Un week-end. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu un week-end pour elle. Mais elle a accepté, après avoir bataillé contre elle-même, que Ash garde leur fille tout le week-end. C'était un test, en quelque sorte. Et elle espère qu'elle ne va pas regretter de lui avoir confié la petite. Bien sûr, partir sans sa fille, ne pas l'avoir durant tout le week-end, ça a été dur. Elle n'a pas arrêté de penser à elle. Mais ça a permis à Amy de prendre un peu de temps pour elle, également. Et elle n'avait pas fait ça depuis un moment. En fait, depuis qu'elle n'est plus avec Ash. Parce qu'elle devait penser à sa grossesse. Et puis, y'a eu son accident. Ensuite, il y a eu la naissance de la petite et elle devait s'occuper d'elle. Amy ne se plaint pas. Depuis la naissance d'Abby, elle ne s'est pas plainte une seule fois. Elle assume. Elle assume le fait que ça se soit mal passé entre Ash et elle. Que ça se soit ... En fait, elle ne saurait même pas dire si c'est vraiment terminé entre eux ou bien s'il reste une étincelle d'espoir. Parfois, elle a envie de se dire que tout n'est pas terminé et que ... Et bien qu'il y a encore quelque chose de possible entre eux. Et elle finit par vite se raisonner. Et ne plus y penser. Parce qu'elle et lui, c'est juste pas possible. Elle aimerait que ça soit beau et chouette entre eux. Pour le bien de leur fille. Elle aurait aimé qu'ils soient une vraie famille. Et pas ce que ... Et bien, pas ce ce qu'elle a vécu. Mais faut croire que c'est pas possible.

Enfin, tout ça pour dire que ce week-end, elle a apprécie. De prendre du temps. Et ça faisait longtemps. Ses pensées ont peut-être été parasitées de temps à autre pour se demander comment ça se passait entre Ash et Abby. Mais sinon, c'était chouette. Vraiment. Amy ne dira pas qu'elle doit faire ça plus souvent. Mais une fois de temps à autre, pourquoi pas après tout ? Elle a rangé ses affaires. Il est temps de rentrer maintenant. Valise dans le coffre. Elle se remet en route. Direction Bayside. Elle va récupérer sa fille. A moins qu'elle laisse à sa mère le bon soin d'aller la chercher. Non. Même si elle n'a clairement pas envie d'aller chez Ash, il faut bien qu'elle y aille. Et surtout, il faut qu'elle sache si ça s'est bien passé. Y'a pas de raison. Elle n'a pas eu de sos de la part de son ex. Mais ça veut rien dire. Elle le sait bien.

Alors que ça fait une vingtaine de minutes qu'elle est partie, elle finit par voir, au loin, quelqu'un qui fait du stop. Très honnêtement, prendre des auto-stoppeurs, c'est pas trop son genre. parce que comme elle le dit si bien, on ne sait jamais sur qui on peut tomber. Mais comme elle a ralenti un peu, elle voit bien que c'est une jeune femme. Et Amy commence à se dire que si elle était à sa place, elle aimerait bien qu'on s'arrête aussi. Donc, elle finit par ralentir encore plus et se stopper sur le bas côté. "Bonjour ... Je peux vous déposer peut-être ?" Si la rouquine fait du stop, sans doute qu'elle va apprécier et qu'elle ne va pas dire non.

Ce week-end à Gold Coast avait fait un bien fou à Caitriona. Tout le stress et le manque de sommeil qu'elle avait accumulé ces dernières semaines avait considérablement diminué, et maintenant l'irlandaise se sentait d'attaque à reprendre le boulot dès le lendemain. Sans surprise, puisque la jeune femme savait à l'avance qu'elle dépenserait sans compter pendant ses trois jours de pause, Cait s'était fait plaisir. Quelques heures à se faire chouchouter dans un spa, une longue séance de shopping, de longs moments de farniente sur la plage ou au bord de la piscine de son hôtel. Un bon bouquin, la découverte d'une série télé qui l'avait rendue accro... Plein de choses qui l'avaient aidé à décrocher, à oublier le boulot juste pour un moment. Chose qu'elle n'arrivait que difficilement à faire d'ordinaire. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, la jeune femme était maintenant en train de refaire son sac à dos, au calme dans sa luxueuse chambre d'hôtel. Le départ était prévu dans un peu plus d'une heure, et il était prévu qu'elle rejoigne son covoitureur sur le parking qui bordait le parc boisé d'à côté. Tout se passait comme sur des roulettes, et la tension qui l'animait si souvent d'ordinaire semblait avoir mis les voiles. L'irlandaise se sentait bien, calme et reposée. Et puis, son téléphone portable avait vibré sur les draps. Quand Cait avait pris connaissance du message qui s'affichait sur l'écran, elle avait déchanté. "Votre voyage a été annulé par l'organisateur." Le coeur battant, elle avait ouvert l'application pour découvrir que ce n'était pas une blague, et que son covoiturage, son ticket pour rentrer à Brisbane, venait d'être annulé par celui qui le lui avait proposé, sans la moindre explication de surcroît.
"Mais c'est une blague!"
Tout les bienfaits de son petit séjour à Gold Coast balayés en une notification. L'interne s'était laissée tomber sur le matelas, sonnée. Elle avait prit un court instant pour accueillir le découragement, avant de le chasser de son esprit pour commencer à pianoter furieusement sur son téléphone. Il fallait absolument qu'elle trouve un moyen de rentrer à Brisbane, et plus le temps passait, plus les chances d'arriver dans les temps chez elle s'amenuisaient. Concentrée, elle avait parcouru la fameuse application en long en large et en travers, dans l'espoir de trouver une autre course. Sans succès. Puis elle avait cherché un bus, un train qui pourrait la rapprocher à défaut de l'emmener à bon port. En vain, les horaires proposés ne convenaient pas... La jeune femme avait ensuite envisagé un taxi, elle avait contacté plusieurs numéros, mais face aux prix exorbitants annoncés pour sa demande, elle avait fini par laisser tomber. Elle n'était pas prête à payer autant pour une simple course en taxi, et de toute façon après ce week-end de folie, elle n'avait plus grand chose dans les poches. Ses options s'envolaient les unes après les autres, et Cait commençait sérieusement à désespérer. Jina n'était pas à Brisbane ce week-end, sinon l'irlandaise l'aurait traînée à sa suite, donc ça ne servait à rien de l'appeler pour qu'elle vienne la récupérer. Ensuite, la jeune femme avait songé à appeler Charlie, mais leur relation nouvelle était encore trop fragile, par rapport à ce qu'elle avait été, pour que la rousse ose lui demander de faire le taxi. Finnley? Non. Archie? Il lui en devait toujours une depuis l'épisode du bar... Un instant, elle s'était laissée séduire par cette idée... Avant de l'abandonner, comme toutes les autres. Le souvenir de la drague lourde de ce dernier avait refroidi la jeune femme, elle n'était pas encore assez désespérée pour faire appel à lui. Soupirant, elle avait refermé sa valise. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire: lever le pouce, et espérer qu'une bonne âme passe dans le coin et accepte de la prendre en stop.

Du stop, Cait en avait déjà fait. Plusieurs fois même, parfois sur de longs trajets. La jeune femme ne savait que trop bien que c'était une histoire de chance, se trouver au bon endroit au bon moment. Parfois, ça avait été très rapide, l'affaire de quelques minutes. D'autres fois, elle avait marché pendant des heures avant que quelqu'un ne daigne s'arrêter à sa hauteur. Cette fois-ci, elle n'avait marché qu'une grosse demi-heure, avec son énorme sac sur le dos, avant que qu'une voiture ne ralentisse près d'elle.
"Bonjour ... Je peux vous déposer peut-être ?"
Fenêtre ouverte, la voix charitable appartenait à une jeune femme blonde, qui la fixait depuis l'habitacle. Elle devait avoir à peu près son âge, si on admettait que Cait, avec ses traits enfantins, ressemblait à une gamine d'à peine vingt ans. Quand on savait que l'irlandaise était plus proche des trente ans que des vingt, il y avait de quoi rire.
"Bonjour. C'est très gentil de votre part... Je ne sais pas si nous allons au même endroit, mais même si vous ne pouvez m'emmener que jusqu'à la prochaine ville ce serait déjà ça de gagné..."
La rousse n'espérait pas trouver quelqu'un qui l'a ramènerait jusqu'à Brisbane d'une traite. Généralement, les voyages en stop étaient fait de plusieurs petits trajets, effectués avec plusieurs personnes différentes. Elle n'avait expérimenté que cela, lors de ses précédents voyages. Heureusement qu'elle avait passé le week-end à Gold Coast, et pas à l'autre bout du pays...
"Je rentre chez moi, à Brisbane. C'est sur votre route? "
La conductrice avait arrêté sa voiture à sa hauteur, mais rien n'était gagné d'avance. Si les deux femmes n'allaient pas dans la même direction, tout se terminerait maintenant, et Cait n'aurait plus qu'à recommencer à marcher.

Garce Amy ? Ca dépend avec qui. Ca aurait été Ash, là, sur le rebord de la route, y'a quelques mois, oui, elle l'aurait laissé sans aucune hésitation. Elle n'aurait même pas pris le temps de s'arrêter pour savoir s'il a besoin d'aide ou quoi que ce soit dans le genre. Là, oui, elle s'est arrêtée pour la jeune femme. Peut-être parce que ... Et bien, parce qu'elle aimerait qu'on s'arrête si elle était dans la même situation. Et puis, c'est une femme. C'est pas comme si elle allait l'agresser, non ? Sait-on jamais comme on le dit si bien. Mais oui. Elle s'est arrêtée sur le bas côté. Elle a baissé la vitre pour pouvoir lui parler.

Aussitôt, ou presque, l'inconnue la remercie de sa gentille. Ce qui fait sourire Amy. "Y'a pas de mal. J'allais pas vous laisser sur le rebord de la route. Faut s'entraider entre filles." Oui, bon, elle ne dira sans doute plus ça si jamais la rousse sort un couteau ou un flingue et qu'elle braque Amy. Est-ce que ... Est-ce que Amy se serait arrêtée si elle avait eu Abby ? Pas certaine qu'elle aurait pris le risque de mettre sa fille en danger. Non. C'est dommage. Mais en étant toute seule, Amy a la possibilité de faire plus de choses. Quand elle est avec sa fille, elle a toujours peur qu'il arrive quelque chose. Et c'est normal. Sa fille, c'est sa princesse. Même si elle est en mauvais terme avec Ash et qu'elle a souvent dit qu'elle regrettait qu'il l'ait foutue en cloque, depuis qu'elle a sa fille, elle ne s'en séparerait pour rien au monde. C'est pour ça que la confier à Ash de temps à autre, c'est dur. C'est très dur pour elle. Un jour ou l'autre, avec un peu de chance, ça sera plus facile. Ou pas. Parce qu'elle est loin de se douter de ce qu'il se passe entre Ash et Tessa. Mais ça, c'est une autre histoire.

L'inconnue lui indique rentrer chez elle. Enfin, elle essaie de le faire. Sur Brisbane. "Vous avez de la chance ! Je rentre également sur Brisbane." Elle lui offre un sourire. "Venez, montez." Amy attrape juste son sac à main et sa bouteille d'eau qu'elle met derrière son siège pour que la jeune femme puisse grimper dans la voiture et qu'elles puissent se remettre en route. "Vous voulez peut-être mettre vos affaires dans le coffre ou à l'arrière ?" Comme elle souhaite. Pour Amy, ça n'a pas d'importance. Elles feront ce qui est le plus simple pour l'auto-stoppeuse. "Au fait, je m'appelle Amy." Autant se présenter comme elles vont faire un bout de route ensemble.

La blonde dans la voiture avait souri quand l'irlandaise l'avait remerciée de sa proposition. C'était tout naturel, mais la jeune conductrice semblait avoir apprécié. Cait venait de marquer des points, alors avec un peu de chance, peut-être que l'inconnue accepterait de l'avancer un petit peu, même si ce n'était pas sur sa route? Ensuite, il lui resterait à trouver d'autres âmes charitables pour la ramener jusqu'à Brisbane. Peut importe le quartier, elle ne serait pas trop difficile. Après elle n'aurait qu'à marcher un peu, elle le faisait tout le temps, ça ne la tuerait pas. "Y'a pas de mal. J'allais pas vous laisser sur le rebord de la route. Faut s'entraider entre filles." Cait lui avait adressé un sourire timide. Elle enviait presque la confiance qu'accordait la conductrice à une totale inconnue. La jeune femme n'était pas sûre qu'elle aurait fait la même chose, et ce même si elle voyageait régulièrement en faisant du stop. "Vous auriez pu passer votre chemin... Je pourrais être une psychopathe, même en étant une fille." S'apercevant qu'elle avait certainement parlé trop vite, et qu'elle pourrait faire fuir la jeune femme en pensant à voix haute, l'irlandaise avait levé les mains en signe de paix. "Promis, je plaisante. Je vous laisse fouiller mon sac si ça peut vous rassurer." Elle n'avait rien à cacher, et si ça pouvait rassurer sa sauveuse, elle se prêterait bien volontiers à une fouille de ses affaires. En attendant, elle avait confié à la conductrice son souhait de rentrer à Brisbane, et elle espérait silencieusement que ce soit au moins un peu sur sa route. "Vous avez de la chance ! Je rentre également sur Brisbane." Coup de bol. Nouveau sourire de la part de la blonde qui lui faisait face. Plus le temps passait, plus cette dernière lui paraissait sympathique. Néanmoins, Cait avait beau aimer la gentillesse, elle allait vite se sentir oppressée si la conductrice continuait à se montrer aussi bienveillante envers elle. Et elle n'avait pas envie de paraître ingrate, surtout face à un acte aussi désintéressé. "Venez, montez." La conductrice avait enlevé son sac de la place à l'avant pour faire de la place à l'irlandaise. "Vous voulez peut-être mettre vos affaires dans le coffre ou à l'arrière ?" Caitriona avait secoué la tête. "Oh, peu importe. Mais mon sac est assez gros, alors peut-être plutôt dans le coffre, si vous avez la place." Après tout, peut-être qu'elle aussi revenait de weekend, et peut-être qu'il n'y avait pas tant de place que ça dans ledit coffre. Après vérification, il n'était pas si encombré que ça, et la rousse avait pu y ranger son sac. Puis elle avait regagné l'avant, où elle avait bouclé sa ceinture. "Merci beaucoup. Je commençais à avoir mal aux pieds, vous êtes tombée à pic." Elle aurait pu marcher encore un peu, mais avec ses chaussures actuelles, la jeune femme aurait récupéré une collection d'ampoules. "Au fait, je m'appelle Amy." "Je m'appelle Caitriona. Mais généralement on abrège en Cait." c'était plus simple pour tout le monde, puisque la mode était bien souvent au surnom. Peut-être qu'Amy en était un aussi, de surnom, qui sait? Un léger silence s'était installé. L'irlandaise en avait profité pour regarder autour d'elle, avisant le siège auto à l'arrière. Poussée par sa curiosité maladive, elle n'avait pas pu s'empêcher de poser une question un peu intrusive. "Vous avez des enfants? Ou peut-être que vous travaillez avec des enfants?" Dans tous les cas, Cait était soulagée que le bambin qui occupait habituellement son siège ne soit pas là, à la dévisager de ses grands yeux innocents, s'il était en âge de le faire. Quitte à faire un trajet en voiture avec une presque inconnue, la rousse préférait que ce soit sans mioche à l'arrière. Même si c'était un gentil mioche. Peu désireuse de se faire mettre à la porte par l'âme charitable qui l'avait ramassée sur le bord de la route, elle avait rectifié le tir. "Enfin, c'était peut-être une question un peu trop personnelle. Je voulais pas être indiscrète." Dans tous les cas, Caitriona avait la fâcheuse habitude de mettre les pieds dans le plat, le plus souvent quand il ne fallait pas.

Il est vrai qu'elle aurait pu passer son chemin. Il est vrai qu'elle aurait pu ne pas s'arrêter. Et continuer sa route, tout simplement. Mais elle n'en a rien fait. Pourquoi ? Simplement parce que c'était la bonne chose à faire. La seule chose à faire selon la jeune femme. Et puis, elle s'en serait voulue de ne pas s'être arrêtée, d'autant plus s'il était arrivé quelque chose à l'auto-stoppeuse. Si ça se trouve, ça aurait pu apparaître d'ici à quelques jours dans les faits divers. Donc, autant éviter. "C'est vrai. J'aurais pu. Mais j'me dis que si c'était moi qui m'étais retrouvée à devoir faire du stop, j'aurais aimé que quelqu'un s'arrête." Elle a un hochement de la tête. "J'prends le risque que vous soyez une psychopathe. Mais j'ai fait du judo. Pendant pas mal d'années. Donc, je sais me défendre." En cas de besoin. Oh que oui. Si jamais la jeune femme la cherche, c'est clair qu'elle va la trouver. Elle propose de la laisser fouiller son sac, si ça peut la rassurer. "Ca va aller, merci." Amy n'a pas besoin de faire ça. Non. Elle aimerait pouvoir rentrer au plus vite à la maison. Pour pouvoir retrouver son bébé. C'est tout ce qui compte. Sa fille lui manque. Elle a envie de la prendre dans ses bras. Certes, elle l'a laissée juste pour le week-end. Mais ça lui fait trop bizarre de ne pas être avec elle. Et c'est toujours compliqué quand elle doit la confier à Ash. Enfin, d'ici à quelques mois, ça sera plus un problème puisque Ash ne sera plus dans le décor. Mais c'est une autre histoire.

Amy lui propose de mettre son sac dans le coffre ou à l'arrière. Comme elle veut. "Ca devrait tenir dans le coffre je pense." La jeune maman se détache, non sans avoir pris soin d'ouvrir le coffre de la voiture. Elles regardent le coffre. Elles n'auront pas à jouer à tétris. Le coffre de la voiture est assez grand. D'ailleurs, elle a bien fait de changer de voiture et de ne pas garder celle que Ash lui avait acheté. Elle était trop petite au final. "Et bien, c'est parfait tout ça." Elle a un hochement de la tête. Elles s'installent. Toutes les deux. La jeune femme la remercie. "Y'a pas de quoi. Et puis, c'est pas comme si j'allais pas dans la même direction." Elle ne rentrerait pas sur Brisbane, oui, ça serait ... ça serait différent. Elle se serait pas arrêtée. Parce qu'elle veut bien avoir la main sur le coeur et aider son prochain, faire demi-tour pour ramener quelqu'un, non. Là, c'est sur sa route. Elles vont au même endroit. Donc, elle pourra la déposer en ville et elle pourra ensuite prendre un bus ou quoi que ce soit dans le genre.

Amy se présente. Elle en fait de même. Caitriona. Ou Cait. "Enchantée." Même si ça aurait été mieux en de meilleures circonstances. Amy se met en route. Elle redémarre et hop, les voilà donc parties. Cait' en profite pour lui poser une question. "J'ai eu travaillé en tant que baby-sitter mais j'avais pas de voiture en ce temps là." Non. Elle avait ses petites jambes. Ou bien un vélo à dire vrai. "J'ai une fille. Et non. C'était pas indiscret." Elle secoue la tête. En même temps, Amy aurait été à la place de Cait', sans doute qu'elle aurait posé la question, elle aussi. "Et vous ? Des enfants ? Enfin, on peut peut-être se tutoyer ?" D'autant qu'elle a pas l'air d'être bien plus vieille qu'elle.

La jeune femme blonde n'avait pas peur. Du tout. Cait admirait cette capacité à faire confiance à n'importe qui, puisqu'elle même en était généralement incapable. Encore plus si la personne qu'elle avait ramassé sur le bord de la route avait émis l'idée qu'elle pouvait être une psychopathe. Mais bizarrement, ça n'avait pas eu l'air de déranger son ange gardien. "C'est vrai. J'aurais pu. Mais j'me dis que si c'était moi qui m'étais retrouvée à devoir faire du stop, j'aurais aimé que quelqu'un s'arrête." La rousse comprenait le raisonnement, et elle était bien contente que la jeune femme ait eu la gentillesse de s'arrêter pour la prendre en stop. "J'prends le risque que vous soyez une psychopathe. Mais j'ai fait du judo. Pendant pas mal d'années. Donc, je sais me défendre." Cette fois, le commentaire avait fait sourire Caitriona. Si la blonde pourrait créer quelques difficultés à l'irlandaise en cas de confrontation, elle ne s'attendait certainement pas à ce que son adversaire puisse répliquer. Et Cait en était parfaitement capable, en tant qu'accro aux sports de combat en tout genre. Heureusement, il n'était pas prévu que les deux jeunes femmes s'affrontent. Aussi, pour éviter tout malaise, la rousse s'était abstenu de tout commentaire qui aurait pu paraître vaguement menaçant, préférant demander à la blonde si elle voulait qu'elle ouvre son sac pour lui en montrer le contenu. "Ça va aller, merci." L'irlandaise avait haussé les épaules. C'était comme la blonde voulait. Après discussion, il avait été convenu que le sac de la rousse finirait dans le coffre, et une fois qu'il avait été rangé, les deux jeunes femmes étaient revenues d'installer à l'avant de la voiture. Une fois attachée, Cait en avait profité pour remercier l'autre jeune femme de sa gentillesse. "Y'a pas de quoi. Et puis, c'est pas comme si j'allais pas dans la même direction." Sur ce coup, l'irlandaise avait vraiment eu beaucoup de chance. De la chance dans sa malchance, en tout cas. La conversation avait prit une tournure normale, les deux se présentant à tour de rôle. Ainsi, son ange gardien s'appelait Amy. C'était court, c'était simple, et ça lui allait bien. "Enchantée." "De même." Les présentations faites, Cait avait laissé son regard vagabonder, et au bout de quelques secondes, ses yeux avaient rencontré un siège bébé, et sa curiosité avait pris le dessus. "Vous avez des enfants? Ou peut-être que vous travaillez avec des enfants?" La jeune femme n'avait pas réfléchi avant de parler, se rendant compte un peu tard que sa question était peut-être un peu trop intrusive. Cait s'était réprimandée mentalement. Tu cherches à rentrer à pied ou quoi? Heureusement, Amy avait répondu rapidement, et l'irlandaise avait retenu un soupir de soulagement en entendant sa réponse. "J'ai travaillé en tant que baby-sitter mais j'avais pas de voiture en ce temps là. J'ai une fille. Et non. C'était pas indiscret." Il fallait absolument que la rousse réfléchisse plus avant de parler. Il ne fallait pas froisser son ange gardien, qui avait été d'une gentillesse sans bornes jusque là. "Et vous ? Des enfants ? Enfin, on peut peut-être se tutoyer ?" Grimaçant face à la question, Cait avait été soulagée qu'Amy ne la regarde pas à ce moment précis, concentrée sur la route. Les enfants étaient toujours un sujet sensible pour elle, qui les supportait si peu qu'elle fuyait autant que possible le service de pédiatrie de l'hôpital. Mais ça, Amy n'était pas obligée de le savoir. "Le tutoiement me va. En ce qui concerne les enfants, je n'en ai pas pour le moment, non. Je travaille trop pour pouvoir ne serait-ce qu'y songer. Et puis, je n'ai pas trouvé la personne avec qui aborder le sujet." Avec moins de pincettes, Cait aurait pu dire que les mioches lui fichaient la trouille, et qu'elle préférait mille fois ses coups d'un soir à l'idée d'une relation sérieuse. Mais ce n'était pas forcément la chose à dire à une mère. Surtout qu'Amy paraissait avoir plus ou moins son âge, donc probablement pas encore lassée des joies de la maternité. "Je travaille à l'hôpital. Pour le moment, rien d'autre ne compte." Et c'était la pure vérité. presque rien d'autre n'avait d'importance dans sa vie en ce moment. Une vie qui se résumait à son boulot, ses chats, ses quelques amis, ses entraînements en tout genre, et ses coups d'un soir. Pas le temps de s'ennuyer... "Vous faites quoi maintenant si vous faites plus de baby-sitting? Et votre petite puce, elle a quel âge? Vous arrivez à concilier les deux?" Cait était curieuse, et elle était certaine qu'Amy serait plus que ravie de parler de sa fille. Elle avait vu passer des étoiles dans ses yeux quand elle en avait parlé un peu plus tôt.

Si elle avait eu sa fille ? Peut-être que les choses ne se seraient pas produites de la même façon. Parce que Amy est ultra protectrice avec Abby. Elle n'a pas envie qu'il lui arrive quelque chose. Aider quelqu'un, ok. Mais pas si elle doit risquer la vie de sa fille. Et si ça avait été un auto-stoppeur ? Non. Elle ne se serait sans doute pas arrêtée. M'enfin, le principal, c'est qu'elle ait pu ... Et bien, c'est qu'elle se soit arrêtée. Et Caitriona va pouvoir rentrer chez elle. Et qui aurait cru qu'elles allaient dans la même direction ? Le monde est petit comme on dit. Autant la ramener et ne pas la laisser dans la merde, non ?

Elles se présentent. Et Amy remet sa voiture en route. Directement Brisbane donc. Où elles en profitent pour papoter un peu. Elle se montre curieuse Cait'. Mais Amy en aurait fait sans doute de même. Elle ne va pas s'empêcher de lui poser quelques questions, c'est certain. C'est comme ça qu'on fait connaissance et surtout qu'on se trouve des nouveaux amis, non ? La rouquine n'a pas d'enfants. En même temps, elle semble jeune. Amy doit être plus jeune qu'elle mais elle a déjà une petite fille. C'est ... oui, c'était pas prévu, c'était pas dans le programme. C'était même pas envisable à dire vrai. Mais c'est arrivé. Et maintenant, elle fait avec. Elle n'est pas malheureuse. C'est juste qu'elle ne pensait pas ... qu'elle ne pensait pas vraiment qu'elle ferait ça sans Ash. Elle pensait qu'ils seraient tous les deux. Mais elle s'est bien plantée. "Tu sais, j'étais focus aussi sur mon travail. Et ma relation avec mon copain. On avait parlé d'enfants et on avait convenu d'un accord que ça serait pas pour tout de suite." Elle se souvient de cette discussion qu'elle a pu avoir avec Ash. Ils étaient au restaurant. Ils parlaient de tout. De rien. Et puis, ils en sont venus à évoquer les enfants. Et oui, c'était ... c'était pas question d'avoir des enfants tout de suite. "On a pas toujours ce qu'on veut dans la vie." C'est vrai. Moralité, faut faire gaffe. On l'y reprendra pas à deux fois. Après, pour le moment, elle ne sort pas beaucoup Amy. Elle se concentre sur sa fille. Donc, elle n'est pas prête à se faire avoir, si on peut dire ça ainsi. Ca ne veut pas dire pour autant qu'elle va devenir nonne ou une connerie du genre. Mais oui, ça sera pas de sitôt, c'est certain.

Caitriona bosse à l'hôpital. "En tant que médecin ? Infirmière ?" L'un comme l'autre, elle trouve que c'est un boulot formidable. Amy n'aurait jamais eu le courage de faire d'aussi longues études pour faire ce genre de job. "J'travaille pour le service des urgences en tant que téléopératrice. J'redirige les ambulances, les pompiers ou les flics ici ou là." A sa manière, elle sauve des vies. "Comme t'es à l'hôpital, t'as forcément dû intervenir sur des victimes de certains de mes appels." Ca doit être possible. Est-ce que c'est un boulot qu'elle aime ? Bien sûr. Après, Amy ne sait pas encore si c'est un boulot pour toute une vie. Mais c'est un boulot qu'elle va faire encore pendant un moment, c'est certain. "Elle a eu un an y'a quelques jours." Elle a fait quelque chose. Même si elle sait très bien que Abby ne s'en souviendra pas. Non. "Et j'ai de l'aide. Ma mère est une mamie gateau. Et puis, ce qui est bien, c'est qu'à mon boulot, les locaux sont assez grands. Et le patron a fait faire une garderie pour les enfants des employés." Elle a un sourire. "Donc ça l'fait." Et quand elle a un petit coup de blues, Amy a toujours la possibilité d'aller la voir. Et ça, c'est chouette.

Elle est curieuse, Cait, et c'est pour cela qu'elle s'était permise de poser un tas de questions à la jolie blonde, des questions très personnelles pour certaines. Heureusement, la jeune femme n'avait pas paru s'en offusquer, tant mieux pour la rouquine. Mais puisque les sujets personnels étaient de sortie, quand Amy avait proposé le tutoiement, l'irlandaise avait accepté, peut être que ça semblerait moins bizarre comme ça. Répondant à une question de sa sauveuse, sans évoquer son malaise par rapport aux enfants, elle avait laissé entendre qu'elle travaillait trop pour y penser, et que de toute façon, elle n'avait personne pour en parler. Et ça lui convenait parfaitement pour l'instant. "Tu sais, j'étais focus aussi sur mon travail. Et ma relation avec mon copain. On avait parlé d'enfants et on avait convenu d'un accord que ça serait pas pour tout de suite. On a pas toujours ce qu'on veut dans la vie." Caitriona avait pris ça comme un avertissement. Ou plutôt, comme une mise en garde bienveillante. Et même si elle était certaine de ne pas en avoir besoin, elle avait noté la recommandation dans un coin de sa tête. Peut-être qu'un jour, cette pensée surgirait au besoin.

Alors que le paysage défilait par la fenêtre, Caitriona avait laissé entendre qu'elle bossait à l'hôpital, et ça avait déclenché une vague de curiosité chez la conductrice. "En tant que médecin ? Infirmière ?" Fière de son parcours, la rousse n'avait pas attendu plus de deux secondes avant de répondre. "Je suis interne en chirurgie." Et elle brûlait d'impatience de vivre le jour où elle pourrait enfin abandonner le titre d'interne pour quelque chose de plus grand. La suite logique de sa carrière. "J'travaille pour le service des urgences en tant que téléopératrice. J'redirige les ambulances, les pompiers ou les flics ici ou là. Comme t'es à l'hôpital, t'as forcément dû intervenir sur des victimes de certains de mes appels." Oui, forcément. Mais on ne les mets jamais en relation, malheureusement. Jamais les médecins, le personnel de l'hôpital, ne sait qui envoie certaines ambulances, alors que ce sont de vraies personnes, comme Amy. "C'est obligé oui. D'ailleurs je trouve dommage qu'on est pas plus de liens, après tout, nos métiers se complètent." Ce qui était sûr, c'est que maintenant, elle aurait une pensée pour Amy sur certains cas. Toujours aussi curieuse, la rousse avait enchaîné sur le sujet concernant la fille de sa conductrice. Quel âge avait la petite, comment est-ce qu'elle arrivait à concilier son boulot et sa fille. "Elle a eu un an y'a quelques jours. Et j'ai de l'aide. Ma mère est une mamie gateau. Et puis, ce qui est bien, c'est qu'à mon boulot, les locaux sont assez grands. Et le patron a fait faire une garderie pour les enfants des employés. Donc ça l'fait." La blonde lui avait ensuite adressé un grand sourire. Il y avait aussi quelque chose comme ça, à l'hôpital. Une garderie, pour les mômes des employés. Caitriona trouvait ça pratique, ça permettait à certains de ses collègues de pouvoir bosser normalement, sans avoir leur mioche dans les pattes. Ça ne pouvait qu'être bien, une garderie. "Elle est toute jeune encore... C'est cool que ta mère ne soit pas trop loin. La mienne est à plusieurs heures, et je n'ai pas beaucoup de famille dans les parages." Elle n'avait que Kieran, en réalité, et lui ignorait totalement le lien qui les unissait. Pour l'instant du moins. Cait avait secoué la tête. De toute façon, la question ne se posait même pas, puisque Cait était très loin de bouillir d'envie d'une maternité. Au contraire. Dehors, la route défilait toujours à toute allure. Le silence qui s'était installé par la suite était presque confortable. L'irlandaise ne se sentait pas mal à l'aise en compagnie de la blonde, qu'elle ne connaissait que depuis très peu de temps, pourtant. Mais il y avait dans son caractère, dans ce qu'elle dégageait, quelque chose de rassurant. Le côté maternel, peut-être. Cait n'en savait trop rien.

Abby n'était pas prévue. Non. Avec Ash, ils avaient évoqué le sujet. Et ils avaient convenu d'un commun accord que c'était trop tôt dans leur relation. Que ce n'était pas le moment. Et qu'ils auraient tout le loisir d'avoir des enfants plus tard. Au besoin. Seulement, la vie en a décidé autrement. Non, elle ne regrette pas ce qui s'est passé. Mais peut-être que c'est ce qui a provoqué la fin de leur couple. Sans doute d'ailleurs. Parce qu'ils n'étaient pas prêts pour ça. Et ça les a foutu en l'air. Alors, bien sûr, avoir sa fille, c'est quelque chose de merveilleux. Parce que Amy l'aime. Mais si elle pouvait faire les choses autrement, pas sûre qu'elle se retrouverait avec un enfant aussi tôt dans sa vie. Elle fait avec. C'est sûr. Et peut-être qu'elle aura toujours un certain manque dans sa vie. Le manque de ne pas avoir pu profiter de tout ça avant de se mettre des responsabilités sur le tôt. Voilà pourquoi Amy met en garde Caitriona. Pas pour lui faire peur. Juste pour lui montrer que parfois, ce qu'on veut et ce qu'on a, ce sont deux choses totalement différentes.

Amy a un sifflement d'admiration mine de rien quand la rouquine lui avoue qu'elle est interne en chirurgie. "Whaaa, c'est formidable !" Elle a un hochement de la tête. "Enfin, moi je sais pas si j'aurais ce qu'il faut pour faire ce genre de boulot." Elle ne craint pas le sang. Mais de là à faire un tel job. Non. Elle aurait trop peur que quelqu'un ne décède. C'est un peu comme ce qu'elle fait actuellement. Si elle donne le mauvais conseil, les mauvaises instructions, il peut se passer quelque chose. Quelque chose de grave. Enfin, ce qu'elle en dit. Ca reste quand même deux choses qui ne sont pas du tout comparable. "En tout cas, t'as bien du courage. Chapeau." Un métier où on se dévoue à l'autre. C'est pas rien mine de rien. Pour sûr.

Sans quitter la route des yeux, la jeune maman évoque ce qu'elle fait. Comme boulot. Un boulot qui a quand même son importance, quoi qu'elle en dise. Parce qu'elle sauve des gens à sa manière. Et aussi, elle engueule les petits cons qui appellent le service pour faire des blagues. Ah, ceux là, elle aimerait pouvoir les secouer et les scalper ! "J'trouve dommage aussi. Tu dois plus souvent voir les ambulanciers ou bien les pompiers." Les flics aussi. "Après, ça arrive qu'on les voit comme ça rapidement." Mais oui. Pas de contact. Pas de lien. "C'est comme les victimes. Parfois, on aimerait bien avoir des nouvelles." Elle hoche la tête. "Mais on en a rarement." C'est la vie comme on dit.

Amy adore parler de sa fille. Et elle n'hésite pas à en parler à Caitriona. En même temps, la rouquine s'interroge. C'est normal qu'elle lui réponde, non ? Amy n'est pas sauvage. "J'en ai voulu à ma mère quand elle a décidé de suivre son nouveau copain à l'autre bout de la terre. J'étais pas très chaude à l'idée de quitter les Etats-Unis. Mais au final, j'suis pas trop mal ici." Et elle n'a jamais été autant fusionnelle avec sa mère. Et puis, ça lui a permis de reprendre contact avec son père. Donc, c'est pas une mauvaise chose en soit. Bien au contraire. "J'aurais pas mes parents et mon beau-père, j'pense que ça serait compliqué avec la petite." D'autant que c'est pas simple avec le papa. Mais ça, Amy ne va pas lui en parler.

S'arrêter pour prendre l'auto-stoppeuse, c'était pas un mauvais choix. Au contraire. Et ça lui tient compagnie en plus. Elle aurait chanté à tue-tête des chansons si elle s'était retrouvée seule. Elle aurait peut-être eu un petit coup de déprime aussi. Mais elle va bien vite retrouver sa fille et elle sera bien contente de pouvoir la prendre dans ses bras. Et de la câliner. La cajoler. Les paysages défilent et bien vite, c'est la ville de Brisbane qui se dessine bientôt sous leurs yeux. "Tu veux que je te dépose quelque part en particulier ?" Jusqu'à chez elle, ça dérangerait pas forcément Amy.

Les sujets de conversation s'enchaînent, facilement. Jamais Caitriona aurait pensé pouvoir converser si facilement avec une inconnu. Tout restait fluide, il n'y avait pas de silences gênants... C'était agréable. La gentillesse naturelle d'Amy avait réussi à la mettre en confiance rapidement, ce qui avait rendu agréable le trajet jusqu'à Brisbane. La rousse avait l'habitude de ce genre de trajets en covoiturage, et ce n'était pas le plus long qu'elle ait fait avec un inconnu, mais aussi loin qu'elle s'en souvienne, celui-ci était le plus agréable. Quand les deux jeunes femmes avaient évoqué leurs boulots respectifs, elles s'étaient rendues compte qu'elles travaillent en parallèle, en complémentaire, sans même le savoir. Et que c'était bien dommage. "J'trouve dommage aussi. Tu dois plus souvent voir les ambulanciers ou bien les pompiers. Après, ça arrive qu'on les voit comme ça rapidement. C'est comme les victimes. Parfois, on aimerait bien avoir des nouvelles. Mais on en a rarement." Evidemment, Amy avait raison, la plupart du temps, aux urgences ils voyaient plutôt les ambulances, les camions de pompiers, parfois des voitures civiles pour quelques courageux ou malchanceux. Mais le fait est que jamais ils ne savaient qui les avaient envoyés jusqu'à l'hôpital. Et même si elle paraissait un peu résignée par rapport à ça, la blonde semblait peinée. Dans un coin de sa tête, l'irlandaise s'était promis d'appeler le centre des téléopérateurs des urgences, de temps en temps, quand elle en aurait l'occasion. Pour les remercier, et pour leur donner ces nouvelles qu'ils espéraient sûrement.  

Les deux jeunes femmes avaient ensuite parlé de la fille de la blonde, et Caitriona avait souri en voyant les yeux d'Amy s'illuminer, au fur et à mesure qu'elle lui parlait de son bébé. Elle avait beau avoir beaucoup de mal avec les enfants, l'émotion d'Amy par rapport à tout ça lui rappelait sa propre famille. La rousse lui avait dit à voix haute qu'avoir sa mère dans les parages, ça devait bien l'aider. Sa mère à elle était loin, même si c'était encore faisable. "J'en ai voulu à ma mère quand elle a décidé de suivre son nouveau copain à l'autre bout de la terre. J'étais pas très chaude à l'idée de quitter les Etats-Unis. Mais au final, j'suis pas trop mal ici." L'irlandaise avait hoché les épaules. Elle non plus n'était pas trop mal ici. Ce n'était pas le pire endroit où l'on pouvait vivre, l'Australie. Même si les paysages verdoyants et le climat plus tempéré de son Irlande natale lui manquaient parfois. "J'aurais pas mes parents et mon beau-père, j'pense que ça serait compliqué avec la petite." La rousse n'avait pas de mal à comprendre pourquoi. Elle voyait suffisamment d'enfants en bas âge à l'hôpital, pour pouvoir comprendre.

Les paysages défilent à toute allure, le temps passe, vite, très vite puisque la rousse ne s'ennuie pas. Elle est bien contente qu'Amy ait décidé de lui faire confiance et de la prendre en stop, ça lui a enlevé une bonne épine du pied, la sortant de la galère dans laquelle elle s'était mise toute seule. Au bout d'un moment, les contours de Brisbane apparaissent dans le champ de vision de l'irlandaise, et elle retient un soupir de soulagement. La journée avait tellement mal commencé, c'est un miracle que les choses se soient goupillées aussi bien pour elle. "Tu veux que je te dépose quelque part en particulier ?" L'interne avait cligné des yeux, surprise. La blonde était déjà très sympathique de l'avoir emmenée jusque là, elle ne voulait pas pousser. "J'habite sur Redcliffe, mais ne te sens pas obligée de pousser jusque là, surtout. Tu m'as déjà bien dépannée en me ramenant jusqu'à Brisbane." Oui, la blonde avait sauvé sa journée, et peut-être même son boulot, et la rousse avait l'impression que jamais elle ne pourrait se montrer assez reconnaissante. Mais elle pourrait essayer, elle n'y manquerait pas.

Prendre une inconnue en stop. Elle aurait pu tomber sur n'importe qui Amy. Sur une dingue. Une folle qui aurait cherché à l'agresser ou quoi que ce soit dans le genre. Ca peut arriver après tout. Y'a des dingues partout. Si ça avait été un mec ? Non. Elle se serait pas arrêtée. Ok, bon, elle sait se défendre en cas de besoin. Elle a fait du judo. A haut niveau quand elle était plus jeune. Mais bon. Parfois, on évite de prendre des risques comme on dit. Ouais.

Une chose est sûre. Elle discute de tout et de rien avec Caitriona. Elles ne se connaissaient pas avant que Amy prenne le temps de s'arrêter. Et sans doute qu'elles ne se seraient pas croisées si ... et bien, si elle ne s'était pas arrêtée, justement. Non, elle n'est pas niaise au point de croire que c'est le début d'une belle amitié. Mais qui sait ? Peut-être qu'elles se recroiseront. Va savoir.

Elles arrivent enfin à Brisbane. Elles sont à la maison. Bon, après, Amy doit encore faire un détour pour récupérer Abby sur Bayside. Elle a tellement envie de voir sa princesse. De la serrer dans ses bras. Et surtout, de vérifier que tout va bien. Ouais. Elle s'est quand même fait tout un film pendant ce week-end. Se demandant si Ash s'occuperait bien d'Abby. Si tout irait bien. Et tout un tas d'autres choses. Donc oui, elle a hâte de la retrouver. Après, elle peut toujours faire un détour. "C'est sur ma route, t'inquiète. J'dois aller sur Bayside récupérer ma fille." Donc, elle la déposera dans un coin. Elle va peut-être pas la raccompagner jusqu'à chez elle mais pas trop loin non plus. Parce que le quartier est grand après tout.

Encore une dizaine de minutes. Et voilà qu'elles sont sur Redcliffe. Amy s'arrête pas très loin du Jazz Club. Parce qu'après, si elle va plus loin, elle va devoir faire tout un détour. Et l'appel de sa fille commence à être plus fort que tout maintenant qu'elle est revenue de son week-end. "J'espère que ça t'ira si je te laisse ici." Elle lui offre un sourire. Et puis, y'a des bus. Ou avec un peu de chance, Caitriona n'est peut-être plus très loin de chez elle. "En tout cas, c'était chouette, tu m'as bien tenue compagnie !" Parce que la route aurait été ... ennuyeuse. Elle aurait sans doute mis la musique et chanté à tue-tête mais bon. C'est toujours plus sympa quand on peut discuter, non ? "A la prochaine !" Enfin, si elles se recroisent.