J’ai passé les derniers jours à ruminer entre l’envie de laisser tomber et celle de vouloir tout donner pour le récupérer. Le mariage, une belle connerie si vous voulez mon avis et si je me suis longtemps laissé prendre au jeu lorsque j’étais gamin ; j’ai fini par ne plus y croire le jour où mon père s’est tiré pour ne pas avoir à assumer ses responsabilités. Plutôt ironique quand on sait que si Damon est sur le point de se marier, c’est uniquement pour protéger un géniteur qui n’a visiblement pas les épaules assez larges pour affronter les conséquences de ses actes et par ‘actes’ j’entends : toutes les erreurs qu’il a pu commettre et qu’il est trop faible pour pouvoir assumer. Comme quoi, on finit toujours par en revenir aux responsabilités quand il est question d’union entre deux personnes. À la différence que si certaines mènent à un divorce, d’autres poussent à un mariage forcé. J’ai fini par pesé le pour et le contre, le résultat a été sans appel puisque je me suis retrouvé avec un bon nombre d’arguments défavorables tels que, je cite : perdre mon job ; ne plus pouvoir subvenir aux besoins de ma famille ; me faire tabasser par Saül ; Survivre pour finir par être assassiné comme dans une partie de Cluedo ‘Le colonel Williams avec le stylo Montblanc dans la tour de verre’ et j’en passe.
Pourtant, je me retrouve dans ma voiture à me laisser guider par la voix du GPS vers le seul endroit de la ville où il ne m’est pas permis d’aller. Et si je le fais, ce n’est pas parce que je suis suicidaire, ni même parce que je n’ai pas conscience de la chance que j’ai de pouvoir bosser pour une société telle que la MHI. Non, je le fais parce que le seul nom inscrit dans la colonne des ‘pour’ vaut bien plus que tous les ‘contre’ réunis. Je me dis que si Saül avait eu envie de me virer, ça fait longtemps qu’il l’aurait fait. Alors, je retrace le chemin inverse de celui que Damon a un soir emprunté pour venir toquer à ma porte et tout me balancer. Je m’aperçois désormais à quel point ça a dû lui demander une bonne dose de courage que d’aller à l’encontre des exigences de son paternel. Car, quiconque connait Saül, sait que c’est dans le sens du poil qu’il aime être caressé et non l’inverse. Il n’est peut-être pas mon père, mais je peux sentir l’adrénaline me monter à mesure que je me rapproche de la destination finale et si j’ai les mains moites, ça n’a rien à voir avec le vieux cuire qui revêt le volant.
Je finis par me garer dans une impasse à quelques rues de celle où vivent les futurs mariés. Un emplacement peu stratégique, mais qui a pour mérite de bien représenter le point de non-retour que je m’apprête à franchir. La limite, la seule chose qui pourrait me coûter mon job ainsi tout ce que cela peut représenter. Je remonte l’allée, les mains dans les poches et mon dossier sous le bras, j’ai beau tenter d’avoir l’air naturel, de me faire passer pour le petit nouveau du voisinage, il suffirait de s’attarder un peu plus longtemps sur ma posture pour comprendre qu’elle a tout de celle d’un hors la loi. Malgré tout, je finis par prendre mon courage à deux mains et appuie sur la sonnette d’un immeuble qui est à l'opposé de celui dans lequel je vis.
Un casque emprunté - volé - à Damon, Murphy se gave de glaces en tous genres. Pink + White dans les oreilles, elle n'a fichtrement rien d'autre à faire que de danser en petite culotte au milieu du salon. La ville est belle, de là où elle se trouve. C'est bien différent de l'appartement de son père, le petit appartement minable dans lequel il a l'habitude de fumer comme un pompier en grattant sa pitoyable guitare. Ici, la vie est douce. Murphy a sa propre chambre, spacieuse et complètement tranquille. Elle peut y ranger ses affaires - dans les limites du raisonnable d'après sa sœur - et même enfiler certaines de ses robes lorsque celle-ci n'est pas là. Officiellement, Murphy est à la recherche de l'appartement de ses rêves, du job de ses rêves et de la vie de ses rêves en généralement. Officieusement, elle ne fait que subtiliser discrètement des bijoux que sa soeur ne porte plus. La jeune australienne a déjà louché sur une montre qu'elle n'a jamais vu au poignet de Damon. Se serait-il rendu compte de son absence ? Probablement pas. Elle ne s'est pas risquée à la subtiliser pour autant. Avec l'argent qu'elle amasse discrètement, Murphy justifie son train de vie royal. Toutes les robes qu'elle ne peut pas s'acheter, Murphy les prend directement à la source. Le temps que les vendeurs se rendent compte de quelque chose, la voilà déjà partie. Avec son argent, la brune s'achète sa dose habituelle de poudre blanche, une matière première dont elle cache bien sûr l'existence à Megan. Peut-être qu'elle comprendrait, elle. Mais Damon ?
Elle n'a pas fini de chanter le refrain qu'on sonne à la porte. « Vous en avez mis, du temps. » Le livreur de pizza n'a peut-être pas compris qu'en entrant en retard dans un immeuble comme celui-ci, il allait s'attirer les foudre de sa cliente. Après tout, en l'absence de Damon et de Megan, Murphy règne en monarque absolue sur l'appartement. Tout ce qu'il manque entre ces murs c'est un animal, pour égayer un peu le tout. L'appartement est plutôt froid, bien que parfaitement décoré. C'est comme si Megan et Damon ne l'habitait pas vraiment. Peut-être que Damon est trop occupé par son travail, peut-être aussi que Megan sort un peu trop pour l'habiter vraiment. Après tout, les bébés couples mettent toujours du temps avant de vraiment s'installer dans leur cocon. Peut-être que les oisillons n'ont pas encore fait leur nid. Et puis, ici, il manque cruellement d'espace pour un enfant. Avant le début de l'année, ils auront peut-être pour leur famille nouvellement constituée des projets d'agrandissement ? La sonnette retentit à nouveau et Murphy laisse pendre le casque autour de son cou.
Oh que la surprise est grande lorsqu'elle ouvre la porte non pas au livreur de pizza mais à un jeune homme - qui n'a franchement rien d'un coursier. « Heum... Oui ? » Malgré la saison, le froid gagne la jeune femme qui n'a pas pensé une seule seconde à jeter un regard au judas avant d'ouvrir grand la porte. D'un regard en biais, elle dévisage celui qui lui fait désormais face, une main sur le chambranle de la porte. « T'es pas le livreur de pizzas. »
C'est fou comme le temps peut paraitre long quand on attend et encore plus lorsqu'on se perd à espérer des choses qui ne verront jamais le jour. La patience, une qualité qui ne m'a jamais vraiment habité. Il faut dire que comme la plupart des gens de ma génération, je suis né dans une société qui m'a habitué à avoir pratiquement tout en l'espace de vingt-quatre heures, du moins tout ce que j'avais les moyens de me payer, c'est à dire pas grand chose. Tout ça pour dire que faut pas s'étonner si y'a de plus en plus de gens qui se montrent impatients. On a plus vraiment la notion du temps, nous, les jeunes. On sait pas ce que c'est que de ne communiquer que par courrier, les textos mettent une demi-seconde à s'envoyer et mis à part lorsqu'on se fait ghoster, les réponses ne mettent pas plus de quelques heures -grand maximum- à arriver. Il en est de même pour les achats, elle est belle la magie d'internet surtout quand ça nous donne accès la livraison express. Désormais, il suffit d'un clic pour que l'objet tant convoité arrive dans notre boite aux lettres et ce, dès le lendemain matin. Au final, y'a que pour les relations que ça fonctionne encore à la vitesse d'un train intercité sauf pour ceux qui ont tendance à se prendre pour des tgv. « Vous en avez mis, du temps. » La voix qui résonne à travers l'interphone me fait sursauter. Une voix féminine qui m'est étrangère et qui ne peut appartenir qu'à la future mariée. "Euh" Je peux l'entendre raccrocher tandis que la porte s'ouvre sous le poids de mon corps. Place au plan B, voilà ce que je pense quand je fais irruption dans la cage d'escalier. Je refais le scénario dans ma tête me mettant dans la peau du type qui ne vient que pour partager des informations sur un dossier important. Un collègue de boulot qui ne fait qu'obéir aux demandes de son patron. Vous savez pourquoi c'est toujours le plan B qu'on utilise en dernier recours ? Parce que c'est un B pour 'situation Bancale', voilà pourquoi. Je décide de prendre l'escalier et de faire toutes les portes du paliers jusqu'à y voir le nom de celui que je suis venu retrouver. La lettre B, peut aussi signifier 'je me suis fait baiser'. J'ai l'air bien bête avec ma lampe torche allumée pour pouvoir lire les noms inscrits sur les différentes plaques en or plaquées. Je serais jamais venu si j'avais su que je me retrouverais à faire de la spéléologie. Le truc c'est qu'il est hors de question d'allumer la lumière, je connais les mamies qui squattent le judas pendant toute la sainte journée et j'ai pas forcément envie que l'une d'entre elles se précipite pour composer le numéro de la police.
Je finis par trouver la bonne porte, le dossier sous le bras, il me faut quelques secondes pour reprendre ma respiration et remettre de l'ordre dans les répliques déjà toutes préparées. « Heum... Oui ? » Elle a l'air tout aussi étonnée que moi. C'est qu'elle ne ressemble en rien à la blonde que Damon s'apprête à épouser. « T'es pas le livreur de pizzas. » "Et toi, t'es sacrément perspicace pour une gamine." Mes yeux viennent se poser une nouvelle fois sur la plaque qui porte bel et bien le nom de l'italien. "Damon est là ?" que je demande tout naturellement en jetant un coup d'oeil à travers l'embrasure de la porte. "Et tes parents ne t'ont jamais appris à ne pas ouvrir aux inconnus ?" Livreur de pizza ou pas, elle aurait pu tomber sur un psychopathe. C'est que y'en a des fous à Brisbane, il suffit de regarder les infos pour s'en rendre compte. C'est pas parce qu'elle se trouve dans un immeuble de riches qu'elle est à l'abris de toutes infractions, bien au contraire. Une chance qu'elle soit tombée sur moi, même si je peux pas en dire autant me concernant. Son visage me dit vaguement quelque chose, y'a comme un air de déjà-vu sans que je n'arrive à remettre le doigt sur l'endroit où nos chemins auraient pu se croiser. Peut-être que je me trompe, qu'elle a juste des airs d'une fille que j'ai pu rencontrer, ça m'étonnerait pas qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau à l'une des ex-copines de Seth, vu le nombre de filles que j'ai vu défiler à l'époque où nous passions la plupart de nos soirées ensemble. "Je dois déposer un dossier, tu permets ?" Je compte pas rester planter là bien longtemps. J'ai d'autres chats à fouetter que de faire la conversation à une parfaite inconnue sauf si je me rends compte que cette inconnue a la langue bien pendue. Là, y'a des chances que ça m'intéresse et encore, je suis pas certain d'avoir envie d'en apprendre davantage sur ce qui peut bien se tramer derrière cette porte.
Le livreur de pizza n'a pas de pizza en main mais il n'est pas désagréable à regarder. Murphy s'attarde sur les traits fins de son visage et se dit alors qu'il plairait peut-être à Megan, elle qui apprécie les jolies choses. Mais le livreur n'est pas très aimable, à l'inverse de Murphy qui essaie de son mieux d'être la plus agréable possible. « Et toi, t'es sacrément perspicace pour une gamine. » Un sourcil haussé, Murphy s'appuie contre les gonds de la porte. Il est sacrément culotté pour un type à la gueule d'ado. « T'as l'air d'encore faire dans des couches, pourquoi tu me parles ? » Bonjour à toi aussi, nonobstant. La jeune femme bâille à s'en décrocher la mâchoire et guette la montre qu'elle a volé à Damon, égrainant son précieux temps. Non, elle n'a rien prévu d'autre que de regarder passer la journée en dansant en culotte partout dans l'appartement, mais ce type qui ne livre pas de pizza lui fait perdre de la marge sur sa précieuse activité favorite. « Damon est là ? » « Tu lui veux quoi ? » qu'elle argue, se déplaçant en même temps que lui dans le but de l'empêcher de regarder dans l'appartement. C'est dingue ce que les gens peuvent se permettre sous prétexte qu'ils se croient supérieurs. Il n'en est rien et Murphy ne compte pas se laisser marcher sur les pieds si facilement.
« Et tes parents ne t'ont jamais appris à ne pas ouvrir aux inconnus ? » « Tes parents t'ont jamais appris à fermer ta gueule ? » La voisine en profite pour sortir à ce moment là et Murphy la gratifie d'une salutation de la main. Alors qu'elle la dévisage, la jeune femme lui offre son plus beau doigt d'honneur. Tant pis pour les voisins de Megan et de Damon, ils n'ont qu'à pas être désagréables s'ils ne veulent pas se frotter au caractère de Murphy en retour. Au moins, l'inconnu a vu que cet endroit n'était pas assez isolé pour attaquer Murphy. A moins qu'il s'en fiche ? Que fait-il ici au juste ? « Je dois déposer un dossier, tu permets ? » « Damon et moi on est occupés, si tu vois ce que je veux dire. Tu peux pas le voir. » qu'elle rétorque, jouant avec une mèche de ses cheveux. S'il pense que Damon est à la maison, cela ne fera que l'emmerder d'autant plus, ce qui rempli Murphy d'une certaine joie. Et maintenant, s'il pouvait dégager... « Reviens pas, on en a pour la journée. » qu'elle finit ma minauder, refermant délicatement la porte en priant pour qu'il ne glisse pas son pied dans l'embrasure... ou qu'il n'essaie pas de l'enfoncer d'un grand coup d'épaule.
désolée c'est si court :(
Dernière édition par Murphy Rowe le Lun 10 Jan 2022 - 9:29, édité 1 fois
Elle me dévisage et je fais de même, baissant les yeux sur la peau laiteuse qui recouvre son visage enfantin. « T'as l'air d'encore faire dans des couches, pourquoi tu me parles ? Wow. C'est qu'elle attaquerait presque, la fillette. Elle se met à bailler, comme si c'était moi qui lui faisais perdre son précieux temps alors que de mon point de vue, c'est elle qui m'empêche de faire ce pourquoi je suis venu. Qu'elle gobe une mouche, ça me fera les pieds. « Tu lui veux quoi ? » Je le veux lui, pour commencer, même si ces dernières semaines m'ont prouvé qu'on était loin de pouvoir tout avoir dans la vie. Je veux lui parler, voilà ce que je veux, pour ne pas avoir à vivre avec des regrets. J'use des mes centimètres en plus pour guetter sa présence à l'intérieur de son appartement tandis qu'elle de contrer mon indiscrétion par des mouvements désynchronisés. Cette fille, c'est typiquement le genre de personne qui pourrait détruire tout un flashmob en restant debout alors que tous les danseurs s'accroupissent. "T'es qui, sa secrétaire personnelle ?" que je souffle sans pour autant alimenter sa curiosité mal placée. Peut-être c'est simplement sa pote de promotion, le décalage intellectuel semble important, mais c'est sûrement parce qu'à la différence de Damon, la brune préfère trainer en culotte et se goinfrer de pizza plutôt que d'aller en cours. « Tes parents t'ont jamais appris à fermer ta gueule ? » Mes lèvres s'entr'ouvrent dans le but de former les syllabes d'une phrase qui ressemblerait à quelque près à un 'va te faire foutre', mais la voisine sort et je détourne la tête pour ne pas que mon visage soit assimilé à la gamine et son majeur. « Damon et moi on est occupés, si tu vois ce que je veux dire. Tu peux pas le voir. » Non, je vois pas ce qu'elle veut dire ou plutôt : j'ai pas envie d'imaginer ce qu'elle tente de laisser sous-entendre. Malgré tout, ces paroles arrivent à me faire douter et cela n'a rien à voir avec son esprit de persuasion, non, si je doute c'est parce qu'il m'est arrivé de ne pas croire aux rumeurs concernant le futur mariage de Damon et qu'elles ont fini par s'avérer être justes. C'est mon égo qui me pousse à y croire à moitié, par peur de se retrouver une nouvelle fois bafoué par une énième vérité. « Reviens pas, on en a pour la journée. » Un rire sec résonne dans le couloir, le mien. La pointe de mon derby vient s'immiscer dans l'ouverture de la porte avant qu'elle ne puisse la refermer. "Je crois que je n'ai pas été suffisamment clair." Clairement pas, sinon elle m'aurait laissé entrer au lieu de me claquer la porte au nez. Cette fois-ci -pour éviter tout malentendu-, je pousse la porte et m'immisce dans le logement sans lui demander son avis. "Damon, c'est Angus." que je lâche un peu trop fort pour annoncer ma présence. Mes yeux se posent sur les pots de glaces entamés qui trônent sur la table basse du salon avant de se reporter sur l'adolescente pré-pubère et la montre qu'elle a au poignet. " Tu fais quoi avec sa montre ?" Parce que tout comme cet appartement, la montre ne lui appartient pas. C'est à celui qui m'a tout l'air de manquer à l'appel qu'elle revient et c'est là que je me souviens. Mon sang ne fait qu'un tour alors que je me retourne pour l'attraper par le bras. "T'es la petite voleuse du vide-grenier." Celle que j'ai eu la bonté de sauver sans savoir que je finirais par la retrouver en petite culotte, chez Damon et avec un objet de valeur qu'elle vient sans doute de lui sous-tirer.
Elle ira peut-être chercher un couteau dans la cuisine, s'il le faut. Certains types ne sont effrayés que par les armes. Elle aurait aussi peut-être dû se procurer un glock, bien que plus bruyant et carrément plus illégal. Mais Murphy aurait-elle eu les reins assez solides pour presser la détente ? « Je crois que je n'ai pas été suffisamment clair. » Dans l'embrasure, une chaussure se coince. Bientôt, le jeune homme passe la porte, non sans arracher un cri de surprise à Murphy. Elle le détaille maintenant d'un regard courroucé. « Damon, c'est Angus. » Angus, donc. Tu n'aurais pas dû donner ton prénom, mon grand. Inspecteur Murphy reprend du service. Téléphone en main, elle s'empresse d'envoyer un sms à Megan.
Murphy C'est qui Angus???
« Tu fais quoi avec sa montre ? » « Hein ? Rien. » Ni une ni deux, le type lui attrape le bras. Murphy hurle, se débat comme un beau diable. Elle ne pense soudain plus aux voisins et aux personnes qui pourraient les entendre. Dans l'appartement, elle est de toute façon seule. Angus est plus grand qu'elle, bien trop grand pour qu'elle ne puisse espérer courir se réfugier chez la voisine à qui elle vient de faire un doigt d'honneur. « Lâche moi putain, t'es malade ou quoi ?! » qu'elle beugle, secouant son bras dans tous les sens et griffant Angus au passage. Mais rien n'y fait. Il a des mains de géant et fait au moins trois fois son poids. S'il le voulait, il pourrait la passer par la fenêtre. Oh, qu'ils sont loin les couteaux dans la cuisine.
C'est alors que le regard d'Angus change encore. De la colère au courroux. Murphy pâlit et cesse de se débattre comme un fauve. « T'es la petite voleuse du vide-grenier. » Elle sait où elle l'a déjà vu. C'est évident. « N-non ? » Tout dans sa voix, dans son attitude crie "oui", mais elle cherche encore à se défendre. C'est un grand coup de genou qu'elle envoie dans les parties de l'intru, histoire de profiter de sa surprise et de sa douleur pour prendre la poudre d'escampette. Angus ne l'aura pas.
Elle se souvient alors de cette première rencontre. Il avait ignoré ses mains promeneuses, sur l'étale, au milieu des trésors. Il l'avait même aidée. Angus avait été, ce jour là, d'une bonté sans nom. Une bonté qui n'a plus cours, pas alors que la brune porte au poignet la montre de Damon. Il en a des tas, une de plus une de moins...
dé parce que pourquoi pas:
win : murphy atteint la salle de bain et parvient à s'y enfermer. meh : murphy ne trouve pas de cachette mais commence à courir dans tout l'appartement à la recherche de quelque chose pour se défendre. fail : en cherchant à s'échapper, murphy se prend les pieds dans le tapis et tombe face contre terre.
Dernière édition par Murphy Rowe le Mar 11 Jan 2022 - 12:52, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Mes yeux ne quittent pas le cadran d'une montre que je jurerais avoir déjà vu au poignet de Damon. Un bracelet trop fastueux pour la gamine qui fait le pied de grue dans un appartement qui n'est pas le sien, tout comme ce bijou qui me pousse à la questionner. « Hein ? Rien. » Elle se met à gueuler lorsque mes doigts viennent se refermer sur son petit bras laiteux. Prise au dépourvue, la voleuse tente de se débattre, en vain. Sa voix monte tellement dans les aigus que je commence à me faire du souci pour mes tympans et ceux des voisins qui, à ma grande surprise, ne se bousculent pas devant l'entrée. Il n'y a que nous, cette fille et moi, personne à l'horizon même pas celui que je suis venu voir. En plus d'être complètement hystérique, je comprends aussi que j'ai affaire à une menteuse invétérée. Damon n'est pas là et s'il est occupé à faire je-ne-sais-quoi, je suis soulagé de ne pas le voir sortir d'une des pièces de l'appartement à moitié dessapé. « Lâche moi putain, t'es malade ou quoi ?! » Je dépose le dos de ma main de libre sur mon front pour vérifier l'absence de tout fébricule tandis qu'elle en profite pour me griffer avec ses ongles mal coupés. C'est qu'elle est totalement givrée, ma parole. Je lâche un juron, puis un deuxième avant de regarder la marque boursoufflée qu'elle a laissé sur mon avant-bras. Je suis pas malade, non. Par contre, je crois bien qu'elle souffre d'une cleptomanie aiguë en plus de toutes les autres merdes qu'elle peut bien cacher. C'est dans ce genre de situation que je suis heureux d'avoir un schéma vaccinal complet, on nous dit souvent qu'on peut chopper le tétanos en nous coupant avec un objet rouillé, par contre y'a personne qui nous met en garde contre les griffures de folles alliées. "Bon, je te donne cinq minutes pour me dire ce que tu fous ici sinon j'appelle Damon et les flics." que je la menace d'une voix qui se veut bien plus calme que l'état d'esprit dans lequel je me trouve réellement. D'une main, je viens extirper mon téléphone portable de ma poche arrière pour le secouer devant ses yeux dans le cas où elle serait assez bête pour ne pas me prendre au sérieux. Et puis d'un coup, ça fait tilt comme si mes neurones s'étaient mis en quatre pour ce souvenir de son visage. Je nous revois quelques années plus tôt, enfin c'est surtout elle que je revois. Son comportement suspect, ses yeux qui pétillent devant les différents stands du vide-grenier, mais surtout, je me souviens de ses mains flâneuses et de son sac, la gueule grande ouverte, prêt à engloutir le moindre objet de valeur.« N-non ? » Mensonge, encore, sauf que fois-ci elle se montre moins talentueuse que lorsqu'elle a voulu me faire croire que Damon était 'occupé'. Elle s'en souvient aussi et en guise de remerciement pour service rendu dans le passé, son genou vient cogner contre mon service trois pièces. Je grogne et lâche son bras par réflexe lorsque mon corps se recroqueville sous la douleur. J'aurais dû la laisser se faire prendre ce jour là, j'y réfléchirais à deux fois la prochaine fois qu'il me prendra l'envie de venir en aide à une cause perdue. Je sais pas si c'est le karma qui se décide enfin à vouloir remettre les compteurs à zéro, mais elle se mange le tapis et il m'en faut pas plus pour me réjouir. Je retiens même un rire alors que je me redresse pour venir m'assoir sur son cul. "T'as fini ?" J'attrape son poignet que je soulève au niveau de son visage avant de photographier son portrait en guise de preuve. "Tu comptes passer ta vie à voler ?" que je demande, vraiment intéressé par la réponse qu'elle est sur le point de me donner. "Il te reste trois minutes." que je l'informe après m'être penché pour regarder l'heure affichée sur le cadran de 'son' bracelet. En réalité, j'ai pris ma journée ce qui veut dire que j'ai tout mon temps. On peut même attendre sagement l'arrivée du propriétaire. "Deux minutes." tic, tac, tic, tac. Je commence déjà à composer le numéro des sans vraiment savoir ce que je pourrais bien leur raconter dans le cas où elle se déciderait à rester muette comme une carpe.
« Bon, je te donne cinq minutes pour me dire ce que tu fous ici sinon j'appelle Damon et les flics. » Il n'aura pas cinq minutes, puisqu'il reconnaîtra Murphy avant cela. Il n'y aura pas autant de temps pour s'écouler, pas quand les souvenirs lui remontent déjà du fond des yeux. Murphy aussi, se souvient. Son visage lui était familier. Elle a eu le temps d'échanger avec sa sœur à son sujet. L'ex petit ami de Damon, donc ? Bien, bien. Que fait-il ici, à quelques jours du mariage ?
Et lorsque Angus reconnaît Murphy, cette dernière se met à courir dans tout l'appartement à la recherche de quelque chose pour se défendre. Un couteau fera l'affaire, les couteaux font toujours l'affaire. Dents serrées, c'est dans le tapis qu'elle se prend pourtant les pieds avant de s'étaler lamentablement face contre terre. La douleur la sonne et c'est alors qu'Angus en profite pour s'asseoir sur le postérieur de la jeune femme qui hurle à en perdre la voix. Les voisins finiront peut-être par débarquer. « T'as fini ? » « Dégage ! » Mais le jeune homme fait deux ou trois fois la taille de Murphy qui, écrasée sous son poids, ne peut bien que gigoter dans tous les sens dans l'espoir de se libérer. Martelant le sol de ses poings, Murphy croit qu'elle finira bien par se libérer. Mais toutes les pirouettes qu'elle essaie de faire pour s'extirper de cette fâcheuse posture ne feront rien d'autre que la ridiculiser encore plus. Quand Angus attrape son poignet, la jeune femme essaie de le mordre, en vain. Les couteaux et les dents: ses deux armes de prédilection. « Tu comptes passer ta vie à voler ? » « Ferme ta gueule ! » Elle n'est pas en position de menacer, pas non plus en position d'insulter, mais la voilà qui se met à jurer comme une charretière pour essayer de couvrir la voix grave de son adversaire. « Il te reste trois minutes. » « Tu me fais mal, connard ! » qu'elle éructe, à bout de souffle. De petites étoiles noires et blanches dansent devant ses yeux. A force de se contorsionner dans tous les sens, la jeune femme sera bientôt à court d'air.
« Deux minutes. » « Damon a vraiment du goût, hein ? » qu'elle argue, sourire moqueur au bord des lèvres. Elle sait très bien qu'il n'appellera pas les flics. Il n'en a pas le cran. Lui aussi est dans la propriété d'autrui. Megan n'aura qu'à dire qu'elle lui a prêté la montre de son fiancé, personne ne questionnera sa légitimité. Un homme qui maîtrise une femme à terre, cependant, c'est sujet à suspicion de violences. Et en ce qui concerne le mensonge, Murphy est une experte. Elle n'aura qu'à dire comment Angus est rentré de force dans l'appartement, la poussant à terre avant de la menacer de ses poings. Elle se cognera le visage contre le sol s'il faut laisser des bleus sur son visage, se mordra les bras et se griffera les jambes s'il le faut, pour prétendre qu'il est responsable de cette salve de coups. « Je savais qu'il avait un truc pour la violence. Il a trop une gueule d'ange, il devait forcément aimer les gros durs dans ton genre. » Avec cette réplique, elle espère qu'Angus raccrochera l'appel déjà en cours. « T'es venu pour t'envoyer une dernière fois avec lui avant le mariage ? » qu'elle roucoule, à bout de souffle. Merci Megan.
« Dégage ! » Ses hurlements me poussent à jeter un coup d’œil furtif à la porte d’entrée. C’est elle qui a un passé douteux pourtant c’est moi qui me mets à paniquer à l’idée de voir un de ses voisins débouler alors que quelques secondes plus tôt j’attendais que ça de voir quelqu’un débarquer. La situation n’est plus en ma faveur, une armoire à glace posé sur le postérieur d’une fille qui a tout d’une gamine, y’a rien de mieux pour se laisser aller à des conclusions hâtives. Elle se tortille dans tous les sens sous mon poids, me donnant l’impression de rouler sur de multiples dos-d’âne. J’attrape sa main pour la prendre en photo car la montre qui habille son poignet ne lui appartient pas et quand on a rien à se reprocher, on essaye pas de fuir en se prenant les pieds dans un tapis qui coûte probablement plus cher que ma bagnole. « Ferme ta gueule ! » J’arque un sourcil et me penche en avant pour la regarder. Elle a de la chance d’être tombé sur moi, encore une fois, parce que je doute qu’un autre aurait accueilli ses propos avec autant de calme. « Tu me fais mal, connard ! » « Et une phrase sans insultes ça donne quoi ? » Pas de doute, elle fait bien partie de cette génération qui confond jurons et ponctuations. J’aurais dû la laisser se faire prendre la main dans le sac à ce maudit vide grenier, ça lui aurait peut-être servi de leçon. Au lieu de quoi, je la retrouve une nouvelle fois sur ma route comme si le destin me gueulait qu’en la protégeant ce jour-là, j’en avais fait ma responsabilité. Or, aujourd’hui, j’en ai plus rien à foutre de la voir finir ses jours derrière les barreaux. Je décide de me relever, elle peut bien aller s’enfermer dans la salle de bain si ça lui chante, j’ai passé l’âge de jouer les baby-sitter pour délinquantes. « Damon a vraiment du goût, hein ? » Mon comme à chaque fois que quelqu’un émet des suppositions sur ma relation avec le fils du patron. Pour autant, je ne me retourne pas pour la regarder. Ça lui ferait trop plaisir de voir que ses mots ont eu l’effet escomptés. Je ne sais pas si elle prêche le faux pour avoir le vrai, mais dans tous les cas, Murphy vient d’admettre qu’elle connait les propriétaires des lieux bien mieux que ce que je pouvais penser. Cette information aurait pu me faire perdre pieds quelques semaines auparavant, sans doute aurait-elle réussie à me faire chanter, mais aujourd’hui les choses sont différentes, Saül est déjà au courant. « Je savais qu'il avait un truc pour la violence. Il a trop une gueule d'ange, il devait forcément aimer les gros durs dans ton genre. » Je lâche un rire dont la sonorité est pleine d’amertume, le téléphone toujours dans la main, je me retourne pour faire face à celle qui prétend m’avoir percé à jour. « Ouais, ça doit être ça. » J’ai pas de compte à lui rendre et ce qu’elle peut bien penser de moi n’a aucune valeur. C’est souvent comme ça avec les gens, ils se font une idée, généralement la mauvaise, et sont beaucoup trop orgueilleux pour prendre le risque de creuser plus profond de peur d’avoir à admettre leurs erreurs. « T'es venu pour t'envoyer une dernière fois avec lui avant le mariage ? » Je range le téléphone dans ma poche arrière et attrape le dossier que j’avais déposé sur l’îlot de la cuisine. Ça me fait rire de la voir se pavaner en pensant qu’elle tient des informations que nul autre n’a en sa possession alors qu’en réalité, c’est peut-être la dernière personne à avoir été mise au courant dans le cercle d’amis des nouveaux mariés. Elle use de la situation pour tenter de m’humilier, prend plaisir à enfoncer le couteau dans la plaie, sans connaitre tous les tenants et les aboutissants car si tel était le cas, je doute qu’elle prendrait autant de plaisir à se réjouir d’un mariage forcé. « Non, les hommes fiancés, c’est pas ma tasse de thé. » Et réduire notre histoire à une partie de jambes en l’air m’a toujours débecté. Sans perdre de temps, je me dirige vers le hall d’entrée avant de jeter un dernier coup d’œil compatissant à celle que j’espère ne plus jamais avoir à recroiser. « Tu dois vraiment te faire chier dans la vie pour passer tes après-midi enfermée dans un logement qui ne t'appartient pas. » Finalement, sa situation n’a pas l’air si différente de la taule, elle reste prisonnière des autres, à la merci de personnes qui seront assez généreuses pour lui offrir l’aumône.