| (craker #20) all i need is the air i breathe |
| | (#)Sam 20 Nov 2021 - 23:07 | |
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ROSALIE CRAINE & @WYATT PARKER ☽ Do you know where your heart is? Do you think you can find it? Did you trade it for something, somewhere, better just to have it? Do you know where your love is? Do you think that you lost it? You felt it so strong but nothings turned out how you want it. Do you know what your fate is? And are you trying to shake it? You're doing your best and you're best look. You're praying that you'll make it. ∞ gifs (c)harley & unknown (20 novembre 2021) Depuis quelques jours, les appels venant de ton frère aîné semblent se faire plus nombreux qu’à l’habitude, quand bien même le résultat n’a pas changé depuis le mois de juillet : tu laisses sonner sans jamais décrocher, tout comme tu sais qu’il ne s’osera jamais à te répondre quand tu es celle qui compose son numéro. C’est un jeu qui ne fait pas vraiment de sens, mais cette fierté avec laquelle vous avez été élevé vous force à ne jamais être le premier à céder. Tu meurs d’envie de lui parler toutefois, d’entendre sa voix s’élever au bout du fil et de pouvoir enfin lui partager toutes les angoisses qui te gardent réveillée la nuit, ça et ce petit garçon qui prend toujours un peu plus de place sous ton nombril, rendant n’importe quelle position tout simplement inconfortable. Tu ne décroches pas, tu ne décroches jamais et parfois, tu te demandes si ce ne serait pas mieux qu’ils arrêtent, les appels qui n’aboutissent jamais à quoique ce soit. Tu te demandes aussi s’il prend des nouvelles de toi, des nouvelles de ta grossesse auprès de Rory ou de Wendy. Tu te demandes si tes parents cherchent à savoir, eux aussi, quand tu n’as reçu aucune tentative de contact de leur part depuis cette journée où tu leur as annoncé la rupture de tes fiançailles. Tu ne doutes pas que la nouvelle de ta grossesse soit remontée jusqu’à eux, tu n’aurais jamais osé demander à ton frère ou ta sœur de leur cacher ça. Mais leur silence, un peu comme les appels inachevés de ton frère, parle fort et ne dit rien en même temps. Typique de la façon d’être des Craine.
Tu fais ton possible toutefois pour ne pas laisser tes angoisses prendre le dessus, quand tu sais que de penser à ta famille à tendance à faire augmenter ta tension et que c’est bien la dernière chose dont tu as besoin en ce moment. Dans les dernières semaines, tu as commencé à ressentir ce que ta sage-femme appelle des fausses contractions, en préparation à la naissance. Elle dit que c’est tout à fait normal et que ça ne présage rien de mauvais, malgré ta situation précaire. Elles ne sont pas particulièrement douloureuses, les fausses contractions, juste inconfortables et tu ne peux pas dire que ça te donne particulièrement hâte de découvrir les sensations que provoquent les vraies contractions. Ton corps et ton esprit plus épuisé que jamais, ton sommeil ne semblant jamais atténué ta fatigue, tu enchaînes les siestes à toute heure du jour et de la nuit, Wyatt te surveillant plus que jamais et voulant que tu te ménages au maximum d’ici la date prévue du déclenchement de ton accouchement. Il reste moins d’une vingtaine de jours devant vous avant la date encerclée sur le calendrier, celle annoncée par l’équipe qui s’occupe de ta grossesse. Moins de vingt jours et tu te sens moins prête que jamais alors que la liste des choses encore à préparer semble encore bien trop longue à ton goût. La liste de ton sac à faire pour l’hôpital est prête, mais pas le sac en soit. Le siège d’auto est acheté, mais pas installé et puis Wyatt s’attarde encore sur les derniers détails de la murale chez lui, ce qui fait que la chambre est encore en état chantier plutôt que compléter comme tu l’aurais préféré.
Mais vous avez encore un peu de temps devant vous, pas vrai?
Tu étais en train de lire lorsque tu t’es assoupie dans le lit chez Wyatt. Faut dire que tu passes bien plus de temps ici que chez toi depuis quelques semaines et ça donnerait presque l’impression que vous pourriez vraiment être une famille, une fois que votre garçon sera là. Tes rêves sont agités, tu ne pourrais vraiment dire de quoi ils sont faits, et c’est une douleur dans ton bas ventre qui te réveille le souffle coupé. Tu cherches tes repères pendant quelques secondes, avant de te souvenir de l’endroit où tu te trouves, du moment de la journée. Tu tentes de te relever légèrement dans le lit, une tâche qui prouve bien difficile depuis quelques semaines déjà, mais alors que tes doigts s’accrochent au drap, tu réalises que ces derniers sont mouillés. La panique commence tranquillement à monter, pensant que tu as crevé tes eaux dans ton sommeil, mais la vision que tu découvres quand tu baisses le regard est bien pire encore. Les draps sont désormais tâchés de sang, assez pour que tes doigts aient pris cette même teinte pourpre sans que tu ne t’en aperçoives, et alors que l’information peine à se faire comprendre, un nouvel éclair de douleur se fait ressentir. « Wyatt… » Son prénom n'est qu’un murmure entre deux grognements qui eux sont tout sauf des murmures. La panique s’installe progressivement alors que tu peines à apercevoir si tu saignes beaucoup ou non, la douleur t’empêchant de bouger de cette position maladroite entre assise et couchée. Tes mains tiennent avec force ton ventre qui ne cesse de se durcir avec chaque nouvelle douleur et tu t’imagines déjà le pire, les images du sang qui coulent entre tes jambes te ramenant à un autre souvenir tout aussi douloureux. |
| | | | (#)Dim 5 Déc 2021 - 16:03 | |
| Accroupi sur mes jambes qui commencent à former un angle assez étrange, je tente de lire le foutu plan que je tiens entre mes mains. À forcer de le tordre dans tous les sens, je ne sais plus comment lire le morceau de papier et la position que je maintiens depuis déjà bien trop longtemps, a tendance à me rappeler qu’il faudrait que je cesse de faire le malin. Une nouvelle fois, je fouille dans le paquet de vis qui s’est retrouvé étaler au sol bien trop tôt dans l’étape de construction. Me voilà à comparer tout ce qui se trouve devant moi dans l’effort vain de trouver le précieux qui me permettra de faire tenir ensemble deux planches de bois. Les jours ne cessent de défiler depuis que j’ai entrepris de mettre en place la chambre de Gabriel sans que jamais rien ne soit terminé. Le berceau est prêt, mais le reste n’est qu’un amas de cartons et d’appareils bien trop dangereux pour un nourrisson. La date de sa venue au monde approchant à grands pas, me voilà dans l’obligation de tenter quelque chose avant que Rosalie ne s’impatiente de trop et décide de s’en charger elle-même. Un soupir m’échappe tandis que mes pensées abandonnent le plan de construction issue de l’enfer pour mieux vagabonder dans un territoire instable comprenant la relation que l’on semble à nouveau noué avec Rosalie et l’arrivée imminente de notre fils. Si la future maman est de plus en plus fatiguée, je dois avouer que les heures de sommeil commencent à se compter sur les doigts d’une main pour ma part également. Rien ne semble prêt, sa chambre est un bordel monstre, sa mère passe plus de temps dans mon appartement que dans le sien et je n’ai aucunement le temps de me retrouver seul pour avoir tout le loisir du monde à laisser les angoisses me bouffer dans une sorte de delirium libérateur. Alors je ne dors pas, je me bourre de caféine et prétends que tout va bien quand l’idée même de monter un meuble me demande une concentration que je ne saurais trouver au fond de moi. Mais Rosalie se repose et je me dois de rendre cette chambre confortable pour ramener Gabriel à la maison.
Que je sois prêt ou non, il sera bientôt là.
Je ne sais plus vraiment qui a fini par gagner la bataille entre le tas de vis et ma logique bancale, mais à force de persévérance le meuble tient sur ses quatre pieds. Reste désormais à s’engager dans un tout autre combat pour l’assemblage des tiroirs qui me donnent déjà du fil à retordre tandis que je manque de me fracasser les doigts avec le marteau. Personne n’a jamais dit que taper sur les planches pour qu’elles finissent par s’emboîter était interdit, il faut parfois savoir se résoudre à des méthodes bien plus radicales. Je tape une dernière fois pour être sûr que tout restera bien en place et cherche à remettre le tiroir à l’endroit quand je crois entendre la voix de Rosalie porter dans le couloir. Je me stoppe dans mes gestes et attends un peu avant d’entendre un nouveau bruit qui ressemble à s’y méprendre pour un cri étouffé par je ne sais quoi.
C’est un pas léger qui me porte jusqu’à la chambre, une réplique déjà prête à l’emploi pour l’embêter un peu sur le fait qu’elle a bien du mal à se relever seule ces derniers temps. Ce n’aurait dû être que cela, un moment de plus dans la bulle que l’on a su se construire ces dernières semaines. « Tu m’as appelé ? » Jamais, dans tous les scénarios du monde, je n’aurais imaginé pousser la porte de ma chambre pour la retrouver en pleurs, tache de sang entre les draps, ses mains agripper à son ventre tendu. Mon cœur loupe un battement ou deux, je ne saurais dire, avant de partir dans un élan frénétique qui m’empêche d’agir dans la seconde quand une peur indescriptible me cloue sur place. Jusqu’à ce que Rosalie se mette à crier. Ce genre de cri qui vous glace le sang, qui vous donne envie de vomir, mais qui me donne la force de me précipiter vers elle. « Bouge pas, bouge pas. » Tant bien que mal, je l’aide à s’allonger avec de fouiller les poches de mon short pour en extirper mon portable. Il me faudra deux tentatives avant de pouvoir composer le numéro des secours. Ma main libre vient trouver la sienne à l’instant où son regard se plante dans le mien empli d’une détresse que je ne saurais décrire, mais qui fait naître une angoisse profonde. « Ils arrivent. » que je murmure alors que tout mon être ce bat pour ne pas s’effondrer. Il faut qu’elle se calme, ils ont dit cela, il faut qu’elle respire. « Respire Rosalie. » Et voilà que je monte sur le lit, qu’importe si mon genou atterris sur la tache de sang. Mon regard s’ancre dans le sien à mesure que je m’efforce à respirer avec elle, juste respirer, c’est tout ce qu’il nous reste à faire.
Et notre monde s’écroule à chaque respiration, dès l’instant où les ambulanciers me séparent de Rosalie pour prendre soin d’elle. Tout va trop vite, on me pose un millier de questions auxquelles je balbutie des réponses si approximatives que rien ne semble faire sens. Je parle de la condition de Rosalie sans trouver les bons mots, je hausse le ton quand on m’interdit de l’approcher et je retiens mon souffle lorsque l’ambulancière cherche à entendre le cœur du bébé. Les secondes les plus longues de ma vie. Ce silence affreux avant que ne résonne ce son si précieux d’un rythme cardiaque constant. « On y va, maintenant ! » Une minute, c’est tout ce qu’ils leur faut pour embarquer Rosalie sur un brancard, pour me dire de les suivre et pour que l’on se retrouve à l’arrière de l’ambulance. Je suis torse nu, je n’ai pas fermé l’appartement derrière nous, je n’ai même pas mon téléphone sur moi. Tout ce qui compte, c’est la main de Rosalie qui trouve à nouveau la mienne tandis que son visage ne cesse de se tordre dans des grimaces de douleur. « Je suis là. »
Notre arrivé à l’hôpital se fait dans une précipitation qui m’empêche de prendre conscience de tous les événements. Et avant que je n’ai le temps de comprendre quoique ce soit, on me laisse là, seul dans un couloir blanc et froid, en short et pieds nus avec le sang de la mère de mon fils sur les mains. |
| | | | (#)Lun 6 Déc 2021 - 6:46 | |
| C’est à peine si tu parviens à ouvrir les yeux lorsque tu entends la porte de la chambre s’ouvrir enfin, laissant place à un Wyatt dont l’expression change radicalement alors qu’il découvre la scène qui prend place sous ses yeux. Chaque contraction t’arrache un nouveau gémissement de douleur et ta respiration devient erratique alors que tu prends conscience de tout le sang qui continue de tâcher les draps sur lesquels tu es maladroitement installée. La voix de Wyatt résonne dans la pièce, mais tu n’entends pas les mots qu’il te dit alors qu’il s’approche de toi, son visage tordu d’une inquiétude nouvelle, que tu ne penses jamais avoir aperçu sur ses traits par le passé. « Bouge pas, bouge pas. » Tu ne sais pas si tu en serais capable même si tu essayais, mais il t’aide tout de même à te rallonger au moment même où tu pousses un nouveau gémissement de douleur, incapable de retenir les bruits qui sortent de ta bouche. Tes doigts serrent avec force ceux que Wyatt t’offre, tu tentes de te concentrer sur son regard, sur ses lèvres qui s’agitent alors qu’il appelle les secours, mais rien ne parvient à te calmer alors que des pensées toutes plus horribles les unes des autres se bousculent dans ton esprit. Tout ce sang, toute cette douleur, ça ne peut rien présager de bon, ni pour toi, ni pour le bébé. Tu sembles avoir oublié complètement les complications potentielles, celles qu’on t’explique pourtant en long et en large depuis des semaines, depuis le moment où tu as reçu ton diagnostique de prééclampsie. Tu sais aussi qu’il est tôt, trop tôt pour votre garçon, qu’il devait rester au chaud encore au moins deux semaines. « Ils arrivent. » C’est la voix de Wyatt qui te ramène dans le moment présent alors qu’il prend place à tes côtés et tu t’accroches à lui encore un peu plus fort. « Respire Rosalie. » Tu essayes, oh tu essayes si fort, mais tu as tellement mal, tellement peur que tu ne saurais dire qui de la douleur ou de la frayeur allait finir par avoir raison de toi.
Tout va très vite quand les ambulanciers arrivent et que les questions fusent de partout, sans que tu ne sois capable d’y répondre. Wyatt tente d’expliquer la situation du mieux qu’il peut, mais la vérité c’est que malgré tout ce à quoi vous ont préparé les médecins dans les dernières semaines, vous n’avez absolument aucune idée de ce qui se passe. Des larmes de soulagement se mêlent à celles de douleur quand le cœur de votre fils se fait finalement entendre et le personnel médical ne tarde pas plus longtemps avant de t’installer sur le brancard et te transporter. À chaque nouvelle étape, tu cherches constamment le regard de Wyatt, un contact quelconque qui te rappelle qu’il est là, que tu ne vis pas tout ça toute seule et il répond une fois de plus présent le Parker, quand une fois installé dans l’ambulance, ses doigts s’entremêlent à nouveau aux tiens. « Je suis là. » « J’ai peur. » Ce sont bien les seuls mots que tu es parvenue à prononcer clairement depuis de longues minutes déjà, quand tu sembles peu à peu revenir à toi malgré les contractions qui continuent de manière fréquentes et irrégulières. Le chemin jusqu’à l’hôpital se fait dans un silence des plus complets entre vous deux, les ambulanciers échangeant rapidement entre eux sur ton état, sur l’état du bébé, les quelques informations qu’ils sont en mesure de récolter pendant le court trajet et bien vite, tu es prise en charge aux urgences du St. Vincent. Tu te retrouves dans une pièce et tout ce que tu réalises, c’est que tu as perdu Wyatt quelque part entre votre débarquement de l’ambulance et maintenant et tout ce que tu voudrais, c’est qu’il soit toujours là à tes côtés.
Il y a beaucoup de gens qui s’agitent autour de toi et tu perds rapidement le fil des questions qui te sont posés. C’est après ce qui semble être une éternité qu’une fille, que tu reconnais comme étant l’une des sage-femmes que tu as vu quelques fois pendant tes suivis, prend enfin la peine de te regarder et de s’adresser à toi de manière douce et compréhensive. « Les médecins doivent procéder à une césarienne d’urgence. Tu perds beaucoup de sang et le cœur du bébé bat trop vite à notre goût. On va tout de suite t’emmener en salle d’opération. » Une nouvelle vague de panique s’empare de toi alors que tu attrapes le bras de la sage-femme pour l’empêcher de partir trop vite. « Wyatt, il doit être là. » que tu implores d’une voix faible et elle hoche la tête doucement. « Le papa? Quelqu’un va aller le chercher, il va pouvoir être avec toi en salle d’opération. » Tu souffles doucement, rassurée d’entendre ces mots et à nouveau, tout se passe à une vitesse hallucinante quand on te transfert jusqu’en salle d’opération, qu’un anesthésiste installe la péridurale et qu’enfin, les vagues de douleurs subsiste enfin. Le drap est levé à la hauteur de ta poitrine, t’empêchant de voir ce que les infirmiers et chirurgiens font. Une infirmière ainsi que l’anesthésiste sont à tes côtés et quand la porte s’ouvre à nouveau, tu parviens à tourner la tête juste assez pour apercevoir Wyatt, vêtu d’un pyjama médical ainsi qu’un bonnet stérile sur sa tête, qui s’approche de toi. « Charmant le bonnet. » que tu souffles, d’une voix qui se veut humoristique mais qui ne cache en rien toute la panique qui t’habite encore. Tu ne pourrais dire combien de temps s’écoule pendant lequel tout ce que tu ressens, ce sont des sensations de tirement sur ton ventre. Tu dédies toute ton attention à Wyatt jusqu’au moment où des pleurs de bébé remplissent finalement la salle d’opération. « Est-ce que je peux le voir? » que tu sanglotes doucement, mais rapidement, la situation change drastiquement à nouveau quand les pleurs cessent, que la machine à tes côtés se met à sonner et il semble y avoir un vacarme monstre qui se crée entre le personnel médical présent dans la salle d’opération. « Vous ne pouvez pas rester ici. » C’est à Wyatt qu’on s’adresse soudainement alors que tu te sens de plus en plus faible, sur le bord de l’inconscient. Soudainement, tu n’entends et ne vois plus rien et la dernière chose dont tu te souviens, c’est de sentir les doigts de Wyatt qui lâche les tiens. |
| | | | (#)Mer 8 Déc 2021 - 20:45 | |
| Ce cri étouffé par les sanglots et une peur primaire, je ne pourrais jamais l’oublier. Il résonne encore dans ma tête malgré les questions qui se pressent à mesure que les secours prennent en charge Rosalie. On me demande ce qui a bien pu se passer comme si soudainement, j’avais obtenu un putain de diplôme en médecine pour avoir eu la brillante idée de les appeler pour faire leur métier. Le visage de Rosalie est tordu par la douleur et on me demande ce qu’elle a bien pu faire qui aurait provoqué un tel état, je voudrais m’emporter pour leur rappeler que si on appelle les secours ce que l’on a globalement réponse à rien, mais tout ce que je réussis à faire, c’est balbutier des bouts de phrases loin d’être cohérentes tandis que mon regard s’accroche à celui de la jeune femme. Rien ne fais sens, malgré toutes les précautions qu’avaient pris les médecins pour nous parler des complications liées à sa grossesse, l’événement se ressemble à un tsunami qui vient balayer la tranquillité des derniers jours passés. Tout ce que je vois, c’est la terreur dans le fond de ses prunelles alors que l’on se précipite vers l’extérieur, tout ce que j’entends, c’est l’inquiétude dans la voix de l’ambulancière qui ne cesse de répéter le mot urgence dans sa radio, tout ce que je ressens, c’est un profond désarroi à devoir rester assis dans un coin de cette ambulance sans savoir quoi faire pour la soulager. « J’ai peur. » Ses mots résonnent au rythme du hurlement de la sirène tandis que mes doigts viennent serrer sa main avec force. Je suis incapable de former la moindre phrase tant j’essaye de garder le dos droit pour ne jamais montrer à quel point la situation me paraît grave. Je ne vois que le sang qui tâche encore mes mains, je n’entends que les gémissements de douleur émanant d’une Rosalie affaiblie et dont le teint me paraît incroyablement blanc. Quelque chose ne va pas, j’en suis parfaitement conscient, mais mon esprit bloque toutes les possibilités, toutes les hypothèses pour mieux se concentrer sur les détails : mon pouce qui caresse le dos de sa main, le sourire que je tente de lui offrir malgré la crainte.
Je n’avais pas imaginé me retrouver complètement seul dans un couloir d’hôpital moins de deux minutes après, la sensation de pression de la main de Rosalie s’exerçant comme un fantôme quand bien même elle a disparu de mon champ de vision. Le sentiment d’impuissance se fait alors supplanter par une sensation d’effroi qui me glace le sang, me clouant sur place et faisant entièrement abstraction de ma tenue loin d’être décente pour l’endroit. Il ne reste que le vide, l’incapacité de pensée de manière censée et toutes ces questions qui tournent en boucle quand j’ignore complètement si notre bébé va bien ou si Rosalie va s’en sortir. Je ne sais combien de temps s’est écouler avant qu’un visage familier n’apparaisse à nouveau au bout du couloir. La jeune femme était présente à de nombreux rendez-vous, elle avait toujours ce sourire rassurant, mais aujourd’hui son expression se veut bien trop professionnel et détaché de tout sentiment. « Rosalie est emmenée au bloc opératoire pour une césarienne d’urgence. » Me voilà bien incapable de mesurer pleinement la gravité de ses propos, je me contente de hocher la tête sans trop quoi savoir faire par la suite. « On va aller se changer pour que vous puissiez être avec elle, d’accord ? » À nouveau, je hoche la tête et emboîte le pas à la jeune femme qui finit, tout de même, par m’adresser un léger sourire réconfortant.
Le temps qui passe semble être devenu un concept étrange tant j’ai, depuis notre départ précipité de l’appartement, la sensation d’être un pantin que l’on déplace par sorte de saut temporel. Une minute, j’étais dans ce couloir perdu, celle d’après me voilà vêtu comme un médecin, une charlotte affreuse visée sur la tête et en train de pénétrer dans un bloc opératoire où je retrouve enfin Rosalie. « Charmant le bonnet. » Je lève les yeux au ciel face à sa tentative d’humour tandis que l’on me désigne l’endroit qui me sera assigné. Je m’assois avec prudence avant de retrouver ses doigts contre les miens, ma main libre venant se poser sur son front lentement. La douleur semble avoir disparu de son visage, elle paraît faible, mais bien moins en souffrance. Je préfère ne pas prendre conscience de ce que font les médecins, si la vue du sang ne m’a jamais posé de problème, je n’ai pas réellement envie de savoir ce qui se passe de l’autre côté de ce drap. Jusqu’à ce que les pleurs de Gabriel retentissent dans la pièce. Je ne me suis jamais relevé aussi vite, manquant de perdre l’équilibre alors que j’aperçois pour la première fois le petit corps de notre fils qui s’agite dans les bras de la sage-femme. « Il va bien ? » Il pleure, Wyatt, c’est tout ce qu’il faut retenir. Il pleure, donc il respire. « Est-ce que je peux le voir? » Mon attention se reporte sur Rosalie, j’allais lui dire à quel point il est beau même si la vérité se tend à dire que je n’ai qu’aperçu le bébé qui soudainement cesse de pleurer. Une machine se met à biper, puis une autre et brutalement, c’est un bourdonnement sourd de corps qui s’agite, d’ordre qui sont aboyé qui agite la pièce de manière violente. « Qu’est-ce qui se passe ? » Mon regard navigue entre la femme qui vient de partir avec Gabriel dans une autre pièce et Rosalie qui semble si pâle. Cette fichue machine bip de plus en plus fort et voilà qu’une paire de mains me remet sur mes pieds pour mieux m’expédier vers la sortie. « Vous ne pouvez pas rester ici. » - « Qu’est-ce qui se passe ? » Ma voix s’étrangle sur chacun des mots alors que je résiste à l’empoigne afin de rester dans la pièce. Il me faut une réponse, je ne partirais pas d’ici alors que Rosalie vient de perdre connaissance et qu’une dizaine de personnes s’agite autour de son corps. « Monsieur, vous devez sortir. » Je ne sais plus vraiment si c’est moi qui l’envoi valser dans le mur en hurlant le prénom de Rosalie ou bien si j’ai rêvé l’action. Je perds l’équilibre à vouloir forcer le passage et dans une brutalité mêlant insulte et mouvements de bras incohérents, je me retrouve dans le couloir. À nouveau seul. Mon poing atterris contre le mur sans que personne ne réagisse, d’une main, j’arrache cette foutue charlotte de ma tête tandis que l’autre s’accroche à mon haut pour tirer mon col le plus loin possible dans une vaine tentative de vouloir retrouver ma respiration. Tout ressemble à un cauchemar.
Personne ne vient me chercher, personne ne me tient informer tandis que je m’écroule contre le mur en face de la porte du bloc. Mes doigts ne cessent de pincer l’intérieur de mon coude avec violence pour me rappeler que tout cela est bien réel, que Rosalie s’est évanouie et que Gabriel à cesser de pleurer. Je crois devenir fou à mesure que les minutes s’écoulent sans recevoir la moindre information. C’est tout le film de notre relation qui se rejoue dans un coin de mon esprit avec la même conclusion qui s’en revient en boucle : je ne saurais pas faire sans elle. L’idée même de perdre Rosalie me tord l’estomac au point où je finis par me lever pour aller vomir mes tripes dans la première poubelle du couloir. Il me faudra un moment pour retrouver une respiration normale et surtout pour réaliser que quelqu’un semble se soucier de moi. Je m’apprêtais à hurler, mais les mots restent bloquer dans le fond de ma gorge. « Est-ce que vous voulez venir voir votre fils ? » Elle en a d’autres des questions aussi connes. « Bien sûr ! » Les mots sont crachés avec véhémence sans que je ne contrôle vraiment quoi que ce soit. « Et Rosalie ? » - « Je n’ai pas encore de nouvelles. » Et cela n’augure rien de bon, non ? Je ne sais plus. Mais je finis par la suivre, tel un robot que l’on traîne par la main, je tremble à l’idée même qu’il arrive quelque chose à Rosalie, je me noie dans l’angoisse de ne pas être à la hauteur pour notre fils. On arrive dans une petite salle emplie de couveuse et d’une odeur affreuse de médicaments et d’hôpital. Je ne suis pas à l’aise, mais elle me dirige vers le dernier petit lit au fond de la salle. Un petit bébé est allongé simplement vêtu d’une minuscule couche. Je relève les yeux vers elle pour m’assurer que je ne rêve pas. « Il a un prénom ce petit bonhomme ? » - « Gabriel. » Elle hoche la tête et vient écrire le prénom sur une petite étiquette qui finis coller sur un coin de la paroi, son prénom, la date du jour et l’heure de sa naissance. Je le vois enfin mon fils, il semble si petit, si fragile. Je n’ose pas bouger, encore moins respirer, je me contente de l’observer avant de réaliser pleinement tous les fils qui l’entourent et ce masque sur son visage. « Il va bien. La naissance a été brutale pour lui, alors on l’aide un peu à respirer. » Les mots se veulent rassurants, mais tout paraît si angoissant. « On va le garder en observation quelques jours. » Je hoche la tête sans trop savoir quoi dire, alors qu’elle s’approche du berceau pour ouvrir un petit compartiment. « Vous pouvez le toucher, il ne craint rien. » Je sens sa main sur mon épaule qui me pousse un peu vers l’avant. « Je vais aller me renseigner pour votre compagne. » Et comme ça, elle me laisse à nouveau seul. Avec mon fils. Ce petit être qui respire lentement à l’aide de la machine. Ce petit bonhomme qui ouvre les yeux à l’instant même où je me penche au-dessus de lui. Nos regards se croisent et c’est une sensation inexplicable qui m’envahit, un mélange de soulagement, de bonheur et de peur, malgré tout. Je retiens un sanglot alors que lentement, ma main se glisse dans la couveuse pour venir toucher la sienne. « Ça va aller mon fils, je te promets. » que je murmure lentement tandis qu’il s’étire un peu et que ses yeux se referment déjà. « Ta maman peut pas nous abandonner comme ça. » Et si quelques larmes viennent couler sur mes joues, tout le monde prétendra n’avoir jamais rien vu.
Je ne sais combien de temps, je reste là, mon pouce caressant sa main, mes yeux scrutant chacun de ses traits à tenter de chercher à qui il ressemble le plus, tout en essayant de me convaincre qu’il est bel et bien là, que tout cela n’est pas un rêve (ou un cauchemar). Tout me paraît surréaliste tant, son arrivée sur terre fut précipitée et chaotique. J’ai le cœur qui se serre à l’idée de ne toujours pas avoir de nouvelle de Rosalie, mais mon esprit s’efforce de continuer de réfuter le pire. Plus d’une fois je panique en croyant avoir entendu la machine émettre un son ou parce que j’ai réussi à me persuader que sa poitrine ne se soulevait plus au rythme de ses respirations. Incapable de savoir ce qu’il faut faire, effrayé a l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose, j’ai déjà appelé deux fois l’infirmière du service qui a pris le temps de me rassurer en restant à mes côtés plus longtemps que nécessaire. « Votre compagne a été installée en chambre, vous pouvez aller la voir. » Elle va bien. Elle ne l’aurait pas annoncé aussi simplement sinon, non ? J’hésite pourtant, regardant ce tout petit bébé et refusant de le laisser seul. C’est qu’elle doit sentir mon hésitation la jeune femme. « Je veille sur lui, ne vous en faites pas. » Du coin de l’œil, j’aperçois la sage-femme, celle qui a été un véritable phare dans cette tempête, qui semble m’attendre pour m’emmener auprès de Rosalie. Alors je me tourne vers Gabriel, caressant sa joue du bout des doigts. « Je reviens vite. » Et je me tourne vers la professionnelle de santé. « Vous faites attention à lui. » Elle hoche la tête sans jamais se moquer quand bien même, c’est extrêmement mal placé de ma part de remettre en doute ces compétences.
Dans un autre couloir, bien trop éloigné de celui où se trouve Gabriel, je retrouve le con qui m’a jeté en dehors du bloc opératoire. Il m’annonce que Rosalie a perdu beaucoup de sang, qu’ils ont été obligés de l’opérer pour un terme qui frôle l’imaginaire tant le nom semble tordu et il conclut par le fait qu’elle a besoin de repos désormais. Je ne le remercie pas, lui et son ton condescendant me donne des pulsions que je préfère maîtriser en poussant la porte qu’il vient de m’indiquer. Au diable les médecins, c’est elle que j’ai besoin de voir de mes propres yeux. Rosie est allongé dans le lit, le teint toujours très pâle et les yeux à moitié ouverts. « Hey… » J’ose à peine m’approcher, réalisant doucement qu’elle est sortie d’affaire tout en entendant encore ses gémissements de douleur et voyant son corps lâché sous mes yeux. « Refais plus jamais un truc comme ça. » Et les mots s’étranglent dans le fond de ma gorge tandis que mes doigts reviennent pincer l’intérieur de mon coude qui est déjà couvert d’un bleu. La douleur irradie tout mon corps me rappelant à la réalité. Elle est là. |
| | | | (#)Jeu 9 Déc 2021 - 6:00 | |
| Tu entends des voix que tu ne reconnais pas, qui prononcent des mots que tu ne comprends pas. Tu sens du mouvement partout autour de toi, mais rien à quoi tu ne puisses te raccrocher, rien qui ne semble faire du sens alors que tu peines à reprendre conscience. Ton esprit est embrumé et pendant quelques instants, tu oublies tout. De l’endroit où tu te trouves jusqu’à ce qui s’est passé juste avant que tu ne perdes connaissance. Tes yeux sont affreusement lourds et tu ne parviens pas encore à les ouvrir. Tu as l’impression que c’est ce qu’on attend de toi toutefois, que tu ouvres enfin les yeux, tu ne pourrais expliquer la sensation qui t’envahit en ce moment. Quelqu’un prononce ton prénom, mais ça semble lointain, tu es persuadée de te l’imaginer. Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Tu cherches la moindre sensation qui pourrait t’aider à te convaincre que tu es éveillée, mais tu as l’impression d’être complètement détachée de ton corps, comme si tu voyais la scène hors de ton être, comme si le corps allongé dans ce lit d’hôpital n’était pas la tien. C’est un combat incessant alors que tu vacilles constamment entre le conscient et l’inconscient, prise quelque part entre les deux.
Les mouvements autour de toi semblent diminuer légèrement et toi, tu sembles enfin retrouver quelques sensations alors que le brouillard dans ton esprit se lève peu à peu. Tu prends conscience de la couverture qui semble étrangement lourde sur le haut de ton corps, mais absente sur le bas de to corps. Tu prends conscience des différents bips réguliers qui remplissent la pièce et quand tu parviens enfin à ouvrir les yeux, la lumière de la chambre te brûle les rétines. Tes souvenirs sont toujours aussi flous, mais alors que tu sens une main sur ton bras, tu es certaine d’une chose : tu es vivante. Tu ne reconnais pas le visage de la femme qui te parle, qui prononce des mots que tu n’entends qu’à moitié, c’est à peine si tu parviens à hocher la tête pour lui confirmer que tu l’entends, mais ça semble la satisfaire puisqu’elle se recule légèrement et laisse place à quelqu’un d’autre à tes côtés. « Hey… » Cette voix-là, tu la reconnaîtrais parmi mille et tu te forces à ouvrir les yeux un peu plus grands pour bel et bien apercevoir le visage de Wyatt. Tu essayes d’ouvrir la bouche pour le saluer à ton tour, mais tu n’y arrives pas. Tu as la gorge sèche et tes lèvres semblent collées l’une contre l’autre. C’est avec toute la difficulté du monde que tu lèves légèrement le bras dans sa direction, à la recherche d’un contact avec lui pour te prouver qu’il est bel et bien là, et pas seulement une invention de ton imagination. « Refais plus jamais un truc comme ça. » Tu peines à comprendre ce à quoi il fait référence pendant quelques secondes. C’est seulement quand tu remarques ce qu’il porte que les souvenirs semblent te revenir tout d’un coup. Le réveil en panique à son appartement. Le sang, tout le sang qui avait tâché les draps. Le tour d’ambulance et l’arrivée en panique ici, à l’hôpital. C’est bien l’endroit où tu te trouves, non? Tu tournes la tête d’un mouvement brusque, ton regard qui se perd partout dans la chambre pour confirmer que oui, c’est bel et bien dans un lit d’hôpital que tu es étendue, avec les machines partout autour de toi, des fils qui sont accrochés à ton corps ici et là. « Je vais bien. » que tu murmures d’une voix enrouillée, autant pour lui que pour toi, des mots qui t’arrachent une quinte de toux avant que tu ne déglutisses difficilement.
Tu mets encore quelques secondes avant de réaliser que oui, toi tu vas bien, mais qu’en est-il de votre fils? C’est la panique qui se réinstalle d’un coup sec, ton visage qui se tord de douleur et de peur alors que tu tentes de te redresser maladroitement – sans succès – dans le lit, ton regard se posant sur ton ventre qui n’est plus aussi arrondi qu’il l’était avant que tu n’arrives ici. « Le bébé? Gabriel? » Tu relèves les yeux vers Wyatt, l’implorant du regard pour qu’il te donne des bonnes nouvelles, même si ton esprit lui, est déjà en train de se dessiner tous les pires scénarios. Ceux dans lesquels tu n’as pas su protéger ton fils alors qu’il n’était même pas encore né. Ceux dans lesquels tu l’as perdu avant même d’avoir eu l’occasion de poser les yeux sur lui. Tu te souviens des pleurs dans la salle d’opération, puis du silence qui a suivi alors que la panique s’installait partout autour de vous. « Dis-moi qu’il va bien, je t’en supplie. » Il est né trop tôt, trop vite, votre garçon. Ce n’est pas comme ça que ça devait se passer, pour lui, pour toi. Tu avais eu tellement de mal à t’imaginer le jour où tu pourrais enfin le prendre dans tes bras, et maintenant que le jour était là et que tu ne savais pas si tu aurais un jour la chance, tu ne pouvais plus t’imaginer un univers sans ce petit être dont tu n’avais même pas eu la chance de voir le visage jusqu’à maintenant. « Je veux le voir, j’ai besoin de le voir. » Des larmes coulent déjà sur tes joues alors que des gémissements de douleur s’échappent d’entre tes lèvres plus tu débats dans le lit, tentant de bouger sans réellement y arriver, la moitié de ton corps toujours engourdi suite à l’anesthésie. |
| | | | (#)Dim 12 Déc 2021 - 20:25 | |
| Le film se déroule sans cesse dans un coin de ma tête. Le sang sur le lit, les gémissements de douleur dans l’ambulance, son teint incroyablement pâle avant la césarienne et finalement ses doigts qui relâchent leur emprise sur les miens, ses yeux qui se ferment et les machines qui s’affolent, ne laissant qu’une alarme hurlante en fond sonore. Ma main tremble avant que je ne la pose sur le panneau de bois, stresser à l’idée de trouver une Rosalie encore endormie, sans aucun moyen de m’assurer qu’elle va réellement bien. Je souffle et entre dans la pièce aseptisée. Mon regard se pose sur le lit, sur ce corps dissimulé par une couverture, son bras visser à une perfusion. Elle est pâle Rosalie, à peine réellement éveillée, probablement à demi-consciente de tout ce qui viens de se passer. Pourtant, lorsque son bras se lève lentement dans ma direction, je me précipite à ses côtés. Mes doigts viennent trouver les siens qui me paraissent geler. Mâchoire serrée, j’essaye de tout contrôler, quand bien même elle doit être dans la capacité d’entendre mon cœur taper contre ma cage thoracique tant l’adrénaline est en train de redescendre et que la réalité me percute de plein fouet. J’aurais pu la perdre. La vérité, c’est que malgré tout ce qui vient de se dérouler, je prends seulement conscience à cet instant, de tout ce qui aurait pu réellement, mal tourner pour elle, tous les changements que cela aurait pu entraîner. La réalisation m’attrape à la gorge pour venir me mettre une claque monumentale. Je tremble sur mes acquis et c’est pire encore lorsque son regard croise enfin le mien. « Je vais bien. » Je hoche la tête sans trouver la force de formuler des mots qui se voudraient cohérents. En douceur, je me penche vers Rosalie, prends le temps de plonger mon regard dans le sien pour mieux observer chaque détail de son visage avant de venir poser mes lèvres sur son front. Sa peau est chaude, je sens son souffle sur ma nuque et ses doigts qui serrent les miens. « Tu m’as fait peur… » Elle est là et je ne rêve pas.
À trop m’enfermer dans mes pensées pour reprendre le dessus sur mes émotions, je ne vois pas que la brune commence à s’agiter, son regard cherchant la pièce de manière frénétique. « Le bébé? Gabriel? » Je prends le temps de me redresser, pour qu’elle me voit, pour qu’elle puisse analyser traits de mon visage, mais ses pensées courent bien plus vite que les miennes, en me laissant guère le temps d’anticiper. « Dis-moi qu’il va bien, je t’en supplie. » A plusieurs reprises, j’ouvre la bouche, murmurant un début de phrase qui se veut rassurante en tout point, mais elle ne cesse de s’agiter sans même prendre conscience de ma présence. Voilà qu’elle lutte contre l’anesthésie au point de s’en faire mal, au point de fondre en larmes sans m’entendre. « Je veux le voir, j’ai besoin de le voir. » Elle continue de se débattre et me voilà obligé d’attraper son visage entre mes mains pour qu’elle ne regarde plus que moi. « Eh, eh, eh… Il va bien. » Je serre ses joues entre mes doigts afin que ses prunelles restent fixer sur les miennes. « Il va bien, je te le promets. » Toute la vérité réside dans cette promesse souffle en douceur. Elle doit me faire confiance. La tension semble redescendre dans son corps, suffisamment pour que je puisse lui donner le reste des informations. Mon pouce vient caresser sa peau sans que jamais je ne relâche mon étreinte sur elle. « Il a besoin d’un peu d’aide pour respirer. » Je sens déjà la panique qui monte à nouveau en elle. « Juste un peu Rosalie, juste pour être sûr. Je l’ai vu, il a ouvert les yeux et il m’a regardé. » que je tente de lui raconter sans laisser ma voix craquer. « Vous devez vous reposer un peu tous les deux. » La sage-femme m’a prévenu, ils ne peuvent pas déplacer Gabriel et pour le moment Rosalie a interdiction de sortir de son lit. Alors, je cherche à gagner du temps, tout en la rassurant sans n’avoir aucune garantie que cela fonctionne bien longtemps. |
| | | | (#)Lun 13 Déc 2021 - 7:02 | |
| « Tu m’as fait peur… »
Il y a tellement de choses que tu aimerais pouvoir lui dire. Tu voudrais lui dire que toi aussi, tu as eu tellement peur. Tu voudrais que tu es désolée que tout se soit passé ainsi, que ce n’est pas ce que tu voulais, que tu t’en veux, que t’aurais dû être plus vigilante même si tu sais dans le fond, que ce n’est pas ta faute, tout ce qui s’est passé. Tu voudrais lui dire à quel point tu l’aimes et que tu n’as pas l’intention de partir, jamais. Mais ils restent tous coincés dans le fond de ta gorge, tes mots, tes vérités et tu te contentes de te perdre dans ses yeux alors qu’il te regarde comme il ne l’a pas fait depuis terriblement longtemps, comme s’il tentait de mémoriser chacun de tes traits ou comme s’il avait peur que tu t’évapores d’une seconde à l’autre. Tu frissonnes quand tu sens ses lèvres se poser doucement contre ton front et pendant quelques instants, tu oublies tout le reste, concentrée seulement sur la présence de Wyatt et sur l’apaisement que tu ressens de le savoir près de toi. Mais la réalité te rattrape bien vite quand les souvenirs de l’accouchement s’imposent dans ton esprit et que tu réalises avec une bien trop grande frayeur que votre fils ne se trouve pas dans cette chambre, lui. Tu ne laisses même pas le temps à Wyatt de dire quoique ce soit que tu te crées les pires scénarios, des images horribles et morbides s’accumulent derrière tes paupières à moitié closes et tu supplies le Parker de te convaincre du contraire sans jamais lui donner la chance de placer un mot.
C’est seulement quand tu sens ses mains qui entourent ton visage que tu prends vraiment la peine de le regarder, mais surtout de l’entendre. « Eh, eh, eh… Il va bien. » Tes mains viennent se poser contre les siennes, dans un réflexe d’abord de le repousser avant de finalement te rendre, d’accepter le contact et la vérité qui file de ses lèvres. Il ne te ment pas, tu peux le lire dans ses yeux et tu sens ton cœur se calmer légèrement sans que jamais tes yeux ne lâchent ceux de Wyatt. « Il va bien, je te le promets. » Tu mets encore quelques secondes, mais tu finis par hocher la tête doucement, signe que tu le crois, que tu lui fais confiance. Tu sens son pouce qui caresse tendrement ton visage et si la panique est redescendue, tu es incapable d’arrêter les larmes qui coulent silencieusement sur tes joues, qu’il essuie au fur et à mesure. « Il a besoin d’un peu d’aide pour respirer. » Il peut sans doute lire la peur dans le fond de tes yeux parce qu’il s’empresse d’ajouter « Juste un peu Rosalie, juste pour être sûr. Je l’ai vu, il a ouvert les yeux et il m’a regardé. » Tu sanglotes doucement à la simple idée que Wyatt a pu être avec lui alors que toi, tu te réveilles à peine et que tu ne parviens presque pas à te souvenir de ce qui a pu se passer pour que la situation ne dégénère autant. Tu voudrais lui demander, à Wyatt, mais ça non plus, tu ne te sens pas capable de le faire. Pas tout de suite, alors que tu émerges à peine et que tout ce que tu veux, c’est avoir des nouvelles de ton fils, de votre fils. « Tu as pu le prendre dans tes bras? » que tu lui demandes, déchirée entre vouloir entendre que non, il n’a pas pu tout de suite et que tu peux toujours être la première qui le tien contre toi, et le besoin de savoir qu’au moins, il n’était pas tout seul, qu’il a pu compter sur son père dès les premiers instants. « Vous devez vous reposer un peu tous les deux. » « Je veux être avec lui. » que tu demandes, que tu supplies même, mais c’est impossible. Wyatt te l’explique d’abord et puis l’infirmière qui vient vérifier ton état le fait ensuite, même si tu insistes que tu es assez en forme (tu ne l’es pas) pour aller voir ton fils. Il est arrangé que Wyatt t’appelle avec le téléphone d’une des infirmières en néonatalité pour que tu puisses le voir, ne serait-ce que quelques minutes alors qu’il est paisiblement endormi dans sa couveuse, et tu fonds en larme dès l’instant où tu l’aperçois, bien trop petit et sans doute trop fragile pour le monde extérieur, bien trop loin de toi.
* * * « Va chercher une chaise roulante. » Ce n’est pas une suggestion, ce n’est pas une question non plus. C’est pratiquement un ordre alors que tu réussis enfin à te relever légèrement dans ton lit de peine et de misère, audio de gémissements et de douleur en prime. Le regard que tu lances à Wyatt toutefois ne lui donne pas le choix : il vaut mieux pour lui qu’il t’emmène une chaise roulante sinon tu pourrais bien te décider à ramper jusqu’à l’aile de pédiatrie, même si c’est à l’autre bout de l’hôpital et même si ça risque d’être bien moins subtile que s’il se décide de t’aider dans ton plan pour aller voir Gabriel avant que tu ne reçoives le ok des sage-femmes. Ça fait déjà presque douze heures que tu es réveillée, tu as retrouvé la grande majorité des sensations dans le bas de ton corps, tu as même été capable de marcher jusqu’à la salle de bain. Pas question qu’on te retienne plus longtemps d’aller voir ton bébé. « Je te jure que je me sens capable d’y aller. » Ça fait déjà cent fois que tu lui assures (et que tu lui mens surtout) mais cette fois-ci, c’est vrai de vrai, tu ne veux pas attendre plus longtemps. « Ce sera juste pour quelques minutes. J’ai besoin de le voir de mes yeux qu’il va bien. » Même si Wyatt est resté auprès de lui pendant la grande majorité des douze dernières heures et qu’il te l’a assuré encore et encore, tu ne seras pas rassurée tant que tu n’auras pas eu la chance de poser ton regard sur lui, de caresser sa peau, de le savoir près de toi. Tu grognes légèrement alors que tu parviens à sortir tes jambes du lit. « Aide-moi à me lever. » Ton regard croise le sien et tu t’adoucis légèrement. « S’il-te-plaît. » que tu plaides avec un léger sourire alors qu’il s’approche de toi et que tes doigts viennent doucement caresser la peau de ses bras. |
| | | | (#)Mer 15 Déc 2021 - 20:57 | |
| « Va chercher une chaise roulante. » Je me fais prendre par surprise en sortie de salle de bain, sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit. L’ordre est suivi d’un regard qui en dit long : Rosalie ne va pas tarder à craquer. L’appel en visio avait su la rassurer pour une durée proche de vingt-cinq minutes, avant qu’elle ne me renvoi sans cesse auprès de Gabriel. Les heures se sont enchaînées ainsi depuis son réveil, des allers-retours entre le service de néonatalogie et la chambre de la brune. À peine conscient de tout ce qui déroule réellement autour de moi, j’alterne entre les services, emmerde la majorité du personnel avec mes questions qui n’ont parfois pas de sens et mes pauses clopes qui ont commencé à laisser une odeur sur mon sillage. Il a fallu temporiser la première crise de larmes de mon fils suivi de près par celle de sa mère qui a fini par craquer en apprenant que j’avais pu prendre le petit contre mon torse pendant un moment. Pendant près d’une heure, elle n’a cessé de hoqueter en répétant que c’était important pour Gabriel tout en semblant profondément dévastée de ne pas avoir été la première à le câliner. On me demanderait que je ne serai même plus répété ce que j’ai bien pu dire pour la calmer, en dehors des moments passé avec Gabriel, j’ai l’étrange sensation de flotter ailleurs, incapable de me focaliser trop longtemps. Si tout mon monde avait semblé imploser dans ce bloc opératoire, les barricades se sont bien trop rapidement redressées afin de ne laisser que le paraître d’une maîtrise totale de la situation. Jusqu’à ce que Rosalie me regarde avec ses yeux, là. « Je te jure que je me sens capable d’y aller. » - « Dit elle en gémissant de douleur. » J’ai arrêté de compter ces mensonges au bout du quatrième et c’est qu’ils ont été nombreux ces douze dernières heures. Cela n’amuse personne de la priver de son bébé, moi le premier. « Ce sera juste pour quelques minutes. J’ai besoin de le voir de mes yeux qu’il va bien. » J’entends sa demande, mais n’oublie pas non plus les conseils du médecin quant à sa cicatrice et tout ce qu’elle doit éviter de faire pour se remettre correctement. Tout semble venir s’entremêler sans plus vraiment, faire sens, dans un brouhaha de volonté, de demande et d’incompréhension surtout. La fatigue joue sur mes nerfs quand je sais plus ce qui me semble être juste et sans danger. « Aide-moi à me lever. S’il-te-plaît. » Qu’importe ce que je décide, il est clair qu’elle finira par y aller avec ou sans mon aide. « Attends, deux secondes. » Je lève un doigt en l’air, tentant vainement de paraître menaçant avant de filer vers le couloir.
La conversation avec le médecin de Rosalie me paraît surréaliste tant il se borgne à ne rien vouloir entendre. Pour la deuxième fois, je manque de lui coller mon poing dans la figure, le tout se transformant en un échange verbal sanglant, fait de menace de ma part et d’ordre vociférer de la sienne. Le scandale ramène une bonne partie du personnel, compromettant d’autant plus les chances de pouvoir aider Rosalie à s’échapper. Après quelques dernières insultes en direction du coincé du bulbe, je me retrouve à arpenter le couloir sans avoir la moindre idée de ce que je vais bien pouvoir dire à Rosalie qui m’attends depuis déjà bien trop de temps. Par je ne sais quel miracle, la jeune femme, qui semble être devenue le témoin clé de nos vies depuis le début de ce cauchemar, viens se planter devant moi, un badge à la main et un air bien trop sérieux. « Vous avez trente-cinq minutes avant la relève pas plus. » Elle vient clipser le badge à la poche sur ma poitrine, fourre quelques stylos là-dedans, probablement pour rendre la supercherie plus authentique et finis par me pointer du doigt, un fauteuil roulant au bout du couloir. Je la remercie du bout des lèvres avant de filer sans demander mon reste.
« Madame Craine. » Je pousse le fauteuil jusqu’à son lit, découvrant au passage que la patience de Rosalie avait pris fin il y a de cela un bon moment, puisqu’elle était littéralement en train d’essayer de se mettre debout seule. « Si tu t’étais fait mal, je t’aurais laissé par terre. » que je lance presque trop froidement, avant de venir passer mon bras lentement autour de ses hanches pour l’aider à s’asseoir. J’ai eu assez de frayeurs pour les mois à venir et je ne suis absolument pas dans l’optique de revivre ce genre de moment. « On a pas beaucoup de temps, si on te demande, je suis l’infirmier et l’autre con a dit que c’était okay. » Je n’ai toujours pas retenu son nom à l’abruti qui se prend pour Dieu parce qu’il a un diplôme qui l’autorise à charcuter les gens joyeusement. Mes doigts viennent s’enrouler autour des poignées et alors que je donne la première impulsion, je me penche pour venir embrasser le sommet de sa tête. C’est toujours plus aisé quand je ne saurais voir son regard.
J’ai les mains moites et le cœur qui s’emballe tandis que j’amène Rosalie tout près de la couveuse où se tient Gabriel. Il est endormi le petit garçon, vêtu du pyjama si gentiment offert par l’équipe qui nous surveille du coin de l’œil sans oser le moindre commentaire après l’esclandre que j’ai pu faire. « Rosalie, je te présente Gabriel. » Notre fils. |
| | | | (#)Jeu 16 Déc 2021 - 8:14 | |
| « Dit elle en gémissant de douleur. » « La ferme. »
Évidemment que tu gémis de douleur et évidemment que tu l’envoies chier du regard alors que tu t’entêtes tout de même à vouloir te lever, peu importe ce qui t’en coûte. Évidemment que tu es à cran et lui aussi, la fatigue de la dernière journée et tout son déroulement commence à se faire réellement sentir. Presque vingt-quatre heures sont passées depuis que ton garçon est né et tu n’as pas encore eu l’occasion de le prendre dans tes bras, de sentir son odeur, pas même eu la chance de poser ton regard sur lui autrement que par un putain d’écran interposé. Tu veux plus, beaucoup plus et si Wyatt s’entête à ne pas te donner un coup de main, et bien tu vas trouver un autre moyen de te rendre à Gabriel. Il te connaît assez, le Parker, pour savoir que ce ne sont pas quelques ordres d’un médecin qui vont t’empêcher d’en faire à ta tête, même si à vouloir faire à ta tête de la sorte, tu risques réellement de te faire mal et de le regretter plus tard. Mais tout ça, ça ne compte pas autant à tes yeux que le moment présent et la dure réalité de l’absence de ton fils et de tous ses moments qui te sont volés alors que tu ne veux qu’une chose, le sentir près de toi à défaut d’encore pouvoir le sentir te massacrer les côtes de coups de pieds nuit et jour. « Attends, deux secondes. » Il se veut menaçant avec son doigt en l’air, Wyatt, mais ça ne prend pas avec toi alors que tu ne peux réprimer un énième soupir. C’est tout ce que tu fais depuis que tu es réveillée, attendre. Attendre que l’anesthésie ne fasse plus effet. Attendre qu’une infirmière vienne prendre tes signes vitaux. Attendre que le médecin vienne t’expliquer ce qui en est sans jamais vraiment prendre la peine de te raconter le pourquoi du comment de ce qui s’est passé. Attendre qu’on te réveille et qu’on te dise enfin que tout ça n’est qu’un horrible cauchemar. Oh mais ça n’arrivera pas, ça. Tu es bel et bien réveillée et la réalité n’a rien d’une partie de plaisir.
Tu les entends, les voix qui s’élèvent dans le couloir et tu les reconnais, les insultes que Wyatt crache au visage du médecin qui est sans doute en train de lui expliquer pour la dixième fois pourquoi ce n’est pas possible pour toi de te lever et d’être déplacée jusqu’au département de néonatalogie. Tu soupires longuement et tu lui en voudrais presque au Parker, d’être allé chercher l’approbation du médecin quand il devait bien se douter qu’il ne l’obtiendrait pas. Ce n’est pas ce que tu lui as demandé après tout. Tu ne voulais pas un ok, tu voulais une chaise roulante. Filer en douce, quitte à te foutre royalement des réprimandes que tu pouvais te prendre ensuite. Dans un élan d’exaspération, tu parviens à mettre les pieds au sol, non sans grimacer de douleur après chaque micromouvement que tu effectues. Tu t’appuies sur la barre du lit dans une tentative ultime de te mettre debout et c’est à ce moment-même que Wyatt revient dans ta chambre, avec une chaise roulante pour ton plus grand soulagement. « Madame Craine. » L’expression de douleur et de colère sur ton visage se transforme temporairement en un sourire alors que ton regard croise celui de Wyatt, mais c’est le sien qui se refroidit quand il aperçoit ta manœuvre maladroite de te lever du lit. « Si tu t’étais fait mal, je t’aurais laissé par terre. » « Mais c’est pas arrivé alors cesse de grogner. » Et puis tu le sais parfaitement que jamais il ne t’aurait laissé par terre, peu importe ce qu’il tente de te faire croire. Tu sens tout de même ses mains qui viennent se placer sur tes hanches pour t’aider à terminer le transfert entre le lit et le fauteuil roulant et c’est avec un dernier grognement que tu t’installes aussi confortablement que possible dans ce dernier. « On a pas beaucoup de temps, si on te demande, je suis l’infirmier et l’autre con a dit que c’était okay. » Tu hoches la tête en signe d’approbation, ne pouvant t’empêcher de rire légèrement à entendre Wyatt référer à ton docteur comme étant l’autre con. Tu sens le fauteuil qui se met en mouvement et puis tu sens les lèvres du nouveau papa qui se pose sur ta tête. Tu ne pourrais dire ce qui provoque les papillons dans le fond de ton ventre : ce geste simple et rempli de douceur, ou la perspective que tu vas enfin rencontrer ton fils. Sans aucun doute un mélange des deux.
Le chemin entre ta chambre et le département de néonatalogie te semble infini alors que Wyatt tourne dans un couloir et puis dans un autre sans jamais que vous n’arriviez à destination. Ton cœur s’emballe toutefois quand les différentes pancartes annoncent que vous approchez enfin et une fois les grandes portes passées, tu résistes à cet étrange besoin de dire à Wyatt d’arrêter. Vous entrez finalement dans une pièce où s’accumule les couveuses et ton regard se perd sur tous les petits êtres, jusqu’à ce que Wyatt s’arrête enfin devant celle où repose votre garçon. Tes yeux deviennent humides dès l’instant où tu poses les yeux sur Gabriel, ton regard incapable de se décrocher de son corps encore plus minuscule que ce que tu t’étais imaginée. « Rosalie, je présente Gabriel. » Tu viens porter une main à ta bouche, l’autre qui cherche la main de Wyatt, quelque chose à quoi te raccrocher alors que la réalité te frappe de plein fouet. Il est là, il est vraiment là et il ne t’a pas menti Wyatt : il va bien, malgré les fils qui sont accrochés à lui et le tube dans son nez qui l’aide à respirer. Il a l’air terriblement paisible, endormi et au chaud dans sa couveuse. « Je peux le toucher? » C’est à peine si tu attends le ok avant de glisser ta main libre dans la couveuse, tes doigts venant frôler sa peau chaude. Les larmes coulent désormais sur tes joues, mais tu ne t’en préoccupes pas, bien trop occupée à analyser tous les traits de ce petit être devant toi. « Il te ressemble. » que tu souffles doucement, ton regard quittant Gabriel pour trouver celui de Wyatt. « On a fait ça, nous. » Tu échappes un petit rire, toujours aussi incrédule devant cette petite vie qui dépend complètement de vous. Tu te sens complètement dépassée, tu ne réalises pas encore tout ce qui s’est passé et ça finira bien par te rattraper tôt ou tard, l’intensité de ce qui s’est passé, la chance que tu as d’être encore là quand tout aurait pu prendre une tournure bien plus sinistre. « Rapproche-moi s’il-te-plaît. » que tu murmures à Wyatt et une fois que tu es plus près, tu laisses ta main glissée sur la tête chauve de votre garçon et tu lui murmures un tas de choses, des promesses et des mots doux, redoutant déjà le moment où tu devras te séparer à nouveau de lui.
Ce n’est pas ainsi que votre vie de famille aurait dû commencer. |
| | | | | | | | (craker #20) all i need is the air i breathe |
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