Début décembre 2021. Ses larmes ne cessent de perler le long de ses joues. Cette fois, c’est elle qui est incapable de les stopper alors que, sa fille, positionnée à l’arrière du véhicule, est étonnamment calme, mordillant son doudou dans son cozy. Elle regarde son reflet dans le rétroviseur comme si c’était la dernière fois qu’elle la voyait… Comme si elle s’apprêtait à prendre une décision sur laquelle il serait bien difficile de revenir une fois qu’elle serait passée à l’acte. Et ce n’est pas juste une impression quand c’est bel et bien la décision que Zoya a prise ce soir, à l’insu de tout le monde, à l’insu de son entourage, surtout. Un entourage qui lui interdirait de faire une chose pareille, trouvant une fois de plus son comportement totalement absurde, cette décision qui, à leur goût, serait prise bien trop vite, bien trop rapidement. Ça ne les étonnerait pas non plus, parce qu’elle agit sans réfléchir Zoya. Et pourtant… et pourtant s’ils savaient ô combien elle a retourné la question dans tous les sens pour prendre la meilleure décision qu’il soit. S’ils savaient que cela fait des semaines qu’elle y pense, qu’elle y réfléchi… Et s’ils savaient que cela fait des mois qu’elle constate qu’elle n’est pas à la hauteur de son rôle de mère. Neuf mois que Chloe est née, neuf mois qu’elle est incapable de l’aider à s’endormir paisiblement le soir, neuf mois qu’elle est incapable de faire la différence entre la faim, la fatigue, la douleur ou le désagrément chez sa fille. Pourtant, ce rôle elle l’a choisi, elle l’a voulu mais ce n’est pas suffisant de le vouloir, il faut le pouvoir… Et elle ne le peut pas… Définitivement pas. Si seulement, elle avait écouté Birdie quand elle a essayé de lui dire que ce rôle n’était pas fait pour elle. Pas encore, en tout cas, quand Zoya est bien trop un esprit libre et vagabond. Si seulement, elle avait pris ses précautions avec lui, pour ne pas à avoir à faire ce choix abominable aujourd’hui. Si seulement, elle avait été plus attentive aux conseils de ses proches. Parce qu’elle est bien entourée, malgré tout, parce qu’elle peut compter sur de nombreuses personnes pour lui venir en aide, que ce soit sa famille ou ses plus proches amis. C’est d’ailleurs à Trent qu’elle pense, à cet instant, quand elle daigne enfin sortir de la voiture, pour ouvrir la portière arrière est extirpée Chloe qui gazouille et est toujours étonnamment paisible alors qu’elle l’attrape dans ses bras. Trent, son meilleur ami, celui qu’elle a déçu par deux fois, si ce n’est plus, en jouant les mères égoïstes, pensant à son bien avant celui de sa fille. Il y a un mois de ça, la photographe s’est volatilisée pendant une semaine, sans daigner donner des nouvelles à ses proches, et encore moins à Trent qui lui a gardé sa fille pendant tout ce temps. Et malgré cette amitié forte qu’ils ont depuis des années lui et elle, bien qu’ils parviennent à se rabibocher après chaque dispute ces deux-là, quelque chose s’est définitivement brisé depuis ce jour où elle est revenue l’air de rien sur le pas de sa porte pour récupérer sa fille. Les mots de Trent raisonnent encore dans sa tête, ceux qui ont fini par avoir raison de cette décision qu’elle prend ce soir. Irresponsable, immature, inconsciente… Ces mots, elle les a entendus encore et encore parce qu’il n’est pas le seul à l’avoir qualifié de la sorte après avoir agi comme une enfant… Il y a eu ses parents, ses frères aussi… Les larmes roulent à nouveau sur les joues de la Lewis, sa fille tenue dans un bras, son sac de rechange dans l’autre. Zoya vient à fixer la porte qui se trouve face à elle. Elle sert un peu plus fort Chloe contre elle et s’avance alors d’un pas déterminé vers celle-ci… Elle le fait pour elle, pour sa fille. Chloe mérite mieux, mérite un parent qui soit à la hauteur. Zoya ignore si ce sera le cas de Freddy, mais elle estime qu’il a le droit d’avoir ses chances avec sa fille, qu’il mérite de la connaitre tout comme Chloe mérite de le connaitre aussi. Zoya se dit surtout qu’elle sera toujours mieux avec son père qu’avec elle, parce qu’elle estime qu’elle est la pire personne à cet instant même.
Les trois coups sont portés sur la porte, après un bref instant d’hésitation. Sa gorge se noue, elle essaye d’effacer les quelques larmes restantes d’un revers de main. Son estomac se noue dès l’instant où elle entend la poignée s’activer et que son regard croise celui de Freddy « Bonsoir… Freddy ». Sa gorge est serrée, les mots sortant difficilement de celle-ci. « Tiens… » fait-t-elle en lui tendant en premier le sac de rechange « Il y a tout à l’intérieur… » cette fois, pourrait-t-elle ajouter alors que, lors de leur dernière rencontre, Zoya n’a pas été capable d’avoir des couches de rechange pour Chloe. « Je… je ne peux plus Freddy… Tu avais raison… » Parce qu’il l’a lui-même remarqué et n’a pas manqué de lui dire qu’elle était une mère égoïste, incapable de calmer sa fille, loin d’être une mère exemplaire. En si peu de temps, il a compris quel genre de mère elle était, et même si elle n’a pas toléré ses critiques, celles-ci ont eu leurs poids dans la balance de cette décision qu’elle s’apprête à prendre, ce soir. « Elle sera mieux avec toi… ». Elle lit l’incompréhension dans le regard de Freddy, alors que le sien devient humide à nouveau, Chloe ressentant sûrement l’angoisse de sa mère, commençant à s’agiter dans ses bras « C’est … c’est ta fille aussi, Freddy ». Et, sans lui donner d’autres choix, alors qu’il ignorait jusqu’à maintenant sa paternité, Zoya vient à donner Chloe à Freddy, l’obligeant à prendre la petite dans ses bras. Il y a ce dernier geste où Zoya lâche doucement la petite main de sa fille, échangeant un dernier regard avec elle, avant que la jeune femme ne tourne les talons. Les pleurs de sa fille alors qu’elle monte dans l’habitacle lui brise le cœur un peu plus, et sans prendre la peine de donner le temps à Freddy de comprendre réellement ce qui se passe, Zoya démarre en trombe et décide de quitter non seulement sa fille ce soir, pour le bien de cette dernière, mais aussi de quitter la ville pendant quelques temps.
« C’est une réunion d’une extrême importance OKAY. Opération Noel commence MAINTENANT. » Il est au centre de la pièce, fanfaron comme jamais, dominant la salle et l’atmosphère, habitué des grands discours et des blagues complètement idiotes. Le sujet de ce soir est le cadeau de Noel de leurs parents et dans une tradition devenue habituelle, ils se sont réunis ce soir pour décider du cadeau commun, celui qui fera rêver leurs parents et qui chaque année se révèle plus difficile à obtenir quand tout ce que leurs parents répètent c’est qu’ils ne veulent pas de cadeaux et que leurs enfants sont leurs cadeaux. Si Freddy reste convaincu qu’il est en effet un très beau cadeau, il n’en reste pas moins que cette tradition est surtout devenue une soirée traditionnelle pour sa fratrie à manger des pizzas et à se chamailler pour une fête qui n’aura pas lieu avant un mois. « Et NON le bébé ça ne compte pas comme cadeau Tessy je te dois venir à pas vouloir te fouler. » Il se marre, provoquant sa sœur, son air bien trop sérieux ponctué par son regard malicieux qui rappelle finalement que c’est à faire le pitre qu’il est au meilleur de sa forme. « A la limite le petit copain de Link ça pourrait marcher, bon c’est le prêtre du couvent qui va être déçu mais on peut pas tout avoir. » Même son frère n’échappe pas à un clin d’œil et il tire vers sa fratrie un tableau blanc sur lequel il a bien l’intention de noter toutes les idées possibles.
Trois coups à la porte et il se précipite en sautillant, « Les Pizzas j’arrive ! » crie-t-il bien trop enthousiaste. Parce que ça ne peut être que les pizzas à cette heure. Les pizzas censées les rassasier au milieu de leur réflexion du meilleur cadeau de Noel à offrir à leurs parents.
Pourtant lorsqu’il ouvre la porte, ce n’est pas le livreur mais bel et bien une femme. Une femme qu’il connait surtout pour les moments où elle a croisé son chemin sans qu’il ne s’y attende. « Zoya ?! » Il ne peut être que surpris, alors que son regard croise le sien, le sien qui est noyé de larmes alors qu’elle est sur le pas de sa porte. Son sourire disparaît.
« Tiens… Il y a tout à l’intérieur…» Il réagit sans comprendre, attrapant par réflexe le sac qu’elle lui temps. Il faudrait être idiot pour ne pas remarquer qu’elle ne va pas bien et son regard alterne entre son visage encore humide et la petite qui s’agite dans ses bras. La petite qui a encore grandi depuis la dernière fois qu’il l’a vue. « Je… je ne peux plus Freddy… Tu avais raison… » L’acteur fronce les sourcils sans comprendre, incapable de comprendre de quoi elle est en train de parler. « De quoi tu parles ? T’es sûre que tu vas bien ? Pourquoi tu me donnes ça ? » Les questions s’enchaînent alors qu’il la regarde, inquiet à présent. Parce qu’on ne peut pas dire qu’ils se connaissent quand depuis la nuit qu’ils ont partagé en Italie, leurs rencontres n’ont été qu’insultes lancées au visage. Il ne l’a pas reconnue la première fois, bien trop ivre pour se rappeler de la nuit qu’il avait passé avec elle. Et s’il l’a reconnue la deuxième fois, l’accident de voiture n’a certainement pas arrangé les tensions déjà présentes entre eux. Alors pourquoi est-elle là ? Avec son enfant dans les bras ? Il y a ce sentiment dans son estomac, ce sentiment qui nait et qui tord ses entrailles, celui qui lui fait se dire que quelque chose ne va pas et que dans quelques instants sa vie va changer à jamais.
« C’est … c’est ta fille aussi, Freddy » Le monde s’arrête de tourner pendant une demie seconde. Une demie seconde pendant laquelle ses paupières clignent, ses yeux bleus sont vides et pendant laquelle il pense avoir mal entendu. Parce qu’il ne peut pas avoir bien entendu. Parce que l’enfant de presque un an ne peut pas être sa fille, parce qu’elle ne peut pas lui annoncer ça comme ça, quand la dernière fois qu’il l’a vue elle lui a lancé qu’il n’y avait pas de père. « Qu’est… »
Il n’a pas le temps de réagir qu’elle lui a mis la gamine dans les bras et qu’elle fait demi-tour. « ZOYA ! » qu’il crie, en lâchant le sac, serrant la gamine contre lui et se précipitant pour tenter de la rattraper. Mais Zoya est déjà remontée dans sa voiture et a démarré en trombe laissant bien seul l’acteur qui hurle une dernière fois son prénom sur le bitume, assez pour que l’enfant ayant pris peur se mettre à hurler.
« Chuuut… » dit-il en essayant de rassurer la petite dans ses bras, la berçant tout en tentant de comprendre ce qui est arrivé. Ca ne peut pas être sa fille et pourtant maintenant qu’il la regarde, il ne voit que la forme de ses yeux et leur couleur à l’identique des siens. Il ne voit que les ressemblances quand il ne voyait que les différences. Il compte dans sa tête les mois, se souvient de janvier où elle était enceinte jusqu’au cou. Pourquoi était-elle venue le voir ? Il n’en a pas de souvenir, elle ne lui a pas dit. Comment a-t-il pu être aussi con ?
Chloé semble enfin arrêter de pleurer et il se dirige vers l’intérieur de la villa, sans trop savoir ce qu’il est en train de faire. Il retourne au salon là où il a laissé sa famille sur les canapés.
« C’était pas les pizzas. » dit-il en revenant alors qu’il regarde Tessa et Lincoln, le visage plus blanc qu’un linge, l’enfant toujours dans ses bras, l’absence de cartons à emporter bien trop présente.
« Elle l’a laissée là. » La réalisation met un moment à arriver. A s’articuler. Elle a laissé la gamine. Elle l’a abandonné sur le pas de sa porte, elle l’a abandonnée dans ses bras et elle est partie sans regard en arrière. La réalisation lui fait serrer l’enfant contre lui.
« Elle…Elle a dit que c’était… » Il n’arrive pas à prononcer les mots. Ou plutôt le mot fatidique. Celui qui définit le lien entre l’enfant et lui. Il regarde le ventre arrondi de sa sœur, et déglutit. Le silence veut tout dire. Il raisonne lourdement dans la pièce alors que la petite se met à chouiner. Parce qu’il sait qu’ils comprendront.
« C’était pas les pizzas. » répète-t-il sous le choc, toute assurance envolée, le masque habituel s’étiolant à toute allure pour ne plus laisser qu’un regard complètement perdu, le visage plus pale que jamais. « Elle l’a laissée là. » Comme un disque rayé, l’acteur tourne en boucle, oublié le sourire moqueur et le verbe facile.
« C’est une réunion d’une extrême importance OKAY. Opération Noel commence MAINTENANT. » Freddy, toujours égal à lui-même : expansif au possible, habitué des planches, son attitude fait sourire la brune. Elle est habituée à son extravagance, elle a appris à vivre avec car elle sait que derrière ses airs de diva parfois, Freddy a un coeur, même s’il prétend le contraire à qui veut bien le croire. Assise, ou plutôt avachie dans le canapé de son aîné la jeune femme s’étire un peu. Elle est moins fatiguée qu’il y a quelques mois, elle peut même affirmer que pour le moment, elle se porte bien. Ses médecins sont confiants et ça la rassure de savoir que les jumeaux vont bien tous les deux. « Et NON le bébé ça ne compte pas comme cadeau Tessy je te dois venir à pas vouloir te fouler. » « HEY ! Je porte doublement la vie. Que vous le vouliez ou non je gagne cette année ! » Elle affiche un grand sourire en désignant son ventre arrondi alors que Freddy enchaine sur cette vieille rengaine du prêtre... Incorrigible qu’il est, la jeune femme ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel... On ne le changerait plus à son âge, pas que ça lui déplaise, tant que ça n’affecte pas Lincoln, elle tolère ses boutades ! Tableau blanc tiré en place, la jeune femme se redresse un peu, un peu gauche dans ses mouvements. « J’avais pensé...» Pas le temps de terminer que déjà Freddy lui coupe la parole en se précipitant vers la porte d’un air surexcité. « Les Pizzas j’arrive ! » La jeune femme sourit à la simple idée d’engloutir une part de pizza. « Je ne sais pas si on va survivre à cette soirée, il ne tient pas en place !» Ca l’amuse de le voir autant s’agiter, et elle ne va pas mentir, elle est ravie de pouvoir partager une fois encore ce moment avec ses deux frères. « Je meurs de faim, j’espère qu’il m’a pris un extra poivron, les bébés adorent ça, va savoir pourquoi !» Elle sourit à son jumeau, amusée et sûrement un poil euphorique de la soirée qui s’annonce, même si elle commence à trouver le temps long entre la porte et le salon.
« Il en met du temps ! Tu paries qu’il est en train de draguer pendant qu’on poireaute gentiment ? » A mille lieux de se douter de ce qui se trame à la porte d’entrée. Elle finit par se lever pour aller chercher de quoi boire un peu. Elle ne pourra pas trinquer avec eux, mais le coeur y est en tout cas ! « Si dans deux minutes il est pas là, je me fais passer pour sa femme enceinte atrocement jalouse, ça sera drôle ! Imagine un peu sa tête !» Elle voit déjà la scène d’ici, elle et son gros ventre débarquant à la porte d’entrée pour casser son plan drague ! Mémorable en tout point ! Son verre d’eau gazeuse à la main, elle entend les pas de son frère revenir vers le salon. « C’était pas les pizzas. » Elle fige un instant, coupée dans son élan par ce qui occupe les bras de son frère... « En effet... c’est pas les pizzas... » C’est tout ce qu’elle arrive à prononcer alors que son regard se fixe sur la petite fille aux bras de Freddy pas certaine de comprendre. « Elle l’a laissée là. » Wait, What ?! C’est qu’il lui faut un instant pour analyser la situation et surtout encaisser. Elle dépose son verre sur le bar, histoire de ne rien faire tomber. Elle peut lire la panique dans les yeux de son frère alors qu’il semble avoir perdu toute son assurance légendaire. « Elle…Elle a dit que c’était… » Nope, impossible ! Elle jette un regard à son jumeau, pour être certaine qu’il a bien compris comme elle le non-dit.
« Attend... T’es en train de nous dire que... C’est ta fille ?» Oh non... Non, non, non ! Elle s’avance assez pour distinguer les traits de la petite qui ne doit strictement rien comprendre à ce qui se passe. « C’est Clara ?» Pitié faites que ça ne soit pas le cas, la situation est déjà assez chaotique comme ça ! Elle s’approche encore un peu de la petite, avant de lui attraper la main en lui faisant un grand sourire pour tenter de la rassurer. Elle ne peut s’empêcher de chercher les traits familiers, le regard de la petite ne trompe pas vraiment. Avant de reposer son regard dans celui de son aîné. « Comment elle s’appelle ? » Essayons de rationaliser ! La jeune femme tente de rester calme, même si elle doit bien l’avouer, elle vient de se prendre un coup de stress en l’espace d’une demi-seconde. « Si c’est un plan pour me voler la vedette Freddy Mulligan... c’est bien joué !» Autant tenter de détendre l’atmosphère, sans quoi elle risque d’avoir du mal à gérer la crise.
Du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais aimé Noël et cette année ne fait pas exception. Je me suis quand même forcé pour être là ce soir puisque ça concerne nos parents. Qui plus est, je sais à quel point cette soirée est importante pour Freddy et je n’avais pas vraiment envie de le décevoir alors que notre relation prend du mieux depuis quelques mois. Même si je n’en ai pas vraiment envie, j’essaie de me convaincre que ça va me faire du bien de passer du temps avec Tessa et lui ce soir alors que j’évite depuis quelques semaines mon appartement parce que c’est plutôt tendu entre Adriel et moi depuis qu’il m’a annoncé la grossesse d’Erin. « C’est une réunion d’une extrême importance OKAY. Opération Noel commence MAINTENANT. » Choisir le cadeau de nos parents me stresse alors que mon compte en banque est beaucoup moins rempli que le leur. Bien que je travaille au même endroit depuis le début de l’année, je vais maintenant à l’école et je vais devoir me trouver un nouvel appartement maintenant que Sanders et Mayers attendent un enfant ensemble. « Et NON le bébé ça ne compte pas comme cadeau Tessy je te dois venir à pas vouloir te fouler. » « HEY ! Je porte doublement la vie. Que vous le vouliez ou non je gagne cette année ! » Le sourire aux lèvres, je les observe sans rien dire. N’étant pas fan de Noël, ils peuvent bien se battre entre eux pour le meilleur cadeau. « A la limite le petit copain de Link ça pourrait marcher, bon c’est le prêtre du couvent qui va être déçu mais on peut pas tout avoir. » Je lève les yeux au ciel en soupirant. « Ha. Ha. Ha. Très drôle! Je vais me passer d’attouchements de la part d’un petit vieux, merci… » Je rapporte mon attention sur le tableau blanc tout en me caressant le menton d’un air pensif. « J’avais pensé...» Je relève les yeux vers Tessa pour écouter son idée, mais elle est interrompue par la sonnette. « Les Pizzas j’arrive ! »
« Je ne sais pas si on va survivre à cette soirée, il ne tient pas en place !» Je hausse les sourcils en écarquillant les yeux. « Il aime un peu trop Noël… » Un peu trop pour moi qui déteste cette fête et les rassemblements dans lesquels mes décisions sont toujours jugées par notre famille. « Je meurs de faim, j’espère qu’il m’a pris un extra poivron, les bébés adorent ça, va savoir pourquoi ! » Je ris en fronçant les sourcils d’un air dubitatif. « Ah ouais? Ils te l’ont dit? » Je lui donne un petit coup de coude pour la taquiner. « Il en met du temps ! Tu paries qu’il est en train de draguer pendant qu’on poireaute gentiment ? » Quelle question. « C’est sûr même. FREDDY!? » Marre d’attendre, j’ai une faim de loup et j’ai juste hâte de me bourrer la face de pizza et de faire une overdose de fromage. « Si dans deux minutes il est pas là, je me fais passer pour sa femme enceinte atrocement jalouse, ça sera drôle ! Imagine un peu sa tête ! » Je m’esclaffe en imaginant sans difficulté la déception sur le visage de Freddy et les regards assassins qu’il lui lancerait probablement. « Vas-y, ça va être drôle! » Mais elle n’a pas le temps de bouger que le bruit des pas de Freddy parvient à mes oreilles.
« C’était pas les pizzas. » Je tourne la tête vers mon frère et je ne comprends pas trop ce qui se passe lors que j’aperçois ce bébé dans ses bras. « Qu’est-ce… » Je jette un regard vers ma sœur pour voir si elle comprend ce qui se passe. « En effet... c’est pas les pizzas... » Mais qu’est-ce qu’un bébé fait ici? C’est qui? « Elle l’a laissée là. Elle…Elle a dit que c’était… C’était pas les pizzas. Elle l’a laissée là. » Tessa et moi échangeons un regard alors que je demeure muet. Je crois comprendre ce que Freddy insinue, mais tout ça me parait tellement irréel puisque la petite sort de nulle part. « Attend... T’es en train de nous dire que... C’est ta fille ? C’est Clara ? » Sans prévenir, je me mets à rire. Je suis incapable de m’arrêter devant l’absurdité de la situation. Je vois Tessa qui me lance un regard et je tente du mieux que je peux de m’excuser sans toutefois arrêter. C’est nerveux. « Attends, attends… mais depuis quand t’as un enfant? » Je ne peux m’empêcher de lui poser la question même si, clairement, il n’était pas au courant si je me fie à sa réaction. « Comment elle s’appelle ? Si c’est un plan pour me voler la vedette Freddy Mulligan... c’est bien joué ! » Je m’approche doucement des trois autres en observant attentivement les traits de mon frère. « Je ne pense pas qu’il blague… » Il est peut-être bon pour jouer la comédie, Freddy, mais il a l’air beaucoup trop sous le choc présentement. « Attendez, ça veut dire que pour une fois je suis le seul responsable? » Le seul à ne pas avoir un bébé surprise. Bon ok biologiquement parlant ça serait impossible, mais quand même… pour une fois que ce n’est pas moi qui merde… « Félicitations? » dis-je finalement en donnant une tape dans le dos de mon frère. Joyeux Noël…
"En effet…c’est pas les pizzas. » Son regard rencontre celui de sa sœur, perdu. Comment peut-il avoir un enfant dans ses bras ? Comment cette petite fille peut-elle être la sienne ? Ca ne peut être qu’une mauvaise blague
« Attend... T’es en train de nous dire que... C’est ta fille ?» Le mot lui arrache une grimace. « Ca peut pas…ça peut pas être ma fille. » Mais il hésite et cela se voit sur son visage, parce qu’il est en train de compter les mois, parce qu’il essaie de se souvenir quand est ce qu’il a partagé le lit de Zoya Lewis. Il se remémore l’Italie, de cette fois où ses mains ont parcouru la peau de la brune le temps d’une nuit. « Attends, attends… mais depuis quand t’as un enfant? » Le regard de Freddy croise celui de son frère et il est clair qu’il commence à paniquer quand il hausse le ton, regardant tour à tout Tessa et Link. « Mais depuis nulle part putain ! j’ai pas de gamins je me protège ! » Son ton a fait peur à la petite qui se met à chouiner dans ses bras et il resserre doucement son étreinte sur l’enfant par réflexe, la berçant. « Chut… » Mais même toutes les protections du monde ne sont pas infaillibles et est-il vraiment sûr de s’être protégé à chaque fois quand il a été bien trop ivre un nombre incalculable de fois ? Le doute prend place sur son visage.
« C’est Clara ?» « Hein ?! Non, j’ai pas vu Clara depuis décembre dernier. Clara aurait jamais été assez conne pour garder mon gosse surtout. » lâche-t-il, les mots trop crus et trop amers, les souvenirs de leurs dernières rencontres remontant à la surface. Il se souvient de son visage quand elle lui disait qu’elle le détestait, se souvient parfaitement de ce moi pas qui a raisonné alors qu’il lui avouait pour la première fois ses sentiments. Non depuis il n’a plus vu Clara et c’est tant mieux, essaye-t-il de se convaincre. Pourtant comme à chaque fois que le nom de sa femme est mentionné, son cœur se serre. Que dirait-elle en voyant l’enfant dans ses bras ? Il le sait déjà en réalité, elle éclaterait de rire et lui dirait que c’est bien fait pour lui. Et elle n’aurait pas tort.
Il regarde sa sœur, bien plus à l’aise que lui avec la petite, elle attrape la main de la petite.« Comment elle s’appelle ? » Il doit réfléchir une ou deux secondes, se souvenir de leur dernière rencontre lors d’un accident de voiture, se rappeler du prénom de l’enfant. « Chloé je crois… » Il n’est même pas à complètement sûr et c’est sans doute cela qui le fait paniquer un peu plus. « Si c’est un plan pour me voler la vedette Freddy Mulligan... c’est bien joué !» Ca ne le fait pas rire du tout, alors qu’il ne sait pas quoi faire de l’enfant dans ses bras, complètement traumatisé par ce qui est arrivé. Son frère s’approche à son tour. « Je ne pense pas qu’il blague… » « Est-ce que je blaguerais sur une mère qui abandonne son gosse ? » Il crache un peu trop agressif, la panique se mêlant à la colère. Non s’il y a bien un sujet sur lequel il n’a jamais ri c’est celui-là, ce sujet bien trop sensible sur lequel il se braque à la moindre allusion. « Attendez, ça veut dire que pour une fois je suis le seul responsable ? Félicitations ? » Il aimerait bien rire mais il en est incapable, la petite chouine dans ses bras et il la tend à sa sœur. « Prend là s’il te plait. Prend là. » Il y a une supplication dans sa voix. Il passe une main sur son visage bien trop pale. Dès le moment où il est libéré de la gamine il se met à faire les cent pas dans le salon. « C’est pas possible, c’est pas possible c’est pas en train d’arriver. J’ai besoin d’un verre. » Et comme toujours, il choisit la solution facile, se dirigeant vers son bar pour sortir une bouteille de whisky et se servir un verre. Un verre qu’il boit cul sec avant de s’en resservir un. « Non mais dans quel monde vous me voyez être père putain ?! » Cela fait longtemps qu’il n’a pas perdu le contrôle de ses émotions de la sorte, son regard se posant sur l’enfant dans les bras de sa sœur, le cœur bien trop douloureux.
« Ah ouais? Ils te l’ont dit? » La jeune femme adresse un sourire à son jumeau, amusée par sa réponse. « On peut dire ça comme ça ! Je te montrerai, celui qui est là s’agite à chaque fois. » Elle ne saurait pas l’expliquer en fait, c’est peut-être juste une coïncidence, mais elle trouve ça amusant et ça l’amuse de le remarquer. Les jumeaux s’impatientent alors qu’elle imagine très bien Freddy en train de faire le paon devant la livreuse, et ça ne la dérangerait pas si elle n’avait pas l’estomac dans les talons ! « Vas-y, ça va être drôle! » A elle de rire à son tour, la scène va être magnifique ! « Je te propose de filmer sa tête, elle vaudra le détour à coup sûr et on pourra lui ressortir l’oscar de la loose quand il se ventera un peu trop ! » Elle affiche un grand sourire à son jumeau, réajuste son haut et fait en sorte de faire ressortir son ventre prête à jouer les épouses trahies. Sauf qu’elle n’a clairement pas le temps d’entrer en scène que leur aîné vient leur clouer le bec. Choc de l’assemblée alors qu’elle peine à comprendre ce qui se trame. Elle ose prononcer les mots et la réaction est épidermique. « Ca peut pas…ça peut pas être ma fille. » Elle n’insiste pas, même si elle peut clairement lire le doute et l’angoisse chez son frère. « Mais depuis nulle part putain ! j’ai pas de gamins je me protège ! » Elle ne peut s’empêcher de prendre la remarque en pleine face, même si au fond, elle aussi s’était protégée. Là n’était de toute façon pas le débat, cette petite était là et n’avait rien demandé, elle n’avait clairement pas à en pâtir pour la bêtise de ses parents. Elle ne répond pas, se contente de fixer la petite qui laisse entendre sa voix. Entourée d’inconnus, elle doit être complètement perdue et ça la rend soucieuse plus qu’elle ne le souhaite.
« Hein ?! Non, j’ai pas vu Clara depuis décembre dernier. Clara aurait jamais été assez conne pour garder mon gosse surtout. » La voilà rassurée, c’est qu’elle n’est pas forcément très friande de la Clara en question. Elle la juge néfaste pour son ainé, toxique même si elle se garde bien de dire tout haut ce qu’elle pense tout bas. Elle acquiesce donc d’un simple signe de tête sans en rajouter une couche, consciente que pour lui le sujet est plus que sensible. Elle préfère donc tenter de faire descendre le niveau de stress, ramener les choses sur du concret, à savoir cette petite fille qui se retrouve projetée au milieu d’inconnus, dans une maison inconnue... De quoi la perdre totalement ! ”Chloé, je crois...” Elle lui prend la main et lui adresse ce petit sourire rassurant tout en tentant maladroitement une boutade qui tombe littéralement à plat. « Je ne pense pas qu’il blague… »« Est-ce que je blaguerais sur une mère qui abandonne son gosse ? » Elle ne prend pas les mots de Freddy pour elle, même si le ton qu’il utilise est blessant au possible et agressif. Elle se doute qu’il agit sous le coup de l’émotion et qu’il ne voulait pas la brutaliser. « Je sais bien Freddy, excuse-moi c’était maladroit. » Elle ne sait pas s’il entendra ses excuses, là n’est pas le débat du jour. « Attendez, ça veut dire que pour une fois je suis le seul responsable ? Félicitations ? » La Mulligan regarde son jumeau avec un sourire. C’est elle la figure responsable de la fratrie en temps normal... Elle qui fait les choix raisonnés, pourtant depuis le mois de janvier elle a l’impression que sa vie part dans tous les sens. «Tu vois, tu atteins l’âge de raison ! Désolée tu ne seras pas au centre des reproches cette année ! » Elle lui adresse un clin d’oeil complice, il aurait toujours son soutien quoi qu’il entreprenne ! Et si l’attention pouvait être portée sur elle plutôt que sur lui alors, elle pouvait gérer !
« Prend là s’il te plait. Prend là. » Mouvement de panique, elle s’avance pour récupérer la petite qui réclame un peu de sécurité. «Hey, bonjour toi !» Elle la prend, la cale contre elle et l’entoure de ses bras tout en la berçant. Elle ne la connait pas encore et pourtant elle s’y attache presque instinctivement, comprenant sa détresse elle se veut maternelle pour tenter de l’apaiser au mieux. « C’est pas possible, c’est pas possible c’est pas en train d’arriver. J’ai besoin d’un verre. » «C’est pas l’alcool qui fera avancer cette affaire Freddy ! » Mais il ne l’écoute pas, trop autocentré pour échapper à ce travers qu’elle déteste ! «Freddy regarde-moi !» Elle n’existe plus, il perd pied et elle n’a pas l’intention de le laisser sombrer dans l’alcool car la dernière fois, il s’est tiré pendant des mois et les mots qu’ils ont pu s’échanger raisonnent encore. « Non mais dans quel monde vous me voyez être père putain ?! » Elle jette un regard à son jumeau, à la recherche d’un peu de soutien. « Pose ce verre Freddy et calme-toi. Est-ce que tu connais cette fille ? Est-ce qu’elle est... fiable ? Je veux dire, elle débarque quoi cinq, six mois plus tard comme une fleur et te balance un enfant... » Il faut bien que quelqu’un se pose la question. « T’es une personnalité connue... Ca serait pas la première fois qu’on voit ce genre de personne tenter de profiter pour soutirer de l’argent. Alors est-ce que tu connais cette fille, intimement j’entends ?! Est-ce que c’est seulement possible ?!» Elle n’a rien contre cette enfant, mais elle a un mal fou à comprendre comment une mère peut décemment abandonner son enfant à un grand ado comme Freddy, même si elle aime son frère, il est loin d’être qualifié pour le poste ! Elle aurait clairement pu s’attarder sur les traits de la petite pour y voir un air de ressemblance avec son ainé, mais elle préfère rationaliser. Un regard porté à son jumeau, elle va s’asseoir avec la petite pour s’éviter d’avoir à porter trop longtemps. «On va se poser, manger et... faire connaissance avec cette petite Chloé !» A défaut d’avoir eu des présentations dans les règles de l’art ! « Tu vas pouvoir te faire la main avant l’arrivée des jumeaux !» Clin d’oeil à Lincoln avant de venir asseoir la petite sur ses genoux pour mieux la regarder. « Tu es vraiment très jolie !» Elle lui adresse un grand sourire alors que la petite vient jouer avec les mèches de ses cheveux.
« On peut dire ça comme ça ! Je te montrerai, celui qui est là s’agite à chaque fois. » Peut-être que Tessa a un sixième sens et qu’elle comprend comment ses bébés se sentent, un peu comme elle me comprend parfois sans que j’aie besoin de prononcer le moindre mot, qu’est-ce que j’en sais? Je n’ai jamais été enceinte et je ne le serai jamais, je ne peux donc pas comprendre comment elle se sent avec deux petits êtres qui grandissent dans son ventre. « Peut-être qu’il s’agite au contraire parce qu’il trouve ça dégueulasse. » répliqué-je avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres. Ma sœur et moi s’impatientons de l’absence de Freddy, payer la pizza ne devrait pas prendre autant de temps et je commence vraiment à avoir faim. On se met à avancer des hypothèses sur ce qui peut bien retenir notre frère à la porte aussi longtemps. « Je te propose de filmer sa tête, elle vaudra le détour à coup sûr et on pourra lui ressortir l’oscar de la loose quand il se ventera un peu trop ! » Je ris en lançant un regard vers l’entrée. « On se fera tout plein d’argent en publiant la vidéo sur les réseaux sociaux par la suite. » Aussi bien profiter un peu de la célébrité de Freddy, non?
Nous étions bien loin de nous douter à ce moment que Freddy reviendrait au salon avec un bébé dans les bras. Apparemment, il ne s’en attendait pas lui non plus, à voir la surprise sur ses traits… « Ca peut pas…ça peut pas être ma fille. » Je suis bouche bée, je ne peux rien faire d’autre que rire pendant un instant de cette mise en situation sortie tout droit d’un film d’Hollywood. « Pourquoi pas? Tu n’es quand même pas allé dans un couvent à ma place, si? » demandé-je en fronçant les sourcils. On ne peut pas dire que mon frère et moi discutons vraiment de notre vie sexuelle ensemble, et ça me va très bien comme ça, mais ça ne me surprendrait pas tellement qu’il profite de sa célébrité pour finir dans le lit d’inconnus. « Mais depuis nulle part putain ! j’ai pas de gamins je me protège ! » Je hausse les sourcils en me pinçant les lèvres, incapable de lui répondre alors que c’est lui qui est visiblement dans la merde pour une fois. Des commentaires, il m’en a si souvent faits que je ne me sens pas tellement coupable de m’exprimer aujourd’hui. « T’es certain de t’être protégé à chaque fois? Même quand tu avais bu? Genre tu t’en rappelles? » Parce qu’aux dernières nouvelles, si la gamine est vraiment la sienne, les enfants n’apparaissent pas comme par magie dans des baluchons et Freddy n’est pas la Vierge Marie. Tessa essaie de savoir qui est la mère et, tout de suite, elle pense à Clara. « Hein ?! Non, j’ai pas vu Clara depuis décembre dernier. Clara aurait jamais été assez conne pour garder mon gosse surtout. » Un petit soupir de soulagement m’échappe, peut-être que la situation est un peu moins pire qu’elle aurait pu l’être. « Chloé je crois… » répond Freddy lorsque notre sœur le questionne quant au nom de la petite. Il est sous le choc et si Tessa pense pendant une fraction de seconde qu’il pourrait blaguer, notre frère s’objecte avec violence. « Est-ce que je blaguerais sur une mère qui abandonne son gosse ? » Je me doute que non étant donné qu’il a été adopté, même s’il ne parle pratiquement jamais de ce détail de sa vie, même avec nous. « Je sais bien Freddy, excuse-moi c’était maladroit. » L’ambiance est tendue avec la bombe qui vient d’être larguée malgré que moi je trouve le tout un peu trop cocasse. Pour une fois, peut-être que Noël sera intéressant, cette année. «Tu vois, tu atteins l’âge de raison ! Désolée tu ne seras pas au centre des reproches cette année ! » C’est peut-être la trentaine qui approche un peu trop rapidement à mon goût alors que j’ai l’impression de seulement commencer ma vie comme si j’avais encore seize ans. « Je ne tiens pas à y être de toute façon. » Je les laisse prendre le flambeau avec grand plaisir.
« Prend là s’il te plait. Prend là. » Freddy panique un peu plus et ça ne me laisse pas insensible de le voir comme ça. Ce n’est plus le temps de faire des blagues et de passer des commentaires, mais d’être là pour lui. « Hey, bonjour toi ! » Tandis que Tessa réconforte l’enfant, j’observe attentivement notre frère qui fait les cents pas dans le salon. Je peux sentir son stress et rien qu’à le voir agité de la sorte augmente le mien également. « Freddy, calme-toi. Assis-toi. » Ne demande-t-on pas aux gens de s’asseoir avant d’avoir une grosse nouvelle? « C’est pas possible, c’est pas possible c’est pas en train d’arriver. J’ai besoin d’un verre. » Je lance un regard en direction de ma sœur avant de suivre notre ainé vers le bar pour limiter un peu les dégâts. « C’est pas l’alcool qui fera avancer cette affaire Freddy ! » Avant que je n’aie le temps d’arriver à sa hauteur, il a déjà bu un verre et s’en est resservi un deuxième. « Tessa a raison, l’alcool ne va rien régler. » Je tente de le convaincre, mais je suis peu convaincu que ça fonctionnera. « Non mais dans quel monde vous me voyez être père putain ?! » Dans un monde où les poules ont des dents ou dans la semaine des quatre jeudis, c’est-à-dire jamais. « Pose ce verre Freddy et calme-toi. Est-ce que tu connais cette fille ? Est-ce qu’elle est... fiable ? Je veux dire, elle débarque quoi cinq, six mois plus tard comme une fleur et te balance un enfant... » Avant qu’il ne puisse boire son second verre, je lui prends des mains et je le bois moi-même. Je pose ensuite ma main sur sa bouteille pour l’empêcher de se resservir. « T’es une personnalité connue... Ca serait pas la première fois qu’on voit ce genre de personne tenter de profiter pour soutirer de l’argent. Alors est-ce que tu connais cette fille, intimement j’entends ?! Est-ce que c’est seulement possible ?! » Ce n’est pas fou comme hypothèse, bien qu’elle soulève certaines questions. « Comment elle aurait eu son adresse par contre? » Ce n’est pas comme si les vedettes postaient publiquement leur adresse sur les réseaux sociaux, quand même, à moins que Freddy soit assez abruti pour faire quelque chose comme ça… « On va se poser, manger et... faire connaissance avec cette petite Chloé ! Tu vas pouvoir te faire la main avant l’arrivée des jumeaux ! » Je souris lorsque Tessa m’adresse un clin d’œil. Je n’ai pas d’enfants, mais cette petite Chloe n’est pas la première je côtoie. « Tu es vraiment très jolie ! » Sans quitter le bar au cas où Freddy aurait la brillante idée d’en vider le contenu dès que j’aurai le dos tourné, je réplique sur un ton moqueur : « Elle doit retenir de sa mère à ce niveau-là. »
Il jette un regard noir à son frère lorsque celui-ci se met à rire. « Pourquoi pas? Tu n’es quand même pas allé dans un couvent à ma place, si? » Il faisait assez souvent la une de la presse people pour qu’on sache que Freddy aimait les femmes. Et même les hommes. Et à vrai dire toutes personnes qui lui plaisaient et avec qui il avait envie de s’amuser. Il n’était donc pas allé au couvent. « La ferme Link. » siffle—til entre ses dents, complètement paniqué et absolument pas prêt à entendre l’humour de qui que ce soit. Il ne réalise même pas qu’il blesse sa sœur par ses mots. « T’es certain de t’être protégé à chaque fois? Même quand tu avais bu? Genre tu t’en rappelles? » L’hésitation se lit clairement sur son visage alors qu’il détourne le visage. Il y a de trop nombreuses soirées dont il n’a aucun souvenir et même des fois où il fallait être honnête, il ne s’était pas protégé. « Non…. » souffle-t-il dans une grimace confirmant que le risque est possible malgré tout.
Tessa comme Lincoln pensent qu’il ne peut que s’agir d’une blague, lui est toujours incapable de penser à autre que Zoya lui laissant l’enfant dans les bras. « Je sais bien Freddy, excuse-moi c’était maladroit. » Il entend à peine les excuses de sa sœur, son regard ne lachant pas la petite. La regarder est douloureux, il ne peut s’imaginer que la petite soit son enfant. Elle ne peut pas l’être. L’angoisse le fait se lever, donner la petite à sa sœur et se diriger vers le bar, attraper le premier verre qu’il boit cul sec. « Freddy, calme-toi. Assis-toi. » Il n’écoute rien, se resservant un deuxième verre. « C’est pas l’alcool qui fera avancer cette affaire Freddy ! » « Tessa a raison, l’alcool ne va rien régler. » Mais l’alcool lui permettra d’apaiser son esprit. L’alcool lui permettra de fuir ses problèmes comme toujours, de s’oublier et d’oublier les autres, de ne penser qu’à sa petite personne. « Pose ce verre Freddy et calme-toi. Est-ce que tu connais cette fille ? Est-ce qu’elle est... fiable ? Je veux dire, elle débarque quoi cinq, six mois plus tard comme une fleur et te balance un enfant... » Il porte le verre à ses lèvres mais déjà son frère lui a arraché des mains pour le boire à sa place, attrapant la bouteille pour qu’il ne puisse pas se resservir. « Lincoln ! Rend moi ça ! » il gronde, énervé tendant la main vers la bouteille. Mais Link n’est pas prêt de lui rendre et il tente de se concentrer sur ce que lui a dit sa sœur. Sur la possibilité que cela ne soit qu’un coup monté, une façon ou une autre de le piéger, peut-être de lui soutirer de l’argent. « T’es une personnalité connue... Ca serait pas la première fois qu’on voit ce genre de personne tenter de profiter pour soutirer de l’argent. Alors est-ce que tu connais cette fille, intimement j’entends ?! Est-ce que c’est seulement possible ?! »
Il grimace, remontant dans ses souvenirs. Le flash du corps de Zoya est encore présent dans son esprit. Il se remémore, ses mains parcourant sa peau, ses lèvres contre les siennes dans une nuit à la fin du printemps italien. « Oui. Un nuit en Italie. L’année dernière… En mai, sur le tournage… » Il fait le calcul dans son esprit, son regard se posant sur Chloe. « Elle aurait dix mois là. » Il n’y connait pas grand-chose en bébés mais est à peut près sûr que l’âge colle. Son frère revient sur la possibilité d’arnaque que Tessa a évoquée. « Comment elle aurait eu son adresse par contre? » « Elle est photographe, on connait pas mal de monde du même milieu, elle aurait pas eu de mal à obtenir mon adresse d’une façon ou d’une autre. J’vous rappelle que j’organise la moitié des soirées du beau monde de Brisbane ici. » Il grimace, il aurait préféré que ça ne soit pas le cas. Sa sœur semble immédiatement plus naturelle avec l’enfant dans ses bras. « On va se poser, manger et... faire connaissance avec cette petite Chloé ! Tu vas pouvoir te faire la main avant l’arrivée des jumeaux ! Tu es vraiment très jolie ! » Il ne veut pas la regarder, ne veut pas la voir. « Elle doit retenir de sa mère à ce niveau-là. » « Sa mère qui l’a abandonnée là. » lance-t-il avec venin, incapable d’entendre le moins compliment même indirect envers Zoya. Sa haine grandit au fil des secondes et il s’allume une cigarette à défaut de boire de l’alcool. Il repense à Zoya et à leur dernière rencontre. « Putain… » Il s’assoit, plus pale que jamais. « Elle est venue me voir. En janvier dernier. Enceinte jusqu’au cou. J’étais complètement ivre je… j’ai été odieux je crois, je l’ai envoyé bouler. » Il relève le regard vers ses cadets, le regard noyé de larmes créées par l’angoisse et la culpabilité. N’était-il pas plongé assez bas il y a un an ? N’avait-il pas fait assez souffrir de gens ? Il se lève de nouveau, les mains tremblantes, le besoin de boire un verre ou dix omniprésent. Comme ci cela allait pouvoir arranger la situation. Il n’arrive pas à regarder l’enfant dans les bras de Tessa, leur tourne le dos pour ne pas avoir à se rappeler que la petite est belle et bien là et ne va pas disparaître. « Quand je l’ai revu en septembre, on a eu un accident de voiture. Rien de grave.. » précise-t-il pour les rassurer avant d’ajouter : « Elle m’a dit… » Les mots reviennent brutaux et terrifiants. « Elle m’a dit que je ferais un père pitoyable. » Sa gorge se serre. Elle a raison alors pourquoi lui-a-t-elle laissée ? « Je peux pas être son père. Parce qu’elle a raison je ferais un père pitoyable. Putain mes propres parents ont préféré me laisser dans la rue. Il y a aucune raison que je sois mieux qu’eux. » C’est sans doute la première fois qu’il les évoque, qu’il prononce la phrase à voix haute et il ne le réalise même pas. C’est étrange comme il reste persuadé que cela sera d’eux qu’il héritera, qu’il ne vaudra jamais mieux que ceux qui l’ont laissé et non qu’il sera à l’image de ceux qui l’ont élevé et aimé. A ses yeux il ne pourra être que la copie de ses parents biologiques au lieu de penser que les parents qui l’ont élevé lui ont montré la meilleure version du parent qu’il pourrait être. « Qu'est ce que je vais faire si elle revient pas ? »
« Peut-être qu’il s’agite au contraire parce qu’il trouve ça dégueulasse. » La jeune femme lève les yeux au ciel, un sourire toujours vissé sur son visage. « Certes… Ne soit pas aussi rabat-joie… C’est malin, maintenant je vais culpabiliser chaque fois que je vais manger des poivrons ! » Ils profitent encore de l’innocence du moment, cinq minutes avant le drame. « On se fera tout plein d’argent en publiant la vidéo sur les réseaux sociaux par la suite. » Ca n’irait jamais jusque-là, mais l’idée d’avoir sa tête en vidéo, qu’ils pourraient lui ressortir, ça l’amuse follement car elle l’imagine bougonner, tenter de supprimer les preuves de cette veste qu’il se serait prise… Au lieu de ça, la petite Chloé fait son entrée dans leur vie et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a l’effet d’une petite bombe tant la nouvelle est inattendue pour tous ici présent… Et elle n’imagine même pas la tête de leurs parents !
La brune sent que l’atmosphère est tendue entre les frères, c’est peut-être pour ça qu’elle temporise et qu’elle n’y va pas à grand coup de sarcasmes, alors qu’elle aurait pu. Ça l’agace bien sûr qu’il puisse songer à fuir au travers de l’alcool dans un moment pareil. A croire que l’histoire est vouée à se répéter encore et encore, aussi elle est ravie d’avoir le soutien de son jumeau alors qu’elle s’attarde un peu plus sur les traits de la petite tout en amenant différentes hypothèses. « Non il ne te rendra pas cette bouteille Freddy ! Il est hors de question que tu te noies dans l’alcool ce soir, ni un autre soir ! » Elle est ferme, l’heure n’est plus aux conneries, pas alors qu’il y a une enfant paumée qui doit bien se demander ce qui lui arrive. Passée de bras en bras, dans une maison qu’elle n’a jamais vue, avec des gens qu’elle n’a jamais vus. Elle le voit dans ses grands yeux bleus, Chloé sent les tensions et même si elle tente d’apaiser les choses, elle ne peut faire de miracles ! A défaut d’aller s’opposer physiquement, elle tente de détourner l’attention de Freddy pour qu’il s’éloigne du bar, le force à s’interroger pour rester concentré. « Oui. Un nuit en Italie. L’année dernière… En mai, sur le tournage… Elle aurait dix mois là. » Dix mois… Elle regarde la petite et forcée de constater que ça pourrait aisément coller, ce que semble avoir compris son frère. « Elle doit retenir de sa mère à ce niveau-là. »« Sa mère qui l’a abandonnée là. » Tentative d’humour avortée et ça la fait grimacer tant elle le voit se décomposer à mesure que les minutes s’égrainent. Elle sait le sujet de l’abandon sensible alors qu’elle soupire en le voyant s’allumer une cigarette.
« Putain… Elle est venue me voir. En janvier dernier. Enceinte jusqu’au cou. J’étais complètement ivre je… j’ai été odieux je crois, je l’ai envoyé bouler. Quand je l’ai revu en septembre, on a eu un accident de voiture. Rien de grave.. Elle m’a dit que je ferais un père pitoyable. » Son cœur se serre en entendant l’amertume des mots et combien ça raisonne en lui de façon violente. Elle se doute que ça réveille le petit garçon qu’on a délaissé et ce sentiment d’abandon et d’insécurité. Les mots prononcés sont rudes et ça la peine de le voir dans un état de détresse pareil tant elle n’a pas l’habitude de le voir flancher à ce point. « Je peux pas être son père. Parce qu’elle a raison je ferais un père pitoyable. Putain mes propres parents ont préféré me laisser dans la rue. Il y a aucune raison que je sois mieux qu’eux. » Elle baisse les yeux à l’évocation des parents biologiques, bien la première fois qu’il ose aborder ce sujet. « C’est sûr que tu n’obtiendrais peut être pas l’oscar du père de l’année, mais... je suis certaine que si tu t’en donnes la peine, tu feras de ton mieux pour être un père pour elle ! Cette fille ne te connaît pas Freddy. Et puis, c’est nous ta famille... » Elle n’irait pas crier qu’il serait un bon père, elle a beau aimer son frère du plus profond de son âme, elle sait qu’à l’heure actuelle, il est incapable de gérer un enfant de A à Z. Mais de toute évidence, cette fille était assez inconsciente pour confier son enfant à un parfait inconnu et à ses yeux, ça la rend d’autant plus antipathique. « Qu'est ce que je vais faire si elle revient pas ? » La brune regarde son jumeau pour y trouver un je-ne-sais-quoi de soutien incapable de rester insensible à la détresse de son aîné. « Je crois que tu connais la réponse Freddy... Si Chloé est vraiment ta fille... » Et elle se doute que ça l’effraie tout ça, pas pour rien que la grossesse dure neuf mois ! « On sera là pour t’épauler, n’est-ce pas Link ? Et les parents aussi, même si... Je crois qu’ils ne sont pas prêts pour la surprise ! » Une fois encore elle cherche du soutien auprès de son frère, même si elle sait que les tensions entre les deux sont monnaies courantes, elle a espoir qu’ils mettront leurs différents de côté !
« Lincoln ! Rend moi ça ! » On sait tous les deux que l’alcool ne fait rien de bon à part empirer davantage une situation alors lorsqu’il tend la main pour saisir la bouteille, je l’éloigne rapidement de lui pour qu’il ne puisse pas l’atteindre. « Non il ne te rendra pas cette bouteille Freddy ! Il est hors de question que tu te noies dans l’alcool ce soir, ni un autre soir ! » Je me souviens encore de la conversation que nous avons eue en septembre dernier, celle où il m’a dit qu’il regrettait ce qu’il avait fait en janvier dernier et que ça aurait pu mal finir. C’est à croire que le choc de la nouvelle qu’il vient d’apprendre l’a déjà fait oublier tout le mal que sa consommation pouvait faire. « Ça ne serait pas te rendre service que de te laisser boire. La petite ne va pas disparaître après un verre d’alcool. » Il aurait dû y penser avant de s’envoyer en l’air sans se protéger, maintenant il devait assumer la conséquence de ses actes et un enfant n’est en rien anodin. J’essaie de comprendre d’où la petite débarque parce que si notre frère a l’air sous le choc, il ne semble pas pour autant certain que ça ne puisse pas être sa fille. La mère, qui qu’elle soit, il semble la connaître et je me doute bien que notre ainé enchaîne un peu les conquêtes. « Oui. Un nuit en Italie. L’année dernière… En mai, sur le tournage… Elle aurait dix mois là. » Mon regard se pose sur la petite et ça me semble coller même si je ne suis pas certain à 100 % de son âge. « Elle est photographe, on connait pas mal de monde du même milieu, elle aurait pas eu de mal à obtenir mon adresse d’une façon ou d’une autre. J’vous rappelle que j’organise la moitié des soirées du beau monde de Brisbane ici. » Je ne peux m’empêcher de lever au ciel lorsqu’il précise à quel point il est connu, même sous le choc il a la grosse de tête le frangin. « Et tu donnes ton adresse à tes clients? » Pas moi, mais disons que c’est plutôt rare - lire ici jamais – que je ramène des clients à la maison.
« Sa mère qui l’a abandonnée là. » La réponse de Freddy à ma tentative d’humour est sans équivoque ; il ne trouve pas que ma blague est drôle et sachant qu’il a eu du mal à trouver sa place au sein de notre fatigue, je peux comprendre que ce soit un sujet sensible pour lui. Je grimace légèrement en lançant un regard à ma sœur sans ajouter un mot de plus sur l’ancienne conquête de notre frère pour ne pas le provoquer. « Putain… Elle est venue me voir. En janvier dernier. Enceinte jusqu’au cou. J’étais complètement ivre je… j’ai été odieux je crois, je l’ai envoyé bouler. » Je n’ai aucune difficulté à imaginer la façon dont il a pu se comporter pour l’avoir vu ivre plus d’une fois et quelque part, je me sens mal pour la mère si elle était là pour lui parler de la petite. Il culpabilise, Freddy, et ça se voit dans son attitude et dans son regard. « Il n’est peut-être pas trop tard pour arranger les choses, après tout la petite est ici, non? » Mal à l’aise, je me caresse nerveusement un bras. Il faut dire que je n’ai pas du tout l’habitude de voir mon frère aussi chamboulé et ça me rend mal de le voir aussi émotif et chamboulé. J’aimerais avoir les mots pour le consoler, mais n’ayant jamais été proches de lui, la tâche est loin d’être facile. Mais j’ai envie d’essayer, d’être là pour l’épauler à mon tour. « Quand je l’ai revu en septembre, on a eu un accident de voiture. Rien de grave… Elle m’a dit… Elle m’a dit que je ferais un père pitoyable. Je peux pas être son père. Parce qu’elle a raison je ferais un père pitoyable. Putain mes propres parents ont préféré me laisser dans la rue. Il y a aucune raison que je sois mieux qu’eux. » Je ne peux faire autrement que de détourner un instant la tête pour cacher à quel point la détresse de mon frère vient me chercher présentement. « C’est sûr que tu n’obtiendrais peut être pas l’oscar du père de l’année, mais... je suis certaine que si tu t’en donnes la peine, tu feras de ton mieux pour être un père pour elle ! Cette fille ne te connaît pas Freddy. Et puis, c’est nous ta famille... » J’acquiesce d’un mouvement de tête en râclant ma gorge pour chasser la boule qui s’y est logée. « Elle ne te connait pas! Et puis pour tes parents biologiques, ce ne sont pas eux qui t’ont élevé, il n’y aucune raison pour que tu fasses la même chose… M’man et p’pa se sont bien occupés de toi. » Je me surprends à essayer de rassurer mon frère même si disons que ce n’est pas vraiment lui qui me vient à l’esprit quand je pense au père de l’année. Cette nouvelle est un choc pour lui, comme pour nous, et je ne vois pas vraiment l’écraser alors qu’il est déjà au sol. « Qu'est ce que je vais faire si elle revient pas ? » La réponse me semble plutôt évidente, je ne vois pas comment Freddy pourrait à son tour abandonner la petite même s’il ne la connait pas. Il a les moyens de s’occuper d’elle et avec un peu de temps, peut-être arrivera-t-il à développer sa fibre paternelle. « Je crois que tu connais la réponse Freddy... Si Chloé est vraiment ta fille... On sera là pour t’épauler, n’est-ce pas Link ? Et les parents aussi, même si... Je crois qu’ils ne sont pas prêts pour la surprise ! » Une fois de plus, j’approuve les paroles de ma jumelle en hochant la tête. « Mais oui, tu n’es pas tout seul… On va pouvoir t’aider. Enfin pas financièrement mais… » Ce n’était pas comme s’il avait besoin d’aide ce côté. « On t’aidera à faire les magasins pour trouver ce qu’il te faut et on sera là pour s’occuper d’elle. » Ça allait déjà être le cas pour les enfants de Tessa, ce ne serait pas différent pour le sien. « Ça va aller, tu es débrouillard. Et puis… maintenant on peut tout apprendre en regardant des vidéos sur Youtube. » ajouté-je en haussant les épaules avec un sourire niais sur les lèvres.
« Non il ne te rendra pas cette bouteille Freddy ! Il est hors de question que tu te noies dans l’alcool ce soir, ni un autre soir ! » Ils me connaissent mal s’ils pensent que leur sermon va m’empêcher de quoique ce soit quand j’attendrai juste qu’ils soient partis pour boire un verre ou dix. Et pourtant, la petite dans la pièce m’empêche de faire les quelques pas qui me séparent de Lincoln pour rependre cette bouteille. « Ça ne serait pas te rendre service que de te laisser boire. La petite ne va pas disparaître après un verre d’alcool. » « T’en sais rien ! » je réponds avec immaturité, comme si boire aller m’aider à oublier la présence de cet enfant ou son possible lien de parenté avec moi.
« Et tu donnes ton adresse à tes clients? » « j’organise des soirées Lincoln ça s’appelle avoir une vie sociale ! » je suis trop agressif et je le sais, mais je suis en train de me ronger les doigts, incapable de calmer mes nerfs. Je fais les cent pas dans ce salon, tout plutôt que d’observer la petite et ses yeux bleus si similaires aux miens.
Lorsque je réalise que Zoya a sans doute essayé de me le dire, la culpabilité me prend. Bien sûr que j’aurais dû le voir, le réaliser si seulement j’avais été un peu moins ivre et un peu moins égoïste, un peu plus attentif à ce qu’elle voulait me dire ce jour là. « Il n’est peut-être pas trop tard pour arranger les choses, après tout la petite est ici, non? » Elle est partie. Partie loin de tout ça, loin de sa fille et de ses problèmes. Comment peut-il dire cela quand Zoya vient de décider qu’elle ne faisait plus partie du paysage.
Je suis incapable d’être père et cela j’en suis certain. « C’est sûr que tu n’obtiendrais peut être pas l’oscar du père de l’année, mais... je suis certaine que si tu t’en donnes la peine, tu feras de ton mieux pour être un père pour elle ! Cette fille ne te connaît pas Freddy. Et puis, c’est nous ta famille... » Les mots me rassurent. Tessa ne me ment pas, reconnaît que je n’ai pas être pas la carrure actuellement pour être père mais que malgré tout ce n’est pas perdu. Moi je n’en suis pas aussi sûr. J’aimerais que Zoya revienne, que cette soirée ne soit jamais arrivé, que je puisse retourner à ma vie d’avant, celle où j’ignorais tout de l’existence de cette enfant. « Je crois que tu connais la réponse Freddy... Si Chloé est vraiment ta fille... On sera là pour t’épauler, n’est-ce pas Link ? Et les parents aussi, même si... Je crois qu’ils ne sont pas prêts pour la surprise ! »
Au fond elle a raison, je ne pense pas être capable de laisser l’enfant derrière moi. Tout comme je ne me sens pas capable de l’assumer. Leur présence et leur soutien me rassure un peu malgré tout. « Mais oui, tu n’es pas tout seul… On va pouvoir t’aider. Enfin pas financièrement mais… On t’aidera à faire les magasins pour trouver ce qu’il te faut et on sera là pour s’occuper d’elle. » J’ai envie de lui dire que les finances ne seront pas le problème, c’est dans le domaine des sentiments que je n’ai aucune expérience. Je me sens incapable d’aimer cet enfant encore moins de la laisser entrer dans ma vie. « Ça va aller, tu es débrouillard. Et puis… maintenant on peut tout apprendre en regardant des vidéos sur Youtube. » J’esquisse pour la première fois l’écho d’un sourire à ses paroles, commençant un peu à me calmer. Au moins une seule chose me rassure ici, je ne suis pas seul. Et c’est sur cette pensée rassurante que je me décide enfin à observer plus attentivement l’enfant. Le chemin sera long.