| Il était une fois un idiot et une blessée [Mad+Archie] |
| | (#)Sam 11 Déc 2021 - 14:22 | |
| Le temps des fêtes envahissait Archie de ses chansons. Le garçon avait toujours apprécié cette période de l’année (il pouvait offrir des dizaines de choses à ses sœurs sans qu’elles ne puissent se plaindre qu’il en fait trop) mais, cette fois, les temps étaient moins lumineux que d’habitude. Noël approchait à grands pas et Madison n’avait toujours pas répondu aux messages de son frère et pourtant il avait (un peu trop) insisté. Tous les ans, la famille fêtait ensemble le vingt-quatre au soir ; ça faisait presque partie de leur religion. S’il y a une chose qu’Archie voulait éviter, c’est que Madison disparaisse ou, pire, se présente chez leurs parents mais ne pose jamais les yeux sur son grand frère. Il ne voudrait pas devoir expliquer aux autres la raison derrière laquelle ils sont en froid parce qu’il est le fautif dans l’histoire. Il en est conscient. Il a blâmé sa petite sœur sans prendre ses sentiments en considération. Il continue à penser qu’il voulait seulement la protéger de la réaction de leur père, mais plus les jours passent et plus il se rend compte qu’il ne s’est pas pris de la bonne façon.
Il ne s’était pas rendu dans une boutique comme celle-là depuis des lustres. L’endroit était rempli de jouets, de peluches, de friandises, mais, surtout, de familles et d’enfants aux yeux brillants (qui criaient un peu trop fort). Dans le rayon des peluches, Archie hésitait en comparant deux oursons. Aucun des deux n’était une réplique de Beary Potter mais l’un lui ressemblait davantage. Il avait la même couleur noisette et ses yeux étaient deux gosses billes noires sans iris. Archie choisit celui-là et se rendit à la caisse. « Vous faites des emballages cadeau ? » Il demanda en sortant sa carte de crédit. Il avait cinq pouces et aucun talent artistique, il préférait éviter d’offrir un désastre à sa petite sœur.
Le jour suivant, il se rendit devant l’appartement de Madison en portant dans ses bras le cadeau emballé dans du papier à carreaux rouge et vert et recouvert d’un énorme chouchou blanc aussi gros que sa tête. Il frappa trois fois à la porte et offrit un sourire terriblement forcé à Harry qui lui ouvra. « Salut ! Ça fait longtemps, comment vas-tu ? » Il n’attendit même pas la réponse du garçon qu’il sauta directement au cœur du sujet : « Je viens voir ma sœur, elle est là ? » Harry se pinça les lèvres en observant le cadeau dans ses bras. Il hésita quelques secondes, juste assez longtemps pour qu’Archie devine qu’il était au courant pour la querelle. « Elle ne veut pas te voir. » Le faux petit copain répondit en haussant les épaules. Le sourire d’Archie ne s’estompa pas le moins du monde quand il répondit : « Je ne viens pas déclarer la guerre. Je viens corriger les erreurs que j’ai faites. Pousse-toi s’il-te-plaît. » Et Harry soupira clairement avant de le laisser passer. Archie lui tapa l’épaule deux fois pour le remercier et se mit à chercher sa cadette du regard. Il l’aperçu au bout du couloir. « Tu peux nous laisser, Harry ? » Il demanda à l’intention du garçon qui disparut sans demander son reste.
Doucement, le frère s’approcha de sa sœur après avoir retiré ses chaussures. Il lui tendit immédiatement le cadeau pour ne pas lui laisser le temps de lui demander de s’en aller. « Tiens. Tu es chanceuse, tu as un cadeau avant Saddie. » Il dit d’une voix amusée, comme si le monde allait bien, comme si leur relation n’avait pas été chamboulée par son égoïsme. « Noël approche à grands pas. Tu vas venir fêter avec la famille, j’espère ! » Il détourna les yeux une seconde. « Les parents commencent à se poser des questions, tu n’étais pas là aux deux derniers repas… » Il marqua une pause et se reprit rapidement : « Enfin, je sais que c’est de ma faute, mais tu ignores mes messages, tu ne me laisses pas la chance de me faire pardonner tu… devrais me laisser la chance de me faire pardonner. » Tiens donc. Lui qui maniait habituellement parfaitement les mots et son public, le voilà à se perdre dans ses formulations. Il avait beau faire quelques centimètres de plus que Madison, il se sentit soudainement tout petit devant elle.
@Madison Kwanteen |
| | | | (#)Jeu 16 Déc 2021 - 19:05 | |
| il était une fois un idiot et une blessée Madison Kwanteen & @Archie Kwanteen
T’as compté les jours depuis l’incident. Et, le mois de décembre approchant, tu sais qu’il est de plus en plus compliqué de rester loin du reste de la famille. Harry n’a pas trop questionné ton attitude et s’est contenté d’être présent et à l’écoute au cas où tu ressentirais le besoin d’en parler. Tu ne l'as bien évidemment pas fait, t’as assuré que tout allait bien et que tout ça n’était que le résultat d’une bête dispute avec ton frère, le tout sur un sujet idiot au possible. Il a acquiescé, a fait semblant de te croire et a dû longuement hésiter avant de lui-même contacter Archie. D’une manière ou d’une autre, Harry a dû comprendre que c’était plus grave que ce que tu as bien voulu dire. Parce que tu ne sais pas mentir et que tout le monde te connaît trop bien pour ne pas voir quoi que ce soit. Chose assez étonnante, il faut croire que la plupart des gens n’osent pas venir te secouer pour te remettre les idées en place. Ils ont sans doute raison de penser que tu es trop fragile pour être brusquée. Et t’as pas tellement envie que ça arrive non plus, de toute façon.
Ta façon d’essayer de ne plus trop penser à tout ça, c’est de rentrer tôt du travail, de mettre ton téléphone en silencieux et d’ouvrir un livre pour te changer les idées. Une chance qu’il y en ai beaucoup dans ton appartement, mais ça ne vaudra jamais la bibliothèque de chez tes parents. Arrivera bien un moment où tu les auras tous relus. A ce moment peut-être que tu aviseras. Pour l’heure, tu passes un peu plus de temps avec Harry et ça a l’air de lui faire plaisir. D’une certaine façon, toi aussi. Mais retarder l’échéance comme tu le fais, ça risque de rendre les choses pire que tout. Alors que vous êtes tranquillement installés dans le canapé, quelqu’un vient frapper à la porte. Vous échangez un bref regard curieux, aucun d’entre vous n’attendant visiblement de visite. Un bref haussement d’épaules plus tard et Harry se lève pour aller voir. Tu profites de l’espace récupéré pour t’étirer, tendant l’oreille au passage pour essayer de savoir de qui il s’agit. Ton sang se fige quand tu reconnais la voix d’Archie, et tu ne peux t’empêcher de te lever à ton tour. Le jeune homme tente de faire comprendre à ton frère que non, tu ne veux pas le voir, mais ce dernier insiste. Tu grimaces quand tu passes la tête dans l’encadrement de la porte du salon pour regarder et voir ton aîné entrer. Il soupire et ferme la porte alors qu’Archie t’aperçoit. « Tu peux nous laisser, Harry ? » rapidement, tes yeux se portent sur le concerné et tu le supplies du regard de ne pas l’écouter. Tu n’as aucune envie de te retrouver seule face à ton frère. Harry, pourtant, doit penser que c’est une bonne idée que vous preniez le temps de discuter. Que vous perciez l’abcès ou quelque chose du genre. Il pince les lèvres et te lance ce qui semble être un regard d’encouragement avant de s’éclipser dans la chambre.
Ne reste que toi face à l’aîné. Tu déglutis, n’osant pas croiser ses yeux. A quoi est-ce que tu dois t’attendre ? De nouvelles remontrances ? Un abonnement exclusif à l’église du quartier ? Des excuses ? Ah, sans doute pas cette dernière possibilité. Archie s’approche et tend un paquet cadeau bien emballé. En temps normal, tu lui aurais dit que c’était pas nécessaire, que tu n’avais besoin de rien. « Tiens. Tu es chanceuse, tu as un cadeau avant Saddie. » tu forces un sourire bref avant d’acquiescer lentement. « Merci… » tu murmures en faisant un pas en arrière, retournant ainsi dans le salon où il sera sans doute plus pratique de discuter que dans ce couloir trop étroit. Sans même vérifier qu’Archie te suit, tu poses la boîte emballée sur la table à manger. « Noël approche à grands pas. Tu vas venir fêter avec la famille, j’espère ! » « Je heu… Oui, sans doute. » ce n’est pas comme si tu avais beaucoup le choix. Ca serait attirer l’attention plus que de raison. « Les parents commencent à se poser des questions, tu n’étais pas là aux deux derniers repas… » si tu avais un peu plus de caractère et de répondant, tu aurais pu lui répondre de façon si sarcastique… « Enfin, je sais que c’est de ma faute, mais tu ignores mes messages, tu ne me laisses pas la chance de me faire pardonner tu… devrais me laisser la chance de me faire pardonner. » tu secoues la tête, affichant une grimace à peine voilée. « Je devrais ? » en quoi c’est un devoir de pardonner qui que ce soit ? Depuis quand ? « Archie tu… » quand bien même tu as répété en boucle tout ce que tu aimerais dire si jamais la situation devait se présenter, c’est bien plus complexe une fois mise devant le fait accompli. « Alors quoi, tu m’offres un cadeau et je suis supposée oublier ce que tu as dit ? » parce que les mots de ton frère résonnent encore. « Au risque de te décevoir, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. » T’es pas encore tout à fait sûre de ce que tu dois répondre ou de comment le faire, mais il y a du progrès. Au moins cette fois, tu n’es pas sans voix. Tu as eu le temps de réfléchir à la situation, de retourner dans tous les sens pourquoi la tienne serait mauvaise ? (Mis à part pour Harry, mais c’est un autre souci qu’il te faudra gérer ultérieurement.) « Si c’est encore pour parler de l’église ou de l’aide dont j’ai besoin, je n’ai pas besoin d’entendre ça. » dans ta poitrine, c’est ton coeur qui palpite un peu fort. Parce que tu n’as pas l’habitude de t’exprimer comme ça. Parce que tu es terrifiée à l’idée qu’Harry capte des bribes de conversation et comprenne quelque chose.
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| | | | (#)Mer 5 Jan 2022 - 21:54 | |
| Harry débarrassé du paysage, Archie se retrouve seul avec sa sœur et, s’il affiche son traditionnel rictus affirmé, dans sa tête il est sur le point d’imploser. Il observe avec une fausse attention les cadres accrochés sur les murs, les meubles éparpillés au nord et au sud du salon, les appareils qui ne sont pas à leur place, les objets et bibelots qui n’ont pour seule fonction de boucher les trous, tout ça dans l’ultime optique de faire passer un peu de temps tandis que sa sœur dépose le cadeau qu’il lui a offert sur la table. Comme si c’était facile de lui parler, il emploie son ton le plus convaincu lorsqu’il lui demande si elle a l’intention de célébrer les fêtes avec sa famille, comme ils le font tous les ans. S’ils ne sont pas obligés de participer à la messe tous les dimanches, ils auront toujours la responsabilité de donner un peu de compagnie à leurs parents qui leur font souvent savoir qu’ils s’ennuient d’eux, que ce soit en les téléphonant ou en publiant un article sur leur page Facebook pour capter leur intérêt. « Je heu… Oui, sans doute. » C’est sans surprise qu’il accueille une ombre d’indécision dans sa voix, mais il décide de la balayer du revers de la main et de poursuivre la discussion comme s’il ne supportait pas sur ses épaules la plus grande responsabilité de sa famille. Entretenir ses liens avec ses deux sœurs, c’est tout ce qu’il tente de faire depuis qu’il tient sur deux jambes.
Alors il admet ses fautes, en partie, les couvrant d’un peu de paillettes pour les enjoliver. Impavide, il attend la réaction de sa sœur qui, évidemment, roule de l’œil. « Je devrais ? » Il se mord la lèvre inférieure avec embarras. Il hausse les épaules. C’est à elle de le juger, en effet, mais il lui a offert un cadeau de Noël en avance alors elle devrait lui pardonner. C’est comme ça que ça fonctionne dans ses rêves les plus fous. Il ne s’était jamais embrouillé avec Madison dans le passé, elle qui était trop calme pour s’offusquer, alors c’est tout nouveau pour lui de constater qu’il ne pourra pas acheter son pardon avec un ourson en peluche qui n’est même pas l’homologue de Beary Potter. « Au risque de te décevoir, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. » Ce sont les gens les plus silencieux qui intimident le plus lorsqu’ils prennent enfin la parole. Hébété, le frère s’aventure dans le salon en se recoiffant, se laissant à nouveau découvrir les murs, la fenêtre, ainsi que le rideau qui mériterait largement un coup de plumeau. « Je te l’ai déjà dit, je veux seulement t’aider… » Il commence en se grattant la barbe, préférant dévisager un voisin que de regarder à nouveau sa sœur et les flammes dans son visage de porcelaine. Ce n’est pas la colère qu’il entend dans la voix, mais c’est tout comme. « Le cadeau, c’est pour faire une trêve, le temps que tu écoutes ce que j’ai à te dire. » Il soupire, se retourne vers elle, mains dans les poches. « Si c’est encore pour parler de l’église ou de l’aide dont j’ai besoin, je n’ai pas besoin d’entendre ça. » On pourrait croire qu’il est là pour ça, vêtu de son veston cravate immaculé, repassé le matin-même. Il ressemble à un témoin de Jéhovah qui aurait simplement oublié sa Bible dans la portière de sa voiture mais qui n’aurait pas laissé cette fâcheuse distraction l’empêcher de répondre à son rôle de prédicateur. « J’ai parlé trop vite, la dernière fois. J’ai dit la première chose qui m’est passé par la tête. J’ai agis comme l’aurait fait Charles. » Il se défend. Aussitôt, il perd son assurance et ce sont ses lèvres qui se mettent à trembler, ses mains aussi, mais il a déjà pris soin de les cacher. Il conserve sa distance dans l’espoir que Madison ne remarque pas sa faiblesse. Il fait un décompte dans sa tête et se promet de se pincer jusqu’au sang s’il ne s’exprime pas lorsqu’il atteint le zéro. « Je sais que l’Église ça ne fonctionne pas. J’ai essayé. Quand j’avais quinze ans, j’ai… » Il capte le regard de sa sœur, sent son artère se nouer, puis s’impose un silence de quelques secondes pour laisser le temps à son cœur de se remettre du choc. « … fait quelques recherches sur l’ordinateur. À l’époque, je ne savais pas comment ça s’appelait alors je n’ai jamais trouvé ce que je cherchais. » Il déglutit difficilement et sort sa main de sa poche seulement pour replacer son col et desserrer un peu le nœud de sa cravate. « Une thérapie de conversion. Si j’avais su le terme, j’aurais demandé à nos parents ne m’y envoyer. » Paralysé, il ne peut lever la pupille pour voir la réaction de sa sœur. « Mais je sais que ça n‘aurait rien changé, je sais qu’on ne peut pas changer pour les autres, alors j’ai appris à vivre dans le mensonge, et le mensonge est devenu ma zone de confort. » Il hausse à nouveau les épaules et lâche dans un souffle : « J’avais peur de décevoir Charles, c’est pour ça que je l’ai fait. Et ce n’est pas plus mal, Madi. Je ne suis pas malheureux de vivre comme ça. On s’habitue, on ne cesse jamais complètement d’y penser mais… On s’habitue. » Il répète, comme pour se convaincre lui-même, parce qu’il est le premier à se battre contre ses rêves, ses hallucinations au beau milieu de la rue, quand il croit voir James à la place d’un passant à la coiffure bouclée.
@Madison Kwanteen |
| | | | (#)Dim 16 Jan 2022 - 13:15 | |
| il était une fois un idiot et une blessée Madison Kwanteen & @Archie Kwanteen
« Je te l’ai déjà dit, je veux seulement t’aider… » ce qu’il peut être borné décidément. Tu pinces les lèvres et tu croises les bras sur ta poitrine, te donnant ainsi la vague impression que ça peut te protéger. (Spoiler : ça n’empêche rien du tout.) « Si j’ai besoin d’aide sur… Ca- » c’est pathétique à quel point d’avoir la frousse de juste prononcer le mot à voix haute ? Ca en dit long sur tes insécurités et tout le reste. « Si j’ai besoin d’aide, j’irai la chercher. » avec un peu plus de caractère et de répartie, tu aurais sans doute dit qu’il est la dernière personne à qui tu irais demander un coup de main sur ces problématiques là. Tu l’aimes, Archie. C’est pas ça le problème. Mais il est trop comme le patriarche Kwanteen pour que tu puisses te confier à lui et recevoir ses bons conseils. La dernière fois déjà, vous avez frôlé la catastrophe. Et depuis, t’as l’impression d’être un animal en fuite. « Le cadeau, c’est pour faire une trêve, le temps que tu écoutes ce que j’ai à te dire. » tu inspires un bon coup avant d’acquiescer doucement. Tu peux bien lui laisser la chance d’entendre ce qu’il a à dire, mais à la moindre parole blessante ou maladroite, tu n’es pas certaine de pouvoir rester impassible. Probablement que tu vas te mettre à pleurer et cette fois, tu ne peux même pas dire de fuir vu que vous êtes chez toi. « J’ai parlé trop vite, la dernière fois. J’ai dit la première chose qui m’est passé par la tête. J’ai agis comme l’aurait fait Charles. » « Tu crois ? » ta voix s’accompagne d’un rire sans joie alors que tu n’oses même pas croiser son regard. Au moins vous avez chacun le loisirs d’admirer vos chaussures et de visiter le fond de vos poches. Quelle famille, je vous jure. Tu n’as aucune maîtrise de l’ironie ou du sarcasme, généralement tu te contentes d’aller dans le sens des autres et tu te laisses un peu trop écraser pour ton propre bien. On t’a toujours dit que tu devrais t’affirmer un peu plus, on t’a rabâché qu’il fallait parler pour toi et ne pas se laisser faire par le premier venu. Mais c'est trop compliqué à appliquer. Les gens sont intimidants et toi, t'as pas les épaules pour les affronter. Il parle de l’Eglise qui ne fonctionne pas, de recherches sur internet et pire que tout, de thérapie de conversion. Tu le regardes avec une expression horrifiée, tu l’entends mais tu ne l’écoutes pas vraiment. Ses paroles sonnent creuses, t’as l’impression qu’il veut avouer quelque chose mais tu ne comprends pas tout de suite de quoi il parle. De lui, de ce qu’il a essayé de cacher depuis des années. Les informations tournent dans ton crâne et les engrenages se mettent en marche. Ça te file le tournis et ça te donne envie de vomir. Doucement mais sûrement, tu commences à comprendre ce qu’il a l’air d’essayer de dire. T’as du mal à y croire tant ça paraît incohérent et complètement fou. Non, clairement, tu dois être en train de te faire des idées parce que ce n’est juste pas possible. La mâchoire tremblante, tu regardes Archie qui semble soudainement tout petit. Soudainement, il n’a plus rien de terrifiant ou d’intimidant. Soudainement, tu as l’impression de voir quelqu’un d’autre complètement et ça te perturbe au plus haut point. Ce qu’il dit est une horreur sans nom. Tu as lu tout un tas d’articles sur les thérapies de conversion et tu trouves le principe même à vomir. Peut-être que si on t’avait présenté ça il y a quelques années, tu aurais été d’accord pour tenter l’expérience. Mais certainement pas après tous les témoignages que tu as pu lire sur internet. « J’avais peur de décevoir Charles, c’est pour ça que je l’ai fait. Et ce n’est pas plus mal, Madi. Je ne suis pas malheureux de vivre comme ça. On s’habitue, on ne cesse jamais complètement d’y penser mais… On s’habitue. » tu le regardes, la boule au ventre et la gorge nouée. « Archie… » ta voix n’est qu’un murmure étranglé alors que tu oses à peine regarder dans la direction de ton frère. « De quoi tu parles ? » s’il a quelque chose à avouer, qu’il se serve des bons mots. Qu’il arrête de se cacher derrière des phrases trop longues pour étouffer la vérité qu’il cherche tant à esquiver. « J’ai essayé quand j’avais quinze ans, ça veut dire quoi ça ? » dis-le, Archie, sois honnête. Tremblante, tu t’approches d’un pas, puis deux. Tu penses avoir parfaitement compris ce qu’il veut dire, mais tu refuses d’y croire tant que ce n’est pas clair. « Archie, comment je suis censée croire à ce que tu dis après la dernière fois ? » tu pinces les lèvres, pesant vraiment ce que tu vas dire ensuite. « Je sais vraiment si je peux te faire confiance. » c’est un coup à se prendre un revers de bâton.
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| | | | (#)Lun 31 Jan 2022 - 21:30 | |
| La plupart des êtres humains sont nés avec la faculté de parler. Ils apprennent d’abord à émettre des sons, à babiller, puis ils apprennent des mots simples, arrivent ensuite à former des phrases complètes, et, s’ils se découvrent un intérêt pour la bonne langue, ils cessent de faire des fautes d’orthographe et arrivent à s’exprimer avec aisance. Puis, soudainement, quand ils se retrouvent face à une situation angoissante, ils perdent tout leur vocabulaire et retombent à la case départ. Visiblement, c’est le cas de Madison, qui n’arrive pas à employer les bons mots mais comment Archie pourrait-il lui en vouloir ? Lui-même n’arriverait certainement pas à l’utiliser à voix haute, du moins, sans que son poil ne se hérisse et son nez se retrousse.
Homosexualité. Allez-y, les Kwanteen. Vous pouvez le dire. La Terre ne va pas exploser.
« Si j’ai besoin d’aide, j’irai la chercher. » Mais sa petite sœur ne voit sûrement pas ça comme un problème à régler en s’aspergeant le visage d’eau bénite ou en allant se confesser. Le monde n’est plus comme il était : les sexualités se multiplient et chacun arrive dorénavant à trouver sa part de tarte. Ce n’est plus une différence, d’aimer le même sexe. C’est seulement un attribut comme un autre. Mais, pourtant, dans le monde d’Archie, le sujet est encore fragile, boiteux, seulement parce qu’il a été élevé par des gens qui ne comprendront jamais les nouvelles générations. Et, ce qu’ils ne comprennent pas, ils le dénigrent, l’insultent, le méprisent. Voilà pourquoi Archie a réagi aussi sèchement lorsqu’il a vu l’historique de recherche de sa petite sœur. Il l’a fait de façon malhabile, il l’admet, mais il n’avait pas eu assez de temps pour réfléchir. « Tu crois ? » Madison est sarcastique et ça ne l’aide pas à se calmer les nerfs. Il aurait terriblement besoin de frapper dans un sac de boxe pour dépenser toute son énergie et faire s’évaporer ses craintes. « Te moque pas. » Il marmonne, hébété. « Tu sais très bien comment il réagirait s’il l’apprenait. Il suffit de voir ses yeux quand il croise ceux d’un homme féminin. » Il avait jugé James de la tête au pied et, même s’il s’était abstenu de passer tout commentaire, ses pensées s’étaient mises à flotter au-dessus de sa tête grise, aussi claires que d’eau d’un ruisseau dans le grand nord.
Mais Archie n’était pas venu chez sa petite sœur en brandissant un drapeau blanc seulement pour continuer à lui faire la morale. Il avait une idée derrière la tête et, même si cette dernière le tétanisait, il ne pouvait plus faire marche arrière. Il avait frappé à sa porte pour se réconcilier avec elle. Elle lui manquait. Il se détestait de ne plus être un bon frère – ou de ne plus être aimé. Alors il balance tout ce qu’il a dans la manche, non sans emprunter des détours pour éviter de dire les faits tels qu’ils sont. À demi-mot, il admet être comme elle : ça n’a jamais été facile pour lui non plus, mais il a décidé de se voiler la face pour ne jamais créer d’éruption volcanique au sein de la famille. Il voulait être le parfait garçon. Il récoltait déjà les meilleurs résultats scolaires, il cassait des nez lors de ses compétitions de boxe, il avait un sens des affaires aiguisé dès son plus jeune âge. Il ne pouvait pas être gay. « Archie… » Jamais autant de frissons n’avaient parcouru ses os à l’écoute de son propre nom. Son regard reste vissé au sol même si celui de Madison le fuit tout autant. « De quoi tu parles ? » Il déglutit. Il doit réellement répéter ? Il a déjà dépensé cinq cent calories la première fois. « J’ai essayé quand j’avais quinze ans, ça veut dire quoi ça ? » « De prier. Pour être normal comme papa, comme maman. Comme vous deux, du moins, avant que je ne tombe sur ton téléphone. » Il admet d’un souffle, basculant vers l’avant et l’arrière sur ses deux jambes droites et dures comme des stalactites. « Archie, comment je suis censée croire à ce que tu dis après la dernière fois ? » C’est pourtant clair. « Je sais vraiment si je peux te faire confiance. » Sans même réfléchir, il annonce en secouant la tête : « Je crois que je préférerais t’annoncer que j’ai écrasé un homme avec ma voiture plutôt que d’admettre qu’ils m’ont toujours intéressés autant que les femmes. » Paroles auxquels il joint un rire nerveux, incapable de croire qu’il vient réellement de dire ça à voix haute. « Je crois que tu peux me faire confiance pour ça. Écoute, petite souris. » Tiens donc, le surnom revient comme s’il n’avait jamais été oublié. « Ce que j’essaye de te dire, c’est que c’est possible de ne plus y penser. Tu es avec Harry… » En prononçant son prénom, il se rappelle sa présence dans l’appartement. Il jette un coup d’œil craintif en direction du couloir pour s’assurer qu’il n’y a aucune oreille indiscrète qui se serait invitée à la conversation. « Ça veut dire que tu arrives à être normale, pas vrai ? Tu joues la comédie, et comme ça, papa ne saura jamais, et tout ira bien. Tout sera comme avant. » Il conclue en arborant un sourire rassurant, se permettant de faire un pas dans la direction de sa sœur et d’enfin la regarder dans les yeux comme s’il venait de lui offrir la réponse à toutes ses interrogations, la panacée de tous ses maux.
@Madison Kwanteen |
| | | | (#)Mar 22 Fév 2022 - 16:00 | |
| il était une fois un idiot et une blessée Madison Kwanteen & @Archie Kwanteen
De la famille, ça a toujours été toi la moins encline à chercher le conflit ou à répondre en cas de désaccord. Tu ne donnes que rarement ton avis, tu fais toujours semblant d’être du côté des autres et tu gardes tes opinions pour toi, surtout lorsqu’elles divergent de celles du reste de la famille. Tu n’es pas du genre à te montrer sarcastique et le fait que tu puisses l’être dans une situation pareille te surprend autant que ton frère. Mais là vraiment, tu ne tiens plus. Toute la situation t’échappe, tu n’as même plus l’impression de reconnaître ton propre frère. « Tu sais très bien comment il réagirait s’il l’apprenait. Il suffit de voir ses yeux quand il croise ceux d’un homme féminin. » « Pourquoi tu l’appelles pas par son prénom au lieu d’utiliser des termes comme ça ? » tu râles, sachant très bien de qui il parle. Tu étais là, toi aussi. T’as eu l’occasion de voir l’air réprobateur de Charles, t’as eu tout l’occasion de lire le dégoût dans ses yeux lorsqu’il les a posés sur le jeune monsieur Weatherton lors du repas d’anniversaire qui est devenu bien trop lourd bien trop vite. En temps normal, tu ne vois rien de mal à cet assemblage de mots; un homme féminin. C’est une façon de décrire quelqu’un, sauf que dans la bouche d’Archie ça sonne trop comme un reproche ou une accusation et pas assez comme un simple terme descriptif acceptable.
Doucement, mais sûrement, il sort une carte de sa manche et tu t’attendais à tout sauf à ça. T’étais prête à avoir un prospectus pour un séjour dans un camp de réhabilitation ou tu ne sais quoi d’autre d’horrible, tu t’attendais à une retraite spirituelle au milieu de prêtres ayant fait voeux de silence, n’importe quoi d’aussi grotesque en vérité, juste pas ça. « De prier. Pour être normal comme papa, comme maman. Comme vous deux, du moins, avant que je ne tombe sur ton téléphone. » tu restes sans voix, complètement interdite lorsque tu réalises enfin ce qu’il est en train de confesser. Un peu malgré toi, tu refuses d’y croire. Parce que ça n’a aucun sens, parce que ça ne lui ressemble pas. Et pourtant… « Je crois que je préférerais t’annoncer que j’ai écrasé un homme avec ma voiture plutôt que d’admettre qu’ils m’ont toujours intéressés autant que les femmes. Je crois que tu peux me faire confiance pour ça. Écoute, petite souris. » tu peux pas t’empêcher de te tendre à l’utilisation de ce surnom. Ça fait bien longtemps qu’il ne l’a plus utilisé, il doit certainement être désespéré de te convaincre du bien fondé de son discours. Et t’as horreur de la tournure des événements, tout était tellement plus simple quand il croyait dur comme fer à ta relation idyllique avec Harry. « Tu t’entends parler ? » tu souffles, de plus en plus horrifiée par ce qu’il dit. Et malgré toi, tu ne peux pas t’empêcher de te dire que tout ça, là, c’est la faute de Charles et de ses attentes de perfection. Ses enfants n’ont pas le droit d’être autre chose, ses enfants n’ont pas le droit de dévier du chemin tracé pour eux, doivent rentrer dans les cases normales dictées par la société mais surtout par lui. Et entendre Archie dire préférer tuer quelqu’un plutôt que d’avouer une attirance, ça te secoue un peu trop pour que tu puisses songer à tout ce par quoi il a pu passer. Depuis tout ce temps, il se bat contre lui-même, quitte à s’en prendre aux autres pour combler votre père et ses attentes. « Ce que j’essaye de te dire, c’est que c’est possible de ne plus y penser. Tu es avec Harry… » un peu de concert avec Archie, tu crains soudain que le concerné n’ait l’oreille qui traîne et tu regardes un coup d’oeil anxieux vers le couloir. Rien, mais ça ne te rassure pas tellement pour autant. Tu pinces les lèvres en reportant ton attention sur ton aîné. Tu détestes le fait qu’il soit venu ici ce soir alors que t’as pas encore tout à fait eu le temps de digérer ce qui est arrivé la dernière fois. « Ça veut dire que tu arrives à être normale, pas vrai ? Tu joues la comédie, et comme ça, papa ne saura jamais, et tout ira bien. Tout sera comme avant. » tout dans son attitude, dans ses mots, dans la façon qu’il a de te sourire te rend malade. T’as autant envie de pleurer que de vomir. Tu voudrais pouvoir crier, le secouer pour qu’enfin il se rende compte que rien, absolument rien dans ses paroles n’est correct. Sauf que t’es juste pas capable de le faire. Rien ne vient et tu te retrouves là, la gorge serrée et les yeux humides parce que toute cette situation est complètement aberrante. Les gens avec qui tu as eu l’occasion de discuter sur internet ont tous parlé de ce genre de cas, de la façon dont chacun peut réagir quand ils se retrouvent confrontés à un cas pareil. Les plus braves mettraient un terme à la conversation, lui diraient de sortir et finiraient par couper les liens pour se protéger et espérer enfin pouvoir avancer. Sauf qu’avant d’être cet espèce d’abruti aux paroles dont il ne réalise pas la portée, il reste ton grand frère. Celui qui a toujours été là quand Lola est partie, celui qui a toujours tout fait pour que ni toi ni Saddie ne vous retrouviez dans les ennuis d’une manière ou d’une autre. « C’est quoi “être normal”, pour toi ? » tu demandes alors que tu connais déjà la réponse. « C’est jouer la comédie et faire semblant que tout va bien ? » mentir à tout le monde et surtout à soi-même en permanence ? « Tu es heureux en étant normal ? » t’as du mal à croire que t’emploies ces mots là, mais tout, absolument tout est absurde. Tu doutes de sa sincérité, tu doutes de tout. Peut(être qu’il a raison et que c’est plus sûr. Peut-être qu’il a raison et que vous pourrez prétendre que rien n’est arrivé. Peut-être.
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| | | | (#)Dim 6 Mar 2022 - 0:56 | |
| Voilà une discussion qu’Archie n’aurait jamais pensé entretenir avec sa sœur un jour ou l’autre. Il pensait depuis quinze ans que son secret était bien gardé et que jamais il n’aurait à se justifier de telle ou telle façon ; il a réussi à mettre ses instincts de côté pour ne déplaire à personne. La tâche a d’abord été facile, parce que la pression sociale que l’école exerçait sur lui arrivait à lui faire virer les yeux seulement en direction des filles, et seulement ces dernières tournaient autour de lui, mais depuis qu’il est libre comme un adulte, ses pensées dévient là où elles ne devraient pas. Il n’a plus d’amis (de sangsues) qui le suivent jour et nuit comme des fanatiques et il n’a plus besoin de faire ses preuves auprès des femmes. Il n’est plus question d’une compétition entre qui couche avec Emily, qui couche avec Dorothée, qui couche avec Sabrina. Il est comme un poisson dans un océan rempli de diversité, de nouveauté et de tentation. Seulement, s’il résiste encore à ses envies, c’est pour ne pas décevoir un père qui le rejetterait certainement s’il apprenait que son fils n’était pas un parfait catholique. Il rejetterait aussi Madison, et c’est pour cette raison qu’il a été si sévère avec elle sœur quand il a découvert son historique de recherche. N’importe quel frère tenterait de protéger sa sœur, pas vrai ? « Pourquoi tu l’appelles pas par son prénom au lieu d’utiliser des termes comme ça ? » Ses yeux se lèvent au ciel et il soupire lourdement. Non, il n’évoquera pas James, parce que ce dernier n’a pas besoin de s’immiscer à la discussion comme il s’immisce déjà trop dans la vie de l’actionnaire qui laisse sa défense baisser de plus en plus que ça en devient dangereux. « Je ne parlais pas de lui en particulier. » Il hausse les épaules. « En général, les gens comme lui dégoûtent Charles, et je ne veux pas qu’il pose ces mêmes yeux sur toi. Comment te sentirais-tu si ton propre père te regardait de cette façon ? » Il demande, sévère, toujours d’une voix étouffée pour éviter qu’une autre paire d’oreilles les entende.
Il ne voit pas d’autre solution que d’admettre son plus grand secret même si ça lui ramolli les genoux et lui assèche la gorge à un tel point qu’il avalerait en une gorgée un océan. Seulement, la réaction de Madison n’est pas celle espérée. Il pensait qu’elle comprendrait pourquoi il réagit ainsi s’il a lui-même vécu ce qu’elle vit aujourd’hui. Elle n’est pas seule à vivre ce cauchemar, alors ils devraient se serrer les coudes, non ? « Tu t’entends parler ? » Sa voix, aussi austère que la sienne, lui déchire les tripes. Pour la première fois, il a l’impression de perdre le contrôle de la situation avec sa petite sœur. Pour la première fois, elle ne se laisse pas bercer par ses jolis mots et ses belles promesses. Il perd le contrôle. Il déteste ça. Alors il saute directement au but : il lui conseille de continuer à faire semblant avec Harry puisque, de cette façon, elle s’évitera des représailles. Elle se fera encore inviter aux dîners de familles et sa place autour de la table ne bougera pas. C’est ce qu’il fait depuis toutes ces années et, jusqu’à présent, son bateau n’a pas été renversé par les vagues. « C’est quoi “être normal”, pour toi ? » Elle sait très bien de quoi il parle. Il n’a pas envie de répéter. La normalité pour lui, c’est de marier une femme. La normalité pour elle, c’est de marier un homme. S’ils ne sortent pas de ce moule, ils ne se feront pas lapider. « C’est jouer la comédie et faire semblant que tout va bien ? » « Tu n’as pas besoin de jouer la comédie. Tout ira bien si tu arrêtes seulement d’y penser. Les garçons doivent bien te plaire aussi, non, si tu es encore avec Harry ? Il te traite bien, pas vrai ? » Il l’interroge du regard plus longuement, toujours immobile contre le mur, comme s’il craignait de provoquer une explosion en faisant un pas vers la jeune femme. « Je sais que c’est tentant de faire des recherches sur le sujet, mais ça ne fera qu’empirer tes interrogations, et tu te sentiras ultimement perdue. » Il ajoute, en basant toujours ses conseils sur sa propre expérience, heureux bisexuel qui a pu cesser de penser aux garçons avant que James ne revienne dans sa vie et ne fasse éclore dans son ventre les œufs de sentiments passés. Hypocrite, certes. Mais s’il n’a pas pu contenir ses propres désirs, il peut au moins compter sur Madison pour ne pas faire la même erreur. Elle a encore une chance de s’en sortir indemne. « Tu es heureux en étant normal ? » Il ne s’est jamais réellement posé la question. Il assume que sa richesse et son prestige font de lui un homme heureux. « Tu es née dans une famille aisée, nos parents nous ont bien élevés, nous avons obtenu tout ce que nous désirions. Tu peux partir en voyage pendant des mois si tu le souhaites, sans te soucier des dépenses. Tu peux devenir une artiste sans craindre de ne pas arriver à payer ton loyer. Tu ne te retrouveras jamais à la rue. Ça ne te rend pas heureuse, tout ça ? » Puis il ajoute, désignant le paquet de Noël du menton : « Ouvre ton cadeau, Madi. Je veux voir ta réaction. » Il lui propose plutôt (c'est presque un ordre), préférant faire abstraction à la réalité.
@Madison Kwanteen another normal day in the Kwanteen family |
| | | | (#)Sam 26 Mar 2022 - 15:33 | |
| il était une fois un idiot et une blessée Madison Kwanteen & @Archie Kwanteen
C’est incompréhensible pour toi comment vous avez pu en arriver là. Tu aurais préféré ne jamais faire ces recherches, tu aurais préféré qu’Archie n’ouvre jamais ton téléphone et ne tombe pas sur ces recherches et comme ça vous auriez tous pu continuer à faire semblant que tout allait bien dans le meilleur des mondes comme vous l’avez toujours fait. C’est bien le propre de la famille Kwanteen, ça. Cacher les problèmes sous le tapis, marcher dessus jusqu’à ce qu’ils soient complètement oubliés et ne jamais prêter attention au pli que ça peut causer. Triste façon de faire, mais jusqu’ici ça marchait plutôt bien. La révélation d’Archie sur ce qu’il a essayé de cacher te laisse perplexe. T’es supposée faire quoi, en fait ? Il prétend avoir eu des choses à cacher, qu’avoir été à l’église l’a aidé et t’as juste envie de lui dire qu’on est plus dans les années cinquante et que vous ne parlez pas d’une maladie ou de quelque chose qui peut se faire exorciser, et pourtant tu as vraiment l’impression que c’est sa façon à lui de gérer toute cette situation. Il te faut du temps pour encaisser tout ça, réfléchir à tout ce que ça implique et surtout savoir quoi faire. T’es dans le flou le plus complet, là. « En général, les gens comme lui dégoûtent Charles, et je ne veux pas qu’il pose ces mêmes yeux sur toi. Comment te sentirais-tu si ton propre père te regardait de cette façon ? » honteuse, sûrement. Mal à l’aise, tout ce qu’il veut. La simple idée te laisse une boule dans la gorge et un poids sur l’estomac que tu ne sais chasser. Alors tu pinces les lèvres en baissant les yeux, ravalant une nouvelle fois les larmes qui menacent de tomber si tu continues sur cette voie là.
Toutes tes tentatives de discussion sont vaines. Il n’écoute rien, ne veut pas comprendre et tu sais plus quoi faire des tes mains ballantes. Tu veux sortir et disparaître dans la nuit, mais tu n’as pas tellement d’endroits où te réfugier à part ici. Sans parler du fait que tu connais assez bien Archie pour savoir qu’il ne te laissera pas filer sans réagir et qu’il essaiera de te ramener ici en continuant à s’enfoncer dans ses excuses. « Tu n’as pas besoin de jouer la comédie. Tout ira bien si tu arrêtes seulement d’y penser. Les garçons doivent bien te plaire aussi, non, si tu es encore avec Harry ? Il te traite bien, pas vrai ? » oui. Non. Peut-être. C’est compliqué. Tu aimes Harry et il te traite bien, oui. Ce n’est pas ça le problème. C’est juste cette désagréable sensation persistante de lui mentir dès que tu lui parles ou quand tu le regardes ou qu’il t’embrasse. C’est terrible parce qu’avant, tout semblait bien plus simple. Quand tu ne te posais pas sans cesses des questions. « Oui mais- » toute ta verve et ton envie de lui faire comprendre sont parties aussi vite qu’elles sont arrivées. Tu ne sais même pas quoi dire à part un simple “oui mais”. Mais quoi ? « Je sais que c’est tentant de faire des recherches sur le sujet, mais ça ne fera qu’empirer tes interrogations, et tu te sentiras ultimement perdue. » encore des paroles qui accablent et tout ce que tu peux faire, c’est garder le regard bas. Ca te file un mal de crâne, tout ça, c’est terrible. Tu ne sais même plus si tu as envie de pleurer, de vomir, de courir ou juste t’allonger à même le sol ou tout à la fois. Lola n’est pas là pour te donner son soutien, ne le sera jamais, et pourtant tu n’as jamais eu autant besoin d’elle qu’à cet instant précis. Ce ne sont pas les recherches et les réponses trouvées qui t’embrouillent l’esprit, tu le sais. « T’en as déjà fait ? » c’est même pas un reproche, au final tu n’es pas capable d’en faire. T’es juste complètement confuse et blessée et tu ne sais juste pas quoi faire. Cette conversation n’aurait jamais dû avoir lieu, c’était couru d’avance. « Tu es née dans une famille aisée, nos parents nous ont bien élevés, nous avons obtenu tout ce que nous désirions. Tu peux partir en voyage pendant des mois si tu le souhaites, sans te soucier des dépenses. Tu peux devenir une artiste sans craindre de ne pas arriver à payer ton loyer. Tu ne te retrouveras jamais à la rue. Ça ne te rend pas heureuse, tout ça ? » il retourne la question vers toi, ne comprends visiblement pas le sens du mot heureux, assume que l’argent est suffisant pour ça. Il y a bien des avantages, certes, mais de là à parler de bonheur ou d’accomplissement, il y a une différence. « Si. Tu as sans doute raison. » et voilà, c’est l’abandon. Il a gagné, Archie. Tu lui dis ce qu’il veut sûrement entendre sans jamais croiser son regard, peut-être que ça sera suffisant pour qu’il laisse tomber lui aussi et vous n’aurez effectivement plus jamais besoin de parler de toute cette histoire. « Ouvre ton cadeau, Madi. Je veux voir ta réaction. » tu fronces les sourcils, prête à dire non et finalement, encore une fois, le courage te fait défaut. T’es fatiguée de te battre contre ton frère même si tu restes persuadée qu’il a tort. Mais pour éviter toute discussion, tu préfères faire comme d’habitude et lui donner raison. Les yeux rivés sur le paquet, tu t’avances pour défaire le ruban puis l’emballage, découvrant un Beary Potter flambant neuf dans la boîte. Dans n’importe quel autre contexte, ça t’aurais fait sourire, mais là tu as bien du mal à le faire. « Oh, t’en as retrouvé un. » tu te contentes de dire doucement. « Merci. » tu ajoutes en hochant la tête. L’attention te touche, mais tu n’as clairement pas l’envie ou l’énergie d’exulter pour montrer ta joie. La tension est toujours là, bien trop présente et palpable. « Celui de Lola avait un pull rouge. » là il est bleu. Ça n'a aucune importance, c’est une simple constatation, mais c’est tout ce que tu trouves à dire. Un cadeau, ça ne règle pas tout. Ça ne règle rien, même. « Je hum… Je ne serai pas là à Noël. Avec Harry on a prévu de passer le Réveillon chez sa famille cette année. » ou plutôt tu l’as presque supplié de le faire. Ca te laisse encore un peu de temps pour digérer tout ça. « Tu vas vraiment rien dire à papa, hein ? » et là revoilà la gamine incapable de se défendre elle-même. Ça t'énerve, mais tu préfères te dire que si tu ignores le problème et que lui aussi, il finira par disparaître.
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| | | | (#)Dim 27 Mar 2022 - 16:53 | |
| C’est difficile de parler. Archie n’avait jamais été effrayé par sa sœur avant aujourd’hui et, la vérité, c’est qu’il a lui aussi envie de fuir en courant et de retourner en arrière pour ne pas toucher à son téléphone qui contenait son plus grand secret. S’il ne savait pas, ce serait plus simple. S’il ne savait pas, elle ne saurait pas, elle non plus, que son frère ressent les mêmes choses qu’elle depuis toujours et qu’il en a jamais parlé à personne. Il se contente de faire la morale, comme il sait si bien le faire. Il se base sur sa propre expérience et assume que c’est la même pour tous les autres. L’étroitesse d’esprit, il la représente ici, en chair et en os, fier représentant. Un témoin de Jéhovah qui passe de porte en porte pour lobotomiser les cerveaux. « Oui mais- » Et Madison n’a pas le temps de formuler une seule phrase, de se défendre, mais ce n’est pas seulement parce que son frère parle vite, c’est aussi parce que ce dernier sait qu’elle n’émettra aucune opposition parce qu’elle a toujours été ainsi. Elle accepte, opine de la tête et ne donne jamais son avis. S’il devait faire le même discours conservateur à Saddie, le dénouement ne serait pas le même. Elle aurait peut-être même sauté à sa gorge, à l’heure qu’il est. Elle ne lui aurait pas laissé le temps de lui conseiller de ne pas faire de recherches sur le sujet de l’homosexualité parce que lui-même s’empêche de le faire pour ne pas se conditionner. S’il lit les témoignages des autres, s’il voit qu’il n’est pas le seul dans sa situation, il se laisserait certainement influencer négativement. Tous ses efforts seraient ruinés. De cette façon, il préserve ses préjugés dégoûtants au sujet de cette communauté et il s’empêche de céder à leur appel. Seul contre lui-même. Il ne gagnera jamais. « Non, j’en ai jamais fait. Je ne veux pas me familiariser avec le sujet. Ce serait encore plus difficile de ne pas y penser, tu ne crois pas ? » Question rhétorique. Évidemment que ce serait plus difficile. Il ne faut pas apprivoiser l’animal si on ne veut pas qu’il se mette à nous suivre partout.
Et, comme d’habitude, toutes les réflexions d’Archie se concentrent sur la richesse, l’argent. Ces bouts de papier qui, depuis sa plus tendre enfance, alimentent ses fantasmes et ses idées d’une vie réussie. Il ne se rendra donc jamais compte qu’il n’est pas totalement heureux aujourd’hui même s’il possède la richesse de cent hommes. Il préfère se mentir à lui-même pour ensuite mieux mentir à sa petite sœur. Elle trouvera le bonheur d’une autre façon. Elle n’a pas besoin de se laisser charmer par la tentation de regarder les filles pour être heureuse. C’est superficiel. Elle peut voyager, avoir l’emploi de ses rêves si ça lui chante, elle ne manquera jamais de rien : voilà la véritable définition de l’idéal. « Si. Tu as sans doute raison. » Elle ne lutte toujours pas, tant mieux. À la fin, ça les aidera tous les deux. Ils pourront retrouver leur quotidien plus rapidement, et Madison reviendra aux dîners de famille qu’elle évite depuis quelques semaines.
Il veut changer de sujet parce que c’est plus simple de tourner la page et de faire semblant qu’il n’y a aucun problème. En arrivant à l’appartement, Archie a apporté un cadeau à Madison et il le lui rappelle en le désignant. Il insiste pour qu’elle le déballe et, dès qu’elle s’en empare, un sourire impatient étire les lèvres du garçon tandis qu’il attend sa réaction. Quand elle vient, elle est aussi décevante qu’un concert de musique annulé. « Oh, t’en as retrouvé un. » Il opine en déglutissant, sans lâcher son sourire qu’il souhaite contagieux. Ça lui fait plaisir, non ? Il a cherché un ourson en peluche qui lui ressemblait, il a fait l’effort, pour qu’elle puisse retrouver ce doudou qui l’avait tant manquée lorsqu’il avait disparu dans des circonstances surnaturelles. « Celui de Lola avait un pull rouge. » Il s’humecte les lèvres. « Et il était troué, aussi… » Il précise, pour lui rappeler qu’il n’aurait jamais pu trouver le même ours. C’était un ancien modèle qui n’existe plus. Pourquoi ne sourit-elle pas ?! « Je hum… Je ne serai pas là à Noël. Avec Harry on a prévu de passer le Réveillon chez sa famille cette année. » « Oh. » Il prononce, la bouche en rond. Il fronce les sourcils, hésite en se passant la main dans la barbe puis finit par se résigner, parce qu’il n’a pas envie de se battre davantage. « D’accord. J’en informerai papa et maman. On te verra un autre jour, le 26, peut-être, ou le 27. Je suis certain qu’on pourra s’arranger, ce n’est pas grave ! » Là, il n’y a pas de problème. Elle peut louper un dîner, elle peut s’absenter une semaine à Londres ou à Paris si elle en a envie, elle peut se faire un tatouage dans le front : tant qu’elle ne parle pas d’homosexualité. « Tu vas vraiment rien dire à papa, hein ? » Il répond aussitôt à la négative. « Non, évidemment. Et toi non plus. » Ses lèvres sont pincées parce qu’il réalise que, s’il connait son secret, elle connait le sien elle aussi. Ils sont liés par une promesse. « Je ne vais pas te déranger plus longtemps, alors… N’hésite pas à me téléphoner, tu sais que je répondrai toujours même si je suis occupé. » Il ne la prend pas dans ses bras mais il termine : « Je t’aime, on se revoit bientôt. » Et, après l’avoir observé une seconde de trop, il finit par tourner les talons pour retrouver la sortie, la tête pleine, débordante même, de négativité. Il n’a pas du tout assuré aujourd’hui.
@Madison Kwanteen |
| | | | | | | | Il était une fois un idiot et une blessée [Mad+Archie] |
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