La façon dont Lena se tenait là, seule au bar de cet hôtel, pouvait laisser présager bien des choses. Des choses plutôt tristes comme le fait qu'elle semblait avoir été abandonnée là par un prétendant sans honneur ou encore qu'elle n'était venue là que pour noyer son immense chagrin dans des verres de champagne au prix excessif. C'est ce qu'avaient dû penser les deux hommes qui avaient tenté de venir l'aborder d'un sourire un peu trop charmeur - et avec des idées un peu trop précises en tête aussi. Mais il n'en était rien et elle leur avait bien vite fait comprendre. Lena était assise ici pour une bonne raison, et elle ne craignait ni de s'ennuyer dans les heures à venir, ni de se faire poser un lapin. L'avantage, quand on passe du temps avec des personnes sans rien attendre de plus que ce qu'elles nous apportent, c'est qu'on ne finit jamais déçus. Et c'était exactement ce qu'il se passait avec Sergio, qui devait la rejoindre d'ici quelques instants à peine. Lena avait toujours rêvé de se forger une image par elle même pour ne surtout pas reproduire le schéma de son père qui avait utilisé sa famille pour sa carrière. Elle voulait se montrer indépendante et ne surtout dépendre de personne, se construire un empire par elle même et prouver au monde entier qu'elle en était capable. Elle s'était bien vite rendue compte qu'à vouloir faire les choses seules, beaucoup de poids sont lourds à porter sur deux épaules, et avait bien vite entamé un changement drastique dans sa vie. Si auparavant elle avait misé toute sa confiance sur Bailey, qu'il l'avait aidée à se lancer dans sa carrière, à ouvrir sa propre entreprise d'organisation d'évènementiel en solitaire, elle avait ressenti un besoin de fraîcheur dans sa vie professionnelle. Il fallait dire qu'elle avait rencontré bien des obstacles, sa réputation ayant été plutôt entachée. Alors elle avait retrouvé cette fraîcheur en Sergio, qui, depuis, n'était jamais bien loin d'elle trop longtemps. Contre toute attente, ils s'étaient rapprochés rapidement. Il fallait bien admettre que tout semblait plus simple avec Sergio. Stéréotype d'un homme fier de sa carrière et libre de toutes attaches familiale, elle aurait d'abord cru le détester rien qu'à son attitude parfois un peu trop arrogante. Mais il était bien plus que ça et elle l'avait compris. Lena avait la sensation qu'ils se comprenaient, qu'ils avaient la même façon de voir les affaires et ceux d'autant plus depuis qu'elle avait mis ses relations personnelles totalement de côté pour ne songer qu'à sa carrière. Alors ils avaient prit pour habitude de se joindre avant certaines soirées mondaines pour ne pas risquer de s'y retrouver seuls, de trouver toujours un moyen de travailler ensemble sur des projets ou encore de tester des vins et restaurants ensemble pour comparer les marchandises et les nouveaux lieux branchés en ville. C'est en partie ce qu'ils comptaient faire aujourd'hui, et c'était précisément la raison de la présence de Lena dans cet hôtel. Nouveau en ville, ce lieu prestigieux vantait sur son site internet une vue imprenable sur les fleuves, un confort sans précédent et des services haut de gamme. Tout donnait l'eau à la bouche à Lena, et il allait de soi que Sergio n'allait pas pouvoir refuser de tester avec elle la pépite de cet hôtel qu'était leur spa de luxe. Il fallait bien qu'ils puissent conseiller leurs clients sur des lieux où descendre pour une nuit, et après tout, quelle meilleure façon de le faire que de les tester soi même ? Alors qu'elle voyait celui qu'elle attendait arriver vers elle, Lena vidait son verre. Ne me juge pas, il n'y a pas d'heure pour le champagne. Il ne le ferait pas et elle le savait bien, mais elle s'amusait de sa remarque. On nous attend au spa pour le massage, t'as failli être en retard. Nul doute qu'à l'heure indiquée elle s'y serait rendue sans lui. Elle ne comptait pas passer à côté d'un tel moment.

Le retard de Sergio n'avait rien d'agaçant, d'autant plus qu'il avait permis à Lena de boire une coupe tranquillement avant son arrivée. A en croire sa consommation d'alcool on aurait pu croire qu'elle était totalement accro, mais il fallait bien avouer que dans le monde dans lequel elle évoluait, le champagne était une boisson plus commune qu'un basique verre d'eau. Ce que je juge, c’est que tu ne m’as même pas commandé une flûte en sachant que j’arrivais. Elle le narguait sans s'en cacher en prenant une gorgée juste devant lui avant de lui préciser qu'ils n'avaient plus le temps pour en prendre une autre. Ce n'était que partie remise et il le savait pertinemment. Après tout, ils n'avaient pas besoin de grand chose pour se servir un verre, eux deux. Je suppose que le verre est reporté à plus tard. Elle acquiesça, se promettant intérieurement de ne pas oublier qu'elle devait un verre à Sergio. C’est moi qui suis en train de t’attendre, ici. Donc si mademoiselle veut bien quitter ce bar… Feignant l'impatience, il s'agitait presque sur place, visiblement pressé de passer d'une chemise à un peignoir de bain. Après avoir vidé promptement sa flûte, Lena se levait sans attendre pour qu'ils puissent se diriger vers l'entrée indiquée du SPA. Ils n'attendaient pas longtemps avant qu'on les dirige vers les cabines où ils devaient se changer. Mettez-vous à l’aise ! C'est ce qu'ils firent avant de se retrouver dans la pièce qui leur était dédiée. Tu as réservé l’offre pour les couples, à ce que je vois. Dit comme ça, ce n'était peut-être pas la meilleure idée qu'elle avait pu avoir, risquant d'envoyer des signaux inattendus. Pour sa réputation, mieux ne valait-il pas lancer de rumeurs sur des relations professionnelles ambiguës. Mais y avait-il réellement des raisons de se prendre la tête avec Sergio ? Les choses paraissaient si simples avec lui qu'elle ne s'était jamais posé de questions. Elle agissait sans réfléchir, comme elle le faisait à l'instant alors qu'elle se contentait de lui répondre, le sourire aux lèvres. Il fallait dire aussi que l'établissement prônait une discrétion sans failles à ses clients, en plus des services de haut standing. Aucun risque, donc, que leur après midi tout à fait platonique au SPA ne fasse s'agiter qui que ce soit. Comment aurions-pu nous passer des serviettes fleuries ? Fut la seule réponse amusée qu'elle trouvait à rétorquer. Ils s'empressaient de s'allonger sur les tables de massage alors que les deux masseurs étaient entrés dans la pièce. C’était bien pensé, cette visite au SPA. Leurs visages à quelques centimètres d'écart seulement, elle murmurait presque pour lui répondre, pour ne pas risquer de couvrir du son de sa voix la musique zen qui passait dans la pièce. Je suis ravie de la partager avec toi. On mérite de se détendre un peu avec nos journées chargées. Et les drames personnels, et le stress d'avoir une image publique à tenir, et tout ce qui faisait parfois de leurs vies des enfers sur Terre. Lena ignorait beaucoup encore à propos de Sergio, mais ce qu'elle savait sans aucun doute était à quel point il se donnait corps et âmes pour son travail et à quel point il méritait de se poser rien que l'espace d'un instant. Autant profiter de ce moment à deux, donc. J'ai cru qu'en étant dans la même pièce on pourrait discuter un peu, mais c'est tellement génial que j'aurais bientôt plus la force d'aligner deux mots. Elle risquait de s'endormir, aussi, mais lutterait contre ça. Elle s'en voudrait bien trop de rater ne serait-ce qu'une seconde de ce délicieux moment. J'espère pour toi que ton masseur est aussi doué que la mienne l'est, mais moi je me régale. Lancer une compétition entre les deux professionnels n'était sûrement pas la façon la plus saine pour eux de travailler sachant qu'ils venaient d'entendre ce commentaire, mais Lena était curieuse de savoir si le massage pouvait encore s'améliorer après cette remarque.

Je n’aurais manqué ces serviettes pour rien au monde. Elles seraient parfaites dans ma salle de bain d’ailleurs. Ils riaient de bon coeur avant d'enfn se laisser aller aux mains des professionnels là pour détendre chacun des muscles de leurs dos noués. Si c’était seulement les journées qui étaient chargées… Ils ne parlaient que rarement de leurs vies personnelles Sergio et Lena, quoi que de plus en plus au final. Il était inutile à ses yeux qu'ils n'entrent trop dans les détails, tant elle savait qu'avoir une vie professionnelle si remplie était incompatible avec une vie familiale ou amoureuse tout à fait saine. Je ne t’en voudrais pas si tu piquais du nez. On aura d’autres pièces où être ensemble un peu plus tard. Je dois avoir encore quoi… trois heures devant moi ? S'imaginer trois ou quatre heures sans aucune pression était un vrai soulagement pour l'écossaise. Je me sens presque honorée que tu te sois réservé tellement de temps pour moi. Et pour cause, elle ne savait que trop bien à quel point leur temps était précieux. Elle se permettait un commentaire sur les doigts de fée de sa masseuse, auquel Sergio réagit immédiatement. Tu sais, tu peux chuchoter aussi bas que tu le souhaites, je suis quasiment certain qu’ils t’entendent. Elle aurait aimé hocher la tête pour pouvoir acquiescer mais n'en avait ni la force ni la capacité tant les mains qui la massaient étaient afférées à détendre sa nuque. Tu as sans doute raison mais je crois que je n'aurais pas la force de parler plus fort que ça. Il n'avait fallut que quelques minutes pour qu'elle lâche complètement prise. Je n’avais jamais essayé le massage en tête à tête encore. Je me demande ce que les couples sont supposés faire. Discuter des sujets bateaux, dormir, rester silencieux et se regarder dans le blanc des yeux… Toutes ces propositions semblaient intéressantes et elle n'arrivait pas totalement à y réfléchir présentement. Je pourrais pas te dire, c'est ma première fois aussi. Je pense qu'on se débrouille pas mal jusqu'ici. Ils n'étaient pas là pour suivre de quelconques protocoles mais uniquement pour passer du bon temps tous les deux. Le reste importait peu. C’est que… tu nous as choisi quelque chose de plutôt intime ici. Lena s'en rendait bien compte mais n'avait aucun regret, loin d'être pudique - au contraire. Pas que ce soit déplaisant. Mais si tu m’entraînes ensuite dans une douche multisensorielle ou un jacuzzi privé, je vais me poser des questions. Elle pouffait discrètement en sachant pertinemment que ces étapes là étaient des possibilités qu'ils auraient plus tard. Bizarrement, elle n'avait aucun mal à s'imaginer les vivre avec Sergio. C'est vrai que je n'aurais pas choisi de tester ce programme avec n'importe qui.. mais il me semblait que t'étais pas du genre à te poser trop de questions, justement. Qu'elle lançait l'air taquin. Quoique le jacuzzi peut être un bon compromis. Tu me dois toujours une coupe de champagne. Un sourire vint illuminer son visage à nouveau : il n'oublierait pas qu'elle lui en devait une. Tu sais que je n'oserais pas te priver de champagne. Qu'elle lui lançait l'air tout aussi taquin. Leur programme était loin d'arriver à sa fin et elle savait parfaitement que le luxe ici était à son apogée : du champagne, ils finiraient par en avoir bien vite. Le reste du massage se déroulait calmement alors que Sergio semblait s'être presque assoupi et qu'elle se laissait totalement aller sous les mains expertes de sa masseuse. Seuls leurs regards complices s'étaient croisés à l'un ou l'autre instant : les mots étaient inutiles dans cette situation. Elle aurait aimé que cet instant ne cesse jamais, mais les deux masseurs finirent par s'éloigner des tables pour les laisser tous les deux se lever et remettre leurs peignoirs. Après s'être étirée un bon coup ils se retrouvaient lâchés dans le spa et le regard de la blonde se posait immédiatement sur un jacuzzi non loin de là. Je crois que notre prochaine étape est toute trouvée, non ? Elle s'approchait et accrochait son peignoir sur un crochet non loin de là, plongeant dans l'eau sans attendre un instant. Bon, on a pas de jacuzzi privé alors j'espère que tu ne seras pas trop déçu. Il y avait bien une chambre réservée dans le package "couple" proposé mais ils finiraient par aller la visiter plus tard, sans doute. Quoi qu'ils étaient seuls dans le bain bouillonnant et que l'affluence du lieu et sa disposition leur laissait une totale intimité bien loin des regards indiscrets. Il faut dire que ce spa tenait toutes ses promesses jusqu'ici, encore plus alors qu'un employé s'approchait d'eux pour déposer deux coupes du breuvage qu'ils appréciaient tant. Alors là, je crois que je n'aurais plus jamais envie de sortir de cet endroit. Calée juste à côté de Sergio dans le bain à bulles, elle attrapait les deux coupes avant d'en tendre une au mexicain. Trinquons à.. nous. Loin d'avoir un égo surdimensionné, la blonde savait parfaitement qu'ils méritaient de se féliciter de leur travail et de leur vie menée avec talent sur tous les fronts, même les plus épineux. Elle avait envie de célébrer ce moment hors du temps, cette relation qui n'avait été que positive depuis le départ ; Lena se sentait profondément bien et son regard ancré dans celui de Sergio l'exprimait parfaitement. Alors leurs deux verres tintaient entre eux avant qu'ils ne profitent enfin de leur contenu.

Je ne me pose pas la moindre question, Lena. Tu me traînes dans ce que tu veux. Elle prendrait probablement cette réponse au pied de la lettre, le jour où une idée plutôt dingue lui traverserait l'esprit et qu'elle se lancerait à la recherche d'un partenaire pour la réaliser. Sergio serait sans nul doute idéal pour essayer tout un tas de choses, d'autant plus qu'elle le savait plutôt aventureux, comme elle. Et elle avait le sentiment qu'ils avaient tous les deux raison de fonctionner ainsi et de vivre à cent à l'heure : au moins, ils pourraient se targuer d'avoir bien moins de regrets que les autres. Champagne et jacuzzi. Que demander de plus ? Elle n'avait entendu cette phrase qu'à moitié, Lena s'étant assoupie un peu plus rapidement que prévu sous les mains expertes de son masseur. Le temps sembla filer à une vitesse et en un rien de temps, ils se retrouvaient à se prélasser dans un bain à remous. Tant qu’il n’y a que nous deux dedans, je le considère plutôt privé. Et sinon, j’imagine que je serais obligé d’en acheter un pour mon jardin. Elle pouffa de rire, se rendant bien compte que s'agissant de Sergio, la blague pourrait très bien se réaliser. Ne dis pas ça trop fort, je risque de venir traîner un peu trop par chez toi sinon. Ça leur ferait une excuse de plus de se retrouver pour râler sur leurs quotidiens surchargés - et à force, on risquait de ne plus les croire à ce sujet. A nous. Et à ce moment de lâcher prise. Les flutes tintaient entre elles et ils prirent l'un et l'autre leur première gorgée, les yeux dans les yeux. A croire qu'il allait devenir son coéquipier de spa préféré. Elle relâchait complètement ses muscles, profitant de l'eau chaude et des jets massant, un sourire de satisfaction calé sur ses lèvres. Tu as l’air heureuse ces derniers temps. Une raison à ça ? Elle rouvrait les yeux pour lui répondre en le regardant, se redressant un peu pour ne pas rester affalée, au risque de s'endormir à nouveau. J'ai décidé de me contenter de moi même, je crois que ça me réussit plutôt pas mal. Se sentir fière, aimer ce qu'elle faisait au quotidien et profiter sans penser à des désagréments qui l'avaient suivi un peu trop d'années à son goût lui rendaient visiblement service, et ça se remarquait. Un bon point, sachant que ses efforts pour surtout oublier Rudy étaient largement facilités par son retour en prison. Au moins pour cette fois, elle avait réussi à se dire qu'il était le seul fautif de son emprisonnement, et pouvoir vivre ainsi sa vie librement lui faisait un bien fou. Tant pis si des remords lui prendraient la tête plus tard, elle n'en avait que faire sur le moment. Et puis tu n'y es pas pour rien. Nos sorties et notre consommation de champagne aident largement à garder mon humeur aussi bonne. Bien s'entourer était probablement la clé du succès, du bonheur, et de tous les qualificatifs positifs qui étaient les objectifs à atteindre du commun de mortels. Elle bu encore du champagne et remarquait que sa flûte était déjà à moitié vide. Leurs regards se croisaient après qu'ils s'en soient rendus comptes, déclenchant un sourire sincèrement amusé sur le visage de la blonde. Quoi que j'ai l'impression que je devrais faire attention avec ça. Qu'elle lançait, sans vraiment y compter, évidemment.

Si on avait demandé à Lena enfant ce qu'elle rêvait d'accomplir une fois adulte, elle n'aurait probablement pas su s'arrêter de parler des mille et unes possibilités qui s'offraient à elle. Elle aurait parlé de famille, d'une grande carrière, de longues études, d'un animal de compagnie aussi. Elle aurait parlé du grand amour, d'une tonne d'amis gardés depuis l'école. Elle aurait été bien loin du compte, au final. Pourtant, en dehors de quelques nuages, la blonde devait bien admettre que son quotidien en feraient rêver plus d'un. Elle n'était pas à plaindre, à vivre dans un certain luxe, à pouvoir se permettre une telle après midi avec Sergio dans un des endroits les plus prestigieux de Brisbane. C'est ce qu'elle retenait, à cet instant, avec les bulles des champagnes qui pétillaient dans sa bouche et celles du jaccuzzi qui venaient masser le bas de son dos. N’oublie pas de sonner si tu viens, je te rappelle que j’ai un chien de garde. Elle sourit à sa remarque qui ne faisait qu'amplifier sa curiosité de venir découvrir son chez lui - surtout s'il y ajoutait un jacuzzi. Ça me fait une raison de plus de venir. Lena n'a jamais caché son amour des animaux, et si elle ne voyageait pas autant elle aurait probablement adopté tout un tas de compagnons déjà. Elle ne se sentait pourtant pas assez responsable pour en prendre la charge, alors les aider avec du bénévolat lui suffisait, pour l'instant, à remplir sa jauge de besoin de contact animal. Elle qui venait à peine de décider de prendre soin d'elle, et cela semblait porter ses fruits au vu de la réflexion de Sergio. C’est une sage décision. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. A son plus grand malheur, Lena s'était bien rendue compte qu'il avait raison. Mais elle admettait que son train de vie n'était pas pour rien dans sa bonne humeur des derniers temps. J’admets qu’il y a souvent du champagne impliqué entre nous. Et ce n'était pas pour lui déplaire, quoi qu'il faudrait qu'elle songe à faire attention à ses consommations. Te méfier ? Pourquoi ça ? Tu as peur de ce que tu pourrais dire, faire ? A les voir ainsi, on aurait pu penser qu'ils étaient des amis de longue date. En réalité, la blonde n'omettait pas, dans un coin de sa tête, que leur relation de base était professionnelle et que leurs atomes crochus, même s'ils les avaient permis de passer du bon temps ensemble, ne suffisait pas à ce qu'ils se livrent totalement sur leurs vies personnelles à l'un et à l'autre. C'est juste que je me connais trop bien et que j'ai tendance à vite dépasser les limites. Il y avait des tas de vidéos, photos et témoins pour garantir ces dires. Je pense que ce qu'on ose faire sous l'emprise de l'alcool, c'est juste ce qu'on osait pas faire sans. Alors forcément... il y a de quoi s'inquiéter. On a tous tellement de choses à cacher. D'envies, de secrets inavouables, de désirs d'aventure et de découvertes. Lena en avait elle aussi, comme tous. De là à savoir si Sergio méritait d'en savoir un peu plus sur elle, elle avait encore besoin d'y réfléchir. Mais la façon qu'il avait de la regarder et de s'adresser à elle aiderait probablement à ce qu'elle s'ouvre à lui un peu plus. Tu risquerais de révéler un vilain petit secret ? Car auquel cas, je me dévoue à sortir de là pour aller demander le reste de la bouteille. Mais je n'ai aucun secret voyons. Elle marquait une pause, ses yeux rieurs rivés dans les siens. Quoi que, qui sait, je pourrais te surprendre. Elle s'amusait avec lui, jouant à un jeu mystérieux dont même elle n'avait pas encore défini les règles. Et il faut croire que ça fonctionnait, vu que Sergio s'était empressé de lier ses actes à sa parole. Vu la vitesse à laquelle tu as ramené cette bouteille, j'en déduis que tu as très envie d'en savoir plus. Je dois m'inquiéter que tu aies envie de me faire parler, ou que tu aies un autre plan machiavélique en tête ? Qu'elle lançait, un sourire en coin sur ses lèvres.

Ce n’est pas pour rien que l’on qualifie parfois l’alcool de sérum de vérité. A partir du moment où tu peux faire confiance aux personnes qui en sont témoin, j’imagine que ce n’est pas si grave. La question restait maintenant de savoir si elle pouvait faire pleinement confiance à Sergio ou non. D'instinct, elle aurait dit que oui, elle avait envie de lui accorder - sinon elle ne serait pas là. Mais jusqu'à quel niveau ? Après tout, ils s'étaient tous les deux montrés plutôt discrets sur leurs vies respectives. Ça ne devrait pas poser trop de problèmes entre nous, donc. Qu'elle lançait, un sourire sur ses lèvres, assumant néanmoins qu'elle n'était pas étrangère à toutes sortes de frasques malgré son image angélique. Jusqu’ici, tu t’es toujours montrée agréablement surprenante. C’est pour cela que je m’interroge. Après tout, tu ne m’as montré que les bons côtés. C'était là toute la subtilité dont était faite leur monde : seules les apparences y comptaient. Comme tout le monde dans le milieu. Elle n'avait malgré tout aucun doute sur le fait qu'il s'était renseigné sur elle, comme tous les autres l'avaient fait avant lui. Et il aurait eu raison de le faire : s'exposer comme elle le faisait rendait cette tâche un peu trop facile à son goût. Elle avait certainement tendu le bâton pour se faire battre en laissant circuler certaines rumeurs sur elle, mais qu'importe, Lena avait arrêté de s'inquiéter pour ça. Elle assumait aujourd'hui les faits qui faisaient parti de son passé, et s'y rattacher sans cesse ne l'aiderait pas à avancer. De toute façon, il était trop tard pour tout effacer. La bouteille de champagne commandée permit à Lena pour une réflexion amusée. Es-tu en train d’insinuer que j’essaye de te saouler pour te faire parler ? Elle prit une moue taquine et levait les sourcils, hochant la tête pour affirmer qu'au delà de l'insinuer, elle le clamait haut et fort, l'affirmait. Peu importe quel plan machiavélique je pourrais avoir en tête, je n’ai pas besoin d’alcool pour cela. J’ai des principes… Elle pouffait légèrement alors que ses mots ne s'alliaient pas à ses actes, puisqu'il était déjà en train de remplir les flûtes. Oh tu sais, les principes, un jour comme celui là, on a le droit de les laisser de côté. Si elle suivait ses principes, Lena, elle ne serait pas dans un jacuzzi avec l'un de ses plus gros clients. Elle ne serait pas devenue amie avec non plus, en réalité. Il semblerait que sa règle d'or de séparer le travail du plaisir avait disparue, depuis qu'elle connaissait Sergio. Mais je commence à te connaître, et je ne te pense pas capable de me surprendre cet après-midi. Elle était presque vexée de la réflexion, et elle aurait pu être déçue qu'il la pense si peu surprenante. Heureusement pour elle, elle savait à quel point Sergio savait se montrer joueur. Elle ne pourrait s'empêcher cependant d'entrer dans son jeu, trop animée par ce genre de provocations. Tu n’es pas obligée de me suivre concernant la boisson, bien entendu. Je ne voudrais pas t’influencer. L'espace d'un instant elle pu paraître raisonnable, à laisser sa flûte de champagne posée, sans y toucher. Mais alors qu'elle voyait Sergio prendre la sienne pour en prendre une gorgée, elle ne pu résister à la tentation de s'amuser avec lui elle aussi. Alors elle s'approchait de lui, soutenant son regard. Ils étaient alors plus proches que jamais, et elle ne manquait pas de laisser sa jambe se caler contre la sienne, testant ses réactions. Je n'ai besoin de personne pour avoir envie de boire, ne t'en fais surtout pas pour ça. Sa voix était presque un murmure, juste avant de frôler sa main de la sienne pour lui prendre son verre des mains et y voler une gorgée de champagne - le tout sans jamais le quitter du regard. Par contre je crois que tu m'as bien mal jugée. Je suis toujours pleine de surprises. Elle lui tendait son verre pour qu'il puisse le reprendre, un sourire taquin collé sur son visage. Si cet après midi devait se dérouler sous le signe de la détente, elle n'omettait pas la possibilité de s'amuser un peu au passage.