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@megan williams / (c) stefansalvatored

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Pour une fois, Eliana a fait appel à sa community manager pour mener l’enquête. Son employée est bien plus connectée et perspicace que l’italienne sur ce sujet. La directrice commerciale lui a demandé de fouiller les réseaux sociaux de la toute nouvelle Madame Williams. Le mariage avait fait parler de lui, tant dans les journaux que sur internet. Voir cette effusion de photos de son fils, qui plus est marié, lui a donné des migraines.

Sa community manager s’est révélée plus efficace que prévue. Elle a informé sa responsable que Megan Williams exposée dans une galerie d’art. En conséquence de cette information cruciale, la suite du plan de l’italienne s’est mis en place dans sa tête. Voilà des années qu’elle épiait les parents adoptifs de son fils, mais les choses n’ont pas vraiment bougé. Ana a donc eu l’envie d’approcher une nouvelle victime. Et qui de mieux que la nouvelle épouse de Damon pour apprendre à mieux connaître ce dernier ?

Ana s’est arrangée pour libérer quelques heures dans son planning surchargé, la voilà en route vers l’exposition. Elle rentre dans les lieux, déjà bien remplis. La galerie d’art grouille de monde, Ana va pouvoir se fondre dans la masse. Tranquillement, elle fait un tour des lieux, observe les photos sans émettre le moindre commentaire. Elle repère la jolie blonde au loin. Un rictus se dessine sur le visage de l’italienne. Pourtant elle ne s’approche pas pour autant. Elle la regarde analyser son comportement et son regard a tendance à virer sur l’alliance qu’elle porte à l’annuaire. Elle prend le temps de continuer son tour, elle attrape une coupe de champagne au passage et elle se dirige vers Megan quand cette dernière est enfin seule.

Arrivée à la distance de la jeune femme et perchée sur ses talons hauts, elle doit bien faire une taille de plus que la demoiselle. Eliana s’éclaircit la voix, une façon bien à elle d’annoncer sa présence. « Madame Williams. » Ce nom lui arrache la gorge, pas à cause de cette pauvre fille qui ne lui a rien fait sur le papier, mais plutôt à cause de sa belle-famille qu’elle ne porte pas dans son cœur. Cette rancœur remonte depuis la nuit des temps. Elle a commencé à cause d’Auden, elle ne comprend pas comment elle a pu le trouver charmant à une époque qui est désormais révolue. Elle s’est bien faite berner par ses airs de pseudo-artiste. Dans l’ombre, il lui est arrivé de regarder ce qu’il produisait. C’est d’une atrocité sans nom. Ana n’a jamais aimé l’art abstrait. Elle aime les belles peintures, celles qu’elle admirait dans les couloirs interminables de son manoir en Italie. Sa maman est une férue d’art, elle a le goût pour les belles choses. Elle a transmis cette faculté à son unique fille. Et Eliana peut affirmer que l’art d’Auden est horrible, comme sa personne. Megan Williams a le mérite de produire un art plus réaliste au travers de ses photos, ce qui a le mérite d’avoir attiré plus de dix secondes d’affilée l’attention de l’italienne. Oui parce que Madame Ferragni est compliquée en affaires. A l’atelier Weatherton, c’est très mauvais signe si elle se met à bailler au bout de trois secondes de présentation. Après Auden, on peut citer Elise et Saül Williams. Eliana se demande qui elle déteste le plus entre Auden et Saül. Cependant, elle n’a pas besoin de lui parler pour comprendre que c’est un raté comme son frère. Car oui en plus d’avoir été forcée à abandonner son seul enfant, Auden qui n’a pas été fichu de répondre aux messages de l’italienne en détresse durant son plus jeune âge, c’est le frère qui a récolté la seule chose qu’Ana a créé. Oui elle a décidé d’oublier le nom du géniteur de son enfant au moment où Auden a fait le mort. Bref, elle ne connait que les Williams de loin, de ce qu’on a bien voulu lui raconter, mais elle en sait suffisamment pour ne pas avoir envie de les connaître davantage. De toute façon ce n’est pas eux qu’elle souhaite connaître, mais Damon, c’est le seul qui compte à ses yeux. Ces dernières années, Ana s’est beaucoup questionnée, se demandant si son enfant avait chopé ou non les mauvais gènes de ses parents. Ce point reste un mystère à ses yeux. Le soupçon d’amour maternel qui lui reste au fond d’elle refuse de sortir pour l’instant. Le côté manipulateur de l’italienne préfère prendre le dessus et trouver d’autres solutions. Comme rencontrer la nouvelle femme de son fils. Même si cette dernière ne connait pas du temps la réelle identité de la grande dame. Elle porte à la perfection son costume de directrice commerciale de la Weatherton. Sa meilleure couverture depuis son arrivée à Brisbane.

« Vous avez l’oeil pour capturer des belles photos. » Retenez bien cette phrase qui sera sans doute le seul compliment d’Eliana avant son interrogatoire déguisé. « C’est votre époux sur les photos, je me trompe ? » Ana se demande bien pourquoi une fille aussi jeune qu’elle se marie à son fils tout aussi jeune. Les vieilles traditions italiennes semblent dépasser les frontières. Elle compte bien mener son enquête, mettre son nez dans les affaires où elle n’a pas été conviée. Pourtant elle se donne ce droit, Damon et elle ont le même sang. « Je suis rapidement passée à votre mariage, mes félicitations. » qu’elle se force à dire, histoire de rester aimable devant tout ce monde. « Je me présente, Eliana Ferragni, directrice commerciale de la Maison Weatherton. » Elle tend sa main, laissant apparaître son énorme bague ornée de son émeraude vert flamboyant. Le bijou peut surprendre aux premiers regards, mais Eliana n’a aucun scrupule à étaler sa richesse aux yeux des yeux. Au contraire, elle adore entendre les murmures s’élever dans les airs telles une douce musique. « Mais je préfère qu’on m’appelle Madame Ferragni. » qu’elle précise, guettant la réaction de la jeune femme, attendant de voir si elle a du répondant.

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Megan Monroe & @"Eliana Ferragni"

Je ne sais pas ce qui m’a convaincue de me lancer. Damon peut-être, Damon sûrement, peut-être un peu Charlie et une grosse dose de Shiloh, cela va sans dire. Même son amie actrice, Penny Stringer, a tenté de me convaincre de faire quelque chose de mon talent pour la photographie, au détour d’une conversation à propos de tout et de rien. Ceux qui pensent que je suis photographe de plateau pensent que c’est du gâchis, ceux qui connaissent mes réelles activités sont tout aussi d’accord mais, jusque-là, j’avais trop peur qu’on me dise que j’imaginais mon talent pour oser me jeter à l’eau. J’avais peur que le verdict soit sans appel : que mes photos soient qualifiées de quelconques puisque j’ignore si j’ai ce qu’il faut pour encaisser ce genre de critique. A mes yeux, ma passion pour la photographie me définit. J’en parle à qui veut bien m’entendre et j’y viens rapidement lorsque je fais une nouvelle rencontre. Sauf que ça m’allait bien, de prendre des photos et de n’en publier que certaines sur les réseaux sociaux. Ca m’allait bien de me constituer un book sans vocation à être montrée à qui que ce soit. Pourtant, je suis courageuse. Je ne suis pas la dernière à prendre des risques et à sortir de ma zone de confort lorsque c’est nécessaire. C’est ce que Shiloh a rétorqué, et je ne peux lui en vouloir : que je n’ose pas me lancer, c’est incompréhensible.

Alors j’ai trempé un orteil dans l’eau, en cherchant sur internet un événement permettant à des amateurs d’exposer. Pour une première, c’est bien moins dangereux que la galerie de mon oncle par alliance, qui se remet en plus des derniers événements. Une soirée de ce genre était organisée en centre ville et, avec un soubresaut au cœur, je me suis inscrite. J’ai passé une semaine à sélectionner les photos qui, à mes yeux, mettent le plus en valeur mon travail et, ce soir, elles sont fièrement encadrées au mur. Elles côtoient le travail d’autres jeunes photographes et, une coupe de vin blanc à la main, j’observe les quelques curieux qui se sont rassemblés pour l’occasion en mon rongeant les ongles. Lorsque je suis interrogée, le naturel reprend le dessus sur le stress : je leur offre mon plus beau sourire et je réponds de façon charmante aux questions qui me sont posées. Au bout d’une heure, je me sens plus à l’aise dans mon rôle de la soirée si bien que, lorsqu’une nouvelle voix m’interpelle, je me retourne avec un sourire bien accroché sur mon doux visage. « Madame Williams. » Oh qu’elle est étrange, cette appellation. Je ne m'habitue toujours pas à mon nouveau nom de famille, et le voilà à présent accolé à un madame qui me donne l’impression d’avoir un autre âge que celui que j’ai réellement. Madame Williams, c’est Elise, la mère rigide de mon époux. « Megan. » Je la corrige, avec un ravissant sourire sur les lèvres : je suis plus douée pour les mondanité que ce à quoi ma condition sociale d’origine me destinait. « Vous avez l'œil pour capturer de belles photos. » Le sourire que je lui adresse n’a plus rien de forcé, à présent. J’ai entendu assez souvent que je suis belle ou que j’ai de beaux yeux pour rester insensible à ce genre de compliment. Mon interlocutrice en revanche me complimente pour mon travail et mon coeur ronronne de plaisir.

Brune, tirée à quatre épingle et le ton rehaussé par de riches bijoux, elle ne ressemble pas à l’invité lambda de l’événement. Elle n’a rien du hipster vivant dans le centre ville et tentant d’avoir l’air cool en se rendant à une exposition photo. Je me demande ce qu’elle fait là et, surtout, ce qui l’a poussée à s’arrêter sur mon travail en particulier. « C’est votre époux sur les photos, je me trompe ? » Doucement, je hoche la tête en souriant. Parmi les photos que j’expose, deux représente le jeune italien, que je trouve parfait pour ce genre d'œuvre : il ne manque pas de charisme. « C’est lui, Damon. » Je ne lui demande pas si elle le connaît : si je ne me trompe pas sur son milieu, elle a forcément déjà entendu parler des Williams. « Je suis rapidement passée à votre mariage, mes félicitations. » Surprise, j’écarquille les yeux un instant avant de pencher la tête sur le côté. « Je suis désolée, je ne vous remets pas. Il y avait beaucoup de monde au mariage, et presque autant d’inconnus pour moi. » La moitié des invités étaient des relations d’affaires de Saül, l’autre moitié des cousins italiens issus de branches plus ou moins éloignées. « Je me présente, Eliana Ferragni, directrice commerciale de la Maison Wheatherton. Mais je préfère qu’on m’appelle Madame Ferragni. » - « Oh. » Je vois. « Dans ce cas, vous devez savoir que la robe que je portais pour la première partie de la journée était l'œuvre de l’une de vos jeunes couturières, Shiloh Atkins. » Je ne rate pas cette occasion de vanter les mérites du travail de mon amie : elle mérite son moment de gloire. Elle mérite aussi d’être citée pour cette sublime robe plutôt que de la voir revendiquée par la maison à laquelle elle appartient. « Elle a énormément de talent. » Je n’ai pas besoin de me forcer : j’ai pour la couturière une affection et un respect qui viennent droit du cœur. « Et si vous aimez mes photos, je vous appellerai comme vous le souhaitez ce soir au moins. » Je ris de bon cœur, avant d’ajouter, à voix plus basse comme sur le ton de la confession. « Et si vous en achetez une, je le ferai aussi longtemps que vous le voulez. » Remarquant que ses mains sont vides, je rajoute. « Le vin n’est pas aussi bon que celui qu’on a servi au mariage, mais je peux aller vous chercher un verre, si  vous le souhaitez. » Je joue parfaitement mon rôle d’hôtesse : je suis née pour ce monde. Cela aurait été un gâchis que je reste prisonnière du mien.

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@megan williams / (c) stefansalvatored

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Elle est blonde, elle a des beaux yeux, elle est jolie, et elle a le mérite d’être douée derrière un objectif. D’apparence, elle remplit de nombreux critères pour être l’épouse parfaite. Pourtant, Eliana n’est pas dupe ou ignorante, c’est trop beau pour être vrai, il y a forcément anguille sous roche. Quels sont tes secrets jeunes Megan ? L’italienne compte bien la sonder, en plus d’avoir des informations supplémentaires sur Damon qu’elle n’a pas pu avoir par le passé. Les détectives privés ou les community managers stalkeurs ne savent pas tous. La Ferragni doit un peu se mouiller pour mieux préparer son entrée dans la vie de Damon.

« Megan. » Eliana ne sait pas encore si elle a envie de l’appeler par son prénom. L’italienne accorde beaucoup d’importance aux formules de politesse lorsqu’elle n’est pas proche de son interlocuteur. Cependant prononcer son nouveau nom de famille lui écorche la gorge. Bref elle avisera selon la suite de la conversation. Megan, donc, est réceptive aux compliments de la grande dame. Profite, ça sera le premier -et le dernier- avant longtemps. La Ferragni demande confirmation sur les clichés sur son époux, donnant l’impression qu’elle ne le connait ni d’Adam, ni d’Eve. Ce n’est qu’un leurre. Eliana reconnait parfaitement les traits de l’enfant qu’elle a mis au monde. Il a hérité de ses grands yeux bleus, sans doute une de ses plus grandes fiertés. Pourtant à part son regard, elle ne le connait pas personnellement. « C’est lui, Damon. » Elle ne dit rien de supplémentaire, elle ne veut pas sauter directement sur le sujet « Damon » pour ne pas cramer sa couverte. Alors elle formule quelques banalités sur le mariage. « Je suis désolée, je ne vous remets pas. Il y avait beaucoup de monde au mariage, et presque autant d’inconnus pour moi. » Et se présente sous l’identité de la directrice commerciale de la Maison Weatherton. Simple et efficace, cette excuse est passe-partout. « Dans ce cas, vous devez savoir que la robe que je portais pour la première partie de la journée était l'œuvre de l’une de vos jeunes couturières, Shiloh Atkins. » Bien évidement qu’Eliana a reconnu la signature de la maison d’haute couture pour laquelle elle travaille depuis des années à présent. Cependant le nom de Shiloh ne lui est pas familier, pour elle toutes les filles s’appellent Andréa à l’atelier. Eliana n’a jamais voulu faire d’effort pour apprendre les prénoms de ses collaborateurs, à l’exception de James. Pour Megan, elle veut bien aussi faire une exception, à la condition qu’elle se révèle utile. « Elle a énormément de talent. » Cette fois-ci, Ana se sent obligée de corriger. « James Weatherton a beaucoup de talent. » Elle s’en contre-fiche des talents de Shiloh-je-ne-sais-plus-quoi. Elle est peut-être la créatrice de la robe de mariée de la blonde, mais le savoir et sa transmission reviennent à James. « Personnellement, j’ai préféré la deuxième que vous portiez lorsque je vous ai rapidement félicité. Une création également de Shiloh-j’ai-déjà-oublié-le-nom ? » qu’elle demande sans gêne, rabaissant la créatrice de mode. Cependant, les belles pièces de mode intéressent la grande Dame. « Et si vous aimez mes photos, je vous appellerai comme vous le souhaitez ce soir au moins. » Megan rigole, Eliana se sent obligée de faire de même pour ne pas paraître froide comme la glace. « C’est bien vous comprenez vite Madame Williams. Hm. Megan. » Eliana n’a pas encore fait son choix sur comment elle allait surnommer la petite blonde. « Et si vous en achetez une, je le ferai aussi longtemps que vous le voulez. » Intéressant. « Le vin n’est pas aussi bon que celui qu’on a servi au mariage, mais je peux aller vous chercher un verre, si  vous le souhaitez. » Le vin est meilleur en Italie, elle ne comprend pas comment une petite naine aux yeux bridés peut se la raconter avec son vin australien. Encore un asiat’ de plus à la conquête du monde. Qu’est-ce qu’ils sont envahissants ceux-là (Je t'aime quand même Dani). « Faites donc. » L’italienne va avoir besoin d’alcool pour continuer sa conversation, pardon son interrogatoire. Megan revient rapidement avec deux verres de vins rouges, elle en tend un à l’italienne. Elle la remercie avec un sourire avant d’annoncer. « Alors parlez-moi de l’histoire de vos photos. » Elle aimerait en savoir plus, peut-être que Megan arrivera à vendre un cliché à la grande dame. « Est-ce un passe-temps lorsque vous vous ennuyez ? Une passion peut-être ? » qu’elle demande avec ses questions piquantes pour voir la réaction de ladite photographe, et femme de Damon accessoirement.

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Megan Monroe & @Eliana Ferragni

« James Weatherton a beaucoup de talent. » La brune peut vite perdre l'intérêt que je lui porte - je suis certaine que la réciproque est toute aussi vraie - et le meilleur moyen pour ça reste de rabaisser cette amie pour laquelle je serais prête à me battre bec et ongle, puisqu’elle n’a pas besoin de ça. La confiance en elle de Shiloh est fragile, elle se reconstruit petit à petit après que son ex lui ait enfoncé à coup de marteau dans la tête l’idée qu’elle ne valait rien, et je déplore le monde dans lequel elle a choisi d’évoluer puisqu’il est sans pitié. La mode, le luxe, les grands créateurs, à mes yeux cet univers n’est qu’un concours géant de celui qui pissera le plus loin et, si je soutiens mon amie dans ses choix et dans ce qui lui permet de s’épanouir, elle aurait certainement réussi à remonter la pente plus vite dans un autre milieu. Sans me démordre, j’offre un ravissant clin d'œil à la quarantenaire. « Oh mais je n’en doute pas. » La mode est un art comme un autre, et il est rare que le succès rencontré soit le fruit du hasard. « Mais James Weatherton n’a ni imaginé, ni dessiné, ni conçu ma robe. C’était uniquement Shiloh. » Je répète son prénom pour qu’il entre dans sa tête. Je ne suis pas en train de parler d’une création que mon amie a réalisée au nom de la maison pour laquelle elle travaille, mais bel et bien d’un ouvrage sur lequel elle a travaillé sur son temps libre et qui ne devrait jamais être associé à un nom que le sien. C’est bien pour ça que je bosse en freelance, pour ne devoir de compte à personne. L’idée même que quelqu’un tente de m’approprier mon travail m’hérisse le poil. « Personnellement, j’ai préféré la deuxième que vous portiez lorsque je vous ai rapidement félicité. Une création également de Shiloh-j’ai-déjà-oublié-le-nom ? » - « Non. » J’esquisse un sourire amusé en repensant à la robe bien plus osée. « Je l’ai trouvée chez un tailleur italien du centre ville. C’est mon fiancé qui l’a choisie. » Le regard qu’il a posé sur mon dedans m’a convaincue de l’acheter. « Elle a beaucoup moins plu à ma belle-mère. » Mais si la femme qui me fait face officie dans la mode, elle sait certainement que le beau n’est pas toujours associé à un col roulé et que, parfois, il dévoile plus de chair que ne l’autorisent les bien pensants.

« C’est bien vous comprenez vite Madame Williams. Hm. Megan. » Son ton condescendant est certes agaçant, mais guère impressionnant. Elle partage ce vice et peut-être un autre - l’hypocrisie - avec ma belle mère et cette dernière les pratique mieux que personne : je suis habituée à être traitée comme une enfant. Elles ne peuvent ni m’atteindre, ni m'impressionner puisque je ne viens pas du même monde, celui du paraître. Pour moi, la seule chose qui vaille, c’est le concret. Et concrètement, rien ne me pousse à penser qu’Eliana Ferragni n’y connaît quoi que ce soit à la photographie. Qu’elle achète, et nous verrons. « Faites donc. » En parfaite hôte, je disparais quelques secondes pour attraper deux verres de vin rouge - un pour elle et un pour moi - et je lui tends poliment le sien lorsque je reviens à son niveau. « Alors parlez-moi de l’histoire de vos photos. Est-ce un passe-temps lorsque vous vous ennuyez ? Une passion peut-être ? » Je n’aime guère qu’elle s’exprime par ordres, mais je veux vendre, et cette envie est plus forte que celles de l’envoyer sur les roses. « C’est avant tout mon boulot. » Je ne suis pas de ces jeunes filles désoeuvrées qui pensent devenir des photographe parce qu'elles ont acheté leur premier appareil. « Je suis photographe de presse, principalement pour des magazines de mode. » La première partie est vraie, photographe de presse est un joli enrobage pour le terme paparazzi, la seconde l’était, autrefois. Aujourd’hui, ce n’est plus que ma couverture. « J’avais mis les plateaux de côté pour me concentrer sur la préparation du mariage, j’ai préféré me concentrer sur les photographies que je fais plus pour le plaisir. » Celles qu’elle a sous les yeux, en partie. « Mais j’ai toujours fait de la photo. Je suppose qu’on peut parler de passion. Simplement, je les gardais pour moi. » Je désigne Damon ou plutôt son image sur papier glacé du bout du menton. « C’est lui, en partie, qui m’a convaincue de les exposer. » Son oncle possède une galerie, mais j’ai préféré prendre la température dans ce genre d’endroit avant de plonger dans le grain bain. Je porte mon verre à mes lèvres, avant de l’observer de bas en haut. « Et vous ? La photo vous intéresse réellement ou vous être simplement là en représentation ? » Pour parfaire son image de dame de la société qui s’intéresse aux choses de la culture.

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@megan williams / (c) stefansalvatored

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Désagréable et piquante, voici les mots qui reviennent le plus souvent lorsqu’il s’agit de décrire l’italienne. Elle le sait, elle en a pleinement conscience, et elle en joue, c’est sans doute ça le pire. Elle utilise la nouvelle épouse de Damon comme sa petite poupée pour avoir des précieuses informations. A voir si la gentille et jolie fille est facilement malléable qu'elle en donne l'impression. Dans un premier temps elle parle de la Maison Weatherton, et des draps et chiffons d’une certaine Shilloh. Hm. L’italienne est difficile à convaincre quand il s’agit de parler affaires et encore plus créations de mode. Cependant la jeune femme ne se laisse pas faire, elle défend bien son amie. « Oh mais je n’en doute pas. Mais James Weatherton n’a ni imaginé, ni dessiné, ni conçu ma robe. C’était uniquement Shiloh. » L’amitié est sans doute une perte de temps pour l’italienne qui choisit avec précaution chacune de ses relations. Eliana hoche brièvement les épaules aux propos féminins avant d’ajouter quelques mots, histoire de clôturer cette conversation qui ne l’intéresse pas plus que cela. « Elle a encore du travail à faire avant d’atteindre les standards de la Maison. » qu’elle marmonne avant d’accepter le verre de vin proposé par la photographe. Parlons photos, parlons famille Williams. Parlons mariage. Eliana se renseigne si la seconde robe que Megan a porté est une création de la fameuse couturière. « Non. » Elle est presque déçue, l’apprentie de la Weatherton descend de dix étages dans son estime. « Je l’ai trouvée chez un tailleur italien du centre ville. C’est mon fiancé qui l’a choisie. » Par contre, ce détail en particulier plait beaucoup à l’italienne. Sa progéniture a hérité de son goût pour les belles choses, elle ne l’aurait pas trop raté ce petit malgré son absence. « Elle a beaucoup moins plu à ma belle-mère. » Elle a un rictus amusé la directrice. Elle prétend ne pas connaître le nom de la soi-disant belle-mère pour ne pas être démasquée. Si elle savait, elle se trompe de belle-mère. Megan et Eliana pourraient éventuellement trouver un terrain d’entente. « Certaines personnes manquent cruellement de goût, que voulez-vous. » qu’elle déclare l’air rieur avant de reporter son attention que les clichés de la demoiselle et tout particulièrement ceux de Damon.

Les deux dames ont désormais de quoi boire et elles continuent gentiment leurs échanges. Eliana demande plus amples informations sur les passions de la jeune femme, même si ses paroles rentrent par une oreille et sortent par l'autre. « C’est avant tout mon boulot. » Elle agite doucement son verre de vin, attendant des informations plus croustillantes. « Je suis photographe de presse, principalement pour des magazines de mode. » Classique, vu et revu. Le secteur est saturé. Eliana bat des cils pour éviter d’émettre un bâillement qui serait clairement impoli à ce stade de la conversation. « J’avais mis les plateaux de côté pour me concentrer sur la préparation du mariage, j’ai préféré me concentrer sur les photographies que je fais plus pour le plaisir. » Les informations rentrent et sortent aussitôt des oreilles de la grande dame. Son cerveau retient seulement les mots « préparation de mariage » « Mais j’ai toujours fait de la photo. Je suppose qu’on peut parler de passion. Simplement, je les gardais pour moi. » Cette fois-ci Megan lui montre enfin Damon. Les choses commencent à devenir intéressantes. « C’est lui, en partie, qui m’a convaincue de les exposer. » Décidément, il est plein de qualités ce petit. Comment est-ce possibles avec des parents complètement irresponsables ? « Et vous ? La photo vous intéresse réellement ou vous être simplement là en représentation ? » Elle regarde un instant les traits de Damon, sans pour autant s’attarder, elle doit rester imperceptible. « Je fais de la représentation. » Ou du repérage pour être plus précise. « Je suis toujours à l’affut de nouveaux talents. » Traduction : de nouvelles informations sur les Williams. « C’est mon travail de dénicher les perles rares. » qu’elle continue de peindre sa toile d’illusions et de mensonges. « Votre mariage a fait beaucoup parlé de lui dans les médias. » Elle remercie ses assistantes qui ont parfaitement briefé la directrice sur le sujet. Amour, scandale et tentative de meurtre étaient au rendez-vous. « Nous sommes actuellement en recherche d’égéries masculines pour les nouvelles collections des costumes, et il est vrai que Monsieur Williams représente les critères de la Maison Weatherton. » qu’elle invente pour mieux aborder le sujet de son enfant. « Mais vous me dites que vous possédez également des compétences en photographie de mode. Cette information ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. » qu’elle ajoute essayant de tisser un terrain favorable avec Megan, la flattant pour l’inciter à se confier. « Un jeune couple aux atouts clairement non exploités, alors que vous êtes les mariés les plus en vogue de Brisbane en ce moment. Grand Dieu, quel gâchis. » Elle continue à la brosser dans le sens du poils avant de lui demander. « Comment un aussi beau couple a pu se rencontrer et s’engager aussi rapidement ? » Elle repose ses iris bleutées sur la bague de la mariée. « Votre mariage a fait fantasmer plus d'une personne. Les filles de la Weatherton ne parlent que de cet événement mondain, et de votre époux, vous vous en doutez. Faites attention à lui. » qu’elle exagère, en essayant d’attraper la jolie sirène dans ses filets. Même si Megan ne devrait pas faire attention aux filles, mais plutôt à sa mère cachée.

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Megan Monroe & @Eliana Ferragni

« Elle a encore du travail à faire avant d’atteindre les standards de la Maison. » Je hausse les épaules d’un air nonchalant. Je m’en moque que mon ami atteigne ou pas les standard de la Maison. Je ne le lui souhaite qui si ça lui tient à coeur et, du reste, j’aurais préféré qu’elle ne choisisse pas de se lancer dans un univers fréquenté uniquement par des requins, par des gens comme Eliana qui n’hésite pas à rabaisser publiquement quelqu’un qu’ils ne connaissent même pas. J’ai ce qu’il faut dans le ventre pour tenir tête à ce genre de personne, elle ne représente aucun challenge pour moi, simplement une source d’agacement puisqu’elle me rappelle terriblement Elise, mais Shiloh elle est bien trop douce pour ça. « Certaines personnes manquent cruellement de goût, que voulez-vous. » Je laisse échapper un rire amusé, avant de tourner ma tête dans sa direction. « Vous lui ressemblez pourtant, vous savez. » Leur opinion concernant ma robe en moins. « A ma belle-mère. C’est à elle que vous me faites penser. » Dans la bouche de beaucoup de gens, la déclaration est anodine. Dans la mienne, c’est loin d’être un compliment. Elles dégagent la même chose : l’impression qu’elles ont un balai enfoncé dans le derrière depuis des années. Même leurs sourires se ressemblent : ils respirent l’hypocrisie.

« Je fais de la représentation. » Je suis déçue, mais je ne suis pas surprise. Pour aimer l’art il faut savoir aimer les choses à la fois simples et belles de la vie et elle me fait penser à ces femmes désoeuvrés qui n’achètent des tableaux que pour être jalousées lorsqu’elles reçoivent du monde, que pour se donner un genre de grande dame. Les tableaux ne devraient pas être faits pour ça, les photographies non plus. Elles devraient rester dans les mains des gens qu’elles émeuvent sincèrement et qu’elles touchent. Mais les choses sont ce qu’ils sont : si j’arrive à lui vendre une des mes œuvres, cela m’aidera peut-être à décoller, alors je suis prête à fermer les yeux sur mes belles convictions. « Je suis toujours à l'affût de nouveaux talents. C’est mon travail de dénicher les perles rares. » Je fronce les sourcils : des nouveaux talents ? Dans ce genre d’endroit ? Si ce qu’elle cherche ce sont des modèles, elle aurait plus vite fait de fréquenter les roof top des bars les plus en vogue de la ville, pas de s’enterrer dans des petites galeries indépendantes. « Votre mariage a fait beaucoup parlé de lui dans les médias. » Tout de suite, c'est plus clair : elle ne se balade pas au hasard à la recherche de nouveaux talents, elle est là parce qu’elle sait qui je suis et à quelle famille je me suis mariée. C’est moi qu’elle est venue voir, précisément. « Nous sommes actuellement en recherche d’égéries masculines pour les nouvelles collections des costumes, et il est vrai que Monsieur Williams représente les critères de la Maison Weatherton. » Je laisse échapper un rire résultat aussi bien de ma surprise que de mon amusement : Damon n’accepterait jamais de poser pour une maison de haute couture, c’est quelque chose pour les gens superficiels, ça. « Mais vous me dites que vous possédez également des compétences en photographie de mode. Cette information ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. » - « Sans vouloir vous vexer, je travaille en freelance et c’est très bien comme ça. » Et surtout, en réalité, je ne travaille plus sur les plateaux et leur ambiance toxique depuis des années. « Et je ne parle pas pour Damon, libre à vous de le contacter, mais ça m’étonnerait que votre offre, si c’en est une, l’intéresse. » Mon verre de vin entre les doigts, je garde un ton poli et un immense sourire sur le visage. Je suis déçue, je crois, de tomber ici sur le même genre de personnes que je côtoie à présent tous les jours depuis que j’ai fait connaissance avec Saül et Elise Williams. J’étais à la recherche d’un peu plus d’authenticité ce soir, c’est pour ça aussi que j’avais choisi un endroit comme celui-ci. « Un jeune couple aux atouts clairement non exploités, alors que vous êtes les mariés les plus en vogue de Brisbane en ce moment. Grand Dieu, quel gâchis. » - « Qui vous dit qu’ils sont inexploités ? » Je plisse les yeux et fronce les sourcils. « Damon n’est pas juste un beau garçon. Il sera diplômé en sciences politiques à la fin de l’année et puisqu’il a fait son stage que Michaël Hills, il aura toutes les entreprises du luxe à ses pieds. » Et puisqu’il s’appelle Williams, cela va sans dire. J’espère du plus profond de mon âme qu’il choisira d’exercer ses talents ailleurs que chez son père. « Je n’appellerais pas ça inexploité. » Je lui adresse un clin d'œil avant de porter mon verre à mes lèvres et de me concentrer sur l’image sur papier glacé de mon nouveau mari. Il n’en a que le nom, pourquoi alors est-ce que je m’efforce de le défendre et de corriger l’image erronée que s’en fait cette inconnue ? Je l’ignore, tout comme j’ignore ce qu’il représente réellement à mes yeux. « Comment un aussi beau couple a pu se rencontrer et s’engager aussi rapidement ? » Elle ramène tout à la beauté et cela en dit beaucoup sur sa superficialité. Je me suis trompée : elle n’est pas Elise. Pour Elise, ce sont le statut et la naissance qui comptent, elle aurait préféré que Damon épouse une fille de bien moins séduisante que moi. « Votre mariage a fait fantasmer plus d'une personne. Les filles de la Weatherton ne parlent que de cet événement mondain, et de votre époux, vous vous en doutez. Faites attention à lui. » Je laisse échapper un rire amusé, avant de secouer la tête. « Je n’ai pas de souci à me faire. C’est quelqu’un de bien. » Je ne m’y habituerais jamais, à cette idée d’être au centre des conversations d'inconnus. Il y a quelques mois encore, je n’étais qu’une anonyme. Je jette un coup d’oeil à main gauche. « Si j’en crois l’énorme diamant à votre doigt, vous savez ce que c’est que d’être amoureuse. » Ou pas. Elle a l’air de venir du même monde que les Williams, s’est elle mariée juste par intérêt ? « Damon et moi nous aimons profondément. Depuis les premiers jours, on est sûr de vouloir passer notre vie ensemble. Pourquoi attendre ? » Et puisque les apparences et la beauté d’une personne semblent être pour elle ce qui compte le plus, j’ajoute en lui adressant un clin d'œil. « Quitte à porter une robe de mariée, autant en profiter quand je suis jeune et belle. » Si je ramène la conversation vers plus de légèreté, ce n’est pas totalement désintéressé : je cherche à vendre, ou au moins à profiter de bouche à oreille.
 

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@megan williams / (c) stefansalvatored

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Eliana a toujours aimé la mode, chaque jour elle interprète un nouvel rôle, vêtue d’une nouvelle tenue. De Haute Couture, bien évidement. L’italienne a un rictus amusé lorsque la jeune et belle Megan mentionne des ressemblances avec sa soi-disant belle-mère. Si elle savait. Pauvre ignorante. Pourtant la grande dame ne dit rien, ne voulant pas dévoiler toutes ses cartes dès le premier tour. Alors son regard se porte gentiment sur les clichés exposés dans la galerie d’art. Damon a les mêmes yeux qu’elle. Un bleu qui peut vous déstabiliser en un battement de cils. Cependant la directrice garde une certaine distance pour ne pas trahir sa couverture. Elle préfère parler mariage. Un mariage qui a intrigué son attention, elle qui s’ennuie habituellement très rapidement durant les représentations. Entre quelques gorgées de vins, l’italienne tisse sa toile, teste la jeune Megan. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle sait se défendre. Damon n’a pas épousé une bécasse. C’est un bon point, qu’elle garde sous silence. Eliana essaye d’attirer sa proie en parlant affaires. « Sans vouloir vous vexer, je travaille en freelance et c’est très bien comme ça. » En simple réponse, elle boit l’élixir rouge qui glisse dans sa gorge. En réalité, Eliana est intéressée par Damon et elle écoute avec plus de concentration les propos suivants. « Et je ne parle pas pour Damon, libre à vous de le contacter, mais ça m’étonnerait que votre offre, si c’en est une, l’intéresse. » Libre à elle en effet. En temps voulu, Eliana prendra le soin de contacter son fils, ou dirais-je plutôt, son enfant. Un secret parfaitement gardé depuis plus de vingt ans, mais pour combien de temps encore ? Eliana a été sacrément vexée d’apprendre qu’on l’avait fait passer pour morte. Dans un futur proche, elle se fera un plaisir de venir hanter ses détracteurs et cela commencera par Auden. C’est une évidence. En attendant, elle est en train de méditer sur l’utilité de Megan dans sa stratégie. Va-t-elle être un simple pion dans son jeu ou bien sera-t-elle le joker de la partie ? Qui es-tu Megan Williams ? Alors la directrice glisse une petite remarque sur le jeune couple de mariés. Comme elle l’a prémédité, gentille Megan se réveille, sortant les crocs. « Qui vous dit qu’ils sont inexploités ? » Sourcils froncés, elle continue. « Damon n’est pas juste un beau garçon. Il sera diplômé en sciences politiques à la fin de l’année et puisqu’il a fait son stage que Michaël Hills, il aura toutes les entreprises du luxe à ses pieds. Je n’appellerais pas ça inexploité. » Ana se délecte des moindres mots sur son enfant. Michaël Hills ce nom d’entreprise lui est familier pour naviguer dans le gratin mondain de Brisbane depuis quelques années. De plus, l’italienne a toujours eu un penchant pour la belle joaillerie, donc forcément elle connait cette multinationale australienne. Eliana a une excellente mémoire, surtout lorsque cela concerne ses adversaires. Elle fait vite le rapprochement dans sa tête, Saul Williams, père adoptif de Damon. Que fait-il planqué dans l’entreprise de son paternel ? « Beau et intelligent, vous êtes tombée sur la perle rare. » Sans mauvais jeu de mot. Alors Ana continue à creuser sur cette histoire de mariage pour repérer une faille. « Je n’ai pas de souci à me faire. C’est quelqu’un de bien. » Oh. Auden et Ana ont réussi à créer un être bienveillant. C’est un miracle de la nature étant donné leurs deux forts caractères. « Si j’en crois l’énorme diamant à votre doigt, vous savez ce que c’est que d’être amoureuse. » L’italienne sourit, admirant son bijou préféré durant un bref instant. Elle a toujours aimé garder cette part d’engagement avec elle malgré son divorce. Elle aime donner cette impression d’être inaccessible. « Damon et moi nous aimons profondément. Depuis les premiers jours, on est sûr de vouloir passer notre vie ensemble. Pourquoi attendre ? » Un rictus amusé se glisse sur les lèvres carmin. Cette douce histoire semble trop belle pour être vraie. « Oh. Les coups de foudre existent-ils encore de nos jours ? » « Quitte à porter une robe de mariée, autant en profiter quand je suis jeune et belle. » Elle est si attendrissante. Eliana est convaincue, les mariages sont avant tout une histoire d’affaires. L’amour peut exister pendant quelques temps, mais les intérêts de chacun l’emportent toujours. C’est une histoire de balance où il faut trouver le juste équilibre entre partenaires. Cela peut très bien se passer, comme très mal. Chaque mariage est unique et Ana veut en savoir plus sur celui de son fils et de Megan. « Vous avez raison de profiter, rien ne dure dans ce bas monde. » qu’elle répond avant de diriger son regard vers la main de Megan. A son tour, elle observe son précieux bijou d’engagement sur son annulaire. « Votre bague aussi est d’une grande beauté. » Eliana veut bien admettre quelques compliments lorsqu’il s’agit de pierres précieuses. « Est-ce votre époux qui l'a choisi pour vous ? » Si c’est le cas, il a bon gout. Digne fils de sa mère. « Et comment vous vous êtes rencontrés ? Votre mariage semble être digne d’un contre de fée. » qu’elle demande pour voir si l'histoire des deux jeunes époux tenait la route.

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Megan Monroe & @Eliana Ferragni

« Beau et intelligent, vous êtes tombée sur la perle rare. » - « Je sais. » Et je le sais réellement, il ne s’agit ni de paraître ni de mensonge : Damon est réellement quelqu’un de bien, un jeune homme comme on n’en fait plus, un garçon qui méritait de meilleurs parents que les siens et un meilleur arrangement que le nôtre. Moi, je ne peux que passer le reste de mes jours à tenter de m’élever au niveau de ses valeurs et de sa bonté d’âme puisque je ne suis pas faite dans le même bois que lui. Tout comme je ne peux qu’essayer d’appartenir à ce monde qui n’est pas le mien et qui me semble si superficiel vu de l’extérieur : la brune qui me fait face en est la preuve. Elle me semble fausse jusqu’au bout des ongles et a presque l’air d’en être fière, de ne pas présenter une seule parcelle d’authenticité. Il n’y a qu’à voir son accoutrement : le tout me semble grotesque, à moi qui aime la subtilité et la simplicité. Bien sûr, plus je côtoie les Williams plus leurs richesses - les miennes à présent, en un  sens, me montent à la tête. Comment reprocher à une gamine qui a grandi sans rien d’apprécier le luxe et l’idée de ne manquer de rien ? Comment reprocher à quelqu’un comme elle qui n’a certainement jamais manqué de rien d'apprécier l’ostentatoire ?

Comment être surprise de constater que, même au niveau des amours, l’authenticité la surprenne et la rende soupçonneuse ? « Oh. Les coups de foudre existent-ils encore de nos jours ? » - « Je n’ai pas la prétention de pouvoir représenter la norme. Mais en ce qui nous concerne, Damon est moi, je suppose qu’on peut parler de coup de foudre, oui. » Savoir si la vraie Megan y croît encore, elle, n’a pas la moindre importance. « Et vous l’avez dit vous même : c’est le garçon parfait. » Et je fais tout pour me donner des airs de jeune mariée idéale : ne sommes-nous pas les candidats parfaits pour vendre ce genre de romance ? Tout le monde était très ému au mariage, personne ne semblait se douter de ce qui se joue en coulisse.

« Vous avez raison de profiter, rien ne dure dans ce bas monde. » Je la fixe un instant sans me décider à répondre pour autant. Elle ne m’est pas sympathique, la grande brune. Je me demande si cette froideur exagérée qu’elle dégage est volontaire, ou si elle est réellement si peu intéressante sous la surface. Elle ne nous connaît pas, en tout cas, et ses avertissements déguisés en conseil ne m’impressionnent ni ne me touchent. « Votre bague aussi est d’une grande beauté. » Je change mon verre de vin de main pour observer d’un air distrait l’imposant bijou auquel je me suis habituée, avec le temps. Je ne le trouve même plus si lourd qu’avant, à force de le porter jour et nuit. « Est-ce votre époux qui l'a choisi pour vous ? » Son père l’a choisie pour nous, mais cette version-là ne regarde que nous. « Oui. C’est un modèle unique de Michaël Hills. » Et c’est en partie pour ça, en plus de la taille du diamant, qu’elle vaut une fortune : il n’y a que moi qui en porte une comme ça. « Il a fait sa demande alors que nous étions en week-end à Bali. On ne se connaissait que depuis quelques mois, mais c’était une évidence. » Pour lui de me demander ma main, pour moi d’accepter. C’est en tout cas l’histoire que l’on attend de moi que je vende, et en bonne marionnette je m’exécute. « Et comment vous vous êtes rencontrés ? Votre mariage semble être digne d’un conte de fée. » - « Je vais finir par être vexée : vous semblez vous intéresser plus à mon union qu’à mes photos. » Et celles des autres exposants n’ont même pas l’être d’exister pour elle. Moi, je suis là pour vendre et me faire connaître. Elle me semble de moins en moins être une cliente potentielle et n’est résolument pas une amoureuse de la photographie. Plus le temps passe, plus j’ai le sentiment que je perds mon temps. « Nous nous sommes rencontrés juste après le nouvel an, dans une soirée organisée par des amis communs. J’ai discuté avec lui toute la soirée et lorsque j’ai voulu rentrer, il a appelé un taxi et m’a raccompagnée jusque chez moi, sans chercher à monter pour un dernier verre. Je me suis dit que tous les gentlemen n’étaient pas encore morts, finalement. » L’histoire est fausse, mais la conclusion reste la même : Damon est une espèce en voie de disparition. « Mais si vous voulez avoir droit à une question de plus, il faudra mettre la main au portefeuille. » Un sourire espiègle sur les lèvres, je désigne mes photos d’un geste de la main. Je me moque bien que son intérêt pour Damon et moi ait tout de déplacé, s’il me permet de vendre un ou des clichés. J’ai toujours pensé que les moyens importent peu, tant que j’obtiens ce que je veux.

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@megan williams / (c) stefansalvatored

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Eliana a toujours aimé s’amuser de ces jeunes couples qui pensent naïvement que l’amour est plus fort que tout. Bande d’ignorants. L’argent et le pouvoir sont bien plus efficaces que l’amour et elle parle d’expérience. Si au début, l’amour aveugle de son ex-époux a rendu l’ancien mariage arrangé de l’italienne moins atroce à vivre, la jeune enfant s’est bien rapidement transformée en petit diablotin, dont les intérêts ont primé sur la morale. Chaque dimanche elle allait vider son sac de péchés à l’Eglise pour avoir la conscience plus tranquille. C’est grâce à l’union de deux familles puissantes que le mariage a pu perduré pendant presque quinze ans, certainement pas l’amour, le sexe a été également efficace pour calmer le tempérament de la froide italienne qui est allergique à toute effusion romantique. La seule personne à qui elle veut bien accordé tout son amour ainsi que sa foi, reste Dieu. « Je n’ai pas la prétention de pouvoir représenter la norme. Mais en ce qui nous concerne, Damon est moi, je suppose qu’on peut parler de coup de foudre, oui. » Ana a vraiment du mal à croire cette jeune épouse trop parfaite sur le papier. Qu’est-ce que les Williams ont manigancé ? Elle ne sait pas encore les raisons, mais un jour, elle se promet de les découvrir. « Et vous l’avez dit vous même : c’est le garçon parfait. » Qu’est-ce qu’Eliana aurait aimé dire les mots suivants : bien sûr puisque c’est moi qui l’ait fait. A défaut d’avoir été exemplaire dans son rôle de génitrice, l’italienne a donné son corps et neuf mois précieux de sa jeunesse pour mettre au monde cet enfant qu’on lui a vite enlevé des bras car il était un intru dans le tableau parfait des Ferragni. Etant la seule fille de cette famille milanaise, le poids des responsabilités a toujours été énormes sur les épaules de la demoiselle.

A la place, Ana boit une gorgée de son vin et continue à sonder la jeune femme. Pleine de jugements, elle cherche à tester le tempérament de la petite. La docile épouse a-t-elle un lionceau qui sommeille en elle ? Les voilà en train de parler bagues. Damon le si-parfait a-t-il choisi ce bijou d’engagement ? « Oui. C’est un modèle unique de Michaël Hills. » Rien que ça. Dis-moi en plus jeune et belle Megan.« Il a fait sa demande alors que nous étions en week-end à Bali. On ne se connaissait que depuis quelques mois, mais c’était une évidence. » « Quel grand romantique. » qu’elle s’exclame faussement. Douce hypocrisie, Ana est déçue d’apprendre que son fils est un romantique dans l’âme. Cette faiblesse le mènera à sa perte, l’italienne doit réajuster certains points en temps voulu. La directrice continue son interrogatoire pour trouver la faille dans ce tableau bien trop féérique à son gout. Mariage parfait ne veut pas dire mariage heureux. « Je vais finir par être vexée : vous semblez vous intéresser plus à mon union qu’à mes photos. » Eliana laisse échanger un léger rire de ses lèvres carmin. Elle en a que faire de vexer la jeune demoiselle. « Nous nous sommes rencontrés juste après le nouvel an, dans une soirée organisée par des amis communs. J’ai discuté avec lui toute la soirée et lorsque j’ai voulu rentrer, il a appelé un taxi et m’a raccompagnée jusque chez moi, sans chercher à monter pour un dernier verre. Je me suis dit que tous les gentlemen n’étaient pas encore morts, finalement. » Juste après le nouvel an, cela fait donc moins d’un an qu’ils se fréquentent si elle comprend bien. Depuis quand deux jeunes gens se marient si tôt et surtout dans un pays tel que l’Australie ? C’est vraiment précipité et suspect. « Votre époux a-t-il un défaut au final ? » qu’elle s’en amuse. « Mais si vous voulez avoir droit à une question de plus, il faudra mettre la main au portefeuille. » Sourire espiègle sur les lèvres, Megan montre ses talents de négociatrice. Malgré l’histoire trop parfaite de son mariage avec Damon, la directrice apprécie quelques aspects de sa personnalité. Eliana aurait bien acheté un cliché de son enfant, mais ce geste peut paraître trop suspect. Elle contient cette envie qui la démange de l'intérieur. A la place, elle sort une carte de visite. « Malheureusement, mon temps en ces lieux est limité. » Elle répond avec un mince sourire. « Cependant notre conversation a été intéressante. » Simple politesse. « Nous pourrons continuer à parler de vos photographies prochainement. Certains de vos clichés ont attiré mon attention. » Elle omet volontairement de dire lesquels, vaguant sur son mystère. « Avez-vous une carte de visite, que nous échangeons nos contacts ? » Elle tend la sienne en direction de la jolie blonde dans l’attente d’une réponse. Elle compte bien garder Megan à proximité.

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Megan Monroe & @Eliana Ferragni

« Quel grand romantique. » Elle ne croit pas si bien dire, Eliana. Je suis sûre que c’en est un, de grand romantique, mon fiancé. Il m’a lui même dit que si tout ça avait été vrai plutôt que monté de toute pièce, c’est certainement ce qu’il se serait passé. Il aurait pleuré en mettant un genou à terre. Il aurait fait la demande la plus romantique du monde, parce qu’il est fleur bleue autant qu’il est sensible.

La discussion ressemble de plus en plus à un interrogatoire et, ce faisant, je reste sur la défensive. Qui est-elle, cette inconnue qui s’intéresse à ma vie privée avec une curiosité aussi désagréable que profondément malpolie ? Ne fait-elle pourtant pas partie d’une classe sociale ou chacun ne se soucie que de lui-même et de ce qui tourne autour de son petit nombril ? Plus le temps passe, plus je suis persuadée qu’elle n’achètera aucune photo et qu’elle est là pour une toute autre raison : elle manque de subtilité. Elle n’a l’âme ni d’une actrice, ni d’une détective puisqu’à arriver avec ses grands souliers, elle crame sa couverture. Qui a-t-il dessous ? Je l’ignore. Mais je flaire le danger et cela ne me plaît guère. « Votre époux a-t-il un défaut au final ? » J’esquisse un sourire. « Dois-je vous expliquer la définition du mot parfait ? » Elle se montre condescendante depuis le début de notre conversation, je lui montre donc que je peux en faire de même.

« Malheureusement, mon temps en ces lieux est limité. » Hum. Son attitude me confirme une chose : elle n’a jamais eu l’intention de mettre la main au portefeuille. A ma connaissance, elle n’a même pas parcouru toute la galerie pour observer les photos des uns et des autres : c’est directement dans ma direction qu’elle a foncé. « Quel dommage. » L’hypocrisie aussi, je peux l’imiter. Même si je déteste l’être, même si dans ma bouche, c’est tout sauf naturel. J’ai assez observé Elise Williams ces derniers mois pour estimer que j’ai eu un bon professeur, cependant. « Cependant notre conversation a été intéressante. Nous pourrons continuer à parler de vos photographies prochainement. Certains de vos clichés ont attiré mon attention. » Je ne tente pas de deviner lesquels : elle n’achète pas. Pourtant, il me semble évident qu’elle se douche à l’or liquide et qu’elle mange dans des couverts en argent. Elle a les moyens de débourser la somme dérisoire qui suffit pourtant à acquérir plusieurs clichés, dans ce genre de modeste exposition. « Avez-vous une carte de visite, que nous échangions nos contacts ? » Elle me tend la sienne, et si je l’accepte, ce n’est que temporaire : en effet, je sors de mon sac à main un stylo que j’utilise pour griffonner mon numéro sur ladite carte, que je lui rends. « Je n’ai pas pour habitude d’harceler mes potentiels clients. Je n’en ferai rien. » Et j’ai trop l’esprit de contradiction pour lui donner satisfaction. « Mais c’est ma ligne directe que j’ai notée. N’hésitez pas, si vous avez la moindre question. » Je lui adresse un clin d'œil, avant de ranger le stylo et de m’éclipser, non sans lui avoir adressé quelques derniers mots. « Profitez du vin. A bientôt, peut-être. » J’ignore s’il convient cependant de réellement le souhaiter.

RP terminé