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 (craker #21) just a little unwell

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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyJeu 16 Déc 2021 - 7:54



ROSALIE CRAINE & @WYATT PARKER ☽ All day starin' at the ceilin' makin' friends with shadows on my wall. All night hearing voices tellin' me that I should get some sleep. Because tomorrow might be good for somethin'. Hold on, feelin' like I'm headed for a breakdown and I don't know why. But I'm not crazy, I'm just a little unwell. I know, right now you can't tell. But stay a while and maybe then you'll see a different side of me. ∞ gifs (c)harley & unknown


Tu ne devrais pas être ici.

Tu ne pourrais expliquer pourquoi ce sentiment te colle à la peau. Ce n’est pas d’être chez Wyatt le problème, ou du moins ce n’est pas seulement que ça, c’est plus grand, c’est plus intense, c’est plus effrayant surtout. C’est une sensation des plus cruelles que de ne pas te sentir à ta place avec ton garçon dans les bras, comme si l’image ne faisait pas de sens alors que c’est censé être la chose la plus naturelle au monde. Une mère qui nourrit son enfant, qui le console, qui le berce en lui chantant des chansons. Une mère qui est présente, aimante, attentionnée. Une mère qui rêvait de ce moment depuis neuf long mois et qui profite de chacun des instants. Tu as tant voulu être cette mère-là, mais tu ne l’es pas. Tu ne l’es pas quand Gabriel s’agite constamment quand il est dans tes bras. Tu ne l’es pas quand tu tolères si mal toutes les crises de larmes qui l’agite nuit et jour. Tu ne l’es pas quand tu peines à faire ce que ton corps est naturellement programmé à faire : nourrir ton enfant. Ton corps qui t’a lâché dès le moment où l’accouchement ne s’est pas déroulé comme il devait, où ton corps a lâché prise et que tu es passée proche de ne jamais te réveiller. Vous n’en parlez jamais, Wyatt et toi, de ce qui s’est passé, des heures terribles où tu étais allongée sur une table d’opération, quelque part perdue entre la vie et la mort, et pourtant, elles hantent toutes tes pensées, ces heures-là, celles qui t’ont complètement échappées et dont l’impact semble s’aggraver jour après jour. Tu n’es pas la mère que tu as toujours rêvé d’être quand ton cœur ne se meurt pas d’amour chaque fois que tu poses les yeux sur ton garçon, quand bien même tu ressens le besoin incessant de l’avoir près de toi, de le savoir en sécurité avec toi, quand bien même tu paniques chaque fois qu’il est hors de ta vue et que tu ne peux t’empêcher de croire que quelque chose va lui arriver si tu n’es pas là pour le protéger. Le pire, ça reste les voix qui te rappellent que tu as déjà failli à cette tâche-là justement : celle de le protéger.

Tu ne devrais pas être ici.

Quelques jours à peine que tu es sortie de l’hôpital et tu peines à te faire à cette nouvelle routine, celle qui prend automatiquement place quand toutes les heures du jour et de la nuit sont régies par les besoins d’un nouveau-né, qui lui aussi peine à s’habituer au nouveau monde qui l’entoure. C’est sans jamais poser la moindre question que Wyatt vous a ramené chez lui, Gabriel et toi. Sa chambre n’est que le rappel de tout le sang que tu as perdu et celle de Gabriel est un rappel constant que tout est arrivé bien trop tôt quand encore aujourd’hui, certains des meubles ne sont toujours pas montés, que la décoration n’est pas terminée et qu’il semble y avoir toujours plus de linge dans des sacs que dans les armoires. Malgré tout, tu ne demandes pas à être ailleurs, bien incapable de penser ne serait-ce qu’à l’idée de rentrer toute seule chez toi avec Gabriel dans les bras, loin de l’aide et du support que Wyatt t’apporte du mieux qu’il peut, entre deux séances d’allaitement qui finissent généralement en larmes, autant pour toi que pour votre fils et deux siestes qui ne durent jamais assez longtemps pour que l’un de vous se réveille réellement revigoré. C’est le brouillard le plus complet, entre les quelques moments d’accalmies, où tu penses ne serait-ce que pour quelques secondes, que tu t’en sors, que tout va bien, que c’est juste les baby blues et que tout va bien aller au prochaine boire, la prochaine sieste, à la prochaine nuit et la terrible réalisation que ça ne semble être que de pire en pire. Les nuits sont les plus difficiles, quand les heures semblent éternelles avant que le soleil ne refasse surface au travers les rideaux de la chambre de Gabriel. Quand ton dos te fait terriblement mal après avoir été installée dans la chaise berçante des heures durant, les pensées noires s’invitant sans que tu n’aies la force de les chasser.

Tu ne devrais pas être ici.

Tu ne pourrais dire ça fait combien de temps que tu es dans la chambre, à bercer un Gabriel qui ne cesse d’alterner entre le sein et les crises de larmes, jamais complètement rassasié malgré les longues minutes d’allaitement et toi, tu peines à comprendre pourquoi tu t’acharnes de la sorte. Il fait encore noir dehors, tu sais que c’est le milieu de la nuit, mais tu n’oses pas regarder sur ton téléphone quelle heure il est, la réalisation de la nuit infinie n’aidant jamais en rien à te faire sentir mieux. Les cris de ton garçon reprennent de plus belles et cette fois, tes sanglots, bien plus silencieux que les siens, se joignent de la partie alors que vous êtes coupés du reste du monde, juste lui et toi dans cette pièce sombre. Ça doit faire quelques heures que tu as dit à Wyatt de dormir un peu, parce que tu le sais qu’il essaye d’en faire autant que possible, parce que tu sais que c’est dur pour lui aussi, cette adaptation qui est loin de se faire comme vous aviez pu vaguement l’imaginer. Tu n’entends pas la porte qui s’ouvre doucement, tout comme tu ne remarques pas le léger faisceau de lumière qui provient du couloir, ta vision complètement embrouillée par les larmes qui continuent de couler sur tes joues. Tu n’entends que les pleurs de Gabriel et ta voix qui murmure incessamment que tu ne devrais pas être ici.
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyMer 5 Jan 2022 - 14:49

Je ne devrais pas être là.

Tout autour de moi les murs blancs semblent s’étendre à l’infini, sans offrir la moindre porte de sortie. Un couloir sans fin, aseptisé de la moindre trace de vie, sans personne pour m’indiquer le chemin ou donner une raison à ma présence. Le silence est lourd, ne faisant qu’accentuer l’idée que je n’ai rien à faire là, que je devrais être ailleurs, loin de cet endroit qui me colle la chair de poule. J’ai beau tourner sur moi-même, avancer puis reculer, rien ne change, rien ne bouge. Juste ce couloir qui n’en fini pas, ces lumières blanches qui agressent mes pupilles et cette angoisse qui me retourne l’estomac. Un clignement de paupière et le décor s’agrémentent de porte, de couleur qui rappelle les couloirs de l’hôpital Saint-Vincent. Les portes se multiplient, laissant apparaître l’infirmière qui a toujours été à nos côtés, le connard de médecin qui se pensait supérieur et soudainement une vingtaine de personnes qui m’entoure dans un balai d’aller-retour sans que je ne sois dans la capacité de m’adresser à eux ou d’avancer. Je reste là, les pieds ancrés dans le sol, comme invisible au monde extérieur, incapable du moindre mouvement.

Je ne devrais pas être là.

Au loin, quelque part dans ce couloir, résonne la voix de Rosalie, qui m’appelle à l’aide. Je le sais. Je le sens. Cela ne peut être que sa voix à elle, mais je suis incapable de bouger. J’ai beau crier son prénom, demander de l’aide, personne ne me voit, personne ne m’entend. Je suis coincé dans ce couloir, à plusieurs mètres de la première porte sans pouvoir avancer vers cette dernière. Les mots de Rosalie s’enchaînent dans un ton alarmant, elle me supplie de l’aider et j’ai beau hurler pour lui répondre, c’est comme si elle ne m’entendait pas. Je m’agite sans cesse, a tel point que je crois avoir réussi lorsque j’ai la sensation que ma main vient de heurter un mur, sans que jamais ma position ne change au milieu de ce fichu couloir. Rosalie pousse un cri qui me glace le sang alors que je suis incapable de bouger, que je hurle à mon tour, pour que quelqu’un m’entende. J’essaye de toutes mes forces, mais rien ne change. Les pleurs de Gabriel viennent se mêler à la voix de Rosalie. Je les entends tous les deux et enfin, j’ai la sensation que mes pieds bougent, que j’avance. Je bouscule tout le monde, défonce la première porte pour trouver une pièce vide et les pleurs de Gabriel qui redouble d’intensité. J’enchaîne les pièces sans jamais les trouver, sans jamais pouvoir rejoindre ma famille.  

Je ne devrais pas être là.

Ma main heurte à nouveau un mur et soudainement, je ne suis plus dans ce couloir d’hôpital, mais dans une pièce obscure. Il me faudra une seconde, un souffle, pour réaliser que je suis dans mon appartement, allonger sur le lit d’appoint dans mon bureau. Au travers de ma respiration folle, je devine que les pleurs de Gabriel ne faisaient pas uniquement parti de mon cauchemar. En un mouvement, je suis sur mes pieds et me projette sur la porte. Lorsque j’atteins la chambre de mon fils, j’aperçois Rosalie assise dans le fauteuil à bascule, Gabriel dans ses bras. Mon cœur se calme enfin, lorsque je réalise qu’ils sont bel et bien là.

C’est ici qu’est ma place.

Le soulagement ne dure qu’un court instant, avant que je ne remarque les larmes de Rosalie. Mon cœur se serre à la voir ainsi, perdu dans ce nouveau rôle, incapable de trouver le calme qui lui permettra d’endosser son rôle de maman. Depuis notre retour, les jours s’enchaînent sans que l’on ai le temps de respirer ou même de se parler. J’assiste à sa détresse sans jamais savoir quoi dire ou quoi faire. Gabriel pleurs plus fort encore et je m’avance dans la pièce pour les rejoindre. « Je suis là. » Ma main se glisse contre celle de Rosalie, sans que je n’ose lui prendre le bébé des bras. À en voir sa tenue et sa position, elle devait être en train d’essayer de le mettre au sein. Je n’ai rien compris de tout ce processus, j’ai pas ma place au milieu de tout ça, mais je vois bien à quel point c’est dur pour elle et pour lui. « On va peut-être faire un biberon pour cette fois. » Pour que tout le monde est le temps de se calmer, juste un peu.
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyJeu 6 Jan 2022 - 21:13

C’est à peine si tu entends encore les pleurs de Gabriel, qui pourtant se font de plus en plus bruyants, la détresse facilement lisible sur le visage du poupon qui ne parvient pas à trouver le réconfort contre toi. Tu es censée être sa zone de confort et pourtant, tu n’en as pas du tout l’impression. Tu te sens détachée du moment, détachée de ce petit être qui est pourtant tien, que tu as si longuement désirée et que tu étais impatiente de rencontrer. Tu te sens détachée parce que rien ne se passe comme tu te l’imaginais. Plus le temps passe, plus tu perds le contrôle, plus tu perds pied et tu ne sais pas comment demander de l’aide. Tu n’as jamais appris comment et aujourd’hui, cette réalité te frappe en plein visage. Tu es perdue dans tes pensées, quelque part entre tes idées noires, des souvenirs amers de ta propre enfance et cette ineffaçable impression que tu ne seras jamais capable d’être à la hauteur pour ton fils. C’est la main de Wyatt qui se pose doucement sur la tienne qui te ramène pleinement dans le moment présent et tu réalises avec une certaine panique que Gabriel n’est pas loin d’être complètement hystérique. Tu t’en veux de l’avoir laissé se rendre à un tel point sans avoir été capable de le calmer. Tu t’en veux parce que c’est sûrement pour cette raison que Wyatt s’est réveillé alors que tu lui avais assuré à maintes et maintes reprises que tu gérais la situation. Tu ne gères rien du tout et c’est d’autant plus difficile pour toi de ne pas être en mesure d’effacer les traces de ses larmes qui inondent tes joues depuis trop longtemps déjà. Il ne cesse de te voir dans des moments vulnérables, Wyatt, depuis l’annonce de cette grossesse et pourtant, ça ne devient pas plus facile avec le temps pour toi d’avoir tes gardes si bases avec lui. « Je suis là. » Tu sanglotes encore un peu, une mélodie qui se mélange malgré toi avec les cris de ton fils et tu voudrais lui dire de partir. Tu ne veux pas qu’il assiste à un tel chaos, tu ne veux pas qu’il comprenne enfin à quel point il a pris la mauvaise décision, en choisissant d’avoir ce bébé avec toi. Tu ne veux pas qu’il réalise l’ampleur du mal-être qui t’habite depuis la naissance mouvementée de votre fils. Tu ne veux pas qu’il voit la douleur, même si elle est étalée juste là, sous ses yeux, sans que jamais tu n’aies la force de la camoufler comme tu as pourtant toujours su si bien le faire.

« On va peut-être faire un biberon pour cette fois. » Tu secoues la tête. « Non. » Tu réponds trop brusquement, sur un ton trop ferme, entouré d’une colère que tu déverses sur lui mais qui ne lui est pas adressé. Ce n’est pas contre lui que tu es en colère, c’est à toi que tu en veux. Ta propre personne que tu martèles sans cesse d’insultes et de commentaires négatifs, te rappelant encore et encore l’incompétence et l’échec qui t’envahissent quand tu penses au petit garçon agité entre tes bras. « On va essayer encore. » que tu insistes, même si tu sais que c’est inutile parce que Gabriel a trop faim pour essayer de s’accrocher et que toi, tu n’as absolument plus rien à lui offrir. Tu persistes toutefois, une minute et puis deux, sous les hurlements de votre garçon qui ne dérougit pas et puis incapable de le tolérer plus longtemps, tu finis par lâcher prise. « Prends-le. » que tu cèdes à contre-cœur, offrant le bambin à Wyatt pour qu’il rejoigne les bras de son père, là où il te semble toujours beaucoup mieux. Peut-être bien que c’est seulement Wyatt, sa zone de confort tout compte fait. C’est ce qu’elle chuchote, la voix malveillante dans le creux de ton oreille, celle qui te rappelle que c’est Wyatt qui a pu poser les yeux sur Gabriel en premier, lui qui a pu le serrer contre lui quand toi, tu étais encore bien trop faible pour le faire. Tu le détestes, ce ressentiment qui te ronge, mais tu ne sais pas comment t’en débarrasser. Alors tu fuis. Tu quittes la chambre pour te rendre à la cuisine et préparer ce satané biberon que tu laisses finalement sur le comptoir plutôt que d’aller le donner à Wyatt, te sentant incapable de lui faire face. Pour te calmer, pour t’effacer, tu t’éclipses sous la douche. Tu laisses l’eau chaude couler longtemps sur ton corps fatigué. Cinq minutes, dix minutes, une demi-heure, tu ne sais pas trop. Quand tu en sors, l’appartement est toujours plongé dans la noirceur et le silence est maître. Tu espères que Gabriel s’est enfin assoupi. Tu passes devant le bureau de Wyatt et remarque que la pièce et vide. Tu retournes donc à ce point de départ, soit la chambre de ton fils et tu le vois, confortablement assoupi dans les bras de son père et tu soupires doucement, soulagée autant que tu es frustrée de ne pas savoir être celle qui lui fait du bien. Tu t’approches doucement et t’accroupies devant les deux Parker, ton regard s’attardant sur le visage enfin paisible de Gabriel. « T’as tellement le tour avec lui. » que tu murmures, fin sourire sur les lèvres qui ne parvient tout de même pas à cacher le fait que tu l’envies, Wyatt. Tu te pinces les lèvres pour retenir cette envie de pleurer qui te suit constamment. « J’y arrive pas. » Et ça, ça te tue de devoir l’admettre à voix haute.
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyDim 9 Jan 2022 - 9:20

Les pleurs de Gabriel transpercent le silence de la nuit lentement accompagné par les sanglots de Rosalie dans une mélodie désastreuse. Sous mes yeux, se déroule l’image d’une mère au bout du rouleau, tellement perdu dans le tourbillon de ses émotions qu’elle ne remarque ma présence que lorsque ma peau rencontre enfin la sienne. En rien, je ne voulais l’effrayer, mais ce qui ne devait être que des pleurs de la part de notre fils, se transforme avec force en des hurlements qui réveille un instinct que je ne saurais expliquer. Son petit visage est rougi par l’effort, ses joues rebondies emplis de stries déroulant le chemin de ses larmes et ses jambes battent le vide dans un effort de mouvement qui ne fait guère sens. J’ignore depuis combien de temps, ils en sont là tous les deux. L’un hurlant à la mort, le second au point de tout lâcher. Piégé par mes propres démons, je n’ai su les entendre avant et dans le regard de Rosalie réside un air de défi. À tout moment, je m’attends à ce qu’elle me sorte de la chambre comme elle a su le faire il y a quelques jours encore. Habité par sa fierté, dans le refus d’admettre que la fatigue est en train de nous ronger de l’intérieur, elle s’entête à vouloir tout faire, à vouloir dessiner le portrait d’une famille parfaite qui n’aura jamais rien de dysfonctionnel. Elle se perd dans ses convictions au point où je ne suis plus réellement sûr de comprendre quoi que ce soit. « Non. » Quand son ton est sans appel, quand elle me rappelle que je n’ai aucun droit de décision. Elle insiste, elle s’entête encore à vouloir le mettre au sein quand Gabriel ne fait que hurler plus fort encore. « On va essayer encore. » Et l’instinct se retrouve juste à la lisière, près à lui sauter à la gorge pour laisser notre fils s’époumoner ainsi dans le seul but de se prouver un point à elle-même. Chaque hurlement de Gabriel s’apparente à de la torture, chaque pleur se veut plus strident que le précédent, plus énervant encore. Chaque cri me plonge dans un état second où l’imagination prends le dessus, animé par l’épuisement des nombreuses nuits sans sommeil. Soudainement tout ce que je souhaite, c’est qu’il se taise. Un instant, juste un seul, je m’imagine l’arracher des bras de sa mère pour hurler aussi fort que lui. Pour qu’il se taise enfin. Pour que le silence revienne dans l’appartement. Juste une seconde. Avant que la réalisation ne me heurte de plein fouet et que la colère se dirige vers celle qui sera bien plus capable de l’encaisser. « Ça ne sert à rien, il est épuisé. » Mon ton est dur sans que je n’aie le temps de le réaliser, parce que notre fils continue de hurler et que tout cela n’a plus rien d’acceptable. « Prends-le. » Elle n’aura pas à le dire deux fois, quand Gabriel glisse enfin dans mes bras et que je me lève pour commencer à le bercer. Ses pleurs me vrillent les oreilles et à chaque seconde, je me dois de repousser cette folle envie de hurler à mon tour. Il n’a rien demandé, il est affamé, il est fatigué. Je me le répète sans fin alors que Rosalie préfère fuir la chambre.

Lorsque j’arrive dans la cuisine, elle est en train de déposer le biberon sur le comptoir, avant de fuir encore plus loin. À nouveau, je me retrouve à devoir souffler un bon coup, pour ne pas laisser ma colère prendre le meilleur jugement. J’attrape le biberon et vais à nouveau m’installer dans la chambre pour nourrir Gabriel. Il hurle encore malgré la tétine contre ses lèvres et j’ai peur de mal faire, peur que ce soit plus grave. Mais finalement, il accepte le biberon et se met à téter comme un forcené au point où je me dois de lui retirer quelques secondes pour lui laisser le temps de prendre ses gorgées correctement. Ses petits yeux, emplis de larmes se fixent dans les miens tandis qu’il finit son biberon. « Ça va aller, ça va aller… » Je ne sais plus qui je cherche à convaincre en répétant ces quelques mots inlassablement alors qu’il continue à réclamer la téter bien après que le biberon soit terminé. Qu’est-ce qu’on fait de travers avec lui ? Est-ce qu’on est vraiment capable de tout ça ? Les doutes m’assaillent alors que je m’accroche à lui autant qu’il s’accroche à moi. Sans cesse, la fatigue continue de me rappeler que Rosalie ne s’entête pour rien, qu’elle insiste à vouloir atteindre la perfection quand cela devrait être la dernière de ses préoccupations. Et lentement, sournoisement, d’anciennes rancœur remonte à la surface.

Je ne sais combien de temps s’écoule avant que Gabriel finisse par s’endormir, allongé sur mon torse, mais le silence est enfin de retour. Les yeux fermés, je ne cesse de faire balancer le fauteuil, ma main caressant lentement le dos du petit garçon. « T’as tellement le tour avec lui. » Mon regard se baisse sur une Rosalie qui a troqué ses larmes contre un léger sourire qui trahit toute sa jalousie de ne pas avoir su faire pareil. J’aurais mille retours à lui jeter à la figure, tous plus cruel les uns que les autres, mais je me contente d’embrasser le crâne de notre fils sans jamais cesser de nous basculer d’avant en arrière. C’est ce qu’on va devenir au bout de quelques jours seulement ? Des parents qui ne se comprennent pas, qui s’entête sur des chemins bien différents au point de nourrir une rancœur chacun dans un coin. Le schéma exact de ce que j’aurais toujours connu. L’échec supplémentaire. « J’y arrive pas. » Je l’entends, son constat empli de tristesse. Je le comprends, quand la plupart du temps, je n’ai aucune idée de ce que je suis en train de faire avec lui, mais je ne suis en aucun cas dans l’état de pouvoir la rassurer pleinement. « J’ai dû lui en faire un deuxième petit. » D’un geste de la tête, je pointe les deux biberons vides sur la table basse. C’est que je me fais violence à prendre le temps de souffler, à choisir mes mots avec délicatesse. Je me surpasse pour ne pas laisser ma franchise fracassante venir tout ruiner en un claquement de doigts dans un moment de fatigue bien trop extrême. Ce n’est pas le moment, ce n’est pas ce que je lui avais promis et je finirais par le regretter. La violence de ma nature se terre dans un coin pour adopter une diplomatie qui m’a toujours été étrangère. « Tu peux pas t’entêter à vouloir l’allaiter. » Quand clairement cela ne fonctionne pratiquement jamais, que tout le monde finis en larme, que la frustration laisse place à la colère et à plus de larmes encore. Il n’y a rien de bon dans tout cela, rien qui pourra apaiser l’ambiance morose qui semble s’installer dans cet appartement. « On peut pas le laisser hurler comme ça. » Que ce soit pour sa santé à lui ou pour notre santé mentale à nous.
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyLun 10 Jan 2022 - 8:14

« Ça ne sert à rien, il est épuisé. »

Évidemment que tu le sais, qu’il est épuisé. Toi aussi, tu tiens à peine debout. Ça semble être un combat perdu d’avance que de vouloir allaiter Gabriel et pourtant, tu t’entêtes, comme une mauvaise habitude de besoin de performance dont tu ne sais pas te débarrasser. Mais ce n’est pas seulement que ça. Même que si ton agressivité et ta colère laissent croire que c’est de ça qu’il s’agit, c’est bien plus compliqué que ça, finalement. Parce que tu as l’impression pure et simple que c’est ton corps qui te trahit et qui t’empêche ce que tu devrais pouvoir faire naturellement. Parce que tu as l’impression qu’une fois encore, tu ne sais pas comment subvenir au besoin de ton fils. Qu’une fois encore, tu échoues à ce tout nouveau rôle, celui d’être mère. Comme tu as échoué quand tu as mis trois mois à réaliser que tu étais enceinte. Comme tu as échoué quand tu as développé une prééclampsie qui mettait sa vie et la tienne en danger. Comme tu as échoué quand tu as eu ce foutu décollement placentaire et qu’il a dû naître avant d’être prêt pour le vrai monde, votre pauvre petit garçon. Ce petit être qui s’époumone sans jamais s’arrêter parce que tu n’es pas capable de réaliser que toutes ces pensées-là, elles sont fausses et malsaines. Qui cri à tue-tête qu’on le nourrisse, de quelconque façon qu’il soit, parce que c’est ça le plus important au fond, mais tu es incapable de le voir, de l’accepter. C’est encore le brouillard dans ton esprit et ils sont si courts et si distants entre eux, les moments où tu as l’impression de t’en sortir. Tu le sens, le regard mauvais que Wyatt te lance. Tu la vois, son impatience qui grandi encore et encore, jour après jour alors que tu déverses une colère partout où tu passes. C’est la recette parfaite du désastre quad mêlé à votre manque de sommeil, vous ne répondez plus de rien, ni l’un ni l’autre. Capituler n’a jamais été ton fort et pourtant, tu vois bien que tu ne peux rien pour Gabriel cette nuit, une fois encore. Ton corps, ce traître, bon à rien te lâche et c’est ton esprit qui t’achève quand il te rappelle encore et encore que peut-être, ils auraient été mieux sans toi, tout compte fait.

La douche parvient à te réveiller légèrement, à te sortir la tête du brouillard trop intense. La distance permet de mieux voir l’étendu de la situation, ne serait-ce que légèrement, et tu t’en veux si fort d’avoir laissé Gabriel pleurer de la sorte. Tu t’en veux de ne pas savoir tendre la main vers Wyatt et de lui dire clairement quand tu as besoin d’aide. Tu t’en veux d’avoir besoin d’aide, tout simplement. De ne pas savoir faire. De ne pas vivre la maternité comme tu en as toujours rêvé, allant même jusqu’à croire, de la pire des façons qui soit, que c’est peut-être pour ça, que votre premier bébé vous a été arraché de la plus horrible des manières. Mais Gabriel, il est bel et bien là et il mérite tellement mieux. Wyatt aussi. Tes pas te guident naturellement jusqu’à la chambre du poupon à nouveau et dans la pièce faiblement éclairée, tu vois qu’il est finalement endormi contre son Wyatt qui continue de le bercer. Accroupi à côté d’eux, tu peines à soutenir le regard du Parker. Tu peines à trouver ta place, ton rythme dans cette nouvelle situation, là où comme toujours, l’harmonie ne semble pas vous venir naturellement. Êtes-vous condamnés à ce que ce soit difficile, tout le temps? Le simple fait d’admettre à voix haute que tu n’y arrives te demande tout ton petit change, une honnêteté pure et fragile que tu ne t’autorises que trop peu souvent, mais que tu ne saurais cacher plus longtemps tant cela semble évident dans tout ce que tu fais, ou plutôt ce que tu ne sais pas faire avec votre fils. « J’ai dû lui en faire un deuxième petit. » Tu tournes ton attention vers la table basse où se trouve deux biberons complètement vides. Il était affamé, tu le sais. C’est à peine si tu as réussi à le garder au sein plus que deux minutes d’affilée. Tu te contentes de hocher la tête, réprimant autant que possible l’amertume que te cause cet énième échec. « Tu peux pas t’entêter à vouloir allaiter. » Tu fermes les yeux avec violence. Il ne comprend pas, Wyatt. Il ne peut pas comprendre, quand tu peines à faire du sens de toutes tes pensées et que jamais tu ne parviens à les lui transmettre, même si tu le devrais. « On peut pas le laisser hurler comme ça. » « Je sais. » Ce n’est pas que ça t’amuse, de t’acharner ainsi. Au contraire. Ce serait tellement plus simple si tu pouvais juste admettre que l’allaitement, ce n’est pas pour vous et qu’il n’y a pas de honte à donner du lait en poudre. Tu le sais tout ça et pourtant, ce sont les voix qui l’emportent sans arrêt, quand elles te rappellent que tu ne fais rien de bien pour ton fils. « J’ai juste… On a juste besoin d’encore un peu de temps. » Pour que ton corps comprenne la tâche qu’on attend de lui. Pour que Gabriel s’habitue à prendre le sein. Pour que les choses commencent à rouler normalement. Oh tu voudrais tant y croire et pourtant, alors que tu le vois profondément endormi, finalement rassasié dans les bras de son père, tu sais que c’est bien plus compliqué que ça. « J’ai pas su le protéger et maintenant je sais même pas le nourrir. » Ta voix n’est qu’un murmure et il fait si sombre dans la pièce que tu choisis de penser que tu ne peux pas apercevoir le visage de Wyatt, puisque c’est toujours plus simple de lui parler quand tu n’as pas à le regarder directement dans les yeux. « Vous méritez tellement mieux que ça. » Mieux que ta colère, que ton ressentiment, que ton incompétence et beaucoup mieux que toute la noirceur qui te bouffe un peu plus à chaque jour qui passe. « J’ai besoin que ça fonctionne Wyatt. » Ce n’est pas un caprice, ce n’est pas un défi, ce n’est même pas une compétition de qui saura être le meilleur parent. C’est un besoin vital d’enfin croire que non, ils ne seraient pas mieux sans toi.
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyJeu 27 Jan 2022 - 16:13

Le calme amène l’angoisse sous une tout autre forme, celle bien moins séduisante des idées noires qui capitalise sur les échecs pour appuyer aux endroits qui résonnent et qui font mal. Quand il a toujours été question d’ego mal placé et de compétition sur la vie, les choses semblent tellement différés désormais. Il n’est pas question d’être le meilleur pour se prouver un point, pour rappeler au monde que les faiblesses se perçoivent chez les autres, mais n’ont pas leur place dans mon quotidien. Aujourd’hui, il s’agit de maintenir en vie un petit bébé venu sans mode d’emploi. Si le séjour à l’hôpital fut effrayant sur bien des points, il avait au moins eu cette sécurité de faire les choses entourer d’un personnel soignant, capable d’agir dans l’instant pour corriger la faute, pour aiguiller dans le bon sens. Sorti de tout cela, rendu dans l’appartement, installer dans cette chambre, il ne reste que deux parents épuisés, incapable de se comprendre et désemparé à l’idée même de s’en aller sur une pente infernale qui ne comprend que les hurlements de leur nouveau-né. On est coincé là, vers les enfers, sans savoir comment s’y prendre pour la prochaine crise. Il dort et pourtant, j’anticipe déjà les larmes qui reviendront plus tard sans qu’il n’ait jamais le pouvoir de clairement nous dire ce qui ne va pas. Mais pour le moment, il dort et le calme est là. Je sens son souffle sur la peau de ma nuque, sa petite main bouge parfois pour mieux tenir le tissu de mon tee-shirt tandis que mes doigts se baladent en douceur sur son dos dans une danse silencieuse faisant office d’excuses en tout genre.

Au milieu de la nuit, dans cette chambre plongée dans l’obscurité, tout se remet en question. Notre décision d’avoir un enfant quand on ne saurait comment décrire la situation qui nous représente. Le fait d’avoir ramené Rosalie ici sans jamais au moins lancer une conversation à ce sujet. Son envie de tant vouloir faire par elle-même quand il est clair que sa fatigue n’est pas que physique et qu’elle hurle à l’aide. Tout se joue sans cesse, comme une bande coincée sur replay. Les défauts sautent aux yeux sans jamais trouver le temps de mettre en valeur les instants qui fonctionnent, ceux qui donnait du sens à cette nouvelle dynamique que l’on se doit de nommer : famille. Elle revient sur la pointe des pieds, sa silhouette passant l’encart du mur illuminé par la veilleuse, laissant transparaître ses cernes et l’inquiétude qui se mélange à la fatigue sur l’expression de son visage. Une fois encore, on n’a pas su se comprendre, il a fallu qu’elle s’en aille, que chacun face dans son coin pour qu’un semblant de paix s’installe. De nouveau, son regard cherche par tous les moyens à éviter le mien tant on est incapable de trouver le tempo qui sera le nôtre pour cette danse que l’on a jamais su maîtriser, mais que l’on se doit d’apprivoiser pour le petit garçon qui dort paisiblement contre moi. « J’ai juste… On a juste besoin d’encore un peu de temps. » Il est dur de l’entendre hésiter ainsi, elle qui a toujours voulu être mère, elle qui a toujours su dégager cette fibre en elle. Mais tout n’est pas venu comme elle le souhaite, l’histoire d’amour se veut d’être aussi chaotique que toxique, il n’existe aucun mariage et pas l’ombre d’un avenir stable. La venue au monde de notre fils à tourner au cauchemar et la séparation qui en a suivi est venue mettre un coup de canif dans leur relation à tous les deux. « Je sais. » J’ose imaginer que je comprends en tout cas, quand mon regard se pose sur notre fils et que je ressens ce truc en plus, ce sentiment si différent. Je ne l’ai pas porté, je le connais encore à peine et pourtant… Dès la première seconde où mon regard, c’est poser sur lui, j’ai compris que tout serait à jamais différent. S’en vient le besoin de le protéger, l’envie de tout faire pour ne jamais se rater, ne pas louper la marche, faire de moi le bon père pour ne jamais devenir un regret dans sa vie. « J’ai pas su le protéger et maintenant, je sais même pas le nourrir. » Rosalie est en pleine recherche de ce lien unique, celle d’une mère et de son fils. Si je me persuade que l’allaitement ne sera pas la réponse à tout, je réalise qu’elle a ancré son besoin dans ce geste si cruellement animal que celui de nourrir son enfant. « Vous méritez tellement mieux que ça. » Et tout s’écroule à nouveau en un instant. Mon soupir est si fort que Gabriel s’agite légèrement dans son sommeil me rappelant que crier n’aidera en rien. « On mérite mieux que ce genre de phrases bullshit que t’es en train de nous servir. » Je crois que je ne supporte plus ou bien que je n’aie jamais réellement supporter son désir insatiable de vouloir être parfaite. C’est trop, c’est si loin de ce qui lui est demandé, c’est l’obsession qui ne mènera à rien et qui fait bouillir mon sang m’empêchant de formuler des propos cohérents cherchant à apaiser la guerre. « J’ai besoin que ça fonctionne Wyatt. » - « Tu vas prendre rendez-vous. » Je pourrais presque l’entendre contester, mais ne lui en laisse pas le temps. « Avec un pédiatre, une sage-femme, qui tu veux qui pourra essayer de vous aider. » Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est pas en s’enfermant dans nos échecs que l’on pourra avancer. « Mais Rosalie si rien ne change, il passera aux biberons. » Parce que la fatigue a pris le dessus sur toutes les autres émotions, mon ton sonne sans appel. La patience n’a jamais été mon fort, c’est bien encore quand cela engendre des crises de larmes de la part de ceux que je me suis juré de protéger.

Le calme perdure, mes pieds continuent de balancer le fauteuil en rythme, ma main droite caressant le dos de Gabriel. Le silence dure tant, on ne sait plus comment s’adresser à l’autre, tant Rosalie se brise en mille morceaux sans que je n’aie la force, la véritable compréhension, pour la rattraper au vol. Sans un mot, ma main libre vient glisser sur sa joue trempée de larmes que je ne saurais deviner dans la pénombre. Elle appelle à l’aide sans que je ne sois celui qui pourra lui amener toutes les réponses. Dans sa perfection, j’ose imaginer qu’elle ira demander à des professionnels, que demain lorsque le jour sera levé, on prendra les bonnes décisions. En attendant, Gabriel dort et nous devrions en faire de même. « Viens. » Non s’en difficulté, je finis par me redresser sur mes pieds, me figeant telle une momie le temps d’un instant, pour m’assurer que bébé ne se réveille pas à la suite de mes mouvements. Il dort comme un prince et j’attrape la main de sa mère pour l’entraîner à notre suite. On passe devant la chambre d’ami pour mieux se faufiler dans la véritable chambre où le lit est à peine défait. « Il dort, il faut qu’on fasse pareil. » Au diable les commentaires des mères parfaites qui vous rabâche sans cesse qu’il ne faut surtout pas faire dormir bébé avec soi. Tant bien que mal, je m’allonge sur le lit, Gabriel toujours installer sur mon torse. Il est si minuscule, si léger, qu’il est aisé de trouver une position qui me semble assez confortable tout en écartant au maximum le danger. C’est une gymnastique et lorsqu’il s’agit de nouveau, je m’arrête presque de respirer. Juste assez pour remarquer que Rosalie est toujours debout au pied du lit. « Viens, s’il te plaît. » Je suis épuisé et je n’ai pas la force d’engager la moindre conversation pour l’instant. « Il dort, il est avec nous, il ne va rien lui arriver. » Je garde ma main verrouillée sur son dos, je ne suis pas totalement allongé et je sais d’avance que je ne vais probablement rien dormir. Elle bouge à peine et un léger rire m’échappe, mélange de fatigue et de résignation. « Si on m’avait dit qu’un jour, je te supplierais de me rejoindre au lit. » Je lève mon regard vers elle sans me défaire d’un léger sourire. Viens Rosalie, le reste attendra...
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Message(#)(craker #21) just a little unwell EmptyJeu 27 Jan 2022 - 21:05

« Je sais. » La Rosalie en colère voudrait lui crier que non, il ne sait pas. Que non, il ne comprend pas. Qu’il n’a pas la moindre idée de comment ça se passe réellement pour toi depuis la naissance de Gabriel, qu’il ne peut pas saisir l’ampleur de ce que le traumatisme de ton accouchement a su te voler, de ce que s’est venu brisé en toi. Toutes ces premières fois que tu n’as pas pu vivre pleinement avec ton fils, ces moments volés, ces instants que tu ne retrouveras jamais, ce lien qui te semble affaibli avant même qu’il n’ait le temps de croître. Tu es en colère et tu ne sais pas quoi en faire, de toute cette rage qui te brûle de l’intérieur. Tu ne sais pas comment la lui communiquer, toi qui as toujours su trouver les bons mots, voilà que tu te retrouves complètement incapable de lui partager tout ce qui te ronge pourtant. La Rosalie en colère pourtant, elle ne fait que cacher une Rosalie en détresse. Et la détresse, c’est celle qui te force à te terrer dans ton silence dans ta mauvaise humeur et dans ce qui peut sembler être de la mauvaise foi alors que vraiment, c’est seulement que tu peines à lui parler, à lui dire les vraies choses. C’est la détresse qui fait couler des larmes silencieuses sur tes joues alors que ton regard se perd sur le corps assoupi d’un Gabriel qui, même endormi, semble s’accrocher à son père. Ils s’accrochent l’un à l’autre et toi, tu tombes. La chute semble interminable et tu ne sais pas encore combien de temps tu peux continuer la chute libre sans t’écraser contre la dure réalité. Tu le penses vraiment, quand tu dis qu’ils méritent mieux tous les deux, peu importe que Wyatt supporte et roule des yeux comme si tu venais de dire la pire des conneries qui soit. « On mérite mieux que ce genre de phrases bullshit que t’es en train de nous servir. » Tu secoues la tête, retient un sanglot. Tu n’es pas là pour créer une engueulade. Tu n’en as pas la force, pas l’énergie, pas l’envie non plus quand tout ce que tu souhaites réellement, c’est trouver une balance, un équilibre dans lequel tu pourrais te sentir bien à nouveau, sans vraiment savoir si Wyatt peut ou veut faire partie de cet équilibre. « Tu vas prendre rendez-vous. » Tu soupires, mais tu n’as pas le temps de répliquer qu’il enchaîne déjà Wyatt, bien décidé à faire entendre son point de vue. « Avec un pédiatre, une sage-femme, qui tu veux qui pourra essayer de vous aider. » Un autre soupir. Tu n’as jamais été très bonne, pour demander de l’aide à qui que ce soit pour quoi que ce soit. Mais la situation est critique. Tu n’as pas d’autres choix et rester bornée ne fera qu’empirer les choses. « Mais Rosalie si rien ne change, il passera aux biberons. » Tu acquiesces doucement de la tête et puis tu réalises qu’il ne peut pas vraiment te voir, vu la noirceur dans laquelle la chambre est plongée. « D’accord. » que tu concèdes finalement, terrorisée à l’idée que ça ne fonctionne pas, que toute l’aide du monde ne puisse rien pour toi, mais prête quand même à faire un pas de l’avant, à tendre la main. Une chose à la fois.

Il n’y a que le bruit de la chaise berçante qui grince au fur des mouvements de Wyatt qui remplit la pièce plongée dans l’obscurité. Tu perçois les mains de Wyatt qui s’agitent doucement contre le dos de votre fils, tes doigts eux, s’attardent doucement sur ses petites cuisses potelées, comme si toi aussi tu cherchais à t’accrocher à lui, à eux deux, autant que possible. Tu ne l’as pas venu venir, la main de Wyatt qui se place sur ta joue, qui essuie les larmes que tu t’efforçais de camoufler. Tu souffles doucement, pour une fois tu ne cherches pas à t’expliquer ni à t’excuser. Ça ne va pas, et il a compris Wyatt, quand le silence se fait maître de la situation et que pour l’instant, tout ce dont tu as besoin, c’est d’être avec eux pour te rappeler que ta place, elle est bel et bien ici. « Viens. » Wyatt se lève et tu hésites encore un instant, avant d’attraper la main qu’il te tend et de le suivre jusqu’à sa chambre, cet endroit que vous évitez tous les deux autant que possible, qui renferme de bien trop mauvais souvenirs. De ceux que vous devez échanger pour quelque chose de plus doux, tu le sais bien. « Il dort, il faut qu’on fasse pareil. » Wyatt a gardé le petit dans ses bras et tu comprends enfin ce qu’il suggère. Tu n’étais pas particulièrement à l’aise avec le principe de cododo, mais tu devais aussi admettre que rien d’autre ne semblait fonctionné dans l’immédiat et qu’il fallait que vous puissiez vous reposer. Wyatt s’installe, Gabriel toujours profondément endormi contre son torse, et tu le regardes s’installer aussi confortablement que possible dans le lit sans oser t’approcher. « Viens, s’il te plaît. » Tu continues d’hésiter pourtant, même si tout ce que tu veux vraiment, c’est d’être là avec eux. Tu ne pourrais vraiment dire ce qui te retient, peut-être qu’une partie de toi craint d’être trop proche, trop attachée, trop dépendante dans le cas où tout se détruirait une fois de plus sous vos yeux. C’est bien à ce jeu que vous avez toujours exceller, tous les deux. « Il dort, il est avec nous, il ne va rien lui arriver. » « T’as raison. » que tu murmures doucement, sans pourtant réellement te mettre en marche, figée sur place. « Si on m’avait dit qu’un jour, je te supplierais de me rejoindre au lit. » La remarque te surprend et puis elle te fait rire, surtout lorsque tu remarques le sourire sur ses lèvres. La bulle, elle est encore là. Elle réapparaît dans des petits moments comme celui-là, dans des commentaires qui te rappellent l’essence même de ce qui vous a mené à créer la vie du petit homme qu’il tient encore si fort contre toi. « T’es pas drôle. » Oh mais si, il est drôle et tu bouges enfin pour venir t’allonger à ses côtés, ton corps cruellement lourd alors qu’il se fond dans le matelas. Ta main vient se poser contre son bras, et tu te blottis légèrement contre lui, préférant oublier l’espace de quelques instants tout ce qui ne va pas et de t’accrocher à l’espoir naïf que demain matin, quand le soleil se sera levé à nouveau, tout ira un peu mieux. « Je suis désolée. » que tu murmures alors que tes lèvres viennent se poser sur sa joue, ta tête se nichant ensuite dans le creux de son cou, là où ton souffle s’apaise doucement alors que ton corps relaxe complètement et que bientôt, la fatigue aura raison de toi. « Merci. » est le dernier mot que tu lui offres alors que tu t’assoupies enfin, le cœur et l’esprit toujours en pagaille, mais soudainement apaisée par les deux hommes de ta vie, la cause de tous tes tourments, de toutes tes faiblesses, mais aussi des plus belles parties de toi.
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