Le bar, un lieu bien plus propice à des échanges simples et dépouillé de faux semblant car s’il y a bien un truc que l’alcool permet de faire, c’est bien de parler sans prendre le soin de se censurer. Un endroit qui convient bien plus au tempérament d’Angus qui ne s’est pas fait prier pour prendre place à la table qui se trouve être la plus proche du comptoir. Un emplacement idéal, qui facilite les échanges de verres vides contre des verres pleins. Sutton n’a pas pour habitude de se mettre la mine, à ses yeux l’alcool se consomme avec modération et s’il en a longtemps été privé par son coach de rugby.  Aujourd’hui, il lui arrive de se laisser prendre au jeu, mais jamais au point d’avoir envie de tout rendre dans la cuvette des W.C publics. C’est Lexie qui fait pratiquement toute la conversation, Angus se contente d’hocher la tête par ci, par là et d’observer les échanges entre le frère de son patron et la fille de la sorcière. Les heures passent jusqu’à ce qu’un des serveurs vienne mettre fin à la contre-soirée qui, il faut l’admettre, a été bien plus plaisante que le gala de charité. C’est lorsque Auden fait ses adieux, que le brun se retrouve seul avec sa partenaire. Un sentiment de déjà-vu, sauf que l’animosité a fini par laisser place à une réelle sympathie. Angus ne s’efforce plus seulement à cautionner sa présence, il l’apprécie réellement sinon y’a bien longtemps qu’il aurait profité du départ de l’artiste pour se tirer d’ici. Au lieu de quoi, il se retrouve à attendre son chauffeur pour ne pas avoir à la laisser seule au beau milieu d’une rue qui se veut presque déserte. Les faits-divers parlent d’eux-mêmes, les femmes ne sont jamais en sécurité nulle part et encore moins à une heure aussi tardive. Il ne la voit pas comme une personne en détresse et n'a aucun doute à admettre la possibilité qu'elle puisse se défendre toute seul si quelque chose venait à lui arriver, ça n’empêche qu’il préfère rester à ses côtés jusqu’à ce qu’elle soit en sécurité.

La voiture finit par arriver, le jeune homme se penche pour voir la gueule du type qui se tient du côté du conducteur. Un homme d’une cinquantaine d’année ayant l’attitude et la tenue vestimentaire d’un majordome, propre sur lui jusqu’aux orteils. Il n’a pas le temps de lui ouvrir la portière, qu’elle le fait pour lui. « Un dernier verre chez moi, histoire de débriefer la soirée ? Je pense qu’après tant d’émotions, et ton sacré discours, tu as le droit à une bonne bouteille, un truc meilleur que ce qu’on peut servir dans des petits bars de quartier. » Il la détaille du regard sans rien dire, se demandant comment elle arrive à contenir autant d’alcool dans un si petit corps sans en avoir la gerbe. C’est plus du sang qui coule dans ses veines, c’est de la vodka. Et qu’elle puisse en redemander ne fait que confirmer l’idée qu’elle n’en est pas à sa première fois et que Walker a peut-être bien plus de soucis que ce qu'elle tente de laisser paraitre. Elle sourit, Lexie, avant de disparaitre à l’arrière de la voiture, laissant un Angus plus que mitigé sur le trottoir. « Je suis partant pour un débriefing, mais sans alcool. Une tisane fera l’affaire, tu dois bien boire du thé non ? » qu’il lui répond, tout en prenant place à ses côtés. Tout ce qu’il espère, c’est qu’elle ne se fasse pas trop d’idées. Il n’a pas l’intention de faire office de casse-croûte, ni même d’amuse-bouche. Si sa tête est ailleurs, son cœur l’est tout autant et ce, malgré lui. Il pourrait profiter de cette soirée pour se changer les idées, oublier le temps d’un instant les rumeurs qu’on peut bien raconter au sujet du garçon de sa société. Néanmoins, s’il ne l’a jamais avoué à personne, il a toujours trouvé les coups d’un soir sans grands intérêts, si ce n’est assouvir un besoin physiologique qu'il peut très bien satisfaire sans le mode multijoueur.

Ils finissent par arriver dans un appartement qui est six fois plus spacieux que celui dans lequel il vit depuis des années. Si les tableaux attirent son regard, c’est néanmoins vers la baie vitrée qu’Angus décide d’accorder toute son attention. Le panorama est à couper le souffle, la vue n’est peut-être pas aussi spectaculaire que celle qu’on peut avoir du bureau de Saül, mais elle n’en reste pas moins agréable à contempler. « Je t’en prie, fais ton choix. » Il ne peut s’empêcher de rire quand il se retourne pour voir l’artillerie que Lexie vient de déposer sur la table basse du salon. « Rassure-moi, tu bois seulement lorsque tu reçois des invités ? » L’inverse serait bien triste à entendre, presque aussi sombre que les tableaux accrochés aux murs de la pièce principale. Elle vient ajouter un fond sonore qui a tout l’air de ressembler à du jazz pour ce qu’il en connait sur le sujet. La musique n’a jamais été son fort, même s’il a toujours eu une préférence pour le vieux rock des années 80’-90’.   « C’est ça qu’il manquait à nos deux premières soirées d'aujourd'hui ! De la musique ! Est-ce que, par hasard, Monsieur Sutton saurait danser ? » Il secoue la tête, se rapprochant la nouvelle piste de danse improvisée par l'hôte de la soirée. « Monsieur Sutton est un piètre danseur. » Ce n’est pas lui qui le dit, mais son petit frère. Un piètre danseur qui n’a pas assez bu pour oser la rejoindre, alors c’est d’une main qu’il attrape la sienne pour la faire tourner,  préférant mener la danse sans pour autant y prendre part. « Ils viennent d’où tes tableaux ? »  Une question dont la réponse pourrait en dire long sur sa cavalière. Les gens choisissent des œuvres qui leur font écho, c’est un fait. C’est comme pour les paroles d’une chanson, les répliques d’un film ou encore le slogan d’une publicité. Si Lexie a décidé de les afficher et qui plus est, dans la pièce la plus utilisée de son appartement, ce n’est pas pour rien et l’australien en est persuadé.
 

« Ça m’arrive de remplacer la vodka du petit-déjeuner par de la tisane, oui. » Il l'observe un instant ne sachant pas vraiment si Lexie se fout de sa gueule où si ses propos sont basés sur des faits réels. La collection qu'elle lui montre laisse à penser qu'il y a du vrai dans la définition qu'elle a du petit-déjeuner. Une définition qui est à l'opposé de celle de l'Australien qui ne boit qu'à de rares occasions. Angus ne déjeune pas non plus sauf lors des week-ends, en dehors de ça, ses matinées sont entièrement consacrées à Samuel. Trier les lettres de ses céréales préférées, préparer son encas du midi, respecter le code couleur journalier et surtout penser à ne rien oublier. Toutes ces choses qui ne lui laisse pas le temps de se faire un truc à grignoter, si ce n'est un café qu'il trouve toujours le moyen de boire entre deux marathons. Il réitère sa question sur l'alcool, mais cette fois-ci le sourire de Lexie disparait sans laisser de traces. « J’aimerais répondre oui. » Sa réponse a le mérite d'être honnête, c'est après tout ce qu'elle lui a promis lorsqu'elle est venue le voir au centre : de la transparence. Une franchise qui ne s'arrête finalement pas à leur collaboration et il apprécie son geste. Pour autant, Angus ne dit rien et la laisse disparaitre derrière l'ilot de la cuisine pendant un moment avant de se décider à la rejoindre. « Je te prépare de l’eau chaude si tu préfères. Et tu peux faire ton choix, papy ! » Il rit, c'est un surnom qui jusqu'ici lui était encore inconnu. On l'a souvent surnommé surtout à l'université, les noms d'oiseaux, ce n'est pas ce qu'il manquait à son sujet. Il prend celui de la brune comme un compliment, non pas qu'il soit du genre à être pantouflard bien qu'il soit assez casanier, mais c'est vrai qu'il a tendance à faire plus mature que son âge. "Rappelle-moi ton âge ?" qu'il lui demande en souriant parce qu'il sait qu'elle est plus veille que lui, Lexie. C'est Walker qu'il devrait traiter de mamie pourtant quand il la regarde, il ne trouve rien de la sorcière qu'elle a pour mère. C'est l'effervescence de la jeunesse qu'il est forcé de constater, parce qu'elle fait plus jeune que son âge et qu'elle a la même joie de vivre qu'on peut avoir lorsqu'on a tout juste vingt-ans. Il ouvre la boite à thé et en sort un sachet à la vanille qu'il vient faire tremper dans la tasse que Lexie lui a gentiment préparé. Elle quitte la cuisine pour rejoindre le salon et se mettre à danser, des pas de danse qui n'ont rien d'une mamie de quatre-vingt balais. Sutton ne bouge pas, il reste adossé contre l'îlot de la cuisine, sa tasse dans la main à faire tremper le sachet jusqu'à ce que le liquide prenne la couleur de l'ébène. Lexie l'invite à le rejoindre et s'il refuse une première fois, il finit par échanger la tasse contre la main de la jeune femme qu'il prend pour la faire tournoyer. « Je vois ça. En même temps, tu ne peux pas y arriver si tu restes droit comme un i. » Il sourit, Angus. Un papy coincé, voilà donc ce qu'il est aux yeux de celle qui se déhanche devant les siens. Le contrôle, toujours avoir le contrôle. Une droiture qui fonctionne pour tout et qui se reflète dans à travers sa posture. Pourtant, il ne cesse de se répéter qu'il devrait lâcher prise jusqu'à ce que le naturel ne se ramène au galop et envoie valser son élan de témérité. « Comme ça, c’est beaucoup mieux non ? T’inquiète pas, je t’apprendrai un jour ! » "M'apprendre la danse de salon ou celle qu'on retrouve en boite de nuit ?"  Le voilà qui parle comme un pantouflard. Il n'a jamais aimé les discothèques, trop de bruits, trop de monde en sueurs, trop brouillon pour qu'il puisse apprécier ce genre d'endroit. Sutton a toujours préféré les endroits plus calmes comme les pubs ou les soirées entre amis. La simplicité à l'extravagance de l'adolescence. Ses yeux viennent se poser sur les tableaux qui habillent la majorité des murs de la salle commune. « Des précédents galas ou en tout cas des artistes qui y ont exposé. Ce ne sont pas des tableaux qui étaient aux enchères, mais des œuvres que j’ai achetées à ceux que j’ai voulu faire découvrir à la société. » Une générosité qu'il reconnait puisque c'est elle qui a pris les devants en proposant son aide au centre. « J’étais sincère quand on s’est rencontrés, tu sais. J’aime réellement l’art. Et si je peux aider à faire connaître des jeunes artistes, tant mieux. » Angus le sait à présent, il était simplement méfiant, une nature qui ne concerne pas que la jeune Walker, mais qu'il a envers à peu près toutes les personnes qu'il rencontre et encore plus lorsqu'elles tentent de s'immiscer auprès de ceux qu'ils s'est juré de protéger. "Je sais." Il lui a demandé de la transparence et elle n'a fait que tenir sa promesse jusqu'ici. Le chèque n'est peut-être pas encore encaissé, mais le gala a eu lieu, lui et il s'est plutôt bien passé. Disons que ça aurait pu être pire, mais qu'ils ont su faire équipe pour le meilleur laissant le mauvais de côté comme cette vieille femme qu'il ne peut que détester. Tout compte fait, les révélations de Lexie quant à l'usage de la boisson n'est pas si surprenant quand il pense à la mère qu'elle se doit de se coltiner. C'est typiquement le genre de femme qui n'a que des reproches dans la bouche, il n'imagine même pas les remarques qu'elle a dû se prendre durant son enfance et auxquelles elle doit certainement encore faire face. « Il n’y pas que du mauvais dans ces galas. Il y a des faux-semblants, de l’étalage de fortunes, des gens qui prétendent s’intéresser à une cause dont ils ne savent rien, certes. Mais il y a aussi les fonds récoltés, et les artistes qui ont exposé. Certains se font réellement remarquer par des invités richissimes qui leur achèteront une ou plusieurs toiles. » Et les galas ne le dérange pas en général, il lui est même arrivé de s'incruster à plusieurs soirées mondaines dans le but de se faire quelques contacts. Les faux-semblants, ça le connait et s'il en a horreur, c'est bien l'un des premiers consommateurs. C'est juste que là c'était personnel et que ce qu'il accepte pour les autres, il a dû mal à le faire quand ça touche son petit frère. Quant à l'argent, les riches peuvent bien le mettre où ils veulent, si c'est dans une bonne cause, c'est encore mieux mais Lexie ne lui fera pas croire que ces gens sont toujours désintéressés puisque ce n'est pas vrai et que quand un riche donne, c'est toujours pour arriver à ses fins. « Jameson, Ford et Grey, trois artistes plein d’avenir. » Le brun se rapproche des tableaux à mesure qu'elle les énumères. Ils ont tous un point commun : la tristesse. Des oeuvres magnifiques qui reflètent une solitude presque poétique. Aucune personne ne figure sur les toiles comme s'ils s'étaient tous barrés à la façon des tableaux en mouvement qu'on peut retrouver dans la grande saga à succès du petit sorcier. C'est sans doute le point qui attire le plus son attention, l'absence de tout être. "Qu'est-ce que ces toiles représentent pour toi ?" Il se retourne pour la regarder avant d'aller dans la cuisine pour boire une gorgée de son thé. « Est-ce qu’il y a certaines de tes œuvres exposées chez toi ? » Chez lui, y'a surtout tout un tas de secrets qu'il ne veut pas exposer au grand jour. Il baisse les yeux, remuant l'eau colorée à la couleur de la boue avec une cuillère en argent. Angus n'a pas les moyens de se payer ces choses là, la décoration ne fait pas partie de ses priorités. "Les dessins de mon petit frère." Des oeuvres bien plus colorées que celles qui figure dans le salon de la brune et dont la valeur est inestimable. Des dinosaures avec trois yeux, des galaxies inventées de toutes pièces par Samuel, des portraits de famille qui ont évolué avec le temps pour ne le voir dessiner que nous deux. « Alors, verdict de la soirée ? » Il vient la rejoindre sur le canapé. "8/10" Il sourit, Angus alors qu'il se retourne pour s'accouder au dossier du canapé. "Ça aurait pu être un sans fautes s'il n'y avait pas eu le manque de tact de ta mère. Je sais pas comment tu fais pour la supporter." Ses yeux viennent se poser sur le verre qu'elle tient entre ses mains. Elle boit, voilà ce qu'elle fait. « Pour ma part, je dois dire que je suis impressionnée. Tu as su garder ton sang froid face à ma mère, et tu as fait un discours épique et captivant. » C'est en grande partie pour les enfants qu'il l'a fait et aussi pour ne pas avoir à manquer de respect à la mère de celle qui lui a tendu une main généreuse. Il attrape son verre d'alcool qu'il dépose sur la table basse avant de lui tendre sa tasse de thé. "Tiens, je te jure que tu te changeras pas en mère-grand." Ce sera leur secret, sa tête vient trouver le dossier alors qu'il ferme les yeux pour se laisser bercer par la musique. ]« Je sais que ce n’était pas la soirée idéale, ni même ce que tu pouvais espérer pour le Centre. Mais de l’argent aura été récolté, et les fonds vous seront bientôt remis. Je pense que rien que pour ça, on peut dire que ça a été, non ? » Il réouvre les yeux pour y découvrir les siens, y'a quelque chose dans ses propos qu'il le pousse à penser qu'elle se soucie bien plus du centre que ce qu'il ne l'avait imaginé. "Lexie, t'as été parfaite." qu'il dit pour la rassurer. Le gala ne l'était pas, mais ce n'est en rien la faute de Lexie ou même la sienne. Ils auraient beau se donner corps et âme que ça ne changerait rien. Ce qu'Angus voulait c'était récolter assez d'argent pour pouvoir garder le centre et c'est une réussite. Il aurait aussi aimé changer la vision des gens face au syndrome d'Asperger tout en sachant pertinemment que c'était une cause perdue d'avance. Le changement, ça prend du temps et c'est certainement pas en une soirée que le monde deviendra plus tolérant. "T'as d'autres projets maintenant que celui-ci est terminé ?" D'autres personnes à aider, d'autres oeuvres à acheter.

À sa question, la brune papillonne des cils lui donnant un air enfantin qui a le don de lui arracher un doux sourire. « 25 ans ? » Plus vieille que lui, donc. C'est elle la mamie dans l'histoire pourtant c'est bien Angus qui fait le choix de boire une tisane plutôt que de continuer sur sa lancée et finir la tête un peu trop près de la cuvette. Il a toujours fait plus âgé et si avant c'était uniquement à cause de sa taille démesurée, aujourd'hui c'est surtout à cause des conséquences de responsabilités qu'il a de plus en plus de mal à gérer. Et ce poids peut se lire sur les traits de son visage fatigué, Sutton a seulement vingt-quatre ans, pourtant il a souvent l'impression d'en avoir dix de plus. Il n'a pas pour habitude de sortir se mettre la mine comme les jeunes de son âge, non, Angus préfère de loin passer du temps avec son petit-frère et quand ce n'est pas avec Samuel qu'il passe ses soirées alors c'est en compagnie d'un vieux dossier, d'un livre sur la neuroscience ou bien d'un simple thé qu'il boit devant un mix de publicités sur youtube. Ses journées sont ritualisées et  ont tendance à se ressembler pour le plus grand bonheur de son frangin. Il n'y voit pas d'inconvénient puisque cela rassure Samuel et qu'il n'y a rien qui compte plus à ses yeux que de voir son petit-frère heureux. Néanmoins, il lui arrive de faire des exceptions, comme ce soir, par exemple. Ce soir, il pourrait se laisser-aller à n'être que le garçon de son âge, il pourrait se laisser porter par le rythme de la musique choisie par Lexie, pourtant il ne fait rien. C'est plus fort que lui, Angus reste droit sur la piste de danse alors que la brune se déhanche sous ses yeux ébahis. « Si tu maîtrisais une ou deux danses de salon, tu saurais comment te déhancher et tu ferais fureur en boîte de nuit. Mais si tu acceptes mon aide, on commencera par ce que tu voudras. » L'australien cache une grimace derrière la tasse qu'il tient entre ses mains. Les boites de nuit n'ont jamais été sa came, une confidence qu'il préfère garder pour lui. Que penserait Walker si elle venait à apprendre que le mec qui se tient devant ses yeux n'est rien d'autre qu'un imposteur ? Qu'il passe son temps à endosser le rôle de père plus que de frère plutôt que de se perdre dans la ferveur de ces jeunes en discothèque. C'est pourquoi, il reste mutique lui offrant un simple sourire pour toute réponse.

Les tableaux, c'est sur eux que son attention se reporte  et de, de façon tout à fait volontaire. C'est sa manière de s'échapper d'une situation qui pourrait facilement déraper. Alors, il vient observer les oeuvres qui sont accrochées aux murs de la salle commune. Une pièce qui a tout l'air d'un musée pour ce jeune passionné d'art en tout genre. Angus profite du silence qui émerge entre deux chansons pour lui poser l'ultime question, celle qui lui fera voir les toiles sous un nouvel angle, à travers les yeux de la brune et non plus des siens. Cependant, Lexie ne répond pas, elle contemple les peintures qu'elle connait probablement déjà sur le bout de ses dix doigts avant de finalement détourner le regard. Elle a beau sourire, Walker. Angus n'y croit pas, il sait qu'une part lui a raison et qu'elle est plus triste que ce qu'elle veut bien montrer. « Je pourrais ôter tous mes vêtements et te faire découvrir chaque parcelle de mon corps sans rougir, mais avec cette question, tu m’en demandes trop, Sutton. » Le brun essaye d'avaler sa gorgée de thé sans avoir à tout recracher puis se retourne vers elle pour la regarder. Son comportement est déroutant et ses propos le sont tout autant, malgré tout, il ne peut que comprendre les paroles de la brune. Un corps, reste un corps alors qu'une interprétation est bien plus intime que la démonstration d'une simple enveloppe charnelle. Sutton retourne s'installer sur le canapé alors qu'elle change de sujet pour reparler de l'oeuvre de charité ce qui suscite en lui un stress post-discours qu'il essaye de noyer dans son thé comme le vulgaire sachet qu'il a oublié d'enlever.  « Je fais le minimum, et je suis aidée par Channing, qui fait tout pour les choses se passent au mieux. » Son frère, le mec qu'il a rapidement croisé au cours d'une rapide poignée de main. Est-ce qu'il sait pour sa sœur et son amour pour la vodka ? Peut-être qu'il partage, lui aussi,  le même penchant pour les boissons alcoolisées pourtant Sutton n'a remarqué aucune animosité entre le fils Walker et sa mère. « 8/10 hein ? Je dois bien connaître une ou deux choses pour faire remonter cette note. » Il lâche un rire et troque sa boisson contre la tisane qu'il tente de lui vendre comme étant la boisson de l'année. Elle est pompette, Lexie et ne sait plus ce qu'elle dit. « Mouais, je prendrai pas le risque. » "Je pensais qu'on se faisait confiance." qu'il dit sur un ton faussement vexé. Evidemment qu'elle ne lui fait pas confiance enfin du moins assez pour le laisser venir chez elle, pas assez pour se risquer à tremper ses lèvres dans la tisane concocté par ses soins. Angus aussi, ne lui fait pas totalement confiance. Son avis a changé, c'est certain, sinon il ne se retrouverait pas assit sur son canapé, mais pour le reste, c'est une toute autre histoire. « J’ai plein de projets. » Les doigts de la brune viennent caresser sa joue puis son cou jusqu'à se perdre sur le col de sa chemise. Un geste qui fait naitre chez le brun, un frisson qu'il a du mal à réprimander. Ses yeux détaillent les nuances de bleu qui parsèment ceux de l'australienne, un moment avant de pincer ses lèvres et de poser sa main sur la sienne pour l'arrêter dans sa lancée. "T'es bourrée, Lexie." Sans quitter sa main, il se lève et l'attire contre lui pour la porter sur son épaule. "Je crois qu'il est l'heure pour toi d'aller au lit." Et sans lui demander son avis, il passe sa main sur sa cuisse pour soutenir le poids plume qui pèse sur son omoplate et se dirige à l'aveuglette vers le couloir qui mène certainement à sa chambre. Angus ouvre une porte, puis deux avant d'apercevoir le lit de la jeune fille et de la poser délicatement dessus. "Tu sais, les gens auraient vite fait de remplacer l'eau par de la vodka si celle-ci possédait des vertus thérapeutiques." Son ton est dépourvu de tout jugement parce qu'il se moque pas mal de la quantité d'alcool qui peut bien couler dans le sang de la jeune fille. Il trouve ça simplement dommage qu'elle utilise sa féminité comme une diversion pour ne pas que les gens s'attarde sur ce qui compte réellement. Et ça aurait pu l'intéresser, Sutton, un coup d'un soir sans prise de tête sauf qu'il n'est pas de ceux qui sautent sur le première occasion pour tirer son coup et encore moins quand l'occasion est agrémentée d'un taux d'alcoolémie trop élevé. C'est pas son truc et ça ne le sera certainement jamais. Angus attrape les draps qu'il tire pour la border avant de jeter un coup d'oeil à sa montre. Quatre heures, c'est le temps qu'il lui reste avant de devoir rentrer chez lui pour préparer le petit-déjeuner de Samuel. "Je peux partir maintenant ou rester encore un peu, c'est comme tu veux." Il peut reste ici à lui tenir compagnie jusqu'à ce que ses yeux ne se ferment et qu'elle finisse par s'endormir ou alors il peut rentrer chez lui et reprendre le train-train de sa vie. Dans tous les cas, il ne dormira pas cette nuit, comme celle d'avant et toutes autres depuis qu'il collectionne les insomnies.