| | | (#)Ven 10 Déc 2021, 19:53 | |
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ELEONORA PARKER & @WYATT PARKER ☽ Sometimes I wish I didn't feel. The demons that run inside of me. Can you help me out of my misery? Cause I need someone to keep me calm when I can't breathe. If you feel the same, talk to me. I'll be the fire So I can light up An empty room Just for you. I'll be a fighter. Give me the thunder And I'll get through. Just for you Cause you'd do the same too. Deux jours que tu traînais à l’appartement de ton cousin sans trop savoir quand il était censé revenir. Son message avait été vague, une simple demande de l’attendre chez lui sans détails et plus aucune réponse de sa part depuis. Tu n’étais pas le genre impatiente toutefois, surtout pas quand être chez lui voulait dire que tu avais accès à un frigo bien plus rempli que le tien et un appartement où l’air climatisé n’était pas déficient. Ce serait mentir que de dire que tu n’étais pas légèrement anxieuse de savoir ce qui se passe, surtout depuis que tu étais rentrée dans la chambre de Wyatt et que tu y avais vu ce qui ressemblait à une scène digne d’un film d’horreur. Du sang séché avait tâché le tapis de la chambre, mais avait surtout détruit les draps et la couette du lit et si tu avais mis quelques instants a analysé la scène, l’absence de la guindée et ton incapacité à obtenir des nouvelles de ton cousin ne pouvaient vouloir dire qu’une chose : il s’était passé quelque chose avec le bébé. Tu avais songé à aller voir à l’hôpital, mais tu connaissais assez Wyatt pour savoir que s’il t’avait demandé de l’attendre chez lui, c’est qu’il préférait les choses ainsi. Tu avais fait de ton mieux pour faire disparaître toute trace de sang possible dans la chambre, te débarrassant des draps et de la couette et frottant (sans grande envergure mais quand même) le tapis. Ce n’était pas grand-chose, mais tu imaginais bien que peu importe ce qui s’était passé, revenir et voir une telle scène n’aiderait personne.
Tu es à moitié assoupie sur le canapé lorsque tu es réveillée par le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvre brusquement. Tu sursautes légèrement et te redresses et lorsque tu poses les yeux sur Wyatt, tu comprends que la situation est encore pire que tout ce que tu aurais pu t’imaginer. Tu n’y connais rien en grossesse et en bébé après tout et on ne peut pas dire que tu as tenu à te tenir au courant de ce qui se passait avec Rosalie. Le moins tu entends parler d’elle, le mieux tu te portes généralement. Mais là, tu comprends que ce n’est pas le temps d’offrir ton opinion sur la guindée. Tu te lèves et te rapproches de ton cousin qui a pratiquement l’air de dormir les yeux ouverts. « T’as l’air terrible. » Et encore, c’est peu dire pour réellement décrire l’état dans lequel il se trouve. « Et tu sens pas terrible non plus. » Tu ne peux réprimer une grimace alors que tu te retrouves désormais face à lui. Tu cherches son regard, mais il semble complètement ailleurs. Tu ne te souviens pas de l’avoir déjà vu dans un tel état de fatigue, complètement hors de lui. Sans ajouter quoique ce soit, tu le guides vers le canapé et l’aides à s’asseoir, posant un regard qui se veut définitivement plus inquiet qu’à l’habitude sur lui. « Qu’est-ce qui se passe? » Là, tu commences légèrement à t’impatienter alors que les questions s’accumulent dans un coin de ton esprit et que tu n’as toujours pas la moindre idée de ce qui a bien pu se passer dans les quarante-huit dernières heures. |
| | | | (#)Ven 10 Déc 2021, 22:20 | |
| « Vous devriez rentrer vous reposer Monsieur Parker. » Tout mon corps sursaute à la sensation de la main fraîche de l’infirmière qui vient se poser en douceur sur mon épaule. Il me faudra un temps pour réaliser que je suis toujours assis auprès de la couveuse de Gabriel, que le jour est en train de décliner et que j’étais probablement en train de piquer du nez pour la vingtième fois aujourd’hui. Mon regard se pose sur mon fils, né il y a un tout petit peu plus de quarante-huit heures et toujours assister pour respirer. Je me redresse afin de revenir placer ma main tout contre la sienne, pour lui rappeler ma présence quand bien même j’ai dû me reculer que quelques minutes seulement. « Je vais rester encore. » Qu’importe si mon dos me fait un mal de chien et que mes paupières semblent peser une tonne. Si je suis capable de m’absenter le temps d’une demi-heure pour aller voir Rosie, je ne trouve le courage de me lever pour quitter l’hôpital. Ma présence se doit d’être auprès d’eux même si je n’ai absolument rien dormi depuis notre arrivée il y a de cela deux jours. Les gobelets de cafés vides s’empilent sur la petite table près du fauteuil, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis glissé sur la terrasse extérieure à l’autre bout du couloir pour griller une cigarette que j’ai encore taxée à un infirmier. Mon corps tout entier lutte pour ne pas s’endormir, pour ne jamais lâcher des yeux Gabriel qui, lui, semble si paisible dans sa couveuse. Demain, ils vont lui retirer l’oxygène, le pédiatre, c’est dit confiant. Demain, c’est encore loin.
Peut-être que je m’endors encore un peu, pas assez pour complètement abandonner tout du moins, juste un peu, le temps de fermer les yeux. Je ne sais plus vraiment me situer quand une fois encore une main viens toucher mon bras. « Je vous ai appelé un taxi. » La voix de la jeune femme est douce, dans le fond, je sais qu’elle ne pense pas à mal. « Je ne vais pas partir. » Me redresser équivaut à une grimace qui se dessine sur mes traits fatigués. Je ne tiens plus, mais l’idée de laisser Gabriel me renvoi a une certaine panique que je suis bien incapable de maîtriser. « Wyatt, votre fils à besoin de vous en pleine forme. » Je hoche la tête tandis que mes yeux se fermer encore. Mes paupières papillonnent sans cesse, j’ai mal au crâne et je crois avoir faim. Je ne sais plus vraiment. « Je vous laisse revenir avant l’heure des visites demain, mais pas avant 5h. » Elle me propose un deal la gamine et voilà que je viens frapper mon poing avec le sien, incapable de discuter plus, incapable de battre la fatigue plus longtemps.
Il me faut une dizaine de minutes pour quitter la pièce. Avant cela, il a fallu que je murmure tout un tas de mots insensé à mon fils, pour lui rappeler le soin de ma voix, pour lui promettre que je reviens. Le détour par la chambre où se trouve Rosalie me paraît être le parcours le plus long de ma vie. « Rentre dormir Wyatt. » Elle aussi, elle a compris. Je vois son sourire, réponds par un baiser sur son front. Sortir de l’hôpital sans eux me paraît insensé, pourtant, je ne résiste pas lorsque l’on me présente un taxi qui m’attend. J’aurais été incapable de conduire sans m’endormir au volant.
Bizarrement, le trajet a eu pour effet de m’éveiller un peu plus, pas assez pour prendre les escaliers, mais suffisamment pour envisager de prendre une douche et de manger avant de m’écrouler. La porte s’ouvre sans que je n’aie à tourner la clé. « T’as l’air terrible. » - « Jeez. » Je manque de faire un arrêt en découvrant Leo sur le canapé, c’est pourtant moi qui lui ai demandé de m’attendre. « Et tu sens pas terrible non plus. » Je passe une main sur mon visage n’ayant aucunement envie de me lancer dans un débat avec elle. « Je suis vraiment pas d’humeur Leo. » Tout ce que je souhaite, c’est retirer cette tenue de médecin, enlever ces chaussures qui ne sont pas les miennes et aller frotter mes mains encore tâchées, sous le jet d’eau chaude pendant des heures. Mais elle ne bronche pas la gamine, elle s’approche même trop rapidement pour que je n’ai le temps d’esquiver. « Qu’est-ce qui se passe? » Je soupire sans trouver les mots qui pourraient tout résumer. « Gabriel est né. » Ma voix se casse légèrement, je n’ai encore raconté tout cela à personne. « Rosalie, c’est mis à perdre du sang, ce… C’était… » Horrible ? Affreux ? La pire expérience de ma vie ? « Ils ont été obligés de faire une césarienne en urgence. Il est né trop tôt, alors il a besoin d’oxygène et… » C’est vraiment pas le moment de craquer Wyatt. « Ils ont failli y passer tous les deux. » Rosalie plus que notre fils et la pensée me colle un frisson glacial. |
| | | | (#)Sam 11 Déc 2021, 14:58 | |
| « Jeez. » Tu pourrais t’offenser parce que ce n’est pas toi qui fais peur à voir en ce moment entre vous deux, mais tu te contentes de froncer les sourcils légèrement alors que la porte se referme bruyamment derrière lui. Tu te demandes s’il ne va pas s’écrouler sous tes yeux tellement il a l’air fatigué, mais ça ne t’empêche pas de faire des commentaires qui sont comme toujours bien mal accueillis par ton cousin. « Je suis vraiment pas d’humeur Leo. » Ouais ça, tu l’as déjà facilement deviné même si tu ne comprends toujours pas ce qui a bien pu causer un tel état. « Pour faire changement. » Oh ta gueule Leo, tu vas finir par manger une claque si tu continues. Tu as ta petite idée de ce qui a pu se passer, bien évidemment et tu te doutes que quelque chose de grave s’est passé dans les deux derniers jours pour que tu restes ainsi sans nouvelle de sa part, mais tu essayes de ne pas trop te faire des scénarios catastrophes parce que si ça allait vraiment mal, il te l’aurait dit bien avant, pas vrai? En même temps, tu as essuyé beaucoup de sang sur le tapis alors forcément, ça ne peut pas bien non plus…
« Gabriel est né. » « Déjà? » Tu ne peux pas dire que tu as suivi avec attention la grossesse de Rosalie, mais il te semble qu’il t’avait dit que le bébé devait naître à Noël, sauf que Noël, c’est encore dans un mois donc ça non plus, ce n’est certainement pas un très bon signe. « Rosalie c’est mis à perdre du sang, ce… C’était… » Ton regard se tourne automatiquement vers la chambre de ton cousin, dont la porte est demeurée fermer depuis que tu as terminé ta tentative de ménage. Tu voudrais lui dire que tu t’es occupée du bordel qu’il y avait là-dedans, mais tu n’es pas certaine que ce soit le bon moment alors qu’il continue de chercher ses mots pour t’expliquer ce qui s’est passé. « Ils ont été obligés de faire une césarienne en urgence. Il est né trop tôt, alors il a besoin d’oxygène et… » Tu ne l’as jamais vu comme ça, Wyatt et tu ne sais vraiment pas comment réagir alors que sa voix craque après chaque prononcé. T’es vraiment une merde pour consoler les gens et honnêtement, t’aurais aucune idée de quoi faire pour consoler Wyatt parce que tu ne penses pas t’être déjà retrouvée dans une situation où tu devais le faire par le passé. Alors tu restes figée à côté de lui, silencieuse, un air choqué sur le visage alors que tu cherches quoi dire, quoi faire, sans jamais réellement trouvé. « Ils ont failli y passer tous les deux. » « Mais ils sont corrects là? » S’ils étaient encore en danger, il ne serait sûrement pas repassé par ici. Il serait encore à l’hôpital, à se faire un sang d’encre. « Pourquoi tu m’as pas dit ce qui se passait avant? J’aurais pu aller te rejoindre à l’hôpital, ou juste t’emmener de quoi te changer ou de quoi bouffer… » C’est sans doute le plus que tu aurais pu faire, le mieux que tu aurais pu faire vraiment, mais ça aurait déjà été quelque chose de plus que ce que tu es en mesure de lui offrir en ce moment ici, c’est-à-dire rien du tout si ce n’est que des regards semi compatissants et ce qui sonneraient presque comme des reproches. « Tu sais combien de temps ils doivent rester à l’hôpital? » Il n’est sûrement pas d’humeur à ce que tu lui passes un interrogatoire, mais c’est un peu ta façon à toi de lui montrer que tu te fiches pas de ce qui se passe et que t’es là, si tu peux faire quoique ce soit. « T’as prévenu ta mère? » Tu voudrais lui demander s’il a essayé de rejoindre sa sœur, mais ça, t’as bien peur que ça ne soit pas bien reçue et t’aurais presque peur de le briser si tu oses prononcer le prénom d’Ariane. |
| | | | (#)Dim 12 Déc 2021, 20:25 | |
| À être parfaitement honnête, j’ai oublié avoir envoyé un message à ma cousine. J’avais pourtant emprunté le téléphone d’une infirmière pour lui demander de m’attendre à l’appartement. L’information vient seulement de se rappeler à moi alors que je la trouve dans mon salon, impatiente et radicalement bien trop en forme à mon goût. L’espace d’un instant, juste une seconde, je voudrais qu’elle s’en aille, qu’elle me laisse tranquille pour avoir le temps de souffler et de laisser mes émotions prendre leur libre cours. Ce n’est pas de famille que de se laisser complètement aller devant les autres, j’aurais préféré que seuls les murs de mon appartement profitent du spectacle. Pourtant, elle est là, quand bien même mon message semble daté d’une éternité et je remarque, au travers de son air impassible, qu’elle semble tout de même inquiète. C’est une véritable première qu’elle devienne le pilier quand je suis, littéralement, en train de m’effondrer. Demain, on pourra prétendre que rien de tout cela n’a jamais exister. Dans quelques heures, je pourrais reprendre mes briques une par une pour remonter la barricade, tout renfermer à l’intérieur et emprunter cet air imperturbable. Demain est un autre jour.
« Mais ils sont corrects là? » Je hoche la tête, retenant un énième bâillement trahissant la fatigue. « Gabriel doit encore être surveillé, Rosalie se remet doucement. » Doucement, c’est le terme, parce que rien ne semble aller. Elle a mal, elle est épuisée et surtout, elle n’a pu voir Gabriel que quelques minutes seulement. Si elle m’a forcé à rentrer, je sais que je ne vais pas rester éternellement dans cet appartement à me demander comment elle va. « Pourquoi tu m’as pas dit ce qui se passait avant? J’aurais pu aller te rejoindre à l’hôpital, ou juste t’emmener de quoi te changer ou de quoi bouffer… » Je suis quelque peu surpris par la férocité des paroles de Leo, n’ayant jamais envisagé qu’elle puisse un tant soit peu être autant investie dans toute cette histoire. Elle ne le dira jamais clairement, allons bon ce n’est pas son genre, mais je vois qu’elle aurait aimé savoir tout cela bien plus tôt. « J’ai pas pensé. » Ce n’était que la stricte vérité, j’ai passé ces dernières quarante-huit heure à jongler entre deux chambre d’hôpital tout en me posant un million de question à la minute. Je suis épuisé et je n’ai clairement pas envie d’apporter la moindre explication quand le tout réside dans le fait d’avoir laisser mon téléphone ici dans la précipitation et de ne pas avoir eu une seule seconde pour penser à ma personne. « Tu sais combien de temps ils doivent rester à l’hôpital? » Je secoue la tête, n’ayant réellement aucune idée sur ce genre d’information. « Pas vraiment. » Le médecin m’a dit quelque chose à propos de Rosalie, mais je m’en souviens à peine. Cela avait a faire avec un certain temps d’hospitalisation obligatoire suite à l’opération qu’elle a subit. « Si tout va bien, demain Gabriel sera plus sous oxygène. » Est-ce qu’il pourra sortir de l’hôpital par la suite, je ne sais pas. « Y’a rien de prêt. » Je ne sais même pas si Rosalie veut tout de même allaiter ou si je vais devoir trouver du lait en poudre, sa chambre est toujours en bordel monstre et mon esprit refuse de penser à l’état dans lequel j’ai laissé la mienne.
« T’as prévenu ta mère? » - « J’avais pas mon téléphone Leo. » Elle n’a même pas remarquer que mon message venait d’un autre numéro ? J’avais réussi a retenir le sien par je ne sais quel miracle et c’était déjà bien assez suffisant. « Me soûle pas. » Je soupire, ayant conscience que gueuler sur ma cousine qui s’inquiète n’aura jamais rien de productif, si ce n’est la braquer et la voir disparaître. « Tu commandes un truc ? » J’ai faim, pas spécialement l’envie de manger, mais j’ai faim malgré tout. Dans un geste naturel, je pose mon portefeuille sur la table pour qu’elle est de la monnaie et file dans le couloir. Volontairement je choisi de me doucher dans la seconde salle de bain, celle qui ne m’oblige pas à passer par ma chambre. Je jette les fringues de l’hôpital dans un coin et me glisse sous le jet d’eau chaude prêt à laver toutes les odeurs de sang et d’hôpital qui me colle à la peau.
Lorsque je reviens dans le salon, Leo est toujours là. Sans un mot, je me dirige vers un placard en particulier pour en sortir une bouteille de whisky et deux verres. Je suis épuisé, mais refuse d’aller me coucher dans cette chambre. Je préfère encore prétendre que tout va bien en buvant un verre avec la gamine. « Pour la naissance de mon fils. » Et dieu que les mots sonnent étrange à rouler sur ma langue. Il est là, je l’ai tenu dans mes bras et pourtant je ne réalise toujours pas. |
| | | | (#)Mar 14 Déc 2021, 17:29 | |
| Il fait peur à voir, avec ses cernes sous les yeux, son teint livide et cet habit horrible de médecin. Tu n’oses même pas imaginer ce qu’il a du voir, ce qu’il a du vivre dans les deux derniers jours, préférant prendre tes distances avec tout sujet qui pourrait être émotionnellement prenant, comme tu le fais toujours. Après tout, tu n’as jamais aimé Rosalie et qu’est-ce que t’en as à faire, de leur mioche? Ouais, ouais, cause toujours. Tu t’inquiètes quand même, Leo. « Gabriel doit encore être surveillé, Rosalie se remet doucement. » Tu hoches doucement la tête. Tu ne sais pas trop ce que ça veut dire concrètement, mais c’est sûrement un semblant de bonne nouvelle. Tu te sens bien inutile, mise au courant de la situation bien après les faits alors que tu aurais peut-être pu être d’un quelconque soutien alors qu’il était encore à l’hôpital. « J’ai pas pensé. » Un haussement d’épaules. On a dit que tu t’en fichais après tout. De toute façon, il est trop tard pour rectifier la situation puisqu’il est là, épuisé comme jamais, probablement affamé aussi avec un grand besoin d’une douche. « Pas vraiment. Si tout va bien, demain Gabriel sera plus sous oxygène. » Ça sonne sérieux être sous oxygène. Plus que simplement être surveillé. Tu détestes ne pas savoir quoi dire. T’es celle qui a toujours quelque chose à répondre. Mais faut croire que quand les commentaires sarcastiques et les piques en tout genre ne s’appliquent pas à une situation, tu perds un peu tous tes moyens. C’est vraiment chiant, comme feeling. « Y’a rien de prêt. » « Tu veux que je fasse quelque chose? » Tu ne sais pas qu’est-ce qu’il y a à faire pour êre prêt, pas la moindre idée si tu peux être utile, mais s’il y a bien quelqu’un pour qui tu ferais ne serait-ce qu’un minimum d’effort dans la vie, c’est bien pour lui.
« J’avais pas mon téléphone Leo. » Ah. Tu n’avais même pas remarqué que son message n’avait pas été envoyé avec son cellulaire à lui. Faut dire que c’est le genre de détails que tu ne prends jamais vraiment la peine de remarquer. Le message était clair et puis tu avais besoin d’un endroit où dormir pendant les grosses chaleurs des derniers jours donc tu n’as pas cherché plus loin. « Me soûle pas. » « J’faisais que demander. » Tu te dis que ta tante voudrait être mise au courant de la situation. Et pas juste elle. Mais ça, c’est bien l’une des rares pensées que tu préfères garder pour toi. « Tu veux que je m’occupe de lui dire ce qui se passe? » Peut-être qu’il n’a pas envie de devoir faire le tour de son carnet d’adresse pour mettre tout le monde au courant, peut-être que c’est un truc que tu peux faire toi, quitte à vraiment pouvoir lui être utile autrement. « Tu commandes un truc? » Tu hoches la tête de haut en bas alors qu’il disparaît dans la salle de bain à l’autre bout de l’appartement plutôt que de se rendre à celle qui est liée à sa chambre et tu te dis que t’aurais peut-être dû lui mentionner, que tu as nettoyé le carnage qu’il avait laissé derrière il y a deux jours. Il est trop tard quand tu entends l’eau de la douche qui se met à couler pendant de longues minutes, et tu te concentres plutôt sur la commande d’une pizza qui arrive avant même que ton cousin ne ressorte enfin de la salle de bain, portant enfin autre chose que ces horribles habits d’hôpital. La pizza ainsi que deux assiettes attendent déjà sur la table basse du salon, et Wyatt accompagne le tout de deux verres qu’il remplit d’un liquide ambré. « Pour la naissance de mon fils. » Le cœur n’est pas à la célébration, mais tu viens tout de même cogner ton verre contre le sien avant d’en prendre une longue gorgée. « J’peux pas croire que toi, t’es père. » Ça t’arrache un léger rire. C’est con sûrement d’être si surprise alors qu’il est ce que tu as de plus proche d’une figure paternelle. Et elle est débile, la pointe de jalousie dans le fond de ton ventre alors que tu as l’impression qu’un bébé en mauvais état est en train de te voler ta place. « T’as pas à éviter ta chambre. J’ai ramassé. » que tu lâches le plus naturellement du monde, comme si tu parlais de la météo tout en te servant une pointe de pizza. « J’ai jeté les draps. » C’était une cause perdue, de toute façon. « Vous allez faire quoi, après? » Après, quand le bébé va aller mieux et Rosalie aussi. C’est de la curiosité mal-placée, sans doute, avec un timing de merde aussi, mais tu n’es pas connue pour garder tes opinions pour toi après tout. |
| | | | (#)Ven 24 Déc 2021, 11:58 | |
| « J’faisais que demander. » « Je sais, kiddo. »
Elle faisait que demander sans agresser, sans jouer la rhétorique de désinvolture qu’elle sait si bien incarner. Ce n’est pas habituel que Leo demande sans se moquer, qu’elle insiste pour comprendre sans ajouter une remarque cinglante envers la mère de mon fils. Rien ne semble normal depuis deux jours, comme si le monde avait cessé de tourner rond. Pour la énième fois ces dernières heures, je viens pincer le creux de mon coude déjà marqué d’un bleu douloureux, pour me rappeler que tout cela n’est pas juste un rêve qui cherche à me rendre dingue, mais bel et bien l’instant présent. Une réalité insensée dans laquelle mon fils est né sans prévenir, dans la douleur et le chaos. Le digne héritier d’une famille qui ne connaît que cela, le chaos. « Tu veux que je m’occupe de lui dire ce qui se passe? » Elle m’étonne presque à tant vouloir bien faire la gamine, elle qui se fiche de tout et de tout le monde la plupart du temps, voilà qu’elle se donne presque le rôle de pilier de la famille. Je secoue la tête en soupirant. « Pas tout de suite… S’il te plaît. » Le tout s’annonce comme une supplication tant je refuse d’avoir à supporter toutes les questions de ma mère. Elle en aura des milliers, va vouloir voir Gabriel quand rien est possible et va probablement trouver tout un tas de trucs vaudou avec son gars pour apaiser Rosalie. Non vraiment, je n’ai pas la patience de traiter avec eux. « Elle va être infernale. » Et j’ai déjà trop hurlé sur ma mère sans raison depuis le départ d’une certaine personne. Elle sait Leo, elle comprend sans même que je n’ai à expliquer plus longuement. Elle fera face pour moi, juste un temps et sans évoquer qui que ce soit d’autre. L’accord est devenu tacite, il y a fort longtemps.
Innocemment, j’avais imaginé qu’une douche chaude m’aiderait à me sentir mieux. Si l’effet escompté est présent, il ne dure qu’un court instant. Juste le temps pour moi d’enfiler des vêtements propres avant que tout ne vienne me heurter de plein fouet. Cela commence par mon dos qui me hurle de cesser de m’agiter pour mieux aller m’allonger confortablement, puis s’enclenche le mal de crâne qui menaçait depuis des heures déjà. Et soudainement, la réalisation que ces deux derniers jours ont bel et bien excitée, que notre fils est né et que Rosalie a bien failli nous quitter. Je laisse couler l’eau alors que je ne suis même plus dans la cabine, pour grappiller quelques minutes loin du regard inquisiteur de Leo. Juste un temps de pause, pour reprendre mon souffle et aller enterrer bien profondément le tourbillon d’émotions qui gronde au-dessus de ma tête, prêtes à se déverser sans signalement. Ce n’est clairement pas le moment de se laisser abattre. Reprends-toi, Wyatt. Un dernier souffle tremblant et le masque reprend sa place entre les traits tirés et les cernes violacés.
« J’peux pas croire que toi, t’es père. » Mon rire se joint au sien dans la sidération de l’information. Je n’ai rien d’un père si ce n’est des angoisses nouvelles que je ne saurais déchiffrer et qui font naître un sentiment de frustration venant nourrir une colère nouvelle. « Je réalise pas vraiment. » que je souffle entre deux gorgées. Parce que Gabriel est encore dans une couveuse et que je ne l’ai pas vraiment eu dans mes bras, parce qu’il est à l’hôpital entouré de médecin et pas dans cet appartement au milieu de ses affaires et des miennes surtout. C’est surréaliste tout ça. « T’as pas à éviter ta chambre. J’ai ramassé. » Ou alors cela, ça l’est encore plus. « J’ai jeté les draps. » Mon regard glisse sur le profil de ma cousine attendant la blague, la chute magistrale ou que sais-je encore. Rien ne vient, si ce n’est le bruit affreux qu’elle fait toujours en mâchant. « Merci. » C’est suffisamment rare pour le souligner, pas assez pour se perdre dans des effluves à la con non plus. Je préfère prendre une part de pizza et faire comme si de rien était. Je ne sais pas si je suis prêt à aller dans cette chambre, c’est un autre détail, de ceux que l’on garde pour plus tard.
« Vous allez faire quoi, après? » - « T’as toujours le pire timing au monde. » Je lui en pose des questions sur sa vie, ses conquêtes et les merdes qu’elle enchaîne jour après jour ? Un soupir m’échappe, le centième de la soirée alors que je laisse ma tête aller se reposer sur les coussins, fixant le plafond comme s’il était subitement devenu la huitième merveille du monde. « J’en sais rien. » C’est bien la seule réponse que je suis capable d’apporter quand rien de tout cela n’était prévu, quand on en a jamais parlé et que d’un seul coup, je me demande si elle va repartir chez elle avec Gabriel. Ce sont trop de pensées qui s’emmêlent pour ne jamais donner de conclusion qui semble faire sens et qui ne font que réveiller mon mal de crâne. « Parce que tu comptes squatter combien de temps ? » Elle a forcément demandé pour cela, ça ne peut pas être autre chose. Je m’attends à tout, avec elle. |
| | | | (#)Jeu 30 Déc 2021, 08:16 | |
| Tu fais preuve d’une charité qui ne te ressemble pas et ça le surprend, Wyatt. Tu es bien plus connue pour être égoïste que de te soucier du bien-être d’autrui, mais malgré tout, tu n’es pas aussi sans cœur que tu t’en donnes l’impression bien souvent. Surtout lorsqu’il s’agit de Wyatt. Surtout maintenant, quand il demeure ta seule constante dans les derniers mois et que si tu ne t’accroches pas quelque peu à lui, tu as l’impression que tu vas tout perdre, te perdre au passage. Tu secoues la tête, qu’importe vraiment quand c’est lui qui est en train de vivre le plus gros chamboulement de tous. Tu ne l’imagines pas papa et pourtant, tu sais au fond de toi qu’il a tout pour le rôle. Il l’a joué dans ta vie depuis que tu es toute petite après tout. Mais lui dire un truc comme ça, c’est au-dessus de ce que tu t’autorises à faire et puis le connaissant, tu en entendrais parler jusqu’à la fin de tes jours parce qu’il aime se moquer, ton cousin, toujours à ton détriment. Mais bon, ce n’est pas comme si tu n’avais pas appris à lui rendre la pareille, depuis le temps. « Je réalise pas vraiment. » Et la situation ne doit pas aider puisqu’il est ici avec toi et que son fils n’est pas là. « Merci » Tu hausses les épaules. Ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat après tout. Tu as vu le bordel et tu avais du temps à tuer. Du moins, c’est tout ce que tu diras si on te pose la question.
« T’as toujours le pire timing du monde. » Un sourire s’élargit sur tes lèvres alors qu’il s’énerve un peu et puis évites ton regard, concentré à regarder le plafond comme si ce dernier avait changé de couleur depuis la dernière fois qu’il est venu ici (newsflash : ce n’est pas le cas.) Il n’allait quand même pas croire que parce que tu fais preuve d’un tout petit peu de compassion que tu t’étais transformée en une nouvelle femme quand même? Faut pas rêver non plus. « J’en sais rien. » « Tu penses pas que c’est le genre de choses que t’aurais dû savoir avant la naissance de ton fils? » Non mais, il peut bien se complaire dans son déni aussi longtemps qu’il veut, tu vois bien que les choses ont changé dernièrement et la prochaine chose que tu vas voir, c’est qu’il a laissé à sa guindée beaucoup trop de place dans sa vie. « J’sais pas si t’es vraiment convaincant dans le rôle du papa et du petit-ami parfait. » Oh il va gueuler que tu aies dit ça, mais c’est à ça que ça ressemble depuis quelque temps, quand chaque fois que t’arrives à l’appart, elle est là, sa guindée. Si on te demande (on ne te demandera pas) c’est déjà le cas d’ailleurs, mais ça aussi, il préfère ne pas l’entendre. « Parce que tu comptes squatter combien de temps? » « C’est pas pour ça que je demandais. » Ouais bon, un petit peu quand même, mais pas entièrement. Parce que les choses sont compliquées pour toi en ce moment et que tu devrais vraiment lui dire que tu es au bout de ta corde, mais tu es bien trop fière pour l’admettre à voix haute. Tu grattes les fonds de tiroir pour être capable de te payer de quoi manger et tu sais que si tu ne trouves pas une solution miraculeuse, tu vas te retrouver sans toit d’ici la fin de l’année. Oh well. « J’vais rester ici pendant qu’ils sont à l’hôpital. » Tu ne lui donnes même pas le choix, mais c’est pour lui tenir compagnie évidemment, c’est par bonté d’âme que tu fais et certainement pas parce qu’au moins de cette façon, tu n’auras pas à te demander s’il y a de quoi bouffer dans ton frigo. Bien sûr, on y croit. « Mais si elle revient s’installer ici, j’me tire. » Pas question que tu partages l’air que tu respires avec elle trop longtemps quand même, il y a des limites à tout. Tu préfères encore dormir dans ta voiture, même si cette dernière tombe en ruines. Tout va bien. |
| | | | (#)Mer 05 Jan 2022, 20:48 | |
| « Tu penses pas que c’est le genre de choses que t’aurais dû savoir avant la naissance de ton fils? » La revoilà, la casse-couille que je me coltine depuis toujours. Elle n’a absolument rien perdu de son répondant et de sa superbe qualité à toujours faire chier le monde sans jamais prendre pour indice que le monde n’a clairement aucune envie de rentrer dans son jeu à la con. « Tu penses pas que juste pour une fois, tu pourrais fermer ta grande gueule. » Je ne prends que la monnaie de ma pièce quand je suis le seul responsable de son attitude, de ses piques plus brûlantes les unes que les autres et tout ce qui contribue à son sale caractère. Elle a appris des meilleurs la gamine sans que jamais je ne prenne en compte qu’un jour tout cela finirait par venir m’exploser à la figure. Je préférais encore quand elle faisait semblant d’être douce pour me ménager. C’était inhabituel, mais c’était le bienvenu pour la soirée. « J’sais pas si t’es vraiment convaincant dans le rôle du papa et du petit-ami parfait. » Voilà qu’elle insiste en plus la sale gosse. « Personne t’a demandé ton avis Leo. » Je suis déjà au courant de tout cela, que la situation est bien loin de la normale, que rien n’est vraiment claire et que la naissance de Gabriel n’arrange absolument rien. Mais personne te prévient que tout va être chamboulé à un point que tu ne saurais imaginer. Personne n’était venu nous dire que ça allait aussi mal se passer, que Rosalie allait manquer d’y rester et que j’allais être là pour assister à ce spectacle sans être dans la capacité de faire quoi que ce soit. Elle a conscience de rien la gamine avec ses remarques à la con et son air supérieur qui tend à lui coller des gifles.
« C’est pas pour ça que je demandais. » - « Bah bien sûr. » Je ne sais dans quelle merde elle a été se fourrer encore, mais ça ne l’a jamais autant arrangé de pouvoir squatter chez moi en étant sûr de ne pas croiser qui que ce soit. Je n’ai pas la force de demander, j’en ai strictement rien à foutre de ses emmerdes de gamine. « J’vais rester ici pendant qu’ils sont à l’hôpital. » Forcément. J’aurais un million de remarques à faire, toutes plus sarcastiques les unes que les autres, mais je les garde pour moi. Qu’elle reste là, si ça lui chante. Je ne compte pas m’éterniser ici de toute manière. « Mais si elle revient s’installer ici, j’me tire. » Et elle vient d’user ma patience. « Alors casse-toi. » Maintenant, ce serait le mieux. « J’ai pas le temps pour tes caprices à la con. » Je finis mon verre d’une traite et me lève pour aller tirer sur le sac lui appartenant qui traîne dans le couloir. « Tu trouveras bien un connard qui voudra de ton cul. » Ça, elle a toujours su faire, gratter l’hospitalité chez n’importe qui tant qu’on lui porte un tant soit peu d’attention. |
| | | | (#)Jeu 13 Jan 2022, 10:55 | |
| « Tu penses pas que juste pour une fois, tu pourrais fermer ta grande gueule. » « Non. »
C’est simple, n’est-ce pas? Tu lui poses la question parce que tu sais pertinemment qu’il évite le sujet. Tu l’obliges à y penser parce que tu le connais assez pour savoir que si quelqu’un ne ramène pas le sujet sur la table, il va se contempler dans son déni et il va se laisser marcher sur les pieds par la guindée qui a déjà réussi à reprendre beaucoup trop de place dans sa vie dans les derniers mois. « Personne t’a demandé ton avis Leo. » Ça ne t’a jamais empêché de le donner pourtant et il le sait parfaitement ça. Tu hausses les épaules, complètement désintéressée par le changement d’attitude de ton cousin et la direction (hint : droit dans le mur) que prend cette discussion. « Si ça t’amuse de te faire prendre pour un con, be my guest. » Tu roules des yeux. Tu n’as jamais compris pourquoi il l’a toujours laissé revenir dans sa vie comme ça. Peut-être bien que vous êtes tous des idiots les Parker, qui clament haut et fort qu’ils ne laissent jamais personne leur faire du mal alors que pourtant, vos points faibles vous suivent de partout. Le sien, de point faible, il est plus visible et plus dangereux que jamais en plus de venir prendre toute la place dans sa vie, et lui il se ferme les yeux comme un imbécile qui pense que tout va se régler à se perdre dans son déni. T’en aurais plus long à dire, mais tu te contentes de finir le contenu de ton verre d’un coup sec avant de te lever pour aller le remplir à nouveau. Tu sens que tu vas en avoir besoin, vu la tournure que ça prend.
« Bah bien sûr. » Un autre haussement d’épaule, un autre air je-m’en-fous-de-ce-que-tu-penses-de-moi parce que ce n’est pas vrai mais c’est la seule chose que tu saches encore faire pour te protéger. Peut-être bien que tu aurais bien fait de te la fermer finalement parce que tu pousses trop loin, toujours, et ça t’éclate en pleine figure, comme d’habitude. « Alors casse-toi. » Tu clignes des yeux, pas réellement choquée de sa réaction, même si t’es surprise de voir qu’il perd son sang-froid pour si peu. Il est plus tough que ça d’habitude. Mais faut dire que tu as vraiment mal, mais alors là très mal choisi ton moment. « J’ai pas le temps pour tes caprices à la con. » Il se lève et ramasse ton sac qui traîne dans le couloir depuis deux jours, seulement pour mieux te le jeter, se fichant bien qu’il était encore ouvert et que son contenu se déverse quelque part entre vous deux. « Tu trouveras bien un connard qui voudra de ton cul. » « C’est bon là, t’as fini de te défouler? » Il pourra dire ce qu’il voudra, prétendre que c’est toi qui l’as poussé à bout, vous savez tous les deux que ce n’est pas vrai. Tu ramasses les quelques vêtements qui sont tombés au sol, et puis tu lèves les yeux vers ton cousin qui continue de te regarder avec des éclairs dans les yeux. « Non mais ça va, j’ai rien dit contre ta précieuse là, calme-toi. » Même plus le droit de dire ce qu’on pense par ici, quelle connerie. Sans vraiment lui donner le choix, tu replaces ton sac là où il l’a pris, signifiant ainsi que tu n’avais pas le moindrement du monde l’intention de partir. Tu attrapes son verre vide laissé sur la table basse et le remplis à nouveau avant de lui tendre. On pourrait croire à un geste de paix, mais c’est plutôt que t’as vraiment pas envie de retourner chez toi, et peut-être un peu que t’as pas envie de le laisser seul. « Tiens, prends ça et va te coucher. T’en as besoin je pense. » Et s’il veut encore te mettre dehors après ça, grand bien lui fasse, ça n’a jamais été ton genre de supplier pour quoique ce soit et ce n’est pas ce soir que tu vas t’y mettre. |
| | | | (#)Jeu 27 Jan 2022, 22:13 | |
| Elle ne peut s’empêcher de toujours fourrer son nez partout, de toujours donner son avis pour tout et pour rien. Voilà qu’elle se la joue grande dame avec des opinions qui n’intéresse personne et un spectacle que je n’ai pas la force de suivre. Si cela fait des années que la rengaine s’enchaîne entre nous, elle a clairement mal choisi sa soirée pour lancer un échange de propos endiablé. « Si ça t’amuse de te faire prendre pour un con, be my guest. » Elle roule des yeux à prétendre tout connaître quand elle ne comprend pas le quart de tout ce que représente ma relation avec Rosalie. Je ne supporte plus que le monde entier semble avoir son mot à dire entre nous deux quand on n’a jamais demander à ce que le monde s’en mêle. C’est chaotique, c’est probablement entièrement toxique, ça flirt avec le malsain, c’est diablement tragique, dramatique et tout ce qui pourrait encore rimer avec les enfers, les larmes et la colère, mais c’est nous. On n’a jamais su faire autrement, on s’adapte comme on peut à la situation qui nous rattache l’un à l’autre désormais. Alors qu’elle roule des yeux la gamine, qu’elle se croit supérieure, elle n’aura pas le dernier mot. « Arrive à tenir une relation plus de deux jours et après, tu pourras venir me faire la leçon. » Quand elle arrêtera d’enchaîner les trucs sans lendemain ou de toujours choisir le premier des connards, peut-être que Leo pourra s’asseoir à la table des grands. Dans dix ans ou jamais, je n’en ai que faire.
Pourtant, elle cherche, elle insiste et voilà qu’elle creuse dans tous les endroits interdits. À croire que l’on se connaît à peine, qu’elle ne comprends rien à rien. Je voulais manger et aller me coucher, mais voilà que je dois me justifier, que je dois jouer les baby-sitters et enchaîner une conversation qui me prend la tête. Ma patience ne tient plus, je n’ai pas le temps, pas l’envie. « C’est bon là, t’as fini de te défouler? » Qu’elle s’en aille avant de s’en prendre une surtout. « Non mais ça va, j’ai rien dit contre ta précieuse là, calme-toi. » Et elle s’agite la blonde, elle tourne dans le salon, récupère son sac, tape des pieds. Elle gagne sans même que je n’ai à hurler quand elle commence à bouder. « Je voudrais juste que tu la fermes, pour une fois. » Le silence. Ce serait fortement apprécié. On réglera les problèmes ensuite, dans le genre pourquoi elle tient à vivre sous mon toit si Rosalie l’ennui tant que ça. Je ne suis pas idiot, il se cache bien autre chose là-dessous, mais ce n’est pas le moment. « Tiens, prends ça et va te coucher. T’en as besoin je pense. » Sans un mot, je récupère le verre pour le descendre d’une traite. Et la fatigue m’assomme, sans prévenir, amenant avec elle un mal de crâne digne de la pire des gueules de bois. « Je veux pas t’entendre. » Sans un regard de plus dans sa direction, je me dirige droit vers mon bureau qui fait également office de chambre d’ami. Il est hors de question que j’aille dans la chambre, pas ce soir, je n’en ai clairement pas le courage. |
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