Les films de Noël ne te donnent pas envie. Ou plutôt, tu n’es pas le mood pour les regarder. A quoi bon se perdre dans des bons sentiments à l’eau de rose, mieilleux à souhait, qui ne te font que penser à quel point ton partenaire te manque et qu’en plus, il ne te parle pas ? Être séparés d’un océan, c’est chiant, c’est vraiment pénible, et, naturellement, tu n’aimes pas ça. Être ignorée est absolument affreux, savoir que tu l’as blessé encore plus. Mais tu n’as rien eu en retour, tu ne sais pas exactement le fond du problème et la seule chose que tu vois, qui t’obsède, c’est qu’il ne parle pas. Et merde, ça fait mal. Tu te sens idiote à pleurer pour un film niais, mais tu te sens encore plus frustrée et stupide envers toi-même. Il t’a envoyé une photo malgré tout mais voir la notification qu’il a lu ton message sans te répondre en retour. La pire des tortures, ton pauvre cœur qui subit sans savoir vraiment les raisons et ta tête qui te martèle que tu ne le mérites pas de toute façon.
Alors sur un coup de tête, tu décides de bouger. Tu prends ton coeur brisé, tes remords, ta culpabilité pour sauter dans les premières fringues que tu trouves sans réfléchir. Tu t’en fiches si tu ne ressembles à rien. T’as besoin d’une distraction et les bons sentiments de Noël te font plus de mal que du bien ; tu ne cesses de pleurer, t’as les yeux rougis à force et tu te sens complètement vidée alors que tu sautes dans ton van. Tu réfléchis deux minutes en regardant ton volant, jugeant si c’est une bonne idée ou non, l’envie de rester se mélangeant à celle de vouloir prendre le large, même si cela ne signifie que d’aller à quelques blocs d’ici, à Redcliffe. Non, pour une fois, ce n’est pas Will que va aller voir mais Zoya. Et surtout Chloé. T’as besoin d’être sûre que maman Lewis va rendre merveilleux le premier Noël de sa fille. Que cette dernière pourra compter sur sa tata préférée pour s’occuper que sa mère le fasse comme il faut. Tu es tellement gaga des enfants tant que ce ne sont pas les tiens. Et t’es à peu près persuadée que Chloé t’adore - tu fais tout pour, il faut dire. Sauf aujourd’hui, où tu ne te ramènes sans jouet ni nouvelle tenue. Y’a même pas de biscuits de Noël pour la brune. Tu n’as pas le morale et ça se voit sur ta tronche alors que tu sonnes chez ton amie.
Cependant, quand elle ouvrira, tu souriras et tu la prendras dans les bras ; mais ton expression triste ne va sûrement pas la tromper, encore moins tes vêtements qui ressemblent plus à une tenue de sport taille xxl qu’à tes fringues habituellement si colorées et si originales. “Hey! Je viens voir la petite Birdoya, j’espère que tu ne l’as pas encore passé par la fenêtre!” que tu diras avec une voix joyeuse mais forcée. Sûrement parce que tu sais que c’est une peine perdue de faire semblant, encore moins devant Zoya. Mais tu peux au moins tenter, c’est toujours mieux que rien.
11 Novembre 2021. Rien n’allait vraiment non plus pour Zoya. Il y a de ça quelques jours, elle rentrait tout juste d’un road trip improvisé avec Autumn. Une semaine durant laquelle elle a décidé, sur un coup de tête – surprenant venant de Zoya ? – de partir sans rien dire à personne. Même pas à son meilleur ami qui, pourtant, avait eu, une fois de plus, la gentillesse de garder Chloe le temps d’une nuit, pour qu’elle puisse profiter un peu. Profiter, Zoya la fait, bien plus qu’elle ne l’aurait dû, et encore plus, c’est de la gentillesse de Trent dont elle a abusé. Une énième fois. Une fois de trop qui a poussé les deux meilleurs amis à avoir une sérieuse discussion à son retour, au point où Trent a clairement fait comprendre à Zoya qu’elle était irresponsable et immature. Pouvait-t-elle seulement lui reprocher ses mots quand il avait raison sur toute la ligne ? Elle en a conscience la Lewis, bien plus qu’elle ne l’admettra. D’ailleurs, cette discussion et toutes celle qui ont suivi avec sa famille n’ont fait que mettre Zoya devant le fait accompli. Est-t-elle réellement faite pour ce rôle qu’elle se pensait pourtant capable d’endosser ? Est-t-elle capable d’arrêter de penser égoïstement quand elle a un bambin de huit mois à charge ? La fuite semble être ce qu’elle trouve de plus facile plutôt que de reconnaitre qu’elle n’y arrive pas. Parce que c’est le cas. Elle n’y arrive pas. Depuis huit mois, elle est exténuée, n’a pas vraiment travaillé plus que ça, si ce n’est pour quelques événements ponctuels, et a l’impression que sa fille mérite mieux. Au point que la remise en question en est à un point où elle se demande si le choix ne serait pas plus judicieux de mettre le père de l’enfant au courant de sa paternité, afin de partager cette charge… à deux. Peut-être est-ce nécessaire pour que les choses se passent mieux dans sa vie, qu’elle puisse aussi souffler quand elle sent qu’elle est à deux doigts de fuir à nouveau, envisageant possiblement de laisser la petite avec quelqu’un qui la mériterait davantage qu’elle…
Bref, le moral dans les chaussettes, Zoya est assisse dans son canapé avec son ordinateur, en train de retoucher les dernières photos prises lors d’une soirée mondaine sur Brisbane, alors que Chloe fait la sieste. Quelqu’un sonne alors à la porte, et Zoya grimace, en espérant que la petite dorme profondément et ne soit pas réveillé. Elle se lève alors pour aller ouvrir, découvrant alors la silhouette de Birdie Cadburry, qui ne manque pas de la prendre tout de suite dans ses bras « Hey ! Je viens voir la petite Birdoya, j’espère que tu ne l’as pas encore passé par la fenêtre ! ». Le trait d’humour de son amie la fait lever les yeux au ciel « Très drôle, Cadburry. C’est plutôt toi que je vais passer par la fenêtre pour avoir sonné alors que la petite dort » et que j’ai encore galéré pour qu’elle s’endorme, ne précisera-t-elle pas. Elle pousse un soupir alors qu’elle se dégage de l’étreinte de Birdie « Entre… ». Elle la laisse passer alors que son regard ne quitte pas la jolie blonde, après qu’elle ait refermé la porte derrière elle « Je t’ai connu plus attrayante que ça… Cette tenue te met pas du tout en valeur ». Elles se dirigent vers le salon et même si elle se permet une remarque sur sa tenue vestimentaire, c’est plutôt son sourire forcé et ses yeux bouffis qui attirent davantage son attention « Qu’est-ce qui ne va pas ? » finit-t-elle par lui dire alors qu’elle s’approche d’elle, plantant son regard dans le sien, un de ceux qui se veut compatissant « et ne me dis pas que ça va, je vois très bien que ce n’est pas le cas ».
« Très drôle, Cadburry. C’est plutôt toi que je vais passer par la fenêtre pour avoir sonné alors que la petite dort. » tu pourrais t’excuser mais tu ne l’es pas, t’es même déçue que la gosse dorme. “Comment ça, elle dort ?” Elle n’a pas déjà assez dormi comme ça ? Elle devrait être réveillée quand tata Bird débarque, c’est une règle de base, une règle d’or. Alors tu fais la moue en même temps que Zoya se défait de ses bras - à défaut de tenir la fille, t’aurais bien aimé que sa mère te tienne un peu plus longtemps. Zoya n’est pas la mère de l’année, mais ça reste une amie de cœur et t’en as bien besoin en ce moment. Il suffit que tu la vois pour t’en rendre compte. Et voilà ton air dramatique de tantôt qui disparaît pour redevenir cette bouille hagard et à côté de ses pompes. « Entre… » “Moi qui voulais jouer avec elle.” t’as bien besoin d’une distraction et les enfants sont les meilleurs pour ça. Il suffit d’un regard, d’une parole et vous captez leur attention aussi rapidement qu’ils captent la vôtre. Et comme vous vous souciez un minimum de leur bien être, vous vérifiez que rien ne lui arrive. Donc oui, ça prend l’attention, les nerfs, les pensées et tout ce qui va avec. T’en as cruellement besoin et tu n’es pas sûre que Zoya puisse te donner ça. A une autre époque, t’aurais sûrement déjà tes lèvres sur les siennes mais cette époque est passée, datée et terminée depuis que t’es en couple - franchement, si on vous auriez dit à toutes les deux qu’en 2021, l’une serait maman et l’autre avec quelqu’un, vous auriez bien ri. Et pourtant, voilà où vous en êtes toutes les deux. Zoya qui galère avec sa fille et toi avec ton petit coeur tout brisé que tu ne sais pas comment réparer, outre l’idée sordide de penser qu’un bébé dégoulinant de morve et de salive puisse résoudre le problème - ou au moins l’apaiser. Quelle belle preuve de maturité. Tu ne résouds rien, tu fuis ; mais sachant que tu ne sais pas ce que tu as à résoudre en premier lieu, tu fais ce que tu peux avec ce que tu as.
« Je t’ai connu plus attrayante que ça… Cette tenue te met pas du tout en valeur. » tu grimace sincèrement. “Merci, Lewis, je m’en étais pas rendue compte.” c’est rare, si rare de te voir aussi mal habillée, dans des fringues sans aucune forme, peu de couleurs et aussi peu enjouée. Ton moral est pour l’instant perdu au milieu de l’océan Pacifique et tu n’arrives pas à le retrouver, pour l’instant. Pas quand il y a un foutu mur qui t’empêche d’y accéder. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » les mains dans les poches, tu gigotes ta bouche dans des positions moultes et variées, déviant ton regard vers l’appartement de ton amie. Bien plus distrayant, clairement. « Et ne me dis pas que ça va, je vois très bien que ce n’est pas le cas. » mais tu finis par soupirer lourdement ; tu savais que Zoya allait te percer à jour et il faut dire que tu n’as absolument rien fait pour te camoufler. Zoya a ta confiance ; vous avez été colocataires, vous avez été amantes, vous êtes des amies chères l’une envers l’autre, alors tu n’as pas besoin de paraître devant elle. Zoya n’est pas Will, Zoya est quand même moins détachée émotionnellement que ton mari et sûrement le fait qu’elle soit une femme trouve une grâce à tes yeux supplémentaires. Tu t’affales sur le canapé en frottant tes mains sur ton visage. “Je me suis disputée avec Jordan. Ou plutôt, je l’ai disputé et en retour, Jor joue au roi du silence.” tu l’as disputé bourrée, Birdie, parce que tu as fait quelque que tu n’aurais pas dû. “J’étais à une soirée avec mes collègues et, comme à chaque fois avec eux, je picole toujours trop. Et j’ai posté un truc sur instagram. Une photo de lui. Ça lui a pas plu et je l’ai supprimé. Et depuis, plus rien. A part des foutues photos de la Thaïlande.” mais qu’est-ce que t’en as à foutre de la beauté des paysages quand ton partenaire te fait la tronche de l’autre côté de l’océan et que tu ne peux qu’attendre un signe de sa part pour qu’il te dise le fin fond du problème ? Tu ôtes tes mains de ton visage en souriant faiblement. “Ca a l’air beau, la Thaïlande. T’as déjà dû y aller, non ?” c’est bien de poser des questions à Zoya aussi. Histoire de dériver un peu de sujet. Et justement ; “et toi alors ? J’ai essayé de t’appeler y a quelques jours mais je tombais quasi toujours sur ta messagerie. Tu m’évitais aussi ?” sans savoir que ton amie s’est tout simplement barrée dans un voyage improvisé, tu imagines forcément le pire, telle la mélodrame née que tu es.
11 Novembre 2021. « Comment ça, elle dort ? ». Oui, un bébé ça dort, Birdie, surtout un bébé qui n’a pas un rythme de sommeil convenable et qui fait autant galérer sa mère pour s’endormir. Donc, évidemment, quand Birdie pose cette question, il n’est pas improbable que le regard de Zoya soit devenu noir l’espace d’un instant, à défaut de répondre quelque chose à cette question. « Moi qui voulais jouer avec elle ». Et là voilà qui en rajoute une couche. Alors, cette fois, Zoya, en soupirant et la laissant entrer, lui répond « Tu joueras avec elle, plus tard ! ». Ça ressemble à un ordre qu’elle lui donne, ne laissant pas le plaisir potentiel à tata Birbir d’aller chercher la mini Birdoya alors qu’elle dort paisiblement. Du moins, c’est ce qu’en déduit sa mère puisqu’elle n’entend aucun pleur émanant de la chambre et ça, même si la Cadburry a sonné.
« Merci, Lewis, je m’en étais pas rendue compte ». « De rien », c’est tout naturellement qu’elle lui fait la remarque sur cette tenue difforme et hideuse qui ne met aucunement en valeur le corps de la belle blonde. Elles ne se font jamais de cadeaux entre elles, faire semblant ou prétendre pour rassurer l’autre, ce n’est clairement pas pour elle. Alors forcément, une fois la remarque sur son accoutrement passé, Zoya se rend bien compte qu’en plus de celui-ci, expliquant déjà que quelque chose ne va pas, Birdie a le moral dans les chaussettes. Son sourire est sans éclats, son visage pâle et ses yeux rougis. C’est rare de voir la Cadburry comme ça, et Zoya est bien placée pour le savoir. D’ailleurs, ça l’inquiète et c’est pour cette raison qu’elle lui demande ce qui ne va pas, s’approchant d’elle doucement, sans lâcher son regard. « Je me suis disputée avec Jordan. Ou plutôt, je l’ai disputé et en retour, Jor joue au roi du silence ». Ah, lui… Elle a presque oublié qu’il existait. D’ailleurs, dès l’instant où Birdie prononce le nom de Jordan, Zoya ne manque pas de lever les yeux au ciel, montrant un tantinet cette jalousie possessive qu’elle peut avoir à l’égard de ses amis, et en particulier avec Birdie… pour ne citer qu’elle « Et ? » répond-t-elle, montrant une certaine indifférence quant au fait que le Fisher puisse bouder « J’étais à une soirée avec mes collègues et, comme à chaque fois avec eux, je picole toujours trop. Et j’ai posté un truc sur instagram. Une photo de lui. Ca lui a pas plu et je l’ai supprimé. Et depuis, plus rien. A part des foutues photos de la Thaïlande ». Donc, Jordan fait la tronche à Birdie pour une histoire de photos ? Elle a du mal à saisir où est le mal dans le geste de son amie… A moins qu’il n’assume pas le fait d’être en couple avec elle et là, en revanche, ça peut poser un problème, effectivement « Pourquoi ça ne lui a pas plu ? S’il n’assume pas d’être avec toi, c’est que c’est peut-être pas le bon ». Tout de suite, aux grands mots les grands moyens la Lewis. Elle ne manque pas une occasion pour donner son avis, surtout quand celui-ci pousse son amie à réenvisager cette possibilité d’être en couple. Non pas pour la piquer à Jordan, mais au moins pour qu’elle soit toutes les deux sur un même pied d’égalité – ou presque, l’une étant quand même mère -, c’est-à-dire célibataire. « Thank you, next comme dit Ariana ». Radical mais efficace au moins. Puis, voilà l’état dans lequel Birdie se trouve par sa faute. Vraiment, quel gâchis ! Son amie lui fait évidemment peine à voir et Zoya la rejoint d’ailleurs sur le canapé sur lequel elle s’est affalée, à un point où c’est à peine s’il reste de la place pour ses fesses « Ca a l’air beau, la Thaïlande. T’as déjà dû y aller, non ? ». Zoya acquiesce alors d’un signe de tête « Plus d’une fois et oui, c’est magnifique. Mais là n’est pas la question. Pourquoi il t’a pas amené avec lui, en plus ? ». Sûrement parce qu’il faisait déjà la tête lors de son départ ? Ou alors il avait déjà prévu son trip depuis un bail ? Mais là encore, pour Zoya, c’est pas cool de la part du Fisher. « Et toi alors ? J’ai essayé de t’appeler y a quelques jours mais je tombais quasi toujours sur ta messagerie. Tu m’évitais aussi ? » « Non ! », répond-t-elle sur un ton légèrement agressif, alors qu’elle bondit du canapé pour se diriger vers la cuisine s’occuper les mains « Tu veux un truc ? ». Zoya s’agite dans la cuisine, en sortant deux tasses du placard, enclenchant la bouilloire « Je t’évitais pas… » reprend-t-elle « J’avais juste un souci de téléphone ». Ce qui n’est pas faux, elle n’avait plus de batterie… Puis une chose en amenant une autre, elle a eu tendance à oublier que ce truc là existait. On sent qu’elle ne sait pas où se mettre la Lewis, parce qu’elle parle de Jordan qui n’a pas pris Birdie en Thaïlande avec lui, mais Zoya, à son tour, n’a pas pensé à Birdie pour partir en road trip improvisé. Et même si elle s’en veut, elle décide de passer aux aveux, par souci d’honnêteté « Je suis partie en road trip pendant une semaine… Avec Autumn Galloway ». Voilà, c’est sorti. Maintenant, manque plus qu’à attendre la réaction de la Cadburry. Et puis à dire le reste… Notamment, le fait qu’elle n’est pas la seule à qui elle n’a pas donné de nouvelles et que pendant ce laps de temps, elle a aussi laissé sa fille à son meilleur ami… Meilleur ami qui ne lui fait plus confiance désormais.
« Tu joueras avec elle, plus tard ! » tu fais la moue comme si on venait de te priver de ton jouet favori - ce qui n’est pas loin d’être le cas. Certes, Chloé n’a rien d’un jouet - elle fait du bruit, elle bave, elle pleure, elle crie, elle fait pas toujours ce qu’on attend d’elle - mais rien ne t’empêche de ne pas pouvoir la voir comme ça à tes yeux à ce moment-là. Une distraction, voilà de quoi tu as désespérément besoin et tu considères qu’un gosse est une distraction parfaite. Il faut mettre ses tracas et ses problèmes de côté pour s’occuper des siens, ce qui serait absolument extraordinaire à ton sens. Mais la petite dort, pour une fois, comme fait exprès - même ta nièce de coeur doit déjà t’en vouloir pour quelque chose et elle n’a même pas encore un an. « De rien. » tu n’y fais pas plus de commentaire sur ça car tu le sais et tu n’en attendais pas moins de la part de Zoya que de le souligner un peu plus. Alors tu n’y prête pas attention, tu ne t’en vexes même pas, tu vas juste t’affaler dans le canapé alors que ton amie te demande ce qu’il se passe.
« Pourquoi ça ne lui a pas plu ? S’il n’assume pas d’être avec toi, c’est que c’est peut-être pas le bon. » tu lèves un regard noir vers Zoya. “C’est stupide ce que tu dis. Ne pas être le bon. Qu’est-ce que ça veut dire en premier lieu, de toute façon ?” tu n’attends pas vraiment de réponse parce que tu t’en fiche de la connaître. T’aime juste pas que ton amie dénigre Jordan comme ça. Tu ne cherche pas “le bon”, tu ne l’as jamais cherché, Zoya est bien placée pour le savoir. Mais Jordan est comme l’évidence même, ce qui te froisse qu’il te fasse le jeu du silence, dans l’incompréhension la plus totale. Et que ça t’agace que la brune ose souligner qu’il n’assumerait pas être avec toi. C’est complètement ridicule. « Thank you, next comme dit Ariana. » tu soupires en passant de nouveau tes mains contre ton visage. “Arrête de dire ça, Zoya. J’ai besoin d’être rassurée, là. Je me dis déjà assez que je risque de provoquer la fin de notre relation un jour ou l’autre, alors je n’ai pas besoin de toi pour en rajouter une couche.” tu mords ta lèvre en jouant de tes doigts. La vérité est que tu ne veux pas que ça s’arrête. Il se trouve que tu l’aime, ce con silencieux de l’autre côté de l’océan. “Et ce n’est pas une question d’assumer d’être avec moi. C’est impossible.” vu vos contacts, vos regards, vos embrassades même en plein public, même face à des yeux témoins, ce n’est pas envisageable comme hypothèse. « Plus d’une fois et oui, c’est magnifique. Mais là n’est pas la question. Pourquoi il t’a pas amené avec lui, en plus ? » tout le monde visite des endroits “magnifiques” sauf toi. Ne vois pas tout en noir, Birdie, ça ne va pas au teint et encore moins à l’esprit. “iel y est pour le boulot. C’était prévu depuis longtemps. Les voyages pour le travail, t’es bien placée pour savoir ce que c’est, non ?” t’es un peu de mauvaise humeur en prononçant ces mots, comme si tu la blâmes elle aussi - il faut dire que tout le monde autour de toi voyagent et y a des fois où c’est agaçant, ça pèse sur le moral et que t’as toujours cette frousse d’être délaissée pour des aventures plus extraordinaires. Birdie l’inquiète refait surface, il ne t’en faut pas beaucoup.
Donc ce n’est pas étonnant que tu enchaînes sur le fait que t’as essayé de contacter la brune il y a un petit moment avant d’abandonner en voyant que tu n’avais ni retour, ni signal, ni rien du tout. Heureusement que tu peux au moins compter sur ton mari pour toujours être là, lui au moins. « Non ! » au moins, même si c’est agressif, ça vient du cœur et ça te rassure un peu. « Tu veux un truc ? » t’hausses les épaules. “La même chose que toi.” qu’importe ce qu’elle se prépare, tu t’en fiche, tant qu’il n’y a pas d’alcool. « Je t’évitais pas… J’avais juste un souci de téléphone. » tu plisses les yeux parce que sérieusement, qui a encore des soucis de téléphone de nos jours pendant aussi longtemps ? Tu ne la crois pas vraiment mais tu ne dis rien car tu sens et tu vois de là où t’es que Zoya est agitée ; ça suffit à te confirmer qu’elle ne te ment peut-être pas, mais elle t’omet quelque chose. « Je suis partie en road trip pendant une semaine… Avec Autumn Galloway. » tu fronces des sourcils, ton cerveau prenant un peu trop d’informations en une seule phrase. “Un road trip ? Où ça ? Et après, tu critiques Jordan qui ne m’emmène pas dans ses valises ? Hôpital qui se fout un peu de la charité, non ? Pour le travail ?” non, ça ne devait pas être pour le travail car elle est partie avec quelqu’un. Autumn Galloway. Autumn… Tu poses deux doigts au milieu de tes sourcils. “Autumn… Mon ancien colocataire s’était marié stupidement avec une Autumn aussi. Elle serait pas rousse, par hasard ?” que tu dis avec un léger gloussement idiot car tu ne peux pas croire que ça serait la même personne. T’as aussi loupé d’informer Zoya que t’as emménagé chez Jordan par la même occasion. Ce n’est pas franchement dans ta liste haute de tes préoccupations ni de tes interrogations à l’instant T. “Et t’as fait quoi de Chloé ? Car je suppose que tu ne l’as pas prise, n’est-ce pas ?” Zoya n’est pas la mère de l’année, tu l’avais vu venir donc il ne s’agit là que d’une constatation plus qu’un reproche.
11 Novembre 2021. « C’est stupide ce que tu dis. Ne pas être le bon. Qu’est-ce que ça veut dire en premier lieu, de toute façon ? ». Zoya hausse les épaules, disons qu’elle n’en sait pas plus que Birdie à ce sujet, pas très adepte des relations qui durent. Enfin, il y en a certaines qui ont compté bien plus que d’autres, qui ont fait un mal de chien quand elles se sont terminées, et c’est justement pour cette raison qu’elle ne pourrait pas répondre. Trouver le bon, le prince charmant et tout le tralala, ce n’est clairement pas pour elle. Il pourrait être le père de Chloe, mais même lui, c’était juste une histoire de fesses. Alors… « On va pas se lancer dans un débat philosophique, mais ce que j’entends c’est que peut-être que cette relation n’est pas faite pour lui ou pour toi ou pour vous deux ». En gros, séparez-vous, comme ça bye bye le Jojo et Zoya a sa Cadburry pour elle. « Arrête de dire ça, Zoya. J’ai besoin d’être rassurée, là. Je me dis déjà assez que je risque de provoquer la fin de notre relation un jour ou l’autre, alors je n’ai pas besoin de toi pour en rajouter une couche ». Elle n’est pas bien Birdie, et ça se voit. Et pour le moment, l’award de l’amie qui réconforte ne va pas tout droit à Zoya « Et ce n’est pas une question d’assumer d’être avec moi. C’est impossible ». « Alors pourquoi iel te ghost après une photo postée de lui ? ». Elle marque une pause alors qu’elle triture un petit fil du coussin qu’elle tient contre elle « Non parce que, s’iel t’ignore pour une simple photo postée, vu les boutades impossibles et inimaginables dont tu es capable… » vous n’allez pas faire long feu, a-t-elle envie d’ajouter. Mais elle le sent le regard lourd de Birdie sur elle, Zoya, elle sent qu’elle n’a pas intérêt à continuer sa phrase si elle ne veut pas que les choses dégénèrent trop vite « Mais bon même si tu es chiante, Cadburry, il reviendra toujours… Iel serait con de pas le faire ». Même si intérieurement, peut-être qu’à ce moment-là, et égoïstement, Zoya espère qu’il ne le fasse pas. Tout ça pour possiblement retrouver du réconfort dans les bras de Birdie, quand elle aurait juste besoin d’une étreinte plaisante pour oublier quelques instants cette vie dans laquelle elle se sent perdue… « iel y est pour le boulot. C’était prévu depuis longtemps. Les voyages pour le travail, t’es bien placée pour savoir ce que c’est, non ? ». Zoya n’apprécie que moyennement la pique, d’ailleurs ses sourcils se froncent alors qu’elle lance, sur le même ton « Passes tes nerfs sur quelqu’un d’autre, Cadburry ! ».
Et si l’ambiance semble être un peu tendue entre les deux, elle ne va sûrement pas aller en s’améliorant vu le sujet qu’elles abordent maintenant. Birdie a bien réussi son coup en voulant détourner l’attention de ses problèmes, venant maintenant à centrer la conversation sur les problèmes de Zoya. Et qui ne sont pas des moindres. D’ailleurs, quand Birdie lui demande si elle aussi cherchait à l’éviter, Zoya ne peut qu’être sur la défensive. Parce qu’aborder les raisons de son silence pendant une semaine entière, où elle a fait preuve d’égoïsme au point de laisser son meilleur ami, qui gardait sa fille en attendant, sans nouvelles, ne l’enchante pas, quand elle semble enfin se rendre compte de la stupidité dont elle a fait preuve. Et elle sait très bien que Birdie ne manquera pas de lui donner son avis sur la question « La même chose que toi ». Zoya ne sait même pas elle-même ce qu’elle veut prendre, étant donné qu’elle a enclenché la bouilloire, ce sera du thé. Mais si elle est partie se réfugier en cuisine, et donc si elle s’est éloignée de Birdie, c’est surtout pour éviter ses foudres plutôt que parce qu’elle avait une envie soudaine de théine. « Un road trip ? Où ça ? Et après, tu critiques Jordan qui ne m’emmène pas dans ses valises ? Hôpital qui se fout un peu de la charité, non ? Pour le travail ? ». Trop de questions d’un coup, des questions mais aussi une pique de plus qui, cette fois, fait se stopper la Lewis dans ses gestes désordonnés, venant à poser ses deux mains sur le comptoir de la cuisine et fixant Birdie d’un regard mauvais « On n’est pas un couple, je te rappelle, alors ne me compare pas à ton Jordan ! J’ai aucune obligation de te prendre avec moi ou de te dire où je suis partie ». Evidemment, elle est agacée, mais surtout parce qu’elle doit rendre des comptes et qu’elle préfèrerait ne pas avoir à le faire… une fois de plus « Et non, pas pour le travail ! ». Juste pour fuir son quotidien, partie sur un coup de tête, ne réfléchissant pas aux conséquences de ses actes, as usual… « Autumn… Mon ancien colocataire s’était marié stupidement avec une Autumn aussi. Elle serait pas rousse, par hasard ? » « Si, c’est elle ». Bien sûr, Zoya est au courant de l’histoire du mariage d’Autumn, parce qu’elles ont eu le temps de parler pendant ces sept jours passés loin de Brisbane et de leur quotidien qu’elles ont cherché à fuir comme la peste « Et t’as fait quoi de Chloé ? Car je suppose que tu ne l’as pas prise, n’est-ce pas ? ». Et c’est ce moment là qu’elle choisit pour poser la question alors que Zoya débarque dans le salon avec les deux tasses de thé, qu’elle pose peut-être un peu fortement sur la table basse. Elle a ce regard noir, la tension est palpable, sentant clairement que Zoya est aussi à bout de nerfs. Et dans ces moments-là, quand elle n’a pas la bougeotte, elle vient à se recroqueviller sur elle-même dans le canapé, attrapant à nouveau ce coussin sur ses genoux « Trent s’en est occupé ». Voilà, ce sera suffisant comme réponse. « C’est du thé blanc au chocolat et noix de coco » ajoute-t-elle à l’attention de Birdie, espérant réellement s’en sortir aussi facilement.
« On va pas se lancer dans un débat philosophique, mais ce que j’entends c’est que peut-être que cette relation n’est pas faite pour lui ou pour toi ou pour vous deux. » c’est n’importe quoi, ce qu’elle te dit, et tu n’arrives pas à comprendre pleinement pourquoi elle insiste autant sur ce point-là. Alors tu fronces des sourcils, le regard lourd d’incertitudes mais aussi de mécontentement envers Zoya dont l’objectif te paraît obscur. "Ça te ferait plaisir, pas vrai ?” tu connais Zoya. La brune est aussi attachante qu’attachiante et surtout, jalouse et possessive. Ce qui est assez ironique quand on y pense vu qu’elle est censée être libre. Pourquoi ça a l’air de la faire aussi chier que tu sois avec quelqu’un ? Tout a toujours été clair entre vous mais Zoya agit rapidement et souvent comme une enfant capricieuse - ça promet pour Chloé, c’est certain. Tu n’as pas la patience de supporter ses piques ; tu recherchais la distraction du bambin mais tu te retrouves à pleurnicher sur une épaule d’une amie qui n’a visiblement aucune considération pour toi et qui ne voit que ses propres intérêts qui sont bafoués parce que tu oses être heureuse avec quelqu’un. Ce qui revient à te demander si Zoya a un minimum d’estime pour toi et ta personne ou si ce n’est qu’une question de cul et de jeu au final. « Alors pourquoi iel te ghost après une photo postée de lui ? » tu te tortures la lèvre parce que c’est justement la question qui te hante depuis deux jours. « Non parce que, s’iel t’ignore pour une simple photo postée, vu les boutades impossibles et inimaginables dont tu es capable… » tu passes ta main sur ton front. “Justement, Jordan supporte tout. Je sais pas, j’imagine que je finirai bien par avoir de ses nouvelles un moment ou un autre. Surtout qu’on habite ensemble maintenant donc par la force des choses…” ton partenaire sera bien forcé de rentrer à la maison un moment ou un autre. Tu espères par contre qu’il ne va vraiment pas te laisser dans le doute pendant deux semaines. Tu serais capable de prendre un billet pour la Thaïlande, autrement. Sous le coup du stress et de l’émotion. Tu es une spontanée et tu en es capable quand t’es soufflée par les émotions. Perdue dans tes pensées, tu ne te rends même pas compte que tu viens de dire à Zoya que t’as emménagé chez lui. Ce qui prouve bien que c’est un minimum sérieux. Important. La brune est détachée quand elle parle de Jordan, et t’y décèle clairement une pointe d’amertume. Dirigée vers lui ou vers toi, ou vers vous deux - le syndrôme de la gamine capricieuse. Au final, tu as l’impression de te voir quand il y avait Sofia dans la vie de Will. Où t’avais l’impression qu’elle te volait ton meilleur ami et que ça allait tout changer. Mais ce n’est pas comme si Zoya était toute seule, n’est-ce pas ? « Mais bon même si tu es chiante, Cadburry, il reviendra toujours… Iel serait con de pas le faire. » tu tortures toujours tes lèvres avant de soupirer. “Ouais, j’espère. Si jamais ça dure trop, je vais pas lui donner le choix. Je veux pas le perdre.” que tu rajoute d’une petite voix, abattue malgré les mots remplis de fermeté sur l’ambition à vouloir le faire parler quoiqu’il arrive.
Finalement, tu n’es pas très certaine que venir chez Zoya alors que tu as une estime de toi aussi basse fut une bonne idée. « Passes tes nerfs sur quelqu’un d’autre, Cadburry ! » il suffit qu’elle te dise ça pour que tu relèves la tête sur la brune avec une colère retenue mais perceptible alors que l’hôtesse file se cacher dans sa cuisine. “Mes nerfs sont canalisés mais ils risquent de ne pas l’être longtemps si tu continues comme ça.” tu veux bien être patiente mais là, ce n’est ni le moment ni le jour pour que Lewis va sa crise de colère en tapant du pied par terre parce qu’elle a plus un de ses jouets préférés. D’autant que quand tu commences à lui faire comprendre que tu t’es inquiétée de ne pas avoir eu de nouvelles récentes - parce qu’il se trouve que tu gardes contact, toi - voilà que tu as le droit à une Zoya visiblement énervée par-dessus le plan de son îlot. « On n’est pas un couple, je te rappelle, alors ne me compare pas à ton Jordan ! J’ai aucune obligation de te prendre avec moi ou de te dire où je suis partie. Et non, pas pour le travail ! » tu serres les dents et les lèvres. “Désolée de m’inquiéter pour une de mes plus proches amies qui n’a pas donné signe de vie pendant des jours! Mais c’est vrai, je suis bête, Birdie devrait être habituée puisque Birdie est toujours la seule idiote à attendre que tout le monde daigne lui donner des nouvelles de l’autre bout du monde! Qu’importe si Birdie s’inquiète puisqu’on est pas en couple! Quelle idiote d’amie je suis, vraiment!” tu prends une inspiration, puis une respiration, tu fermes les yeux et tu t’enfonces dans le canapé. Tu ne demandes pas son emploi du temps à la minute près ; mais elle sait que tu aimes bien savoir au moins où elle est. Et si tu peux gratter des photos ou une carte postale en souvenir, ce n’est que du bénéfice en plus. Tu n’es pas sa mère à Zoya et pourtant, elle te donne parfois la sensation de devoir la materner. Tu cherchais du réconfort, tu vas repartir le moral encore plus en vrac à ce rythme. « Si, c’est elle. » le monde est beaucoup trop petit. Cette rousse est visiblement de mauvais augure ; entre son mariage foireux avec Mason et son road trip visiblement improvisé avec Zoya, tu vas finir par la même sur la liste noire, aussi jolie soit-elle. « Trent s’en est occupé. » tu secoues la tête alors que Zoya a rapporté les mugs. “Evidemment.” bien sûr que Trent s’en est occupé. Il a l’air de s’en occuper bien plus que la propre mère de la gamine. Tu retiendras le “told you so” quand tu lui disais qu’elle n’était pas taillée pour être mère. Qu’elle n’a ni la patience, ni l’étoffe, ni la stabilité suffisante. Elle trouve toujours un moyen de le prouver. Mais tu n’es pas là pour lui faire des leçons de morale sur ça ; t’es à peu près certaine que Trent s’en est occupé de ça aussi. Le pauvre. « C’est du thé blanc au chocolat et noix de coco. » “Merci.” que tu dis en allant chercher ta tasse. “Ca sent bon. Je penserai à te ramener des biscuits de Noël la prochaine fois.” car normalement, tu en fais tous les trois jours et t’en distribue à qui le veut - mais t’as consommé toute ta dernière fournée à toi toute seule car tu manges quand t’es stressée. “D’ailleurs, en parlant de Noël, une idée de ce que Chloé aurait besoin ?” même s’il va s’en dire que tu n’acheteras pas de trucs de grandes surfaces ou quoi mais un attrape rêve et une jolie robe faite maison pourrait faire l’affaire ? Quoi de mieux que de parler des fêtes pour apaiser ton âme et prier que cette conversation là aussi ne provoque pas aussi de nid à tensions ? “Tu vas décorer la maison pour sa première fête, pas vrai ?”
11 Novembre 2021. « Ça te ferait plaisir, pas vrai ? ». Egoïstement, bien sur que ça lui ferait plaisir que Birdie lui apprenne qu’elle est célibataire à nouveau. Elle n’a rien contre Jordan, elle ne le connait pas finalement, et elle ne peut pas réellement se permettre de juger s’il est quelqu’un de bien pour Cadburry ou non. En réalité, ce n’est que pour être d’égal à égal dans cette vie de célibataire qu’elle le voudrait, c’est plus facile ainsi leur relation quand il n’y a pas quelqu’un au milieu. Et puis faut dire que la Zoya est paumée actuellement, elle aurait peut-être besoin que Birdie soit entièrement disponible pour elle, pour voler à son secours, avec sa fille surtout. Ce n’est pas les paires de mains disponibles pour lui venir en aide, en plus, elle pourrait se passer de la présence de la blonde – et puis ce n’est pas comme si elle l’aidait grandement, voyant sa fille plus comme une distraction avec laquelle jouer quelques heures, la pourrir gâtée de cadeaux et tenues en tout genre, et être aux abonnés absentes dès qu’il est temps de changer les couches quand l’odeur de celles-ci devient bien trop nauséabonde. Alors, haussant les épaules d’un air totalement indifférent, elle n’ajoute rien de plus face à la question dont Birdie sait, de toute évidence, la réponse. Pas besoin qu’elle use de la salive pour le préciser. « Justement, Jordan supporte tout. Je sais pas, j’imagine que je finirai bien par avoir de ses nouvelles un moment ou un autre. Surtout qu’on habite ensemble maintenant donc par la force des choses… » « Vous… Quoi ? ». Ses yeux s’écarquillent sous la nouvelle balancée comme si elle lui annonçait qu’elle avait fait un gâteau au chocolat le matin même. « Tu… Et tu ne m’as rien dit ?! ». Elle se mord la langue pour ne pas dire qu’elle trouve qu’ils vont vite en besogne, surtout quand cela ne fait que quelques mois qu’ils sont ensemble. C’est vrai après tout, ce n’est pas comme si cela faisait des années… mais ce ne serait que sa jalousie et son égoïsme qui s’exprimerait encore, et elle prend sur elle pour être une amie digne de ce nom… du moins, elle essaye. Bon, cela dit, l’expression sur son visage parle pour elle, montrant clairement qu’elle n’est pas réjouie par la nouvelle. Alors, à la place, elle se joue l’avocate du diable, en l’occurrence ici, Jordan, en disant qu’iel finira par revenir vers lui, auquel cas iel serait idiot de ne pas le faire « Ouais, j’espère. Si jamais ça dure trop, je vais pas lui donner le choix. Je veux pas le perdre ». Et c’est à cet instant que Zoya se rend compte que Birdie tient énormément à Jordan, et c’est peut-être ce qui fait qu’elle s’attendrit un peu, ses sourcils se fronçant, cet air compatissant et désolé prenant place alors sur ses traits. Sa main vient à se poser sur la cuisse de la Cadburry « Tu ne le perdras pas, j’en suis persuadée, Birdie ». Les mots sont prononcés calmement et avec sincérité, un contraste avec son comportement et ses paroles d’il y a encore quelques minutes. Cependant, l’amertume reste toujours omniprésente contre le Fisher, parce que, si elle en est persuadée, c’est aussi un petit peu à regret… « Mes nerfs sont canalisés mais ils risquent de ne pas l’être longtemps si tu continues comme ça ». Si Zoya a essayé de prendre sur elle, entendre la Birdie lui parler de la sorte la fait se renfrogner immédiatement « Meaning ? » fait-t-elle en plantant son regard dans le sien, jouant l’innocente alors qu’elle est consciente de ce que son amie lui reproche.
Et elle n’arrange pas vraiment la situation Birdie en parlant de sa disparition pendant quelques jours. Zoya se braque à son tour, partant se cacher dans la cuisine, s’afférant à préparer un semblant de thé. Et si cela pourrait l’apaiser, le ton ne manque pas de monter à nouveau entre les deux amies « Désolé de m’inquiéter pour une de mes plus proches amies qui n’a pas donné signe de vie pendant des jours ! Mais c’est vrai, je suis bête, Birdie devrait être habituée puisque Birdie est toujours la seule idiote à attendre que tout le monde daigne lui donner des nouvelles de l’autre bout du monde ! Qu’importe si Birdie s’inquiète puisqu’on est pas en couple ! Quelle idiote d’amie je suis, vraiment ! ». Son monologue l’a fatigué, faisant lever les yeux au ciel à la Lewis alors qu’elle a toujours ses mains posées sur le comptoir « Tu es so over dramatic, Cadburry ». Et ça l’exaspère, trouvant que son amie surréagit bien trop, ne considérant pas que l’une prenne plus de nouvelles que l’autre ou qu’elle la laisse de côté plus que ça. Après tout, c’est plutôt elle qui devrait s’en plaindre, étant donné que c’est ELLE qui est en couple désormais et qui passe son temps à papillonner et elle ne sait faire trop quoi avec le Fisher. Zoya n’ajoute rien de plus, se retournant alors pour finir de préparer leurs boissons chaudes. Lorsqu’elle retourne auprès de la Cadburry, c’est le moment où Birdie décide de l’interroger sur le sort de Chloe pendant cette semaine de road trip improvisé « Evidemment ». Là encore, le commentaire de Birdie ne manque pas de renfrogner Zoya, qui n’apprécie pas que cette réponse qu’elle lui ai donnée, c’est-à-dire que ce soit Trent qui est joué les baby-sitters, paraisse être une évidence. « Toi aussi, tu vas me faire la leçon de morale ? » parce qu’elle sent bien qu’elle n’en pense pas moins, qu’elle se retient très certainement. Mais elle n’a pas réellement envie d’avoir l’opinion de Birdie quand elle le connait déjà que trop bien et qu’elle en a eu suffisamment de la part de Trent et de sa famille. C’est peut-être pour cette raison qu’elle diverge vite la conversation, sur un air bougon « Merci. (…) Ca sent bon. Je penserai à te ramener des biscuits de Noël la prochaine fois ». Zoya acquiesce, un peu indifférente, à vrai dire, alors qu’elle se saisit de sa tasse et se cale dans le fond du canapé, aux côtés de Birdie. « D’ailleurs, en parlant de Noël, une idée de ce que Chloé aurait besoin ? ». Une meilleure mère ? a-t-elle envie de répondre du tac au tac. Parce qu’elle est énervée la Zoya, elle passe peut-être ses nerfs injustement sur Birdie, mais en réalité, c’est contre elle-même qu’elle en a. Elle s’en veut, c’est certain, elle s’en veut d’être parti pendant une semaine en l’abandonnant, elle s’en veut de ne pas être bonne dans ce rôle de mère et elle ne peut pas reprocher à son entourage de la considérer comme immature et irresponsable. Alors, le sujet de Noël évidemment, ne l’aide pas à se sentir mieux… « Je suis certaine que tu trouveras le cadeau parfait pour lui faire plaisir » lui dit-t-elle, toujours avec cet air détaché, non pas parce qu’elle n’en a rien à faire, mais parce qu’elle est bien trop perdue dans ses pensées « Tu vas décorer la maison pour sa première fête, pas vrai ? ». « Oui, j’imagine ». L’entrain est totalement absent, Zoya qui est toujours excitée à l’idée d’en faire des tonnes niveau décoration à Noël, que ce soit chez elle ou chez ses parents. Il n’est pas rare qu’elle soit même arrivée avec quelques boules supplémentaires en débarquant chez Birdie. « Je… ». Et alors qu’elle s’apprêtait à en dire davantage, voilà qu’elle entend Chloe pleurait dans son lit. Elle laisse échapper un soupir, posant alors sa tasse sur la table basse pour aller chercher la petite. Quelques minutes plus tard, elle revient, le sourire aux lèvres dans le salon, Chloe dans les bras qui gazouille « Regarde qui est là, sweet heart ». Elle la dodeline jusqu’à arriver à Birdie pour lui donner. « It’s auntie Bird' ».
« Vous… Quoi ? » tu la regardes avec incompréhension pendant quelques secondes car tu ne captes pas pourquoi elle s’exclame de la sorte. Pourquoi elle a l’air d’avoir les yeux étonnés, ronds comme des soucoupes et l’expression surprise qui va avec. Qu’est-ce que t’as dit, déjà ? Oh, right. « Tu… Et tu ne m’as rien dit ?! » tu fronces des sourcils. “Tu te fous de moi ? J’ai essayé mais t’étais pas joignable!” alors que Zoya ne lui fasse pas une réflexion car ça serait très mal perçu. Evidemment que tu as voulu lui dire, évidemment que t’aurais apprécié l’entendre ou la voir soupirer, rouler des yeux et s’éventrer de dire que t’es d’une niaiserie incroyable. Car si elle avait répondu, si tu lui avais dit proprement dans d’autres conditions, tu aurais eu les étoiles dans les yeux et l’expression excitée d’une enfant à Noël. “C’était pas prévu, okay.” que tu précises ; il t’a juste demandé ça comme ça sous la lumière tamisée de votre moment en pleine panne de courant. De toute façon, vu tout le temps que tu passais déjà chez lui avant d’y emménager, il est clair que ça ne change rien. Outre le fait que tu dors dans le lit du propriétaire, cette fois. Tu passes une main dans tes larges boucles blondes en soupirant légèrement alors que ton dos se coince un peu plus dans le canapé. « Tu ne le perdras pas, j’en suis persuadée, Birdie. » Zoya a l’air d’être sincère et tu lui souris faiblement ; t’espère qu’elle comprend que Jordan n’est pas qu’un caprice de gosse. Qu’il n’est pas qu’une passade et que tu nourris de réels sentiments pour lui. Et qu’il ne partira pas de sitôt de ton entourage donc la Lewis a plutôt intérêt à s’y faire rapidement. Mais sa main rassurante ainsi que ses mots sont un petit répit pour ton âme en berne - le pouvoir des mots est incroyable, autant que le silence, il faut croire. « Meaning ? » tu plisses les yeux. “You know what I mean.” elle joue l’enfant, Zoya, elle joue la capricieuse jalouse, celle qui ne comprend pas, celle qui fait mine d’être stupide alors qu’elle est loin de l’être. Tu n’as pas besoin de lui expliquer, elle sait très bien.
« Tu es so over dramatic, Cadburry » si tu étais en meilleure forme, tu lui aurais balancé un de ses coussins à la figure. Mais elle est trop loin et t’as la flemme de bouger. A vrai dire, si tu pouvais fondre et ne faire qu’un avec le canapé, tu le ferais volontiers - t’es vraiment un peu dramatique pour de vrai. Mais Zoya n’a pas l’air de s’en rendre que ça peut être pesant, que t’es amoureuse de tes amis, de chaque membre de cette famille chiante que tu t’es faite avec des personnes aussi chiantes que toi, au caractère aussi fort que le tien mais que tu adores profondément. Comment elle peut dénigrer comme ça en quelques mots le désarroi que t’as ressenti quand ton amie n’a pas répondu ? « Toi aussi, tu vas me faire la leçon de morale ? » tu souffles, tu passes une main contre ton front mais tu ne daignes même pas répondre. Tu n’as pas de leçon de morale à lui donner ; tu n’es pas mieux et surtout, elle en a déjà sûrement assez comme ça, la Lewis. Tu n’es pas sa mère, elle fait ce qu’elle veut ; ça te chagrine juste pour les relations avec sa fille qui risquent d’être compliquées si elle continue à se défiler comme elle fait. Ce n’est pas faute de le lui avoir dit. Tu hausse les épaules en guise de simple réponse ; toi, t’es fatiguée par tes problèmes et t’es aussi épuisée de voir ton amie dans une situation dont elle avait pleinement conscience de ne pas maîtriser. Maintenant, c’est sa merde, sa responsabilité, et tu n’as pas la tête à te battre contre le vent. Le mieux que tu puisses faire est d’adorer cette gamine et de supporter sa mère du mieux que tu peux, même si tu n’es pas Trent, tu ne veux pas les contraintes ni les responsabilités avec. “J’aurai juste voulu savoir où t’étais et que t’allais bien. C’est tout.” aussi simplement que ça, il n’y a pas à chercher plus loin. T’es blasée et lassée, aucune volonté à te batailler pour rien.
« Je suis certaine que tu trouveras le cadeau parfait pour lui faire plaisir » de toute façon, elle a même un an, ce n’est pas comme si elle s’en rappellerait, ta nièce par alliance. Cependant, tu lui feras sûrement une petite babiole toute mignonne à mettre dans sa chambre, tu ne sais juste pas quoi encore. « Oui, j’imagine » la tasse dans les mains, tu vas titiller la cuisse de ton amie du bout des pieds. “J’imagine ? Allez, c’est bientôt Noël, Zolo, faut éblouir cette maison de mille lumières, tu le sais. Je pourrai t’aider pour porter le sapin si t’as besoin.” elle le sait, Zoya, ton van est assez grand pour ça. « Je… » la brune s’apprêtait à parler de nouveau mais elle est interrompue par sa descendante qui se met à pleurer dans son lit, signe qu’elle est réveillée. Elle soupire, Lewis, avant de partir la chercher. Toi, tu bois quelques gorgées de ton thé - il est bon - avant d’avoir le visage qui s’illumine un peu quand revient maman et fille. « Regarde qui est là, sweetheart. » tu souris un peu plus quand Zoya te la tend, prenant la gosse sur toi avec une délicate attention. « It’s auntie Bird'. » “Heeeeey, petite pierre précieuse, la sieste a été bonne ?” Chloe te regarde avec ses grands yeux si innocents, ses doigts dans la bouche alors qu’elle gazouille joyeusement. “C’est dingue comme ça grandit vitesse grand V ces microbes.” tu te rappelles de Sasha, ton neveu ; les premiers mois sont les plus incroyables en termes de changement. “Je te vois bien en lutin, toi. Tu seras la plus mignonne des lutines.” tu souris un peu plus en gigotant légèrement tes cuisses pour la faire sautiller tout en relevant ton visage vers Zoya. “Et maman sera la plus jolie des mères Noël, pas vrai, maman Noël ?” rien de mieux qu’un enfant pour vous rappeler le vrai sens de Noël après tout. Tu es plus que ravie d’avoir Chloe maintenant dans ton entourage pour être certaine qu’il y aura toujours des yeux d’enfant dans ton entourage proche pour partager ce moment.
11 Novembre 2021. Elles s’agacent toutes les deux comme deux bécasses, au lieu d’être présentes l’une pour l’autre et être l’oreille attentive dont elles ont cruellement besoin. Elles le sont d’habitude, elles sont comme cul et chemise, très proche et finissent toujours par se redonner le sourire. Mais aujourd’hui, elles sont toutes deux tellement au plus bas, et dans un élan égoïste aussi d’être le centre d’intérêt, qu’elles oublient d’être tout simplement les besties qu’elles peuvent être habituellement. « Tu te fous de moi ? J’ia essayé mais t’étais pas joignable ! » « Pff, te trouve pas d’excuse CAD-BURRY ! ». Vous voyez ? Bref, évidemment que Zoya est en colère qu’elle ne lui ai pas dit, par tous les moyens possibles et inimaginables qu’elle a emménagé avec son zigoto. « C’était pas prévu, okay ». Zoya a un mouvement de recul de la tête, trouvant cette excuse encore plus bidon que la précédente. D’ailleurs, elle ajoute en maugréant dans sa barbe « pas étonnant, vous faites tout trop vite tous les deux… ». Là revoilà sa jalousie maladive à la Lewis. Ce n’est pas tant la forme qui la dérange à Zoya, mais le fond. Parce que le fond du problème c’est que Birdie soit maintenant en ménage avec son Jordan et donc, qu’elle pourra encore moins l’avoir que pour elle. Autant quand elle vivait avec l’autre basketteur sans cervelle, elle s’en fichait de débarquer à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit, l’emmerdant royalement si ça ne lui plaisait pas. Mais là, avec Jordan, Zoya sait qu’elle n’osera pas agir de la même manière. Puis, malgré tout, ça semble sérieux avec lui – enfin semble, ça l’est puisqu’ils ont emménagé ensemble – et, malgré tout, elle ne cherchera pas à mettre la zizanie entre eux, même si elle montre le contraire par ses dires et son comportement qui tapent sur le système de Birdie « You know what I mean ». Bien sûr, elle n’a pas besoin de dessins même si elle joue la mauvaise foi à fond faisant celle qui ne comprend toujours pas, sans pour autant ajouter quoi que ce soit.
« J’aurai juste voulu savoir où t’étais et que t’allais bien. C’est tout ». La mine de Zoya change subitement alors que les paroles de Birdie la touche. Elle est peut-être la seule au final à lui dire qu’elle s’est inquiétée pour elle et qu’elle voulait juste s’assurer qu’elle allait bien. Ça la touche parce que tous ses proches qui l’ont retrouvé après avoir disparu une semaine, c’est-à-dire Trent en premier, et ses parents et frères en second, n’ont pas montré leur inquiétude quand à l’état de santé de la jeune femme. Ils se sont plus focalisés sur son immaturité et son irresponsabilité à être mère, ne manquant pas à le souligner encore et encore, elle qui est désormais distante avec eux. Bien sûr, elle ne peut leur reprocher de s’être inquiétés, en revanche, pour sa fille, Chloe, laissée entre de bonnes mains. Mais laissée aussi comme ça, sans mère, pendant une semaine, sans raison valable. Alors oui, la leçon de morale elle l’a comprise, elle l’a bien enregistrée et finalement, le fait que Birdie n’en rajoute pas une couche lui enlève son air grognon pour un air beaucoup plus triste. Et d’ailleurs, elle a ce geste envers son amie, attrapant sa main qu’elle serre un peu fortement, échangeant un simple regard silencieux avec elle mais qui la remercie sincèrement pour ses mots.
« J’imagine ? Allez, c’est bientôt Noël, Zolo, faut éblouir cette maison de mille lumières, tu le sais. Je pourrai t’aider pour porter le sapin si t’as besoin ». Si elle savait Birdie. Si elle savait les doutes qui se sont immiscés dans la tête de sa Zolo depuis quelques jours. Des doutes qui lui font se demander si elle ne ferait pas mieux de partir définitivement, et offrir la possibilité à sa fille d’être avec quelqu’un qui, même si elle le déteste au plus haut point et qu’elle ignore s’il sera à la hauteur, sera toujours mieux qu’elle en tant que parent. « Tu pourrais oui… ». Mais elle ne les partagera pas ses doutes, alors qu’elle a ce petit sourire en coin peu convaincant et même si Birdie vient à la titiller avec son pied – ce qui ne la fait même pas réagir alors qu’elle aurait, en temps normal, repousser celui-ci en le qualifiant de puant. Enfin, elle s’apprêtait à le faire en réalité, – à partager ses doutes, pas à lui dire que son pied puait – quand sa fille se met à pleurer, signe qu’elle est réveillée. Alors, Zoya s’abstient, laissant là une Birdie qui ne doit pas trop comprendre pourquoi la Lewis est autant au fond du trou et fini par se lever pour aller chercher sa progéniture.
« Heeeeey, petite pierre précieuse, la sieste a été bonne ? ». Zoya laisse Birdie jouait les tatas gâteaux, et c’est avec un regard attendri, comme toujours qu’elle l’observe faire. « C’est dingue comme ça grandit vitesse grand V ces microbes ». Zoya acquiesce alors qu’elle vient reprendre place à côté de Birdie, attrapant une des mains de sa fille à qui elle offre un sourire, l’amour transparaissant dans son regard malgré tous les doutes qu’elle peut ressentir au sujet de son rôle de mère « Je te vois bien en lutin, toi. Tu seras la plus mignonne des lutines ». Sa gorge se serre alors qu’elle lâche progressivement la main de Chloe, son regard se reportant sur Birdie comme si elle avait dit quelque chose d’ahurissant. « Et maman sera la plus jolie des mères Noël, pas vrai, maman Noël ? ». Zoya revient sur terre et se rend compte de son air beaucoup trop révélateur qu’elle adopte. Elle sent que sa gorge se serre de plus en plus, qu’une boule se créé dans son estomac et que les larmes sont à deux doigts de s’échapper pour s’écouler le long de ses joues. Et la jeune maman refuse que son amie la voie comme ça, incapable de partager ses doutes avec elle. Et c’est peut-être pour cette raison qu’elle s’empare alors soudainement de Chloe, la retirant alors à Birdie, et se lève du canapé. « Tu devrais partir, Birdie ». Inattendue comme réaction, alors qu’elle dépose Chloe dans son parc, la laissant jouer tranquillement. Zoya prend une profonde inspiration pour ne pas que Birdie entende sa voix vacillante « J’ai… je dois amener Chloe a un rendez-vous médical, je viens de m’en souvenir, je suis désolée ». Elle s’agite, débarrassant les deux tasses de thé qu’elle amène à la cuisine. « Merci d’être passée, Bird… » fait-t-elle en revenant vers elle et en déposant un rapide baiser sur sa joue alors que la blonde s’est levée du canapé. « Je t’appellerai pour les décorations ». Et elle en rajoute dans son mensonge, ne souhaitant pas que Birdie se doute de quoi que ce soit. Son regard croise celui de son amie, souriant du mieux qu’elle peut pour être crédible alors qu’elle espère qu’elle partira aussi vite qu’elle est venue…
« Pff, te trouve pas d’excuse CAD-BURRY ! » je ne pense pas me trouver d’excuse ; j’ai essayé de la contacter, de partager la nouvelle avec une de mes plus proches amies, une que j’aurai pu penser qu’elle serait contente pour moi. Mais non, Zoya est Zoya et Birdie est Birdie donc forcément que l’annonce a plus l’air d’être une annonce en retard, me faisant passer pour une amie indigne alors que clairement, c’est elle qui est à blâmer et non moi. J’ai presque envie de la frapper, et pas de la façon dont elle apprécierait car je sais qu’elle joue la forte tête alors qu’elle se sait parfaitement dans la peau du coupable. Mais son immaturité ressort, ses caprices aussi ; mais si elle compte me faire culpabiliser, elle se trompe lourdement. Je la connais maintenant assez et depuis bien trop longtemps pour me laisser berner par ses attaques et ses ondes foudroyantes. Le rôle de la princesse capricieuse ne fonctionne pas avec moi et je la regarde clairement en la fusillant du regard ; qu’elle ose me faire porter le chapeau pour voir et elle va entendre parler du pays. Je ne suis pas d’humeur. Je voulais du réconfort mais même ça, Zoya semble pas en être capable. Non, mademoiselle préfère penser à son nombril et à sa trogne, visiblement. « Pas étonnant, vous faites tout trop vite tous les deux… » “Pardon ?” j’ai très bien entendu, c’est purement rhétorique et je commence à voir sérieusement rouge. “Qu’est-ce qu’on a fait qui va trop vite pour toi ? Et puis, je pense que t’es mal placée, madame je tombe enceinte de mon plan cul d’un soir. C’est pas aller vite, ça ? Drôle de tactique pour lui mettre le grappin dessus.” je sais que c’est faux. A ce stade, je sais que Zoya n’a pas Freddy dans les yeux - à ce que je sache - et qu’il n’y a aucune intention pour elle de chercher à former une belle et heureuse famille. Non, à mon sens, Chloe n’est qu’une raison de plus pour Zoya de pouvoir rejeter ses responsabilités (told ya) et de se faire un peu plus plaindre, ou taper sur les doigts. Une quête de l’attention que même moi je ne cherche pas de cette façon. “Je pense pas que tu sois en place de juger quoique ce soit.” et j’ai pas envie qu’elle juge ma relation avec Jordan. J’ai pas envie qu’elle dise son opinion car dans tous les cas, elle ne va pas me plaire.
Alors je laisse aller et je poursuis. Je souligne que moi, sa gosse, je m’en fous ; en premier lieu, c’est mon amie qui m’importe. Je sais que la charge est lourde pour elle - mais hey, elle pouvait pas dire qu’elle savait pas, même moi je le sais - et qu’elle a du mal. Alors je souligne mon inquiétude, et je veux pas qu’elle me mette dans le même sac que les autres gus de son entourage qui, eux, n’auront certainement vu que la pauvre bambine malmenée par sa mère - enfin, complètement abandonnée. « Tu pourrais oui… » mais elle n’a pas l’air convaincue ni enthousiaste. D’habitude, on l’est à deux. Nos instants de colocation étaient magiques à la période de Noël. Mais là, son manque d’entrain et son regard fuyant, très mal joués à mon humble opinion, sont flagrants. Cependant, je n’ai pas le temps de réagir qu’arrive la petite boule de morve et de gazouillis dans les bras de maman qui me la refourgue rapidement. Okay, je dois avouer que malgré toutes mes envies inexistantes de procréer, la sensation de voir un microbe vous sourire et vous balbutier dans ses vaines tentatives de discussion est adorable. Je suis toujours en adoration devant les gamins des autres, de toute façon, c’est un fait. Cependant, j’aime surtout ce fait-là ; pouvoir rendre le gamin à ses parents le soir et ne pas l’avoir dans mes pattes constamment ajoute une saveur particulière. Je suis tata B, la meilleure des tantes du monde, et c’est mon propre neveu qui le dit - n’en déplaise à Lila. Et je compte bien sur ce que Chloe dise la même chose de moi. Elle aura oublié que j’évite à chaque fois de lui changer sa couche ou de lui faire prendre le bain - trop dégueu et trop de responsabilités. Vivement qu’elle tienne sur ses gambettes, ça sera plus simple.
J’enchaine en parlant de Noël, toujours car ça se rapproche et mon cerveau est formaté pour en parler dès Halloween passé. Mais voilà que je vois le visage de Zoya se décomposer légèrement, avec retenue, avant qu’elle ne m’arrache la gosse des bras. « Tu devrais partir, Birdie. » je la regarde avec surprise ; si j’aurai pu me barrer y a dix minutes, ça n’aurait pas été surprenant, mais là, clairement, je ne comprends pas ce qu’elle me fait. « J’ai… je dois amener Chloe a un rendez-vous médical, je viens de m’en souvenir, je suis désolée. » je l’observe poser Chloé dans son parc, prendre les tasses et filer dans la cuisine. Elle me cache quelque chose. Elle a un truc en tête et elle veut pas me le dire. Elle aussi. Je mords ma lèvre en me levant. J’ai envie de lui dire qu’elle n’est qu’une idiote stupide et égoïste mais ça ne servirait à rien. Elle veut rien me dire elle aussi. “Bien sûr.” mais je joue le jeu, faisant mine de comprendre son scénario où elle a le rôle de la mère qui se soucie alors que la seule personne dont elle se soucie, c’est elle-même. « Merci d’être passée, Bird… » ma mâchoire se serre mais je force néanmoins un léger sourire à se former sur mes lèvres. Je tourne la tête alors qu’elle embrasse ma joue et la déception est si grande. J’aurai mieux fait d’aller voir Heather, je suis sûre qu’elle se serait montrée plus compatissante malgré ses grands airs d’anglaise coincée. « Je t’appellerai pour les décorations. » je coince mes doigts entre eux. “Aucun problème. Je serai dispo, moi.” parce que moi, j’ai le sens de l’amitié malgré tout. “Je sais que tu me cache quelque chose, Zoya. Je sais pas ce que c’est mais ne blâme pas les autres quand t’es même pas foutue d’être honnête.” les autres ne peuvent pas deviner, et je suis loin d’avoir une boule de cristal ou même de pouvoir lire dans les pensées. J’attrape mon sac sans délicatesse en me tournant vers la porte. J’hésite une seconde, main sur la poignée, avant de poursuivre mon geste ; lui rappeler qu’elle peut compter sur moi est aussi inutile que de lui dire à quel point je suis déçue d’elle. Pas en tant que mère, mais en tant qu’amie. Ça fait cruellement mal. Comme si je ne me sentais pas déjà assez mal comme ça. Je le saurai pour la prochaine fois.
11 Novembre 2021. « Pardon ? (…) Qu’est-ce qu’on a fait qui va trop vite pour toi ? Et puis, je pense que t’es mal placée, madame je tombe enceinte de mon plan cul d’un soir. C’est pas aller vite, ça ? Drôle de tactique pour lui mettre le grappin dessus ». Le ton monte, salement, entre les deux amies. Les reproches fusent, montrant qu’elles sont incapables de s’entendre aujourd’hui, chacune préoccupées par leurs problèmes personnels. Zoya est sûrement celle qui est la plus de mauvaise foi, incapable de réconforter Birdie quand, elle, à contrario, est toujours là pour elle quand elle en a besoin. Birdie est toujours cette oreille attentive, indispensable à sa vie, celle qui à travers sa spontanéité et sa franchise ne manque pas de remettre une Zoya parfois bien trop égoïste et capricieuse à sa place. Elle devrait être reconnaissante, la brunette, d’avoir une amie comme elle. Et donc être capable d’être une amie digne de ce nom si elle ne veut pas finir par la perdre. Mais Zoya est incapable d’être à la hauteur d’un quelconque rôle ces derniers temps, et elle en est convaincue au point qu’elle ne se donne plus la peine de faire le moindre effort… « Ferme la Cadburry ! ». Parce qu’évidemment, ça ne lui plait pas qu’elle dise des conneries pareilles, surtout qu’elle prétende qu’elle soit tombée en cloque uniquement pour séduire le Mulligan ! L’absurdité de sa remarque ne manque pas d’amener Zoya à avoir un regard noir pour la Birdie « Je pense pas que tu sois en place de juger quoique ce soit ». Zoya la fixe avec ce même regard pendant quelques secondes, sûrement en pleine réflexion, se demandant si elle doit surenchérir ou laisser couler pour éviter qu’elles n’en viennent à se dire des atrocités au point que le point de non-retour soit atteint. Elle n’en a pas envie quand elle en est arrivée à ce point avec Trent, soudainement frapper par un éclair de lucidité qui la pousse à soupirer longuement au lieu de dire quoi que ce soit d’autres.
« Bien sûr ». Elle semble la croire, Birdie. Ou du moins, elle laisse penser qu’elle la croit mais il n’en est rien. Et elle en est consciente Zoya. Parce que Birdie la connait par cœur depuis toutes ces années où elles se côtoient. Mais elle semble jouer le jeu, ne pas s’offusquer et accepter que la Lewis la mette indirectement dehors. Zoya s’agite dans tous les sens, fuit pour revenir ensuite auprès de Birdie, la remercier de sa visite en déposant un baiser sur sa joue. Elle lui promet de la rappeler au plus vite ce à quoi Birdie répond « Aucun problème. Je serai dispo, moi ». Le moi ne manque pas de faire tiquer Zoya, et c’est à cet instant qu’elle comprend qu’elle a été une fois de plus égoïste, comprenant et acceptant le reproche de Birdie, ne réagissant pas alors qu’elle l’aurait fait sans ménagement habituellement. Habituellement, parce que rien n’allait chez elle ces derniers jours et les choses ne tendaient pas à s’améliorer… « Je sais que tu me cache quelque chose, Zoya. Je sais pas ce que c’est mais ne blâme pas les autres quand t’es même pas foutue d’être honnête ». Les mots font mal, Zoya plantant son regard dans celui de Birdie, touché au plus profond d’elle-même, sentant ses entrailles se tordre sous le reproche de plus. C’est surtout l’incapacité soudaine qu’elle a de lui dire la vérité qui la met mal, mais elle ne s’en sent pas le courage. Sa gorge se serre, elle sent les larmes monter alors que Birdie tourne les talons, partant sans même un regard en arrière, même s’il y a cette courte hésitation lorsqu’elle se saisit de la poignée. Zoya la regarde partir sans agir, la regarde claquer cette porte derrière elle et lorsqu’elle est hors de sa vue, Zoya rejoint Chloe près de son parc. Elle s’assit à côté de celui-ci, regardant sa fille lui sourire alors qu’elle, en contrepartie, s’effondre totalement, éclatant en sanglots « i’m sorry… ». Ces excuses valent autant pour sa fille, s’en voulant de l’avoir abandonné pendant une semaine entière tout comme elle s’en veut d’être cette mère incapable pour elle, et valent aussi pour Birdie qui lui a tourné le dos, et à raison… Une de plus… sûrement pas la dernière. C’est tout ce qu’elle mérite, après tout.