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 i'm not meant to be silent (tommy)

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Message(#)i'm not meant to be silent (tommy) EmptyVen 19 Nov 2021 - 5:12

Scarlett s’était bien moins résignée à appeler sa famille à l’aide que cette dernière s’était naturellement resoudée autour de son malheur. Les Warren fonctionnaient toujours de cette façon, se déchirant quand tout allait bien pour mieux recoller les morceaux lorsque les circonstances l’exigeaient. A quelques mois près, la dépression de Beth et le deuil que la cadette avait dû surmonter avaient des airs de réplique. Une secousse qui frappait une fois par an, au hasard, un membre de la fratrie. Pas la dernière à faire preuve de cynisme, Scar s’était déjà demandé qui allait devoir affronter la cruauté du sort l’an prochain. Elle se sentait mieux, en tout cas. Sa mine en attestait. Mais elle détestait de plus en plus le silence envahissant de son appartement, dans lequel elle avait passé trop de temps à se morfondre ces dernières semaines. C’était sans doute la raison pour laquelle elle évitait d’y mettre les pieds désormais. Tout lui rappelait ce moment, ce coup de fil de Lily qui avait changé sa vie à jamais. Scarlett se sentait mieux, mais elle se sentait différente. Son entourage n’y verrait peut-être que du feu, mais son air désinvolte et sa répartie mordante sonnaient faux. Comme si ce n’était plus que la manifestation d’une femme qu’elle avait aussi enterrée ce jour-là, qu’elle s’efforçait de faire vivre encore un peu.

Fait incroyable, sa mère avait daigné lui laisser un message lorsque Scar avait délibérément ignoré son appel. Un sursaut de maternité, et d’humanité surtout, qui lui permettait de gagner quelques points auprès du miséricordieux. Malgré sa mauvaise foi, Scar avait promis de faire un saut chez ses parents quand le temps lui permettrait. Chez elle, le temps était souvent synonyme d’envie. Il lui avait fallu épuiser toute possibilité de compagnie pour en arriver à retourner dans cette maison qui semblait aspirer toute la joie de vivre. Scarlett n’en avait de toute évidence pas assez à revendre pour se laisser dépouiller de sa bonne humeur. C’était généralement dans ces moments où elle se sentait en danger qu’elle se tournait vers Tommy, qui avait été d’un soutien mesuré le temps de son deuil. Les deux cadets de la famille partageaient le même caractère farouche, et savaient toujours doser leur compassion à l’égard de l’autre. Une des rares qualités dont ils avaient été les seuls à écoper dans la famille. Elle lui avait donné rendez-vous dans le parc qui jouxtait la maison, et s’était assise sur la balançoire, ses yeux instantanément attirés vers le sol. Il était encore trop tôt pour que les cris des enfants ne percent le calme du voisinage. Tommy avait répondu présent, même si Scar le soupçonnait d’avoir dû échanger quelques faveurs avec ses collègues pour se rendre disponible. Moïra étant à l’école, il n’y aurait plus qu’eux deux et leurs souvenirs d’une enfance mitigée. Scarlett n’avait même pas relevé le regard quand elle avait senti son frère s’installer sur la balançoire d’à côté. Ses semelles grattaient sur le sable, crissement de méditation dans la plénitude du silence. Scar pivota enfin du menton. « Ça fait pas de nous des pervers s’il n’y a personne d'autre que nous, n’est-ce pas ? » avait-elle demandé, comme si cela faisait la moindre différence à ses yeux.

@Tommy Warren :l:
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Message(#)i'm not meant to be silent (tommy) EmptySam 15 Jan 2022 - 15:10

Il aurait aimé blâmer la chaleur et l'isolation douteuse de leur appartement, mais la responsabilité de son réveil bien avant le lever de soleil était à mettre sur le dos du rythme sur lequel il vivait depuis deux ans et demi. Toute une enfance et une adolescence à traîner des pieds en jurant qu'une fois adulte il se coucherait tard tous les soirs parce que personne ne pourrait l'en empêcher, pour finalement se coucher et se lever en même temps que les poules des fermes en périphérie de la ville. Au bout du compte son rituel ce matin-là avait donc été le même que pour n'importe quel autre jour où il aurait travaillé : il avait simplement traîné quelques minutes supplémentaires au lit, juste le temps que Microbe s'impatiente, juste le temps qu'il vienne le gratifier d'un coup de patte pour réclamer sa ration du matin. Pour un matou ramassé dans la rue, le bougre s'était fait en un rien de temps à la vie de chat de salon et prenait un peu trop goût au fait d'avoir l'appartement pour lui seul du matin au soir. Ce jour-là pourtant le grand dadet de ses deux maîtresse semblait traîner la patte, il n'avait pas sauté dans la douche après un café englouti en quatrième vitesse, il n'avait pas attrapé à la va-vite son sac abandonné dans l'entrée, et il était encore là à zoner dans la cuisine après que Moïra, elle, s'en soit allée pour étudier. Il avait même eu l'audace de se resservir un second café, qu'il avait siroté accoudé à la fenêtre par laquelle on voyait le soleil se lever derrière la rangée d'immeubles d'en face. Boudeur, Microbe s'était posté sur la table basse pour faire sa toilette, et miaulait parfois en fixant l'intrus d'un air accusateur. « J'suis quand même chez moi, hein. » avait d'ailleurs fini par lui faire remarquer Tommy en roulant des yeux, abandonnant sa tasse vide dans l'évier avant de disparaître dans la salle de bain.

Il n’avait pas la sensation de s’être pressé, et pourtant la matinée lui semblait à peine entamée lorsqu’enfin il avait laissé le chat profiter seul de son royaume, et s’était mis en route pour le quartier de résidence de ses parents. L’invitation de Scarlett l’avait surpris ; Ou disons pas l’invitation en elle-même, mais le lieu assurément, sa cadette et lui n’étant pas connus pour revenir par plaisir traîner du côté de la maison de leurs parents. Parfois le brun se disait qu’ils étaient peut-être un peu ingrats : leur enfance n’avait pas été si terrible, ils n’avaient manqué de rien, avaient eu chacun leur chambre et pu tester des tas d’activités extra-scolaires. Il lui arrivait même de se sentir mal deux ou trois jours à ce sujet, de se dire qu’il devrait peut-être prendre un peu plus sur lui, faire un peu plus d’efforts … et finalement leur mère se permettait une remarque sur sa situation professionnelle, sur l’éducation de Moïra ou sur cette manie de toujours avoir une tâche sur son tee-shirt ou un accroc sur son jean, et ce sursaut momentané de culpabilité s’envolait aussi vite qu’il lui était venu. Face au message de Scarlett cependant il n’avait pas plus questionné qu’argumenté, gageant qu’elle devait probablement avoir ses raisons ; Le confort de la nostalgie, ou simplement le fait d’avoir à faire dans les parages, qui sait. Et s’il faisait abstraction de leurs premières rides respectives et des maisons supplémentaires ayant poussé ça et là dans le quartier auparavant plus clairsemé, il pouvait presque prétendre que l’image de Scarlett perdue dans ses pensées sur cette vieille balançoire le plongeait quinze ou vingt ans en arrière.

Ses converses usées s’enfonçait dans le sable qui entourait l’aire de jeux, et d’un geste machinal Tommy était venu réajuster les lunettes de soleil sur son nez avant de s’installer sur la seconde balançoire qui ne semblait attendre que lui. « Ça fait pas de nous des pervers s’il n’y a personne d'autre que nous, n’est-ce pas ? » Si un ricanement lui avait échappé, c’était parce qu’il aurait pu mettre sa main au feu que si leur mère, cachée derrière le rideau de la cuisine, avait constaté la présence de deux adultes louches – comprenez par là qui n’étaient ni du quartier, ni de la paroisse – installés sur cette zone destinée aux bambins, elle aurait probablement été de ceux qui hésitaient à appeler la police. « Du moment que tu ne proposes pas de bonbons aux enfants qui passent. » Mais tous étaient à l’école, probablement à compter les jours avant les vacances d’été qui arrivaient à grands pas. Le sourire amusé qui étirait ses lèvres s’était quant à lui rapidement mué en quelque chose d’un peu plus sérieux, et après quelques secondes de silence la tête de Tommy s’était tourné vers sa sœur « Comment est-ce que tu vas ? » Il ne demandait pas si elle allait bien, il demandait comment elle allait – et à ses yeux cela faisait toute la différence. Sur le chemin pour venir il avait réalisé que le DBD n’était pas très loin d’ici, et fatalement s’était posée la question de savoir si Scarlett était dans les parages pour cette raison, plutôt que par envie de s’imprégner des décors de leurs jeunes années.

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Message(#)i'm not meant to be silent (tommy) EmptyDim 20 Mar 2022 - 11:01

La scène aurait eu quelque chose de nostalgique si Scarlett ne gardait pas un souvenir faussement mauvais de son adolescence. Elle avait même l'impression d'être toujours coincée à cette période de sa vie où ses parents s'obstinaient à vouloir contrarier ses projets autant qu'elle s'appliquait à leur désobéir. La mère avait toujours eu de grandes ambitions pour ses filles, plus encore qu'elle avait sacrifié ses diplômes et un avenir brillant dans l'art pour satisfaire ses devoirs de femme. Scar ne comprenait toujours pas pourquoi elle ne pouvait pas se contenter de la réussite manifeste de Beth pour laisser à sa cadette le loisir de s'épanouir autrement que dans la vision guindée qu'elle se faisait du bonheur. N'était-ce pas justement l'intérêt d'avoir plusieurs enfants que de faire preuve de plus en plus de laxisme dans leur éducation ? Scarlett n'était pas un cas d'école. Elle était plutôt tout à fait banale dans la rigueur qu'elle mettait à toujours aller à l'encontre de ce qu'on attendait d'elle. N'importe quel ivrogne qui se sentait pousser des dons d'hyper-sensibilité pouvait lui soutenir que ses parents gardaient une forme d'emprise sur elle lorsqu'elle mettait un point d'honneur à se défaire des valeurs qu'on lui avait inculquées. Avec un brin de jugeote, sa mère aurait pu comprendre depuis bien longtemps que sa fille était particulièrement perméable à la psychologie inversée. Tout n'était pourtant pas tout noir, et Scar se souvenait des cigarettes que Tommy lui avait confisquées sur cette même balançoire. Il avait toujours pris son rôle de grand frère à cœur, contrairement à Marius. Les réflexes restaient les mêmes. Ils s'installaient près de l'autre, inspectaient les alentours et plus particulièrement la fenêtre de la cuisine, où leur mère avait l'habitude d'espionner le voisinage en prétendant faire un brin de vaisselle, avant de se résoudre à se faire quelques confidences pudiques. Du moins pour Tommy, car la pudeur était un trait de caractère dont Scarlett s'était séparé depuis bien longtemps dans n'importe quel aspect de sa vie. « Déjà que j'ai rien donné à Halloween, c'est pas maintenant que je risque de partager. » avait-elle rétorqué sur le même ton léger, comme s'il n'y avait pas un sujet plus grave qui n'attendait qu'à être abordé.

Il n'avait pas fallu plus de quelques secondes à Tommy pour mettre les pieds dans le plat. Sa question, apparemment anodine, soulevait des tas de réponses que Scarlett ne savait distinguer. Bien-sûr qu'elle n'allait pas bien, ce n'était pas le sujet. Son frère essayait surtout de savoir à quel point elle allait mal, et il avait juste bien plus de tact que n'importe quel autre membre de la famille pour lui laisser formuler son chagrin comme elle l'entendait. « Mieux j'imagine. Tellement que j'ai consenti à rendre visite aux parents... » avait-elle répondu sarcastique. Tommy comprendrait malgré tout comme le geste était symbolique. Pas même Beth ne pouvait en découdre avec leur mère lorsqu'elle était au fond du gouffre. A moins de vouloir envoyer un véritable signal de détresse. Le coup de grâce pour enterrer tout vestige de dignité. Leur mère n'était pas particulièrement compatissante. Elle blâmerait les anti-dépresseurs, mais elle avait au contraire de grosses lacunes en termes d'empathie. Et une énorme propension à ramener les coups durs de ses enfants aux prétendues faiblesses de son éducation. « Je suis peut-être un peu maso. Ou alors j'ai juste besoin d'un gros coup de pied au cul que je sais maman totalement capable de me mettre sans le faire exprès. » C'était indéniable : leur mère avait le don de transformer le mal en colère. Scarlett en avait tellement assez de s'en vouloir qu'elle était prête à prendre sa mère pour cible. Ne serait-ce que pour reprendre goût aux habitudes. « Tu te souviens quand je te rejoignais ici avec tes potes en plein milieu de la nuit ? C'était quand même pas très futé de ta part de trainer à deux pas de la maison. » avait-elle lancé, parfaite diversion pour éviter de parler du véritable problème. « Il me manque encore. Tous les jours. J'ai l'impression que quelque chose est cassé en moi. Comment tu as fait ? » Pour se relever de la mort de l'amour de sa vie, pour ne pas se sentir déprimé ou aigri chaque fois qu'il croisait le regard de Moïra, comme c'était le cas chaque fois qu'elle repensait avec mélancolie au DBD.

@Tommy Warren i'm not meant to be silent (tommy) 2954228499
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Message(#)i'm not meant to be silent (tommy) EmptyDim 8 Mai 2022 - 7:55

Dépendamment des jours, le fait que le temps ne semble pas avoir d'emprise sur le quartier de leur enfance et que rien n'y change jamais avait le don soit de rassurer Tommy, soit de le mettre un peu mal à l'aise. Tout ici avait l'air figé, même les hortensias avaient l'air de toujours fleurir exactement de la même manière, et certains habitants du quartier qui semblaient déjà vieux du temps où les garçons Warren n'avaient pas encore de poil au menton s'accrochaient à la vie comme du chiendent – comme si même la mort n'était pas de taille à leur faire quitter leur voisinage. Si certains jours Tommy trouvait un côté rassurant au fait de pouvoir se dire que certaines choses ne changeaient jamais, la plupart du temps traîner dans le quartier de ses parents lui donnait la désagréable impression de faire du surplace, et d'être encore ce gamin qui faisait soupirer ses parents faute de mieux. Et pour ce qu'il en savait, Scarlett et lui étaient sur la même longueur d'onde à ce sujet, raison pour laquelle le lieu où elle lui avait donné rendez-vous l'étonnait presque plus que le rendez-vous en lui-même – Mais ça, la principale intéressée semblait elle-même en avoir conscience. « Mieux j'imagine. Tellement que j'ai consenti à rendre visite aux parents ... » Le sarcasme de sa sœur lui arrachant un rire, Tommy avait jeté un coup d'œil machinal du côté de la maison familiale, s'attendant presque à voir leur mère en surgir pour les houspiller. « C'est justement ça qui m'inquiète. » avait-il alors fait remarquer, à demi-sérieux mais tout à fait certain qu'un tel élan de motivation témoignait d'un changement d'état d'esprit – vers du mieux, espérait-il. « Je suis peut-être un peu maso. Ou alors j'ai juste besoin d'un gros coup de pied au cul que je sais maman totalement capable de me mettre sans le faire exprès. » D'accord, cette fois-ci elle était réellement parvenue à le faire rire, et le fait que ce soit à moitié aux dépens de leur génitrice n'y était pas totalement étranger. « Sans le faire exprès, évidemment. » Personne mieux que leur mère ne permettait de travailler et entretenir son esprit de contradiction, il fallait au moins lui reconnaître cela.

Était-ce pour cette raison qu’elle l’avait fait venir ? Pour ne pas se retrouver seule face au dragon si sa bonne volonté et celle de leur mère ne duraient pas plus que le temps d’avaler une demi-tasse de café ? « Tu te souviens quand je te rejoignais ici avec tes potes en plein milieu de la nuit ? C'était quand même pas très futé de ta part de traîner à deux pas de la maison. » Il se souvenait, oui. De ça, du fait qu’elle ne l’aurait justement pas trouvé aussi facilement s’il était allé plus loin, et du fait que ce n’était pas vraiment le genre de sa sœur, la nostalgie. Comment est-ce que tu vas, Scarlett ? « Il me manque encore. Tous les jours. J'ai l'impression que quelque chose est cassé en moi. Comment tu as fait ? » Est-ce que c’était aussi ça, vieillir ? Converser sur le deuil, à l’endroit même où vingt ans plus tôt ils fumaient en cachette ? « J’ai beaucoup bu. Et j’ai joué toutes mes économies au poker. » Il avait perdu toutes ses économies au poker ; Rien qu’elle ne sache pas déjà. Il avait pensé à se foutre en l’air, aussi – il voulait croire que c’était pour Moïra qu’il ne l’avait pas fait, mais la vérité c’est qu’il n’aurait pas eu le cran nécessaire. « Et puis j’ai réalisé que le monde continuait à tourner, peu importe que je trouve ça injuste. » Ça l’avait rendu malade, d’abord. Les gens continuaient de vivre leur vie, de vaquer à leurs occupations, comme si la disparition d’Alice n’était qu’une goutte de plus dans l’océan et qu’elle n’avait jamais compté. Il se souvenait d’en avoir voulu à la terre entière pour ça. « Vouloir empêcher la vie de reprendre son cours, ça ne le fera pas revenir. Il n’arrêtera pas de te manquer, en tout cas Alice ne me manque pas moins qu’il y a dix ans … Mais le temps passé à vouloir autre chose qu’apprendre à faire avec, c’est seulement du temps perdu. Parce qu’au bout du compte, c’est la seule issue. » Il aurait pu – il aurait dû ? – enrober sa réponse d’un peu plus de douceur et de coton, mais il ne pensait pas que Scarlett était là pour ça. Pour un “ça va aller” et une tape dans le dos elle pouvait demander ailleurs, elle n’avait pas besoin de lui ; De lui elle attendait de l’honnêteté. « Et je ne crois pas à ces conneries comme quoi les morts continuent de nous regarder et de veiller sur nous, n’en déplaise à Maman. Les morts sont morts, ça leur est bien égal de savoir ce qu’on fait de notre vie une fois qu’ils n’y sont plus. » Dix ans de catéchisme forcé pour en arriver là, quel échec pour Maman Warren. « Alors autant essayer d’être le plus proche de la personne qu’on était quand ils étaient là. » Ou d’en devenir une meilleure version ; Mais ça, c’était l’étape d’après, et Tommy lui-même n’y était pas encore.

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Message(#)i'm not meant to be silent (tommy) EmptyDim 29 Mai 2022 - 5:56

Revenir sur le terrain de leur enfance était symbolique. A l'époque, leur principale préoccupation était de ne pas se faire remarquer lorsqu'ils dépassaient leur couvre-feu, de prolonger encore un peu le temps de l'innocence. Lorsqu'on était jeune, il n'était pas question de mort, d'héritage ou d'introspection sur le sens de la vie. Ces questions, on les fuyait comme la peste. C'était bien ce qu'on lui reprochait depuis longtemps d'ailleurs : de ne pas trop s'inquiéter de son sort, de se laisser porter par le présent. La mort de Matt avait rebattu les cartes. Soudainement, elle était devenue adulte. Ils étaient tous devenus adultes, autour d'elle. Et la réalité était bien plus violente lorsqu'on l'avait négligée depuis toujours. De tous ses frères et sœurs, Tommy était celui qui la comprenait le mieux. Sa compagnie le rassurait maintenant, comme elle le faisait autrefois. Il n'avait pas toujours été là physiquement mais demeurait pourtant d'une constance familière à ses yeux. Elle avait ri, lorsqu'il avait souligné l'anomalie de leur présence ici. Il avait raison, consentir à rendre visite à leurs parents ne lui ressemblait pas. C'était une initiative bien trop marginale pour justifier les moindres prémices de guérison. Scarlett ne l'entendait pas de la même oreille. Aussi insupportable pouvait être sa mère, elle était elle aussi d'une constance remarquable dans ses jugements. Matt n'était plus là pour la motiver, alors peut-être avait-elle besoin de ses discours moralisateurs à elle pour se souvenir de qui elle était. « Ouais je crois bien que c'est dans sa nature. » avait-elle répondu, sans pour autant semer le moindre indice sur ce qu'elle pensait vraiment de ce trait de caractère. Il s'avérait parfois utile, la meilleure source d'énergie qu'on puisse trouver dans le coin. Et ni Scarlett ni Tommy n'admettraient qu'ils avaient hérité de son obstination.

Son frère n'épilogua pas sur leurs souvenirs nostalgiques. Il savait qu'ils n'étaient qu'un préambule avant les confessions authentiques. Scar oubliait parfois que Marius avait beaucoup perdu lui aussi. Son défaut parmi d'autres était de ne jamais donner l'impression de perdre pied. Scarlett ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Elle était trop entière pour s'embarrasser des complexes de ceux qui ravalaient leur peine. Ils le faisaient certainement pour une raison. Tommy, lui, avait sombré dans les addictions à la mort d'Alice. Elle le savait, comme elle savait où ces travers l'avaient mené. « T'aurais dû revenir à la maison Tom-Tom. Personne ne devrait avoir à affronter ça seul. Moi je le fais parce que je l'ai choisi, mais je sais que vous êtes là. » avait-elle affirmé, un regard luisant de commisération tourné dans sa direction, relativisant sur sa pseudo déprime qui, tout au plus, l'avait rendue nymphomane. Savoir que ce qu'elle vivait était normal la rassurait cependant. Elle avait eu du mal à comprendre comment Lily avait pu continuer à vivre sa vie comme si de rien n'était. Comme si Matt n'avait pas compté, qu'il n'était qu'un vulgaire mouchoir dont on pouvait disposer sans regret, avant de le remplacer aussitôt. Les paroles de Tommy étaient sages. Elles ne lui apprenaient finalement pas grand chose qu'elle ne savait déjà, mais elle avait besoin de les entendre. Et surtout, d'entendre que c'était possible. Possible de continuer à avancer sans les êtres qu'on chérissait le plus au monde. « Je comprends un peu maman. Les gens s'accrochent à ce qu'ils peuvent. Et c'est toujours les vivants qui trinquent. » Ce jour était définitivement à marquer d'une pierre blanche. En plus de lui rendre visite de son plein gré, Scarlett pouvait compatir avec sa mère. Ce qu'elle omettait de dire en revanche, c'était que la religion lui semblait être la diversion la plus facile. Et la moins transitoire. Tommy s'était sorti de l'alcool, mais on restait un dévot à jamais. « Je lui en ai voulu d'être mort au début. C'est bête, non ? » avait-elle demandé de façon rhétorique, avant d'enchainer sur la suite. « Je lui en veux encore un peu. Et pour des raisons égoïstes. Parce qu'on avait encore plein de choses à accomplir ensemble, et je sais pas si j'en serai capable sans lui. » Ses yeux dévièrent à nouveau vers le sol, où s'était amoncelée ses ambitions perdues. Mortes et enterrées avec son ami. « Je sais pas si je peux être la personne que j'étais quand il était encore là. C'était lui qui me poussait. »

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