Témoin de la défense. C'est ce que dit le badge qu'il sort de la boîte à gants après s'être garé à proximité du tribunal. Depuis le siège conducteur, Mills fixe le rétroviseur. Le miroir y reflète une masse grouillante de camera men accompagnés de journalistes aux abois ; tout ce qu'il préfère éviter tant qu'il en a encore l'occasion. C'est pourquoi il enfile ses lunettes noires puis s'extrait du véhicule afin de mieux remonter la perpendiculaire. Strange lui a passé l'info : côté nord, une entrée secondaire donne accès au bâtiment sans s'exposer à tout ce battage médiatique. D'un pas décidé, il avance sans se retourner, présent ici et maintenant pour honorer son devoir avant de retourner à sa tâche la plus urgente du moment : trouver la taupe. Derrière les verres opaques de sa monture, des cernes sombres témoignent du long voyage qu'il a du faire afin d'assister au procès, comme le MOSC le lui a demandé. Sydney - L.A., 15 heures de vol et une claque de jetlag à l'arrivée.
Jackson encaisse, comme toujours. Lorsqu'il gravit deux à deux les marches de l'escalier de service, ses pensées sont tournées vers le reste de son équipe restée en Australie. A des milliers de kilomètres de là, sur un autre fuseau horaire, ses collègues du PSI sacrifient leur temps sommeil au profit de leur lutte contre la corruption. Il a été convenu que l'absence de Jax servirait de break durant lequel ajuster leur stratégie et trouver de nouveaux angles d'attaque puisque l'affaire sur laquelle ils sont depuis des mois patauge dans la semoule. Un suspect en fuite, des informations contradictoires, des dossiers corrompus ... Tout cela ne sent pas bon et le fait d'être éloigné de l'épicentre du problème redonne à l'intuition de Mills l'espace nécessaire pour faire vibrer tous ses récepteurs : quelque chose de pas net se trame ; il le sent, ne saurait l'expliquer mais pourrait parier gros sur la véracité de son présentiment.
Devant la porte de service, un garde contrôle les entrées et sorties. Cité à comparaître. Commence Jax tout en présentant son badge. Ca grouille de piranhas là-bas devant. Ajoute-t-il avec un mouvement de menton en direction de l'aile ouest. J'suis venu voir Maître Strange. Après un contrôle d'identité rigoureux et un check point dans l'oreillette, l'agent le laisse entrer. Mills passe alors le barrage de sécurité renforcé pour l'occasion. Ce n'est pas tous les jours qu'un membre de gang accepte de témoigner contre les gros bonnets de son organisation. Tout le monde à l'intérieur de l'édifice semble tendu, on le fouille et cherche après tout objet susceptible de ressembler à une arme. La pression est palpable, elle alourdit l'air et le poids des regards qui se posent sur Jax lorsqu'il se rapproche du hall. La salle réservée à la défense ? Questionne-t-il au personnel d'accueil. On lui indique un couloir et un numéro de porte.
Mills rase les murs, il ne veut parler à personne, souhaiterait être moins grand et moins massif pour passer inaperçu. Lorsqu'il frappe à la porte du bureau dans lequel Strange est sensée se trouver, Jax fait l'effort d'inspirer profondément. Ses échanges avec l'avocate se résume à des messages interposés que Widow, sa cheffe d'équipe, lui a transmis pendant qu'il était sur le terrain. Difficile de le joindre lorsqu'il est en infiltration. Aujourd'hui pourtant, c'est en tant que Jackson Mills, formateur pour le MOSC et agent fédéral du gouvernement australien qu'il s'apprête à témoigner. Difficile de redevenir lui-même après des mois passés dans la peau de Connor Barrett, lieutenant de police de Brisbane à mille lieux des affaires d'anti-gang et d'enseignement des techniques policières de récolte de données destinées à armer la Justice contre le crime organisé.
* toc toc toc *
C'est l'heure de convaincre les jurés et ça commence maintenant, avec le briefing d'avant match.
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Dernière édition par Jackson Mills le Mer 9 Mar 2022 - 1:49, édité 1 fois
22 juillet 2020. C’est le jour J. Celui où son client devrait définitivement être blanchi pour ce meurtre atroce commis un an auparavant. Celui d’une famille entière qui a été tuée de sang-froid, uniquement pour une raison de règlement de compte. Le souhait de faire tomber un des membres du gang adverse, une bataille sans merci où l’humanité et la bienveillance ne sont pas les maitres mots, où seule la loi du plus fort est la règle d’or. Et si le crime était parfait, si les preuves étaient accablantes contre son client, Gabrielle Strange n’a pas lâché le morceau. Au contraire, cela fait un an qu’elle s’acharne à faire tomber le véritable coupable et à prouver ainsi l’innocence de Jayden, ce jeune homme qui a malheureusement fait les frais de ses choix. Ceux d’avoir rejoint un gang, d’être mêlé à toutes ces histoires de trafic de drogues et de gain de territoires qui n’ont fait que le tirer vers le bas. C’est pourtant l’unique solution qu’il ai trouvée pour sortir la tête de l’eau, la sienne et celle des membres de sa famille, l’argent plus facile à obtenir par ce biais. Il réalise cependant les emmerdes dans lesquelles il se trouve désormais impliqué jusqu’au cou dans cette histoire de meurtre. Et ils ont bataillé pendant une année entière pour tenter de l’y en sortir. Une année où ils ont usé de ruses et de stratagèmes pour trouver la faille, celle qui incrimine le gang adverse et les fera tomber à leur tour.
Gabrielle fait les cents pas. Non pas parce qu’elle est prise par les doutes et la crainte de ne pas obtenir gain de cause pour son client. Sur ce point, elle est confiante, elle sait que tous les éléments sont à leur avantage. C’est plus un tic, une habitude qu’elle a, alors qu’elle revoit, avec Jayden et un autre associé avocat, avec qui elle a travaillé d’arrache-pied sur cette affaire, le déroulé du procès, repasse au peigne fin chaque argument et contre-argument de la part de la partie civile. Elle joue avec une balle d’élastiques entremêlées, la faisant valser d’une main à l’autre, là encore une manie qui ne la quitte jamais « Il faudrait peut-être revoir ce détail… » amorce-t-elle alors qu’elle se penche sur la grande table, venant à attraper la feuille qui se trouve devant son associé pour relire le dernier point. C’est alors qu’on vient à frapper à la porte, l’avocate invitant celui qui s’y trouve derrière à entrer, relevant le regard vers ce dernier que lorsqu’il apparait sur le pas de la porte « Bonjour, Agent, Mills ». Elle sait parfaitement qui il est, même s’ils ne se sont jamais rencontrés auparavant et que leurs échanges n’ont jamais été direct. Mais elle sait que c’est grâce à lui que leur argument le plus fort dans ce procès tiendra la route et montrera ainsi au jury leur loyauté et leur bonne foi. « Prenez place, je vous en prie ». Elle a ce sourire rassurant sur les lèvres, amical également alors qu’elle lui montre une chaise devant elle, alors qu’elle vient à s’assoir enfin à son tour « Je vous présente Jackson Mills, il est là pour créditer l’infiltration de l’agent Miller chez les Black P. Stones. La partie adverse compte fermement contre carré la preuve des enregistrements que nous avons de l’agent Miller et de notre indic pour te faire tomber Jayden. Avec l’agent Mills, nous mettons toutes les chances de notre côté. Merci encore à vous d’ailleurs d’accepter de témoigner », adresse-t-elle à Jackson. « Et voici donc Jayden Berak, notre client et Maitre Morgan, qui m’assiste sur ce dossier ».
Une fois les présentations faites, Gabrielle briefe Jackson au sujet du procès qui devrait débuter dans quelques minutes « Vous passerez après l’agent Miller. Comme je l’ai vu avec votre cheffe d’équipe, qui a dû vous faire parvenir les questions éventuelles auxquelles vous serez confrontés, il ne vous faudra pas lésiner sur les détails de la formation de l’agent Miller et parler du travail remarquable du MOSC. Le but est vraiment de créditer et légitimiser son infiltration ». Elle marque une pause alors qu’elle vient à se lever à nouveau « Est-ce que vous avez une quelconque question, d’ailleurs ? ».
Jackson ouvre la porte, pénètre dans la pièce et retire ses lunettes noires. Face à lui trois personnes : deux hommes et une femme. Il incline la tête en guise de salutations et s'approche du siège que lui désigne Gabrielle. Son regard est profond, quasi insondable, tandis qu'il saute d'un visage un l'autre dans une attitude décomplexée d'analyse préliminaire. Il s'était imaginé Strange blonde comme Widow et Jayden plus mat de peau. Des clichés sur les californiens introduits dans son inconscient par tout ce qu'Hollywood a de plus formaté à offrir, probablement.
Tandis que l'avocate résume le déroulé du procès, les tenants, les aboutissants et le rôle de chacun, Mills, lui, reste focus sur Berak, qui commence à gesticuler sur son siège, peut-être mis mal à l'aise par tant de considération. « Est-ce que vous avez une quelconque question, d’ailleurs ? » « Qu'est ce qu'ils t'ont demandé de faire ? ». La question de Jackson est directement adressée à Jayden. Ce dernier hausse les sourcils en signe d'incompréhension et se tourne vers Gabrielle mais Jax ne s'y laisse pas prendre. La pègre, qu'elle soit toute puissante entre les mains d'un parrain ou plus misérable qu'un rat dans la peau d'un merdeux, l'agent fédéral l'a en horreur. Il a vu trop de cadavres et lu trop de rapports inimaginablement glauques pour encore espérer qu'il existe de bons chiens dans ces rangs là. La rage et des puces, c'est tout ce qu'ils ont à offrir, quelque soit la couleur de leur niche et le nom de leur maître. « Pour intégrer le gang, » reprend-il, provoquant, cherchant à ce que Jayden cesse de détourner le regard « c'était quoi ton étape de validation ? »
Mills a besoin de savoir et se tourne vers Gabrielle pour mettre les choses au clair : « Je vous remercie pour les explications, maître, mais il faut que vous gardiez ceci en tête : je suis là pour témoigner de l'efficacité et de l'intégrité du programme au sein duquel je forme des hommes et des femmes qui, comme moi, considèrent que la place de votre client est derrière les barreaux. » On n'entre pas dans un gang sans prouver qu'on est prêt à tout pour ce dernier. Passage à tabac, cambriolage, chasse aux flics ... Les criminels membres de ces organisations ne manquent pas de créativité lorsqu'il s'agit de tester l'allégeance de leurs nouvelles recrues et personne ne fera croire à Jackson Mills que le type face à lui n'a pas ne serait-ce qu'un peu de sang sur les mains. L'application qu'il mettra à créditer les compétences de Miller dépendra de l'honnêteté de Berak dans sa réponse, ça se lit comme le nez au milieu de la figure.
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Dernière édition par Jackson Mills le Mer 9 Mar 2022 - 1:48, édité 1 fois
22 juillet 2020. Si elle a fait le choix d’être avocate pénaliste, Gabrielle l’a fait parce qu’elle a la volonté que justice soit rendue et justement rendue. Elle peut comprendre la réserve de certains, notamment quand elle défend des hommes ou des femmes qui ne paraissent pas être défendables. Ça peut être le cas aujourd’hui, avec Jayden Berak. Il est ici inculpé à tort pour le meurtre d’une famille entière, parce qu’il appartient avant tout au gang rival des vrais coupables. Et si Gabrielle s’attèle au dossier, c’est pour rendre justice avant tout à la famille décimée, pour que ce qui ont orchestré ce meurtre abominable se retrouve derrière les barreaux. Elle le fait avant tout pour l’entourage de cette famille et afin que ce qui s’est passé ne se reproduise plus. Gabrielle le fait également pour disculper Jayden, mais pas pour le dédouaner pour autant de ses autres travers, ceux qui l’ont amené à fréquenter les mauvaises personnes, à être tombé dans un gang pour des raisons qui lui sont propres – et pas pour autant excusables – et qui l’amène très certainement à faire des choses qu’elle préfère ignorer aujourd’hui, car là n’est pas la question. Elle se doit d’être objective, de rester neutre aussi et de faire son job – ici faire enfermer les vrais coupables – toujours dans un souci de justice rendue.
« Qu’est-ce qu’ils t’ont demandé de faire ? ». Alors, lorsque Jackson s’adresse à Jayden directement, et au vu de son ton de voix, elle comprend. Elle comprend qu’il fait partie des réticents et qu’il ne comprend pas comment on peut tenter de défendre un type comme lui. Gabrielle est prise au dépourvu, ses yeux se plissant, tout en gardant son regard pour l’agent, alors que Jayden tente de trouver de l’aide dans le sien « Pour intégrer le gang, (…) c’était quoi ton étape de validation ? ». Gabrielle vient à tendre son bras devant Jayden, comme pour le défendre de répondre et rétorque immédiatement « Ce n’est pas de ce type de questions que j’attends de vous, Agent Mills ». Son ton est ferme, portant un regard sur Jayden, sa tête se pivotant légèrement de droite à gauche pour le défendre de réagir ou de dire quoi que ce soit.
« Je vous remercie pour les explications, maître, mais il faut que vous gardiez ceci en tête : je suis là pour témoigner de l’efficacité et de l’intégrité du programme au sein duquel je forme des hommes et des femmes qui, comme moi, considèrent que la place de votre client est derrière les barreaux » « Et c’est la seule chose que je vous demande de faire, aujourd’hui, Jackson ». Elle vient à faire quelques pas dans la pièce sans le quitter du regard « Quant à votre opinion, elle ne nous intéresse pas. Ni maintenant, ni lorsque vous serez à la barre pour témoigner ». Gabrielle préfère mettre les points sur les i immédiatement avec Jackson, et surtout le remettre à sa place, celle de témoin. Son rôle doit se cantonner à celui-ci et rien d’autre, et elle ne manque pas de le lui faire savoir en ajoutant « Et mon client, n’a aucun compte à vous rendre ». Elle laisse échapper un soupir alors, et vient prendre place à côté de Jayden, ouvrant le dossier qui se trouve devant elle. Des photos de la scène de crime, des témoignages… il regorge de preuves utilisées la veille, qui ont déjà joué en leur faveur, et aujourd’hui, les derniers éléments seront déterminants pour le verdict « Notre objectif aujourd’hui est de prouver que Jayden est innocent et qu’il n’a rien à voir avec cet acte abominable qui a été perpétré. ». Et comme pour appuyer ses propos, Gabrielle ne lésine pas à montrer les photos en question à Jackson, venant à lui mettre sous le nez celles-ci « Et en faisant ça, et grâce à votre témoignage en plus de tout le reste, cela va nous permettre d’envoyer les vrais coupables directement derrière les barreaux à la fin du procès ». Elle vient à planter son regard dans celui de l’agent et conclut « Si vous estimez que justice doit être rendue pour cette barbarie, vous témoignerez en laissant votre jugement de côté. Si vous estimez ne pas en être capable parce que votre opinion est bafouée par votre idée que mon client est un voyou, alors vous êtes libre de partir ». Elle joue à un jeu dangereux là, Gabrielle et elle en est parfaitement consciente. Mais elle est persuadée aussi que l’agent ne partira pas, quand elle a utilisé les cartes nécessaires à l’en convaincre.
« Le procès va débuter ». Gabrielle et son associé se lèvent, suivis par Jayden. La jeune femme récupère le dossier, et s’adresse une dernière fois à l’agent Mills « Your call ». Il est libre de les suivre, évidemment qu’elle espère que ce sera le cas, autrement, le procès risque d’être plus difficile qu’il ne l’a pu être jusqu’alors.
« Et c’est la seule chose que je vous demande de faire, aujourd’hui, Jackson. »
Jax croise les bras, campé sur ses positions. Gabrielle n'a pas besoin de lui expliquer les nuances qui existent entre témoigner et cautionner ; son expérience professionnelle au service de sa nation - et plus particulièrement depuis qu'il travaille pour le Projet Epsilon dans la lutte contre la corruption - lui permet de saisir le principe sans trop de difficultés mais cela ne l'empêche pas d'éprouver des réticences, quand bien même les preuves que l'avocate lui glissent sous le nez en appellent à son sens de la Justice et du service rendu aux proches des malheureux assassinés dans cette histoire de règlement de comptes.
Silencieux, Mills laisse Strange plaider pour sa cause et celle de son client. Son respect envers l'avocate est suffisant pour lui accorder une oreille mais pas deux. Sombre, il observe sans ciller le bain de sang qui défile sous ses yeux, se faisant la réflexion que tout ceci est du pareil au même ; qu'en disculpant Jayden aujourd'hui, ils ne feront que s'en mordre les doigts plus tard, lorsqu'une autre tuerie signée de son gang viendra répondre à celle que lui dépeignent les photos de la scène de crime et des rapports d'autopsie. « Si vous estimez que justice doit être rendue pour cette barbarie, vous témoignerez en laissant votre jugement de côté. Si vous estimez ne pas en être capable parce que votre opinion est bafouée par votre idée que mon client est un voyou, alors vous êtes libre de partir » Jackson soutient le regarde de Gabrielle. Il est clair que, des quatre personnes ici présentes, il est celui qui a le moins à perdre à se lever, tourner les talons et partir sans demander son reste. Il l'envisage d'ailleurs un instant, asticoté par son égo qui se verrait bien laisser Berak pourrir en prison, mais l'intervention de l'associé lui coupe l'herbe sous le pied : « Le procès va débuter ».
Tout le monde se lève, c'est l'heure d'entrée en scène. Gabrielle tend à Jackson une dernière perche qu'il traîne à saisir, toujours assis sur son siège, le regard dur et l'air contrarié. Lorsqu'il finit par se lever à son tour pour les suivre, l'agent remarque un léger soulagement chez Jayden, raison pour laquelle il ajoute, au moment de passer à ses côtés, un virulent « Baisse les yeux ! » qui en dit long sur son état d'esprit au moment de remonter le couloir du tribunal. S'il se décide à témoigner, c'est uniquement parce qu'une victoire de leur part ferait couler plus d'un malfrat dans le camp adverse. A choisir entre en laisser tomber un ou en faire couler plusieurs, Mills opte pour l'option du tire groupé. Ce sera toujours ça de moins dans les rues de L.A ...
La suite se caractérise par la gymnastique protocolaire de la justice américaine : Jax attend patiemment assis sur son banc qu'on l'appelle. Il voit défiler sous ses yeux attentifs les autres témoins et intervenants cités à comparaître, observe les visages, analyses les comportements non verbaux et refoule le mépris que lui inspire l'avocat de la partie adverse. Plus d'une fois, il se pose la question de savoir comment ce genre d'individus arrivent encore à s'endormir en sachant que les clients qu'ils défendent sont coupables des pires atrocités.
Vient alors son tour de prendre place au pupitre des témoignages. Sa démarche est assurée, son attitude confiante, il avance sans hésiter et se positionne face à l'assemblée en fier représentant du MOSC. Droit et solide, le formateur devient une montagne que pas même les questions piège et insinuations douteuses de l'adversité ne seront déstabiliser. Bien qu'il soit d'un naturel sanguin, Jax n'en reste pas moins entraîné à gérer la pression. Ça fait partie de son job, de ses armes lorsqu'il est sur le terrain. Son calme, il sait le garder lorsqu'il a à faire à ce genre de serpents sournois.
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Dernière édition par Jackson Mills le Mer 9 Mar 2022 - 1:47, édité 1 fois
22 juillet 2020.Elle risque gros en lui posant cet ultimatum. Il est le contre-argument que son associé et elle ont besoin pour remporter ce procès. Que Jayden a besoin pour être blanchi. Parce que Gabrielle sait que les propos de cet agent infiltré dans le gang rival seront contrecarrés par la partie adverse. Ils ne manqueront pas de souligner que l’agent en question n’était pas apte à être sur le terrain, car petit nouveau dans l’équipe du MOSC. C’est pour cette raison que Gabrielle a fait appel à Jackson, et elle compte sur lui aujourd’hui pour que cette bataille se termine enfin. Un an qu’elle bosse jour et nuit sur ce dossier, un an qu’elle travaille étroitement avec plusieurs partenaires pour faire tomber les vrais coupables. Un an d’acharnement, de nuit blanche, où elle s’est tellement investie dans ce dossier qu’elle en a oublié de vivre. L’avocate n’a pas fait tout ça pour rien, surtout quand elle sait que son client est innocent et que, si elle ne parvient pas à faire tomber les vrais malfrats, le sang continuera à couler dans les rues de LA. Parce que le gang auquel appartient Jayden a juré qu’ils régleraient ça comme il se doit si Jayden terminait derrière les barreaux. Ils ne manqueraient pas de faire justice eux-mêmes et ça, Gabrielle et ses associés en ont pleinement conscience. Avec l’aide de la police, ils sont parvenus à repousser l’heure de la vengeance et aujourd’hui en était l’échéance. Et si le bain de sang voulait être évité c’est parce qu’une famille entière a été retrouvée décimée, une scène de crime dont les images hantent parfois les nuits de l’avocate. C’est d’ailleurs ces mêmes images qu’elle utilise pour convaincre Jackson de venir témoigner et il semblerait que ce coup de poker qu’elle tente, finit par le convaincre de laisser ses préjugés de côté. « Baisse les yeux ! ». Gabrielle lève les yeux au ciel alors que l’agent Mills s’adresse de la sorte à Jayden. L’avocate vient à poser sa main dans le dos de l’accusé comme pour le rassurer que tout allait bien se passer avant de prendre la direction de la salle du procès.
Dans la salle du tribunal, les minutes puis les heures passent, comme les personnes qui défilent à la barre. Gabrielle ne manque pas de poigne lorsqu’il s’agit d’interroger la partie adverse et d’objecter certaines questions posées à son client ou à ses témoins par l’avocat du camp opposé. La tension est à son maximum et il est enfin temps pour Jackson d’entrer en scène. Il prend place derrière la barre et c’est Gabrielle qui viendra à l’interroger en premier « Agent Mills, pouvez nous nous dire en quoi consiste le Management Of Serious Crime, plus connu sous l’appellation MOSC ». L’avocate commence en douceur dans son interrogatoire, pour amener progressivement Jackson dans le vif du sujet, et surtout, l’amener à appuyer l’habilitation de l’agent Miller et donc la véracité des enregistrements qui feront tomber définitivement le camp adverse « Vous vous êtes occupés de la formation de l’agent Miller, exact ? ». Elle attend qu’il confirme avant de poursuivre « Pouvez-vous nous expliquer la formation qu’il a pu suivre et nous dire, surtout, depuis quand l’agent Miller a été habilité à ce titre ». Et lorsque Jackson annonce une date exacte, c’est avec un document officiel que Gabrielle vient à appuyer ses propos, qu’elle ne manque pas de passer au juge mais aussi une copie aux jurés et à son adversaire. Evidemment, c’est à ce moment-là que ce dernier décide d’intervenir, prenant la place de Gabrielle, soulignant que ce titre ne donne en rien une légitimité aux enregistrements entendus la veille, parce que son infiltration n’a pas été faite dans les règles de l’art. C’est un monologue qui s’ensuit après quelques questions posées à l’agent Mills et puis il est temps d’attendre le verdict…
***
De retour dans la salle précédente, Gabrielle se dirige vers Jackson alors que son associé échange avec Jayden « Merci », dit-t-elle posément. « Je peux entendre votre point de vue concernant Monsieur Berak et je ne chercherais pas à vous convaincre que vous avez tort ou raison à ce sujet... J’ai choisi ce métier pour que la justice soit rendue de manière juste, afin que ce soit les véritables coupables qui se trouvent derrière les barreaux. En témoignant aujourd’hui en faveur de mon client, c’est ce que vous allez permettre. Et surtout, vous allez permettre à une famille de pouvoir faire leur deuil plus paisiblement… ». Il n’y a aucune agressivité dans ses propos, elle n’a pas le même ton de voix qu’un peu plus tôt. Au contraire, celui-ci est calme et sincère « C’est tout ce qui compte ». Parce qu’elle n’est pas stupide au point de se dire qu’il n’y aura plus jamais de bain de sang à nouveau dans les rues de LA et que cette guerre de gang sera stoppée suite à ce procès.
« Le MOSC est un programme de formation à l'attention des agents fédéraux internationaux. Il a pour but de partager les dernières connaissances, les compétences acquises par les agents d'expérience et les techniques de pointe en terme de lutte contre le crime organisé. » Récite-t-il de la même manière qu'il a pris l'habitude de le faire face à ses stagiaires triés sur le volet afin de les impressionner et de leur communiquer d'entrée de jeu que l'aventure dans laquelle ils s'engagent attend d'eux l'excellence sinon rien. Mills est précis, direct, militaire. Il incarne parfaitement son rôle de professionnel de l'infiltration et répond aux questions de Gabrielle sans la moindre hésitation, visiblement au courant de ce dont il parle. Lorsqu'il est question de Miller, Jax repasse dans son esprit la frise chronologique de ses rapports avec le principal intéressé. Le fait d'avoir potassé le dossier dans l'avion l'aide à se montrer à la fois clair et concis ; il ne laisse aucune place aux zones d'ombres : « J'ai moi-même formé l'agent Miller sur les techniques d'infiltration, la gestion des identités multiples et des enjeux de crédibilités associés aux partis pris lors des évolutions en milieux hostiles. » Des mots abstraits, juridiquement choisis pour dire en langage socialement accepté qu'il a appris à cet homme à se salir les mains dans les règles de l'art, parce qu'aucune omelette ne se fait sans casser d'œufs et qu'il faut savoir tendre le bâton pour que les malfrats puissent se faire battre à leur propre jeu. « Le 10 octobre 2017, ses tests éthiques et psychologiques répondaient aux standards militaires de la couronne ainsi qu'aux exigences du Pentagone, raison pour laquelle nous avons décidé de valider la dernière étape de sa formation. Son assermentation, en date du 4 décembre 2017, atteste de ses qualités d'agent. Il a toute notre confiance et nous le remercions de faire partie de la lutte contre la criminalité. » Son ton ferme et son air impassible ne dissuadent pourtant pas l'avocat de la partie adverse de venir s'y frotter. En retour, Jax reste imperméable, se contentant de répondre par oui ou par non et de ne développer que lorsque cela s'avère strictement nécessaire. Il refuse de donner du grain à moudre à ce connard, défie du regard aussi bien Jayden que l'autre malfrat contre lequel il est question de gagner aujourd'hui. Cela se voit que l'australien n'éprouve aucune sympathie pour le suspect à la défense duquel sert son témoignage mais cette particularité semble accorder d'autant plus de crédibilité à sa parole. Les jurés, tout aussi muets qu'ils se doivent de rester, opinent du chef en silence. Jackson le voit, c'est son métier de le remarquer. Il sait que la femme en bleu est ralliée à sa cause et que le grand chauve à droite est sur le point de trancher en la faveur de Berak. L'autre, avec la moustache, n'a pas encore arrêté son choix tandis que la blonde à l'air sévère est un vote perdu d'avance ...
***
Lorsque les auditions prennent fin, Jax se lève et s'étire. Il en a plein le cul d'être assis depuis près de vingt-quatre heures. Assis dans l'avion, assis dans la jeep, assis sur son banc ... Ses muscles demandent de l'exercice, son corps d'animal peine à rester en place. De retour dans la salle réservée à la défense, il reste debout face à la fenêtre, le regard tourné sur la rue en contre-bas, les mains dans le dos, droit comme un '' I ''. Seul son col déboutonné et ses maches retroussées témoignent d'un certain relâchement. C'est qu'il fait chaud, à Los Angeles, en plein mois de Juillet.
« Merci » Mills tourne la tête en direction de Strange, debout à ses côtés, et l'écoute lui raconter les raisons de sa présence derrière le col blanc de sa robe noire. Il acquiesce calmement, partiellement ramené par ces aveux à ses propres motivations et aux motifs viscéraux pour lesquels il a passé plus de la moitié de son existence à travailler son sprint afin de mieux courir après les criminels. « Je vous présente mes excuses. » Répond-il simplement. « Vous avez raison, c'est tout ce qui compte. » L'image de sa mère sur son lit d'hôpital et des plaquettes d'anti anxiolytique empilées dans l'armoire de la salle de bain lui reviennent en mémoire, rapidement chassées par sa volonté de penser à autre chose : « Quand pouvons-nous espérer entendre le verdict ? »
Jax n'est pas pressé de retourner à Brisbane. Il sait que l'affaire qui l'attend là-bas est aussi dangereuse que complexe, que ses neurones et sa capacité à rester lui-même derrière la multitude de couches de mensonges tartinées autour de son infiltration seront mises à rude épreuve. Il peut déjà le sentir dans son propre comportement, dans la façon dont il reste Connor alors qu'il est ici en tant que Jackson. Cette habitude qu'il a pris de se lécher la lèvre inférieure lorsqu'il est en situation d'attente : ce n'est pas lui. Cette boucle d'oreille qu'il a gardé sans même s'en rendre compte : pas lui non plus. Plus il avance, plus il s'y perd et personne d'autre que lui ne peut l'aider à s'en sortir. C'est de ce genre d'œufs dont il parlait lors de son témoignage : ceux de son panier personnel que tout agent de terrain se doit d'être prêt à sacrifier pour que l'enquête avance. Quoiqu'il en coûte.
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Dernière édition par Jackson Mills le Mer 9 Mar 2022 - 1:47, édité 1 fois
22 juillet 2020.Gabrielle croit dur comme fer que ce témoignage auquel vient de se livrer l’agent Mills aura tout son poids dans la crédibilité des preuves apportées par l’agent Miller. Elle en est persuadée quand l’homme qui se trouve à la barre est convaincant dans ses propos et ne manque pas de conviction et de hargne pour prouver à tout un chacun que cet agent est accrédité pour le job auquel il s’est livré. S’infiltrer au sein du gang adverse du client de Gabrielle, celui accusé à tort du meurtre d’une famille entière. Ce crime horrible dont les images n’ont fait que hanter les nuits de l’avocate pourtant impartiale lorsqu’il s’agit de les observer encore et encore, comme lorsqu’elle les a mis sous le nez de Jackson un peu plus tôt avant le début du procès. Impartiale mais touché, tout comme elle est déterminée malgré les menaces qu’elle a pu recevoir et dont elle a parlé à très peu de personnes. Celles-ci n’auront pas le don de l’arrêter, ne l’empêcheront pas d’aller jusqu’au bout, et désormais dans l’attente du verdict, c’est une Gabrielle Strange confiante quant à leur victoire prochaine.
« Je vous présente mes excuses. » Elle respecte l’opinion de l’agent face à ce client qu’elle défend bec et ongles malgré tout. Malgré toute son implication dans d’autres affaires sûrement tout autant sordides mais son unique but aujourd’hui, celui qu’elle défend et explique à Jackson d’ailleurs, est de rendre justice. Justice à cette famille en deuil, justice à ces personnes qui ont perdu la vie du jour au lendemain, se retrouvant au milieu d’histoire de gang alors qu’ils n’avaient pas à s’y trouver. « Vous avez raison, c'est tout ce qui compte. » Gabrielle affiche un sourire sincère, peut-être un tantinet victorieux quand Jackson semble baisser les armes et reconnaitre les raisons de sa conviction à blanchir coûte que coûte Berak, assis un peu plus loin. Ce dernier tapote d’ailleurs l’accoudoir de sa chaise, fixant le sol, perdu dans ses pensées et sûrement stressé par son avenir qui dépend désormais de la décision du juge et des jurés. « Quand pouvons-nous espérer entendre le verdict ? » Gabrielle reporte son regard sur l’agent, croisant les bras sur sa poitrine [color#cc3399] « Cela dépend de l’accord entre les jurés. Cela peut prendre une demi-heure comme deux voire trois heures… » [/color] Si ce n’est plus, parfois les débats pouvant s’éterniser bien au-delà, se terminant tard dans la soirée. « Peut-être qu’en attendant, nous pouvons boire un café et nous dégourdir les jambes le temps qu’on nous appelle pour retourner dans la salle d’audience » En effet, attenant à la salle où ils se trouvent, un petit jardin aménagé qui ne manquera pas de faire du mal à tout un chacun se trouvant dans cette pièce bien trop étroite quand l’attente sera longue.
***
Trois heures. C’est le temps qu’ils ont attendu. Trois longues heures où malgré le stress et l’attente interminable, Gabrielle a pris le temps de discuter avec Jackson et en apprendre davantage sur lui, du moins, le peu qu’il a accepté de lui dire. Il en était de même pour elle et alors qu’ils entamaient une conversation sur un sujet lambda, ils ont été conviés à rejoindre la salle d’audience. La tension est à son comble, Gabrielle ne manquant pas de dévisager son adversaire qui semble bien trop confiant à son goût. Au point qu’elle a, durant quelques minutes, cette boule au ventre qui se forme, perdant cette confiance qui l’habitait jusqu’alors. Elle connait les privilèges de certains, ceux qui parviennent à obtenir le verdict avant tout le monde et le requin qui est face à lui semble faire partie de cette catégorie. Le juge entre alors, tout le monde est debout et le reste le temps que le verdict soit prononcé « Après une longue délibération, les jurés ont considéré que les charges à l’encontre de Monsieur Berak étaient infondées. Ainsi, et suite au nombreux témoignages et preuves accablant la partie adverse, Monsieur Berak est jugé non coupable ». Gabrielle sent son palpitant s’emballer tout comme l’excitation de cette victoire l’envahir. Elle n’éclate pas de joie, vient juste à trouver le bras de son client qu’elle serre fortement en lui souriant alors que le juge conclut « En revanche, Monsieur Scott est jugé coupable dans l’affaire du meurtre de la famille Cohen et ira dès à présent en prison pour une durée qui sera à déterminer dans un prochain procès. La séance est levée ». Il y a des cris de joie dans l’assemblée, tout comme de l’énervement dans l’autre partie où le nouvel accusé s’agite et tente de résister aux policiers qui tentent de l’embarquer. En pensant devant Gabrielle et son client, ces quelques mots fusent de sa part. « Vous êtes morts ! TOUS LES DEUX ! » il a ce geste sous la gorge et ce sourire narquois alors qu’il disparait derrière la porte. Gabrielle ne prête pas réellement attention à l’homme alors que Jayden vient à la remercier amplement, et il en fait de même avec Jackson « Merci… » dit-t-il sincèrement à celui-ci. Un homme approche de Gabrielle alors pour venir lui glisser quelques mots à l’oreille « On va devoir passer par la porte arrière, juste au cas où ». Et elle sait très bien ce que veut dire ce "juste au cas où" alors qu’ils prennent la sortie de la salle d’audience.
Contre toute attente, Mills ne vit pas passer le temps qu'ils meublèrent, Strange et lui, dans le jardin. La théorie de la relativité voulait sûrement que trois heures passent plus vite dans la peau d'un agent fédéral en permission que dans celle d'un accusé en attente du rendu de son jugement. Passé le froid de son refus de collaborer initial, ce moment d'échange avec l'avocate avait été, pour Jax, ni plus ni moins que le premier échange sincère de plus de dix minutes avec un être humain depuis le tournant serré qu'avait pris sa mission. Mentir à longueur de temps, jouer le rôle de Connor, faire ses rapports dans le stress et la précipitation de peur de se faire démasquer ... autant de raisons pour lesquelles il avait apprécié faire connaissance avec cette étrangère, renouant pour un court moment avec sa véritable identité, son vrai lui, Jackson Mills. Il s'était même montré sympathique. Réservé, certes, à force d'habitude, mais intéressé par les sujets de conversation et résolument disposé à en trouver d'autre jusqu'à ce qu'on leur annonce le rendu imminent du verdict.
* * *
Il scrute les visages de jurés, convaincu que la réponse à la question que tout le monde se pose - Berak sera-t-il jugé coupable ou innocenté ? - peut se lire sur le facies de ceux ayant joué avec la vie du suspect au détour du grand vote, celui censé représenter la Justice impartiale, le glaive aveugle et imparable. Quand le juge entre, Mills se lève comme les autres et garde le silence. Ce qu'il entend lui arrache un moue appréciatrice. Jax a beau refuser toute sympathie à l'égard du client de Gabrielle, il n'en reste pas moins convaincu que Scott est coupable. Il ne saute pas de joie, n'applaudit pas, mais jette un regard méprisant au futur tolard qui se débat comme un beau diable lorsque ses collègues en uniforme viennent pour le menotter. « Vous êtes morts ! TOUS LES DEUX ! » Si le geste n'impressionne en rien l'agent, le petit sourire qui l'accompagne, en revanche, lui fait dresser l'oreille. Il a suffisamment gravité dans les sphères de l'anti-gang pour savoir qu'il suffit de couper une tête pour que deux repoussent, tout comme le fait que le moindre domino mal chaviré peut entraîner dans sa chute des réactions en chaîne disproportionnées. Son regard est toujours planté dans la nuque de Scott qu'on emmène lorsque Berak s'approche pour le remercier. Par principe, Jax refuse de lui serrer la main. Garder le silence et lui offrir un hochement de tête cordial reste la version la plus courtoise dont il se sent capable envers l'énergumène.
Il n'entend pas ce que dit cet homme à l'oreille de l'avocate mais devine aisément la nature de l'intervention au badge de sécurité épinglé sur son torse. Jax partage l'opinion de l'agent ; il n'oublie pas que tout le monde ou presque a le droit de porter une arme dans ce pays et que - vue le nombre de journalistes présents à l'entrée du tribunal - tout le monde ou presque est également au courant que c'est ici et maintenant que se prennent des décisions fatidiques pour l'avenir d'un des gangs les plus influent de la ville. Concentré, il accompagne Strange, son associé et Berak jusqu'à la porte arrière. Compte tenu des circonstances, l'un des vigiles insiste pour les accompagner jusqu'à leur véhicule. Mills décline, intimant au porte-flingue de se focaliser sur Gabrielle et Berak puisque, lui, est garé dans la rue perpendiculaire. Il serre la main de l'associé puis celle de Gabrielle qu'il invite à prendre contact avec lui si d'aventure elle désire visiter l'Australie. Enfin, il tourne les talons et s'éloigne, enfilant ses lunettes de soleil, prêt à retourner à l'aéroport sans même avoir eu le temps de dormir ou de se doucher.
Au coin de la rue, cependant, un détail accroche son attention. La voiture aux vitres fumées en amont du croisement se comporte étrangement. Quel genre de conducteur refuse d'avancer lorsque le feu est vert ? Jax jette un coup d'œil par dessus son épaule. Au loin, il peut voir Gabrielle et sa troupe placer leurs affaires dans le coffre de la voiture. Au moment ou il reporte son attention sur la voiture suspecte, Mills sait déjà que le vent est en train de tourner. Un vrombissement de moteur lui apporte confirmation : la bagnole de gangster s'élance dans la rue du tribunal. Il a tout juste le temps de tourner les talons et de sprinter. « A TERRE ! »Braille-t-il tandis que la fenêtre arrière du véhicule laisse apparaître le canon d'une arme automatique. Jackson jure dans sa barbe et accélère. La couture de son pantalon craque tandis qu'il dépasse la bagnole et traverse pour rejoindre le trottoir de l'avocate. Les premiers coups de feu ne viennent pas de la pègre mais du vigile tentant de stopper l'avancée des assaillants. La réponse est implacable : une rafale de balles vient teinter de rouge la chemise blanche du gardien. Ce dernier est probablement déjà mort lorsque Mills arrive à la hauteur du reste de la troupe. Sentant le danger sur ses talons, il n'a pour réflexe que de plonger pour plaquer Strange au sol avant qu'une autre rafale ne se fasse entendre. Les projectiles mortels ricochent sur tout ce qu'ils touchent : carrosserie, lampadaires, borne incendie ... et transpercent tout ce qui n'est pas assez solide pour résister : arbres, vitres, Berak. Jax est au sol, allongé sur la jeune femme, faisant barrage de son corps alors que celui du client s'effondre à un mètre à peine du vigil refroidi. Loin, comme dans une autre réalité, un autre monde, le bruit d'un crissement de pneus laisse l'agent présager le pire : ces connards font demi-tour pour un deuxième round !
Mills passe en pilote automatique : il roule sur le côté, ramasse l'arme du vigile et se place au milieu de la route, ventre à terre. D'ici, il se sait hors de portée du canon arrière et tente le tout pour le tout : il vide son chargeur dans le pare-brise, côté conducteur.
Laissons le destin faire son œuvre a écrit:
WIN : Nice shot ! La voiture zigzague et finit sa course dans un coin de mur. Les voyous présents dans le véhicule sont inconscients, le conducteur est touché. La police se chargera d'extraire les attaquants et de les mettre face à leurs responsabilités.
SO CLOSE : Le conducteur esquive, la voiture fait une embardée, manque d'écraser Mills et prend la fuite, laissant derrière elle un macadam couvert de sang et de douilles encore fumantes ...
LOSE : Le chargeur ne contenait plus d'une seule balle. Pas assez pour dissuader les gangsters de charger. Ces derniers canardent à nouveau, ratant Jackson et Gabrielle mais raflant au passage l'associé qui avait entreprit de fuir. Mourir d'une balle dans le dos, y'à rien de pire ...
Spoiler:
Aucun soucis
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Dernière édition par Jackson Mills le Mer 9 Mar 2022 - 1:46, édité 2 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
22 juillet 2020.Un an de travail acharné, un an de nuit blanche à chercher la moindre faille dans ce dossier en béton pour parvenir à faire blanchir le nom de Berak. Des mois durant où Gabrielle n’a fait que vivre pour ce cas qu’elle a pris à cœur. Très à cœur. Non pas uniquement pour Jayden, mais surtout pour cette famille qui s’est trouvé au milieu de cette histoire stupide de rivalité entre gangs. Une famille entière décimée qui laisse un entourage meurtri, en quête de justice : celle de voir le ou les coupables derrière les barreaux. Et dès l’instant où on lui a présenté l’affaire, dès l’instant où elle a choisi de défendre Berak, elle a fait une promesse aux proches des victimes : elle ne lâchera pas l’affaire tant que les vrais coupables ne seraient pas mis derrière les barreaux. Tant pis pour les heures de sommeil en moins, tant pis pour les quelques risques qu’elle a pu prendre, tant pis pour les menaces qu’elle a pu recevoir, la dernière datant de la veille. Rien ne l’a faite flancher et baisser les bras. Et elle a eu raison de tenir bon quand son acharnement a finalement payé. Scott est derrière les barreaux, d’autres tomberont sûrement après lui parce qu’il n’est pas le seul à avoir orchestrer ce massacre et elle se sent soulagée et allégée d’un poids immense. Alors, en sortant de ce tribunal par la porte arrière, afin d’éviter d’ameuter trop de monde et surtout de ne pas donner l’opportunité à d’éventuels revanchards de s’acharner sur eux, Gabrielle se sent tout aussi libre que Jayden. Elle s’est promis qu’après ce procès, elle s’autoriserait une bonne semaine de congé, loin de tout ce remue-ménage, de cette agitation bien trop grande qu’elle vit au quotidien depuis un an. Quelques jours pour se ressourcer, se reposer et peut-être aussi se récompenser de cette victoire.
Jackson et Gabrielle échangent quelques derniers mots, ce dernier l’invitant à le contacter si jamais elle venait à trouver le chemin de son pays natal, l’Australie. Elle acquiesce alors, lui propose d’en faire de même si jamais ses pieds venaient à fouler à nouveau les terres californiennes. Désormais seule avec son associé, Jayden et un agent de sécurité, Gabrielle dépose sa petite sacoche dans le coffre avant de se diriger vers l’arrière du véhicule pour prendre la direction du poste de police le plus proche afin de procéder à tout un tas de paperasses administratives relatives à la libération de Jayden. Mais, alors qu’elle s’apprête à ouvrir la portière arrière… « A TERRE ! » L’avocate n’a pas vraiment le temps de comprendre ce qui se passe, de comprendre pourquoi Jackson se met soudainement à crier au loin ces mots. Tout s’enchaîne à vitesse grand V par la suite, des coups de feu retentissant alors, ceux de l’agent de sécurité en premier lieu puis d’autres s’ensuivent plus puissants et rapides. Elle assiste impuissante à la scène, celle où le corps de l’agent tombe de tout son long, son abdomen criblé de balle. Elle reste figée sur place et c’est Jackson qui vient alors à la plaquer à terre pour lui sauver la vie et lui éviter ainsi de se retrouver dans le même état que l’agent. Gabrielle laisse sûrement échapper quelques cris sous les nombreux coups de balles qui retentissent et ricochent sur tout ce qui les entoure. La pluie de balles semble s’estomper mais il semblerait que les malfrats n’ont pas dit leur dernier mot. Jackson l’abandonne alors pour aller récupérer l’arme du vigil, et tire sur la voiture. C’est à cet instant que Gabrielle se rend compte que Berak gît au sol et la scène lui font monter les larmes aux yeux. Elle craint à cet instant pour sa sécurité et sent une certaine culpabilité quand elle a l’impression d’être à l’origine de ce qui se passe… Mais rapidement, son regard vient à trouver Jackson, qui semble avoir viser la voiture avec précision puisque celle-ci finit sa course dans un mur un peu plus loin. La jeune femme tente alors de reprendre son souffle, restant encore quelques secondes au sol avant d’être rejoint par Jackson et se relève. Elle est abasourdi, pose son bras sur son associé qui lui demande comment elle va « Je vais… je vais… bien » bien est un bien grand mot quand elle voit les deux corps sans vie non loin d’eux. « Jackson… merci. Merci infiniment. Je… » Elle ne peut imaginer ce qu’il en serait de son cas s’il ne l’avait pas plaqué au sol à son tour. Gabrielle essuie les quelques larmes qui ont perlé sur ses joues, tente de se ressaisir alors que des policiers viennent vers eux et leur demande de monter immédiatement avec eux et de quitter les lieux.
***
La culpabilité est grande alors que Gabrielle se trouve dans ce bureau au commissariat du coin avec Jackson et son associé. Ce dernier est d’ailleurs parti leur chercher un café à chacun, laissant ainsi l’avocate seule avec l’agent. Ses coudes posaient sur la table, ses deux mains maintenant le haut de sa tête, elle ne peut s’empêcher de revoir encore et encore les images de la scène qui s’est déroulée sous ses yeux quelques minutes plus tôt « On le savait… on le savait que ça pouvait arriver. On aurait dû être plus prudent … Cet agent n’aurait jamais dû être tout seul pour assurer notre sécurité, encore un dommage collatéral de plus pour une putain histoire de gangs » Elle se redresse, s’adosse contre le dossier de la chaise et laisse échapper un soupir « J’ai reçu aussi des menaces… Et… voici la dernière » dit-t-elle alors en sortant de sa sacoche la dernière lettre reçue où il pourra y lire les mots suivants : Si Berak est blanchi, il finira six pieds sous terre et ton sort sera le même, on ne te lâchera pas.
A peine plus aimable qu'une porte de prison, l'expression faciale de Jackson ne varie plus vraiment. Depuis qu'ils sont sortis de la voiture de police et qu'on les a placés là, dans l'attente de leur témoignage, Mills n'a articulé que deux mots. '' Non '', il n'est pas blessé et n'a pas besoin de voir un médecin. '' Oui '', il prendra volontiers un café. Assis en équilibre sur les pattes arrières de sa chaise, l'agent attend et ferme sa gueule à défaut de taper un sandale. Les flics américains, ça se vexe si facilement qu'on aurait vite fait de le foutre en cage pour outrage s'il laissait le fond de sa pensée s'exprimer. Pourtant, lorsque Gabrielle pointe du doigt l'évidence, Mills ne peut s'empêcher de grogner. « J'peux pas croire qu'ils n'avaient pas sécurisé le bloc. » Barrages de police, contrôles d'identité préventifs, patrouilles mobiles, périmètre de sécurité. La base, le B.A-BA, le minimum vital quand il est question d'anti gang et de procès de la décennie. Exaspéré, l'australien laisse bruyamment retomber les pieds de sa chaise contre le carrelage du bureau. Son corps, encore bourré d'adrénaline, crie bagarre. Il a bien failli rentrer chez lui entre quatre planches aujourd'hui et ne supporte pas l'idée que deux hommes soient morts à cause de la négligence de plusieurs autres. Comment cette bagnole a-t-elle pu rester en embuscade si proche de la sortie du tribunal ? A croire qu'on ne s'est pas donné tant de mal que ça pour éviter que Berak ne se fasse plomber juste après avoir été innocenté. Non pas que Jackson déplore la perte, mais quand même !
« J’ai reçu aussi des menaces… Et… voici la dernière » Écarquillant les yeux, Jax s'empare du papier. La lecture du message lui arrache un froncement de sourcils. « Tu déconnes ! » Accuse-t-il, peut-être un peu trop familièrement, avant de se reprendre. A son tour de soupirer en se passant une main sur le visage. Désagréable et incisive, la voix du reproche raisonne dans sa tête. Mills serre les dents, conscient que verbaliser tout ce qui n'a pas été fait concernant la sécurité - montrer ce mot aux autorités avant l'audience afin de pousser pour que des renforts soient positionnés à la sortie, par exemple - ne réécrira pas l'histoire : le mal est fait. « Qu'est-ce que tu vas faire ? » Si le ton n'a plus rien d'agressif, le tutoiement reste. A peine vingt minutes plus tôt, Gabrielle et lui partageaient leurs souffles saccadés dans un corps à corps à même le bitume ; Jax ne peut se résoudre à la vouvoyer. Son regard se plante dans celui de la jeune femme.
Il sait. Le jusqu'au-boutisme des gangs. La peur de se sentir traqué. L'impossibilité de dormir sur ses deux oreilles. Les coups de pressions destinés à rendre paranoïaque. Le doute face aux détails anodins et aux ombres qui se dessinent dans les rétroviseurs ... En sa qualité d'agent, Mills regarde Strange non pas comme une victime, mais comme une proie et quelque chose lui dit que les Marshall de ce pays, s'ils sont aussi doués que les flics assurant la sécurité des organes de l'État, ne lui seront pas d'un grand secours.
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Dernière édition par Jackson Mills le Lun 4 Avr 2022 - 4:17, édité 2 fois
22 juillet 2020.« J'peux pas croire qu'ils n'avaient pas sécurisé le bloc. » Elle est abasourdie encore Gabrielle, elle peine à prendre réellement conscience de ce qui vient de se passer. Tout a été beaucoup trop vite, cette sortie par l’arrière du tribunal, cette précipitation à devoir entrer dans le véhicule et pourtant un temps trop lent qui a permis aux assaillants de les prendre au piège. Elle n’arrive pas à se dire que celui pour qui elle a mené une bataille acharnée pendant plus d’un an n’est plus là, son corps emmené très rapidement après l’attaque à la morgue où une autopsie allait être réalisée pour récolter les preuves des balles et voir combien l’ont touché et à quel endroit précis. Mais on n’en a plus rien à faire en réalité de tous ces détails. Jayden est mort. Il n’est plus là, rien de tout cela n’y changera grand-chose et l’analyse des balles n’a aucun intérêt quand on sait très bien qui est derrière tout ça. Le gang rival a vu un des leurs se faire incarcérer, Berak libéré, il ne leur en a pas fallu davantage pour décider de se venger. Gabrielle fixe un point devant elle dans le vide et dire que son estomac n’est pas tout retourné serait mentir. Ils pourront blâmer les forces de l’ordre de ne pas avoir mis tout en place pour les protéger, cela ne changera rien. Peut-être que l’affaire n’était pas suffisamment importante face à une autre qui avait lieu au même moment dans un autre tribunal de la ville ou peut-être qu’ils estimaient que la vie de Jayden ne tenait que par un fil et qu’il meurt devant ce tribunal ou dans quelques jours dans une rue malfamée de la ville ne faisait pas grande différence. Ça la désole, elle aussi a envie de crier son désarroi, sa colère mais elle garde tout pour elle, encore bien trop dans le brouillard suite à cet épisode malheureux.
Après un long moment de silence, elle reprend la parole pour parler à Jackson des menaces qu’elle a reçu, une de plus, sortant la dernière en date pour qu’il puisse la lire par lui-même. « Tu déconnes ! » Gabrielle aimerait, mais c’est véridique, comme toutes les précédentes qu’elle a déjà transmise à la police et dont les copies trônent sur son bureau de son cabinet, et dans les preuves aussi accablant le gang adverse et dont elle aurait été capable de se servir aujourd’hui si le procès n’avait pas été gagné d’avance. « Qu'est-ce que tu vas faire ? » C’est une bonne question à vrai dire. Parce qu’elle n’en sait rien et ne s’était pas posée la question… jusqu’à maintenant « Je ne sais pas, Jackson nouveau soupir de désolation « Jusqu’à maintenant, je ne me suis pas attardée sur ces menaces, sur leur sérieux… du moins, envers ma personne. Mais après ce qui vient de se passer… une pause nécessaire alors qu’elle ferme doucement les yeux, un énième soupir passant la barrière de ses lèvres, ses mains attrapant la première chose qu’elle trouve sur ce bureau, venant à le triturer dans tous les sens tout en poursuivant ils ont fait demi-tour exprès. Exprès pour me viser, moi, car Jayden était déjà… au sol son regard se relève alors vers Jackson, comme cherchant confirmation dans ses yeux « Si tu n’avais pas été là… Merci encore Jackson » dit-t-elle sincèrement de cette voix plus que préoccupé « Qu’est-ce que je suis supposée faire d’après toi ? » Elle ne doute pas que le détective qui va revenir d’un instant à l’autre dans la pièce aura aussi sa solution à lui proposer mais il semblerait qu’elle est besoin d’entendre l’opinion de Mills à ce sujet d’abord.
« Mais après ce qui vient de se passer … » Jackson observe Gabrielle. Il se demande si l'avocate a tiré les mêmes conclusions que lui de cette fusillade, si la gestion de son état de choc personnel lui permet de faire des déductions ou si elle n'a pas encore les idées suffisamment claires. « ... Exprès pour me viser, moi, car Jayden était déjà… au sol. » Exact. Mills approuve d'un signe de tête silencieux. Il apprécie la lucidité dont fait preuve la jeune femme malgré l'adrénaline sous l'influence de laquelle leurs cerveaux réfléchissent. Ils sont vraiment passé à un rien de la mort ... « Si tu n’avais pas été là … Merci encore Jackson. » Jax tend le poing fermé en direction de Strange, attendant d'elle qu'elle y tape le sien. Checker une victoire : une habitude juvénile qu'il a gardé à travers les années. « Qu’est-ce que je suis supposée faire d’après toi ? » Mills inspire profondément, basculant la tête en arrière comme pour mieux s'oxygéner l'esprit. Le regard tourné vers le plafond et les mains derrière la tête, il réfléchit.
« Fuis. » La réponse est primitive, technique, rodée par des années d'expérience de terrain le rendant beaucoup trop militaire dans ses propos. « J'veux dire, prends des vacances. » Mills revient face à l'avocate, le buste penché par dessus la table et le regard posé sur le crayon que Gabrielle tourne dans tous les sens depuis plusieurs secondes déjà. « T'as de la famille ailleurs qu'aux States ? »
Une sœur, un cousin, une tante ... n'importe qui capable de lui ouvrir sa porte à défaut de la laisser rentrer chez elle et d'être retrouvée morte demain matin. Si le gang décide de vraiment se donner les moyens d'en finir vite avec cette vengeance, sortir du commissariat et retourner à son domicile sera aussi dangereux que de sortir du tribunal. Gabrielle a besoin de quitter le territoire et vite. Les gangs étant territoriaux, la distance est une arme préventive efficace de protection de témoin ; elle a le mérite de faire chuter les probabilités de croiser le prédateur.
22 juillet 2020.Gabrielle ne peut que remercier Jackson d’avoir été là pour la protéger. Il a eu cet instinct plutôt impressionnant de vite réagir, ce qui n’a pas été le cas du défunt agent de sécurité ou des forces de l’ordre absente à la sortie arrière du tribunal, sortie qui était supposée être plus sécurisée. Parce que c’est ce que lui a glissé ce policier dans l’oreille avant de sortir de la salle d’audience, que la sortie se faisait par l’arrière de un pour éviter les journalistes et de deux – et surtout – pour éviter un quelconque risque car ils étaient conscients des représailles qui attendaient Jayden… et Gabrielle du fait de l’issue du procès. Pourtant, cela n’avait rien empêché du tout, au contraire, le pire était arrivé, même si la jeune femme s’estimait heureuse d’être, elle, en vie et d’avoir été épargné. Epargné encore une fois, grâce à Jackson et lorsque celui-ci vient à lui tendre son poing pour qu’elle vienne y taper le sien en retour, elle le fait, un mince sourire se dessinant sur ses lèvres avant de vite retomber.
Elle ne sait pas ce qu’elle est supposée faire. Parce que les menaces sont réelles, présentes, et même si les deux assaillants ont été arrêtés, il y en a toujours d’autres dehors, prêt à passer à l’acte pour l’éliminer définitivement et la faire disparaitre comme Jayden. Gabrielle ne montre rien, pourtant, l’angoisse commence peu à peu à la saisir malgré tout. Elle sait garder son sang-froid, il en faut beaucoup pour l’impressionner ou l’effrayer mais à cet instant, c’est bien la peur qui se saisit d’elle. Le procès est terminé, cet horrible accident a eu lieu et elle se retrouve devant le fait accompli, n’ayant plus d’autres choix que réellement se pencher sur la question : sa propre sécurité. « Fuis. » Ce stylo qui vagabondait d’une main à l’autre depuis plusieurs minutes cessent tout mouvement parce que l’avocate est surprise par la solution – radicale – exposée par l’agent Mills. « J'veux dire, prends des vacances. » Elle reste silencieuse, le fixant du regard alors qu’il se mouve pour se pencher au-dessus de la table « T'as de la famille ailleurs qu'aux States ? » Un silence de quelques secondes plane dans l’étroite pièce d’interrogatoire parce que l’avocate réfléchit à la réponse à apporter à cette question « Et bien… j’ai mes frères en Australie… à Brisbane » mais ce n'est pas aussi simple que ça et elle ne se voit pas quitter Los Angeles, encore moins aller toquer à la porte de ses frères qui ont bien trop de secrets à son encontre, et qui sont bien trop distant avec elle depuis des années « Je n’ai pas envie de fuir, Jackson. Il doit y avoir une autre solution » Non, il n’y en aura aucune mais, ça, elle n’en a pas conscience. Encore.
D’ailleurs, voilà qu’un inspecteur débarque dans la pièce et vient s’assoir auprès d’eux. Son air désolé et fermé n’annonce rien de bon et Gabrielle n’aime pas ce qu’elle entend dans son discours « Protection des témoins » mais elle ne rentre pas réellement dans les clous pour en faire partie et ça l’arrange, parce qu’elle n’est toujours pas résigné à fuir « Il le faut, Gabrielle. C’est l’unique solution. Ce ne sera peut-être que provisoire. Mais pour le moment, votre unique solution est de partir de Los Angeles. Et le plus tôt sera le mieux » L’agent lui dépeint un tableau des heures à venir, celui où elle sera escortée jusqu’à chez elle ce soir, qu’une patrouille sera mis à sa disposition le temps qu’elle rassemble ses affaires et qu’elle parte d’ici quarante-huit heures, grand maximum. C’est le délai qu’elle parvient à négocier « Je n’ai pas d’autres choix, n’est-ce pas ? » finit-t-elle par demander, résignée. Son regard trouve celui de Jackson, comme si elle cherchait un contre argument en sa personne, mais elle sait qu’il partage le même avis que l’agent et qu’elle n’a plus d’autres choix qu’effectivement quitter Los Angeles pour de bon.