Si elle se trouve devant ce motel, aujourd’hui, ce n’est pas pour retrouver un quelconque amant avec qui elle vivrait une romance secrète. Ce n’est pas non plus pour un rendez-vous professionnel. Si elle est ici, c’est dans l’espoir de rencontrer une dénommée River Shears. Ce n’est donc pas dans le cadre de son travail qu’elle souhaite avoir cette discussion avec elle, mais dans le cadre de la sphère privée. En effet, elle a découvert un article rédigé par la journaliste, ou du moins ex-journaliste, concernant son frère Mitchell. Un article élogieux à son sujet, bien trop même au point que Gabrielle se demande à quel point cette femme a pu être proche de son frère. Peut-être l’est-t-elle toujours, mais difficile pour elle de le savoir quand elle ne parle plus à son frère depuis plus de trois mois. Les révélations du mois de juillet sont toujours aussi difficiles à avaler pour l’avocate, pas prête à pardonner à l’un comme à l’autre de ses frères dont les mensonges sont bien trop importants pour qu’elle puisse passer au-dessus aussi facilement. Elle pourrait, de ce fait, éviter tout ce qui touche de loin ou de près à ses frères, mais elle en est incapable. Gabrielle a beau avoir obtenu une bonne partie des réponses à ses questions concernant ses frères, elle a besoin encore d’en savoir davantage, comme dans l’espoir peut-être que cela l’aide à les pardonner, en découvrant cette petite faille, ce petit détail qui expliquerait tout. Peut-être qu’elle cherche aussi indirectement à les protéger, connaissant bien trop désormais les emmerdes dans lesquels ils traînent depuis des années, ne voulant pas les voir derrière les barreaux pour le restant de leur jour. Alors, nécessairement, lorsqu’elle a croisé River dans un café de la ville, elle n’a pu s’empêcher d’aller à sa rencontre, dans l’espoir de lui parler un peu et notamment à propos de cet article écrit sur Mitchell. Mais la réaction de la jeune femme qui a prétexté ne pas avoir le temps et dont le regard s’est terni en entendant le nom de Gabrielle n’a fait qu’alimenter la curiosité de la cadette des Strange et peut-être la méfiance à l’égard de celle-ci. Alors, comme River a fait partie du milieu journalistique, Gabrielle s’est tournée vers la seule journaliste qu’elle connaissait ici, à Brisbane. Mia, la petite amie de son frère à qui elle a rendu une petite visite sur son lieu de travail, préférant éviter d’aller à sa rencontre alors que celle-ci vit désormais chez Alec, à Toowong. L’échange entre les deux jeunes femmes a été serein, apaisant aussi pour Gaby qui n’a pas manqué de remercier Mia après qu’elle lui ait donné les informations nécessaires pour trouver River. C’est donc grâce à elle qu’elle peut entrevoir l’ancienne journaliste à la réception du motel et qu’elle attend désormais qu’elle sorte de celui-ci pour l’aborder. « River Shears ? » l’interpelle-t-elle dans un premier temps alors qu’elle marche en sa direction pour la rejoindre « Vous vous souvenez de moi ? » Gabrielle n’en doute pas et, pour une fois qu’elle va à la rencontre de quelqu’un qui peut avoir des informations sur un de ses frères, son ton de voix est calme, sûrement pour ne pas affoler la journaliste « Gabrielle Strange. On s’est croisé l’autre fois dans un café de la ville ». La précision ne doit pas être nécessaire, mais par principe, elle le fait. « J’aimerai pouvoir discuter avec vous, vous auriez un moment à m’accorder ? ». En réalité, Gabrielle compte tout faire pour avoir cette discussion avec River, en espérant que cette dernière se montre plus encline à celle-ci, cette fois.
« Je me souviens ». Elle ne semble pas avoir oublié leur première rencontre, et au vu de la réaction qu’elle a eue lors de celle-ci en entendant résonner le nom de la Strange, cela n’étonne pas réellement Gabrielle. « Croisées ? ». La journaliste ne semble pas persuadée que cette rencontre était due au hasard et pourtant, Gabrielle n’avait rien prémédité la première fois. Ce n’est pas le cas cette fois-ci, la rencontre étant volontairement provoquée, elle qui a tout fait pour retrouver sa trace afin d’avoir cette discussion avec elle. « Oui, vous semblez avoir vraiment envie de me parler ». Elle devinera ainsi la détermination de l’avocate, sœur des Strange que la River semble bien connaitre. Du moins, l’ainé de la fratrie, dont elle a su faire l’éloge dans un article écrit un an plus tôt. Un éloge bien trop grand quand Gabrielle est désormais au courant des réelles activités menées par son frère et que tout ce qui est conté dans cet article semble plus relever du mensonge que de la vérité. Ou du moins d’un moyen déguisé pour dissimuler ces activités illégales et expliquer sûrement comment il a su tirer son épingle du jeu, sans en dévoiler les véritables sources. Bref, Gabrielle a des questions à poser à River, et sans poser celle qui l’intéresse le plus de manière directe – elle ne souhaite pas vendre la mèche sur ses frères quand c’est tout ce qu’elle veut éviter – elle compte bien savoir si la journaliste est effectivement au courant de qui est réellement Mitchell Strange, ou non. En tout cas, elle semble accepter le dialogue et c’est déjà une bonne chose, même si elle montre un certain pessimisme à l’entrevue « Montez, mais je crains que la conversation ne soit décevante pour vous ». Mais cet argumentaire ne refroidit pas la cadette des Strange, qui reste quelques instants à observer la silhouette de son interlocutrice. Son apparence est des plus monotones, toute de noir vêtue, semblant sûrement échapper à quelque chose ou à quelqu’un. Elle l’ignore, pour le moment tout du moins, peut-être obtiendra-t-elle la réponse à cette question au détour de la conversation, si la Shears se décoince un peu au niveau des confessions. Mais ça reste une journaliste, si elle aime très certainement obtenir des réponses à ses interrogations, cela ne veut pas dire qu’elle est bavarde, elle, en retour.
Gabrielle s’exécute alors, rejoignant River dans la voiture, du côté conducteur, faisant donc le tour de celle-ci pour se faire. « Je pense que mon nom de famille ne vous est pas étranger… Et que je n’ai pas besoin de préciser mon lien de parenté avec A… Mitchell ». Alexander fait partie du passé, un passé abandonné dès l’instant où Alexander et Finnegan ont posé les pieds sur la terre ferme australienne et sont devenus ainsi Mitchell et Alec. « J’ai lu votre article à propos de mon frère ». Elle marque une pause, volontaire « Un article remarquable je dois dire. Vous en faites son éloge ». Gaby sort alors le fameux article de son sac, qu’elle observe juste par principe, sans s’attarder sur les caractères « Ça porte limite à confusion, on dirait que vous l’admirez beaucoup… » l’utilisation du présent est volontaire afin de voir si elle va réagir à ce sujet, et savoir ainsi si River est toujours proche de son frère aîné ou non « Et que vous aviez une relation particulière avec Mitch… ». Évidemment, c’est ce point qui l’intéresse pour amortir ensuite ce qu’elle sait réellement ou pas sur lui « Il ne m’a jamais parlé de vous, mais vous le connaissez tout autant que moi, Mitch aime avoir son petit jardin secret ». Là encore, une façon détournée de plus pour voir si ce fameux jardin secret dont elle fait référence est connu de la part de River, ou si, au contraire, elle ignore tout sur lui. Mais elle peut tout aussi bien jouer les ignorantes à la perfection pour brouiller les pistes. Mais Gabrielle s’est préparée à cette éventualité, alors qu’elle pose enfin le regard sur la journaliste et lui tend son propre article.
Elle n’a pas la carrure de ses frères ni leur réputation – du moins pour ceux qui la connaisse vraiment – et Gabrielle ne peut pas prétendre ainsi effrayer. Ce n’est pas ce qu’elle cherche d’ailleurs et encore moins en utilisant le nom des Strange ou son lien de parenté avec « A-Mitchell ? ». Gabrielle ne prend pas la peine de relever ou de supprimer ce A… de trop, celui du prénom désormais laissé aux oubliettes par son ainé. Il n’y a pas d’intérêt et elle reste persuadée que cette River Shears en connait bien plus sur Mitch’ que Gaby sur son propre frère. Constat malheureux, mais au vu des dernières révélations apprises au détour de ce qui devait être un repas de famille placé sous le signe des retrouvailles – et accessoirement, la célébration de son anniversaire - l’avocate ne serait même pas étonnée. Elle est même persuadée que bien des personnes connaissent mieux Mitchell qu’elle, tout comme cette même affirmation peut s’appliquer à son autre frère, Alec. Gabrielle n’est donc pas venue fanfaronner devant une journaliste qui a écrit sur un bout de papier, ou venir féliciter sa plume, surtout quand celle-ci est peu honnête. Elle n’aurait peut-être pas entrepris de venir à sa rencontre aujourd’hui si cette même journaliste n’avait pas eu un comportement suspect et fuyant le jour où elles se sont croisées dans un café du centre-ville. Elle aurait moins éveillé sa curiosité, son besoin de savoir ce qu’elle sait ou non sur son frère ainé et ne se retrouverait pas avec une Strange de plus sur le dos… « L’admirer ? ». La River ne semble savoir répondre que par des questions et répéter ce que dit Gabrielle. Ce qui lui fait évidemment hausser un sourcil car si elle pense que ce jeu là fonctionnera avec l’avocate, elle se trompe royalement. Shears pourra tenter d’inverser les rôles, cette technique – digne d’un politique – ne fonctionnera pas avec elle. Parce qu’elle n’a peut-être pas la prétention de faire partie d’un gang criminel ou d’avoir une arme sur elle pour effrayer, Gabrielle n’a pas peur des mots utilisés et de gratter jusqu’à ce qu’elle finisse par obtenir gain de cause. « Vous pouvez démarrer s’il vous plait ? ». C’est qu’en plus son interlocutrice n’a pas la conscience tranquille et la demande, polie à la base, n’étant pas exécutée à la seconde par l’américaine, voilà que c’est la River qui tourne la clé dans le contact pour faire démarrer la voiture qui n’est même pas la sienne. Gabrielle, qui a tiqué déjà face à la demande, reste encore perplexe quand elle la voit agir de la sorte, finissant tout de même pas faire marche arrière et quitter le parking de ce motel dans lequel River semble se planquer. « J’ai pas de relation particulière avec Mitchell, il a son jardin secret, comme chacun d’entre nous, et cet article c’est le B.A-BA du travail de journaliste de bas étage. Je comprends pas bien ce que vous cherchez à insinuer, mais je vous encourage à faire ça de manière claire et sans langue de bois, on gagnera tous du temps, vous ne croyez pas ? ». Gaby quitte la route du regard quelques secondes pour le porter sur sa passagère, dont elle n’apprécie pas le ton « Ecoutez, je ne sais pas ce que vous êtes en train de chercher, ou qui vous croyez que je suis pour votre frère, mais c’est juste un article, je suis journaliste, et votre frère… c’est votre frère. Vos problèmes de famille ne me concernent pas, ne me regardent pas et ne m’intéressent pas ». « Qui a parlé de problème de famille ? ». Elle a souligné, certes, le secret dont faisait preuve son frère mais elle ne s’en est pas plaint pour autant. « Puisque vous voulez que nous parlions de manière claire et sans langue de bois, expliquez-moi pourquoi vous avez réagi de la sorte lors de notre première rencontre ? Vous avez adopté cet air frêle dès l’instant où j’ai prononcé mon nom, alors que, je le répète, je suis venue sans une quelconque mauvaise intention, aucune, à votre rencontre cette fois-là ». Elle n’a pas une quelconque mauvaise intention aujourd’hui, mais elle a une intention, c’est certain « Et vous avez d’ailleurs adopté cette même attitude tout à l’heure quand je vous ai dit que Mitchell était mon frère ». Elle marque des pauses, volontairement, comme pour donner l’impression à River qu’elle a l’opportunité d’intervenir, quand, en réalité, elle ne lui en laisse pas l’occasion « Dois-je souligner aussi que vous n’avez définitivement pas la conscience tranquille ? » rien qu’à voir sa façon qu’elle a eu de faire « Vous éveillez ma curiosité, voilà tout. Alors pourquoi ? Pourquoi vous me donnez la sensation de fuir quelque chose ? Vous avez peur que mon frère vous retrouve parce que vous avez fait une faute d’orthographe dans cet article qui sonne faux sur toute la ligne ? ».
Je sais pas, je doute que vous me courriez après pour me raconter combien vous vous aimez et vivez en harmonie, si c'est le cas je vais considérer que vous êtes sociopathe sur les bords... Si seulement le cadre pouvait être aussi idyllique. Effectivement, l’avocate ne se donnerait pas tout ce mal, celui de venir trouver la journaliste pour savoir ce qu’elle sait ou ne sait pas au sujet de ses frères s’il ne s’agissait que d’étaler son entente parfaite avec eux, ou plutôt avec Mitchell. Parce qu’il est l’objet de toute l’attention dans cette rencontre et Gabrielle est déterminée à obtenir des réponses à l’issue de cette entrevue.
Elle ne rétorque rien, reste silencieuse et vient alors à lui exposer ses suspicions. Celles liées à son comportement lorsqu’elle est venue à sa rencontre une première fois, et aujourd’hui encore quand Gabrielle a explicité son lien de parenté avec Mitchell. L’avocate se glisse divinement bien dans son rôle ici, non pas celui de sœur, mais celui de professionnelle. Celui où elle ne laisse pas le temps à la partie adverse de répondre, reprenant tous les faits qui la pousse à penser qu’elle est coupable de quelque chose, ou plutôt, qu’elle est complice de quelque chose ou de quelqu’un. Ah ? Ca y est c'est à moi de parler ? La remarque est justifiée mais laisse de marbre Gabrielle qui détourne son regard pour reporter son attention sur la route. Si vous voyez qu'il sonne faux c'est déjà pas mal, pourquoi me demander si j'admire Mitchell alors ? Sa réponse ne manque pas de faire hausser un sourcil à la jeune femme, toujours concentrée sur sa route, ne sachant réellement où elle va. En attendant, le fait que River avoue que cet article sonne faux signifie qu’elle en est elle-même consciente, au point où Gabrielle se demande si la journaliste aurait pu écrire cet article sous la contrainte. Mais, elle décide de ne pas interrompre River dans sa défense, et la laisse poursuivre J'ai plus envie d'être mêlé à Mitchell Strange. Je pensais pas avoir à l'expliquer, le comportement que j'ai eu et que vous prenez plaisir à me décrire me semble être assez simple à traduire en ce sens (…) Quant à ma conscience, elle n'a rien à voir avec votre frère, j'ai mes propres préoccupations. Ca, elle en est moins sûre. Gabrielle ne doute pas que River a d’autres chats à fouetter et que sa vie ne tourne pas autour de Mitchell, mais elle reste persuadée qu’il peut être compter parmi ces félins Je ne crois pas avoir à craindre que Mitchell me retrouve. Je ne crois pas ? River n’en est pas, elle-même, certaine et cette fois, Gabrielle vient à trouver le regard de la jeune femme. Ecoutez. On tourne en rond, vous êtes venue me chercher, j'imagine que c'est pas pour rien : vous avez une ou plusieurs questions. Alors posez les maintenant, j'vais pas sauter de la voiture. Mais cet interrogatoire sur mes ressentis vis-à-vis de votre frère ou mon comportement que personne ne semble avoir envie de comprendre (…) me semble injustifié en l'état. Si je savais pourquoi vous me posez ces questions peut-être que je serais plus encline à y répondre. Là comme ça je comprends pas bien où on est censées aller. (… ) Je n'ai pas de relation particulière avec Mitchell, je l'ai côtoyé quelques temps dans le cadre de mon article, ni plus ni moins (…) Si vous avez des questions à poser à Mitchell, posez lui directement, c'est tout ce que je vous demande. Gabrielle est plutôt impressionnée par le répondant de River, cette façon qu’elle a de manier les mots pour se montrer convaincante, au point que la Strange pourrait envisager de laisser tomber son enquête et être convaincue qu’elle n’est au courant de rien. Or, dans ce monologue qu’elle lui a offert en retour, il y a bien évidemment des choses qui l’incite à ne pas baisser les bras « Pour votre gouverne, mon frère n’a plus aucun secret à mon égard » partant de là, au moins, les choses sont claires et peut-être qu’avec une telle confession, River sera davantage encline à discuter honnêtement. « Enfin, j’imagine qu’il a dû omettre certains faits mais je suis persuadée qu’il finira par me les révéler, ou à défaut, que j’en aurai connaissance par moi-même d’une façon ou d’une autre ». Son regard est fixé devant, n’ayant aucune destination en tête, plutôt concentrée sur la direction de sa conversation avec la journaliste plus que du point d’arrivée de ce road trip improvisé « En attendant, je sais qui il est vraiment. Et j’ai conscience aussi que c’est le genre de personnes dont on est en droit de croire qu’on peut le craindre » elle rebondit sur ce que River a pu lui dire un peu plus tôt, prétendant ne pas penser avoir à craindre Mitchell, mais Gabrielle, elle, pense autrement « Est-ce qu’ils vous a contraint à dépeindre ce tableau de lui ? » Elle retrouve le regard de la journaliste, et précise « Je suis persuadée qu’au départ, ce n’est pas cet article que vous aviez envie de publier à propos de Mitchell, je me trompe ? Vous souhaitiez plutôt découvrir qui il était vraiment, et peut-être même aller plus loin en révélant tout ce monde souterrain inconnu aux yeux de tous et dont il en tire profit » ou tirait profit, maintenant qu’il semble en avoir été écarté. Ses sourcils se froncent et peut-être qu’un certain énervement se manifeste quand elle ajoute « Si je suis venue vous trouver aujourd’hui, River, ce n’est pas pour défendre mon frère ou venir vous faire des menaces si vous décidez un jour de tout révéler au grand jour. Je cherche simplement à comprendre davantage qui il est… C’est tout » parce qu’elle est incapable d’avoir cette discussion avec lui, qu’elle a besoin d’entendre le discours d’autres personnes, peut-être pour prendre un peu plus conscience de la personnalité de ce frère qui est désormais tel un inconnu à ses yeux. « Et peut-être que je pourrais faire en sorte qu’il vous laisse tranquille » C’est sa sœur, après tout et elle devrait avoir suffisamment d’influence sur lui pour le faire revenir à la raison… du moins elle l’espère, tôt ou tard…
Et vous ? vous le craignez ? Craindre son frère ? Pourquoi en arriverait-t-elle à un tel point ? Le seul homme qui soit parvenu à l’effrayer, le seul homme qu’elle est craint dans sa vie est son père, cet homme violent, qui a tenté plus d’une fois de lever la main sur elle, mais a été stoppé dans son geste à temps par ses deux frères ainés. Jamais Mitchell n’a eu un tel comportement avec elle, et malgré le tableau qu’Alec a pu lui dépeindre en juillet dernier de sa personne, Gabrielle est sure d’une chose « Non, bien sûr que non ! ». Elle est catégorique et si elle est certaine pour elle, l’avocate n’est pas certaine qu’elle puisse mettre River dans le même bateau. C’est pour cela qu’elle lui demande notamment si elle a écrit son article sous la contrainte concernant son frère mais elle aussi semble affirmative " Non..Plus l’échange avance, plus elle a l’impression que cette entrevue – certes improvisée – ne mènera à rien. Si, au départ c'était l'article que je devais écrire et je l'ai fait. au départ ? Cela n’aide guère la Strange à la croire. Alors, comme elle sent que la confiance n'est pas encore de mise entre elles deux, la jeune femme cherche peut-être à réconforter la journaliste en étant honnête quand au but de leur rencontre. Auprès de...moi ? Aussi surprenant que cela puisse paraitre, oui auprès d’elle. En réalité, Gaby prend conscience à cet instant qu’elle va à la rencontre de quiconque a pu avoir un contact avec son ainé, et au fond, elle trouve ça pathétique. Pathétique, parce que ce sont de simples inconnus et ce n’est pas leur rôle de lui apporter des réponses. C’est uniquement à son frère, et uniquement à lui de le faire. Mais peut-être que cette démarche est faite aussi dans un but de le protéger lui, parce qu’il reste son frère malgré tout, et qu’elle souhaite connaitre l’identité de ceux qui savent à son sujet… Mitchell ne m'a rien fait. Elle devrait se sentir rassurée, mais cette part d’ombre subsiste toujours, celle où elle sent qu’il y a ce quelque chose de plus à dire que la Shears ne tient pas à lâcher aussi facilement. Je ne l'ai pas revu depuis un an au moins, et je ne pense pas le recroiser de si tôt, vraiment, je ne pense pas que vous ayez à vous donner un quelconque mal vis-à-vis de Mitchell à mon égard. Pourquoi est-t-elle si convaincu de ne pas le recroiser de si tôt alors qu’il vit à Brisbane ? J'avais effectivement un autre article en tête (… ) En préparation. Mais je l'ai abandonné. Je ne suis pas 100% à l'aise avec cette décision parce que je ne sais pas plus que vous qui est Mitchell. « Quel article ? De quoi vous vouliez parler dans celui-là ? » Il y a quelque chose à creuser, elle le sent Gabrielle et ne baissera pas les bras aussi facilement, même si cet échange commençait sérieusement à la décourager. J'ai appris des choses qui donneraient envie de ne jamais avoir à croiser sa route, d'autres qui me mettent en colère quand je sais qu'il n'est pas à sa place. Elle sait. Voilà ce qu’elle attendait la Strange et comprend alors que River en sait bien plus qu’elle ne voulait en dire jusqu’à présent. D'autres... Qui me font penser que c'est un homme brisé. Il peut-être drôle, attentionné, frimeur aussi voire orgueilleux, il a tendance à aimer s'écouter parler... sauf peut-être quand c'est pour parler de choses importantes. Quoiqu'il a un faible pour les femmes alors les confidences sur l'oreiller peuvent-être un bon moyen de lui soutirer des infos j'imagine. Et là, elle tique. Elle tique parce qu’il y a des détails que seule une personne proche de lui peut connaitre. Son côté attentionné notamment. Et visiblement le fait qu’il est la langue bien pendue après quelques ébats. Ses sourcils se froncent alors que son regard se reporte sur la journaliste Je divague. Je suis désolée Gabrielle, mais je ne pense pas pouvoir vous apprendre plus de choses sur votre frère que ce que vous ne savez déjà, je n'en sais pas plus. Si vous cherchez des faits en revanche, là encore, vous ne les aurez pas de moi. Je lui ai promis de ne jamais rien dire et puisque vous avez une idée des activités de votre frère je pense que vous êtes en droit de chercher vos réponses auprès de lui directement. « Alors vous étiez proches lui et vous, n’est-ce pas ? C’est donc pour ça que vous lui avez fait cette promesse. Je me trompe ? » Elle ne la bernera pas sur ce point, la Shears. « Ne me prenez pas pour une imbécile, pour que vous ayez compris qu’il s’agissait d’un homme brisé et que vous lui trouviez des qualités, il n’y a que parce que vous tenez ou vous avez pu tenir à lui à un moment de votre vie et tout ça, parce que vous avez été proches de Mitchell ». Et ça, l’avocate en est certaine.
Gabrielle, vous avez vu Mitchell récemment ? Il semble y avoir de l’inquiétude dans la voix de la journaliste, ce qui ne manque pas d’inciter Gabrielle à trouver à nouveau son regard Il a quitté Brisbane il y plus d'un an, non ? Le regard se baladant entre la journaliste et la route, l’américaine tourne doucement la tête « Il est revenu sur Brisbane il y a quelques mois déjà… Il semblerait qu’il ait trouvé un moyen de se sortir d’affaires ». Aux dernières nouvelles, sa cavale ayant pris fin aux alentours du mois de juin, visiblement. Gabrielle ignore encore comment il est parvenu à se sortir d’un tel pétrin, mais elle est certaine que son frère est désormais sur Brisbane. « Pourquoi ? Et pourquoi j’ai l’impression que cela vous inquiète ? ». Est-ce que Mitchell a proféré des menaces contre la Shears, elle qui pourtant, prétendait le contraire un peu plus tôt ? Qu’est-ce qu’il peut bien lui vouloir ou plutôt qu’a-t-elle sur lui qui pourrait le rendre menaçant à son égard ? « Vous avez peur qu’il vous retrouve ? ». Peut-être que cette fois, elle fera preuve d’un peu plus d’honnêteté.