Lorsqu’Elise avait passé le pas de la porte tout en prenant soin de claquer celle-ci derrière elle, le Chilien s’était retrouvé seul face à toutes ses questions. Ses questions qui étaient toujours les mêmes : comment en étaient-il arrivés là ? Et à chaque fois, pas de réponse. Cette question n’avait jamais la même suite, jamais le même sens. Comment en était-ils arrivés à s’être mariés ? Comment en étaient-ils arrivés à dormir ensemble et comment en étaient-ils arrivés à ce qu’elle s’en aille aussi subitement ? Une erreur de parcours. C’est tout ce qu’il devait retenir, Dinis. Passer à autre chose sans regretter, sans s’excuser et sans être désolé. Parce que, pour une fois, il n’avait rien à se reprocher. Il ne se reprochait rien. Même, si en réalité, il avait peut-être cherché tout ça, en la poussant un peu trop, en se familiarisant, en étant beaucoup trop à l’aise avec la quarantenaire. Elle n’était pas prête à ça. A raison, sans doute. Les mots qu’elle avait utilisé restaient, avec bien trop d’importance, en mémoire de Dinis. Pourtant, il était même pas étonné. Profiteur, oui elle avait raison de le penser, lui, dirait plutôt être opportuniste, mais c’était deux points de vue bien différents. Si, en général, tout ce qu’on pensait de lui pouvait lui glisser dessus, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il entendait toujours la voix d’Elise lui répéter : « J’aurais jamais confiance en toi. »

J’avais hésité à jeter sa pellicule a la poubelle sans même tenter d’en faire un tirage. Mais finalement, la curiosité m’avait piqué et j’étais allé jusqu’au bout. Agacé, le résultat m’avait semblé terne, sans profondeur, rien d’intéressant a tirer de son portrait. Elle fait toujours la gueule Elise de toutes façons. C’est bon a jeter tout ça. C’était resté sur un coin de table, jusqu’à ce que je prenne le temps de les regarder de plus près. Me voilà attardé a la mater en détail en me disant a la fois qu’elle était belle et a la fois que c’était une vraie pétasse. C’est pas sa belle fille la pétasse, elle a raison, c’est sûrement elle. Qu’est ce que j’vais faire de ça ? Rien.
J’ai pas de nouvelles d’Eilene, elle s’est pas pointé chez moi, j’imagine qu’elle a du flipper avec ce test de paternité qui n’a même pas été fait. Et tant mieux, si j’ai pas cette folle sur le dos, j’aurai pas de gosse sur le dos non plus. Affaire classée.
Et comme un besoin de prouver qui j’étais, j’finis par embarquer les papiers du divorces pour me pointer chez Elise. Je prends les photos avec moi. J’vais lui mettre tout ça sous l’nez et après ce sera fini, j’aurai plus jamais besoin de la recroiser. Jamais.
Pas sûre qu’elle soit chez elle, je sonne, frappe a sa porte et sonne a nouveau. Si ça s’trouve elle m’a vu arriver de loin et se décide à pas m’ouvrir. Tant pis. J’vais vers sa boîte aux lettre pour tout glisser a l’intérieur quand elle se pointe juste en face de moi. « le facteur est passé. »


@Elise Irish

Foutu journée de merde. T'as du vomi plein le chandail, bon, plein, tu exagères un peu. C'est qu'une petite tâche de rien du tout, le plus gros est tombé à même le sol. Au moins, Lola a enfin arrêté de pleurer. Elle va s'y remettre si cet idiot de Jet arrête pas d'appuyer sur la sonnette. Pas foutu de se servir des clés que tu lui as prêté. Il choisit mal sa journée. C'est avec impatience que tu ouvres la porte de chez toi, mais oh non, c'est pas Jet. La surprise se lit facilement sur ton visage. Tu n'attendais personne, mais ton visage semble vouloir dire que tu attendais quelqu'un d'autre. Merde, qu'est-ce qu'il fait ici ? « le facteur est passé. » De quoi est-ce qu'il se mêle ? Tu regardes vers la droite pour y voir une enveloppe qui dépasse de la boîte aux lettres. « Pourquoi est-ce que tu choisis toujours les pires moments pour te pointer ici ? » que tu lui demandes en prenant l'enveloppe entre tes mains. C'est à croire qu'il avait un deuxième sens pour savoir quand était le meilleur temps pour t'énerver. Tu ouvres l'enveloppe pour en ressortir légèrement le paquet de feuille à l'intérieur, juste assez pour voir l'entête du document. Formulaire de demande de divorce, voilà ce que tu y lis. Presque un an jour pour jour, te voilà de nouveau avec ses papiers là sous la main. « C'est pas trop tôt. » que tu lui dis sèchement pour cacher que la vue de ses papiers te bouleverse un peu. Peu importe la raison d'un mariage, heureux ou pas, divorcer, ce n'est jamais très plaisant.

Tu le laisses entrer, referme la porte derrière lui. On jurerait que tu héberges un adolescent - c'est presque ça. Les affaires de Jet traînent partout dans la maison. Tu le soupçonnes de faire exprès de se laisser autant traîner juste pour que t'arrêtes de l'ignorer. Y'a aussi celle de Lola que tu supportes un peu mieux. Elle met de la vie dans cette maison et c'est bien la seule chose d'agréable dans cette colocation. « Donne-moi deux minutes. » Tu n'attends même pas sa réponse avant de monter jusqu'à ta chambre pour changer ton haut. Tu hésites entre deux morceaux, te demandant lequel des deux plairait le plus à Dinis. Et tu te détestes à la seconde où tu réalises vraiment ce que tu es en train de te demander. Le rouge tiens. Tu viens rapidement attacher tes cheveux en queue de cheval. C'est pas top, mais c'est déjà mieux. Tu parles d'une idée d'arriver ici à l'improviste.

Tu redescends quelques minutes plus tard en faisant signe à Dinis de te suivre vers la cuisine. « Tu tombes mal. » que tu lui dis en posant l'enveloppe sur la table. Il a dû le remarquer lui même que c'était pas le bon moment. Comme il a sûrement dû remarquer le bébé dans sa chaise haute qui a jeté son déjeuner par terre juste à côté de la flaque de vomit. Ah oui, tu l'avais presque oublié celle-là.

« Pourquoi est-ce que tu choisis toujours les pires moments pour te pointer ici ? » qu’elle me fasse pas croire qu’il y a des bons moments pour venir la voir. J’avais bien capté que c’était pas le cas. J’avais pas l’intention de rester, de toutes façons. Maintenant que le dossier était dans sa boite aux lettres, c’était la balle dans son camp. Ma part était faite, j’allais partir, attendre qu’elle revienne vers moi quand elle l’aura décidé pour confier le paquet à nos avocats. D’ailleurs, elle me l’avait déjà dit à plusieurs reprises : on était pas obligé de se voir pour gérer ça, nos avocats pouvaient s’en charger. Elle avait raison. Mais pourquoi j’étais là alors ? Bordel. Et pourquoi maintenant qu’elle a cette enveloppe entre les mains, je suis pas déjà dans ma voiture à repartir ? Et pourquoi bordel, Elise porte un haut avec des tâches ? « C'est pas trop tôt. » elle m’emmerde, jamais contente. Pas trop tôt, trop tard. Trop ci ou trop ça. Va te faire foutre, Elise.
Je crois que cette fois, je suis simplement énervé. Enervé ou agacé, j’ai du mal à comprendre, j’ai du mal à savoir. Elle dit rien et pourtant, je sais qu’elle m’invite à entrer chez elle ou plutôt, qu’elle me laisse entrer chez elle alors que non, j’suis juste censé partir et pas me retourner. Stop, maintenant, c’était les avocats qui s’occuperaient du reste. Dans quelques semaines, quelques mois, tout ça ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Finir Elise, fini les conneries de Madame Irish. Qu’elle récupère son nom, on s’en portera tous mieux.
J’entre chez elle et y a rien qui ressemble à ce que j’ai vu la dernière fois. Son appartement qui était impeccable, digne de magazine de décoration ressemblait à une chambre d’ado en pleine crise. Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? Son fils est revenue chez maman après s’être pris la tête avec la pétasse ? « Donne-moi deux minutes. » et voilà qu’elle disparait soudainement, c’est maintenant que je suis censé disparaitre moi aussi. Partir de là, mais j’attends comme un con dans son entrée alors que quelque chose, un bruit, ou plutôt quelqu’un, attire mon attention. Bordel. J’ai loupé quoi ? Mes yeux sont rivés sur ce bébé, dont je saurai pas trop dire s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon comme ça. Quoi que, on dirait bien une robe, ce truc tout taché qu’elle porte. J’comprends rien. « Tu tombes mal. » elle redescend enfin et mes yeux se portent sur elle et la détaille en quelques secondes, remarquant la nouvelle tenue qu’elle avait enfilé. « toujours, c’est c’que t’as dis, tout à l’heure. » est-ce que je lui en veux réellement pour m’avoir dit qu’elle me ferait jamais confiance ? Je crois que c’est bien ça le problème, je lui en veux et c’est en partie pourquoi je suis agacé. Depuis quand les paroles d’Elise ne font pas que glisser ? Depuis quand, je suis en boucle avec ce qu’elle peut dire ? « Qu’est ce qu’il se passe ici ? » que je demande, comme si j’étais en droit d’avoir une réponse. Alors que pas du tout. Je sais même pas pourquoi je m’intéresse.

« toujours, c’est c’que t’as dis, tout à l’heure. » Oui, en effet c'est ce que t'as dit. Il doit aussi se dire que tu dis toujours ça, mais là, il tombe vraiment mal pour de vrai. Tu n'as pas le temps de gérer cette paperasse là maintenant. De toute façon, peu importe ce que disent ses papiers là, tu ne comptes rien signer avant que ton avocat ne te dise que tout est en ordre. Pas question que tu te fasse avoir par un astérisque en bas de la page que tu n'aurais pas vu. Espérons qu'il ne soit pas trop pressé. Avec le temps des fêtes qui approche, ça risque d'être compliqué d'avoir un rendez-vous. « Qu’est ce qu’il se passe ici ? » Oh, ouais, il a pas l'air de vraiment comprendre ce qui se passe ici. Tu n'es même pas certaine de le comprendre toi même à vrai dire. « J'crois qu'elle a attrapé une genre de gastro. Fais gaffe où tu mets tes mains. » Un échange de microbe est si rapidement arrivé. De quoi le mettre tout à fait à l'aise. Ça te fait presque sourire qu'il soit aussi peu à l'aise. C'est du jamais vu. C'est pas déplaisant à regarder - et lui non plus. Bon, ce n'est sûrement pas ça qu'il avait vraiment envie de savoir avec sa question et tu le sais très bien. Ta maison est un vrai bordel. Ça aussi, c'est du jamais vu. « J'donne un coup de main à quelqu'un. » Une vraie mère Thérésa altruiste. Tu ne comptes pas vraiment lui en dire plus. Ce n'est pas de ses affaires ce qui se passe vraiment dans la vie de Jet. Tu n'as même pas voulu connaître les détails de ses problèmes. Moins tu en sais, mieux tu te portes. Ce n'est pas non plus de ses affaires qui est Jet et ce qu'il représente. Qu'est-ce que ça pourrait bien lui faire de toute façon ? « Il abuse un peu trop de mon hospitalité. » Sans Lola, tu l'aurais mis à la porte il y a longtemps. Il n'aurait peut-être même pas eu droit à une seule nuit ici.

« Pourquoi t'es de mauvaise humeur ? » Habituellement, c'est toi qui est de mauvaise humeur et lui qui en subit les conséquences. Pas l'inverse. Il ne devrait pas être content que le mariage tire à sa fin ? Même s'il ne retire rien de ce divorce, c'est quand même lui qui a gagné étant donné que tu l'as débarrassé de cette tarée. Toi, tu n'y gagnes vraiment rien sauf le divorce que tu désirais tant depuis des mois. Il devrait pas être content de se débarrasser de toi pour de bon ? Pourquoi il fait la gueule ? Il ne fait jamais la gueule. « Tu as eu une mauvaise nouvelle ? » que tu lui demandes en fronçant les sourcils. On dirait presque que tu te soucies de ce qui le tracasse. Hm, on dirait oui. Tu supposes que ça a un lien avec sa nouvelle paternité. Le résultat du test n'a pas été ce qu'il espérait ? Sa super ex (ou peu importe comment il l'appelle) est revenue l'emmerder ? Enfin, t'en sais rien. Il a sûrement d'autres problèmes que tu ne connais pas.

« J'crois qu'elle a attrapé une genre de gastro. Fais gaffe où tu mets tes mains. » ravissant, charmant, c’est donc ça, les mômes ? La gastro et de la purée partout ? Ca m’donne vraiment pas envie. J’ai plus tous ces souvenirs des gosses de Nicholas en tête, comme si j’avais totalement zappé comment ils étaient quand ils étaient bébé. Mon cerveau à du faire un reset complet et tant mieux, j’ai pas envie de me souvenir de tout ça, j’ai pas envie d’être confronté à tout ça. On se demande encore pourquoi j’aime tant cette vie de célibataire, sans nana et sans enfant ? Sans blague, suffit de voir à quoi ressemble cet appartement juste à l’instant. Et puis, c’était pas le sens de ma question. Je voulais pas savoir ce qu’elle avait, la gamine, j’voulais savoir pourquoi il y avait une gamine dans son salon, pourquoi on dirait qu’elle s’était reconvertie en assistante maternelle, pourquoi y a toutes ces affaires partout ? « J'donne un coup de main à quelqu'un. » et depuis quand elle est généreuse à c’point ? « Il abuse un peu trop de mon hospitalité. » j’y crois pas une seule seconde. « C’est que tu dois y trouver ton compte. » ça sonne un peu sec, ca sonne un peu comme un reproche même. Elle l’a cherché, non ? Si.
« Pourquoi t'es de mauvaise humeur ? » je fronce les sourcils, comme si je savais pas de quoi elle parlait. Comme si, j’avais aucune raison de l’être, parce que c’est vrai, j’ai aucune raison de l’être. « Tu as eu une mauvaise nouvelle ? » Pourquoi j’suis encore là ? « Rien. » je bougonne comme un gamin pris sur le fait. « Y a un truc que t’as pas vu, dans l’dossier. » je montre du menton la grande enveloppe brune. Elle avait pris les papiers vulgairement, sans y prêter plus attention, comme si c’était pas important. Elle est pas contente que j’vienne enfin avec le dossier ? Que je tienne ma parole ? Bref, j’m’en fou. Y a les photos dedans aussi. C’est pas forcément pour qu’elle se voit que j’ai envie qu’elle prenne deux minutes à les observer, j’ai juste envie qu’elle reconnaisse que le taf est pas trop mal, qu’elle y voit un intérêt, dans ces photos. Qu’elle voit c’qu’elle peut dégager, aussi. « J’pensais que tu te sentirai victorieuse d’avoir ces papiers entre les mains. » elle s’en fou juste, comme si c’était qu’un jeu pour elle. « j’veux en finir. » et passer à autre chose.

« C’est que tu dois y trouver ton compte. » Il est bête comme ses pieds et tu ne comprends vraiment pas pourquoi. C'était méchant et gratuit. Tu as envie de dire que ce n'est pas son genre, mais tu le connais pas. Tu le réalises de plus en plus à chaque fois que tu le vois. « C'est quoi ton problème ? » Qu'il aille directement au but Dinis. S'il veut te faire la gueule ou qu'il veut te faire des reproches, qu'il l'assume et qu'il aille jusqu'au bout.

« Rien. » Wow, on a connu plus crédible. Tes yeux s'agrandissent. Tu n'y crois pas du tout. Qu'il ne dise jamais que tu réagis comme un enfant, il n'est clairement pas mieux que toi. « Y a un truc que t’as pas vu, dans l’dossier. » Bon, le voilà qui change de sujet. Tu le laisses faire. Ça ne sert à rien d'insister. Il ne te dira pas ce qu'il ne veut pas te dire. Tu as envie de te dire que ça ne te concerne pas, mais c'est clairement contre toi qu'il est en colère. « J’pensais que tu te sentirai victorieuse d’avoir ces papiers entre les mains. » Tu lèves les yeux vers lui avant de les rabaisser sur l'enveloppe que tu tiens entre tes mains. La victoire n'a jamais eu un goût aussi amer. Tu ouvres l'enveloppe, ressort le document au complet que tu poses sur la table. « j’veux en finir. » Ça sonne si fatale dans sa bouche. « Bien. » que tu débutes en déglutissant. « Je m'occuperai de régler ça rapidement. » Si c'est ce qu'il veut. Rapidement, c'est relatif. C'est toujours long de la paperasse d'avocat. Tu pourrais sûrement pousser pour que ce soit plus rapide. Avec un gros chèque, on peut passer devant tout le monde. Tu ne le feras pas sans savoir pourquoi.

Tu fouilles dans le paquet de feuilles devant toi jusqu'à ce que tu tombes sur les photos. Quel con qui a vraiment pris ta demande mot pour mot. Ça veut dire quoi tout ça ? Tu prends le temps de les regarder attentivement, comme si tu avais peur qu'il te reproche de pas le faire. « C'est des belles photos. » que tu lui dis en levant le regard sur lui à nouveau. C'est sûrement normal vu que c'est quand même son métier, mais honnêtement, tu ne t'attendais à rien. Surtout pas des photos que tu n'avais même pas voulu participer à la base. « J'ai le droit de m'excuser de m'être emporté pour rien ou tu vas encore me dire de pas le faire ? » Parce que si c'est pas ça le problème, tu comprends pas ce que c'est. Et puis, c'est vrai que tu n'avais pas de bonne raison de le faire. Tu les penses vraiment ses excuses. Tu oses espérer qu'il arrive à déceler ton honnêteté. « Je pensais pas ce que j'ai dis. » Parfois, les paroles dépassent la pensée. « J'fais un effort là Dinis. » Comme si ça mériterait d'être souligné. Comme si ça le forçait à faire de même. Pourquoi au juste ? Le moment est un peu gâché par la gamine qui se remet soudainement à pleurer en tendant les bras vers toi. Ah les enfants toujours là au bon moment. Tu soutiens le regard de Dinis quelques instants avant de lui tourner dos pour aller prendre la petite dont les pleures ne semblent pas vouloir se calmer.

« C'est quoi ton problème ? » je comprends pas qu’elle se pose réellement la question et j’ai pas envie d’y répondre non plus. J’étais venu ici pour une chose : les papiers. Qu’elle signe et qu’on en parle plus. Cette plaisanterie à bien trop duré et si à la base, j’étais persuadé d’en sortir conquérant, je n’y tirai aucune épingle, aucun bénéfice. « Je m'occuperai de régler ça rapidement. » elle qui avait l’air si pressée d’en finir aussi et ce ,depuis le début, j’ai l’impression que là, ca lui glisse dessus. Est-ce qu’elle allait inverser les rôles et faire durer le plaisir à présent ? Est-ce qu’elle allait être vicieuse et trouver de quoi me mettre des bâtons dans les roues pour une raison ou une autre ? Elle a bien vu qu’elle avait rien à tirer de moi, je suis pas une pompe à fric sur laquelle elle pourra tirer sans en épuiser la source. Elle le sait très bien. Je n’ai aucun intérêt pour elle. Aucun.
J’attends cinq secondes et cinq secondes de plus encore, c’est le temps qu’elle met pour réaliser qu’il y a pas que des papiers dans l’enveloppe. J’ai aucune foutu idée de pourquoi ça a l’air si important pour moi que quelqu’un s’intéresse vraiment à mon taf, pourquoi ça a l’air si important qu’elle s’intéresse à ces photos-là. « C'est des belles photos. » j’suis pas certain que ce soit réellement sincère. Qu’est-ce que j’pouvais attendre de son regard d’amatrice, de toutes façons ? « J'ai le droit de m'excuser de m'être emporté pour rien ou tu vas encore me dire de pas le faire ? » elle a l’droit, parce que pour cette fois, c’est le minimum. « On va dire que tu peux t’excuser quand c’est légitime d’le faire. » et c’est l’cas, contrairement à l’autre fois. « Je pensais pas ce que j'ai dis. » de quelle partir elle parle ? quand elle a dit que j’étais un profiteur ? Quand elle a dit qu’elle aura jamais confiance en moi ? Quand elle est partie alors qu’il y avait aucune raison d’le faire ? Pas comme ça. « J'fais un effort là Dinis. » c’est sûre qu’elle doit pas avoir l’habitude de présenter ses excuses à qui se ce soit, ça doit être le genre de mot qui lui brûle les lèvres jusqu’aux tripes. C’est même pas ses paroles qui m’ont marqué, au final. Parce que j’ai l’habitude, de ses piques, de ses coups bas. « Je m’a… » la gamine se met à pleurer, me coupant aussitôt dans ma lancée et laissant Elise prendre le relai et s’éloigne comme pour pas m’infliger un tel traitement. Les pleurs de la gamines sont de plus en plus stridentes et c’est insupportable. « J’vais y aller. » que je dis en haussant le ton, pour qu’elle m’entende au travers des décibels aigues de l’enfant. Sauf que mon corps reste stoïque, pas un seul pas vers la sortie. J’attends. J’attends qu’elle se tourne à nouveau, qu’elle me donne l’autorisation de quitter son logement ou tout l’inverse, qu’elle insiste pour que je reste, parce qu’elle en peux plus de ces cris, parce qu’elle a besoin d’être en compagnie d’un adulte avec qui faire la conversation. Ouais, si elle me demandait de rester, je soufflerai, je lèverai les yeux au ciel, mais j’resterai.
La gamine offre un court instant de répit en se calmant, comme si les gestes d’Elise suffisait à l’apaiser. J’ignore ce qui lui passe par la tête à la gamine, mais Elise, on dirait qu’elle a fait ça toute sa vie. « J’disais, je vais y aller. » que je répète, comme si je réclamais à nouveau qu’elle me retienne.

« On va dire que tu peux t’excuser quand c’est légitime d’le faire. » Et c'est pas parce que tu t'excuses qu'il les accepte. Tu ne sais pas ce qu'il veut entendre, mais ça ne semble pas suffisant. Tu as l'impression que vous restez juste à vous fixer pendant des heures. Tu fais juste attendre qu'il dise quelque chose, qu'il arrête de te faire la gueule. Tu t'es excuser. Il ne peut pas juste retrouver son petit air arrogant sûr de lui ? T'es pas mal plus à l'aise avec ça. « Je m’a… » Et tu ne sauras jamais la suite de cette phrase qui est coupée par les cris de Lola qui a soudainement besoin d'attention. Il choisit vraiment mal son moment Dinis. Tu le laisses en plan, te retournes pour aller prendre la gamine dans tes bras. Pourtant, le geste semble aggraver la crise au lieu de la calmer. « J’vais y aller. » La voix de Dinis qui retentit parmi les pleures. C'est ça, va t'en. Tu reviendra quand t'auras retrouvé ta bonne humeur. Tu ne t'occupes même plus de lui. Tu t'occupes plutôt de bercer ce petit être dans tes bras. Elle est adorable. C'est bien la seule qui a le droit de te gerber dessus sans que tu ne dises rien. C'est une comptine italienne que tu lui fredonnes, la même qu'à Cosimo il y a vingt ans. Ça marche à tous les coups, peu importe le bébé. Tranquillement, les pleures s'espacent jusqu'à s'arrêter complètement. « J’disais, je vais y aller. » Ah bon, il est pas déjà parti ? C'était pourtant le moment idéal pour se sauver en douce. « J'ai entendue la première fois. » que tu lui dis en te retournant vers lui. Il ne bouge pas. Il attend quoi ? Que tu lui demandes de rester ? Il n'a pas envie d'être ici, qu'il s'en aille. Tu ne vas pas le supplier de rester.

Il était sûrement à deux doigts de partir quand la porte d'entrée se fait entendre. Et merde, il pouvait pas attendre cinq minutes de plus avant de revenir ici celui-là ? Tu sais pas trop quelle genre d'ambiance il y aurait entre eux. Pas certaine que tu aies vraiment envie de le savoir. Jet apparaît dans la cuisine quelques secondes plus tard. Tu t'avances vers lui en lui prenant le sac qu'il tient entre ses mains, Lola toujours dans tes bras. Tu as l'impression qu'il est parti à l'autre bout de la ville tellement il est parti longtemps. Ça ne devait prendre que dix minutes. Tu le soupçonnes d'avoir passé un bon vingt minutes dans l'allée à juste fixer toutes les boîtes de médicaments sans savoir laquelle prendre. Alléluia! C'est le bon médicament pour le bon âge. Tu étais convaincu qu'il ne reviendrait pas avec la bonne chose. « C'est Dinis. » que tu dis en voyant la tête de Jet qui arrête pas de fixer Dinis. Pas besoin d'en dire plus. Il sait très bien qui c'est. Et non, tu ne feras pas les présentations. Ils le feront eux même s'ils en ont envie. Ce sont de grandes personnes. Tu tiens pas particulièrement à ce qu'ils se connaissent de toute manière. « Il s'en allait. » Il l'a dit deux fois plutôt qu'une. Il y a un malaise là ou c'est juste toi ? C'est juste toi.

@jeremiah etish

J’ai pu avoir quelques minutes de repos en partant faire des courses. Je n’en peux plus de l’entendre hurler, je suis incapable de savoir pourquoi. Elise dit qu’elle est malade mais qu’elle peut gérer ça. Elle m’a filé une liste de médicaments et d’autres trucs à acheter, et je crois que ce sont les seuls mots qu’elle m’a adressé depuis qu’elle a accepté que je reste chez elle. Je suis sorti avec un gros sweat à capuche et un jogging. Je pense toujours au fait que je ne dois pas me faire remarquer. Je respire un peu et j’avance jusqu’à la maison avec deux sacs. J’entre sans toquer et mon regard se pose sur un homme que je ne connais pas au milieu du salon. Je le regarde de haut en bas avant de m’avancer jusqu’à Elise. « C'est Dinis. » Mes yeux s’arrondissent un peu. Je pose les sacs sur la table puis je croise mes bras sur ma poitrine. Qu’est ce que ce con fait dans son salon, elle comptait passer la soirée avec lui sans même me prévenir. “Qu’est ce qu’il fait là ?” Je ne lui pose pas la question à lui, je n’ai pas vraiment envie qu’on ait une conversation. La seule chose que je sais, c’est que c’est un connard, et je trouve qu’il en a vraiment l’air.

« Il s'en allait. » J’espère bien, je peux aller lui ouvrir la porte d’entrée s’il en a besoin. Je ne sais pas ce qu’il est venu chercher ici. Elise garde Lola dans ses bras et je pense que c’est mieux pour le moment. J’espère qu’elle ne lui a pas dit que c’était mon enfant, je veux garder ça secret, et je ne sais pas qui est ce mec en face de moi. J’ai seulement cru comprendre qu’il était prêt à tout pour récupérer de l’argent et cette information pourrait le faire. Je vide un sac et je vois au regard d’Elise que j’ai trouvé les bonnes choses. Je n’aurai donc pas à sortir à nouveau ce soir, désolé Dinis. “T’as besoin d’un plan pour trouver la sortie ?” Mes sourcils se froncent et je reste face à lui. Je ne cherche pas le conflit, mais il devrait voir qu’il n’est pas à sa place chez elle. Je ne dirai pas qu’il y a sûrement un fond de jalousie qui justifie cette réaction, elle est avec Lola, et il faudrait qu’il la laisse enfin tranquille. “T’as besoin d’aide ?” Elle se débrouille très bien avec la petite fille, mais j’essaie tant bien que mal d’établir à nouveau un contact avec elle, de me faire pardonner en quelque sorte.

« J'ai entendu la première fois. »  Quelle peste. Et alors que je m’apprête à vraiment partir, la porte s’ouvre en grand et un homme à l’allure d’un sdf fait immersion dans le logement. Ah donc, c’est à ça, qu’elle rend service. Depuis quand madame Irish fait dans la charité avec les clochards de service ? En tout cas, c’est pas son fils, il est trop vieux pour que ce soit l’cas. Mes yeux basculent entre lui et elle et le bébé qu’elle a dans les bras. Elle a quoi Elise ? Elle se sent pousser des ailes à donner un coup de main à un mec comme lui, juste parce qu’elle peut se redonner une seconde vie de mère de substitution ?  « C'est Dinis. » elle aurait ajouté un «  le fameux » avant ou après mon prénom, c’était pareil. Ça veut dire quoi ? Qu’elle s’est vanté de nos prouesses auprès d’une oreille attentive ? Qu’elle s’est plaint qu’une vieux connard ait abusé de sa vulnérabilité en lui passant la bague au doigt pour l’emmerder ? Après tout, elle a bien l’droit de le faire, je suis moi-même allé me plaindre à Amalia peu de temps après. Sauf que vu le regard qu’il me jette quand il semble avoir les lumières allumées à tous les étages, le portrait qu’elle a dépeint de moi n’a pas l’air joyeux. “Qu’est ce qu’il fait là ?” c’est pas à moi qu’il pose la question, alors j’ai pas l’intention d’y répondre. J’vais sagement attendre qu’Elise lui dise ce qu’il a envie d’entendre, curieux de voir le compte rendu qu’elle peut lui faire.
« Il s'en allait. » dans deux minutes, ouais. “T’as besoin d’un plan pour trouver la sortie ?” je passe ma main sur mon visage, frottant mon menton et roulant ma moustache entre mes doigts. Il me semble pas avoir vu deux noms sur la boite aux lettres en déposant le dossier dedans. “T’as besoin d’aide ?” j’aurai sans doute pas besoin d’être pour lui coller mon poing dans l’visage. Mais mes yeux se posent une seconde sur cette gamine qui pleurait toutes les larmes de son corps, il y a encore trois minutes. « Celui qui a l’air d’avoir besoin d’aide ici, c’est pas moi. » je saurai retrouver la sorte tout seul. « je savais pas qu’Elise faisait dans les bonnes œuvres. Enfin… » je sens déjà que je suis sur une mauvaise lancée, mais c’est plus fort que moi. « C’est souvent c’que fond les bourgeois pour se donner bonne conscience. » est-ce que j’étais réellement en train de m’en prendre à Elise pour tenter de le remettre lui à sa place ? Totalement. Est-ce que j’allais m’en mordre les doigts ? Aucun doute. « J’peux savoir qui t’es, puisque visiblement, pas besoin d’en dire plus à mon sujet, tu sais déjà tout. »

“Qu’est ce qu’il fait là ?” La discussion ne serait certainement pas la même si Dinis n'était pas présent dans la pièce avec toi et Jet. Tu serais un poil moins polis, ou un plus impolis, c'est selon. « En quoi ça te regarde ? » Ça lui ferait bien trop plaisir de savoir que Dinis est venu te faire la livraison des papiers. À moins qu'il se questionnerait à savoir pourquoi est-ce que ce n'est pas toi qui est allé lui porter. Tu sais pas avec lequel des deux tu as la relation la plus conflictuelle. Tout ce que tu sais, c'est qu'à cette seconde précise, des deux, c'est Jet que tu détestes le plus. Tu es plutôt rancunière au cas où il ne le savait pas encore. Les derniers jours le lui ont sûrement rappelé alors que tu ne lui parles que si ça concerne sa fille, sinon, tu l'ignores. “T’as besoin d’un plan pour trouver la sortie ?” Tu lèves les yeux au ciel sans te préoccuper d'eux. Dinis va partir et c'est tout. Tu t'occupes plutôt de fouiller dans le sac pour aller chercher l'aspirine. “T’as besoin d’aide ?” « Non. » S'il veut t'aider, qu'il commence par ramasser son bordel dans ta maison. Il serait déjà légèrement, très très légèrement, moins insupportable. C'est ta maison. Il a l'air de l'oublier. Quand est-ce qu'il dégage au juste ?

« Celui qui a l’air d’avoir besoin d’aide ici, c’est pas moi. » Oh sérieux, pourquoi il fait pas juste s'en aller ? Pourquoi est-ce que les hommes doivent toujours répondre aux attaques des autres ? La foutu testostérone ou peu importe. « je savais pas qu’Elise faisait dans les bonnes œuvres. Enfin… C’est souvent c’que fond les bourgeois pour se donner bonne conscience. » Qui est-ce qu'il essaie d'insulter là ? Toi ou Jet ? Tu sais pas pour Jet, mais pour toi, il frappe en plein mille; tu es insultée. Tu t'es déjà excuser. Qu'est-ce qu'il veut de plus ? « C'est sûrement pour ça que je t'ai épousé. Pour soulager ma conscience. » Aider son prochain, aider les pauvres tout ça. Jet n'est pas pauvre. Il est juste con et fait des choix stupides. Et ta conscience se porte très bien au cas où il se posait vraiment la question. Tu fais pas dans la charité, mais, ça, il le savait déjà. Il te connaît mieux que ça. « J’peux savoir qui t’es, puisque visiblement, pas besoin d’en dire plus à mon sujet, tu sais déjà tout. » À lui aussi, tu as envie de lui répondre que ça ne le regarde pas. T'es à deux doigts de le pousser jusqu'à la sortie avant que ça ne tourne mal. « C'est Jet. Il est musicien. » Autrement dit, fait une recherche google si tu veux savoir qui c'est. Le reste, c'est pas de ses affaires. De toute manière, pour l'instant, c'est tout ce qu'il est; Jet le musicien intrusif. « J'croyais que tu t'en allais ? » Il bouge pas trop pour un mec qui voulait s'en aller il y a même pas quelques minutes.

« En quoi ça te regarde ? » Bon, elle n’a apparemment toujours pas décidé de se calmer. Je ne sais pas si elle va me pardonner un jour, peut-être qu’elle le ferait si elle était enfin d’accord pour qu’on discute. Elle ne sait rien de ce que je peux penser et de ce qui m’a amené à prendre cette décision. Elle sait très bien que je ne suis pas un monstre avec elle, elle est vexée, et je ne peux que la comprendre, mais elle ne pourra pas me tourner le dos pour toujours. “Ca me regarde.” Je fronce les sourcils en la regardant, quoi, c’est une grande fan de son futur ex-mari maintenant ? Elle est pas possible, je pense que je n’arriverai jamais à vraiment la comprendre. « Non. » Je sens, qu’un de ces jours, on va se hurler dessus. Mais, finalement, c’est peut-être notre seule manière de communiquer. Elle oublie sûrement que c’est ma fille qu’elle tient entre ses bras et qui est malade. Je ne le dis pas, je n’entre pas en contact avec Lola parce que je ne sais pas ce que pourrait inventer ce con, alors je croise les bras et je ne bouge pas plus.

« Celui qui a l’air d’avoir besoin d’aide ici, c’est pas moi. » Oh, monsieur vit de le cliché, il a quel âge ? 90 ans ? Elle aurait au moins pu essayer de trouver un vieux mec riche, il a vraiment rien pour lui ce type. « je savais pas qu’Elise faisait dans les bonnes œuvres. Enfin… C’est souvent c’que fond les bourgeois pour se donner bonne conscience. » “Oui, c’est bien son genre de ramasser les clochards dans la rue, tu la connais bien à ce que je vois !” Qu’est ce qu’elle fait avec lui ? Au fond, qu’est ce qu’il a à lui offrir d’autre que des insultes et des problèmes ? Elle fait ses choix, c’est comme elle veut. Mais elle devrait peut-être savoir qu’elle a d’autres options, certainement un peu partout. Elle est riche, belle, indépendante, elle n’a besoin de personne pour faire sa vie, et c’est aussi plaisant que terrifiant j’imagine. Moi, elle ne me pardonnera peut-être jamais, j’ai joué au con et je ne fais que me prendre le revers de la médaille. « C'est sûrement pour ça que je t'ai épousé. Pour soulager ma conscience. » Y’a un petit rire qui traverse mes lèvres, rien de très bruyant. C’est ce que je disais, elle n’a besoin de personne pour se défendre.

« J’peux savoir qui t’es, puisque visiblement, pas besoin d’en dire plus à mon sujet, tu sais déjà tout. » “Je sais assez de choses pour savoir que tu devrais même pas passer la porte de cette maison, et j’ai pas vraiment envie d’en savoir plus.” Comme si j’allais me présenter à un inconnu après tout ce qui vient de se passer chez moi. « C'est Jet. Il est musicien. » Mes yeux s’arrondissent et je regarde Elise, pourquoi est ce qu’elle fait ça ? Je crois qu’elle n’a pas vraiment compris qu’il y a quelqu’un qui m’envoie des menaces de mort et qui a détruit mon appartement il y a quelques jours. “Rien de très intéressant en somme. Y’a pas grand chose à savoir sur moi.” Je ne veux pas qu’il fasse des recherches. « J'croyais que tu t'en allais ? »  Il n’aurait jamais dû venir finalement.

 Je me doutais bien qu’elle n’allait pas apprécié, mais aujourd’hui, c’est à moi de vouloir faire mal, de vouloir toucher en pleine cœur de manière volontaire et sans détour. Comme si les rôles étaient inversés, pour une fois. Et si, j’étais prêt à prendre les excuses qu’elle m’avait présenté plus tôt, lorsque ce mec sorti de nulle part était entré, c’est comme si tout avait été balayé. J’ai aucune idée de qui est ce mec, mais la façon dont il me regarde ne me plait pas et même si Elise a tendance à vite lui faire comprendre qu’il avait pas à poser de questions, lui avait tendance à croire qu’il était légitime de le faire et que je devais lui apporter les réponses. Y a que moi qui sens les tensions présentes ici ou on en est tous bien conscient ? Et si, l’attitude d’Elise traduit qu’elle veut pas de lui chez elle, on dirait pourtant qu’il est ici comme chez lui. Bordel, qui c’est ce mec ? Et cette gamine dans les bras d’Elise ? Je sais pas si le fait de ne rien comprendre m’agace ou si c’est le fait d’être réellement curieux de toute cette situation qui m’énerve encore plus. « Oui, c’est bien son genre de ramasser les clochards dans la rue, tu la connais bien à ce que je vois ! » ma mâchoire se crispe, mes doigts m’irritent. Rester calme, toujours.  « C'est sûrement pour ça que je t'ai épousé. Pour soulager ma conscience. » trop facile, j’ai l’habitude d’être rabaissé par cette femme, sa réponse m’étonne même pas. Y a pas une fois où elle m’a pas fait comprendre que j’étais pas une raclure de bas étage. Et comme ce mariage, elle l’a pas vraiment choisi et que c’est exactement pour cette raison que j’l’ai conduite devant l’Autel, elle peut me le rappeler, ca lui renvoie juste sa condition à elle. Pas la mienne. C’est elle qui a épousé de pleine conscience en mec friqué aux As juste pour son fric et qui l’assume pas. « Je sais assez de choses pour savoir que tu devrais même pas passer la porte de cette maison, et j’ai pas vraiment envie d’en savoir plus. » Quel est le point positif dans tout ça ? Si Elise avait cru bon de parler de moi et de mes agissements à son entourage, c’est que quelque part, elle était pas si sûre d’elle, elle cherchait quoi ? Du soutien ? Des chiens de garde pour me casser la gueule à la moindre occasion ? Se venger ? Quel con j’avais été de l’avoir amené jusqu’à chez moi, de l’avoir laissé dormir chez moi, dans mon lit, de lui avoir proposé de se reposer pour de bon, de prendre son temps. C’était moi le trouillard, vraiment ? « C'est Jet. Il est musicien. » vu le regard que le musicien lui lance, on dirait qu’il est pas content Monsieur. Est-ce que ça l’emmerderait que j’aille faire quelques recherches sur lui ? J’ai pourtant jamais entendu parlé d’un musicien qui s’appelait Jet, il gagne surement sa croute à la sortie d’une gare ou dans un café tous les samedis devant un public qui en a rien à foutre de l’entendre piailler.  “Rien de très intéressant en somme. Y’a pas grand chose à savoir sur moi.” J’en doute pas une seconde, mais dans l’doute, il me permettra de me renseigner. « J'croyais que tu t'en allais ? » j’hoche la tête. N’ayant plus l’intention d’adresser un seul regard au clochard qui avait rompu notre conversation – mon départ plutôt. « Si t’as besoin de quelques chose, tu feras en sorte que ton avocat contacte le mien, tout est dans l’enveloppe. » et qu’elle n’espère plus avoir quoi que ce soit de ma part. Qu’elle aille au diable.

« Oui, c’est bien son genre de ramasser les clochards dans la rue, tu la connais bien à ce que je vois ! » C'est sûr que des deux, c'est Jet qui te connaît le mieux. Il est le seul à qui tu as confié ton secret le plus précieux. Mais Dinis en connaît beaucoup aussi. C'est juste que lui il sait des choses que tu n'as jamais voulu partager avec lui. C'est pas pareil. « Je sais assez de choses pour savoir que tu devrais même pas passer la porte de cette maison, et j’ai pas vraiment envie d’en savoir plus. » C'est quoi ça ? Il est vraiment en train de jouer les jaloux ? Ça lui va drôlement mal. Il n'a pas le droit. Il avait juste à pas disparaître du jour au lendemain comme un lâche. Et toi la conne, tu le laisses quand même venir se cacher ici… “Rien de très intéressant en somme. Y’a pas grand chose à savoir sur moi.” Tu lèves les yeux au ciel. C'est presque convaincant à force d'insister autant. T'as presque envie de lui dire qu'il intéresse personne, mais ce serait plus pour le blesser qu'autre chose. Tu te pinces les lèvres n'ayant pas particulièrement avoir quelqu'un comme témoin de vos prises de bec. Ce sera autre chose quand Dinis passera la porte de cette maison. Enfin, encore faut-il que tu te décides à adresser la parole à Jet de nouveau. Ce n'est pas gagné. « Si t’as besoin de quelques chose, tu feras en sorte que ton avocat contacte le mien, tout est dans l’enveloppe. » Il est vraiment en colère contre toi. Ce qui est plutôt injuste si on te demande ton avis. C'est peut-être pour ça que la situation te déboussole autant. Personne ne te fait jamais la gueule comme il le fait, c'est toujours l'inverse. « Dinis… » Tu as toujours envie qu'il s'en aille, parce que ce n'est clairement pas le bon moment, mais tu veux pas qu'il s'en aille comme ça. Tu sais pas si ce sont tes paroles qui sont en vain ou si ce sont les pleures de Lola qui reprennent du service qui le font fuir, mais peu importe, Dinis s'en va vraiment.

« T'es content de toi ??? » Si tu parles aussi fort, c'est juste pour qu'il t'entende au travers des cris de sa fille que tu remets dans ses bras. Qu'il se démerde tout seul. Il l'a bien fait pendant plusieurs mois sans toi, ni personne. « Te mêle plus jamais de mes affaires. » que tu lui lances en venant attraper les papiers de divorce ainsi que les photos abandonnés sur la table. Tu remontes, rageuse, jusqu'à ta chambre où tu t'enfermes pour avoir la paix. D'ici, on entend un peu moins les pleures. Juste un peu. Tu as juste envie de tout déchirer ce qui se trouve entre tes mains sous le coup de la colère. Quand le temps apaisera le feu en toi, tu iras porter le document entre les mains de ton avocat. C'est la bonne chose à faire, d'en finir le plus rapidement possible.