Sans le vouloir, Swann aurait beaucoup d’exemples dans son existence pour imager et expliquer les raisons l’ayant poussé plus bas que terre, dans son passé récent comme plus ancien. Pour parler de son bonheur, pourtant, il ne saurait trop quoi donner comme exemple, se contentant généralement de petites choses du quotidien arrivant à temporairement lui redonner le sourire. Désormais, il n’a plus à se plaindre de ne pas avoir d’exemple dans son passé pour imager son bonheur: il n’a jamais été aussi heureux qu’il l’est désormais, il n’a jamais été aussi comblé, il n’a jamais été aussi assuré de vouloir vivre une journée de plus en ce monde. Et pour cause, plus rien ne semble venir assombrir le parfait tableau de sa vie ; presque aussi parfait que Rory lui-même. L’australien le comble de bonheur pour la seconde fois de leur existence, et pour la première fois ils ont tous deux le droit d’afficher ce bonheur aux yeux et à la su de tous. Tout n’est pas encore aussi naturel qu’il le voudrait mais Swann ne doute pas que les choses viendront petit à petit. A avoir vécu quatre ans dans l’ombre, il lui reste encore quelques séquelles, lesquelles sauront rapidement être balayées par leur nouveau bonheur quotidien.

Désormais, ses journées sont bien plus rythmées par ses différentes retrouvailles avec son petit-ami plutôt que ses horaires de travail, lequel il continue pourtant d’apprécier tout autant. Maisie et Sofia le voient bien moins ; ou peut-être qu’elles voient un peu plus Rory encore, difficile d’exprimer réellement les choses. Il y a des deux, sans doute, à en juger par le nombre de nuits passées par le couple dans un appartement ou un autre de la ville. Si l’anglais aime particulièrement retrouver ses habitudes dans le loft, il n’est pourtant pas prêt à laisser ses colocataires seules, jugeant encore qu’il leur doit beaucoup et que cela comprend une présence à leurs côtés. Surtout depuis qu’Arthur est dans les parages lui aussi. Aujourd’hui, pourtant, sa journée n’est marquée que par la présence du brun à ses côtés et rien d’autre, absolument rien, leur plan consistant à uniquement rester dans le loft et à passer la journée à moins d’un mètre l’un de l’autre, tel le parfait stéréotype du nouveau couple adolescent. Ils sont pourtant bien loin de cette image, tous deux ayant passé l’âge de l’adolescence depuis longtemps et vécu bien des expériences depuis cette période charnière. Cela ne l’empêche en rien de l’aimer comme au premier jour, retrouvant la chaleur de ses bras chaque nuit et ne pouvant le laisser sortir de l’appartement sans l’embrasser et lui rappeler qu’il l’aime. C’est bien ce qu’il fait une fois de plus en cet instant, acceptant bien malgré-lui de le laisser s’en aller le temps d’une heure, rendez-vous d’acteur et emploi du temps de ministre oblige. L’anglais est bien trop fier de lui, son talent et sa carrière pour pouvoir lui reprocher quoi que ce soit, bien loin de là. De telles pensées ne lui viennent pas même à l’idée, pour être tout à fait honnête.

La seule chose traversant son esprit lorsqu’on vient sonner à la porte, c’est qu’il est déjà heureux de le retrouver, même si oui, d’accord, ok, Rory n’est parti que depuis quelques minutes. De son côté, l’anglais n’a pas fait le moindre effort vestimentaire, éternellement torse-nu alors qu’il s’affaire en cuisine, pour s’occuper autant que pour pouvoir profiter d’un repas avec l’acteur, avant de lui-même partir travailler. Au moment d’ouvrir la porte, pourtant, il affiche un sourire profondément amusé au sujet de la situation. “Je te manquais déjà ?” qu’il annonce déjà de l’autre côté de l’appartement, avant d’effectivement poser sa main sur la poignée pour l’activer. “Si tu reviens pour faire l’amou-” si tu reviens pour faire l’amour alors c’est hors de question, tu vas être en retard et Donna va te tuer. Il en avait des choses à dire le sourire aux lèvres, le blond, mais tout reste finalement suspendu alors qu’il observe la silhouette sous ses yeux, nullement semblable à celle qu’il attendait, de toute évidence. Et, aussitôt, sa gêne est palpable, lui qui n’aurait jamais osé avancer de telles paroles face à qui que ce soit d’autre ; et encore moins un proche de Rory. “Zoya.” Et encore moins Zoya. Son prénom est murmuré dans un souffle, ce dernier anticipant déjà largement les problèmes dans lesquels il vient de se précipiter. De toute évidence, il n’est pas celui qu’elle s’attendait à voir non plus. “Tu… Il est pas là, pour le moment. Tu veux l’attendre ?” Et malgré la gêne, il ne risque pas de la renvoyer chez elle, pas même de se contenter de prendre un mot pour elle et de promettre de le faire passer à l’australien - pour ça, il existe les sms. Il n’aura qu’à mettre un t-shirt et tout ira bien, pas vrai ?

Un long frisson remonte dans son dos à l’instant où il comprend que la silhouette se dessinant de l’autre côté de la porte n’a rien en commun avec celle de son petit-ami. Soudainement, il ne se sent plus à sa place, encore moins alors qu’il se montre torse nu face à la jeune femme et, pire encore face au bambin qu’elle tient entre ses bras. Il murmure son prénom du bout des lèvres, voulant sans doute s’assurer que la scène n’a rien d’un cauchemar dont il pourrait se réveiller d’un instant à l’autre. « Swann ? » Sa voix sonne bien trop le dédain pour qu’il puisse penser qu’il s’agisse réellement d’un cauchemar. Même dans ces derniers, il se refuserait à ce que son prénom soit prononcé de la sorte, surtout pas alors qu’il a bien trop vite repris l’habitude que ce soit Rory qui le lui murmure près de l’oreille. “En personne.” Elle est venue jusqu’ici avec sa fille entre les bras, il ne cherchera certainement pas à la faire revenir sur ses pas, alors l’anglais fait déjà de son mieux pour être poli et un bon hôte à la fois. Quand bien même cet appartement n’est pas le sien, c’est tout comme.

L’anglais croise ses bras sur son torse comme si cela allait pouvoir arranger quoi que ce soit à la situation mais à aucun moment ses yeux ne se dérobent de ceux de la jeune femme. S’il n’est pas dans la meilleure position qui soit, il sait qu’au fond il n’a rien à se reprocher. Pour autant, à peine la porte refermée à sa suite, il ne tarde pas davantage avant de se faufiler en direction du canapé pour y récupérer son t-shirt lâchement abandonné. Il n’a peut être rien à se reprocher, mais il n’est pas non plus le moins du monde à l’aise à l’idée de continuer à se balader torse nu, comme si de rien n’était. Les mots de Zoya étant semblables à ceux d’une douce mélodie désaccordée, il n’a aucun mal à comprendre qu’ils sont sur la même longueur d’onde, sur ce sujet au moins. « Qu’est-ce que tu fabriques ici Swann ? Et à moitié nu ? Tu joues au chippendale maintenant ? » Et il rigole de bon cœur, l’anglais ne pouvant que trouver l’idée amusante. Pourtant, il réagit de la sorte pour mieux cacher un long soupire déjà fatigué d’avoir cette discussion de la sorte. Elle aurait mérité d’être mise au courant de façon plus formelle mais il n’en veut pas à Rory pour ça, bien au contraire. Ce n’est qu’un mauvais timing, comme d’habitude. “Tu te doutes déjà de la réponse Zoya.” Il reprend d’un ton bien plus lent et bas que le sien, soucieux de ne pas venir déranger la petite fille qu’il couve déjà du regard alors que sa mère la dépose sur le tapis du salon. “On a brisé un verre, il reste peut-être encore des morceaux… Je peux ?” Je peux la prendre dans mes bras ? telle est la question que l’anglais sous entend sans pour autant vouloir en prononcer tous les mots, anticipant déjà qu’elle ne lui fait pas confiance le moins du monde et qu’il n’arrange pas sa situation à ainsi s’asseoir à côté du bambin pour se mettre à sa hauteur. Tout ce qu’il veut, c’est qu’elle ne se blesse pas, et Zoya prend déjà soin d’elle au quotidien alors il ne verait pas de problème à l’idée de prendre la relève pour un temps, peu importe tout ce qu’elle s’apprête sûrement à lui reprocher.

« Je suis au courant… » De quelle partie, au juste ? L’histoire connaît bien trop de chapitres pour qu’il puisse réellement savoir ce dont elle est en train de lui parler, mais il continue pourtant de poser son regard sur la jeune mère tout en l’écoutant. De toute façon, il sait déjà qu’il ne pourra pas s’en sortir sans une salve de reproches. « et si ça » lui « est ce que je pense, crois-moi que je t’ai à l’œil Swann. » Les bras qu’elle croise à son tour signifient sûrement qu’elle en a terminé avec lui pour le moment, il se permet donc de souffler faiblement. Pour être honnête, il s’était sans aucun doute attendu à bien pire. Tout ce qu’elle essaye de faire, c’est protéger Rory, et c’est quelque chose qu’il ne peut que comprendre. “C’est ce que tu penses. Ça. On se donne une seconde chance.” Swann reprend le terme de ça simplement parce qu’elle l’a utilisé avant lui mais un mot aussi péjoratif lui coûte beaucoup lorsqu’il est question d’évoquer son couple avec l’acteur. Lui sait à quel point il le tient en estime, à quel point il n’aurait jamais pensé le qualifier de la sorte. “J’ai fait une erreur en rompant avec lui. J’avais pas su anticiper que tout aurait autant de conséquences. Je pensais qu’on serait amis et que tout irait bien comme ça.” Il pensait aussi naïvement que sincèrement qu’ils feraient de bons amis et qu’ils arriveraient à être heureux avec une telle configuration. “Garde moi à l’oeil autant que tu veux, je commettrai pas deux fois la même erreur.” Et il le pense sincèrement, Swann. Elle peut le garder à l'œil, elle peut épier le moindre de ses gestes, elle peut faire ce qu’elle veut de lui: il n’a plus rien à cacher. “Je l’aime toujours autant. On va officialiser notre relation. C’est récent encore, il allait t’en parler.” La famille et les proches en premier, le reste de leurs connaissances ensuite. Et, finalement, la dernière étape serait la presse et avec elle le reste du monde. Il mentirait s’il disait être totalement serein à cette idée, mais désormais Swann ne risque pas de vouloir faire le moindre pas en arrière: ils sont ensemble, rien de mal ne peut leur arriver. “Je suis heureux de la rencontrer.” Il reprend dans un sourire ému dirigé vers la petite tête blonde, trop préoccupée par ses jouets pour se demander ce qu’il se passe autour d’elle. Si elle reste assez longtemps, Rory lui aussi pourra la voir et pour ça, Swann est prêt à passer par tous les reproches qu’elle a à lui faire, dans l’ordre croissant ou alphabétique, à sa guise.

L’épisode du verre brisé fait naître en Zoya une réaction qu’il n’avait pas anticipée et à défaut qu’elle lui donne expressément l’autorisation de s’occuper de sa fille, il respecte son choix et garde quelques dizaines de centimètres de distance avec elle. Il respectera toujours le choix d’une mère, peu importe à quel point il pense que ce dernier n’est pas le bon. « Vous devriez peut-être être plus prudent la prochaine fois… Vous abstenir par exemple. » L’anglais esquisse un sourire mi-poli mi-amusé, incapable de se vexer pour si peu, surtout alors qu’elle ne se risquerait jamais à insulter Rory. Si elle en arrivait là, il réagirait tout autrement, mais en attendant il juge toute guéguerre totalement inutile. Ils ont sûrement brisé le verre quand les cartons des décorations de Noël se sont vus posés un peu partout dans l’appartement mais sans doute qu’il ne juge pas nécessaire de venir mettre à mal l’hypothèse avancée par Zoya. Au moins, cela lui prouve bien qu’elle a effectivement rapidement su assembler les indices pour trouver la bonne réponse sur l’étiquette à poser à propos de la nouvelle relation entre les deux hommes. “J’en prends note.” Il affiche un maigre sourire qui se veut signe de sa bonne volonté. La dernière chose dont il ait envie, c’est d’imposer à Rory une dispute entre lui et une de ses plus proches amies.

Du bout des lèvres, et sans allusions sexuelles de son côté, l’anglais se permet d’évoquer mot après mot la nouvelle relation qu’il vit avec l’acteur. Il navigue en eaux troubles, ne sachant pas exactement ce qu’elle sait déjà et n’étant surtout pas encore habitué à parler d’eux en tant que couple. Il sait qu’il en a le droit, il sait qu’il n’y a rien de mal à cela, et pourtant Swann doit encore tout apprendre, tel un oisillon tombé du nid. La jeune femme se veut dubitative et elle n’essaye même pas de le cacher, donnant à l’anglais l’impression que son nouvel objectif en ce monde consiste à la faire le détester un peu moins - pour Rory, pas pour son propre ego ni même son besoin d’être accepté. « Pff, mais bien sûr, Buchanan, c’est bien connu qu’être amis avec nos ex, ça marche du tonnerre ». Il aurait aimé que quelqu’un lui dise aussi frontalement, à l’époque. Il aurait peut-être été plus apte à le comprendre ainsi. Pour autant, l’histoire ne peut pas être réécrite et personne n’aurait pu lui donner de conseils à propos d’une situation qu’ils ne connaissaient même pas. “Je le sais maintenant. J’avais pas vraiment reçu le manuel à l’époque, par contre.” C’est sa façon à lui d’accepter sa faute, entre deux blagues qui n’en ont que le nom et des sourires qui tiennent finalement plus de la moue qu’autre chose. Ses yeux vacillent entre la jeune femme avec qui il tient la conversation et sa fille à qui il aurait aimé avoir des jouets à proposer, pour l’occuper au travers d’une discussion d’adultes qui ne la concerne pas le moins du monde. « Compte sur moi. » Au fond, il est rassuré par cette réponse autant qu’il l’est à l’idée qu’elle garde effectivement un œil sur lui. Cela signifie simplement qu’elle tient profondément à Rory et qu’elle ferait tout pour lui. Son petit-ami n’en mérite pas moins, il a bien fait de le mettre dans la confidence de leur histoire passée, à l’époque. Il n’a pas trahi leur secret, Swann ne le verra jamais ainsi.

« Je te laisserai pas lui faire du mal à nouveau, Swann. »
“Je ne me laisserai pas le faire non plus, Zoya.”

Ses coudes se posent sur ses genoux, il s’avance quelque peu en sa direction pour mieux l’observer dans le fond des yeux. Sur ce point plus que n’importe quel autre, ils tomberont toujours d’accord. Chacun veut le meilleur pour Rory et l’anglais commence enfin à se rendre compte qu’il a véritablement un rôle à jouer dans son bonheur. « Tu t’en sens capable cette fois ? » Le sujet de l’éternel doute: sa capacité à assumer une relation médiatisée et homosexuelle, les deux plus grandes frayeurs de sa vie que l’enfant en lui n’aurait jamais pu imaginer. Il se racle la gorge, hésite un instant supplémentaire encore - non pas de sa réponse en elle-même mais bien des mots à choisir. Son temps d’hésitation donne à Zoya l’opportunité de préciser le fond de sa pensée, ce dont il se serait sans doute passé sans le moindre mal. « D’assumer cette exposition ? Cette relation ? » Et, enfin, il se permet de d’abord hocher la tête avant de reprendre. “Garder le secret nous a détruit à petit feu.” Ils avaient beau tenter de se persuader du contraire, c’est un fait. Ce secret les a tués et il est devenu toujours un peu plus difficile à avouer au fil des semaines, de mois, et finalement des années écoulées. Ils étaient inséparables mais Rory n’était rien d’autre que son meilleur ami qu’il ne savait pas observer autrement que de ses yeux brillants et de son sourire éternellement fier. Jusqu’au jour où mentir est devenu trop difficile, à ce moment où la peine l’a temporairement emporté sur l’amour et où l’irréparable a été commis. “Il mérite que je fasse cet effort pour lui. Ça ne sera pas facile mais il en vaut la peine.” Swann craint surtout l’exposition médiatique, ses proches accueillant finalement tous avec bonheur l’annonce de sa relation avec Rory. Mais puisque ce moment n’est pas encore arrivé, il préfère ne pas y penser davantage et simplement assurer à quiconque a besoin de l’entendre qu’il ne reculera plus devant rien. Et ce n’est que la pure vérité.

Bien malgré lui, il fait dériver le sujet de la discussion vers le bambin à ses côtés, lequel il ne peut qu’observer de ses yeux attendris. « Tu peux la prendre, si tu veux.. » Il redresse rapidement son regard dans le sien pour s’assurer qu’elle est sérieuse et, sans mot supplémentaire, il vient effectivement prendre la jeune fille dans ses bras. Posée sur ses genoux, il s’enfonce davantage dans le fond du canapé, une main la retenant contre son dos et l’autre jouant bien volontiers avec ses doigts malhabiles et potelés. « J’ai vu Rory au plus bas, Swann. Il a tout gardé pour lui et ne m’a révélé votre relation qu’après votre rupture. Je ne veux plus jamais le revoir aussi malheureux. Il mérite tout ce qu’il y a de plus beau dans ce monde. » Il sait tout ça. Bien malgré lui et peu importe cela lui déchire le cœur, il le sait. “Et c’est pour ça que j’ai longtemps pensé que je n’avais pas ma place à ses côtés.” Parce qu’il mérite le meilleur et ce qu’il y a de plus beau dans ce monde, comme le dit si bien Zoya. Mais depuis, l’australien a passé bien trop de temps à le rassurer et lui répéter qu’il avait besoin de lui à ses côtés pour qu’il puisse encore se voiler la face et se déprécier. “Je ferai tout ce que je peux pour le lui offrir, Zoya. J’ai envie d’habiter avec lui, de le marier et de fonder une famille.” Ses mots sont plus sincères que jamais, il a du mal à formuler des mots qu’il n’a jamais eu le courage d’avancer aussi frontalement à Rory. Ils y vont doucement, et voilà la seule raison pour laquelle il n’est pas déjà en train de chercher un prénom pour un enfant avec lui, à chercher du féminin autant que du masculin puisqu’ils seraient de toute façon trop heureux d’accueillir un petit être humain d’un sexe ou de l’autre. “Ça peut… rester entre nous, ces derniers mots ? Je sais que c’est ce dont il a envie lui aussi mais on revient de loin.” Il n’a rien à lui cacher, plus maintenant, et Swann espère simplement qu’elle éludera le sujet en présence de Rory. “Une part de moi t’envie. Je me suis toujours imaginé fonder une famille avec la femme que j’aimerai et que tout soit parfaitement simple.” Comme elle l’a fait, elle, à en juger par l’existence de ce bambin aux joues roses et au sourire si facile.

Paradoxalement, parler de Rory n’a jamais été un problème pour le blond. Il a toujours aimé l’exercice, même lorsqu’il était encore question de garder pour lui l’immensité de compliments qu’il associait déjà à l’acteur à l’époque. Aujourd’hui, il n’a pas à se cacher de rien, si ce n’est peut-être leur intimité qu’il souhaite préserver tant qu’il le peut encore. Ce n’est pas que Zoya ne peut pas savoir certaines choses, c’est qu’il estime que ces informations ne l’aideraient pas à mieux comprendre la dynamique établie entre les deux hommes. Il ne cherche pas même à défendre sa cause ; elle pensera de lui ce qu’elle pensera, il a appris avec le temps ne pas pouvoir changer l’avis d’autrui simplement parce qu’il le désire profondément. Tout ce qu’il souhaite, au fond, c’est qu’elle ne pense pas que Rory a fait un mauvais choix en lui donnant une seconde chance et retombant dans ses bras. Il ne peut pas lui-même croire une telle chose, pas alors que sa vie actuelle est bien plus heureuse et douce qu’elle n’a su l’être depuis de longs mois, si ce ne sont des années. Une erreur ne pourrait pas avoir un tel goût de paradis.

Ce n’est sans doute pas le moment idéal pour le lui dire, mais Swann a toujours apprécié la combativité de la jeune femme. Elle se bat pour ceux qu’elle aime et ce qu’elle pense être juste et c’est une qualité que peu apprécient à sa juste valeur. Elle est féroce là où il ne se le montre pas le moins du monde dès lors qu’il s’agit de défendre ce qu’il veut, lui. Lorsqu’il s’agit de défendre autrui et se battre pour eux, par contre, ils n’ont aucun mal à se retrouver - bien qu’il y ait besoin d’avouer qu’ils passent par des moyens différents pour tenter d’arriver au même but. « Ce n’est pas suffisant de vouloir le faire pour lui. Il faut que tu sois sûr de toi ! Sûr de le vouloir, toi. » Elle est froide et glaciale, une attitude qui lui aurait laissé traîner un long frisson sur le corps dans d’autres circonstances. Aujourd’hui, pourtant, c’est un petit sourire en coin qu’il affiche, le regard pourtant baissé pour ne pas qu’elle puisse interpréter ce réflexe comme un affront. “C’est amplement suffisant quand il s’agit de Rory.” Et, enfin, il laisse son regard naturellement trop sombre se reposer dans le sien. Son ton est doux, il ne jouera pas le jeu de la surenchère avec elle. Cet appartement n’a pas à être un terrain de bataille pour eux, pas alors qu’ils ne souhaitent que le bonheur de Rory. L’anglais se garde de lui partager à son tour la version (la réalité) selon laquelle il a rompu avec lui dans l’espoir stupide et naïf qu’il se trouve quelqu’un d’assez courageux pour vivre une histoire avec lui sous le feu des projecteurs, omettant le fait qu’ils s’aimaient tous deux bien trop pour un jour être capables de passer à autre chose. Alors, aujourd’hui, c’est aussi pour lui qu’il agit, mais cette fois il ne doute pas que son objectif est bien meilleur. « Parce que, si tu t’exposes officiellement avec lui, Buchanan, il faut que tu sois certain de pouvoir l’assumer ensuite. » Et Buchanan le sait, bien sûr. Il a longtemps pesé les pour et les contre de cette décision, pourtant déjà assuré de l’avis final qu’il donnerait: Rory en vaut la peine, Rory en a toujours valu la peine, et il est simplement stupide d’en avoir douté un seul instant. Toute la peur qu’il peut ressentir à l’idée d’être exposé dans les journaux, ne serait-ce brièvement, et voir leur relation jugée par des inconnus qui ne connaîtront d’eux que la page Wikipedia du Craine et le visage de Swann n’est pas comparable à une vie sans lui. Il déteste déjà l’exercice sans même l’avoir expérimenté mais ce n’est finalement que le seul et unique contre qu’il a trouvé à leur union.

La jeune femme semble peu à peu se détendre, au point où elle accepte que le blond puisse prendre sa fille dans ses bras, pour le plus grand bonheur de ce dernier. C’est en langage bébé qu’il lui murmure quelques mots, ne sachant pas s’ils ont une grande discussion au sujet de son jouet ou bien des lois de la thermodynamique. Le second, sans aucun doute ; et jamais un tel sujet n’aura autant passionné un homme au point où ses joues le fassent mal à force de tant sourire, lui qui pourtant est habitué à l’exercice. Ainsi, il se permet d’annoncer à Zoya l’avenir qu’il imagine pour eux, tout en lui demandant pourtant de garde ces quelques aveux pour elle afin de ne pas mettre une quelconque pression sur les épaules de son petit-ami. Les choses viendront en temps et en heure, ils doivent déjà s’assurer d’un quotidien stable et serein à deux avant de pleinement s’imaginer un toit commun sous lequel vivre, un anneau à glisser à leurs annulaires et un agrandissement de leur famille. Une famille, tout simplement. Après un soupir et un dos acceptant enfin de se loger dans le fond du fauteuil, la jeune femme semble peu à peu consentir à rentrer les griffes. « Je ne dirai rien. Tu te doutes bien que je ne vais pas révéler tes plans à Rory quand je suis encore méfiante à ton égard. » Il s’enfonce à son tour dans le fond du canapé, massant le crâne de la petite fille qui semble ne pas comprendre ce qu’il se passe dans la pièce. Elle a ses jouets et est le centre de l’attention de Swann ce qui, à son âge, suffit sans doute à la ravir. Bientôt, elle demandera les bras de sa mère et il ne pourra que le comprendre. Pour le moment encore, ce sont les paroles de Zoya qu’il comprend, ne pouvant cependant s’empêcher de croire qu’elle montre les crocs simplement par habitude. Ariane agissait de la même façon ; elle continue de lui faire des reproches mais en acceptant de garder le secret, c’est bien en son sens qu’elle va. Ils ne seront peut-être jamais les meilleurs amis du monde, il laisse cette place à Rory, mais il espère simplement que les tensions entre eux disparaîtront assez pour ne jamais mettre le brun dans l’embarras, d’aucune façon. « Mais… » - « J’espère que tu ne merderas pas cette fois, Swann. Parce que je dois reconnaître que… tes plans me plaisent bien. » Leurs deux sourires montent en même temps, son attention dérive du jeune bambin pour se poser quelques secondes supplémentaires sur sa mère ne pouvant résister à l’envie d’attraper sa petite main. “Je te promets que non.” Et il ne promet pas souvent, le blond, sans doute un peu trop à cheval sur l’idée qu’une promesse se doit toujours d’être honorée. Aujourd’hui, pourtant, il n’y réfléchit pas à deux fois avant de le lui annoncer avec assurance. Plus jamais il ne commettra d’impair lorsqu’il sera question de l’amour de sa vie, pas alors qu’il sait à quoi ressemblent les journées lorsqu’il n’est plus à ses côtés. « Mais ça veut pas dire que je ne t’ai pas à l’œil et que j'approuve l'existence de cette relation… » Toujours montrer les crocs ; cette même habitude qu’il n’a jamais eue. Ce qu’il comprend entre ces mots, c’est que son nouvel objectif est donc de lui prouver qu’il mérite une place aux côtés de l’acteur et que leur relation mérite d’exister à son tour. Puisque c’est une évidence à ses yeux, alors il ne doute pas qu’il saura convaincre Zoya à son tour. Ce n’est qu’une question de temps et il a toute une vie devant lui.

Ainsi, jugeant bon de clore ce chapitre, c’est sur sa fille qu’il laisse dériver ses mots, soulignant la chance qu’elle a de l’avoir. A en juger par le soupir de Zoya, pourtant, il semble avoir marché sur une bombe menaçant d’exploser à tout instant. « Parce que tu penses que j’ai une vie parfaitement simple, Swann ? » La réponse est sous-entendue, il ne lui fait pas l’affront de la lui répéter. Au contraire, il attend qu’elle s’explique d’elle-même, sans qu’il ait à lui forcer la main, ne pouvant pas anticiper la teneur de sa réponse. « Je suis tombée enceinte après un coup d’un soir. Ça n’a rien de l’histoire idéale. Le père ne fait pas partie du tableau. » Le genre d’histoire qu’il connaît lui aussi, il adopte simplement le point de vue de l’enfant. Elle n’est pas comme sa mère et il ne la jugera pas pour ça : il est évident qu’elle aime bien trop sa fille pour lui reprocher les circonstances de sa naissance. Il ouvre la bouche pour ajouter quelques mots mais se retient bien rapidement en comprenant qu’elle en a apparemment gros sur le cœur. Il a assez parlé, c’est à son tour de raconter l’histoire qu’elle désire partager. « Et même si je voulais vraiment de Chloe, je me rends compte que je n’excelle pas dans mon rôle de mère. » Oh, Zoya. Ce n’est assurément pas le genre de confession qu’il attendait suite à leur échange mais puisqu’il les a provoquées, il ne s’en défilera pas. “Elle est heureuse et en bonne santé. Tu as pris la peine de traverser la ville avec sa poussette et tous ses jouets et rien que ça, ça me fait dire que tu es une bonne mère.” Elle ne l’a pas laissé aux mains de Dieu sait qui le temps de son absence, elle ne s’est pas non plus contentée d’apporter une couche de rechange pour voyager léger. Ce ne sont peut-être que des détails à ses yeux - ou simplement une habitude qui fait déjà partie de son quotidien - mais puisque Swann ne la connaît pas assez pour se baser sur autre chose, c’est ce sur quoi il base son argumentation. Et c’est ce qu’il croit sincèrement avoir son importance, aussi. “Elle ne sait pas que sa naissance n’avait pas été programmée et peut-être pas voulue non plus, tout ce qu’elle sait c’est que sa mère s’occupe d’elle et c’est tout ce dont elle a besoin.” Parce qu’un enfant a besoin de sa mère bien plus que de son père, c’est ce que tout le monde dit et c’est un argument qui lui brise le coeur à ainsi l’évoquer à voix haute: s’il a effectivement un enfant comme il le souhaite tant, aucune mère ne sera présente pour grandir avec lui. Il ne lui donnera pas moins d’amour pour autant, bien au contraire, mais craindra toujours de ne pas être suffisant, une fois de plus. “Tu apprends, Zoya. Chloe ne compte pas les points, sois moins dure avec toi.” Être mère n’est pas un rôle qui s’apprend à l’école ni même nulle part ailleurs et il est mal placé pour savoir comment les instincts naissent et les habitudes avec mais il ne doute pas que la jeune femme fasse de son mieux. Son ton est plus doux que jamais ; aucun enfant ne devrait jamais être sujet de dissonance entre les adultes. « En revanche, je sais que toi et Rory seraient parfaits dans ce rôle. » Il esquisse un sourire attendri, ne s’étant pas attendu à cette remarque. Ses iris dérivent vers Chloe alors qu’il se montre un peu plus ému encore. Elle représente la vie dont il rêve, celle qui réchauffe déjà son cœur alors qu’il est loin de ne serait-ce pouvoir la toucher du bout des doigts. “J’ai jamais connu mon père non plus et je doute que ma mère ait un jour pensé qu’elle n’était pas douée dans son rôle. Elle n’en avait pas grand chose à faire et je ne la reconnais pas en toi.” Sa mère a aussi des qualités, mais pas celle d’avoir été douée dans son rôle. Jamais elle n’aurait eu cette discussion avec un inconnu, jamais elle n’aurait ressenti autant de remords qu’il en est en cet instant pour Zoya. C’est tout ce qu’il souhaite lui dire : elle n’est pas comme elle et, par conséquent, elle est une bonne mère. “C’est d’autant plus admirable que tu te battes autant pour elle.” Et un jour, Chloé comprendra et la remerciera, il en est certain.

Quitter le loft même que le temps d'une heure n'était jamais une chose que Rory faisait de gaîté de cœur lorsqu'il resterait volontiers quelques heures de plus entre les bras de Swann. Depuis leurs retrouvailles et l'officialisation de leur relation, c'est chaque instant qu'il veillait à éterniser auprès de son petit-ami, lequel reprenait doucement mais sûrement ses marques au sein du loft. S'ils n'avaient pas officiellement ré-emménagé ensemble, c'était tout comme aux yeux de Rory tant qu'ils pouvaient passer le plus clair de leur temps ensemble et décider que le reste du monde pouvait bien attendre un peu. Il y avait toutefois des rendez-vous que Rory ne pouvait pas éternellement repousser et celui avec son agente visait justement à faire le point sur l'année écoulée autant que sur de futurs projets. Après l'année dernière et les perturbations qu'avait subi sa carrière, Rory prenait à cœur de ne pas décevoir Donna, elle qui avait tant fait pour lui et jamais ménagé ses efforts pour qu'ils puissent mettre tout ça derrière eux. C'était à lui de se montrer à la hauteur aujourd'hui, et il savait que personne mieux que Swann ne comprendrait qu'il ait cette fois des obligations à honorer. Ce ne serait l'affaire que d'une heure ou deux, et il s'était déjà promis de passer le reste de sa journée à ses cotés pour profiter comme il se doit de cette nouvelle vie à deux, à s'aimer et rattraper le temps perdu. Rien ne le rendait jamais plus heureux que ces moments-là.

Contre toute attente, c'est finalement Donna qui annula leur rendez-vous alors que Rory était déjà en route pour la retrouver à leur point de rendez-vous habituel. Un café que son agente et lui avaient pris l'habitude de fréquenter. Loin d'en être contrarié pour autant, Rory s'employa à faire de cette sortie une occasion de gâter l'homme qu'il aimait, parce qu'il n'y avait véritablement pas de pensée qui sache mieux réchauffer son cœur que de savoir qu'il le retrouverait d'ici quelques instants. Un détour de la pâtisserie et le voilà qui reprenait déjà la direction du loft, les bras chargés et une impatience palpable jusque dans la cadence de ses pas – il avait toutefois tâché d'être raisonnable une fois au volant, s'étant promis qu'il veillerait à ne jamais donner à Swann de raisons de s'inquiéter. Traversant rapidement les derniers mètres qui le séparaient de la porte du loft, c'est un Rory empli d'enthousiasme qui actionna la poignée. « Swann ? J'ai fait plus vite que prévu, Donna avait un empêchement alors elle a reporté à demain. » Ce qui voulait dire qu'il pourrait passer le reste de sa journée auprès de son petit-ami, quelle que soit la façon dont ils décideraient de la passer – mais Rory avait déjà quelques idées en tête et aucune qui n'implique de garder bien longtemps ses vêtements sur le dos. « Je suis passé à la pâtisserie et je nous ai pris quelques douceurs, enfin... j'ai peut être juste eu la main un peu lourde. » Il avait peut être oublié qu'ils étaient deux adultes responsables qui n'étaient pas censés se nourrir exclusivement de pâtisseries pour le dîner. Mais il savait d'ors et déjà que Swann tout comme lui ne se plaindrait absolument pas du contraire.

Avançant le long de l'entrée, Rory finit par rejoindre le séjour et c'est finalement la surprise qui s'invita sur ses traits lorsqu'il posa aussitôt les yeux sur une silhouette plus que familière. « Zoya ? » La surprise ne mit qu'une seconde à se changer en une joie immense de trouver son amie en compagnie de Swann, alors qu'il retrouvait à présent non plus seulement une mais bien deux personnes chères à son cœur. « Je suis tellement content de te voir. T'es là depuis longtemps ? On a du se rater de peu, tout à l'heure. » Son sourire parlait encore mieux que n'importe quels mots, surtout alors qu'il reposait son regard sur Swann, l'éclat amoureux de ce dernier trahissant sans aucun doute son plaisir de le retrouver lui aussi. « Oh, je me doute que tu dois déjà être au courant, mais... » Il glissa aux cotés de l'anglais et passa tendrement sa main contre son dos, ému que Zoya puisse aujourd'hui rencontrer l'anglais en sa qualité de petit-ami, les choses n'ayant plus aucune raison de demeurer secrètes. « Swann et moi on s'est remis ensemble il y a peu. » Et ils commençaient à peine à en informer leurs proches, raison pour laquelle Zoya était sur le point d'être mise au courant avant que cette rencontre ne lui mette possiblement la puce à l'oreille. Rory ignorait tout de la conversation qui avait pu se tenir entre les deux jeunes gens mais songeait que Swann avait déjà du lui expliquer les choses. Et tout s'était forcément bien passé, n'est-ce pas ?

« Je vois que tu as emmené la huitième merveille du monde avec toi. » Son sourire s'étira avec plus de douceur encore lorsqu'il reposa les yeux sur la fille de Zoya, si petite dans les bras de sa mère tandis qu'il avait paradoxalement l'impression qu'elle avait déjà grandi depuis la dernière fois. « Mon dieu ce qu'elle est adorable. » C'est une lueur immensément attendrie qui brilla au fond de son regard devant les traits poupons et les grands yeux curieux de Chloé, lesquels sauraient probablement conquérir n'importe qui. Rory, en l'occurrence, sentait son cœur fondre chaque fois qu'il se trouvait entouré de bambins. Et c'est pour son plus grand bonheur qu''il voyait justement son entourage en compter de plus en plus, faisant de lui l'oncle, le parrain et l'ami le plus comblé qui soit. S'approchant doucement, il prit finalement Zoya dans ses bras puis tendit son index au bébé qui l'entoura de ses si petits doigts. Il pourrait rester ainsi des heures, à sourire et songer à tout ce qu'il donnerait pour serrer un jour ses propres enfants contre lui. Mais une pensée lui vint rapidement. « Tu allais partir ? Reste un peu, tu sais que vous êtes les bienvenues. » Et puisque son rendez-vous avait finalement été annulé et qu'il avait eu la belle surprise de découvrir Zoya à son retour au loft, pourquoi ne pas en profiter pour passer un peu de temps tous ensemble ? « Sauf si Chloé est fatiguée et que tu préfères rentrer. Dans ce cas je serais heureux qu'on s'organise quelque chose tous les quatre, à l'occasion. Ça me ferait vraiment plaisir. » De passer du temps avec elle et Chloé, de les voir faire plus ample connaissance Swann et elle. Rory n'avait qu'un seul souhait et c'était celui de voir les personnes qu'il aimait s'entendre et s'apprécier. Zoya était l'une de ses plus proches amis et Swann l'homme qu'il aimait plus que tout, les savoir amis dans un futur plus ou moins proche ne pourrait bien évidemment que le combler.

La discussion avec Zoya se termine d’une façon bien plus apaisée qu’elle n’a commencé, au plus grand soulagement de l’anglais qui ne voudrait pour rien au monde créer des tensions avec les proches de son petit-ami. Qui plus est, il n’a pas à forcer le trait pour s’entendre avec la jeune femme, quand bien même il se rend évidemment compte que le contraire n’est pas aussi évident. « Je… tu diras à Rory que je suis passée » Il voudrait naturellement tendre les bras pour prendre la petite entre ses bras alors qu’elle ramasse les jouets de la petite, mais son attention est finalement attirée par la voix de Rory provenant de la porte d’entrée. « Swann ? J'ai fait plus vite que prévu, Donna avait un empêchement alors elle a reporté à demain. » Et désormais, c’est son regard qui s’illumine d’une façon bien différente, la simple présence du brun ayant toujours eu cet effet là sur lui. « Je suis passé à la pâtisserie et je nous ai pris quelques douceurs, enfin... j'ai peut-être juste eu la main un peu lourde. » Il a un rire sincèrement amusé, son regard n’ayant aucun mal à distinguer l’immensité de la boîte qu’il transporte avec quelques difficultés, amenant Swann à venir l’aider alors qu’il passe à peine le pas de la porte.

Il dépose un tendre baiser contre ses lèvres, ne récupérant la boîte que pour lui libérer les mains et la poser au frais. Désormais, l’anglais peine surtout à garder un sourire raisonnable. « Zoya ? » - “Elle voulait te rendre visite, j’ai cru que vous alliez vous rater.” Il en a eu peur, dans un sens, parce qu’il meurt d’envie de laisser les deux amis se retrouver et, surtout, la possibilité à Rory de retrouver la petite Chloe. « Je suis tellement content de te voir. T'es là depuis longtemps ? On a du se rater de peu, tout à l'heure. » Le sourire qu’affiche désormais le brun a tout pour rendre Swann heureux. C’est ce genre d’instant de vie qu’il veut connaître à ses côtés, il n’en demande pas plus. “Quelques dizaines de minutes, pas plus.” Pas assez pour que l’anglais puisse croire qu’une personne autre que Rory se trouvait derrière la porte - anecdote qu’il ne lui racontera que plus tard, bien trop gêné à l’idée de le faire devant Zoya elle-même. Pour le moment encore, il se contente d’accueillir avec une certaine joie la main qu’il glisse contre son dos, apposant la sienne par dessus, simplement pour venir lacer ses doigts autour des siens. « Oh, je me doute que tu dois déjà être au courant, mais... Swann et moi on s'est remis ensemble il y a peu. » L’anglais rigole tout bas, ayant pour une fois bien plus de pièces du puzzle en sa possession que ce n’est le cas de son petit-ami. “On a… abordé le sujet, oui.” Il se passera des détails et des quelques menaces de la jeune femme à son encontre, n’y apportant de toute façon que peu d’importance. Ce qui compte, c’est qu’elle soit à son tour au courant de leur relation et qu’elle puisse donc représenter une personne de moins dans le secret. Son pouce caresse le dos de la main du brun, lui assurant par ce simple geste que cette discussion avec Zoya n’a rien eu de désagréable.

Rapidement, il détache pourtant ses doigts des siens pour librement laisser Rory s’extasier de la présence de la petite fille dans l’appartement. « Je vois que tu as emmené la huitième merveille du monde avec toi. » Tout en restant à sa place, le sourire de l’anglais s’étend aussitôt, lui qui ne pourra toujours que s’attendrir de l’éternelle douceur de son petit-ami face aux enfants. « Mon dieu ce qu'elle est adorable. » Rory enlace tendrement la jeune femme pour finalement donner son attention à la petite entre ses bras, ne laissant Swann s’émouvoir qu’un peu plus encore juste derrière lui. C’est le genre de scène qu’il veut connaître à son tour, non pas en tant que simple ami de la famille mais bien père. « Tu allais partir ? Reste un peu, tu sais que vous êtes les bienvenues. Sauf si Chloé est fatiguée et que tu préfères rentrer. Dans ce cas je serais heureux qu'on s'organise quelque chose tous les quatre, à l'occasion. Ça me ferait vraiment plaisir. » Ne pouvant que tomber d’accord avec sa proposition, il hoche la tête pour lui-même. “J’en serais heureux aussi. Je t’ai sans doute déjà bien trop retenue pour aujourd’hui mais tu seras toujours la bienvenue.” S’il aimerait pouvoir continuer cette discussion, il sait aussi que ce serait sans doute beaucoup lui demander et qu’ils ont déjà beaucoup discuté. Se retrouver plus tard serait sans doute une bonne idée, ce ne serait qu’une occasion supplémentaire d’en apprendre plus sur Zoya et de retrouver sa fille par la même occasion. Pour le moment encore, sa tempe contre le mur, c’est d’un regard éternellement attendri qu’il observe Rory auprès du bambin.

« Rory. » Le visage du brun affichait la même surprise depuis plusieurs secondes, moment où il avait découvert la silhouette de Zoya au milieu du salon, sur qui il ne s'attendait pas à tomber en passant la porte du loft. Pourtant chacune de ses visites était source de joie pour l'acteur, dont les traits s'illuminèrent aussitôt. Sa présence ici avait tout d'une excellente surprise, Rory ne pourrait faire autrement que de s'en réjouir et son sourire en était la preuve. « Elle voulait te rendre visite, j’ai cru que vous alliez vous rater. » Il s'en était sans doute fallu de peu pour que Zoya reparte avant qu'il ne soit rentré, ce qui serait arrivé si Donna ne lui avait pas fait faux bond. Ainsi Rory se considérait chanceux que les choses se soient passées de cette manière, surtout alors qu'il avait à cet instant face à lui deux des personnes les plus importantes à ses yeux. « Je suis désolé, j'aurais du être au loft normalement mais mon agente voulait qu'on se voit pour parler boulot. » C'est pour ça qu'il était sorti plutôt que de rester quelques heures de plus auprès de Swann, pour ça aussi qu'il n'était pas là lorsque Zoya avait du sonner à la porte. Les pièces du puzzle se rassemblaient peu à peu, Rory en oubliant même que son rendez-vous avec Donna avait été reporté. Ce n'était que partie remise, la connaissant, et il pouvait au moins employer ce temps à bon escient en le passant auprès de Swann et Zoya. Rien ne pourrait à cet instant le rendre plus heureux. « Quelques dizaines de minutes, pas plus. » « Je le suis aussi, Rory. » Et à présent qu'il comprenait que la jeune femme et lui avaient bien failli se manquer une deuxième fois, Rory ne seréjouissait que plus encore d'être arrivé au bon moment. Pour autant il ne s'inquiétait pas le moins du monde de l'accueil que Swann avait du réserver à Zoya, imaginant sans mal que son petit-ami s'était montré avec lui aussi accueillant et chaleureux que d'habitude. Et puis, sa seule présence avait probablement poussé Swann à livrer quelques explications que Rory n'avait pas eu le temps de donner en personne à son amie. C'était bien dans son intention, pourtant, mais les choses s'étaient enchaînées et Swann et lui s'étaient promis de mettre leurs proches au courant au fur et à mesure. Après leurs familles, c'est tout naturellement qu'ils s'apprêtaient à mettre au courant leurs amis. Rory n'aurait pas gardé le secret beaucoup plus longtemps, surtout à l'égard de Zoya. « On a… abordé le sujet, oui. » Son regard passa de Swann à Zoya, peut être pour s'assurer que tout s'était bien passé. Le contraire serait particulièrement étonnant, après tout, mais Rory ne pouvait pas complètement ignorer que sa dernière discussion avec Zoya au sujet de l'anglais avait été quelques peu éprouvante. Tout ça était pourtant du passé et il n'avait pas le moindre doute sur le fait que son amie serait heureuse pour lui qu'il ait une seconde chance de vivre heureux avec celui qu'il n'avait jamais cessé d'aimer. Il le serait tout autant pour elle dans le cas contraire, elle le savait. « En effet, j’ai cru comprendre en découvrant Swann torse nu en m’ouvrant la porte. » « Oh. » C'est un léger rire que Rory ne put cette fois retenir, inévitablement amusé de s'imaginer la scène. Au moins avait-elle du les aider à briser la glace, Rory ne doutant pas que Swann avait tout entrepris pour détendre l'atmosphère et balayer le moindre malaise. Son sourire se voulait ainsi complice et amusé, et absolument pas inquiet. « Ça c'est sûrement parce que j'ai l'habitude d'être tête en l'air et qu'il s'est dit que j'avais du oublier quelque chose en partant. » Oh, c'était sans doute à peu de choses près ce qui avait du se passer et la raison pour laquelle Swann n'avait pas enfilé de t-shirt pour lui ouvrir. La vérité c'est qu'ils s'habituaient déjà à vivre leur amour au grand jour et n'avaient plus à prendre autant de précautions qu'avant pour protéger leur relation – ils n'avaient plus à en prendre aucune, en vérité, et c'était réellement une merveilleuse chose.

Profondément attendri par la vision de Chloé dans les bras aimants de sa mère, Rory en oublia le reste pendant une seconde. Ses yeux étaient trop occupés à contempler les traits si doux de son petit visage et ses yeux brillants de malice, son adorable frimousse n'étant pas sans lui rappeler celle de Zoya. Elles se ressemblaient beaucoup et Rory se faisait comme chaque fois une joie de les accueillir sa fille et elle, pas seulement parce que la brune était l'une de ses plus proches amis mais aussi, c'est vrai, parce qu'il ne résistait jamais devant la vision d'un bambin. Swann le savait pour l'avoir souvent vu à l’œuvre, si facilement attendri dès qu'un enfant tendait ses deux bras vers lui ou lui offrait un sourire. Il n'en fallait jamais plus pour faire fondre son cœur et c'est peut être la raison qui l'empêcha sur le moment de noter que quelque chose dans l'attitude de Zoya n'était pas habituel. Si seulement il avait pu se douter de quelque chose, il n'aurait pas joué les amis gaga et aurait demandé à Swann de les laisser seuls et de prendre soin de Chloé pendant que sa mère et lui discutaient. Si seulement il avait pu faire ça, oui. « J’en serais heureux aussi. Je t’ai sans doute déjà bien trop retenue pour aujourd’hui mais tu seras toujours la bienvenue. » « Vous serez toujours les bienvenues, oui. » Elle pourrait revenir aussi souvent qu'elle le voudrait, avec ou sans Chloe, et ils passeraient de bons moments dans tous les cas. A présent que Zoya savait pour sa relation avec Swann, il y avait certaines choses que Rory aurait à cœur de lui expliquer, en temps voulu, pour qu'elle ait véritablement tous les éléments pour comprendre pourquoi ce bonheur retrouvé aux cotés de l'anglais représentait tellement à ses yeux. Pourquoi même après un an et demi, il était toujours son évidence. Son tout. Et son avenir, sans l'ombre d'un doute. « Merci… Je vais effectivement y aller, Chloe est un peu fatiguée et moi aussi… mais je ne manquerai pas de repasser. Je te tiens au courant très vite… » Son sourire se fit l'écho du sien et à nouveau, Rory ne perçut pas le manque d'éclat dans le regard de son amie, naïvement convaincu que tout allait bien et que la raison à sa visite d'aujourd'hui n'avait rien de préoccupante. Sans doute passait-elle simplement dans le quartier et avait-elle voulu lui rendre visite, avec sa fille. Oui, c'était la première chose à laquelle il avait pensé et il n'imaginait pas combien il pouvait faire fausse route. Combien Zoya venait en fait chercher du réconfort, auprès de lui, le cœur lourd. « D'accord, tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand, pas vrai ? On se revoit très vite de toute façon. » C'était une chose qui ne changerait jamais, et ce que Zoya se sente heureuse ou bien morose. Il n'avait peut être pas conscience d'à quel point elle avait sans doute besoin d'entendre ces moments-là, mais ils étaient toujours profondément sincères. « Au revoir. » « Rentrez-bien. » Et c'est dans un dernier sourire qu'il leur emboîta le pas jusqu'à la porte d'entrée pour les accompagner jusqu'à la sortie, grappillant quelques secondes de plus aux cotés de la jeune maman et de sa fille. Revenant après quelques secondes auprès de Swann, Rory eut cette fois un drôle de pressentiment qu'il ne put sur l'instant garder pour lui. « J'ai eu l'impression qu'elle était... un peu ailleurs. » C'est l'impression qu'il avait rapidement eu lorsque Zoya était sortie et que quelque chose dans le ton de sa voix ne sonnait pas comme d'habitude. « Mais je me fais sûrement des idées, oublie ça. C'est épuisant de s'occuper d'un bébé. » Et Zoya s'en occupait toute seule, ce qui forçait véritablement l'admiration d'un Rory toujours prêt à l'aider si elle en éprouvait le moindre besoin. Il serait toujours là pour ça, prêt à la soulager de bon cœur. Glissant finalement un bras autour du buste de son petit-ami pour le rapprocher de lui, Rory glissa à son oreille. « J'espère que tu vas pas garder ce t-shirt sur le dos maintenant que je suis rentré. » Sous-entendant qu'ils n'étaient pas obligés de goûter à ces pâtisseries maintenant si Swann décrétait que ce t-shirt était subitement de trop, ce dont l'australien n'irait évidemment pas se plaindre, sans la moindre surprise.