligé d’être si dur. » Cameron était – selon sa sœur – une belle personne, bourrée de talents mais terriblement acerbe ; un défaut qui avait le don magistral de lui taper sur les nerfs. Ils ne se fiaient plus aveuglément l'un à l'autre comme ils en avaient été capables pendant l’enfance mais s’injuriaient mutuellement, bafouant la mansuétude indispensable à toute relation. « Peut-être. Mais moi je n’ai pas besoin d’un bout de bois pour me déplacer. » précisait-elle froidement, sans s’imaginer une seule seconde que ses paroles pourraient provoquer l’effet d’une bombe dans l’esprit tourmenté du brun. Par cette remarque, la suédoise réalisait surtout à quel point leur quotidien avait changé ; ils n’étaient plus que des étrangers dont l’entêtement frisait la stupidité. « Je n’ai pas cette prétention, non. J’essaie simplement d’être polie et de faire la conversation. Mais t’es peut-être trop égocentrique pour le voir. » Les prunelles de Freya paraissaient plus sombres que d’habitude, et légèrement brillantes. Elle restait à le dévisager comme une enfant blessée, se demandant comment il avait pu en arriver-là, écartant la seule raison de son accident.

Elle hésita, contempla un deuxième coussin qu’elle rapprocha soigneusement de ses hanches puis le lança à son tour. « T’es vraiment qu’un abruti. » Il était assis, ses longues jambes étendues devant lui, le teint blême – si c’était possible –. Il arborait une moue particulière pour une bouche qui, d’ordinaire, révélait un sourire infrangible. C’était la première fois qu’elle prenait vraiment le temps de l’observer, de l’étudier, ses sens en alerte, comme si elle tentait d’apprivoiser un animal apeuré. Elle essayait de comprendre ce qu’il pouvait ressentir, d’épier sa gestuelle, sa respiration, ses réactions. Mais Cameron était insaisissable, à la manière d’un cheval sauvage. « C’est Zoya. On sait tous de quoi elle est capable. » répliquait-elle, un rictus au bord des lèvres. Toutes les âmes étaient belles, mais celle de sa meilleure amie avait une élégance rare. C’était une touche de couleur dans un ciel gris, une personnalité un peu fêlée – parfois même un peu trop – dont l’adrénaline s’écoulait à flot dans son sang, tanguait dans ses artères vermillon. Elle avait soif d’aventure ; d’une goutte d’eau, d’un souffle, d’un brin de rien qui change tout. Des bouffées de chaleur traversaient ses veines – des vagues d’émotions violentes, imprévisibles. Mais Zoya sans sa désinvolture serait comme une nuit ayant perdu ses astres. « Erreur. Ta sœur me parle de toi. » En boucle, sans fin ; comme un vieux film au rythme saccadé ou le dernier souffle d’un mourant. Elle lui énumérait ses questions sans chercher de réponse, comme si elle les avait déjà prononcées des dizaines de fois dans sa tête. C'était sa manière à elle de gérer la situation, d'échapper à la réalité en y sautant pourtant les pieds joints ; elle avait peur, parce que l’emblème de la faucheuse flottait toujours devant ses yeux depuis qu’elle avait cru perdre son frère ce jour-là. « Elle s’inquiète pour toi. » Ce fut le retour de la froideur, de la neige et des blocs de glace l’entourant comme des remparts. Cameron la dévisageait, en chien de faïence, comme s’il luttait pour ne pas lui sauter à la gorge ; comme un homme rentrant chez lui, après avoir manqué de tomber pour de bon, vivant son dernier combat, son énième déboire, son ultime cataclysme.

Sans vraiment réfléchir à ce qu’elle faisait, la suédoise replaça une mèche derrière son oreille, portant ses billes lapis-lazulis sur le liquide qui emplissait son verre. Elle préférait éviter le regard du brun, plein de hargne et de dualité, de sentiments difficiles à décrypter. Que pouvait-elle faire faire de plus ? Malgré ses efforts pour tâcher d’être agréable, il lui rappelait aussi subtilement qu’il en était capable à quel point le fait d'être face à elle l'incommodait. Cela lui donnait un pathétique aperçu de ce que c'était que de vivre dans la peau de Cameron Lewis. Regagner un monde qui ne lui ressemblait plus pour éprouver une étrange sensation de vide, d’incompréhension, de rage permanente. Il semblait avoir toutes les peines du monde à refaire surface et pourtant, il n’était pas loin de se muer en cet oiseau fabuleux – une sorte d’aigle disait-on – au plumage grenat et éclatant. Un phénix ; prêt à renaître de ses cendres. Il suffisait de frotter les bâtons pour obtenir une étincelle.

L’alcool commençait à faire effet, si bien qu’elle éclata d’un rire franc quand il évoqua les goûts musicaux de sa sœur. Elle n’était pas surprise. Depuis toujours, Zoya était en orbite autour de la planète ‘Extravagance’ ; elle pouvait chanter du Céline Dion sans relâche comme danser nue, recouverte d’un simple linceul, pour tourner en dérision de candides sectaires. Elle lui avait d’ailleurs fait la caricature d’une célèbre fête japonaise, visant à rendre hommage aux dieux de la fertilité en célébrant un totem bien particulier : le ‘phallus de fer’. « C’est pas vrai ? Elle a vraiment fait ça ? » demandait-elle, le corps ployant sous les soubresauts de sa cage thoracique. Si seulement il savait … « Tu devrais répliquer avec la dernière chanson des sorcières de salem. J’ai cru comprendre que ça envoyait du lourd. » Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qu’elle essaya de rendre chaleureux, le plus chaleureux dont elle fut capable afin de ne pas échauffer le dragon, mais il plongea sur elle des yeux noirs. Des yeux de serpent. Elle se sentit affreusement gauche, comme chaque fois qu’elle s’était laissée prendre au jeu des plaisanteries avec lui. De toute évidence, elle était assise en face du plus grincheux des Lewis – et des sept nains –.

Elle haussa les épaules quand il la questionna sur la faculté de changer, d’évoluer, de se renouveler avec les années. « Je n’en sais rien. » répliqua-t-elle instinctivement. Elle n’y avait jamais vraiment réfléchi. Peut-être était-ce possible. Peut-être que ça ne l’était pas. Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés, ils abordaient ce qui pouvait être considéré comme une conversation à cœur ouvert et, ni l’un ni l’autre ne semblait à l’aise dans ce genre d’exercice. Les prunelles de Freya brillèrent d’une lueur sombre tandis qu’elle se remémorait la manière d’être de Cameron, à l’adolescence. « Tu penses vraiment qu’on peut changer du tout au tout ? » La suédoise eut un regard, lorsqu’elle posa les yeux sur lui, particulier. Elle était incapable de prendre position sur cette question ou de l’imaginer ne serait-ce que d’une autre façon ; le seul souvenir du lycée lui procurait de désagréables frissons. « Cela dit, j’aime cette idée d’avoir à faire à un Cameron 2.0. » déclara-t-elle avant de se diriger une nouvelle fois vers le bar. Quelque part, elle ressentait une sorte de soulagement égoïste à l’idée d’interrompre cette réflexion. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il attendait et, même si elle était tentée de répondre par la négative, elle refusait de faire deux pas en arrière quand il semblait enfin en faire un en avant.

« Ça change du soda, pas vrai ?  » s’enquit-elle en débouchant une nouvelle bouteille. Elle laissa échapper un ricanement avant de révéler une expression de défi. Depuis quand n’avait-il pas bu ? « Allez, donne-moi ton verre. » articula-t-elle en le servant à nouveau. Elle se surprit à contempler sa main, ses longs doigts souples refermés autour du cristal translucide. Cette fois, il n’était pas question de tout fiche en l’air avec une boutade qu’il n’apprécierait pas ou une question malhabile. « Cameron... » Freya prononça son prénom avec une sorte de timidité, comme si cela lui faisait peur. « Si… Tu as besoin, un jour, pour Dallas. Sache que ma porte est ouverte. » Elle lui offrit un sourire craintif qui, malgré sa maigre existence, émergeait comme un nouveau pas en avant. C’était une manière déguisée de formuler qu’elle était heureuse de le revoir mais c’était aussi – et surtout – l’occasion de tuer le démon une bonne fois pour toute.
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Message(#)balancin' on breaking branches (cameya) EmptyVen 11 Mar 2022 - 0:44

Balancin' on breaking branches
« Je plaisante Lewis. Tu n’es pas obligé d’être si dur. » Il n’avait pas le cœur à rire, surtout pas sur un sujet aussi sensible que celui de sa sexualité tandis qu’il peinait à regarder son propre reflet dans le miroir sans ressentir le moindre dégoût. Sa stratégie était désastreuse alors que son manque d’estime l’amenait à écraser l’autre sans se soucier des conséquences, comme si en partageant son mal-être de la sorte l’aiderait à se sentir mieux. Pourtant, il n’en retirait aucune satisfaction, mais il continuait d’agir ainsi parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre et qu’il n’était pas prêt à accepter l’aide qu’on lui offrait en renversant les barricades qu’il avait dressées autour de lui. Cameron était perdu et il voyait difficilement comment ses proches pourraient le comprendre alors qu’il ne se comprenait plus lui-même et qu’il détestait la personne qu’il était devenu. « Tu n’es pas obligée d’insister non plus. » grommela-t-il en détournant la regard tout en se penchant légèrement pour s’occuper les mains en grattant Dallas. Ils n’avaient pas fini de s’envoyer des piques, essayant d’avoir le dernier mot comme deux enfants. « Peut-être. Mais moi je n’ai pas besoin d’un bout de bois pour me déplacer. » Il lança un regard flamboyant en direction de Freya sans pour autant cesser de caresser son chien, sa frustration se sentant dans chacun de ses gestes de plus en plus secs. « Fuck you. » cracha-t-il sans pouvoir s’en empêcher. Encore une fois, le sujet de son handicap était ramené sur la table comme s’il s’agissait de la seule chose qui le définissait maintenant. « Tu ne devrais pas parler trop vite, on ne sait jamais quand notre vie peut basculer. » Et il en avait pris conscience en juillet dernier alors qu’il prenait tout pour acquis auparavant. Même s’il avait encore pas mal de travail à faire sur le sujet, plus jamais il n’allait voir la vie de la même façon maintenant qu’il était passé si près de perdre la sienne. « Je n’ai pas cette prétention, non. J’essaie simplement d’être polie et de faire la conversation. Mais t’es peut-être trop égocentrique pour le voir. » « La politesse vient de prendre le bord à ce que je vois. » dit-il sur un ton méprisant même s’il savait qu’il l’avait un peu cherché en étant désagréable avec elle le premier. Ils étaient bien loin de la relation qu’ils entretenaient alors qu’ils n’étaient que des gamins et même lui ne pouvait expliquer comment ils en étaient arrivés là. Sans doutes que leurs chemins s’étaient séparés alors qu’il avait changé cercle d’amis en arrivant au lycée, pas forcément pour le mieux.

Lorsque la brune saisit le deuxième coussin, il comprit immédiatement qu’une contre-attaque était imminente et il réussit cette fois-ci à se protéger le visage avant que l’objet ne le percute. À une autre époque, il se serait probablement dépêché à prendre le coussin pour aller l’assener de coups à son tour en riant comme il l’avait souvent fait alors qu’ils étaient en compagnie de Zoya lorsqu’ils étaient enfants, mais ils étaient loin de partager cette complicité aujourd’hui et il n’y avait plus aucun jeu dans ce geste. « T’es vraiment qu’un abruti. » Zoya, sors de ce corps. Cameron ne comptait plus le nombre de fois où on lui proférait des insultes, Zoya à elle seule le traitait de débile maintes fois chaque année. Et si auparavant il était assez fort psychologiquement pour que ça lui passe dix pieds par-dessus la tête, il s’en sentait bien plus affecté depuis son accident malgré ses efforts pour ne rien laisser paraître. « Ça nous fait quelque chose en commun. » répliqua-t-il pour l’atteindre tel un animal blessé qui mord à son tour pour se défendre. Malgré une ambiance toujours tendue entre eux, la discussion prit une tournure un peu moins mauvaise alors que Freya le questionna sur sa séparation avec Willow. « C’est Zoya. On sait tous de quoi elle est capable. » Il fronça les sourcils en l’observant d’un air dubitatif. « Ce n’est quand même pas une menteuse… » Son aînée n’aurait eu aucun intérêt à le faire à ce sujet du moins. « Enfin, ça dépend quand… » Quand ça la concernait elle, ça pouvait lui arriver de mentir, mais elle inventait rarement des choses au sujet de son frère. Considérant que Freya et lui n’étaient plus proches depuis longtemps, il était surpris de constater que sa sœur et elle discutaient de lui, ou que sa sœur lui parlait de lui, s’il se fiait aux paroles de la jeune femme. « Erreur. Ta sœur me parle de toi. Elle s’inquiète pour toi. » Il comprit sans trop de difficulté que sa sœur ne lui racontait pas des souvenirs heureux qu’ils partageaient, mais qu’elle lui parlait plutôt de sa situation, de comment il allait depuis son accident et ça le rendait profondément mal à l’aise de se dire que Freya en savait beaucoup plus sur lui qu’il ne l’aurait voulu, que Zoya lui avait raconté des moments où il s’était retrouvé en position de vulnérabilité. Il la dévisagea un instant sans savoir quoi dire, brisant seulement le silence après de longues secondes à la scruter de ses yeux noisette. « Elle n’a plus besoin de s’inquiéter, je suis sorti de l’hôpital. Je vais mieux. » Mais pas bien, peu importe ce qu’il pouvait bien dire.

Afin de ne pas s’éterniser sur ce sujet, il fit dévier la conversation sur les choix musicaux de sa sœur qu’il jugeait douteux et dès qu’un rire franc franchit les lèvres de la brune, les épaules du brun se relâchèrent et il lui adressa même un petit sourire. « C’est pas vrai ? Elle a vraiment fait ça ? » Il hocha la tête avant de se pencher vers elle comme s’il allait lui confier le plus grand de ses secrets. « Oui. Si tu savais toutes les infos croustillantes que j’ai à son sujet. » Tu donnes des informations compromettantes à mon sujet, sœurette? Ce petit jeu se joue à deux. « Tu devrais répliquer avec la dernière chanson des sorcières de salem. J’ai cru comprendre que ça envoyait du lourd. » Freya ne l’avait pas fait exprès, mais sa moquerie le ramenait une fois de plus à son accident et à tout ce qu’il n’était pas en mesure de faire depuis. Il n’avait certes pas besoin de sa jambe pour composer, chanter ou jouer de la guitare, mais l’envie n’y était plus et il boudait son instrument depuis des mois. « On est en pause. » se contenta-t-il de répondre sans l’ombre d’un sourire et sans explication, elle comprendrait bien assez vite qu’il en était le responsable. La musique avait toujours fait partie intégrante de sa vie, plus particulièrement durant les périodes difficiles où il pouvait mettre ses émotions sur papier pour s’en libérer. Cette fois-ci, cependant, il boudait autant les courbes de sa guitare que son carnet dont il avait l’habitude de trainer partout au cas où il était pris d’un élan d’inspiration en plein supermarché. Les gens changeaient tout comme leurs centres d’intérêt, ce dont Freya ne semblait pas aussi convaincue que lui. « Je n’en sais rien. Tu penses vraiment qu’on peut changer du tout au tout ? » Il passa une main dans ses cheveux ébouriffés tout en haussant une épaule. « Je pense que oui, selon l’âge et le bagage qu’on acquiert. » Un peu au même titre qu’on ne peut pas savoir sur quel genre de chat on va tomber en adoptant un chaton, versus un chat adulte dont la personnalité est déjà bien établie, il était d’avis qu’on ne pouvait pas se fier sur le caractère de quelqu’un à l’enfance et l’adolescence pour savoir avec assurance comment cette personne sera à l’âge adulte. Les gens continuent d’évoluer ensuite sans changements aussi drastiques peut-être, à moins de vivre des évènements traumatisants comme il avait vécu. « Après je suppose que je ne serais pas aussi objectif selon la personne de qui on parle. » ajouta-t-il en haussant les sourcils avant de pincer ses lèvres  alors que Nahele lui traversa l’esprit. Malgré les années qui avaient passé, il lui en voulait toujours autant de lui avoir donné un ultimatum pour qu’il choisisse entre lui et son rêve de vivre de la musique. « Cela dit, j’aime cette idée d’avoir à faire à un Cameron 2.0. » Et lui aussi avait toujours aimé cette idée parce qu’il n’était pas fier de qui il était à l’adolescence.

Au fil de la discussion, Cameron finit par se détendre et par être plus à l’aise en la présence de Freya malgré les piques qu’ils se sont lancés un peu plus tôt. Pour une rare fois, il décida d’accepter le verre d’alcool qu’on lui tendait, de relâcher la pression qu’il se mettait et de se permettre de vivre un peu. « Ça change du soda, pas vrai ?  » Il hocha la tête en souriant. « Tu dis. Je ne sais pas ce que mon corps va en penser par exemple. » Il rit légèrement avant de plisser ses yeux en voyant l’air de défi dans son regard à elle. « Allez, donne-moi ton verre. » Il s’exécuta sans se faire prier, portant le verre à ses lèvres aussitôt qu’elle termina de le servir. Son regard se perdit ensuite dans sa coupe alors qu’il commença à faire tourner l’une de ses bagues autour du doigt de sa main qui tenait sa coupe. « Cameron... » La voix de la brune le fit sortir de ses pensées, il releva la tête et posa sur regard sur elle. « Hmmm? » Il prit une gorgée de plus tout en l’observant avec attention alors qu’il pouvait sentir le malaise qu’elle ressentait. « Si… Tu as besoin, un jour, pour Dallas. Sache que ma porte est ouverte. » Lentement, il rebaissa sa coupe qu’il appuya contre sa cuisse sans la quitter des yeux, l’air sérieux. Malgré toutes les méchancetés qu’ils s’étaient échangées ce soir, il appréciait son aide et il n’avait aucune envie d’être désagréable avec elle cette fois-ci. Des alliés, il en avait peu, et malgré tout ce qu’il pouvait dire, ça lui faisait du bien de voir que Freya voulait être là pour lui malgré son attitude. Elle semblait vouloir se battre davantage pour lui que son propre frère Deklan et ça le touchait, même s’il ne comptait pas se rendre si loin dans ses confessions. Au bout d’un moment, il hocha lentement la tête en fixant ses mains. « Merci, j’apprécie… » Il osa lui adresser un léger sourire, posa sa coupe sur la table et il prit le cadeau qu’elle lui avait donné pour Hannah. « Je devrais y aller avant de trop boire, sinon tu vas devoir m’endurer jusqu’à demain. » Il attrapa sa canne qu’il utilisa pour s’aider à se relever après avoir pris la laisse de Dallas. Avant de prendre prudemment la direction de la porte, il se tourna vers Freya pour lui faire un petit signe de la main. « Bye. »
© Laueee
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