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 Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyVen 19 Nov 2021 - 11:45

Caleb & Sofia
I never meant to be bad or unwell, I was just living on the edge right between Heaven and Hell. And I'm tired of it
« Caleb Jonathan Anderson ! Tu vas m’ouvrir immédiatement ! » C’est la voix de ma mère que j’entends de l’autre côté de la porte sur laquelle elle est en train de frapper sans retenue. Mais je ne bouge pas. Je reste allongé dans mon lit, elle finira bien par s’épuiser de toute façon. Je n’ai pas envie de voir ma mère aujourd’hui. Comme depuis un mois je n’ai envie de voir personne. Je passe mes journées seul chez moi et la seule personne à qui j’ouvre de temps en temps, c’est Prim. Ma mère en fait trop, ma mère m’étouffe sous ses questions et ses regards remplis de pitié et de compassion. Je sais qu’elle essaie de bien faire. Je sais qu’elle ne sait pas comment gérer la situation et qu’elle fait ce qu’elle peut. Donc je ne lui en veux pas. Même quand j’entends le double des clefs que je lui avais donné s’introduire dans la serrure pour ouvrir la porte d’entrée, je ne lui en veux pas non plus. Je l’entends rentrer, je ne bouge pas pour autant. Enfin si, je change de position, je m’allonge dos à la porte de la chambre. « Caleb? » J’entends comme une pointe d’inquiétude dans sa voix, et peut-être même une certaine angoisse et je m’en veux d’être la réponse pour laquelle ma mère n’est pas bien. Je ne mérite pas toute l’attention que ma famille me donne alors que ma mère ne mérite pas de se faire du souci pour moi. Elle mérite mieux, un meilleur fils. Raison pour laquelle, quand je l’entends entrer dans la chambre, je roule dans le lit pour m’allonger sur le dos. « Qu’est-ce que tu fais encore allongé dans le noir ? Il va être quinze heures, Caleb. » Je ne lui réponds pas, elle devra se contenter d’un soupir. « Tu as rendez-vous à l’hôpital dans une heure, je t’emmène. » Je secoue la tête, il est hors de question que ma mère m’emmène à mes rendez-vous médicaux comme si j’étais encore un enfant. « Je ne te demande pas ton avis. Tu as déjà loupé tes trois premières séances de kiné alors s’il faut que je t’y accompagne comme quand tu étais petit je vais le faire. » Je soupire encore une fois et je me frotte les yeux.  « J’ai pas envie d’y aller. » Je lui réponds enfin mais je me demande si ma mère m’écoute puisqu’elle s’avance d’un pas décidé vers la fenêtre pour ouvrir les rideaux. Je ne vois que rarement la lumière du jour depuis quelque temps et les rayons de soleil me brûlent presque la rétine. « C’est important que tu y ailles Caleb. » J’hausse les épaules parce que rien n’est important pour moi en ce moment, mais cette fois je fais l’effort de me redresser dans le lit pour m’y asseoir.  « J’ai pas envie d’y aller. » Je répète sur le même ton que tout à l’heure mais avec peut-être un peu plus de tristesse dans la voix. Ma mère s’assoit sur le bord du lit, elle me regarde, je le sens, mais moi je ne peux pas croiser son regard alors je fixe les draps sans un mot de plus. « S’il te plaît Caleb. Si tu ne le fais pas pour toi fais-le pour moi… » J’entends sa voix se briser à la fin de sa phrase mais je ne la regarde toujours pas pour autant. Je ne veux pas voir ma mère pleurer par ma faute mais elle a gagné parce qu’après quelques secondes je pars dans la salle de bain sans un mot. « Et on ira manger quelque part après, tu as maigri à vue d’œil. » Elle a raison, j’ai beaucoup maigri mais en même temps je ne mange quasiment plus alors ce n’est pas si étonnant que ça. Je cède, je passe sous la douche et je m’habille. C’est bien parce qu’elle m’a demandé de le faire pour elle. Quand je ressors de la salle de bain la première chose qui me frappe c’est que ma mère en a profité pour faire un peu de rangement et de ménage. Ce qui est fou, parce qu’habituellement j’aime quand tout est bien rangé mais maintenant ça n’a plus d’importance. Plus rien n’a de l’importance de toute façon. « Tu aurais pu te coiffer quand même. » Qu’elle me dit d’un air désespéré alors qu’elle passe elle-même ses mains dans mes cheveux pour y remettre de l’ordre. Mais je la laisse faire. Sans bouger. Sans rien dire.

L’hôpital. C’est la première fois que j’y retourne depuis ta mort. Et je m’en serais bien passé. Ces longs couloirs blancs qui n’ont aucune personnalité ne me rappelle que des mauvais souvenirs et c’est dans la salle d’attente que je suis installé. Je n’ai pas décroché un mot durant tout le trajet. Ma mère parle assez pour faire une conversation seule de toute façon. Je la sens angoissée, d’ailleurs, ma mère et je ne comprends pas pourquoi parce qu’elle a réussi à m’emmener là où elle voulait. Je vais la faire, cette première séance de kinésithérapie. Apparemment après l’opération que j’ai eue en urgence c’est conseillé et ça pourrait me permettre de mieux respirer. Sauf que moi je n’en ai pas besoin je n’ai aucune difficulté à respirer – c’est faux Caleb, et tu le sais très bien. – Ma mère parle et je l’écoute à moitié jusqu’à ce que j’entende quelqu’un m’appeler. Je relève la tête et je vois une jeune femme en blouse blanche qui me cherche du regard. Ça doit être elle, ma kiné je suppose. Je me lève et je vois ma mère me suivre, mais je l’arrête en me retournant vers elle.  « C’est bon, je pense que je peux y aller tout seul. » Je culpabilise tout de suite, elle ne mérite pas ça, ma mère.  « Attends-moi ici, c’est bon. On se voit tout à l’heure. » Mon ton est un peu plus doux et je regarde rapidement la kiné avant de rentrer dans son bureau. Je reste debout comme un imbécile en regardant avec attention la pièce. Il y a un bureau mais aussi tout un tas de machines ou d’objets dont je ne connais pas l’utilité et j’espère sincèrement que je ne vais pas avoir trop d’effort à faire. Parce que je n’en ai pas la force. Ni aujourd’hui, ni les prochains jours.

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyMer 24 Nov 2021 - 9:59



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☆ ★ ☆
 @Caleb Anderson    Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb 2396639051   
Bien sûr, elle aime la dimension soin de son travail, soulager les douleurs, apaiser des corps meurtris, abîmés par la vie, par les accidents en tout genre mais elle aime surtout la dimension humaine de son poste. Elle aime la rencontre avec les nouvelles personnes, les échanges parfois basiques, parfois profonds le temps d'une séance individuelle ou en groupe. Les échanges tous plus différents les uns des autres, parfois c'est la mamie qui va parler de ses petits enfants pendant une heure, parfois c'est l'adolescent qui va lui parler de son crush pour sa meilleure amie, et parfois c'est la femme qui va parler de mariage qui bat de l’aile et de la peur de voir son mari aller coucher avec sa secrétaire, basique comme crainte mais pas si folle après tout les tromperies sur les lieux de travail elle connaît ça. Mais, son boulot l'aide beaucoup, surtout ces derniers temps, elle s'accroche à ça, parce qu'elle a encore un boulot, c'est peut-être la seule chose de sa vie qu'elle n'a pas gâché et pendant qu'elle est ici, elle n'est pas seule chez elle. Elle n'aime pas la solitude Sofia, on peut même dire qu'elle en a horreur. Elle aime le contact humain, profondément sensible aux autres, Sofia a le contact facile, la discussion se met en place avec simplicité et naturelle avec elle. Mais pourtant il y a une dimension dans son travail avec laquelle elle a encore du mal à s'habituer et ce malgré les années. Elle aimait bien la partie ou elle était en charge des petits bobos de la vie courante, mais travailler dans un hôpital rappelle bien vite que les accidents ne sont pas tous bénins, que les blessures ne sont pas toutes anodines et que si elle est qualifiée pour réparer des corps, il y a des blessures qu'elle ne peut pas réparer, qu'elle ne peut même pas apaiser. Si elle a apprit à gérer les plaintes de douleurs physiques d'un patient, elle n'a pas encore trouvé comment se blinder totalement devant la détresse psychologique et sentimentale de ses patients. Heureusement elle est joyeuse, heureusement elle a le sourire facile et une joie de vivre presque à tout épreuve, et elle ne se laisse pas déstabiliser, du moins la plupart du temps. Mais il y a des patients pas comme les autres. Des histoires qui marquent, qui laissent une trace parce qu'elles font échos en elle, parce qu'elles arrivent à un moment dans la vie ou les barrières sont moins fortes, ou tout simplement parce que l'histoire en elle même est tragique, que la douleur sur un visage est marquante. Peut importe les raisons finalement le résultat est le même. Il y a des patients dont elle se souvient et d'autres qu'elle oublie très vite. Il y a des histoires qui font vibrer le cœur parfois trop sensible de Sofia et quand elle voit sur son planning le nom de ce patient elle a un pincement au cœur. Elle sait pourtant qu'il y a de grande chance qu'il ne vienne pas, comme il l'a fait à toutes les séances qui lui ont été prescrites jusqu'à aujourd'hui mais ce nom C.Anderson, elle n'a pas besoin de relire le dossier ou de forcer sa mémoire à se souvenir, elle se souvient. Accident de voiture, fiancée décédée à l’hôpital. Une histoire d'amour qui se termine dramatiquement et la détresse de cet homme qui refuse qu'on prenne soin de lui, qui refuse les soins. Il y a des patients comme ça qui sont touchants et ce Caleb Anderson en fait définitivement parti même si elle ne l'a vu qu'une fois finalement. Une unique fois après son opération ou elle s'est tenue là avec l'équipe médicale pour le premier levé, pour les premiers exercices de kiné respiratoire, mais on ne peut pas dire que ce patient ait été un patient modèle, mais au vu des circonstances difficile de lui en vouloir non ? Il a quitté l’hôpital depuis, et ce n'est que plus d'un mois plus tard qu'il finit par revenir et répondre quand Sofia appelle son nom dans la salle d'attente. Mais à la différence des trois dernières fois, cette fois il est là, pas seul et Sofia devine bien vite qu'il n'est pas ici de son plein grès mais au moins il est présent. Elle jette un regard à cette femme et elle sent l'inquiétude dans le regard, elle lui sourit doucement avant de refermer la porte derrière son patient. Elle lui indique une chaise pour qu'il puisse s’assoir et avant de commencer la rééducation, elle prends le temps de faire un bilan de l'état de santé de Caleb. « Bonjour Monsieur Anderson, comment vous sentez-vous aujourd'hui ? » La question est souvent anodine, la première question qu'elle pose à ses patients pour savoir comment ils vont, ou ils ont mal et en quelle forme ils sont, pour savoir comment adapter sa séance aux besoins du patient, mais avec lui la question semble prendre un tout autre sens. Il n'y a pas besoin d'être devin pour savoir qu'il ne va pas bien, pas besoin d'attendre même une réponse de sa part pour réaliser à quel point il semble porter un lourd fardeau sur ses épaules. « Je vois que vous avez manqué vos trois premières séances, avez-vous vu quelqu'un ou au moins fais les exercices de respirations que l'on vous a conseillé à votre sortie ? » Elle jette un regard à ses dossiers, au compte rendu d'hospitalisation tout en se concentrant un peu sur la respiration de son patient pour prendre conscience des séquelles présentes ou non, elle se doute déjà de la réponse et elle sait qu'elle va devoir être très prudente avec lui pour lui faire prendre conscience de l'importance de sa rééducation sans le brusquer et risquer de ne plus jamais le voir revenir. « Avez-vous des problèmes pour respirer, des essoufflements fréquents ? Des douleurs quand vous toussez ? » Elle veut s'assurer de la participation de son patient, elle veut comprendre dans quel état physique et moral il se trouve parce qu'ils vont avoir du travail à faire tout les deux et elle sait que ça risque d'être douloureux pour lui, autant les soins que l'idée même d'accepter les soins.
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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyVen 10 Déc 2021 - 22:38

Caleb & Sofia
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Ma mère essaie de bien faire en venant me chercher jusqu’à chez moi pour que je me rende enfin à mon premier rendez-vous de kinésithérapie. Parce qu’elle sait que si personne ne m’y amène, je n’irais pas. Elle le sait par expérience, au début personne ne pensait que je louperais volontairement des rendez-vous médicaux mais en même temps, je ne suis même pas sûr d’avoir envie de me soigner. Non en fait, je ne veux pas me soigner. Je suis bien moi, dans mon coin, tout seul à passer mes journées enfermé dans notre appartement, fenêtres et volets fermés. Et je sais très bien que si elle n’était pas entrée chez moi tout à l’heure je serais encore allongé dans mon lit. Si elle ne m’avait pas forcé à en sortir je n’aurais encore une fois pas vu la lumière du jour aujourd’hui. Mais ça ne me dérange pas. Je ne demande pas à sortir, je ne demande pas à ce qu’on se préoccupe de moi, bien au contraire. J’ai envie de m’effacer, j’aimerais qu’on m’oublie, qu’on tire un trait sur moi une bonne fois pour toute, comme je le mérite de toute façon. Je ne mérite ni plus ni moins et je ne veux rien de plus non plus. Installé à côté de ma mère dans la voiture, je ne dis rien. Aucun mot ne sort de ma bouche durant tout le trajet. Je mets simplement ma capuche de mon sweat sur la tête, je ferme les yeux et j’aimerais plus que tout m’endormir jusqu’à ce que la douleur que je ressens constamment se soit atténuée. M’endormir pour ne plus jamais me réveiller, parce que c’est bien la seule alternative à la douleur et au poids que j’ai sur les épaules actuellement. Ma mère parle un peu. Moins que d’habitude mais toujours un peu. Elle me pose des questions mais je ne lui réponds pas pour autant. Mes yeux restent clos, je garde la capuche sur la tête et je ne réponds à aucune de ses questions et pour être totalement honnête c’est à peine si je l’écoute. Je la laisse parler en espérant que le son de sa voix m’endorme mais c’est un échec, malheureusement, parce que je sens la voiture s’arrêter, j’entends ma mère descendre de la voiture et c’est seulement en l’entendant que j’ouvre les yeux pour m’apercevoir que nous venons d’arriver. Je me redresse dans la voiture, et quand je regarde le grand bâtiment de l’hôpital je sens mon cœur se serrer et les larmes qui montent presque instantanément aux yeux. J’ai des flashs violents et tout un tas de souvenirs négatifs qui remontent d’un coup à la surface. C’est dans ce bâtiment, entre ces murs que Victoria s’est battue pour sa vie, en vain. Il me faut quelques minutes pour descendre de la voiture et accepter de rentrer à l’hôpital. Mais je ne dis toujours rien.

Dans la salle d’attente, ma mère a toujours quelques petits mots pour moi, elle me propose une bouteille d’eau ; je refuse. Elle me propose une canette de soda ; je refuse. Elle me propose un petit gâteau ou des bonbons au distributeur ; je refuse également. Toujours sans un mot me contentant de secouer la tête pour marquer mes refus. Les premiers mots que je lui adresse depuis que nous avons quitté mon appartement sont quand je lui demande de me laisser entrer seul dans le bureau de la kiné. Ce que je fais, sans en avoir envie pour être tout à fait honnête. Mais j’entre dans le bureau sans me retourner une seule fois et j’ôte ma capuche avant de m’installer sur la chaise désignée par la kiné. « Bonjour Monsieur Anderson, comment vous sentez-vous aujourd'hui ? » Question pourtant simple et basique mais qui m’agace. Tout va bien oui, parfaitement bien. J’ai juste envie de crever mais ça va. Bien entendu que je ne lui réponds pas ça et je ne relève même pas le regard vers elle. Le contact visuel est très compliqué pour moi ces derniers temps. Je fais trembler ma jambe et je me contente d’hausser les épaules. « Je vois que vous avez manqué vos trois premières séances, avez-vous vu quelqu'un ou au moins fais les exercices de respirations que l'on vous a conseillé à votre sortie ? » Son ton de voix est doux et bienveillant, mais pourtant j’ai tout de même l’impression de me faire engueuler ou du moins, que sa question cache derrière un reproche. Effectivement, je ne suis pas venu à mes trois premières séances et je suis presque sûr qu’elle doit se douter de la réponse que je vais lui apporter. Toujours pas de réponse verbale mais je secoue ma tête de gauche à droite, sans la regarder. Certainement de peur de voir du jugement dans son regard ou pire encore, de la pitié. « Avez-vous des problèmes pour respirer, des essoufflements fréquents ? Des douleurs quand vous toussez ? » Elle pose beaucoup de questions, cette kiné, moi qui pensais que je serai tranquille et sûrement pas obligé de parler. Moi qui voulais rester passif, sans avoir à être trop présent ou trop impliqué dans cette séance. Je ne sais pas combien de temps elle attend la réponse à sa question mais je réunis le peu de force qu’il me reste pour la première fois relever le regard vers elle. Pas trop longtemps parce que je sens que les larmes sont au bord de mes yeux et prêtent à couler à tout moment. « Quelque fois, oui. » J’attends encore un peu et de nouveau je relève les yeux vers elle quelques secondes, puis mon regard glisse sur sa blouse sur laquelle il est écrit son nom. Sofia Shaw. Je renifle et prends une grande inspiration difficilement – à cause de l’angoisse ou bien à cause des séquelles de l’accident, je n’en sais rien. – Je montre du doigt mes poumons avant de reprendre la parole. « Ça me fait mal quelque fois. » Je lui avoue, doucement alors que mes yeux se posent sur elle, jamais trop longtemps, juste quelques secondes.

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyMar 25 Jan 2022 - 9:21



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Il est là sans vraiment être là. Assit face à la kiné, il ne parle pas, c'est à peine s'il bouge, juste ses épaules se lèvent quelques fois. Sa jambe bouge elle aussi donnant un semblant de vie à ce corps qui semble éteint. Sofia regarde son patient comme elle le fait avec tous ses patients, avec tous ceux qu'elle peut voir passer sur sa table de soin, elle le regarde avec bienveillance et professionnalisme et pourtant quand elle le regarde, elle se sent émue parce qu'elle connaît son histoire, parce qu'elle sent la douleur qui émane de son patient et elle ne parle pas de la douleur physique là. Celle là de douleur elle a l'habitude de la côtoyer. Voir des patients qui grimacent, qui pleurent aussi parce que leur corps est douloureux, c'est loin d'être rare mais voir des patients aussi mal émotionnellement, moralement, psychiquement c'est beaucoup plus rare et ce n'est pas quelque chose avec laquelle elle est rodée totalement. Elle essaye de créer le premier contact, de l'impliquer un peu, de capter son attention mais elle se retrouve face à un patient qui ne parle pas, qui ne la regarde pas, et qui réponds à peine à ses questions et elle sait que le travail va être long, mais il est déjà là devant elle et c'est une avancée considérable par rapport aux trois séances qu'il a raté et en grande optimiste qu'elle est, elle ose croire qu'en avançant doucement et avec précaution avec lui, en lui laissant le temps nécessaire pour accepter l'idée des soins, elle finira par obtenir sa participation. Elle y croit et si pour ça elle doit passer une bonne partie de la séance à aller doucement et à tenter de nouer un dialogue elle le fera. Elle n'est guère étonnée de sa réponse non verbale, bien sur qu'il n'a pas prit soin de lui, suffit de le voir dans ce bureau pour savoir qu'il ne prends pas soin de lui, pas qu'il soit sale mais elle pourrait jurer qu'il a changé physiquement depuis la dernière fois ou elle l'a vu et pourtant il était vraiment pas à son avantage non plus ce jour là. Mais ce n'est pas vraiment ses cheveux plus longs, ou ses cernes qui inquiètent Sofia, mais bien ses facultés respiratoires et surtout ce poumon droit qui a été opéré il y a quelques semaines. Elle alimente la discussion, un échange verbal à sens unique mais il est là malgré tout, il réponds avec des gestes et c'est déjà une première participation importante. Il finit par relever la tête un peu, pas longtemps, quelques secondes mais chaque petite avancée est notée par Sofia qui espère réussir à obtenir un peu plus de son patient, surtout qu'elle a besoin de sa participation désormais pour répondre à ses questions. « Quelque fois, oui. » Elle entends le son de sa voix pour la première fois mais ça aussi c'est une vraie avancée et elle en profite. « Quelques fois des douleurs ou des problèmes pour respirer ? » Continuer à le faire parler, à obtenir plus d'information sur la santé du patient et maintenir le contact avec lui, enfin elle essaye mais elle sait aussi se taire pour laisser le temps nécessaire à son patient dont l'état émotionnel semble bien plus préoccupant que l'état physique à cet instant précis. Il montre ses poumons du doigt. « Ça me fait mal quelque fois. » Rien d'anormal en soit mais rien de rassurant non plus, Sofia note les quelques précisions dans son dossier avant de relever les yeux vers son patient. « C'est assez courant dans ce genre de situation les douleurs et ça peut être géré, mais ça prouve que votre corps ne se remet pas totalement encore et que vous avez besoin de ces séances. » Elle n'a pas encore pu toucher les côtes de son patient, elle n'a pas encore pu tester la fonction respiratoire, elle n'a pas pu voir si la cage thoracique n'a pas de séquelles du à cet accident violent mais il a mal, c'est lui même qui le dit et c'est au moins la preuve qu'il a besoin d'un kiné, qu'il a besoin de comprendre que c'est maintenant qu'il faut qu'il accepte les soins pour éviter des séquelles à long terme et c'est à ce moment que Sofia prends le risque d'être un peu plus clair dans ses propos bien que la douceur dans sa voix soit toujours présente. « Caleb. » Elle utilise son prénom volontairement, elle cherche à capter son attention, à capter son regard qui est fuyant jusqu'à présent, elle essaye avec douceur mais pourtant fermeté. « C'est votre corps, personne d'autres que vous ne peut en prendre soin. » Il n'y a pas de reproches dans sa voix, elle ne veut pas le braquer ou le faire se sentir mal, enfin plus mal qu'il ne semble l'être déjà, même si ça semble difficile ça. Mais c'est aussi son rôle de rappeler au patient les enjeux et les risques, et c'est son rôle de lui faire prendre conscience de ce qu'il risque. De rappeler que les soins même s'ils sont contraignants, même s'il n'en a pas envie, même s'il pense que ça ne sert à rien, c'est important et s'ils ont été prescrits c'est bien pour une raison. « Je comprends que pour le moment votre santé ne soit pas votre priorité, vous n'êtes pas le premier qui refuse les soins et vous ne serez pas le dernier, mais vous devez comprendre que c'est pourtant maintenant qu'il faut que vous preniez soin de votre corps ou vous risquez de garder des séquelles à vie. Si vous ne prenez pas la mesure de l'importance des séances et de l'importance de la rééducation vous pourriez finir par perdre définitivement une partie de votre capacité pulmonaire » C'est sûrement pas ce qu'il a envie d'entendre mais c'est pourtant la réalité et c'est important qu'il le sache. « Mon travail c'est d'éviter que vous finissiez sous oxygène avant vos quarante ans et je vais tâcher de prendre soin de vous le temps de nos séances, mais pour ça je vais avoir besoin de votre participation, ou au moins votre présence aux prochaines séances. Est-ce que je peux compter sur vous pour ça ? » Elle sait que le travail peut-être long, parce qu'elle sait que soigner quelqu'un qui ne souhaite pas aller mieux peut-être compliqué, elle veut pourtant tenter de voir s'il a conscience des risques pour aussi peut-être réaliser l'ampleur du travail à faire avec lui, aussi bien physique que mental même si sur ce second domaine, elle ne pourra pas faire grand chose, si ce n'est être patiente et avancer au rythme des disponibilités du patient.
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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyMar 8 Fév 2022 - 21:15

Caleb & Sofia
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Je n’ai pas envie d’être ici, et il ne faut pas être un génie pour le comprendre. Si ma mère ne m’avait pas traîné dans cet hôpital je serais sans aucun doute encore allongé dans mon lit. C’est peut-être ça aussi le problème et c’est sûrement la raison pour laquelle ma mère a décidé de prendre les choses en mains. Je la remercierai, plus tard. Si plus tard, il y aura, parce que rien n’en est moins sûr. Il y a ces idées sombres dans ma tête, des idées qui me font peur. Le genre de pensée que je n’ai jamais eu auparavant mais maintenant sans Victoria la vie me semble beaucoup trop fade. Installé dans le bureau de cette kiné, la tête baissée comme un enfant les mains sous son bureau, je l’écoute me parler mais en même temps mon esprit est ailleurs. Mes doigts jouent entre eux et je regarde à nouveau sa blouse sur laquelle est noté son nom. « Quelques fois des douleurs ou des problèmes pour respirer ? » Elle pose beaucoup trop de questions, Sofia, ça me donne presque mal à la tête. Je ne suis pas en état psychique pour répondre à un petit interrogatoire. Je ne réponds pas tout de suite, alors que je pourrais parce que j’ai bien la réponse à sa question mais c’est comme si mon esprit avait besoin de se concentrer pour y répondre. Mais pour ça, mon corps a besoin d’énergie et ça, je n’en ai pas du tout. Je finis tout de même par déglutir pour lui répondre. « Les deux. » Deux mots prononcés, à peine audibles mais ils ont au moins le mérite d’exister. Des douleurs et difficultés pour respirer ne sont pas réellement étonnantes quand on se souvient qu’une de mes côtes s’est cassée pour venir transpercer mon poumon droit. « C'est assez courant dans ce genre de situation les douleurs et ça peut être géré, mais ça prouve que votre corps ne se remet pas totalement encore et que vous avez besoin de ces séances. » Est-ce que mon corps va pouvoir s’en remettre totalement un jour ? Est-ce que je vais m’en remettre totalement ? Elle me dit que j’ai besoin de ces séances et si dans l’absolu elle a raison, ce qu’elle oublie – ou plutôt ce qu’elle ne sait pas – c’est que moi, je ne veux pas de ces séances qui ont été mises en place pour m’éviter des séquelles plus graves dans le futur, tout simplement parce que je ne l’imagine plus, ce futur. Pas sans la femme de ma vie. Je reste mutique, je ne dis rien et si j’ai relevé les yeux tout à l’heure ils sont de nouveau baissés. J’ai mal. J’ai tellement mal. Je ne parle même pas de cette douleur physique mais de l’autre souffrance. Celle qui ne se voit pas, celle dont moi seul peut mesurer l’importance. Je sens mes yeux se remplir de larmes et je chasse d’un geste rapide une larme qui coule le long de ma joue. Je pleure tout le temps, en ce moment, aussi une des raisons qui me pousse à rester chez moi. À rester chez nous.  « Caleb. » Je lève mes yeux rougis vers elle. « Je comprends que pour le moment votre santé ne soit pas votre priorité, vous n'êtes pas le premier qui refuse les soins et vous ne serez pas le dernier, mais vous devez comprendre que c'est pourtant maintenant qu'il faut que vous preniez soin de votre corps ou vous risquez de garder des séquelles à vie. Si vous ne prenez pas la mesure de l'importance des séances et de l'importance de la rééducation vous pourriez finir par perdre définitivement une partie de votre capacité pulmonaire » J’hausse les épaules parce qu’à ce moment précis, la possibilité de perdre une capacité pulmonaire m’est égale. « Mon travail c'est d'éviter que vous finissiez sous oxygène avant vos quarante ans et je vais tâcher de prendre soin de vous le temps de nos séances, mais pour ça je vais avoir besoin de votre participation, ou au moins votre présence aux prochaines séances. Est-ce que je peux compter sur vous pour ça ? » Elle est douce, Sofia. Elle me parle avec gentillesse et ave empathie. Elle essaie juste de faire son travail et je l’en empêche en agissant comme un enfant à qui on a refusé de céder à un caprice. Je la regarde toujours, j’essaie de prendre une grande inspiration mais comme depuis mon opération quelque chose me bloque et m’en empêche. « J’essaie. Je vous assure que j’essaie. » Que je lui avoue, comme un véritable aveu de faiblesse dont j’ai presque honte. « Mais c’est dur. » Aveu de faiblesse x2. Sauf qu’elle s’en fout de tout ça. Je lui parle alors qu’elle n’est pas ma psychologue, son travail c’est simplement de me remettre sur pieds physiquement et non psychiquement. Je me frotte le bout du nez alors que je commence à bouger un peu sur ma chaise. Je déglutis avec difficulté. « Je vais essayer. » Ce n’est pas une véritable promesse que je lui fais parce que je sais que je ne tout simplement incapable de tenir le moindre engagement en ce moment. Je ferme les yeux quelques secondes pour laisser mes doigts venir se frotter doucement contre mes paupières. « Vous faites des séances à domicile ? » Paradoxalement cette courte question est de loin la phrase la plus longue que j’ai prononcée depuis que je suis entré dans son bureau et que je me suis installé face à elle. « Parce que c’est trop dur de revenir ici. » Je lui ai dit que j’allais essayer de ne plus louper aucune séance et je vais réellement faire tout ce qui est en mon pouvoir pour m’y tenir, mais c’est ici que ma femme a perdu la vie et remettre les pieds dans cet hôpital est un véritable enfer Alors je me dis que peut-être que si elle pouvait se déplacer, ce serait plus simple pour moi.

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyJeu 17 Fév 2022 - 8:28



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Il est touchant cet homme, il est si triste, si mal que Sofia aurait envie de se lever et de lui faire un câlin parce qu'il y a quelque chose chez lui qui vient perturber la jeune femme. Une douleur qui émane de tout son être et qui fait se réveiller la sensibilité de la kiné. Mais elle est professionnelle et elle doit rester à sa place même si voir un homme pleurer devant elle n'a jamais pu la laisser indifférente. Voir quelqu'un pleurer tout court d'ailleurs. Elle, c'est la joie, le sourire à tout épreuve mais devant ce patient elle a beaucoup de mal à ne pas se sentir émotionnellement envahie par la détresse qui se dégage de chaque de ses paroles, de la souffrance qu'elle peut lire dans chacun des regards de Caleb Anderson, et de la douleur qu'elle devine dans chacune des inspirations de son patient. Et c'est sur cette douleur qu'elle tente de concentrer ses pensées, de recentrer les choses à son domaine et elle ne peut pas réparer des cœurs brisés, elle n'y arrive même pas avec le sien, mais elle peut tenter de soulager les corps meurtris et celui de Caleb a été meurtri au moment même ou une voiture a percuté la sienne. Elle ne connaît pas les circonstances de l'accident, elle sait juste qu'il a été blessé dans un accident de la route et que la femme qui l'accompagnait est morte. Un tragique accident qui a fait une victime et qui pourrait en faire une autre s'il continu à ne pas prendre soin de lui mais c'est difficile pour lui et Sofia le comprends bien. Elle la grande adepte des films romantiques, des histoires d'amour en tout genre, elle en a vu des gens qui par amour faisait le sacrifice de leur vie, mais ça n'a rien de romantique quand ça se passe dans la vie réelle. Roméo et Juliette ce n'est pas romantique, c'est tragique. Mais Sofia ne peut pas comprendre ce que vit véritablement Caleb, elle peut le deviner, elle peut ressentir sa peine, même la personne la moins empathique pourrait voir comme cet homme va mal, mais elle ne peut pas savoir exactement ce qu'il ressent et pourquoi il a refusé de se soigner depuis sa sortie de l’hôpital. Elle peut faire des suppositions, elle peut tenter de deviner, tenter de décrypter des  éléments qu'elle voit, qu'elle observe, elle peut analyser mais elle ne connaît rien de son patient, elle ne le connaît pas et finalement la seule chose sur laquelle elle peut véritablement se raccrocher c'est sur son dossier médical. Sur les douleurs qu'il a avoué ressentir. Sur les risques qu'il encourt s'il continu à mettre de côté sa santé et sa rééducation, sur ce qu'elle peut lui apporter dans l'immédiat et son domaine c'est le corps mais elle a besoin de la présence de son patient pour pouvoir travailler. « J’essaie. Je vous assure que j’essaie. » Elle n'est pas passé à côté de la difficulté pour son patient de respirer, elle a vu la gêne, et c'est encore un élément qu'elle se note pour elle même, restant d'abord le regard concentré sur Caleb. « Mais c’est dur. » Elle le sent si fébrile qu'elle craint presque de le voir s'écrouler devant elle et c'est rare qu'elle soit confrontée à tant de douleur psy, elle qui a pour spécialité le corps, elle sait que les deux sont souvent liés mais se retrouver face à quelqu'un d'aussi mal c'est pas tout les jours, et heureusement parce qu'elle se demande si elle pourrait faire face finalement. « Je vais essayer. » Il est là présent, un petit miracle en soit, et il va essayer voilà un élément positif auquel se raccrocher, tout n'est pas perdu avec ce patient, du moins d'un point de vue médical. « Vous avez été sérieusement blessé pour le moment vous êtes affaibli et je comprends que tout doit vous semblez dur voir même impossible à surmonter. Mais, c'est déjà bien d'essayer, vous êtes ici aujourd'hui c'est un premier pas important que vous avez fait. » Elle sait que le chemin sera long pour lui, et elle ne pense même pas à la partie rééducation à ce moment précis, ça ne sera qu'une toute petite partie mais c'est le seul domaine sur lequel elle peut espérer apporter un petit réconfort à son patient. « Vous faites des séances à domicile ? » Elle est presque surprise de le voir demander quelque chose, de le voir la solliciter parce qu'il n'a fait que répondre depuis qu'il est là, et même ça, ça semblait lui demander un effort considérable, alors qu'il l'interpelle, qu'il la questionne c'est surprenant. « Ça peut arriver, c'est assez rare mais ça arrive pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer. » Normalement ils ont tendance à faire appel à des kinés extérieurs pour ce genre de cas, mais pour certains patients il est déjà arrivé qu'ils se déplacent. « Parce que c’est trop dur de revenir ici. » Elle se sent presque conne de ne pas avoir pensé à ça plus tôt. Elle travaille tout les jours à l’hôpital, elle en oublie que pour beaucoup ce lieu est un lieu synonyme de maladie, de drame, de mort et ça l'est véritablement pour Caleb. « Je comprends, je vais voir pour mettre ça en place au moins pour les trois, quatre premières séances, et si je viens vous n'aurez pas d'autres choix que de me laisser prendre soin de votre santé. » Elle tente un petit sourire, elle tente de détendre l'atmosphère qui est presque devenue irrespirable même pour elle qui n'a pas de problème respiratoire, mais le deuil, la souffrance, la tristesse c'est des sujets avec lesquels elle n'est pas vraiment à l'aise. « Est-ce que vous voyez quelqu'un pour vous accompagner depuis l'accident ? » Ce n'est pas son domaine, mais elle manquerait à son devoir si elle ne s'inquiétait pas pour la santé mentale de son patient qui vient d'aborder la difficulté qu'il vit au quotidien, et la difficulté que c'est pour lui de revenir ici, à l'endroit ou sa femme est morte. Et si Sofia lui a dit qu'elle allait prendre soin de son corps, elle ne peut pas faire beaucoup plus et elle est obligée de se sentir préoccupée pour cet homme. « Puisque vous êtes là, vous acceptez que l'on commence la rééducation ? » Voilà un domaine avec lequel elle est à l'aise, mais elle sait que ça n'est pas forcément le cas de tout le monde et puisqu'avec ce patient elle compte être encore plus prudente qu'avec d'autres qui ne risque pas de refuser les soins, elle préfère prendre toutes les précautions possibles.
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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptySam 12 Mar 2022 - 21:05

Caleb & Sofia
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Elle ne juge pas, ou du moins, elle n’a pas l’air de me juger. Pourtant elle le pourrait, parce qu’elle connait mon histoire et elle sait que si ma fiancée est morte j’en suis le principal responsable. Moi je me juge. Moi je me déteste. Moi je ne peux plus me regarder dans un miroir. J’ai mal, j’ai du mal à respirer et ça dans tous les sens du terme. Raison pour laquelle ma mère m’a poussé à venir ici. J’ai subi une intervention chirurgicale importante je suis passé à côté de la mort et cette solution aurait été bien plus apaisante pour moi. Je m’en veux d’avoir ce genre de pensée alors que ma mère se trouve dans la pièce d’à côté et qu’elle est morte d’inquiétude pour moi. Ça aurait été difficile pour elle, pour mon père et pour mes sœurs mais égoïstement ça m’est égal. Parce qu’à l’heure d’aujourd’hui c’est moi qui suis en souffrance et je ferais tout ce qui est possible pour que tout cela cesse. Je ne parle pas de la douleur physique qui est pourtant bien présente, mais celle que personne ne voit, celle dont je suis le seul à me rendre compte ; la souffrance psychique. « Vous avez été sérieusement blessé pour le moment vous êtes affaibli et je comprends que tout doit vous semblez dur voir même impossible à surmonter. Mais, c'est déjà bien d'essayer, vous êtes ici aujourd'hui c'est un premier pas important que vous avez fait. » Si je suis ici aujourd’hui ce n’est pas pour moi mais pour ma mère. Si je suis ici aujourd’hui ce n’est pas parce que je l’ai voulu mais car ma mère ne m’a finalement pas laissé le choix. Je ne lui réponds pas me contentant simplement de baisser les yeux me torturant ainsi les doigts sous son bureau. « Ça peut arriver, c'est assez rare mais ça arrive pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer. » C’est rare mais pas impossible, mais quand elle ajoute ensuite qu’elle ne se déplace que pour les personnes qui ne peuvent pas venir jusqu’ici je comprends bien vite que si je veux m’investir dans cette rééducation – non – je vais devoir m’obliger à mettre les pieds dans ce lieu qui représente tout simplement l’enfer pour moi. J’hoche positivement la tête, déjà résigné. Physiquement je suis en capacité de me déplacer mais psychologiquement c’est bien plus compliqué. Je trouve ça injuste, parce que je constate que même aux yeux du monde de la santé la détresse psychique ne semble pas être tout aussi importante que la douleur physique. Je ressens actuellement les deux et croyez-moi, bien que mes poumons et côtes cassées me fassent souffrir ce n’est rien comparé à ma souffrance mentale. « Je comprends, je vais voir pour mettre ça en place au moins pour les trois, quatre premières séances, et si je viens vous n'aurez pas d'autres choix que de me laisser prendre soin de votre santé. » Juste pour les premières séances et pour le reste je vais devoir me faire violence et venir à l’hôpital. Je ne peux pas lui en demander plus, c’est déjà pas mal ce qu’elle me propose. Je relève les yeux vers elle après quelques secondes de latence je prends une profonde inspiration et lui réponds. « Merci beaucoup. » Elle a raison, au moins si elle se déplace je n’aurais pas d’autre choix que de m’investir dans les séances. « Est-ce que vous voyez quelqu'un pour vous accompagner depuis l'accident ? » Ce n’est pas faute de m’avoir proposé à plusieurs reprises une aide psychologique lors de mon hospitalisation, sauf que ; « Non. » cette aide je l’ai toujours refusée. Ridicule, me direz-vous et c’est très certainement la vérité. Un mot qui me définit à la perfection d’ailleurs. Je suis ridicule, con, bête, et en ce moment surtout pathétique. « J’en ai pas besoin, je vais bien. » Ça c’est la version officielle que je ne cesse de répéter à tout le monde. Tout va bien, ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais bientôt recommencer le travail et reprendre ma vie d’avant. Ne vous en faites pas je me sens parfaitement bien. Pas franchement crédible je le sais, je m’en rends parfaitement compte mais c’est ainsi que j’ai décidé de rassurer mon entourage. Le pire c’est qu’au fond de moi je sais que j’en aurais cruellement besoin, mais je pense que je ne me sens pas encore prêt de m’avouer ce genre de choses. « Puisque vous êtes là, vous acceptez que l'on commence la rééducation ? » Elle prend son temps mais fini tout doucement par entrer dans le vif du sujet, la raison pour laquelle je me retrouve installé en face d’elle dans son bureau aujourd’hui. Je me mordille la lèvre inférieure et commence à regarder partout autour de moi, un peu comme si je cherchais la réponse à sa question alors que celle-ci est toute trouvée. Je lui fais oui de la tête. Un petit oui hésitant et pas franchement très franc mais il est tout de même présent et oui, je suis prêt à enfin commencer ma rééducation. Je me lève et la suit jusqu’à la table d’examen sur laquelle je m’assois dans un premier temps. Je reste immobile ne sachant pas vraiment quoi faire. « Je dois enlever mon t-shirt ? » Je sais que Sofia m’avait rapidement expliqué comment les séances allaient se dérouler quand je l’ai rencontrée pour la première fois à l’hôpital mais je ne me souviens plus de rien. Je n’y prêtais sûrement pas assez attention, je venais d’apprendre que ma femme n’était plus parmi nous donc je pense avoir une excuse valable, non ? Moyennement emballé par l’idée de me montrer torse nu face à une autre femme et surtout lui montrer certaines ecchymoses encore présentes sur mon corps sans parler de la grande cicatrice que je garderai certainement à vie. Mais j’accepte de m’investir correctement aujourd’hui. « Vous êtes mariée ? » Que je lui demande alors que ça ne me regarde absolument pas, mais si elle est en couple, amoureuse voire même mariée elle pourrait essayer d’imaginer la douleur que je ressens alors que la femme de ma vie est morte.

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyDim 10 Avr 2022 - 18:13



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Avec la plupart des patients c'est sur la table de soin que se passe la majeure partie de la séance, les soins étant le domaine de Sofia et si l'état général du patient est toujours important dans le déroulement du soin, et que Sofia a toujours insisté pour prendre le temps pour mettre à l'aise le patient et lui expliquer le déroulement des soins et leurs objectifs pour le bien-être futur du patient, avec Caleb Anderson ce temps est plus que nécessaire. Il est primordial parce qu'elle sait qu'il a raté les premières séances de rééducation, parce qu'elle constate qu'il a mal, physiquement parlant qu'il est diminué dans ses facultés respiratoires et qu'il a clairement besoin de ces séances de kiné. Mais elle sent aussi toute la réticence qu'il a à l'idée de se soigner, d'aller mieux, sans doute parce qu'il ne va pas bien psychologiquement parlant, pas besoin d'avoir fait des études de psychiatres pour le voir, pour le sentir et si Sofia de part son expérience sait qu'il a plus que besoin de séances de kiné pour sa vie futur, elle sait aussi que ce n'est définitivement pas la seule aide dont il aurait besoin. Elle le questionne sur ce sujet, avec beaucoup de délicatesse parce qu'elle doit penser aussi à ce lien si fragile qu'elle essaye de créer avec son patient, un lien de confiance qui sera primordial pour la suite de la rééducation et qui semble si difficile tant son patient semble fermé, semble inaccessible par moment même s'il s'ouvre un peu ça reste fragile et aborder la question de la santé mentale n'est jamais une chose aisée. Le corps est plus simple, plus mécanique, plus précis. Elle peut expliquer avec précision et à l'aide de schéma visuel le fonctionnement d'un corps, elle sait au bout de combien de temps guéris généralement une fracture et si ça peut varier sensiblement d'une personne à l'autre le processus est assez similaire finalement, mais personne ne peut dire avec précision au bout de combien de temps on peut se remettre de la personne d'un proche. Personne ne peut réellement expliquer comment le corps réagit et surtout la psyché réagit après un tel drame. « Non. J’en ai pas besoin, je vais bien. » Il faudrait avoir vraiment besoin de le croire aveuglement pour ne pas voir le mensonge derrière ces mots. Elle ne connaissait pas Caleb Anderson avant cet accident, elle ne le connaît qu'après, dans le malheur, dans le deuil, mais la personne qu'elle a face à elle ne va pas bien. Il ne va pas bien et il a toutes les raisons du monde de ne pas aller bien mais il prétends l'inverse et Sofia n'est personne pour venir lui prétendre que tout ça n'est qu'un sacré bullshit. Ce n'est pas son rôle, mais pourtant c'est dans son devoir de rester vigilante et alerte face à des signes de mal-être important et Caleb en coche beaucoup. « Je connais quelques professionnels spécialisés pour accompagner les gens dans les périodes de rupture de vie. » C'est moins violent que le mot deuil non ? Pourtant c'est bien à ça qu'elle fait référence, à cette épreuve que traverse Caleb et qui semble actuellement être trop difficile à gérer pour lui même s'il ne le dit pas. « Vous pourriez parler de la raison qui fait que vous n'êtes pas venu aux premières séances et de votre rapport à ce lieu. » Il y aurait sans doute 150 autres choses bien plus importantes dont il pourrait parler, de sa femme décédée en premier, de son accident, de ce qu'il ressent, vit mais tout ça, ça ne regarde pas Sofia et surtout elle ne le connait pas assez pour savoir comment il pourrait réagir si elle venait à s'immiscer plus dans sa vie alors elle n'utilise que les quelques éléments dont elle dispose et qu'il a accepté de lui donner. Soit pas ses refus, soit pas ses paroles. « Même si vous n'en avez pas besoin aujourd'hui, je peux vous donner les coordonnées de certains si vous changez d'avis. » Elle ne va pas insister plus, elle ne va pas le prendre par la main et le faire pour lui, elle ne va pas s'immiscer à ce point mais elle risque de lui en reparler au cour des futurs séances, quand la discussion sera plus simple, quand elle aura obtenu la confiance de son patient parce qu'elle reste préoccupée par l'état général de Caleb. Mais pour l'heure, elle doit surtout faire son rôle de kiné, il a manqué les premières séances et les besoins sont clairs et visibles sauf que pour ça, elle doit être certaine d'avoir l'approbation du patient, son consentement et son implication parce que c'est lui qui va être au centre du processus. Lui qui risque aussi de souffrir un peu, lui qui risque de devoir être investi et appliqué, elle n'est que l'instrument de la rééducation, que le guide mais c'est lui qui va tout faire et elle voit bien qu'il n'est pas en grande forme. Il est hésitant, il fuit le regard de Sofia, il observe autour de lui et pendant une seconde elle craint de le voir s'enfuir, pas en courant parce qu'il semble en être incapable pour le moment mais il peut sortir et ne plus jamais revenir. Il finit par lui donner son accord, pas de façon franc mais il finit par s'installer sur la table de soin. Une première petite victoire pour Sofia et pour lui aussi même s'il ne peut pas s'en rendre compte encore. « Je dois enlever mon t-shirt ? » Elle sent la retenue dans la voix de Caleb, le malaise aussi sans doute et si elle aurait pu lui accorder le droit de garder son t-shirt pour cette première séance elle a besoin de pouvoir observer son torse et les mouvements de sa cage thoracique et l'état aussi de sa cicatrice et de ses blessures pour éviter de lui faire mal en le manipulant. « Pour cette séance oui après rassurez vous pour les autres ça ne sera pas toujours le cas, j'ai besoin de faire un examen général pour adapter au mieux mes pratiques et éviter que ça soit trop douloureux pour vous. » Elle lui explique, elle lui laisse le temps aussi d'accepter de montrer son corps même si pour elle c'est une habitude elle comprends que tout le monde ne soit pas à l'aise et pourtant elle a besoin de voir et elle va toucher aussi, c'est son métier, le corps c'est un outil qu'elle sait manipuler et si c'est des gestes médicaux elle comprends que ça puisse être difficile pour les patients. Elle observe pourtant son corps désormais torse nu, elle regarde les ecchymoses présentes sur sa cage thoracique réalisant que beaucoup de mouvements vont être compliqués à réaliser et elle observe la cicatrice aussi, pas impressionnée mais elle s'assure que la cicatrisation suit son court puis vient l'examen général, la posture globale du patient, et d'autres signes qui pourraient être inquiétants pour la suite. « Vous êtes mariée ? » La question la surprends d'abord parce qu'elle ne s'y attendait pas. Ensuite parce que c'est clairement pas son sujet favoris et enfin parce que les questions de son patient sont rares et si cette question semble anodine, elle n'en est finalement rien. Elle est divorcée, elle n'en est pas fière, mais ce n'est rien à côté de la situation que vit actuellement Caleb et la situation maritale n'était pas forcément le sujet qu'elle aurait pensé aborder avec lui. « Je l'ai été pendant plus de cinq ans, mais je suis divorcée depuis un an. » Les pensées de la divorcée se tournent vers son ex-mari, vers son premier amour, le seul à l'heure actuelle. Ses pensées arrivent jusqu'aux circonstances qui ont mené à la fin de son mariage, la honte qu'elle ressent est grande, elle pense à Will aussi. Celui qui a partagé sa vie depuis ses dix huit ans ne fait désormais plus parti de sa vie et il a laissé un vide dans sa vie qu'elle n'a pas encore trouvé comment combler. Mais elle secoue la tête, elle concentre à nouveau ses yeux, ses gestes sur le corps de Caleb. Lui demande de se redresser un peu, de lever les bras pour observer ses réactions et elle écoute sa respiration à chaque mouvement qu'il réalise. Elle ne lui demande « et vous ? », parce qu'elle sait, enfin elle ne sait pas s'il était marié avec cette femme mais veuf ou juste un homme qui a perdu sa compagne, la différence n'est que dans les termes et la violence et la douleur reste là. « On était ensemble depuis huit ans. Ça faisait combien de temps que vous étiez ensemble ? » Il a été le premier a abordé le sujet, alors Sofia finit par oser, parce qu'elle sait que parfois dans ces moments parler de la personne décédée peut être douloureux mais peut aider aussi et ils sont amenés à se revoir pour les futurs séances et au moins elle pourra savoir si c'est un sujet à totalement éviter ou si au contraire ça peut aider son patient. « Je vais poser ma main sur votre ventre et vous demander de respirer profondément, ça risque de faire un peu mal, ça va aller ? » La rééducation risque d'être douloureuse pour lui mais ça ne sera surement rien à côté de l'épreuve qu'il traverse dans sa vie.
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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyMar 10 Mai 2022 - 16:12

Caleb & Sofia
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« Je connais quelques professionnels spécialisés pour accompagner les gens dans les périodes de rupture de vie. » Des professionnels spécialisés pour accompagner les gens dans les périodes de rupture de vie, ou bien une jolie manière de me dire qu’elle aimerait me donner les coordonnés de collègues psychologues. Sofia n’est pas la première personne à me proposer ou plutôt, à me suggérer de prendre soin de ma santé mentale en allant voir un professionnel de cette branche de la médecine. Mais je n’en ai pas besoin et surtout, je n’ai pas envie de m’asseoir dans le bureau d’un inconnu dans le simple et unique but de parler de moi et de ce qui me fait atrocement mal depuis quelques semaines. « Vous pourriez parler de la raison qui fait que vous n'êtes pas venu aux premières séances et de votre rapport à ce lieu. » Je secoue à la négative la tête. Je pense qu’il n’est pas difficile de comprendre les raisons qui m’ont poussées à ne pas honorer mes premières séances de kinésithérapie, et qu’il ne faut pas non plus être un génie pour saisir que mon rapport à ce lieu est catastrophique et principalement lié au deuil, à la perte de la personne la plus importante de ma vie. « Même si vous n'en avez pas besoin aujourd'hui, je peux vous donner les coordonnées de certains si vous changez d'avis. » Non je n’en ai pas besoin aujourd’hui et je doute en trouver la nécessité dans quelques jours voire semaines. Sauf que si plusieurs personnes me suggèrent cette possibilité peut-être qu’il s’agit même de la solution à tous mes problèmes ? Ou du moins un moyen de se décharger et d’essayer de comprendre comment avancer dans la vie après un tel traumatisme. Encore faut-il en avoir envie et ça, pour moi c’est une toute autre histoire. Moi je suis fatigué. Fatigué de me réveiller tous les jours dans un véritable cauchemar qu’est devenu ma vie. Fatigué de devoir faire semblant pour ne pas inquiéter mes proches mais il faut croire que même pour ça j’ai pitoyablement échoué quand on voit l’inquiétude dans le regard de ma mère. Je me redresse un peu sur ma chaise, sans aucun mot. Je comprends les mots de ma kiné, je les comprends vraiment mais ce n’est pas pour autant que j’accepte la main qu’elle tend vers moi. Je préfère me laisser couler. Encore et encore. Parce qu’après tout, c’est simplement ce que je mérité.

À défaut de refuser les soins psychiques qu’on me propose je finis enfin par céder concernant les soins physiques. Les soins d’un corps que j’appréciais déjà bien trop peu avant cet accident mais qui risque d’être encore plus difficile à regarder dans un miroir aujourd’hui. Je m’assieds sur la table de soin, le dos pas bien droit et les épaules complètement tassées. Un peu comme si mon corps reflétait aussi mon état d’esprit actuel. « Pour cette séance oui après rassurez vous pour les autres ça ne sera pas toujours le cas, j'ai besoin de faire un examen général pour adapter au mieux mes pratiques et éviter que ça soit trop douloureux pour vous. » Qu’on se le dise, je n’ai jamais aimé montrer mon corps à qui que ce soit, encore moins aux femmes face à qui je me suis toujours senti clairement inférieur. Mais aujourd’hui c’est différent. Aujourd’hui je dois ôter mon t-shirt devant une femme que je ne connais pas, et c’est sans aucun doute bête de ma part mais c’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé avant de m’installer ici-même quelques secondes auparavant. Quand je finis par lever les bras pour enlever le tissus la douleur me fait fortement grimacer. Les ecchymoses sont encore assez nombreuses et les cicatrices aussi. Elles risquent de se voir pendant un long moment, voire même peut-être jusqu’à ma mort. Quand les mains de la kiné se posent sur mon torse j’ai un léger mouvement de sursaut. C’est étrange de me laisser toucher par une autre femme que Victoria bien que le contexte soit drastiquement différent. Je la laisse mener son examen dans le silence, quelque fois je tousse en grimaçant un peu toujours à cause de la douleur. « Je l'ai été pendant plus de cinq ans, mais je suis divorcée depuis un an. » Elle a l’air pourtant jeune pour s’être mariée et puis divorcée quelques années après. Réflexion stupide quand je me souviens que finalement, moi je suis veuf avant même d’avoir trente ans. Comme quoi l’âge ne veut absolument rien dire. Je lève les yeux vers elle quelques secondes. « Je suis désolé. » Je ne suis pas coupable de son divorce mais je suis désolé qu’un homme lui ait fait du mal. Je suis chacune de ses instructions ; quand elle me demande de lever les bras je le fais, et je grimace, quand elle me demande de me redresser, je le fais, quand elle me demande de respirer de telle ou telle façon je le fais. Ou du moins, j’essaie de le faire parce que certains mouvements de la cage thoracique sont extrêmement douloureux. « On était ensemble depuis huit ans. Ça faisait combien de temps que vous étiez ensemble ? » C’est bête, j’aurais dû me douter qu’elle veuille me retourner la question mais pourtant cette possibilité ne m’a pas effleuré l’esprit. « Cinq ans. » Ça paraît presque peu à côté de sa relation à elle. « On devait se marier en mai. » Elle s’en fiche. Pourquoi est-ce que je lui dis ça ? Peut-être parce que je me rends compte que finalement j’ai besoin d’en parler bien que ce soit atrocement douloureux. « Je vais poser ma main sur votre ventre et vous demander de respirer profondément, ça risque de faire un peu mal, ça va aller ? » J’hoche positivement la tête et quand sa main se pose son mon ventre je prends une profonde respiration. Ou du moins j’essaie, parce qu’elle avait raison ça fait mal et ma respiration se bloque même en mi-chemin et je me mets à tousser plusieurs fois. « Désolé. » Je m’excuse encore inutilement et je tousse encore une fois en grimaçant. « Ça va être douloureux combien de temps ? »

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyJeu 30 Juin 2022 - 22:17



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Il a la position de quelqu'un qui est en train de s'effondrer, il est assit et pourtant Sofia a presque l'impression qu'il peut basculer à tout moment. Le dos courbé, sa respiration est mauvaise, elle l'entends et elle le voit mais ce qu'elle voit ensuite retient encore plus son attention. La douleur qui se manifeste sur le visage de Caleb au moment ou il retire son tee-shirt, une douleur qui n'annonce rien de bon pour lui et qui trouve une explication très rapidement quand le corps marqué par les blessures se dévoile face à elle. Elle n'est pas impressionnée, mais elle ne peut s'empêcher d'imaginer la violence de l'accident. Et quand on y pense, il s'en sort plutôt bien au vu des blessures mortelles de sa conjointe. Mais, c'est avec beaucoup de prudence qu'elle commence son examen. Elle sent le malaise de Caleb quand elle pose ses mains sur son corps, et elle voit la douleur sur son visage aussi, le moment est loin d'être agréable pour son patient, mais elle fait de son mieux pour éviter de raviver des douleurs qui ne sont pas encore guéries.

« Je suis désolé. » Sofia tente de sourire discrètement à son patient pour le rassurer tout en levant les épaules. « Ne le soyez pas, le divorce c'était ma faute. » Elle ne va pas s'attarder sur les raisons de son divorce mais elle ne mérite absolument pas que quelqu'un soit désolé pour elle. Encore moins quelqu'un qui vient de perdre sa femme. Elle a détruit son mariage toute seule, comme une grande, et le divorce est devenu la seule option pour le couple. Elle se concentre sur son patient, le guide dans ses mouvements, ne rate pas une manifestation de douleurs venant du visage de Caleb. Il n'est pas très bavard, pas très expressif, il est fermé mais il ne peut pas cacher la douleur qu'il ressent et qui prouve qu'il a plus que besoin de ces soins. Elle n'insiste pas trop Sofia, quand elle le voit grimacer, elle note le mouvement qui s'est avéré douloureux et passe à un autre mais presque tout semble douloureux et elle a assez d'expérience pour savoir qu'il risque de souffrir encore un moment et qu'il va lui falloir de la patience mais aussi beaucoup de courage pour surmonter toute cette épreuve. Elle sait qu'ils risquent de se voir longtemps, de l'avoir en soin de longues semaines, s'il accepte de se soigner bien entendu. Elle sait que ce n'est pas gagné, mais puisqu'il a été le premier à poser les questions personnels, elle en profite pour tenter de créer un lien de confiance avec Caleb et pour ça elle l'interroge sur sa relation. Pas sur la mort de sa femme mais plutôt sur la vie qu'il a vécu avec elle. « Cinq ans. » Au bout de cinq ans, Sofia était déjà mariée. Peut-être que ce fut une erreur de se marier, peut-être qu'elle aurait du ouvrir les yeux et ne pas se bercer d'illusions, s'aveugler de belles histoires auxquelles elle voulait tant croire. Mais elle a été heureuse quand même. Heureuse et amoureuse, même si l'amour n'a pas suffit à sauver son couple. « On devait se marier en mai. » Il parle à nouveau sans qu'elle n'ait eu à initier la discussion, c'est sans doute là, la preuve qu'il veut en parler, qu'il a besoin d'en parler et elle a besoin de créer un lien avec lui, besoin d'obtenir sa confiance et créer un environnement sécure alors elle n'hésite pas vraiment à rebondir sur les mots de Caleb même si au fond d'elle, elle se sent tellement émue et désolée pour lui. Ils devaient être en train de préparer leur moment, ce jour si précieux, ils devaient être pleins d'espoirs et de rêves et tout s'effondre pour lui. Elle la romantique est forcément touchée, et elle repense à son mariage. A toute l'euphorie qu'elle avait ressenti quand enfin son rêve prenait vie, elle était sans doute seule à être si enthousiaste mais elle l'était vraiment. Une amoureuse de l'amour, des mariages, des contes de fée. Et dans aucun ça ne se terminait par un divorce ou pire encore, par la mort de la future mariée. « Vous vous êtes rencontrés comment ? » La fin de l'histoire, Sofia la connaît déjà et elle sait qu'elle est tragique et douloureuse pour son patient, peut-être que le début pourra l'aider à se détendre un peu. Elle ne se fait pas d'illusions, elle sait que les séances ne seront pas une partie de plaisir pour Caleb, elle sait aussi qu'il faudra plus que quelques mots échangés pour le mettre en confiance, mais elle essaye d'être douce que ce soit dans ses gestes ou dans ses paroles. C'est la première séance de Caleb, la première après plusieurs qu'il a volontairement raté et elle fait tout pour éviter qu'il ne revienne jamais. Mais elle ne peut pas lui éviter la douleur, parce qu'elle doit examiner l'état de son patient, elle doit comprendre l'ampleur des blessures et les séquelles que l'accident a provoqué sur le corps encore marqué de Caleb. Sofia ne met pas longtemps à réaliser que le corps de Caleb est affaibli, très affaibli. Elle grimace en le voyant souffrir et surtout elle réalise qu'il a perdu énormément de sa capacité respiratoire. « Désolé. » Dans un réflexe d'empathie, elle pose sa main sur l'épaule de son patient et la serre doucement pour lui apporter son soutien. « Ne vous excusez pas, c'est pas de votre faute. » Il est blessé et il s'excuse de voir son corps diminué. « C'est plutôt à moi de m'excuser de vous avoir fait mal, je ne suis pas une tortionnaire rassurez-vous, je pends pas de plaisir à vous voir souffrir. » Elle essaye de détente un peu l'athmosphère avec une petite blague mais elle n'est pas très douée pour ça, ou du moins elle a un humour qui ne fait pas rire tout le monde et Caleb n'est clairement pas un public facile à priori. Mais pourtant, voir ses patients souffrir c'est malheureusement parfois inévitable. Ce n'est pas la partie la plus agréable, mais pour Caleb la rééducation ne sera pas agréable, du moins les premières semaines. Il tousse encore, il grimace et Sofia ne peut que s'inquiéter pour lui à ce moment, en espérant que les semaines sans soins ne seront pas préjudiciables pour la suite de sa convalescence. Elle le laisse quelques secondes juste le temps d'aller chercher un verre d'eau qu'elle tends à Caleb.  « Ça va être douloureux combien de temps ? » Elle voudrait le rassurer, lui apporter des réponses positives, mais elle ne veut pas lui mentir pour autant. « Ça dépends un peu de vous Caleb. Je vous cache pas que les premières semaines risquent d'être douloureuses, vous avez des séquelles importantes, mais plus vous serez impliqué dans vos séances et dans les exercices de respirations que je vous donnerais à faire, moins la douleur sera forte, et si vraiment c'est trop douloureux, il faut pas hésiter à prendre les médicaments qu'on vous a prescrits. » Il aura besoin de force et de se battre contre la douleur et en l'état actuelle, elle craint qu'il ne soit pas en état pour vraiment s'investir dans ce processus de soin. Elle l'invite à s'allonger sur le dos et avec beaucoup de précautions elle vient palper le corps encore meurtri de son patient. L'accident a laissé des traces visibles, mais elle imagine qu'intérieurement le corps a lui aussi souffert. Elle ne pense qu'à la mécanique du corps, ayant aucune connaissance pour gérer l'aspect psy du trauma et il a déjà refusé. Elle sent les tensions sous ses doigts, elle imagine la douleur que ce doit être au quotidien pour lui. Pour se lever, pour bouger, pour respirer tout simplement et elle s'inquiète vraiment pour lui et pour sa rééducation si après aujourd'hui il refuse de revenir. « Je sais que c'est difficile pour vous, mais croyez moi quand je vous dis que vous avez besoin de ces séances. Si vous acceptez je voudrais que pour les deux prochaines semaines vous ayez trois séances par semaines, ou au moins deux. Je ferai en sorte d'organiser les séances à votre domicile, est-ce que vous seriez prêt à accepter ça ? » Elle ne pourra pas l'aider s'il refuse, elle lui a déjà dit mais elle espère qu'il prendra conscience de l'importance pour lui qu'il accepte de faire ses séances de kinés avec assiduité.

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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyMar 12 Juil 2022 - 18:06

Caleb & Sofia
I never meant to be bad or unwell, I was just living on the edge right between Heaven and Hell. And I'm tired of it
« Ne le soyez pas, le divorce c'était ma faute. » Je ne la questionne pas davantage, après tout ça ne me regarde absolument pas. Elle était mariée mais aujourd’hui elle ne l’est pas, elle est divorcée mais au moins elle a pu connaître au bonheur du mariage. La vie en a décidé autrement pour moi. J’ai demandé en mariage à Victoria, elle a accepté et nous devions nous marier dans deux mois. Contrairement à la kiné je n’ai pas connu le jour J, l’excitation et le stress que cela doit engendrer. Je n’ai pas pu voir Victoria s’avancer vers moi dans sa belle robe blanche, je ne sais même pas à quoi ressemble la robe qu’elle avait choisi celle qu’elle devait porter. Est-ce que j’ai le droit de m’en plaindre ? Non. Parce que tout ça, c’est ma faute. Parce que c’est moi qui conduisais, parce que c’est moi qui suis à l’origine de l’accident. Je l’ai cherché et toute la douleur immense et insoutenable que je ressens aujourd’hui, je la mérite. Ce sont les paroles qui tournent en boucle dans ma tête depuis des jours. Je ne peux pas me plaindre, je ne peux pas montrer ma douleur aux autres et je dois prendre sur moi. Certainement en partie pour ça que je ne veux voir personne depuis l’annonce de la mort de Victoria. Je n’ai pas encore la force de faire semblant, de sourire afin de montrer à mes proches que je vais bien. Je ne vais pas bien, de toute façon, mais tu l’as mérité Caleb. Tout ça c’est de ta faute. Tu mérites tout ce qu’il t’arrive.

Contre toute attente, avec la kiné, je parle. Alors qu’elle n’est pas là pour ça et soyons honnête ça ne doit pas franchement beaucoup l’intéresser. Mais elle est polie, elle ne dit rien et même si je ne suis pas très loquace elle me laisse m’exprimer comme bon me semble et je sais que je lui en serai longtemps reconnaissant pour ça. « Vous vous êtes rencontrés comment ? » Mes yeux se lèvent sur Sofia et dans mon regard elle pourra sans aucun doute y apercevoir toute la douleur que je ressens. Est-ce que je suis prêt pour ça ? Est-ce que je peux lui parler de ma rencontre avec la femme de ma vie sans m’effondrer en larmes ? Je sens toujours cette boule dans la gorge prête à éclater à tout moment. J’attends. Je ne lui réponds pas tout de suite, non. Je réfléchis d’abord. Pourtant je me souviens de notre rencontre comme si c’était hier. C’était sûrement la première fois depuis l’abandon de mon ex qu’une femme semblait s’intéresser à moi. Enfin je veux dire vraiment s’intéresser à moi et à la personne que j’étais. J’étais fermé au début bien que très vite sensible à son charme, si j’étais partie en France ce n’était pas pour faire des rencontres mais simplement pour le travail. Sauf qu’il a fallu une seule soirée pour que je me rende compte qu’elle ne me laissait clairement pas indifférent. Il y avait une énorme différence culturelle qui créait des incompréhensions fréquentes entre nous et tout de même une certaine barrière de la langue. Je parlais français pas parfaitement, elle parlait anglais, pas parfaitement non plus mais elle m’a appris sa langue natale et j’ai fait de même. C’est après de longues secondes – minutes ? – que je finis enfin par lui répondre. « À Paris. En France. Dans un café, c’est elle qui est venue me parler. Elle est française – » j’aurais pu continuer à parler mais je me stoppe en réalisant une mauvaise utilisation du temps dans ma phrase. «…était.» que je souffle doucement en baissant les yeux. Parler d’elle au passé, je crois que je ne suis pas encore prêt pour ça et ce lapsus ne fait que le prouver. S’il y a autre chose dont je n’étais pas prêt c’est bien ces séances et les douleurs que cela engendre. Mon cœur est malade, mon corps est abîmé mais ce n’est rien comparé à la douleur que je ressens dans ma tête. « Ne vous excusez pas, c'est pas de votre faute. C'est plutôt à moi de m'excuser de vous avoir fait mal, je ne suis pas une tortionnaire rassurez-vous, je pends pas de plaisir à vous voir souffrir. » Je remarque sa tentative pour alléger l’atmosphère mais pourtant je n’y suis pas très réceptif. Je ne souris pas. Je ne ris pas depuis l’accident. Je n’ai pas souris depuis la dernière fois que Victoria m’a parlé et je ne suis pas sûr d’y arriver à nouveau. Pas sans elle à mes côtés. « Ça dépends un peu de vous Caleb. Je vous cache pas que les premières semaines risquent d'être douloureuses, vous avez des séquelles importantes, mais plus vous serez impliqué dans vos séances et dans les exercices de respirations que je vous donnerais à faire, moins la douleur sera forte, et si vraiment c'est trop douloureux, il faut pas hésiter à prendre les médicaments qu'on vous a prescrits. » Mes sourcils se froncent légèrement alors que je fixe un point fixe dans le vide n’osant pas la regarder dans les yeux. Je ne prends pas les médicaments qu’on m’a prescrit et pourtant croyez-moi quand je vous dis que la douleur physique est très présente mais je n’ai pas le droit de prendre un traitement pour soulager ces douleurs, qui, au quotidien me rappellent ô combien je ne mérite pas d’être en vie. « Je sais que c'est difficile pour vous, mais croyez moi quand je vous dis que vous avez besoin de ces séances. Si vous acceptez je voudrais que pour les deux prochaines semaines vous ayez trois séances par semaines, ou au moins deux. Je ferai en sorte d'organiser les séances à votre domicile, est-ce que vous seriez prêt à accepter ça ? » J’ai l’impression de sentir cette boule dans ma gorge grossir et des larmes me monter aux yeux. Je n’ose toujours pas la regarder. Je renifle et essuie d’un revers de la mien une larme qui s’est échappée. « Je vais essayer. » Je ne suis pas sûr d’y arriver, mais je peux au moins tenter d’être assidu dans mes séances.

© nightgaunt


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Message(#)Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb EmptyLun 18 Juil 2022 - 3:30



I NEVER MEANT TO BE BAD OR UNWELL, I WAS JUST LIVING ON THE EDGE RIGHT BETWEEN HEAVEN AND HELL. AND I'M TIRED OF IT
☆ ★ ☆
 @Caleb Anderson    Living on the edge right between Heaven and Hell - Sofia/Caleb 2396639051   
Il y a des patients bavards, d'autres beaucoup moins. Il y a des patients avec qui les séances se passent dans le silence et d'autres ou le silence n'a même pas le temps de s'installer. Ils sont tous différents, ils ont tous des besoins différents, des façons d'appréhender leurs séances différemment et si Sofia tente de s'adapter à tous ses patients, et respecte leurs besoins et leurs envies, avec Caleb Anderson, la situation n'est pas habituelle. Ce n'est pas le premier patient qu'elle reçoit en séance qui est endeuillé, mais heureusement ça ne lui arrive pas assez souvent pour qu'elle ne soit pas émue ou sensible à la souffrance qui se dégage de son patient. L'histoire est tragique, elle l'a apprit il y a quelques semaines, elle en apprends davantage aujourd'hui. Pas beaucoup, mais assez pour comprendre que la vie vient de devenir bien sombre pour Caleb Anderson, un rêve qui se transforme en cauchemar. En plein préparatif de mariage, le voilà à organiser des funérailles, en pleins de rêves de futur, le voilà à n'avoir plus qu'un passé pour se souvenir de celle qu'il allait épouser. La vie est parfois cruelle, mais Sofia trouve qu'elle l'est tout particulièrement avec Caleb. Elle ne le connaît pas, elle ne connaissait pas la fiancée décédée, mais elle peut deviner tout l'amour qu'il y avait entre eux deux rien qu'en regardant la douleur dans les yeux de son patient quand elle lui demande de lui parler de leur rencontre. Elle a été aimé Victoria, elle n'en doute pas Sofia, et la vie ne devrait jamais se mettre entre deux êtres amoureux. Il met du temps à répondre, elle accepte son silence, et elle repense à son histoire d'amour, à celle qu'elle croyait forte, à celle qui devait être sa grande et belle histoire d'amour et elle se demande si un jour son ex-mari l'a aimé aussi fort que Caleb semble aimé, avoir aimé, sa désormais ex-fiancée décédée ? Une question dont elle n'aura jamais la réponse, mais au moins, même s'il n'y a plus d'histoire, plus de mariage, ils ont l'avantage d'être en vie tout les deux. « À Paris. En France. Dans un café, c’est elle qui est venue me parler. Elle est française – » Il parle, il se confie, elle écoute. «…était.» Elle voudrait dire ou faire quelque chose pour alléger la douleur qui transparaît dans ce simple mot. était. Le passé, pas de présent, pas de futur, juste un passé et à chaque fois qu'il parlera d'elle, ce sera au passé désormais et elle sent bien que tout ceci est bien trop lourd et difficile pour le moment. Elle n'insiste pas même si elle voudrait l'aider, apaiser son esprit mais ce n'est pas son rôle premier, elle est plus douée avec le corps, avec les os, les muscles, les nerfs, avec la mécanique du corps. La mécanique de l'esprit est bien plus complexe, bien plus mystérieuse, mais elle sait que l'un ne fonctionne pas sans l'autre, et elle a besoin de créer un lien avec son patient. Surtout lui, qui semble avoir jusqu'ici refusé de se soigner, sauf que ce n'est pas simple de trouver comment approcher Caleb Anderson. Physiquement il a mal, physiquement il est tendu et elle a beau essayé de faire la plus doucement possible, de prendre le plus de précautions et éviter les nombreuses ecchymoses sur le corps meurtri de Caleb, la douleur est inévitablement ressentie par l'Australien. Il s'excuse de tousser, il s'excuse d'avoir mal, et c'est rare qu'un patient s'excuse de ressenti des douleurs, c'est même très rare. A croire qu'il n'a pas le droit d'avoir mal, et pourtant au vue de son corps, ce serait l'inverse qui serait étonnant. Il souffre, il ne sourit pas, il ne réagit pas à la tentative pour alléger la situation de Sofia, et ça n'a rien de surprenant. Mais ce qui surprends un peu Sofia c'est la réaction de son patient quand elle évoque la douleur et les médicaments. Elle ne sait pas réellement ce qu'elle doit en penser mais son attitude a changé, son regard s'est perdu dans le vide, pas qu'il ait montré jusqu'à présent qu'il était très à l'aise à l'idée de regarder Sofia mais elle sent comme un malaise, et elle se note mentalement de reparler de ce sujet à la prochaine séance. Elle se note aussi qu'il va falloir de la patience et y aller doucement avec lui. Elle veut son approbation pour des séances supplémentaires, elle veut sa participation pour sa rééducation, elle veut l'aider mais elle ne pourra pas le faire s'il se braque ou refuse son aide et elle ne voudrait pas échouer, pas avec lui parce qu'elle sent qu'il pourrait complètement abandonné l'idée de se soigner, c'est ce qu'il avait commencé à faire non ? Elle le regarde, attends une réponse de sa part et si lui ne la regarde pas, Sofia ne peut s'empêcher de le regarder. Sans le fixer, sans pour autant avoir un regard pesant sur lui, mais elle le regarde parce qu'elle s'inquiète alors qu'elle l'entends renifler et venir s'essuyer une larme. Il n'est pas le premier patient qui pleure en séance, il ne sera pas non plus le dernier. « Je vais essayer. » Voilà tout ce qu'elle avait besoin d'entendre et par respect pour lui, elle détourne le regard, elle fait le tour de la table de soin et après lui avoir demandé de s’assoir au milieu de la table de soin, les pieds dans le vide, c'est son dos qu'elle regarde et torse nu elle peut voir que la posture de son patient n'a rien d'une posture naturelle et saine. La douleur, les blessures, la tristesse, la culpabilité, il porte un lourd fardeau sur ses épaules et ça se ressent jusque dans sa posture. Et si pour la respiration, ça va prendre du temps et elle ne pourra pas le soulager en une séance, elle peut au moins essayer de lui soulager quelques unes des tensions qui doivent fatiguer son corps et le faire souffrir. « On va essayer de détendre un peu tout ça et après je vous montrerai quelques exercices de respiration tout simple à faire chez vous et on en aura fini pour aujourd'hui. » Elle insiste sur le pour aujourd'hui parce qu'il a donné son accord, enfin il a dit qu'il allait essayer, mais Sofia en grande optimiste, a surtout entendu qu'il n'avait pas refusé et à partir de là, c'est avec de l'espoir et l'investissement pour deux qu'elle va tenter d'aider son patient. Elle risque de trop s'investir, peut-être mais il y a des patients qui ont besoin qu'on leur tende la main et Caleb fait parti de ceux là et Sofia a décidé qu'elle va le faire jusqu'à ce qu'il n'ait plus besoin de soins. « On va y aller étapes par étapes, je ne vous lâches pas Caleb, mais s'il vous plait prenez soin de vous.» Quelques mots qu'elle lui donne avant qu'il ne quitte la salle de soin, un dernier regard en direction de la mère de son patient, un regard de soutien parce qu'elle sait que le chemin risque d'être long pour Caleb et pour sa famille, mais même si elle veut l'aider à récupérer, elle sait qu'il aura besoin de plus que des séances de kiné pour aller mieux, pour aller bien et cette mère n'a sans doute pas finie de s'inquiéter pour son fils.

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