What if someone had asked Picasso not to be sad ? Never known who he was or the man he'd become there would be no blue period. Let me run with the wolves, let me do what I do. Let me show you how sadness can turn into happiness, I can turn blue into something beautiful, beautiful, beautiful like you
Lucy s’est accrochée à moi depuis que je suis rentré et je dois dire que sa présence et ses câlins sont tout aussi agréables que nécessaires pour moi aujourd’hui. Ce matin je suis passé au cimetière juste avant ma séance chez mon psychologue. C’est bientôt l'anniversaire de Victoria. Elle aurait eu trente ans cette année, encore une claque en pleine gueule pour me rappeler ô combien qu’elle était jeune quand elle est partie. Beaucoup trop jeune pour perdre la vie, encore tant de choses à vivre mais par ma faute, pas assez de temps pour réaliser tous ses rêves. Avec les préparatifs du mariage qui m’ont pris un temps fou je n’avais pas mis les pieds au cimetière depuis plusieurs mois, une nouvelle excuse pour me détester et moi m’auto-flageller. Ce n’est pas une matinée très joyeuse que j’ai passée et aller voir Victoria juste avant une séance chez mon psy a sûrement été la pire idée que j’ai eue depuis bien longtemps. Ça a rendu la séance beaucoup trop compliquée et j’en suis ressorti avec un million de questions. Est-ce que c’est normal de ressortir avec des interrogations après avoir parlé pendant cinquante minutes de nos inquiétudes et nos angoisses avec un professionnel de santé ? Il est censé m’apporter des réponses, il est censé m’aider, m’aiguiller mais je n’ai pas l’impression que ce soit le cas. Je me pose toujours beaucoup de questions et j’ai l’impression de ne pas voir le bout du tunnel. La tristesse est toujours là quelque fois et pourtant je suis heureux dans ma vie. C’est paradoxal, c’est étrange comme sensation mais finalement, peut-être que c’est assez normal ? Il y a des moments où je ne me sens pas bien, où je me sens triste, déprimé, angoissé, quelque fois il n’y a même aucune raison logique à cette thymie trop basse. Mais aujourd’hui je sais pourquoi. Aujourd’hui je sais que si je ne me sens pas bien, je sais que si je suis triste et si je me perds dans mes pensées sombres, c’est à cause de moi et encore et toujours, à cause de cet accident que j’ai causé il y a bientôt cinq ans. Je le mérite, c’est bien fait pour toi, Caleb, c’est certainement ce que vous devez vous dire. Et vous avez raison.
C’est de ma faute, alors je ne me plains pas. Je ne dis rien à ma femme. Je garde tout ça pour moi.
C’est une partie de moi que j’ai encore du mal à comprendre ; cette tristesse qui va et vient de temps en temps. J’ai tout pour être heureux dans la vie. J’ai une femme dont je suis fou amoureux, deux merveilleuses petites filles, un projet d’un nouveau bébé et le travail de mes rêves. Mais pourtant il y a toujours quelque fois cette douleur, cette culpabilité, ce fardeau que je dois continuer à supporter mais qui commence à être beaucoup trop lourd pour mes épaules. Bien souvent il me suffit de regarder Alex dans les yeux, de l’écouter parler pour réussir à rassembler assez de force pour sourire un peu. C’est elle ma force, mon pilier et c’est grâce à elle que j’ai finalement réussi à m’en sortir. Moi je le sais, je lui ai déjà dit. Plus ou moins. Mais je sais que c’est une information qu’elle a beaucoup de mal à imprimer et à retenir sérieusement. Sa présence m’apaise, ses baisers m’aident à m’évader et à lâcher prise. C’est pour elle que je fais tout ça. Que j’ai recommencé à parler de tout ça avec un psychologue. Pour elle et pour nos filles bien sûr. Elles aussi, elles m’apaisent. Elles aussi, elles sont mes piliers et pourtant elles ont à peine un an mais pour elles j’ai envie de pouvoir enfin aller mieux. Aller réellement mieux. Ne plus avoir ces petits moments de faiblesse et de tristesse.
C’est pour ça que les câlins de Lucy me font du bien aujourd’hui. L’entendre rire juste à côté de mon oreille parvient à me faire sourire et à chaque fois que je l’entends m’appeler papa j’ai l’impression que mes problèmes s’envolent, juste pendant quelques secondes. C’est court, mais ça fait un bien fou. C’est toujours avec Lucy que je suis installé sur le bord de notre lit. Elle descend de mes bras pour se balader à quatre pattes sur le lit. Je ne la quitte pas des yeux pour m’assurer qu’elle ne tombe pas et mon bras fait barrière entre son corps et le vide quand elle s’en approche un peu trop. « Maman est en train de faire un test pour savoir si tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur. » Elle me répond avec son langage de bébé qui ne veut toujours pas dire grand-chose. Elles commencent à parler tout doucement, quelques mots simples, des syllabes mais pas encore en capacité de faire de vraies phrases. « Imagine que celui-là est positif. » Cette fois c’est bien à ma femme que je m’adresse alors qu’elle ressort de la salle de bain le test en main. On doit attendre un petit instant maintenant avant d’avoir le résultat. Je sais qu’elle est plus que la réserve que moi, Alex. Elle n’est pas du genre à s’emballer et aussi incroyable soit-il c’est elle la plus raisonnable de nous deux à chaque fois qu’on évoque cette grossesse. « Maman ! Maman ! Miam. » C’est sa façon à elle de nous dire qu’elle a faim et je la prends dans mes bras, je l’embrasse sur le front, elle commence à gigoter et je sais ce que ça veut dire : dans quelques secondes/minutes, elle ne se contentera plus de bouger mais elle va pleurer, aussi. Je descends dans la salle à manger pour installer Lucy dans sa chaise haute et sort une purée de légumes que je leur ai préparé hier soir, je la réchauffe et me retourne vers Alex qui nous a suivi, toujours le test en main. « Alors ? » Je lui demande, une certaine appréhension dans la voix mais en même temps une certaine excitation qui fait briller mes yeux. J’aurais besoin qu’il soit positif aujourd’hui. Parce que j’ai vraiment hâte d’agrandir notre famille mais aussi parce que une bonne nouvelle aujourd’hui ne pourrait que me faire du bien.
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Je connais son emploi du temps, tout comme il connaît le mien. Du moins il sait quand j’ai mes rendez-vous chez ma psy et je sais quand il a ses rendez-vous, pour une question d’organisation avec nos filles avant tout mais on en a besoin tout les deux de nos séances et ce n’est pas un secret entre nous. Alors quand un peu avant midi je le vois rentrer à la maison, je n’ai pas besoin de beaucoup de temps pour réaliser qu’il n’est pas en très grande forme ce midi. Lucy doit le sentir aussi puisque quand je m’avance vers Caleb pour l’embrasser elle s’agrippe aux bras de son père pour lui faire un gros câlin. Je lui dépose Lucy dans les bras avant de caresser son bras doucement dans un geste tendre et affectueux. Je ne dis rien, je ne le questionne pas, je sais pour passer par là moi aussi que parfois tout ce dont on a besoin c’est d’un peu de temps et de notre famille surtout. C'est du moins ce dont j'ai besoin moi, me concentrer sur le présent pour oublier le passé. Me concentrer sur leur amour pour oublier à quel point je peux me détester parfois. Alors, je lui laisse du temps. Je ne lui demande même pas comment il va, je vois qu’il n’est pas en grande forme, je le laisse rentrer chez nous et profiter de sa fille quelques minutes en espérant que ça l’aidera à apaiser ce qui le tourmente et j’espère aussi que l’annonce que j’ai à lui faire l’aidera à oublier cette matinée. Je suis impatiente de lui en parler, mais j'attends quand même une dizaine de minutes avant de lui annoncer, je lui laisse profiter des câlins et des sourires de notre fille et c'est finalement après avoir fait un saut dans la chambre des filles pour m'assurer que Lena dorme encore que je retrouve Caleb et Lucy, un sourire aux lèvres. « Bébé ? » J'interpelle Caleb pour être sûr qu'il entende ce que j'ai à lui annoncer. « J’ai deux jours de retard, je t’ai attendu pour faire le test tu me rejoins en haut ? » Il est loin le temps où je paniquais quand j’avais deux jours de retard, désormais c’est avec une pointe d’espoir, contenue mais de l’espoir tout de même que je lui annonce cette nouvelle. C’est un projet que l’on a en commun, une envie qu’il a depuis longtemps maintenant et que je partage aussi désormais. J’ai envie d’être enceinte, c'est assez surprenant d'ailleurs de le dire comme ça tant ma relation avec la maternité fut difficile mais j’ai envie de lui donner un autre enfant, j’ai envie que notre famille s’agrandisse encore et j’ai envie d’y croire avec ces deux jours de retards même si je sais bien que ce n’est rien et que ça n'est pas encore certain que je sois enceinte. Mais j'ai attendu Caleb pour faire le test et maintenant qu'il est rentré, j'ai hâte de pouvoir le faire, pour réaliser si ce retard signifie le début de notre projet ou si ce n'est qu'une nouvelle fausse alerte. « Maman est en train de faire un test pour savoir si tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur. » Je l'entends parler avec Lucy alors que je n'ai pas totalement fermé la porte de notre salle de bain, j'entends Lucy jouer avec son père, rire et je sais que Caleb est un papa formidable et qu'il le sera autant avec notre futur enfant. Mais pour le moment, on est suspendu aux résultats de ce test de grossesse et je ressors de la salle de bain, le test en main. « Imagine que celui-là est positif. » Il y a déjà eu un espoir le mois dernier et je l’ai déjà vu si déçu que j’aimerais cette fois lui annoncer un sourire aux lèvres et les yeux brillants que notre rêve va prendre forme. J’en ai envie mais je reste mesurée malgré tout parce que je ne veux pas qu’il s’emballe trop au risque d’être encore plus déçu, quand il s'agit de grossesse, de bébé, Caleb a tendance à vite s'enthousiasmer. « J’aimerais beaucoup mais s’il ne l’est pas, on réessayera encore et encore, on a toute la vie pour ça. » On a encore le temps finalement, peut être pas toute la vie mais quelques années encore pour agrandir notre famille et maintenant que l’on est marié on est ensemble pour longtemps. C’est le test à la main et une petite boule à l’estomac que j’attends le résultat en regardant Caleb et Lucy. « Maman ! Maman ! Miam. » Je souris avec beaucoup de tendresse en regardant ma fille et je rigole un peu avant d’expliquer à Caleb la raison de mes rires. « Elle a un papa chef et pourtant quand elle veut manger c’est moi qu’elle appelle. Je crois que je cuisine mieux que toi. » Ce n’est absolument pas vrai et ça n’arrivera jamais, mais j’ai besoin de faire un peu d’humour en attendant le résultat du test qui semble être bien trop long à s’afficher.
Caleb descends avec Lucy dans les bras et après avoir attrapé le babyphone je les suis toujours le test en main que je regarde encore et encore, j’ai toujours voulu le voir négatif celui là, mais cette fois je le veux positif et c’est une sensation nouvelle. Une espèce d’excitation positive qui fait taper mon cœur un peu plus vite. Il est dos à moi quand enfin le résultat s’affiche en toutes lettres pour éviter les erreurs d’interprétation et je tente de masquer mes émotions. « Alors ? » Je sens son excitation, je le vois pour la première fois depuis qu’il est rentré vraiment la avec nous dans l’instant et je n’ose pas lui annoncer le résultat alors je lui tends le test. « Je suis désolée de t’avoir fait une fausse joie. » Voilà sans doute l’une des raisons pour laquelle j’aurais préféré les faire seuls les tests, mais il veut être là alors je ne le prive pas de ça, même si ça me fait mal de le voir triste comme ça. « Ça fait que deux mois, c’est pas grave. » Je cache ma déception, du moins j'essaye pour atténuer la sienne. Non ce n’est pas grave mais en même temps il a le droit d’être déçu. J’ai aussi le droit de l’être. Quand on ne demande rien, je tombe enceinte, quand on le veut, visiblement on nous fait patienter. Tant pis, on a déjà notre magnifique famille et Lucy nous attends pour manger. Lena se met à pleurer et le babyphone nous rappelle à l’ordre. « Je vais la chercher, ça va aller toi ? » Je m’inquiète pour lui, pas tant pour cette nouvelle qu’il vient d’apprendre mais pour cette journée qui semble pas être la meilleure pour lui. Je jette le test à la poubelle, avant de venir déposer un baiser sur sa joue. J'en profite pour poser ma main sur sa nuque quelques secondes, je caresse du bout des doigts sa peau tout en le regardant silencieusement, j'essaye juste d'être là pour lui et avant de sortir de la cuisine, je m'adresse une dernière fois à lui. « Tu sais que je suis là si tu as besoin de parler. » Pour le moment il y a surtout nos filles et c’est elles qui demandent toute notre attention, mais c’est finalement pas plus mal ça évite d’avoir à rester sur cette déception finalement, mais avec ces mots j'essaye de lui montrer mon soutien et lui montrer aussi que j'ai remarqué qu'il n'allait pas bien aujourd'hui.
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Quand Alex m’a annoncé avoir un peu de retard, mon visage s’est illuminé. Ce n’est que deux jours, c’est rien, deux jours je ne devrais pas m’emballer mais pourtant je ne peux pas m’en empêcher. Je l’imaginer presque déjà de nouveau avec un ventre rond et pour la première fois de la journée ça me fait sourire. S’il y a bien quelque chose qui pourrait rendre ma journée plus belle me refaire sourire et me redonner de la motivation, c’est bien l’annonce d’une grossesse. On essaie depuis deux mois, et ce qui semble assez dingue c’est que pour cette fois notre projet est concret, notre projet est bien défini mais le destin semble vouloir en décider autrement pour nous. Ou plutôt, nos corps. Quand on ne veut pas forcément d’enfants elle tombe enceinte et quand on a cette envie en commun tous les deux la grossesse tarde à venir. Mais peut-être que les choses vont changer, peut-être qu’elle va ressortir de la salle de bain un grand sourire aux lèvres en me montrer le test nous annoncer une nouvelle positive. J’en ai besoin aujourd’hui. J’en ai réellement besoin. Je passe une mauvaise journée et je donnerais tout pour une bonne nouvelle pour me redonner le sourire.
En attendant, je profite de l’humeur câline de ma fille et si Lucy pour l’instant me ressemble sur bien des points il y a bien une chose qui nous différencie radicalement ; elle est tactile, bien plus que sa sœur. Alors que moi il n’y a vraiment que les câlins de ma femme et ceux de mes deux princesses que j’apprécie et que j’accepte réellement et dans les journées comme aujourd’hui, avoir Lucy qui s’accroche à moi me fait le plus grand bien. Sa présence a quelque chose de rassurant, d’apaisant, elle n’a que treize mois et pour l’instant elle ne se rend pas compte que la vie n’est faite que de problème. Elle ne sait pas qu’elle va devoir rencontrer des obstacles difficiles pour pouvoir avancer, elle ne sait pas qu’un jour ou à un autre, elle souffrira à cause d’un garçon. Oui, j’en suis arrivé au point où j’en viens à envier la naïveté de mes deux petites filles d’un an, pathétique, non ? C’est un mot qui me définit parfaitement bien. Pathétique, nul et qui ne mérite sûrement pas la vie que j’ai aujourd’hui. Il faut dire qu’avec toutes les pensées que j’aies en tête aujourd’hui il n’y a pas assez de place pour des idées positives à mon sujet. Je ne devrais même pas avoir le droit de mener la vie que je mène, mais je me suis quand même marié, j’ai eu des enfants, j’avance dans ma vie alors que la sienne s’est stoppée de manière si brutale et tout ça, par ma faute. J’ai fait mon deuil de Victoria, bien qu’elle puisse encore quelque fois me manquer et ça, croyez-moi j’en ai encore un peu honte. Parce que j’ai une bague au doigt qui montre que je ne devrais pas avoir de telles pensées envers une autre femme, mais quand on parle de sa défunte fiancée c’est moins choquant, non ? J’essaie de me rassurer, j’essaie de me trouver des excuses alors que je n’en ai pas et si je pensais en avoir fini avec ce genre d’interrogations aujourd’hui elles sont toutes remontées à la surface pour je ne sais quelle raison. Sûrement parce que j’ai été au cimetière pour la première fois depuis des mois et des mois et que je lui ai annoncé m’être marié. En prononçant ces mots face à sa pierre tombale j’ai l’impression que lui avoir planté un coup de couteau dans le dos, j’ai l’impression de l’avoir. Mais j’ai le droit, d’avancer, non ?
« J’aimerais beaucoup mais s’il ne l’est pas, on réessayera encore et encore, on a toute la vie pour ça. » J’acquiesce d’un signe de tête. Oui on ré-essayera et c’est pas nous qui allons nous plaindre d’avoir à coucher ensemble encore et encore pour essayer d’avoir un bébé. Lucy a faim, elle nous le fait savoir ou plutôt, elle le dit à sa mère. « Elle a un papa chef et pourtant quand elle veut manger c’est moi qu’elle appelle. Je crois que je cuisine mieux que toi. » Elle a le mérite de me faire rire, Alex, et c’est aussi pour ça que j’aime cette femme peu importe les pensées négatives qui me hantent l’esprit, elle réussira toujours à me faire rire ou sourire. « Oui bien sûr, tu cuisines mieux que moi c‘est connu. » Je lui réponds légèrement amusé avant de descendre avec ma fille dans les bras pour l’installer sur sa chaise haute. J’attends le résultat du test, parce que je sais que maintenant il aurait dû apparaître, je mets autour du cou de ma fille son bavoir et relève les yeux sur le test qu’Alex me montre. Négatif. Mes épaules redescendent, mon regard se ferme à nouveau et finalement la lueur d’espoir de voir cette journée s’illuminer un peu s’envoler en un claquement de doigts. « Je suis désolée de t’avoir fait une fausse joie. » J’hausse doucement les épaules et ressors la purée de Lucy et avoir de lui donner je vérifie que ce ne soit pas trop chaud. « Ça fait que deux mois, c’est pas grave. » Le regard toujours baissé je m’installe à côté de Lucy qui commence à manger. « Je sais. » Pourtant ce n’est pas faute d’avoir mis toutes les chances de notre côté pendant notre voyage de noces, on a passé beaucoup de temps dans notre chambre d’hôtel et ce n’était clairement pas pour jouer au scrabble. Lena nous rappelle à l’ordre en commençant à pleurer. « Je vais la chercher, ça va aller toi ? » J’hoche doucement la tête. Oui ça va aller, j’en ai connu d’autre. Pas des tests de grossesse négatif mais des déceptions, j’en suis plutôt abonné malgré moi, d’ailleurs. « Tu sais que je suis là si tu as besoin de parler. » « C’est négatif, c’est pas grave. On réessaiera ce mois-ci. » Je la regarde quelques secondes, j’essaie de lui sourire un peu mais je ne suis pas persuadé d’y arriver réellement. Alex qui est partie chercher Lena et moi qui reste avec Lucy, je lui essuie d’ailleurs la bouche et je regarde autour d’elle avec un peu de désespoir dans le regard. Je suis presque sûr qu’il y a autant de nourriture autour de son assiette qu’à l’intérieur. « Tu sais à quel point je vous aime ta sœur et toi ? » Question que je pose à Lucy comme si j’attendais d’elle une vraie réponse. « Mais j’ai vraiment hâte que vous sachiez manger proprement. » Mon côté maniaque qui ressort pendant chaque repas. Je nettoie derrière elle, j’essaie de rendre son environnement plus propre mais dès qu’elle reprend une nouvelle cuillère, il y a encore un peu de purée qui tombe à côté. Mais j’anticipe l’arrivée d’Alex et Lena et je me lève pour réchauffer un peu de purée pour sa sœur et avant de me rassoir à côté de Lucy je l’embrasse sur la joue. « Mais je ne serai plus rien sans vous deux. » Une déclaration que je fais à ma fille alors qu’Alex fini par nous rejoindre. Je ne sais pas ce qu’elle a entendu de la conversation que j’ai eue avec Lucy – conversation, si on peut dire ça – mais je relève les yeux vers Alex et Lena et de nouveau je tente un petit sourire. Sincère, certes, mais c’est un sourire peu convaincant très certainement.
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Caleb est rentré de sa séance et je l'ai attendu une bonne partie de la matinée, depuis que je me suis rendue compte que j'avais deux jours de retard sur mon cycle et puisque l'on essaye de faire un bébé, ce sont des choses auxquelles je prête attention. J'ai envie de partager ça avec lui, et il me l'a demandé aussi, il veut être là à chaque test, il veut que l'on apprenne la bonne nouvelle ensemble et pourtant quand il rentre ce n'est pas avec un enthousiasme très élevé que je l'accueille. Non pas que l'idée d'être enceinte ne me réjouisse pas, au contraire, mais je reste prudent et surtout, je remarque bien qu'il y a quelque chose qui occupe son esprit. Quelque chose qui fait que je sente qu'il a besoin d'un peu de temps avant que je lui partage cette information. Je l'ai attendu pendant une partie de la matinée, je peux attendre encore quelques minutes de plus et quand enfin je lui en parle, je vois son visage changer. Je le vois sourire, je le vois s'enthousiasmer à l'idée que peut-être notre famille s'apprête à s'agrandir avec une grossesse, mais avant ça, je dois faire le test et j'ai désormais peur de le décevoir. Pas moi, parce que si j'ai tendance à me culpabiliser pour tout, cette fois je sais que si je ne suis pas enceinte, je ne serais pas responsable, mais j'ai peur que la nouvelle ne soit pas satisfaisante et qu'il puisse être déçu alors j'essaye de temporiser les choses, de ne pas être trop optimiste, trop enthousiaste parce qu'il faut quelqu'un qui puisse garder en tête que les choses ne vont pas toujours dans le sens qu'on le voudrait et pour gérer la déception. Pourtant j'en ai envie moi aussi, réellement envie et pour une fois dans ma vie, je rêve de voir le test indiquer que je suis enceinte. Mais chaque chose en son temps et pour le moment, je dois attendre. Enfin nous devons attendre, puisqu'il doit être tout aussi, si ce n'est plus encore, impatient de connaître le résultat. Et pendant que l'on attends, il y a Lucy qui elle réponds au besoin de son petit corps en nous demandant à manger. Enfin en me demandant à manger, ce qui a le don de me faire rire et avec ma remarque j'entends le rire de Caleb et ça fait vraiment plaisir de l'entendre rire aujourd'hui, parce que depuis qu'il est rentré, il ne respire pas la joie de vivre et la sérénité. Sauf quand je lui ai appris pour mon retard de règle. « Oui bien sûr, tu cuisines mieux que moi c‘est connu. » Je lève les épaules amusée par cette petite discussion qui a le mérite de nous occuper quelques secondes alors qu'on attends le résultat tout les deux. « Sois pas jaloux chéri, mais c'est ta fille qui le dit. » Elle n'a rien dit de tout ça, elle m'a sans doute vu sortir de la salle de bain et c'est à ce moment qu'elle a eu faim et dans sa petite tête tout s'est mélangé mais j'aime l'idée de taquiner un peu mon mari, surtout que j'ai réussi à le faire rire. Il descends dans la cuisine avec Lucy, je les suis et si nous étions sortis avec le sourire de notre chambre, c'est une autre ambiance dans la cuisine. Je prends connaissance du test et je sais à la seconde ou je vois le résultat que Caleb va être déçu et je n'aime pas ça. Mais je ne peux pas lui cacher la vérité ou lui mentir juste pour éviter qu'il soit déçu, je ne suis pas enceinte et c'est comme ça. Sauf que quand il regarde le test et prends à son tour connaissance de la réalité, je vois son visage se fermer, et de nouveau je le sens mal et je n'aime pas ça. Tout dans son attitude prouve qu'il vit mal cette nouvelle, et qu'il vit sans doute aussi mal cette matinée et je regrette déjà sa lueur de joie et d'enthousiasme que j'ai vu en lui quand je lui ai parlé de la possibilité que je sois enceinte. Sans un mot, il reporte son attention sur Lucy et je le regarde faire un peu inquiète pour lui quand même. Parce qu'il ne réponds presque pas à mes mots, il hausse les épaules, il hoche la tête, mais il semble se renfermer et je sais que ce n'est pas de ma faute, mais je n'aime pas le voir comme ça et je sais que sa réaction n'est pas uniquement du à un test négatif. Parce qu'il n'est pas seulement déçu là, il y a plus, et même quand j'essaye d'être un peu tendre avec lui, il ne réagit pas plus que ça. « C’est négatif, c’est pas grave. On réessaiera ce mois-ci. » C'est pas grave, ce sont les mots que j'ai dis mais quand lui il les dit, ça semble plutôt grave finalement ou du moins je ne le sens pas convaincu par ses mots. Et de toute façon je ne parlais pas de la grossesse quand je lui ai dis que j'étais là s'il avait besoin de parler, ou du moins je ne parlais pas que de ça. Il me sourit, enfin il essaye. Je connais Caleb, je sais quand ses sourires sont sincères, je connais ses sourires amoureux, je connais ceux qui sont pleins de sous-entendus, je connais aussi ses sourires de politesse qu'il affiche quand il est stressé et qu'il cherche à le cacher et je connais aussi ses sourires pleins de tristesses et je crois en reconnaître un à cet instant précis. « On réessaiera ce mois-ci et tout les autres oui, on aura notre petit garçon. » Ou petite fille, peu importe mais j'essaye de lui rappeler ses mots, ceux pendant notre voyage de noce quand il m'a avoué vouloir un petit garçon. Je le laisse quelques minutes pour aller m'occuper de Lena parce qu'elle pleure toujours et le babyphone posé dans la cuisine ne s'arrête plus de nous faire entendre les pleurs de Lena et si on l'a laisse pleurer trop longtemps elle sera impossible à calmer. Je monte les marches deux à deux pour la rejoindre assez vite laissant le babyphone en bas. « C'est fini, maman est là. » Je la prends dans mes bras et elle pleure encore à gros sanglots. « Ba alors ma puce, tu as un gros chagrin ? » Je lui parle, doucement tout en la berçant un peu. « Tu as besoin d'un gros câlin, tu sais papa aussi a besoin de câlins aujourd'hui, on va aller le retrouver, mais c'est fini on ne pleure plus. » Je dépose un baiser sur son front avant de quitter la chambre et de descendre cette fois bien plus prudemment les escaliers avec ma fille dans mes bras qui semble s'être arrêtée de pleurer. Elle regarde le salon et elle semble déjà aller bien mieux quand elle voit Dobby qui dort dans son panier. J'avance dans la cuisine avec elle et j'entends la voix de Caleb. « Mais je ne serai plus rien sans vous deux. » Je m'arrête quelques secondes alors que j'entends les mots que Caleb prononce à Lucy. je ne serai plus rien, et s'il a souvent dit que ses filles étaient son bonheur et qu'il ferait tout pour elles, je crois qu'aujourd'hui je n'aime pas les mots qu'il emploie, pas aujourd'hui, pas alors que je le sens pas bien. Je n'aime pas ce que j'entends derrière ce message, et ces mots associés à son attitude depuis qu'il est rentré me font penser qu'il ne va vraiment pas bien, mais que ça ne passera pas en lui laissant quelques minutes comme je le pensais plus tôt. Et désormais, je m'inquiète réellement pour lui et je me demande ce qu'il y a bien pu se passer ce matin pour qu'il ressente le besoin de se confier à notre fille de un an et de lui dire qu'il ne serait plus rien sans elle et sa sœur et je sais que ce n'est pas la non-grossesse qui provoque ça. Je le rejoins dans la cuisine, essayant tant bien que mal de cacher mon inquiétude pour lui qui finalement ne fait que grandir encore un peu quand je croise son regard et son sourire peu convaincant. Il ne va pas bien et ça me fait mal de le voir ainsi, surtout après ces dernières semaines ou j'avais l'impression que nous étions tout les deux sur un petit nuage. « Papa ! » Et si le sourire de Caleb ne respire pas la sérénité, le ton de la voix de Lena prouve en revanche qu'elle est heureuse de le voir, jusqu'à ce qu'elle voit sa sœur qui mange et elle aussi elle fait comprendre qu'elle a faim désormais. Je l'installe dans sa chaise et après lui avoir donné son assiette et sa cuillère, je regarde longuement Caleb et après un long moment, je prends ma main et je joue avec son alliance sans pour autant cesser de le regarder. « Je m'inquiète pour toi chéri. » Voilà c'est dit, avec douceur, avec simplicité, je lui avoue que je m'inquiète pour lui, aujourd'hui plus que les autres jours encore. Je reçois un peu de purée sur moi, et je soupire doucement en regardant Lena tout en fronçant les sourcils en la voyant jouer au lieu d'essayer de manger mais je ne dis rien de plus et je regarde à nouveau Caleb. « Je pensais que tu avais juste besoin d'un peu de temps, mais je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas et je n'aime pas te savoir triste. » Je lui souris, pas un sourire joyeux mais un sourire plein de tendresse parce que c'est ce que je ressens pour lui à cet instant, beaucoup de tendresse alors que je le sens pas en forme. « Si tu as besoin d'un peu de temps pour toi, je n'insiste pas, mais je suis là pour toi et n'oublie pas que nous sans toi on ne serait rien. » Il ne serai rien sans ses filles, et nous on ne serai rien sans lui, c'est peut-être pour ça qu'on a tant besoin les uns des autres. J'en sais rien mais je veux lui faire comprendre qu'on est là pour lui, enfin je suis là moi parce que les filles ne comprennent pas et n'ont pas à porter le poids de nos mal-être respectifs sur leurs frêles épaules et je sais que lui comme moi, nous ferons tout pour les protéger toutes les deux. « On est ensemble chéri, je suis ta femme, je suis là pour toi et quoique tu traverses, je veux pouvoir t'aider. » Pour le meilleur et pour le pire, on se l'ait dit et s'il est heureux, je suis heureuse, mais s'il est malheureux, je le suis aussi alors j'espère qu'il me laissera l'aider, parce que je suis sa femme désormais.
What if someone had asked Picasso not to be sad ? Never known who he was or the man he'd become there would be no blue period. Let me run with the wolves, let me do what I do. Let me show you how sadness can turn into happiness, I can turn blue into something beautiful, beautiful, beautiful like you
« Sois pas jaloux chéri, mais c'est ta fille qui le dit. » Elle n’a pas vraiment dit ça mais imaginer Lucy penser que sa mère est meilleure cuisinière que moi a quelque chose d’amusant. N’importe qui face à Alex doit être meilleur derrière les fourneaux je pense, mais je souris doucement et je la laisse croire en ce qu’elle veut préférant me concentrer sur notre fille qui se plaint auprès de sa mère d’avoir faim. Le temps d’installer Lucy, Alex me montre le résultat du test et moi qui comptais là-dessus pour m’aider à passer une journée meilleure, je ne suis pas au bout de mes peine. Bien sûr qu’il est négatif, c’est la première chose qui me vient à l’esprit, comment est-ce que j’ai pu être assez naïf pour croire que la chance finirait par me sourire aujourd’hui ? Le test est négatif, ma femme n’est pas enceinte, nous n’attendons pas un enfant, il n’y aura pas de bébé et cette nouvelle suffit à me pousser à me renfermer de nouveau. On va devoir être patient, on va devoir tenter notre chance de nouveau mais je commence déjà à perdre espoir. C’est bête, parce que comme Alex me l’a dit, ça ne fait que deux mois. C’est rien, deux mois. Mais je crois que j’ai tellement hâte que ça me semble être une éternité. « On réessaiera ce mois-ci et tout les autres oui, on aura notre petit garçon. » Je relève les yeux vers elle et un sourire se dessine sur mes lèvres. Un sourire qui est certes sincère mais qui ne sera certainement pas suffisant pour lui faire croire que je vais bien.
Pourtant je suis heureux quand je suis avec Alex et mes filles, aujourd’hui est simplement une journée un peu plus compliquée. J’en fais part à Lucy en quelque sorte. Je lui dis ô combien je les aime elle et sa sœur et à quel point elles sont toutes les deux importantes pour moi. Plus que ça même parce que je lui dis que sans elles, je ne serai plus rien. Sans mes filles et sans ma femme. « Papa ! » Je relève les yeux vers Lena qui vient de nous rejoindre avec sa mère et je lui fais un signe de la main en souriant doucement. Mon attention se porte sur mes filles qui ont toutes les deux commencé à manger, elles se regardent de temps en temps, elles se parlent par moment aussi et cette vision a quelque chose d’apaisant pour moi. « Je m'inquiète pour toi chéri. » Sa main se pose sur la mienne, je la sens jouer avec mon alliance et je lui réponds simplement en fronçant légèrement les sourcils, l’invitant ainsi à m’en dire un peu plus. « Je pensais que tu avais juste besoin d'un peu de temps, mais je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas et je n'aime pas te savoir triste. Si tu as besoin d'un peu de temps pour toi, je n'insiste pas, mais je suis là pour toi et n'oublie pas que nous sans toi on ne serait rien. » Elle me prouve avoir entendu les quelques mots que j’ai confessé à notre fille en son absence. Je lui lance un regard désolé, parce qu’au fond je sais très bien que je ne devrais pas dire ce genre de choses à nos filles. Déjà parce qu’elles ne le comprennent sûrement pas mais aussi parce qu’elles n’ont pas à porter mes propres malheurs. « On est ensemble chéri, je suis ta femme, je suis là pour toi et quoique tu traverses, je veux pouvoir t'aider. » C’est bien elle que je regarde et si le bruit que fait nos filles me poussent à jeter quelques coups d’œil vers elles de temps en temps, j’ouvre la bouche une première fois pour lui parler mais je la referme presque instantanément. Je ne sais pas par où commencer et surtout, je ne sais même pas réellement pourquoi aujourd’hui plus qu’un autre jour je ne suis pas bien. J’humidifie mes lèvres et après m’être laissé un instant de réflexion j’ose enfin prendre la parole. « J’ai été au cimetière ce matin avant d’aller voir mon psychologue. » Je commence mes explications bien que je ne sache même pas ce que je vais lui dire exactement. « Je pense pas que c’était une bonne idée. » Si mes visites au cimetière ne sont jamais très agréables de manière générale dès que je rentre et que j’embrasse Alex ou que je prends mes filles dans mes bras, je me suis immédiatement mieux. Mais pas aujourd’hui. « Ça faisait longtemps que j’y avais pas été et je pense que je m’en veux un peu. » Parce que ça montre que je commence à l’oublier un peu, je ne pensais pas à lui garder un peu de mon temps pour aller la voir et lui parler. Avant je le faisais souvent. Vraiment très souvent. Mais mes visites se sont de plus en plus espacées jusqu’à ce qu’elles ne soient devenues que rares. « Je m’en veux de l’oublier comme ça, si tu savais à quel point. » Et peut-être que ça me fait peur aussi. Très certainement, même. L’oublier à un tel point que je ne pense même plus à aller au cimetière, c’est horrible de ma part non ? Elle n’aurait pas mérité ça, Victoria. Ça c’est certain et ça fait donc une nouvelle chose pour laquelle je peux me blâmer. « Mon psy me disait tout à l’heure que j’étais certainement en train de passer une nouvelle étape et que c’était une bonne chose mais je ne suis pas d’accord avec lui. Je pense juste que j’étais tellement obnubilé par mon bonheur et que sur le petit nuage dans lequel j’étais, j’avais pas le temps et pas assez de place pour penser un peu à elle. Ça craint, non ? Être tellement concentré sur soi qu’on a même pas la place de penser à aller voir sa première fiancée au cimetière. » J’hausse les épaules et mes yeux fixent dorénavant la table sans un mot de plus, je fais trembler ma jambe sous la table et j’ai bien peur que mes yeux soient en train de se remplir de larmes. Je n’en dis pas plus, dans un premier temps parce que je lui ai dit tout ce qui me passait par la tête mais aussi parce que j’ai réellement peur d’avoir pu dire qui puisse la vexer.
WHAT IF SOMEONE HAD ASKED PICASSO NOT TO BE SAD ? NEVER KNOWN WHO HE WAS OR THE MAN HE'D BECOME THERE WOULD BE NO BLUE PERIOD. LET ME RUN WITH THE WOLVES, LET ME DO WHAT I DO. LET ME SHOW YOU HOW SADNESS CAN TURN INTO HAPPINESS, I CAN TURN BLUE INTO SOMETHING BEAUTIFUL, BEAUTIFUL, BEAUTIFUL LIKE YOU
Caleb n'est pas bien et je l'ai remarqué à l'instant même ou il est rentré ce midi, j'ai espéré que le temps passé avec sa fille l'aiderait à digérer sa matinée compliquée. J'ai espéré pouvoir lui donner de la joie en lui annonçant que j'avais du retard, mais rien ne semble lui permettre d'oublier ce qui le préoccupe vraiment et ça devient même pire après l'annonce du test négatif. Comme si cette déception était la déception de trop, il se renferme, il tente de sourire, de donner le change mais ça ne prends pas. Pas avec moi du moins, même si Lena elle se ravit de voir son père et lui rends un sourire plus grand que celui qu'il lui donne quand on arrive toutes les deux dans la cuisine. Il ne va pas bien mais il essaye de se concentrer sur ses filles, je le vois. Il essaye d'être avec elles mais je m'inquiète pour lui. Je suis préoccupée par son attitude et par les mots que j'ai surpris il y a quelques instants et pourtant il est avec nous dans la cuisine, il se concentre sur ses filles, il les regarde l'une après l'autre en silence, il n'y a que les gazouillements de nos deux filles qui semblent se comprendre et se répondre, il y a la joie des deux petites filles qui mangent tout en s'amusant ensembles. Il y a la joie de Lucy et Lena dans la cuisine et pourtant ce n'est pas elles que je regarde. Et pourtant les regarder je pourrais faire ça toute la journée, leur complicité est si belle, leurs sourires si doux, leurs rires si mélodieux et leurs regards si purs. Je les aimes tellement et j'aime réellement les regarder vivre, s'amuser, rire et même dormir. Mais aujourd'hui, c'est Caleb que je regarde, et pas avec l'optique de me perdre dans ses yeux, pas avec l'espoir de le voir me sourire d'un sourire que j'aime tant, je sais qu'il n'est pas en mesure de me donner tout ça aujourd'hui et c'est sans doute pour ça que je m'inquiète autant pour lui. Le bonheur a été si intense, si fort depuis notre mariage que j'ai l'impression que tout retombe d'un coup sans que je ne comprenne ce qui se passe dans sa tête et dans esprit pour se montrer ainsi aujourd'hui. Je m'inquiète pour lui comme je le fais depuis le jour ou j'ai compris qu'il n'était pas surhumain. Je m'inquiète pour lui et je ne cherche pas à trouver des réponses à des questions que je n'ai pas encore pu lui poser. Je ne cherche pas à analyser chacun de ses gestes ou de ses regards, je lui fais part de mes inquiétudes, avec beaucoup de simplicité parce que c'est simple finalement. Je m'inquiète pour l'homme que j'aime, je m'inquiète de le voir triste, je m'inquiète de le sentir mal et je vois que mes mots l'interpelle un peu. Il semble surprit pourtant on ne peut pas dire qu'il ait mit beaucoup d'effort à cacher son malaise aujourd'hui que ce soit depuis qu'il est rentré ou en réaction au test négatif. Je tente de développer les raisons qui me poussent à m'inquiéter pour lui, je tente de lui montrer que j'ai vu qu'il n'allait pas bien, et surtout je veux qu'il sache que je suis là pour lui. Que je peux le soutenir quoiqu'il traverse, quelques soient ses besoins je suis là pour lui, parce que je suis sa femme désormais et que c'est aussi mon rôle de pouvoir être présente quand il n'est pas au mieux. Il me regarde, il regarde nos filles puis de nouveau il me regarde. Il ouvre la bouche, mais la referme sans qu'aucun mot ne traverse ses lèvres. Je serre sa main un peu plus et mon autre main se pose sur sa cuisse pour la presser un peu, comme un moyen de lui montrer que je suis là, prête à l'écouter, prête à le soutenir de tout mon être. Je suis avec lui, pour le meilleur et pour le pire. « J’ai été au cimetière ce matin avant d’aller voir mon psychologue. » Je n'ai pas cherché à tout analyser jusqu'à présent, je n'ai même pas essayé de deviner ce qui pouvait le mettre dans cet état, même si j'aurais sans doute pu deviner assez facilement la raison de son mal-être. Mais je ne l'ai pas fais, et ce n'est qu'avec ses mots à lui, que je fais le premier lien direct entre son état et la mort de son ex-fiancée. Ma main serre un peu plus sa main. je suis là, je t'écoute, parles sans crainte. Voilà ce que je voudrais lui dire, mais c'est avec un geste que je lui dis tout ça sans risquer de le couper dans son élan. « Je pense pas que c’était une bonne idée. » Je ne pourrais pas vraiment le contredire au vu de l'état dans lequel il est, mais ce n'est pas à moi de juger de ça. S'il y a été c'est sans doute qu'il en avait besoin, voilà ce que je me dis, et bonne ou mauvaise idée, c'est à lui d'en juger. « Aller au cimetière n'est jamais une bonne idée, mais si tu as voulu y aller aujourd'hui c'est que tu en avais sans doute besoin. » Je me demande à cet instant s'il y va souvent, s'il y va encore depuis notre rencontre, depuis notre mariage. Je me demande ce qu'il lui dit, ce qu'il partage avec elle, mais ça ne me regarde pas, c'est son histoire et je me contente d'être sa femme au présent et de le soutenir aujourd'hui, parce que c'est ça dont il a besoin, enfin je pense. « Ça faisait longtemps que j’y avais pas été et je pense que je m’en veux un peu. » J'ai ma réponse sans même avoir à poser la question mais au final, ça ne m'apporte rien de le savoir puisque ce que je retiens avant tout c'est qu'il s'en veut. Il s'en veut un peu d'après ses mots, mais je sais dans le langage Caleb, que ce n'est qu'un euphémisme et qu'il se blâme beaucoup. « Je m’en veux de l’oublier comme ça, si tu savais à quel point. » Voilà, il me confirme qu'il s'en veut, qu'il s'en veut beaucoup et si j'aurais rêvé à une époque qu'il me dise qu'il était en train d'oublier son ex, aujourd'hui la seule chose que je ressens c'est de la peine pour lui parce que ça le rends malheureux et qu'il se blâme encore pour une nouvelle chose, lui qui porte déjà bien trop de responsabilité et de culpabilité sur les épaules constamment, il est en train de s'en ajouter une en plus. « Mon psy me disait tout à l’heure que j’étais certainement en train de passer une nouvelle étape et que c’était une bonne chose mais je ne suis pas d’accord avec lui. Je pense juste que j’étais tellement obnubilé par mon bonheur et que sur le petit nuage dans lequel j’étais, j’avais pas le temps et pas assez de place pour penser un peu à elle. Ça craint, non ? Être tellement concentré sur soi qu’on a même pas la place de penser à aller voir sa première fiancée au cimetière. » Pas d'accord sur l'idée d'être en train de passer une nouvelle étape ou sur l'idée que c'est une bonne chose ? Le principal n'est pas là, il parle encore et je l'écoute. J'écoute chaque mots qu'il me dit. Je l'écoute me parler de ce qu'il ressent et il en a besoin je pense. Est-ce que ça craint que ces derniers temps parce qu'il était heureux, il en ait oublié son ex-fiancé décédée ? Est-ce que pendant son mariage et son voyage de noce ça craint qu'il n'ait pas pensé à elle ? J'aurais envie de lui dire ô combien c'est normal et même rassurant pour nous, mais je ne peux pas lui dire ça, parce que ce serait ce que moi j'ai envie de penser, envie d'entendre mais pas ce dont il a besoin lui. Enfin je crois et pour une fois, je veux lui prouver que je suis là pour lui, quelque soit le sujet, quelque soit ses craintes je peux les entendre, et le rassurer, essayer au moins. Ma main sur sa cuisse tente de stopper ses tremblements et si moi je le regarde, je vois bien qu'il évite mon regard, chose que je peux comprendre et je ne le force pas à me regarder, je le laisse gérer ses émotions comme il le peut. « Je ne pense pas être la mieux placée pour te donner un avis sur ça. » Parce que je suis un peu responsable du fait qu'il ait moins de temps à consacrer à son ex-fiancée, parce que je suis celle qui le détourne d'elle, parce que je suis celle qui a prit sa place. Mais je suis sa femme désormais, c'est avec moi qu'il a décidé de partager son présent et son futur et je dois être celle qui l'aide à gérer son passé désormais. Je suis sa femme et si je ne peux pas lui apporter mon soutien alors à quoi je sers ? « Mais, je ne pense pas que ça craigne de ne pas avoir pensé à elle ces derniers temps. Ça ne fait pas de toi quelqu'un d'égoïste ou de mauvais, tu n'as pas à t'en vouloir pour ça. C'est juste la vie qui continue et qui défile à un rythme fou. On a eu deux mois chargés et même une année chargée, on t'en a demandé beaucoup et tu as géré énormément de choses, entre les filles, le restaurant, la préparation du mariage, les uns ans des jumelles, le projet de bébé, et le voyage de noce, c'est normal que tu te sois concentré sur le présent et que tu ais eu moins de temps pour penser au passé. » Normal en soit j'en sais rien finalement mais à mes yeux ça l'est en tout cas. J'aurais envie de lui dire qu'il a le droit d'être heureux, qu'il a le droit de profiter de son bonheur, mais ça ne serait pas objectif de ma part. J'aimerais aussi lui dire qu'elle voudrait qu'il continue à vivre mais je n'en sais rien, je ne la connaissais pas. Alors je me concentre sur des faits, le présent a été riche en moment fort pour nous deux. Et nous avons été ensembles, fusionnels et intimes ces derniers temps, un couple en soit. Mais tout ça semble aujourd'hui lui avoir fait perdre de vue son passé et peut-être que finalement la lune de miel est en train de prendre fin aujourd'hui. Ce bonheur si fort, cette sensation de planer dans un monde d'amour et de joie, cette impression que rien ne pouvait venir ébranler notre vie de rêve, ne pouvait pas durer toute une vie et il est rappelé à la réalité par son passé et je dois l'aider à redescendre sur terre en douceur. Lucy et Lena ont fini leurs repas et je me lève rapidement pour attraper une compote pour chacune avant de me rassoir face à mon mari et de poser à nouveau ma main sur sa cuisse. « Tu y as été aujourd'hui, c'est bien la preuve que tu penses encore à elle malgré ton bonheur, et que tu ne l'oublies pas, et tu sais tu n'as pas besoin d'aller au cimetière pour avoir une pensée pour elle ou pour lui rendre hommage. » Je ne suis croyante, il le sait et je vais très rarement sur la tombe de Rachel et encore bien plus rarement sur celle de ma mère, mais faut dire que pour la dernière la distance est une bonne excuse pour ne pas y aller. Mais ça ne veut pas dire que je ne pense pas à elle, à elles deux et je pense à elles sans avoir à passer du temps sur leurs tombes. Mais ce n'est pas le sujet. Aujourd'hui c'est Caleb. Aujourd'hui, c'est mon mari qui m'explique qu'il se sent coupable d'être si heureux avec moi qu'il en oublie son ex-fiancée décédée et je dois faire avoir toutes ces informations et me montrer disponible pour l'aider à gérer ce qu'il ressent parce que finalement pour une fois ce n'est pas moi qui suis mal, ou du moins pas moi qui ait à gérer mes émotions, mais lui et je veux pouvoir l'aider à gérer tout ça. Mais avant ça, c'est Lucy et Lena qui semblent assister à une discussion qu'elles n'aiment pas ou peut-être que c'est le fait qu'elles n'aient plus notre attention qui les entrainent à nous appeler à plusieurs reprises. Je lâche la main de Caleb pour m'occuper de nos filles rapidement. Je nettoie leur bouche et je les sors l'une après l'autre de leurs chaises pour les laisser aller s'amuser dans le salon. Je jette un regard rapide sur le salon pour m'assurer que les portes soient fermées et qu'elles peuvent explorer sans risque et c'est vers Caleb que je reporte mon attention. « Je peux te demander pourquoi tu as ressenti le besoin d'y aller aujourd'hui précisément ? Tu n'es pas obligé de me répondre si c'est trop indiscret.» J'ai envie de l'aider, j'ai envie de le comprendre, j'ai aussi envie de le rassurer mais je ne sais pas encore vraiment comment m'y prendre, mais puisqu'il a commencé par me dire qu'il avait été au cimetière, puisque c'est la première information qu'il m'a donné, j'essaye de comprendre pourquoi aujourd'hui, pourquoi maintenant et si ça a une importance dans tout ça.
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« Aller au cimetière n'est jamais une bonne idée, mais si tu as voulu y aller aujourd'hui c'est que tu en avais sans doute besoin. » Je ne suis pas d’accord avec elle, aller au cimetière n’est pas toujours une mauvaise idée et je ne comprends même pas comment on peut penser une chose pareille. Moi ça me fait du bien la plupart du temps alors sur ce point-là non seulement je ne la suis pas mais je ne suis absolument pas d’accord avec elle. Pouvoir me déplacer pour aller voir Victoria et lui parler quand j’en ai besoin ou envie c’est plus généralement une source d’apaisement et de soulagement que de tristesse. Sauf pour aujourd’hui, bien évidemment. Ma main libre vient gratter ma nuque. « Je ne pense pas être la mieux placée pour te donner un avis sur ça. » Voilà, t’aurais mieux fait de te taire, Caleb. Je sens que je la dérange et sa réponse me le prouve très clairement. Elle n’est pas la mieux placée pour me donner un avis sur tout ce que je viens de lui dire et à cet instant précis je lui en veux énormément de me répondre une chose pareille alors que je viens de me livrer à elle. Ce que je lui dis ne l’intéresse pas vraiment, ou bien mes mots la gênent ou la blessent je ne sais pas mais je comprends très vite ce qu’elle me dit : elle n’est pas la bonne personne pour m’écouter ou me conseiller. « Désolé de te déranger avec ça alors. Fais comme si je t’avais rien dit. » À quoi tu t’attendais Caleb ? Ses gestes vont en totale contradiction avec ses mots, elle me serre la main, et sa deuxième main est sur ma cuisse alors qu’elle me dit qu’elle n’est pas la bonne personne pour m’écouter et me conseiller. Je m’apprête à me lever pour partir mais elle reprend la parole. « Mais, je ne pense pas que ça craigne de ne pas avoir pensé à elle ces derniers temps. Ça ne fait pas de toi quelqu'un d'égoïste ou de mauvais, tu n'as pas à t'en vouloir pour ça. C'est juste la vie qui continue et qui défile à un rythme fou. On a eu deux mois chargés et même une année chargée, on t'en a demandé beaucoup et tu as géré énormément de choses, entre les filles, le restaurant, la préparation du mariage, les uns ans des jumelles, le projet de bébé, et le voyage de noce, c'est normal que tu te sois concentré sur le présent et que tu ais eu moins de temps pour penser au passé. » Pourtant égoïste je le suis forcément puisque ces derniers temps je pensais tellement à moi et à ce que je voulais ou ce que je ressentais que je n’ai pas pensé une seule fois à me rendre au cimetière. J’hausse les épaules, réellement peu convaincu par ce qu’elle vient de me dire. Certes j’ai été occupé ces dernières semaines mais ça n’excuse en rien le fait d’avoir laissé tomber Victoria. Je ne lui réponds pas, parce que je n’ai rien à ajouter à ses mots, rien qui n’aille dans son sens en tout cas. Je la laisse s’occuper de la suite du repas de nos filles. « Tu y as été aujourd'hui, c'est bien la preuve que tu penses encore à elle malgré ton bonheur, et que tu ne l'oublies pas, et tu sais tu n'as pas besoin d'aller au cimetière pour avoir une pensée pour elle ou pour lui rendre hommage. » J’hausse les épaules et pour la première fois depuis qu’elle a repris la parole je suis plus ou moins d’accord avec elle. Je n’ai pas forcément besoin d’être au cimetière pour penser à elle ça c’est vrai mais j’ai la sensation que c’est le seul endroit où je lui parler ou simplement, parler d’elle. J’ai peur de le faire auprès d’Alex et au vu de sa réaction dès que j’ai commencé à parler de Victoria ça ne risque pas de changer. Elle n’est pas la bonne personne pour m’écouter, elle n’est pas la bonne personne pour me conseiller. Ce sont ses mots, pas les miens et je lui en veux de les avoir prononcés. Rares sont les fois où je me confie et je n’ai pas franchement envie de changer ça. Parce qu’en soit elle a raison, elle n’a pas à supporter mes faiblesses et mes malheurs. Quand elle me lâche la main pour laisser Lucy et Lena partir jouer dans le salon mes deux mains se joignent, elles se mêlent, se démêlent dans un tic certainement nerveux. « Je peux te demander pourquoi tu as ressenti le besoin d'y aller aujourd'hui précisément ? Tu n'es pas obligé de me répondre si c'est trop indiscret.» Elle me pose des questions auxquelles je n’ai absolument aucune réponse à lui apporter, comme quoi je suis définitivement nul sur tous les points et je me déteste encore plus que ce n’était le cas au début de cette conversation. « J’en sais rien. » Et c’est vrai, je ne sais réellement pas pourquoi j’ai ressentir le besoin de lui parler aujourd’hui plus qu’un autre jour. « Je pense que c’est parce que j’ai réalisé que je l’avais un peu oublié ces dernières semaines. » Mon attention se porte clairement sur mes filles qui sont toutes les deux en train de jouer. Lena cherche Dobby alors que Lucy s’approche à quatre pattes de Nala pour la caresser. « Mais laisse tomber, t’as raison, c’est pas à toi de me conseiller à ce sujet-là. » Est-ce que je lui en veux d’avoir prononcé ces mots ? Oui un peu. Parce que je me suis ouvert à elle et finalement je n’attendais pas vraiment des conseils de sa part, mais je voulais simplement lui parler de ce qui me rendait si triste. C’était peut-être une erreur, je ne sais pas, parce qu’elle m’a tout de même écouté, elle m’a quand même parlé mais je reste focalisé sur cette phrase qu’elle a prononcée plus tôt. Je me baisse un instant et je frappe dans mes mains pour attirer l’attention de mes filles qui se retournent toutes les deux vers moi. « Il y en a une de vous qui veut venir voir papa mes chéries ? » Lena me fait un grand sourire, elle rit et elle avance vers moi. Elle tombe plusieurs fois mais se relève à chaque fois et elle arrive vers moi. Je la prends dans mes bras, je l’embrasse et je profite de ma fille qui semble pour une fois, d’humeur câline.
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Parler des ex de son conjoint n'a jamais rien eu de bien agréable, mais c'est en général un sujet qui ne dure pas. Les histoires sont finies, les sentiments sont exprimés au passé, le lien est rompu, c'est du moins le cas dans la plupart des cas, quand une rupture a lieu et que l'ex ne devient plus qu'un souvenir plus ou moins lointain. Il y a souvent ce genre de discussion au début avec le nouveau conjoint, combien tu as eu de partenaires ? Combien tu as connu de femmes/hommes ? Comment s'est terminée ta dernière relation ? Est-ce que tu l'aimes encore ? Est-ce que tu l'as vois encore ? Et une fois les questions basiques passées, il n'y a plus de raisons d'aborder les exs, enfin de raisons rationnelles, autrement que dans une dispute pour critiquer l'ex et la traiter quand il ose faire une référence à une autre femme. Mais dans notre cas, ce n'est pas aussi simple. De toute façon rien n'est jamais simple avec nous, et la plupart du temps c'est par ma faute que tout se complique. Aujourd'hui il va mal. Aujourd'hui il est triste et après plusieurs semaines à le voir sourire sans arrêt, ça fait un petit choc quand même et surtout ça m'inquiète beaucoup. Ça m'inquiète au point ou je le questionne, mais j'apprends sans vraiment en être surprise que ce qui vient perturber Caleb dans son bonheur, c'est le souvenir de son ex-fiancée. Et ça me fait de la peine pour lui, parce que ça fait à peine plus d'un mois que l'on est marié. A peine trois semaines que nous sommes rentrés de notre voyage de noce, pleins de souvenirs en tête et de projets pour notre futur, et il rentre aujourd'hui, triste et visiblement énervé contre lui-même parce qu'il s'en veut de ne pas avoir assez de temps pour penser à son ex-fiancée et je dois être là pour lui. Parce que c'est mon rôle désormais, je suis sa femme et je veux être la meilleure femme possible mais il y a des sujets sur lesquels je ne sais pas comment agir, comment réagir. Dans le manuel de la parfaite petite femme, il n'y a pas un paragraphe sur comment gérer la peine de son mari qui à cause de son bonheur oublie son ex-décédée. Alors je fais comme je peux, je l'écoute, je prends sa main dans la mienne, j'essaye d'être la pour lui mais visiblement je m'y prends mal, encore. « Désolé de te déranger avec ça alors. Fais comme si je t’avais rien dit. » Je secoue la tête perturbée par sa réponse, j'essaye de faire au mieux, j'essaye vraiment de me comporter comme une femme aimante, à l'écoute de son mari, j'essaye d'être là pour lui parce que je veux l'être mais quoique je dise, quoique je fasse, j'échoue et je m'en veux énormément qu'il puisse penser qu'il me dérange, enfin que j'ai pu lui renvoyer cette image là. « Tu ne me déranges pas, je te l'ai dis, je suis là pour toi. » Et parfois j'aimerais pouvoir lui prouver un peu plus, lui montrer que je suis vraiment là pour lui et qu'il ne puisse pas en douter. Lui faire comprendre que je pense à lui et que je m'inquiète pour lui. J'essaye de lui prouver que je suis là, qu'il peut me parler en réagissant à ses mots, en lui donnant mon avis, en lui présentant la réalité de sa vie et à quel point elle a été chargée, j'essaye de lui apporter des pistes pour qu'il ne se culpabilise pas de ne pas avoir passé plus de temps au cimetière avec sa femme décédée parce qu'il était ici avec nous mais je vois bien qu'il n'est pas convaincu par mes mots ou du moins je vois bien que ça ne lui apporte aucun soulagement. Pas même une réaction de sa part. Et je me demande même pendant une seconde, s'il regrette d'avoir passé autant de temps avec nous parce que finalement il semble regretter de ne pas avoir pu être au cimetière à parler avec quelqu'un qui n'est plus de ce monde. Mais ce n'est pas une chose que je peux lui demander, pas ainsi parce que je sais que ça ne ferait que renforcer encore plus sa culpabilité, cette fois envers nous et je n'ai pas envie qu'il se sente mal, enfin encore plus mal qu'il ne l'est déjà. Je voudrais lui apporter un soulagement, lui montrer qu'il a le droit d'être heureux, qu'il a le droit de vivre sa vie et de profiter de chaque instant sans avoir à se culpabiliser de ne pas penser aux personnes qui ne sont plus à ses côtés pour vivre ces instants, mais il ne fait qu'hausser les épaules, voilà la seule réaction de Caleb. Et c'est aussi cette réaction que j'obtiens de lui quand je lui rappelle qu'il pense encore à elle, puisqu'il y pense visiblement beaucoup aujourd'hui et qu'il a même prit le temps d'aller au cimetière. Il est là mais sans l'être réellement et j'ai presque l'impression de parler toute seule finalement, alors que je fais vraiment mon possible pour lui montrer que je le soutiens, que je suis là, que j'ai écouté ses paroles. La présence des filles est finalement bénéfique quand elles nous appellent, quand elles me font prendre conscience qu'elles sont là et qu'elles ont besoin de moi. Avec elles au moins j'ai l'impression de pouvoir faire quelque chose, je les nettoies rapidement et je les laisse partir jouer pour tenter cette fois d'assurer dans mon rôle d'épouse et c'est pas gagné. Les mains de Caleb jouent ensembles, enfin jouent pas vraiment mais je les regarde et je ne sais même pas si j'ai le droit de venir interrompre son tic nerveux. Je crois que sa nervosité commence à me gagner aussi et je joue avec ma bague de fiançailles juste pour occuper mes mains. Je pourrais rejoindre les filles, il n'est plus très bavard Caleb et je ne sais pas s'il a encore envie d'en parler ou si ses haussement d'épaules en guise de réponse étaient destinés à me faire prendre conscience qu'il ne voulait plus discuter de ça. Je ne sais pas, alors comme je lui ai dis que j'étais là pour lui et qu'il ne me dérangeait pas, je parle à nouveau. Je le questionne sur son mal-être, enfin sur sa visite au cimetière d'abord. C'est la seule question que j'ai réussi à formuler sans risquer d'être trop intrusive. « J’en sais rien. » Une réponse différente du haussement d'épaule mais qui a un sens presque similaire. Mais au moins il parle. « Je pense que c’est parce que j’ai réalisé que je l’avais un peu oublié ces dernières semaines. » Et encore une fois, dans d'autres circonstances j'aurais été ravie de les entendre ces mots. Savoir que je réussis à lui faire oublier son passé, savoir que notre vie le comble assez pour qu'il oublie sa peine, sa tristesse, sa culpabilité et son ex-fiancée, j'aurais vraiment aimé l'entendre me dire ça. Mais, pas dans ces circonstances et surtout pas si cette pensée lui fait du mal. Mais qu'est-ce que je suis censée dire ? Désolée d'avoir occupée tellement ton temps ces dernières semaines que tu en as oublié ton ex-fiancée? Désolée que notre vie te rende si heureux que tu oublies tes malheurs passés ? Désolée de ne pas avoir laissé de place à ton ex-fiancée décédée durant notre mariage et notre voyage de noce ? Non clairement je ne peux pas lui dire ça et pourtant en l'entendant parler ainsi j'ai vraiment la sensation que j'ai une part de responsabilité et que je devrais m'excuser. Parce que cette situation lui fait du mal et je ne sais pas vraiment comment solutionner ce problème. « Mais laisse tomber, t’as raison, c’est pas à toi de me conseiller à ce sujet-là. » Je secoue la tête. « J'ai pas dis ça Caleb. » Si peut-être un peu que je l'ai dis finalement, j'en sais trop rien, mais je n'avais pas l'intention de laisser tomber et de le laisser se débrouiller avec sa douleur, ça c'est quelque chose que je lui ai dis, j'en suis sûre. Pas dans ces termes là, mais je lui ai dis que j'étais là pour lui et il est temps de lui prouver. Je cherche mes mots, je cherche ce que je dois dire ou non pour lui faire comprendre qu'il peut me parler et que je ne vais pas laisser tomber mais alors que je suis perdue dans mes pensées, essayant de trouver la meilleure chose à lui dire, je sursaute quand il frappe dans ses mains pour attirer l'attention de nos filles. « Il y en a une de vous qui veut venir voir papa mes chéries ? » Je suis tellement nulle pour le soutenir et lui remonter le moral qu'il fait appel à nos filles et je crois que ça en dit long sur la façon dont je gère la discussion non ? J'entends les rires de Lena, j'entends ses chutes et ses petits pas qui avancent vers nous mais c'est Caleb que je regarde. Je suis si nulle avec lui, et pourtant mes intentions sont sincères, mes inquiétudes le sont aussi mais je suis incapable de bien me comporter, incapable de rassurer et d'écouter mon mari, si c'est pas pitoyable ça. Pour le meilleur et pour le pire. Je créais le pire, mais quand il s'agit d'être présente dans les moments durs, je suis définitivement une incapable. Je regarde Caleb avec Lena et si cette image suffit habituellement à m'attendrir, ce n'est pas le cas aujourd'hui pourtant ils sont beaux tout les deux, et Lena qui fait des câlins plus de trente secondes c'est rare, mais je suis perdue dans mes pensées, à ressasser encore et encore notre discussion qui a tourné court. « Je suis désolée, c'est vraiment pas ce que je voulais dire, je ne voulais pas que tu penses que tu me déranges ou que je m'en moques, mais c'est un peu à cause de moi si tu as moins de temps pour elle ces dernières semaines et je ne sais pas si je peux te donner un avis objectif ou si quoique je dise, ça sera mal interprété parce que je suis pas neutre. » Je sais que je ne peux pas, mais peut-être que ce qu'il attends ce n'est pas un avis objectif après tout, j'en sais rien, c'est peut-être l'avis de sa femme qu'il veut et c'est moi qui suis cette personne. Je sais que j'ai pas assuré parce qu'il s'est braqué, parce qu'il s'est refermé mais je tente de m'ouvrir à lui pour lui expliquer ma réaction, pour qu'il comprenne mes mots et ma situation. « Tu me dis que tu étais tellement heureux que tu n'as pas pensé à elle, et j'ai pas envie de m'excuser de te rendre heureux parce que c'est tout ce que je désire, pouvoir te rendre heureux et je le suis vraiment moi aussi et j'ai besoin de ce bonheur entre nous en ce moment, mais en même temps, j'ai pas envie que tu te sentes mal parce qu'on te prends tout ton temps et ton énergie et que tu n'as plus de place pour Victoria, c'est pour ça que j'ai dis que je n'étais pas la mieux placée et je suis désolée si tu as pensé que ça ne m’intéressait pas. » Je prononce son prénom et c'est rare, mais ça prouve qu'elle existe réellement, ou qu'elle a existé, mais qu'elle est présente dans sa vie et donc dans la mienne c'est d'ailleurs avec ses mots que je reprends. « J'ai mis du temps à l'accepter, j'ai eu du mal à comprendre que tu serai toujours amoureux d'une autre femme, mais je l'ai compris désormais. Elle fait partie de ta vie et maintenant de notre vie et si tu as besoin d'en parler, tu peux m'en parler, parce que je suis là pour toi. » Je prends sa main dans la mienne à nouveau alors que Lucy arrive dans la cuisine et semble vouloir elle aussi un câlin de son père, je lâche la main de Caleb pour porter Lucy et l'installer sur les genoux de Caleb à côté de Lucy. Ils sont là tout les trois, les trois personnes les plus importantes de ma vie et je me dois d'être à la hauteur, pour elles mais surtout pour Caleb parce que c'est lui qui a besoin de soutien aujourd'hui. « Je suis là pour toi chéri, tu me déranges jamais, je suis vraiment là et je suis prête à tout entendre, je veux te soutenir et si tu veux me parler de ce que tu as ressenti en allant sur sa tombe, ou de ce que vous avez parlé avec ton psy, je veux que tu puisses le faire, tu peux tout me dire si ça peut t'aider à aller un peu mieux. » Parce qu'au fond c'est tout ce que je veux, qu'il aille mieux, ou qu'il aille un peu moins mal et si pour ça je dois l'écouter me parler de l'amour qu'il ressent pour une autre, je suis prête à le faire, parce que désormais j'ai assez confiance en nous pour gérer la situation et tout ce qui m'importe c'est lui et j'aimerais qu'il le comprenne et qu'il passe outre mes maladresses parce que mes intentions sont vraiment sincères.
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« Tu ne me déranges pas, je te l'ai dis, je suis là pour toi. » Elle m’a aussi dit qu’elle n’était pas la personne à qui je devrais me confier, c’est même la première chose qu’elle m’a vraiment répondu. Mais je laisse couler, je ne dis plus rien parce que finalement j’ai bien compris son message et si elle ne se sent pas en capacité d’avoir cette discussion avec moi je ne vais pas la forcer. Il y a certainement une partie de moi qui lui en veut tout de même un peu, parce qu’il y a un mois on s’est dit oui pour le meilleur et pour le pire, sauf qu’elle n’assume donc pas vraiment les côtés les plus difficiles. Tout ne peut pas toujours être tout beau et tout rose malheureusement, et encore moins avec moi parce qu’il y a encore quelques petites pensées qui m’empêchent d’être toujours pleinement heureux et quand on pense au fait que quelqu’un est mort par votre faute, clairement, le bonheur semble bien loin. « J'ai pas dis ça Caleb. » Je me demande si elle le fait exprès ou si elle pense sincèrement ne pas avoir prononcé ces mots qui sont pourtant bel et bien ressortis de sa bouche quelques minutes auparavant. « C’est exactement ce que tu as dit. » Mais ça c’est comme toujours, elle n’assume pas ses paroles, Alex. Ou bien elle parle tellement qu’elle ne se souvient pas ou ne se rend pas compte de tout ce qu’elle m’a dit. J’accède donc à ce qu’elle semblait vouloir : clore cette discussion et c’est donc vers mes filles que je me tourne pour tenter de me remonter le moral. Elle a essayé, Alex, je le sais, mais elle m’a surtout dit que je ne devrais pas lui parler à elle, alors c’est ce que je fais et c’est un petit sourire qui s’étire sur mes lèvres quand je prends Lena dans mes bras. Elle est venue vers moi quand je les ai appelées et Lena n’est pourtant pas la plus tactile des deux mais elle a été la plus rapide. Je la garde dans mes bras, je l’embrasse sur la joue, sur le front et la fait sautiller sur mes genoux ce qui la fait rire, comme à chaque fois. « Je suis désolée, c'est vraiment pas ce que je voulais dire, je ne voulais pas que tu penses que tu me déranges ou que je m'en moques, mais c'est un peu à cause de moi si tu as moins de temps pour elle ces dernières semaines et je ne sais pas si je peux te donner un avis objectif ou si quoique je dise, ça sera mal interprété parce que je suis pas neutre. » C’est assez dingue qu’elle parvienne à tourner la conversation de façon à ce que l’on parle d’elle mais je comprends plus ou moins ce qu’elle veut dire ou en tout cas, sa fameuse phrase prend enfin un sens. Je fais toujours bouger rapidement ma jambe tout en tenant les petites mains de Lena dans les miennes et son rire me réchauffe le cœur et parvient à m’apaiser un peu. « Tu me dis que tu étais tellement heureux que tu n'as pas pensé à elle, et j'ai pas envie de m'excuser de te rendre heureux parce que c'est tout ce que je désire, pouvoir te rendre heureux et je le suis vraiment moi aussi et j'ai besoin de ce bonheur entre nous en ce moment, mais en même temps, j'ai pas envie que tu te sentes mal parce qu'on te prends tout ton temps et ton énergie et que tu n'as plus de place pour Victoria, c'est pour ça que j'ai dis que je n'étais pas la mieux placée et je suis désolée si tu as pensé que ça ne m’intéressait pas. J'ai mis du temps à l'accepter, j'ai eu du mal à comprendre que tu serai toujours amoureux d'une autre femme, mais je l'ai compris désormais. Elle fait partie de ta vie et maintenant de notre vie et si tu as besoin d'en parler, tu peux m'en parler, parce que je suis là pour toi. » Au milieu de son monologue je ferme les yeux et mes doigts viennent frotter mes paupières elle me perd en court de route et surtout elle fout un bordel incroyable dans mon esprit. Tout ce que je parviens à retenir c’est quand elle me dit comprendre que mes sentiments pour Victoria sont toujours là et qu’ils le seront certainement tout le temps. À cet instant-là je me fige et je me demande ce que j’ai pu faire, ou dire, pour lui montrer être toujours amoureux de Victoria. D’une certaine manière je le suis encore aujourd’hui, mais ce que je ressens aujourd’hui et différent des sentiments que j’avais pour elle il y a encore trois ans. Une certaine forme d’amour peut-être, d’attachement et peut-être même une pointe de nostalgie ou de manque par moment mais ce qui est sûr c’est que je ne l’aime pas de la même manière que de son vivant. Ça, j’en ai déjà parlé avec mon psychologue qui m’a aidé à comprendre et à accepter que l’évolution de mes sentiments est totalement normale. Je m’apprête à lui répondre mais je lui Alex installer Lucy sur mon deuxième genou juste à côté de Lena et c’est avec un sourire que je l’accueille. « Je suis là pour toi chéri, tu me déranges jamais, je suis vraiment là et je suis prête à tout entendre, je veux te soutenir et si tu veux me parler de ce que tu as ressenti en allant sur sa tombe, ou de ce que vous avez parlé avec ton psy, je veux que tu puisses le faire, tu peux tout me dire si ça peut t'aider à aller un peu mieux. » J’embrasse Lucy qui veut elle aussi me faire un câlin et je la fais à son tour sautiller sur mes genoux avec sa sœur et je reporte enfin mon attention sur Alex juste après. J’attends encore un peu. Quelques secondes, parce que je suis presque persuadé qu’elle n’a pas terminé et qu’elle va se remettre à parler parce qu’elle a toujours quelque chose à dire, Alex. Mais pas cette fois, elle se tait et j’en profite alors pour pouvoir enfin prendre la parole. « Tu parles beaucoup trop, t’es juste en train d’embrouiller complètement mon esprit. » Je suis presque dépité en lui disant ça. Elle parle, elle débite un nombre de paroles juste incroyable et j’aimerais simplement qu’elle aille droit au but et qu’elle arrête d’en faire des caisses pour tout et n’importe quoi. Lena commence à gigoter et elle me fait comprendre qu’elle veut descendre en m’appelant plusieurs fois tout en pointant le sol du doigt. Je l’embrasse une dernière fois et l’aide à regagner le sol, je la suis des yeux quelques secondes pour regarder ma femme juste après. J’attends un peu, j’essaie de me remémorer tout ce qu’elle m’a dit – mais se souvenir de tout est vraiment impossible pour moi. – « Les sentiments que j’ai pour elle n’ont rien à avoir avec ce que je ressens pour toi tu sais. C’est différent. C’est de toi dont je suis amoureux, c’est toi ma femme et la mère de mes enfants. » Ça me semble important à préciser alors que Lucy pose ses bras sur mon torse pour me faire un câlin que je lui rends avec grand plaisir. Je la serre contre moi, je l’embrasse sur le front, je la berce tout en caressant avec douceur son dos. Les éteintes de ma fille valent tout l’or du monde, je vous assure.
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« C’est exactement ce que tu as dit. » Est-ce que j'ai dis ça ? Peut-être, sans doute s'il le dit, mais mes intentions étaient différentes et encore une fois visiblement ma maladresse légendaire vient perturber mes relations sociales. J'en ai l'habitude, mais savoir qu'à cause de ça il pense que je le dérange, ou que ça ne m'intéresse pas ce qu'il a à me dire, c'est dur à accepter parce que je m'en veux d'être toujours aussi nulle. Surtout parce que ma maladresse vient encore une fois blesser Caleb, d'une manière ou d'une autre, quelque soit mes intentions, faut croire que j'arrive tout à le blesser ou à faire en sorte qu'il se renferme et je suis la seule à blâmer dans tout ça. Il se ferme à moi parce que je lui ai pas montré que je pouvais le soutenir, être là pour lui, l'écouter tout simplement alors il se tourne vers sa fille. Vers Lena qui lui offre ce dont il a besoin, à savoir une séance de tendresse et de rire enfantin et innocent. A croire qu'elle a entendu mes mots quand j'ai été la chercher plutôt, papa a besoin de câlins, je le savais mais j'ai pas été en mesure de lui donner ce dont il avait besoin, est-ce qu'au moins je sais ce dont il a besoin d'abord ? Parler ? Ne pas parler ? Que je sois là ? Que je lui laisse de l'espace ? Finalement je ne sais même plus ce que je dois faire ou ne pas faire, et mes filles de un an, semblent plus douées que moi, et tant mieux, j'espère qu'elles n'hériteront pas de ma capacité à tout faire foirer constamment parce que c'est loin d'être simple à gérer. Voilà que je pense à moi, à ce que je fais mal, à ce que je ressens, putain d'égoïsme. Et je pense à moi au lieu de penser à lui, et pourtant je pense à lui tout le temps, sauf quand il le faut visiblement. Je pense, beaucoup, trop sans aucun doute. Je pense à ses mots à lui, je pense aux miens. Je pense à ses craintes, je pense aux miennes. Je pense à ses silences que j'essaye d'interpréter mais que je ne peux pas réellement, alors comme un moyen de contenir le stress que je ressens, je me mets à parler. Parler pour rattraper une situation que j'ai gâché, parler pour lui prouver que je suis là pour lui, parler pour montrer que je peux faire face à tout ça. Parler parce que finalement c'est ce que je sais faire de mieux dans ces cas là, et pourtant je sais que je devrais me taire. Je sais que je risque encore de m'emporter, de parler trop et trop vite, que je risque de dire des choses maladroites mais je ne peux pas rester avant la sensation d'avoir blessé mon mari et je sais que ce n'est pas qu'une sensation. Il pense que je ne suis pas intéressé par son mal-être, et si moi sa femme ne lui prouve pas que je suis là pour lui, alors je ne mérite pas d'être mariée à un tel homme non ? Parce que je sais que lui sera là pour moi quoiqu'il arrive, il me l'a déjà prouvé à plusieurs reprises alors c'est à mon tour d'être là pour lui. Pour une fois dans ma vie c'est à moi d'être forte et de lui montrer que quoiqu'il vive, quoiqu'il traverse, il pourra toujours venir me parler et que je saurais écouter et être là pour lui. Et je tente de lui prouver ça en parlant. Mauvaise idée Alex. Je le sais, mais je le fais quand même. Parce que je suis conne, parce que c'est moi, parce que je ne sais pas faire autrement. Et je parle sans même savoir s'il m'écoute encore, c'est bien la preuve que je parle vraiment trop non ? Quand même l'interlocuteur n'a plus la place pour répondre ou même pour hocher la tête, c'est bien que les mots sortent trop vites, trop nombreux et mon accent se remarque encore un peu plus à mesure que le débit s'accélère. Je m'arrête pourtant quelques secondes pour poser Lucy sur ses genoux, et Caleb sourit. Il sourit à nos filles, et c'est un signe qui devrait me rassurer non ? Mais ce n'est pas à moi qu'il sourit, ce n'est pas grâce à moi qu'il a quelques sourires sur le visage mais grâce à nos filles, au moins il pourra toujours compter sur elles en cas de besoins et elles ne sont même pas en mesure de réaliser à quel point elles sont une source de bonheur infinie pour leur père et moi. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est pas à elles de soutenir Caleb, c'est à moi et dans une ultime tentative, j'essaye de lui prouver que je peux le soutenir, que je peux tout entendre, que jamais il ne me dérangera. Voilà les seuls mots que j'aurais du prononcer finalement, mais il faut que mes mots se perdent dans un flot de parole, le message perd de son sens, mais les mots positifs sont oubliés, mais les maladresses sont noyées elles aussi et finalement c'est peut-être pour ça que je parle tant. « Tu parles beaucoup trop, t’es juste en train d’embrouiller complètement mon esprit. » Bienvenue au club alors chéri. Je veux l'aider, je l'embrouille. Encore une belle victoire à mettre à mon actif. Décidément je les collectionne aujourd'hui et je ne peux même pas en être étonnée, tant j'en ai l'habitude. « Désolée. » Désolée d'être nulle, de ne pas savoir m'y prendre, désolée de ne pas comprendre comment je dois t'aider, ni ce que tu as besoin d'entendre, désolée de ne pas être à la hauteur, désolée d'être incapable de juste être là pour toi alors que tout ce que je souhaite faire c'est de t'aider, c'est d'essayer d'apaiser ta peine, de te rendre heureux. Désolée pour tout ça. Je parle trop alors je me contente d'un simple désolée qui me fait me sentir si minable parce que voilà c'est officiel, je n'arrive pas à être à la hauteur quand il a besoin de moi. Un mois, c'est le temps entre notre mariage et la première fois que j'échoue dans mon rôle de femme. C'est rapide, beaucoup trop mais ce n'est pas là que se trouve l'essentiel. Caleb ne va pas bien aujourd'hui et moi je me plains d'être nulle. Putain d’égoïsme x2 et encore je ne suis qu'à deux parce que j'ai commencé à compter très tard. « Les sentiments que j’ai pour elle n’ont rien à avoir avec ce que je ressens pour toi tu sais. C’est différent. C’est de toi dont je suis amoureux, c’est toi ma femme et la mère de mes enfants. » Alerte égoïsme x3. Parce que j'ai presque envie de sourire à ses mots. Mais je réalise que là c'est lui me rassure non ? Lui qui ne va pas bien, qui me rassure moi en train d'essayer de le rassurer lui. Ça n'a plus de sens et c'est encore parce que j'ai dis un truc qu'il ne fallait pas dire. A sa voir ou, j'en sais rien, c'est ça le risque de trop parler. Mais n'empêche que le résultat est le même, il me rassure sur ses sentiments alors que si je doute sur beaucoup de choses, je n'ai pas douté sur ça, enfin pas aujourd'hui. Je ne doute plus depuis notre mariage, je suis sur mon petit nuage et si aujourd'hui il me force à en descendre, je ne doute pas de ses sentiments pour moi et cette fois c'est à mon tour de le rassurer, sur l'effet de ses mots rassurants sur moi. Oui je sais, même pour moi c'est compliqué à suivre. « Mais je sais déjà ça bébé. » Bébé, ce surnom qu'il ne pensait pas que je continuerai à employer une fois rentrer de notre lune de miel et pourtant aujourd'hui je l'utilise encore et c'est peut-être encore plus fort de l'utiliser là maintenant parce que je veux me montrer posée, sûre de moi, calme et surtout amoureuse, complètement amoureuse de lui. « Tu n'as pas à te justifier, je ne doute pas de tes sentiments pour moi. » Ni de ses sentiments, ni du fait qu'il soit impliqué dans notre vie de famille, il suffit de le voir avec sa fille à ce moment précis. La tendresse qui se dégage de ce moment est si forte, ils sont si fusionnels tout les deux, si calmes l'un avec l'autre et si Caleb sait apaisé toutes les filles de la maison, Lucy arrive aussi à apaiser Caleb, sans doute parce qu'elle a un calme que Lena et moi n'avons pas naturellement. Mais je le regarde avec Lucy à ce moment précis, je le vois chaque jours avec elles, et avec moi et je ne pourrais pas douter de ses sentiments, jamais. Du moins, plus jamais. « Je sais que tu essayes de me rassurer, et que tu veux penser à moi, mais je vais bien vraiment, ne t'inquiète pas pour moi. » Même si on évoque Victoria, même si je semble paniquer en voyant que je n'assure pas, je vais bien moi, contrairement à lui. « Ma seule crainte aujourd'hui c'est toi et j'ai envie de te soutenir, mais je ne sais pas comment m'y prendre. » Je jette un coup d’œil à Lena qui vient de tomber mais elle se relève sans difficulté et je regarde de nouveau Caleb tout en m'approchant un peu pour caresser le dos de Lucy. « Je crois que j'aurais du commencer par te demander ce dont tu avais besoin. » Ma main se pose sur la sienne sur le dos de Lucy quelques secondes et je finis par prendre sa main. « Je suis désolée de m'être emportée. Mais je pense pas que tu me déranges, jamais, je m'inquiète pour toi et je veux juste que tu sois heureux. » Tais-toi Alex. Une voix me rappelle à l'ordre alors que je commence à parler encore beaucoup. « Alors de quoi as-tu envie là maintenant chéri ? » Une cigarette, un câlin, du silence, que je le laisse un peu respirer, que je l'écoute parler, qu'on se taise tout les deux, quoiqu'il ait besoin, ou envie, je suis prête à lui donner parce que c'est tout ce qui aurait du compter depuis le début, ce dont il avait besoin/envie.
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Elle parle beaucoup, Alex, et ça a toujours été le cas mais je pense qu’aujourd’hui c’est peut-être moins agréable qu’à l’accoutumée. Parce qu’elle veut faire bien je le sais, mais elle prend toute la place, elle prend trop de place. J’ose lui faire la réflexion, elle s’excuse et le silence qui s’installe entre nous me permet de me vider la tête et de me concentrer sur mes pensées et aussi sur ma fille qui semble avoir compris ô combien aujourd’hui, encore plus que les autres jours, j’ai besoin de ses câlins. Je trouve ça adorable de sa part et tellement apaisant qu’elle parvient à me faire sourire sans trop de difficulté. Pourtant on ne peut pas dire que je sois des personnes qui aiment le plus les câlins ou le contact physique, mais avec Lucy Lena et Alex c’est différent J’aime les prendre dans mes bras et leur présence a toujours eu un effet apaisant sur moi. Même quand j’en ai le plus besoin et aujourd’hui en fait partie. Mais le plus dingue et peut-être le plus touchant aussi c’est de se dire que Lucy semble l’avoir compris d’elle-même. Ses petits bras qui se posent sur mon torse, ils sont encore bien trop longs pour pouvoir entourer ses bras autour de mon torse pour cette étreinte, ça rajoute un petit côté adorable à la situation qui ne peut que m’arracher un petit sourire. « Mais je sais déjà ça bébé. Tu n'as pas à te justifier, je ne doute pas de tes sentiments pour moi. » Mes yeux se posent sur elle et si l’emploi de ce surnom me fait habituellement sourire ce n’est pas forcément le cas aujourd’hui. Bien que j’apprécie toujours autant de l’entendre m’appeler ainsi. SI je lui avais dit que ce surnom ne durerait pas très longtemps je me rends compte à quel point j’ai pu me tromper ; nous sommes rentrés de voyage de noces depuis déjà quelques semaines et pourtant j’ai encore souvent l’occasion d’entendre ce mot sortir de sa bouche. Pour mon plus grand plaisir. Mais je retiens surtout qu’elle ne doute pas des sentiments que j’ai pour elle et ça reste le plus important finalement. « Je sais que tu essayes de me rassurer, et que tu veux penser à moi, mais je vais bien vraiment, ne t'inquiète pas pour moi. » J’hoche une fois la tête, elle va bien, elle ne doute pas alors tant mieux et je me sens rassuré sur ce point. Je regarde un instant Lena qui joue avec Dobby en riant, si vous saviez à quel point j’aime mes filles. Je les aime plus que tout au monde et pour elles je serai capable de tout. J’aimerais qu’elles sachent et qu’elles comprennent combien elles sont importantes pour moi et, comme je l’ai dit à Lucy un peu plus tôt, sans elles je ne serai rien du tout. Elles sont ma source de bonheur quotidien, elles sont mon pilier, c’est aussi pour elles que j’ai envie de me lever tous les matins, pour gagner assez d’argent afin de subvenir à tous leurs besoins et les couvrir de cadeaux. Certains me diront que j’en fais trop avec mes filles, que je suis un papa gâteau et qu’il faudrait que j’apprenne à leur dire non un peu plus souvent mais pour le moment j’en suis incapable. Tout ce que je veux c’est leur bonheur, j’en fais ma priorité et je veux m’assurer qu’elles ne manquent jamais de rien dans la vie. L’amour paternel est fort, spécial et indescriptible, je le découvre encore un an après leur naissance et ce sentiment de joie et de bien-être qu’elles m’offrent chaque jour m’aide à avancer. « Ma seule crainte aujourd'hui c'est toi et j'ai envie de te soutenir, mais je ne sais pas comment m'y prendre. » Sauf qu’en aucun cas je ne veux qu’elle craigne quoi que ce soit pour moi alors je secoue rapidement la tête et ma main joue avec la sienne quand elle avance sa main sur la mienne. « Mais moi ça va, t’en fais pas. C’est juste un coup de blues mais ça ira mieux demain. » Ça m’arrive souvent, me lever, me sentir mal et triste sans réellement savoir pourquoi et bien souvent le lendemain ou quelques jours après je retrouve le calme et la sérénité dont j’ai besoin. « Je crois que j'aurais du commencer par te demander ce dont tu avais besoin. » J’hausse les épaules, le problème c’est sûrement que je ne sais pas moi-même ce dont j’ai envie. « Je suis désolée de m'être emportée. Mais je pense pas que tu me déranges, jamais, je m'inquiète pour toi et je veux juste que tu sois heureux. » Je relève les yeux vers elle et avant qu’elle ne recommence à parler je prends à mon tour la parole. « C’est pas que tu t’es emportée, c’est juste que quelque fois tu parles beaucoup trop et si en règle générale ça me dérange pas, quand je ne suis pas au meilleur de ma forme ça m’embrouille l’esprit. » Je lui explique calmement. Elle est bavarde Alex, et j’ai presque envie de dire heureusement parce qu’on ne peut pas dire que je sois de deux qui parlent le plus. « Alors de quoi as-tu envie là maintenant chéri ? » La voilà cette fameuse question à laquelle je n’ai pas vraiment de réponse. Je me laisse un temps de réflexion pendant lequel je berce doucement Lucy qui est en train de s’endormir contre moi. Je baisse les yeux vers elle pour la regarder un instant, ses yeux sont fermés ses poings serrent mon t-shirt et je peux sentir sa respiration se réguler un peu. Je me lève, je la berce encore un peu et c’est doucement que je réponds à Alex. « Après manger on peut peut-être aller leur acheter des nouveaux vêtements ? Elles grandissent tellement vite en ce moment. » Je berce encore avec douceur ma fille quelques secondes et je m’éclipse un moment pour la mettre dans son lit. Je la borde, je l’embrasse sur le front et je m’assure qu’elle soit parfaitement bien installée avant de prendre le baby-phone et de rejoindre Alex dans la cuisine. « T’as envie de quoi ? » Je lui demande en ouvrant le frigo et je me rends compte que nous n’avons pas fait les courses depuis un moment et qu’il ne reste pas grand-chose pour que je puisse nous faire un repas digne de ce nom. Le frigo est essentiellement rempli de purées et comptes que j’ai préparées pour les filles ce qui montre bien une chose : nous pensons tous les deux bien plus à Lucy et Lena qu’à nous-même.
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Je sens sa main qui accepte le contact avec la mienne et mieux encore ses doigts jouent avec les miens, et rien que ce petit contact me fait du bien. Je suis nulle, il le sait, il s'en rends compte tout le temps, et encore aujourd'hui mais malgré tout il est encore là, prêt à accepter ce contact physique avec moi. « Mais moi ça va, t’en fais pas. C’est juste un coup de blues mais ça ira mieux demain. » Dans d'autres circonstances, j'aurais pu remettre en cause ses mots ou du moins ne pas trop l'écouter ou penser qu'il dit ça pour me rassurer mais aujourd'hui, j'ai envie de lui faire confiance et de le croire. « Que tu ailles bien ou pas, je m'en fais pour toi tout les jours, mais si demain ça va pas mieux n'hésite pas à venir m'en parler, je suis là pour toi. » Voilà tout ce que je lui dis, j'ai pleins de questions, j'en ai énormément mais je ne veux pas risquer de me lancer encore dans des longs monologues, ou risquer de dire une maladresse qui le rendrait encore plus mal. Alors à défaut de réussir à l'apaiser, j'essaye déjà de ne pas le rendre plus mal qu'il ne l'est déjà. « C’est pas que tu t’es emportée, c’est juste que quelque fois tu parles beaucoup trop et si en règle générale ça me dérange pas, quand je ne suis pas au meilleur de ma forme ça m’embrouille l’esprit. » Il est calme Caleb, là ou moi je m'emporte, ou je parle vite et peut-être parfois trop fort, lui il est posé et doux même quand il m'explique des choses négatives. Je lui souris mais pas un sourire tendre plutôt un sourire désolé de voir que je réussis à faire tout l'inverse de ce que j'essaye de faire, à savoir l'embrouiller au lieu de le rassurer. « Je sais que je parle trop, c'est ma façon de gérer mais je vais tenter de prendre sur moi et de ne pas t'envahir avec mes réflexions. » J'écoute ce qu'il me dit, j'essaye vraiment de prendre en compte les choses qu'il me demande parce que je veux être la meilleure personne pour lui, mais j'ai encore énormément de progrès à faire visiblement, la preuve aujourd'hui avec ma réaction. J'aurais du me taire, ou du moins juste lui demander ce qu'il voulait, ce dont il avait besoin et ce que je pouvais faire, voilà les trois seules questions qui auraient mérité que je lui pose mais c'est avec beaucoup de retard que je lui pose ces questions. Et il met lui aussi du temps avant de me répondre. Concentré sur Lucy qui s'endort dans ses bras, il la regarde avec énormément de tendresse, il veille sur elle alors qu'elle s'endort contre lui et je sais en le voyant se concentré sur Lucy que jamais je ne serais à la hauteur de Caleb. Il ne va pas bien et pourtant il arrive à trouver la force pour me rassurer, il arrive à tout oublier pour se concentrer sur Lucy et l'aider à s'endormir, il arrive à comprendre ce que chacune de nous avons besoin et à s'adapter à nous, pour nous. Et jamais je ne pourrais être comme ça, j'aimerais mais il est parfait Caleb et même en étant la meilleure version de moi-même, je serais à des années lumières de lui. Je ne suis pas quelqu'un de bien, c'est une réalité que je ne suis pas la seule à penser, mais c'est un fait. Je ne suis pas une bonne personne qui a épousé l'homme le plus doux, le plus tendre, le plus généreux possible, et peut-être qu'à côté de lui mes défauts ressortent encore plus, j'en sais rien mais tout ce que je sais, c'est que je l'aime, je l'aime infiniment mais que je n'arrive pas à lui prouver. C'est à tout ça que je pense quand je le regarde avec Lucy, quand je vois les petites mains de Lucy agripper le tee-shirt de Caleb, et je comprends ma fille. Moi aussi j'aime m'endormir contre lui, moi aussi j'aime son odeur, j'aime le calme qu'il dégage. Et je reste silencieuse à réfléchir et à profiter de cette image de tendresse pure entre un père et sa fille. Je les aimes, je les aimes tellement même si je peine à leur montrer chaque jours à quel point ils sont tout pour moi. « Après manger on peut peut-être aller leur acheter des nouveaux vêtements ? Elles grandissent tellement vite en ce moment. » Ce sont les mots de Caleb, pourtant prononcé avec douceur, qui me font sortir de mes pensées. Je lui demande ce dont il a envie et il me parle de faire les boutiques et c'est tout sauf une réponse à laquelle je m'attendais. Il n'aime pas ça, pas du tout même. J'ai toujours du le traîner dans les magasins et ça n'a jamais été un plaisir pour lui, sauf deux types de magasins. Les magasins de lingeries, et depuis plus d'un an désormais, les magasins pour bébés. M'accompagner acheter une robe pour moi est sans doute l'une des activités qu'il redoute, en revanche aller acheter trois, quatre, cinq robes pour ses filles il aime beaucoup ça, alors en soit sa réponse n'est pas si étonnante, mais juste inattendue à cet instant précis. Mais si c'est ce qu'il a envie alors je vais accepter parce que je ne dis jamais non à une séance de shopping moi. Que ce soit pour moi, pour lui ou pour nos filles, j'aime passer du temps dans les magasins et tout est tellement mignons en taille miniature. Et puis cette activité, c'est aussi l'occasion de passer du temps en famille, et ça me rassure qu'il ne m'ait pas demandé de le laisser un peu finalement. « Oui si tu veux, moi ça me va et il faut qu'on leur achète des vêtements froids pour Janvier aussi. » Puisque s'il fait chaud en Australie désormais, ce n'est pas le cas de l'Europe ou nous avons prévu de nous rendre dans quelques semaines et je sens que ça risque d'être galère de trouver des vêtements d'hiver au mois de Décembre en Australie. « Pour toi aussi d'ailleurs mais t'inquiète je ne t'obligerai pas à faire des longues séances d'essayage. » Pas aujourd'hui non. J'embrasse légèrement le front de Lucy avant de le regarder quitter la pièce avec notre fille endormie dans les bras et je profite de ce moment seule dans la cuisine pour débarrasser la table des filles et de tout mettre dans le lave vaisselle. Caleb revient quelques minutes après. « T’as envie de quoi ? » de toi, juste de toi. Cette réponse est celle que je lui donne si souvent mais pas aujourd'hui. Ce n'est pas que j'en ai pas envie, loin de là, mais la situation ne se prête ni au jeu entre nous, ni aux moments intimes improvisés. Je me lève et le rejoins devant le frigo me plaçant derrière lui pour voir par dessus son épaule ce dont je pourrais avoir envie dans notre frigo un peu trop vide. « Va pour un petit pot de purée de petit pois et une compote ça fera l'affaire non ? » Ce n'est pas une réponse sérieuse, mais je n'ai pas excessivement faim et je pourrais totalement me contenter d'un repas de ce genre sauf que ce n'est pas quelque chose que je vais lui dire, parce qu'il n'aime pas quand je ne mange pas normalement, ce qui arrive pourtant souvent quand je suis contrariée, inquiète, ou en colère. « Tu as faim maintenant ? » Je passe mes bras autour de son torse, collant mon corps à son dos. « Sinon on attends le réveil de Lucy et on se fait un petit restaurant avant d'aller gâter les filles ? » Je me dis que sortir un peu tout les quatre, passer du temps ensembles à l'extérieur pourrait l'aider à ne pas trop penser. Lena arrive derrière moi et me tire sur la jambe en m'appelant à plusieurs reprises jusqu'à ce que je finisse par lâcher Caleb pour me tourner vers ma fille. « Maman, maman ! Bain. » Elle me tire la jambe encore et elle me montre du doigt la fenêtre du salon et je ne met pas longtemps à la comprendre, à croire que grimper partout et explorer le monde sans s'arrêter ne lui convient plus, elle a découvert l'eau, la piscine qu'elle appelle le bain, un énorme bain dans lequel elle continue d'explorer de nouvelles choses, de nouvelles sensations et visiblement elle aime ça et surtout elle sait ce qu'elle veut Lena. « On peut aller se baigner un peu avant d'aller au resto, tu viens avec nous ? » Je regarde Lena qui continue de me tirer sur la jambe déterminée à m’entraîner avec elle jusqu'à la piscine mais elle a clairement pas la force pour. « On va aller à la piscine Lena, deux minutes, il faut que papa vienne avec nous. Tu as envie que Papa vienne avec nous dans le grand bain ? » Ma voix s'adoucit quand je lui parle, je vais plus lentement, je choisis des mots qu'elle peut comprendre et c'est en regardant Caleb qu'elle sourit et qu'elle confirme qu'elle aussi veut que son père se joigne à nous. « Papa, bain. » Je souris à Caleb. « Je crois que tu n'as plus le choix, tu sais pas dire non à tes filles. » C'est un fait, un papa gaga, un papa adorable, un papa attentionné mais qui n'a pas encore réellement apprit à dire non à ses filles et aujourd'hui, ça va peut-être nous permettre d'être un peu ensemble avec Lena et partager ce moment en famille.
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« Que tu ailles bien ou pas, je m'en fais pour toi tout les jours, mais si demain ça va pas mieux n'hésite pas à venir m'en parler, je suis là pour toi. » J’hoche une première fois la tête sans pour autant lui répondre quelque chose. J’entends ce qu’elle me dit, elle est là pour moi si je ne vais pas bien mais demain est un autre jour et j’ose espérer que je n’aurais pas à faire appel à elle. « Je sais que je parle trop, c'est ma façon de gérer mais je vais tenter de prendre sur moi et de ne pas t'envahir avec mes réflexions. » Si habituellement l’écouter parler encore et encore ne me dérange pas vraiment, quand j’ai déjà moi-même beaucoup de choses en tête l’entendre me partager toutes ses questions et ses réflexions à une vitesse incroyable est très compliqué pour moi. C’est ce que j’essaie de lui dire, elle me dit qu’elle fera attention dorénavant mais au fond je sais que les chances qu’elle change réellement ça sont très minces. Parce que ça fait partie d’elle et depuis que je la connais elle a toujours été comme ça. Je profite de ma fille qui est en train de s’endormir contre moi et un an après leur naissance, ce genre de moment reste pour moi les plus importants et les meilleurs à vivre. C’est un moment de douceur, de tendresse et de complicité que je vis avec Lucy et à cet instant précis en la regardant, je me rends compte encore plus que les autres jours que sa présence et celle de sa sœur me sont indispensable à mon bonheur et mon bien-être. J’aime mon rôle de père plus que tout au monde et je mets tout en œuvre pour faire d’elles mes petites princesses. « Oui si tu veux, moi ça me va et il faut qu'on leur achète des vêtements froids pour Janvier aussi. » Si l’été commence à arriver en Australie et que la chaleur s’installe, en Europe c’est l’hiver, le froid, la pluie et la neige. Les filles ne connaissent pas encore ça et j’espère qu’elles auront l’occasion de voir de la neige en Europe lors de notre voyage, parce qu’on ne peut pas dire que ce soit des choses qui arrivent souvent. « Pour toi aussi d'ailleurs mais t'inquiète je ne t'obligerai pas à faire des longues séances d'essayage. » Je la laisse embrasser notre fille avant de lui répondre. « Moi il doit me rester des vêtements chauds de mon premier voyage. » Chaque moyen est bon pour éviter une virée shopping pour moi, et je ne pense pas avoir grossi ou maigri depuis mon année passée en Europe. Après avoir couché Lucy pour sa sieste il est temps pour nous de manger, mais le frigo est presque vide et autant dire que je n’ai pas vraiment le courage de sortir pour aller faire des courses. « Va pour un petit pot de purée de petit pois et une compote ça fera l'affaire non ? » Je ris doucement d’un air amusé et hausse les épaules. « Je crois qu’on va être obligé, malheureusement. » Ou bien il va falloir que je me motive à sortir pour faire quelques courses, au moins pour ce midi mais l’envie n’est toujours pas là. « Tu as faim maintenant ? » J’hausse doucement les épaules alors que mes mains viennent caresser doucement les siennes quand je la sens s’approcher de moi. « Sinon on attends le réveil de Lucy et on se fait un petit restaurant avant d'aller gâter les filles ? » « On peut faire ça, oui. Et je ferai des courses en drive pour le reste de la semaine. » Je referme le frigo et me tourne vers elle pour l’embrasser sauf que Lena nous interrompt. Elle semble vouloir aller dans la piscine et autant dire que je n’aime jamais les savoir dans l’eau. Je les trouve bien trop petite et malgré toutes les protections nécessaires j’ai beaucoup trop peur qu’elles se blessent. « On peut aller se baigner un peu avant d'aller au resto, tu viens avec nous ? » Je secoue la tête négativement en grimaçant légèrement. Maintenant Lena m’appelle moi aussi pour aller dans la piscine avec elles mais je n’en ai pas plus envie que tout à l’heure. Je reste sur mon choix de départ et si je ne vais pas dans l’eau avec elles je reste tout de même dehors avec mon ordinateur pour faire des courses mais aussi pour régler quelques petits détails pour le restaurant.
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La journée n’a finalement pas été si mauvaise que ça et je pense que passer du temps avec ma famille c’est tout ce dont j’avais besoin. Après un restaurant nous sommes donc partis dans le centre de la ville pour acheter de nouveaux vêtements pour nos filles et bien entendu qu’Alex n’a pas résisté à faire quelques magasins pour elle et elle n’en est pas ressortie les mains vides. Quand on est marié à une femme qui aime tant le shopping, on s’y fait et malheureusement je m’étais préparé à l’éventualité que nous nous arrêtions dans une ou deux de ses boutiques fétiches. Mais elle a su être raisonnable en ne dépensant pas trop d’argent, les filles regardaient les vêtements qui les entouraient les yeux pétillants et grands ouverts et c’est à partir de ce moment-là que j’ai compris que j’étais foutu et que plus tard, elles aussi elles voudront certainement passer tout leur temps à faire les boutiques et à dépenser leur argent de poche dans des vêtements et des sacs hors de prix. Chose que je ne comprends toujours pas d’ailleurs mais étant marié à Alex, il va bien falloir que je m’y habitue. Ce moment passé avec les trois femmes de ma vie m’a donc fait le plus grand bien et m’a permis de me vider l’esprit et les pensées négatives qui commençaient à prendre bien trop de place – ne jamais dire à Alex que faire du shopping a pu me faire du bien aujourd’hui. – C’est donc après avoir embrassé et bordé mes filles que je passe dans la salle de bain ce soir. Une douche rapide, le boxer enfilé et je rejoins ma femme dans notre lit. Je l’embrasse sur la joue tout en m’installant à ses côtés. « Tout à l’heure j’ai réalisé quelque chose. » Je laisse quelques secondes de silence avant de reprendre. « Si Lucy et Lena te ressemblent et dépensent la moitié de leur argent dans des vêtements, je suis foutu. » Et je serai surtout voué à passer bien trop de temps dans les magasins, malheureusement. Je lui dis ça en rigolant doucement et je reprends un ton un peu plus sérieux. « Merci pour aujourd’hui. Je t’aime. » Parce qu’au final, elle a réussi à me changer les idées et c’est après mes remerciements que j’avance doucement mon visage vers le sien pour l’embrasser avec douceur et tendresse, mes mains remontent sur son visage pour le caresser doucement. Grâce à elle la journée s’est plutôt bien terminée.
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« Moi il doit me rester des vêtements chauds de mon premier voyage. » Il a déjà visité l'Europe, il connaît plutôt bien certains Pays Européens et qu'il ait gardé des vêtements chauds n'est en soit pas si surprenant, Caleb prends soin de ses affaires, bien plus que moi même si j'essaye quand même de faire attention surtout à certains articles particulièrement chers. Mais si lui a gardé des vêtements très chauds de son passage en Europe il y a plusieurs années, ce n'est pas mon cas et pourtant j'ai quitté Londres il n'y a même pas trois ans finalement. Mais je ne lui dis pas que je vais devoir me racheter beaucoup de choses, ce n'est pas le jour et surtout c'est une chose que je ferais sans lui parce qu'il n'est pas un grand fan. « Je pense que tu devrais les essayer quand même, parce que tu risques d'être un peu serré dans les pulls et les manteaux. » Je lui dis ça avec sérieux parce que je le pense vraiment, il a gagné en muscle depuis que je le connais et en deux ans son corps et surtout le haut de son corps a changé ce qui est clairement quelque chose que j'apprécie. Je ne suis clairement pas la seule à apprécier d'être dans ses bras, même si les raisons sont bien différentes, mais Lucy s'est endormie, comme bien souvent, bercé par son père et il finit par aller la coucher. Il revient quelques minutes après et comme souvent c'est lui le premier qui propose de manger quelque chose. Il est même déjà en train de regarder ce qu'il peut nous préparer mais le contenu du frigo nous refroidit tout les deux. Petit pot ou compote, voilà nos options, les filles risquent pas de mourir de faim mais pour nous c'est une autre histoire. Il rit à ma remarque, il rit et même si c'est un rire léger, ça me fait tellement plaisir de l'entendre ce rire. « Je crois qu’on va être obligé, malheureusement. » Après tout les petits pots sont de la vraie nourriture préparée par un chef, donc ça doit être mangeable, mais je préfère attendre et lui proposer un restaurant, on a moins le temps de profiter des restaurants avec les filles, mais aujourd'hui, j'ai envie de lui proposer ce projet. Je me colle à lui doucement et quand je sens ses mains caresser les miennes, je me rapproche encore un peu plus. « On peut faire ça, oui. Et je ferai des courses en drive pour le reste de la semaine. » Il semble partant pour un restaurant, pas que j'ai douté réellement d'un accord de sa part, mais il aurait pu vouloir se poser un peu avant d'aller faire les boutiques pour les filles, mais non, il a envie de passer son temps avec nous et ça me rends heureuse. Il est face à moi désormais et je le regarde quelques secondes, jusqu'à ce que Lena décide de venir nous rappeler que l'on est pas seuls. Elle veut se baigner et si Caleb ne souhaite pas nous accompagner, je décide de faire plaisir à ma fille et de la préparer pour aller dans notre piscine. Elle aime l'eau Lena, mais elle est loin d'être prudente même dans l'eau, et je suis à l’affût du moindre de ses gestes même si je jette des regards réguliers vers Caleb qui s'est installé sur la terrasse avec son ordinateur. Je m'assure qu'il ne se referme pas, qu'il ne se perde pas trop dans ses pensées, mais mes yeux reviennent toujours sur Lena qui rit et joue dans l'eau avec beaucoup de vigueur et qui m’éclabousse à de nombreuses reprises. Je ne sais pas trop combien de temps je reste avec ma fille dans l'eau, à rire avec elle, à partager des moments que j'aime tant avec Lena mais c'est les pleurs de Lucy qui scellent la fin de notre session de jeu dans la piscine et après le grand bain, je file à la douche avec Lena pour nous préparer toutes les deux pour le reste de la journée pendant que Caleb s'occupe de Lucy.
***
Restaurant, magasins, shopping, avec Caleb et nos deux filles, je crois que je ne peux pas vraiment vouloir plus que ce que j'ai eu aujourd'hui. C'était lui qui n'allait pas bien et pourtant c'est l'une de mes activités fétiches que l'on a fait en famille, même si du shopping avec deux enfants d'un an, c'est pas forcément le plus pratique mais elles ont l'air d'aimer et même quand il a fallu leur faire essayer des vêtements elles semblaient heureuses de participer à cette activité. Et je m'imagine déjà avec elles dans quelques années à leur faire partager ma passion et à arpenter les rues les plus chics de Brisbane pour le plus grand malheur de Caleb sans aucun doute. Mais pour le moment, il semble apprécier d'être avec nous, de proposer des vêtements pour les filles, de les regarder défiler à leur manière avec leurs nouveaux vêtements. C'est en famille que l'on partage cette activité, que l'on rit devant des vêtements absolument hideux, ou que l'on s'extasie devant la beauté de nos filles, parce que oui elles sont magnifiques et c'est avec tout l'objectivité de nos rôles parentaux que l'on pense cela. On se promène aussi tout les quatre, et forcément je ne résiste pas à l'idée d'aller essayer cette robe qui semble si parfaite en vitrine et je ressors avec quelques nouveaux vêtements à ajouter à ma garde robe et plusieurs nouveaux pour ajouter à celle des filles. Mais même si je profite à fond de la journée, je reste tout de même consciente que pour Caleb cette journée n'est pas forcément simple, et je reste attentive à lui essayant de ne pas l'envahir tout en essayant tout de même de me montrer là pour lui, avec quelques petits gestes tendres sans en faire trop pour ne pas le mettre mal à l'aise en public mais assez pour lui montrer que je suis là pour lui. Je veux qu'il n'en doute pas, qu'il sache qu'il peut compter sur moi, et que je peux être là pour lui même quand il ne va pas bien. Et au moment du couché, j'appréhende un peu parce que je sais comme les fins de journées peuvent être parfois compliquées alors quand je retrouve notre chambre après avoir passé un dernier moment avec les filles, j'attends qu'il ait fini de se doucher pour m'assurer qu'il aille bien et que cette journée avec nous lui a fait un peu de bien. Quand j'entends la porte s'ouvrir, je lève la tête vers lui et je lui souris quand je le vois sortir en boxer et les cheveux mouillés. Qu'il est sexy les cheveux mouillés, je lui souris tout en regardant son corps. J'aime tellement son torse, les muscles nouvellement dessinées qui ajoutent un petit côté encore plus sexy, je le regarde en souriant incapable de cacher le plaisir que j'ai en le voyant ainsi et pourtant c'est une vision dont je bénéficie régulièrement puisqu'il n'a plus peur de se montrer nu ou torse nu devant moi et moi je ne me prive pas de regarder puisque s'il n'est pas fan de son corps, moi je l'aime. Même cette cicatrice que je vois quand il se penche pour me rejoindre dans notre lit ne me fait plus d'effet, je l'ai touché des centaines de fois, j'ai pu embrasser son corps et cette partie aussi, et désormais elle fait partie de lui même si elle reste liée à son passé, je l'ai accepté, comme j'accepte son passé un peu plus chaque jour et à chaque discussion que l'on peut avoir. J'ai toujours les yeux rivés sur son torse et je crois que je me mords la lèvre en le regardant dans un geste totalement inconscient. Je sens ses lèvres sur ma joue et je le regarde. « Tout à l’heure j’ai réalisé quelque chose. » Je fronce les yeux quelques secondes, attendant la suite de sa phrase. Qu'est-ce qu'il a bien pu réaliser ? « Tu développes ou je devine ? » Oui bon je ne sais pas me taire, c'est un fait. « Si Lucy et Lena te ressemblent et dépensent la moitié de leur argent dans des vêtements, je suis foutu. » Je ris à sa remarque parce qu'il a pas tord mais ce n'est pas moi qui vais blâmer nos filles si elles se prennent de passion pour le shopping, au contraire même. « Si c'est que la moitié de leur argent, je pense que ça voudra dire qu'elles ont hérité de ton côté raisonnable. » Mais on est déjà en train de parler de l'argent de poche et de nos filles en âge de le dépenser comme bon leur semble, et je ne suis clairement pas prête pour ça. « Y'a encore tellement de temps avant qu'on en soit là, je suis pas prête pour ça. Mais si elles me ressemblent tu seras incapable de leur dire quelque chose. » Il en est presque déjà incapable mais je souris et après avoir observé son corps pendant de longues secondes, c'est avec mes mains que je profite de son torse. « Merci pour aujourd’hui. Je t’aime. » Je le regarde en souriant tendrement à ses mots. J'aurais aimé pouvoir en faire plus, j'aurais aimé mieux réagir, j'aurais aimé pouvoir être plus douée pour l'écouter et le soutenir, mais au moins, il semble un peu apaisé ce soir et il me remercie même si j'ai pas vraiment l'impression d'avoir fait grand chose. Je le laisse m'embrasser et je prolonge ce moment à mon tour, et si ses mains caressent mon visage, les miennes sont toujours sur son torse et descendent le long de ses abdos et se baladent sur son corps. Le baiser est tendre, le moment est doux et je ne vais pas intensifier nos échanges bien que j'en ai envie, je ne sais pas si lui est prêt pour ça ce soir et s'il ne l'est pas je ne lui en voudrais pas. Nos lèvres se séparent mais mon visage reste à quelques centimètres du sien. « De rien, j'ai pas fais grand chose. » Je lève les épaules laissant malgré ce geste mes mains sur son torse toujours en train de caresser sa peau. « Moi aussi je t'aime. » S'il savait à quel point je l'aime et je crois que pour lui je pourrais finir par tout accepter, par tout comprendre, juste parce que je veux être avec lui, pleinement et totalement avec lui. « Je sais que la nuit n'est pas toujours une période simple, ça va aller ? » Une façon détournée pour lui demander s'il va bien tout simplement. Mes doigts glissent sur le côté de son torse, mes yeux sont toujours dans les siens. « Et vraiment je pense sincèrement que tu ne rentreras plus dans tes anciens vêtements, tu as vraiment prit des muscles en haut du corps. » Je caresse son torse depuis plusieurs minutes maintenant et c'est avec sérieux que je lui dis ça. Et alors que mes doigts glissent toujours sur sa peau c'est en sentant sous mes doigts sa cicatrice que je lui demande. « Ça te fait mal des fois ? » Est-ce que physiquement il a encore des douleurs parfois ou est-ce que l'accident n'a laissé que des séquelles mentales ? Je dépose doucement mes lèvres sur les siennes, juste avant qu'il ne me réponde, juste pour lui montrer par mes gestes que quoiqu'il dit, quoiqu'il pense, je suis là et je serais toujours là.
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Si la journée a plutôt mal commencé, l’après-midi passée en présence de ma femme et mes filles a réussi à relever le niveau sans aucun mal. Mais ce n’est pas vraiment étonnant, la joie de vivre, le sourire et le rire de mes filles me réchauffe toujours le cœur en un rien de temps. Il suffisait de me voir avec Lucy quand je me suis occupé d’elle après sa sieste ; elle sourit, je souris, elle rit, je ris et ça a été ainsi tout le reste de la journée. Mes filles sont ma force, mon pilier et ma source de bonheur au quotidien. Et puis il y a eu Alex qui a d’abord été maladroite. Vraiment très maladroite et qui n’a pas su m’apporter ce que je cherchais dans un premier temps. Ou bien peut-être qu’elle n’a pas pu finalement, je n’en sais trop rien. Mais cet après-midi passé avec elle m’a fait beaucoup de bien et c’est certainement ce dont j’avais besoin. Un temps avec ma famille, avec ma femme et mes filles pour oublier ce qui me tracasse. Bien qu’oublier ne soit pas le mot adéquat. Leur présence à mes côtés m’a surtout aidée à ne pas laisser ces pensées et les idées que j’avais en tête m’envahir l’esprit. C’est donc un peu plus apaisé et bien moins angoissé que je rejoins ma femme dans notre lit. Elle est déjà prête, elle m’attend alors je la rejoins rapidement et quand j’entends son rire, je souris doucement parce que c’est certainement la plus belle mélodie que je n’ai jamais entendue. « Si c'est que la moitié de leur argent, je pense que ça voudra dire qu'elles ont hérité de ton côté raisonnable. » À mon tour je lâche un petit rire tout en secouant la tête. « Ce qui serait une bonne nouvelle pour nous. » J’ajoute, et j’espère sincèrement qu’elles ne seront pas dépensières comme Alex. Je vais faire de mon possible pour leur inculquer la valeur de l’argent et qu’il est important de travailler pour pouvoir remplir son compte en banque. C’est comme ça que mes parents m’ont élevés et je compte bien reproduire le même schéma. « Y'a encore tellement de temps avant qu'on en soit là, je suis pas prête pour ça. Mais si elles me ressemblent tu seras incapable de leur dire quelque chose. » Elle a raison, Alex, j’ai déjà beaucoup de mal à lui reprocher quoi que ce soit alors si les filles lui ressemblaient autant que ce dont j’en ai l’impression, je sais très bien que je serais incapable de leur refuser quoi que ce soit. Je veux les gâter, je veux qu’elles puissent avoir tout ce dont elles auront besoin pour avancer et réaliser tous leurs rêves. « Je compte sur toi pour m’ouvrir les yeux si je cède trop à leurs caprices. » Peut-être que c’est déjà le cas, je ne pense pas mais je sais que je suis faible face aux grands yeux et au sourire de mes filles. Je sens ses mains sur mon torse quand mes lèvres se posent sur les siennes alors qu’une de mes mains se trouve elle sur son visage que je caresse pendant le baiser que mon échangeons. « De rien, j'ai pas fais grand chose. Moi aussi je t'aime. » Elle ne se rend pas compte que son pas grand-chose a été mon tout aujourd’hui et que c’est en très grande partie grâce à elle que je me sens globalement mieux ce soir. Je commence à frissonner légèrement en sentant ses doigts se balader sur mon torse nu depuis maintenant quelques minutes alors que mes yeux sont toujours dans les siens. Ses yeux, ou ma plus grande faiblesse depuis qu’on se connait. « Je sais que la nuit n'est pas toujours une période simple, ça va aller ? » J’hoche la tête alors que mes yeux se baladent de ses lèvres à ses pupilles. « Tant que tu es avec moi toute la nuit ça devrait aller. » C’est une fois des yeux de nouveau dans les siens que je lui réponds. « Et vraiment je pense sincèrement que tu ne rentreras plus dans tes anciens vêtements, tu as vraiment prit des muscles en haut du corps. » Je ris doucement et je romps même le contact visuel pendant quelques secondes pourtant si plaisant. Mon regard se redresse pour trouver le sien de nouveau et j’attrape sa deuxième main tout en lui répondant. « Tu sais pas à quoi je ressemblais quand je suis parti en Europe, peut-être que j’étais super musclé à cette époque. » C’est bien sûr sur un ton léger que je lui réponds mais surtout, on sait tous les deux que ma musculature de l’époque était proche du néant. Je n’étais pas du tout musclé et je ne cherchais pas à l’être, de toute façon. « Ça te fait mal des fois ? » Ses doigts glissent sur ma cicatrice et c’est très rare qu’Alex aborde d’une façon ou d’une autre mon accident de voiture mais c’est en secouant la tête de gauche à droite que je commence à lui répondre. « Non, non, plus du tout. » Je lui assure, et c’est vrai. Cette cicatrice est assez grande et il est impossible de me voir torse nu sans la remarquer mais au moins quatre ans plus tard, elle ne me fait plus du tout mal. Elle est simplement là pour appuyer tous les jours un souvenir rempli de douleur et de mauvais souvenirs. Mais si la cicatrice n’est pas très belle aujourd’hui je sais que c’est entièrement ma faute. Je n’ouvrais pas tous les jours à l’infirmière qui devait me faire les soins et le pansement, je refusais tout simplement chaque aide qui m’était proposée. Sauf que ce soir je n’ai plus envie de m’attarder sur ces souvenirs là et si mes yeux sont perdus dans ceux de ma femme depuis maintenant de nombreuses minutes je les laisse glisser plusieurs fois dans le décolleté généreux que m’offre la nuisette qu’elle porte ce soir. Je me mords la lèvre sans essayer d’être discret. « J’aime vraiment beaucoup cette nuisette. » Ce n’est pas la première fois que je lui dis je pense, mais de toute façon quel que soit le vêtement qu’elle a sur le dos elle est, de loin, et de façon totalement objective, extrêmement sexy et la plus belle femme au monde. « Tu es vraiment très sexy ce soir. » Je lui souris et je pense que mes yeux doivent briller d’amour et de désir pour elle. Je m’approche doucement de ma femme et mes lèvres viennent à nouveau trouver les siennes alors que mes mains profite de la proximité de nos corps.