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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

Elle se sent affreusement petite et pas tellement à sa place devant l’entrée du Casino. La dernière fois qu’elle s’est trouvée là, Spencer rôdait juste dans le coin, en quête de la moindre information susceptible de lui en apprendre plus sur sa demi-sœur. Bien moins discrète qu’escompté, c’est Callum qui lui était tombé dessus et tout s’était enchaîné très vite après ça. Trop vite à son goût. Et pourtant, la voilà à nouveau ici, en train de peser le pour et le contre. Entrer ici, c’est sans doute la meilleure décision qu’elle puisse prendre. Ou peut-être qu’encore une fois, elle se fait des idées et que, comme d’habitude, elle va juste tout faire foirer. Encore faut-il qu’elle se lance. Elle inspire, expire, secoue la tête et se ravise presque. Au pire, qu’est-ce qu’un échec supplémentaire ?  Elle est habituée à décevoir, elle peut encaisser.

Cette fois, elle franchit la porte sans se faire traîner de force par le vigile. Cette fois, elle a bien meilleure allure et c’est de son propre chef. Elle a enfilé une tenue qu’on pourrait qualifier d’adaptée à un entretien d’embauche, elle n’est pas complètement défoncée ou dans un état de manque trop flagrant. Faut croire qu'avoir un toit au-dessus de la tête ça aide vachement, l'air de rien. Mais il ne faut pas qu'elle s'y habitue trop, après tout ce n'est qu'une solution temporaire jusqu'à ce qu'elle réussisse à faire quelque chose de ses dix doigts. Le problème majeur n'étant pas tant de gagner de l'argent (ça, elle s'est toujours à peu près débrouillée), mais plutôt de le garder. Ou du moins de le dépenser dans les bonnes choses. Aujourd'hui, elle se voit offrir une opportunité en or. Et pour la saisir, il lui suffit d'aller à la rencontre de l'hôtesse et de se présenter avec un sourire. Facile. Blackwell ajuste sa veste et se fait violence avant de s’approcher d’un pas décidé. Elle veut s’en sortir, essayer de mieux faire, et c’est  maintenant ou jamais. Enfin, ce n’est qu’une étape parmi tant d’autres, mais toutes choses considérées, c’est déjà un grand pas en avant. Il va falloir faire des concessions, prendre sur soi et surtout aller voir les bonnes personnes pour l’aider avec son petit soucis d’addiction. Trois fois rien, vraiment.

« Hm… Bonjour, on m’a dit que je pouvais passer pour un entretien. » l’hôtesse arque un sourcil avant de relever les yeux vers Spencer, prenant un instant pour la détailler de tête aux pieds. Est-ce que l’employée a assisté à la scène de la dernière fois et qu’elle reconnaît la personne en face ? Possible. Pas vraiment souhaitable, mais possible. « Vous avez rendez-vous ? » demande-t-elle après un court instant. Spencer pince les lèvres et secoue légèrement la tête. Non. C’est vrai qu’elle aurait probablement dû appeler avant, personne ne se présente comme ça et réclame une entrevue pour un boulot. « Non. Techniquement, c’est heu… déjà vu avec la responsable ? » bah voyons. Elle n'a pas l’air convaincue, Hannah la standardiste. Pas étonnant, c’est sans doute pas tous les jours que quelqu’un vient se planter devant elle en prétendant avoir droit à un foutu entretien d’embauche. Elle a sûrement bien envie de lui dire d’aller voir ailleurs, et qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec des plaisanteries débiles. Mais, professionnelle et avenante, Hannah se contente de pincer les lèvres. « Vous avez un nom ? » la blonde réprime un soupir et acquiesce. « Blackwell. Spencer. » et elle a l’air encore plus confuse, Hannah. Néanmoins, elle finit par acquiescer et faire un bref signe de main avant de décrocher le téléphone du standard, contactant visiblement la personne en charge de tout ça. Spencer souffle et s’éloigne d’un pas, devant prendre son mal en patience. Elle n’entend pas ce que l’hôtesse raconte, mais elle ne manque pas les regards qui lui sont lancés de temps à autre alors qu’elle fait de son mieux pour ne pas parler trop fort. Bras croisés, Spencer observe les alentours en silence. L’autre finit par raccrocher et lui adresse un nouveau signe de main qu’elle ne comprend pas tout à fait. Est-ce que quelqu’un va la recevoir malgré son passage à l’improviste ou est-ce qu’elle est bonne pour repasser une autre fois ? Vu la personne qu’elle aperçoit en train d’approcher, elle est sur le point d’avoir sa réponse. Elle a assez fixé la foutue photo de l’article pour n’avoir aucun mal à le reconnaître, le compagnon de Raelyn. Inconsciemment, la jeune femme se tend en l’observant. C'est lui que l'hôtesse a appelé ou elle va avoir affaire à quelqu'un d'autre ?

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Il était question qu’elle se présente au casino pour que je lui trouve un job. Raelyn m’a également demandé de profiter de cet entretien pour tirer mes propres conclusions au sujet de sa “petite soeur” et de partager avec elle mes impressions. J’ai acquiescé sans me forcer. Ma curiosité est à son comble concernant cette petite blonde qui tourne à la même substance que ma gosse. Que veut-elle de ma compagne ? Est-il raisonnable d’envisager qu’elle est simplement paumée et qu’elle a débarqué par hasard faute de mieux ? Etait-ce naïf de ma part de prêter à la prétendue Blackwell, deuxième du nom, une volonté inconsciente de s’extirper du merdier dans lequel elle est tombée ? Dois-je chasser ces justifications de mon esprit étant donné qu’elle ne se pointe pas, la gamine ? Rae lui offre une opportunité en or sur un plateau façonné dans le même métal précieux et qu’en fait-elle ? Rien ! Elle ne se présente pas à l’accueil pour réclamer son dû, l’enjeu d’une promesse sincère de la part d’une femme qui n’a, généralement, aucune empathie son prochain mis à part moi. A mon sens, elle crache dans la main que l’on lui tend sans omettre de ponctuer son irrespect d’un clin d’oeil aussi malicieux que le Diable lui-même. Autant dire qu’en plus d’être surpris que l’on m’interrompe dans mes comptes pour m’annoncer cette visite inespérée, je ne suis pas aussi disposé à la recevoir avec le sourire que la semaine précédente. Qu’est-ce qui l’a retenue, Spencer ? Des descentes à n’en plus finir avec les murs de mon studio pour témoin ? Qu’a-t-elle d’autres à foutre de sa vie que de s’injecter du poison dans les veines ? «J’arrive.» ai-je lancé à la réceptionniste avec humeur, raccrochant sans grande délicatesse et peu pressé de sortir de mon bureau. Qu’elle attende seulement, qu’elle patiente au même titre que les protagonistes de mon couple. Je ne prétendrais pas que Rae m’a questionné tous les jours, mais je suis persuadé qu’elle s’est retenue grâce à sa confiance en moi et non par manque d’inquiétude. Aussi ai-je achevé mes derniers calculs comptables avant de renfiler ma veste de costume - Rae insiste pour que j’en porte au casino : je ne la contrarie pas - et enfin rejoindre Spencer. «Je crois que je ne m’attendais plus à ce que tu viennes…Trop occupée ?» ai-je demandé en tendant la main dans sa direction. Le but n’est pas de la froisser et moins encore de la pousser à fuir. A ce stade, j’ignore dans quelle mesure elle a réussi à impacter ma compagne émotionnellement parlant. Je ne veux pas être à l’origine d’un accroc. Ceci étant dit, je n’ai pas l’intention d’emballer pour la toxicomane un joli cadeau dans un papier rose. Pour obtenir quelque chose de moi, il est question qu’elle prouve d’un minimum de solidité mentale et d’intentions louables. «Amos.» me suis-je présenté le bras toujours dans sa direction pour une poignée de main polie. «Suis-moi. On va se trouver un endroit plus à l’écart…» Pas seul ! Dieu seul sait ce qu’elle a de la tête et de quoi serait capable cette inconnue. « Alors, dis-moi… que puis-je faire pour toi ? » L’interrogation est vague tandis que je l’observe d’un regard inquisiteur. Je suis convaincu qu’une part d’elle est perplexe, presque dubitative, assez pour attraper ses jambes à son cou. Dès lors, je corrige de crainte d’être incapabe de mettre le curseur sur le “trop” de froideur ou le “pas assez” de bienséance. J’appelle donc un serveur qui m’apportera un jus de fruit et qui lui servira ce qui lui conviendra à cette gamine que je hèle d’une précision. «Un job. Je sais et ce sera avec plaisir, mais qu’est-ce que tu sais faire ?» A quoi tient-elle, ton expérience, Blackwell ? As-tu servi dans un bar au préalable ? Combien de patrons as-tu volé pour t’acheter une dose d’héroïne ? Quelles sont tes limites ? A quoi as-tu occupé ta vie avant de débarquer dans la mienne ? «Tu as bien des compétences. Tu as traîné tes bottes jusqu’ici comment ? » Avec quel argent et comment l’as-tu gagné ? « Serveuse ? Informatique peut-être ? » Je n’exclus pas les prémices d’un cursus intéressant qu’elle aurait abandonné faute à ses travers. Je t’écoute.. à toi de jouer !!! ai-je aussitôt pensé sans la perdre des yeux.

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Il lui avait fallu un moment avant de se décider à venir. La jeune femme avait retourné la question dans tous les sens, et à peser le pour et le contre. En toute honnêteté, la balance penchait très clairement du côté positif de la chose, mais sa méfiance naturelle avait tendance à prendre le dessus. Adepte des mauvaises décisions, pour une fois il fallait pourtant prendre la bonne. Elle avait besoin de ce job, et plus particulièrement de l’argent qui était à la clé. « Je crois que je ne m’attendais plus à ce que tu viennes…Trop occupée ? » elle affiche un sourire un peu crispé en ravalant un commentaire acerbe. « J’avais quelques… Hm… Des affaires à régler… » qu’elle se contente de dire, évasive au possible. « Désolée. » elle s’excuse en se grattant la nuque. La nature des fameuses affaires en revanche, elle les gardera sous silence. La jeune femme n’a pas besoin que tout le monde sache ce qu’elle fait sur son temps libre, encore moins son éventuel futur patron slash demi-beau-frère. La blonde ne doute pas que Raelyn lui a parlé d’elle, reste à savoir à quel point il est déjà renseigné. Le moins il en sait, le mieux c’est. « Amos. » « Spencer. » qu’elle se présente en retour, lui serrant la main pour sceller cette introduction. « Suis-moi. On va se trouver un endroit plus à l’écart… » elle acquiesce doucement et suit le mouvement, docile au possible. Elle s’efforce de garder les épaules et la tête droite, soigner sa posture c’est important dans ce genre de moments. Nerveusement, elle continue à jeter des regards méfiants aux alentours. (On ne peut pas vraiment dire qu’elle soit très à l’aise, non.) « Alors, dis-moi… que puis-je faire pour toi ? » toute son attention se tourne vers Amos tandis qu’elle tord ses doigts dans l’unique but d’apaiser son esprit trop bruyant. « Hé bien hm… » pas vraiment loquace dans une situation comme ça, hein Spencer ? C’est qu’il est sacrément impressionnant dans sa façon de se mouvoir, Amos. Bien plus grand qu’elle, Spencer se demande s’il est aussi abrupt que Raelyn. A première vue, il a l’air un poil sévère et si elle est tout à fait honnête, elle n’aime pas trop ça. Mais ça doit être normal, dans ce milieu. Amos interpelle un serveur qui lui apporte une boisson. D’un bref geste de main accompagné d’un semi-sourire poli, elle décline à prendre quoi que ce soit. A peine a-t-elle le temps de formuler une phrase correcte dans sa tête que déjà le gérant reprend. « Un job. Je sais et ce sera avec plaisir, mais qu’est-ce que tu sais faire ? » plein de choses en vérité, le tout c’est de vouloir s’y mettre et surtout, de s’y tenir. Un peu surprise par sa réponse, elle se retrouve prise au dépourvu. « Tu as bien des compétences. Tu as traîné tes bottes jusqu’ici comment ? » en faisant au mieux. En essayant de pas crever et en tentant d’éviter les mauvaises rencontres. Pas toujours très efficace, elle s’est pas fait que des amis là-dehors. Elle doit de l’argent à plein de mauvaises personnes et c’est clairement pas voué à s’arranger tout de suite. « Serveuse ? Informatique peut-être ? » un peu malgré elle, la blonde souffle un rire en secouant négativement la tête. « Ah non, je suis pas très gadget. » preuve en est que son téléphone est vieux comme le monde, et elle ne s’encombre de toute façon pas de choses comme un ordinateur ou quoi que ce soit d’électronique. C’est trop dangereux d’avoir ce genre d’objets, quand on vit dans la rue. « Mais j’ai déjà bossé dans un fast-food. Je faisais le service et la cuisine, des fois. La plonge, aussi. » le tout étant bien évidemment sous-payé et avec des horaires pas super légaux. « Et heu… Dans une épicerie. Stocks, mise en rayon… » elle énumère un peu le genre de petits jobs peu gratifiants qu’elle a pu faire. « J’ai été serveuse dans un bar du centre-ville. » et c’était sans doute le pire bar de tous. Les boss comme les clients en avaient rien à foutre des employés. « Pas vraiment la même clientèle qu’ici. » et surtout, ça fait un moment qu’elle n’a pas eu un vrai job. Dépanner une connaissance le temps d’une journée ou deux, ça compte pas vraiment. Le fruit de ses petits larcins récupérés dans les poches des passants non plus d’ailleurs. « J’me suis toujours débrouillée pour avoir le nécessaire. Le reste… » elle hausse les épaules en posant son regard ailleurs, pas vraiment encline à entrer dans les détails de tout ce qu’elle a pu faire pour “traîner ses bottes jusqu’ici”. Trop de saloperies dont elle est pas fière et qu’elle se gardera bien de partager avec qui que ce soit. « Vous faites souvent ça ? » qu’elle demande alors, enchaînant avant qu’il ne puisse demander des précisions. « Donner une chance à des gens comme moi, je veux dire. » qu’elle précise histoire d'éclaircir sa pensée.

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pioche que cette remarque. Le sourire de Spencer ressemble à celui d’une poupée de film d’horreur. Il pourrait être beau pourtant. Or, j’ai été à deux doigts de la braquer puisqu’on ne demande pas à une toxicomane ce qui la retenue loin du droit chemin. On le sait. On ne le devine pas, on en nourrit la certitude et c’est d’autant plus facile pour moi suis un addict notoire. Ma drogue à moi ? L’alcool, cette merde en vente libre, procurable partout et à des prix raisonnables selon nos goûts et en avons-nous encore lorsque la boisson est une néssité ? Sommes-nous capable de distinguer la serviette du bon whisky et le torchon qu’est la gnôle bon marché  ? D’emblée, considérant que la gosse n’est pas soupe au lait - bon point - et qu’elle a les reins assez solides pour assumer un sacarsme ou ce qui y ressemble, je l’invite à ne pas tenir compte de mon indélicatesse à l’aide d’un sourire que j’espère assumé et rassuré. Je le maintiens jusqu’à ce que nous arrivions dans l’un de ses salons où nous rejoints rapidement le serveur. Je commande un verre d’eau, faute à ma tournée minérale et Blackwell refuse de quoi la mettre à l’aise. Une tasse de café lui aurait permis de se cacher derrière la tasse. Elle en aura bien besoin : je n’aurais pas à subir l’insistance de ses oeillades suspicieuses autour d’elle et elle pourrait préserver sa fierté de l’aveu de son malaise. Qu’à cela ne tienne, j’entre dans le vif du sujet. Je tranche dans la chair que ni elle ni moi ne perdions notre temps. Plus tard, peut-être, je l’interrogerais sur ce qu’elle attend de ma future épouse. En attendant, auss pour ne pas la braquer, je me concentre sur l’unique raison de son déplacement. Nul doute qu’elle aura muselé sa fierté pour pousser les portes battantes du casino et se présenter à la réceptionniste. N’est-il pas tant de faire un pas dans sa direction ? D’avoir l’air un poil moins froid ? Pour ce faire, je l’aide à délier sa langue à l’aide d’hypothèse qu’elle détrompe. Elle décline les compétences qui paraîtrait sur son CV et si je m’étais juré de ne pas tomber dans le jeu malsain du cliché, je me fais la réflexion qu’elles sont téléphonée. «Je vois…» Servir dans un bar, la plonge, manutention. Rien de tout cela ne  m’enchante réellement puisque mon but est de la tenir éloignée d’une source financière. «Et combien de fois tu as été virée pour avoir piqué dans la caisse ? » me suis-je enquis, sans trace de jugement. «Honnêtement. Ce ne sera pas une raison pour moi de ne pas t’engager, juste un façon de savoir dans quel activité je vais pouvoir te mettre en sécurité.» Voler, c’est risqué le licenciement. Voler, c’est aussi s’en foutre pleins les veines. N’est-ce pas tout ce que Rae cherche à éviter pour sa petite soeur ? «Je n’ai pas envie de te mettre à la plonge. C’est ingrat et ça paie mal. Quelque chose me dit que tu vaux mieux que ça. Serveuse peut-être. Tu prends les commandes, tu les transmets au chef de salle. Tu n’encaisses rien par toi-même. Toutes les transactions seront virtuelles pour toi. Tu auras accès à un pourboire, comme tout le monde, mais selon les règles qui ont été mis en place.» Non par moi, mais par mon responsable de salle. «C’est faisaible pour toi ? » Comprends-tu mes précautions ? A mon sens, la conversation aurait pu se clôturé là, sur l’instant, mais elle me surprend d’une question somme toute légitime cependant : sommes-nous de bons samaritains ? Pour peu, je serais pris d’un fou-rire que je réprime avec difficulté. Il n’est qu’un rire tandis que je renverse la tête sur le dossier de mon siège. «Raelyn, certainement pas. Elle n’est un maître en matière d’empathie. Il y a quelque chose chez toi qui lui plaît bien et crois-moi, c’est une bonne raison pour ne pas la décevoir si tu ne veux pas qu’elle fasse de ta vie un enfer. Quant à moi, j’ai perdu foi en l’Homme il y a longtemps. J’ai découvert aussi que c’était difficile, voire impossible, d’aider quelqu’un qui/ ne le veut pas. Alors, j’évite de tendre trop souvent la main.» Pourtant, Stacey est la preuve même que je suis prêt à venir en aide en mon prochain.. mais plus gratuitement. «Tu as envie d’être aidée, SPencer ? Tu as envie de t’en sortir du plus profond de tes tripes ou tu essaies de t’en convaincre ? »

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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

La blonde fait de son mieux pour garder la tête sur les épaules. Des entretiens d’embauches, elle en a passé plein. Rares sont ceux qui se sont réellement bien passés et encore plus rares sont ceux qui ont bien voulu lui filer un job. Y a que ceux qui n’étaient pas tellement regardant sur leurs employés et qui n’hésitaient pas à les payer au noir ou à abuser des heures supplémentaires. Y a aussi ceux qui attendaient plus et qui voyaient une gamine désespérée de mettre quelque chose dans son assiette, assumant forcément qu’elle serait prête à passer à la casserole pour un billet supplémentaire. Mais cette fois c’est différent. Cette fois, elle a l’impression qu’elle a quelque chose à prouver et que ça peut vraiment donner quelque chose. Elle vend ses maigres compétences, ne surprenant sans doute pas Amos avec ce qu’elle sait faire. « Et combien de fois tu as été virée pour avoir piqué dans la caisse ? » la grimace qui suit est difficile à masquer. Dans d’autres circonstances, elle en aurait sans doute rit. Il a l’air d’en savoir assez sur elle pour deviner ce genre d’évidence. Spencer prend une note mentale; lui mentir ne servirait vraisemblablement à rien. Les info qu’elle va lui communiquer transiteront sûrement par Raelyn à un moment ou à un autre, l’inverse étant également vraie. « Honnêtement. Ce ne sera pas une raison pour moi de ne pas t’engager, juste un façon de savoir dans quel activité je vais pouvoir te mettre en sécurité. » il a l’air décidé à lui filer un coup de main et elle a du mal à cacher son expression surprise. « Un peu trop de fois. » qu’elle avoue à mi-mots, pas vraiment fière de ces faits d’armes là. S’il est au courant de ses problèmes d’addiction, il doit bien se douter de ce qui risque d’arriver si on lui met du cash sous le nez à longueur de journée. La tentation est grande et, selon les périodes, elle sait d’avance qu’il sera compliqué de garder ses mains dans ses poches. L’appât du gain, la facilité, elle y a déjà trop souvent cédé. Elle n’a pas envie de faire la même erreur ici, pas après qu’on lui ait donné une opportunité pareille. Elle n’ose pas tellement accrocher le regard d’Amos, peu encline à l’idée d’y trouver les habituels jugements dont elle est souvent la cible. Pourtant, dans sa façon de parler, il la met presque en confiance et ça lui fout des angoisses supplémentaires. Tout se passe trop bien et c’est pas normal. Rien de tout ce qui s’est passé depuis qu’elle a rencontré Raelyn ne l’est. Vraiment, toute cette situation la dépasse et la terrifie. Elle attend le moment où elle va devoir donner un truc, celui ou on va lui demander de rembourser une énième dette qu’elle n’aura absolument pas les moyens de couvrir. Le boss expose le projet qu’il a pour elle; serveuse en salle, pas de cash à manipuler sauf si c’est un pourboire. Amos joue la sécurité et elle ne peut clairement pas le blâmer pour ça. Spencer écoute et acquiesce lentement. Le genre de truc qu’elle a déjà fait et qu’elle sait faire. « C’est faisaible pour toi ? » « C’est dans mes cordes, oui. » qu’elle répond sans vraiment hésiter. Ca fait longtemps qu’elle n’a plus fait ce type de job là, mais les habitudes reviendront sans doute assez rapidement une fois qu’elle aura sauté dans le grand bain. Une chose la chagrine en revanche, c’est cette tenue que portent les autres serveurs qu’elle a pu voir. Mais il faudra sans doute s’y faire. « Et c’est sans doute une bonne idée de pas me laisser manipuler de l’argent, aussi. » Toujours un poil méfiante, la jeune femme s’interroge sur le bien fondé de cette chance qui lui est offerte et ça fait visiblement sourire Amos. Elle a du mal à le cerner. Ce qu’il dit de Raelyn ne l’étonne pas tellement. Elle a cette aura un peu glaçante qui la suit, quelque chose d’assez intimidant pour calmer les ardeurs de la petite-soeur. Si pour le moment, l’aînée s’est montrée plutôt patiente et conciliante à son égard, Spence n’a pas mis longtemps à comprendre que ce n’était pas le genre de personne avec qui on déconnait. Tout dans son attitude force le respect. Elle grimace plus qu’elle ne sourit, se mordant l’intérieur de la joue dans une habitude nerveuse. « Tu as envie d’être aidée, Spencer ? Tu as envie de t’en sortir du plus profond de tes tripes ou tu essaies de t’en convaincre ? » lentement, elle reporte son attention sur son peut-être futur boss. Il vise là où c’est compliqué de répondre. Est-ce que c’est un espoir de faire mieux, ou est-ce que c’est par dépit et c’est une phase passagère qui lui passera dès la première difficulté rencontrée ? Elle pince les lèvres et détourne le regard. « Honnêtement… Honnêtement j’en sais rien. » l’aveux n’est sans doute pas la réponse qu’il cherche à entendre. Jusqu’à maintenant, elle s’est surtout laissée entraîner par les événements. Elle a enchaîné les mauvaises décisions, eu des tonnes de regrets et plus d’une fois, elle s’est demandé à quoi bon continuer. A force d’errer sans véritable but, elle s’est perdue un peu plus. « J’ai jamais eu trop de raison de chercher de l’aide. » triste constat pourtant pas tout à fait vrai. Elle en avait bien une, de raison, mais elle a tout fait foirer parce que c’est la seule chose pour laquelle elle soit véritablement douée. Et puis, lorsqu’elle ose enfin regarder de nouveau Amos, l’écho de ce que lui avait dit Raelyn se rappelle à elle. On m’a aidé, qu’elle avait dit. Et jusqu’à maintenant, Spencer restait hermétique à toute tentative parce qu’elle estimait ne rien avoir à gagner. « J’ai envie d’essayer. » elle a envie d’aller mieux. « Je sais juste pas par où commencer. » c’est trop de paramètres qui lui prennent la tête et qui finissent par la submerger jusqu’à ce qu’elle ait l’impression de se noyer. Et quand ça arrive, elle finit par baisser les bras et s’abandonner de nouveau à ses vices. « Raelyn… Elle m’a dit vous l’aviez aidée quand… Quand ça n’allait pas pour elle. » une épaule sûre sur laquelle s’appuyer. Elle avait ça, fut un temps. « C’était difficile ? » histoire de savoir si elle prépare sa fuite maintenant ou si elle se donne une chance supplémentaire.

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Raelyn m’a demandé de tirer sur sa prétendue soeur mes propres impressions par rapport à ce qu’elle était, à l’image qu’elle me renverrait, à ce qu’il serait bon ou non de s’en méfier. A priori, je pense que dès ça concernant Spencer - et parfois même, lorsqu’elle sera à l’abri de tout soupçon - nous seront forcés de nous méfier, de nous poser des questions qui, de temps à autres, blesseront notre interlocutrice et, pour cause, elle a l’air d’aimer jouer franc collier. Elle ne s’efforce pas de me vendre des vessies pour des lanternes en prétendant que son dernier boulot s’était déroulé à merveille, qu’elle n’avait pas été virée pour vol ou autre bêtise du même acabit. Elle n’a pas non plus roulé les yeux au ciel en prenant un air offusqué pour mieux se lever, en bonne dramaturge, pour que je la retienne - elle saurait alors qui de Rae et moi portent la culotte du ménage - ou que je m’excuse d’avoir manqué de délicatesse à son égard. Non ! Elle a assumé son histoire et, même si elle est un peu penaude, même si elle baisse un peu la tête, embêtée d’être perçue comme une âme en peine ou en perdition, J’y vois un signe plutôt positif. Assumer, c’est une bonne raison de “pardonner” (les guillemets sont importantes) et, surtout, d’ouvrir les yeux encore plus grands. Assumer quand on est conscients que le but de l’interlocuteur n’est pas de condamner, mais de s’attacher à la bienveillance, à la bonhomie et, plus largement, à tendre réellement la main à une gamine qui souffre d’addiction et peut-être même d’affection - elle n’a pas été cherché de l’aide dans un centre, mais auprès d’une inconnue sous prétexte qu’elles porte son nom et que son imagination aurait eu tôt fait de leur trouver des ressemblances. «Ok ! Dans ce cas, voilà le deal. Au départ, tu travailleras dans les salons privés. C’est toujours un binôme homme/Femme pour éviter les dérapages. Je déteste les dérapages. » Raelyn pourra le lui témoigner au besoin. «Ton binôme prend commande et récupère l’argent. Toi, tu dresses les verres et réalise les cocktails. Si tu n’as pas de formation pour ça, ça peut s’arranger, mais si je t’offre une formation, il faudra y aller. Ne pas encaisser et décaisser, ça veut dire aussi qu’il n’est pas questions de t’envoyer des verres à l’oeil à raison de 3 minutes d’intervalle et pas tant pour le pognon que pour l’efficacité. Je sais qu’on pense être plus performant, mais c’est de la connerie, ça ne marche qu’un temps. Pas d’achat ou de circulation de substances à l’intérieur du casino.» ai-je renchérir en songeant : “crois-en mon expérience et aie confiance au système : il est bien rôdé, ne le perturbe pa.” J’emprunte donc mon air sévère, celui qui atteste qu’il vaut mieux ne pas me chercher des noises puisque je peux être aussi magnanime que détestable selon le cas. Je pourrais le devenir, si elle nous menait tous en bâteau en prétextant une envie de se tirer de son merdier pour finalement déposer nos propositions sur des fondations faites de sables mouillés ou de grains de riz et, une fois encore, je ne l’interroge pas au nom d’une curiosité malvenue ou déplacée. Je m’efforce de me faire une idée. Je tente de dresser un tableau juste de la brunette face à moi. J’évalue quel stock d’énergie elle nous demandera de déployer. Autant dire que sa réponse m’attriste : elle n’en sait rien.

Elle ne sait pas si elle a envie de tirer un trait sur la drogue et je me crispe. «Parce que tu trouves du plaisir à t’en foutre pleins les veines ou parce que tu as l’impression de ne plus être bonne à rien sans ça ? » Que dois-tu combattre ? La force de l'habitude en plus du manque ? Ou l’absence de confiance en toi parce qu’elle a été avalée par la poudre que tu t’injectes dans le sang. «Alors, dans un premier temps, on va se contenter de ça.» Je lui ai souris en buvant une gorgée de ma bouteille d’eau. «Normalement, je suis plus amateur de whisky, par exemple.» La liste est trop exhaustive pour être citée. «Alors, pour être honnête avec ta question, je peux te dire que c’était pas facile, ni pour moi, ni pour Raelyn, parce que notre situation était compliqué à l’époque,» Nous étions contraints de vivre en pleine mer, loin du monde, avec pour seule compagnie : les souvenirs de notre rupture, de ma trahison, de ses ébats charnels avec de parfaits inconnus, de son overdose, de l’éloignement, de ma douleur, de la sienne, de ses caprices, de ses mensonges, de ma peur maladive de la perdre pour de bon, de n’être jamais pardonné. «Je l’ai rencontrée, elle était sobre. On s’est séparés; elle a cessé de l’être, mais je suis persuadé aujourd’hui que c’était une erreur de jugement de sa part. Elle a été guérie plus vite que la majorité des femmes de son âge. Même moi je fais pas mieux avec l’alcool. C’est pour te dire, » J’ai soupiré avant de peser la suite de mes mots qui par ailleurs, me semblent judicieux. «Je crois que le point commun entre Rae et moi, c’est nos sentiments. Ils nous ont donné envie de nous battre. Pour certains, ça peut être le sport ou que sais-je. Peu importe tant que c’est toi qui le construis et que ça devient ton havre de paix, ton compensateur. S’il est sain et sincère, il fonctionnera… normalement. En tout cas, j’aime cette version de l’histoire.

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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

Blackwell deuxième du nom explique un peu son parcours professionnel, rien d’impressionnant ou qui sorte du lot. Rien qui justifie qu’on lui donne une chance dans un endroit pareil et pourtant, Amos a l’air plutôt partant pour lui laisser le bénéfice du doute. Elle ignore si c’est à la demande de Raelyn ou si c’est de son propre chef, mais elle prend note qu’il ne semble pas particulièrement réfractaire à son apparition dans la vie de sa dulcinée. Y a plein de trucs qu’elle aimerait bien demander, sur sa sœur, sur lui, sur eux et même l’enfant qu’ils attendent. Est-ce qu’elle a une place dans tout ça ou est-ce qu’ils vont juste la surveiller du coin de l'œil pour s’assurer qu’elle reste docile et n'enchaîne pas les conneries et n’entache pas leur nom ? Mais le lieu et le moment ne sont pas spécialement bien choisis pour parler de tout ça. Une autre fois, peut-être. Si Spencer arrive à ne pas gâcher cette chance qu’on lui offre sur un plateau d’argent. C’est facile, un job de serveuse. Elle a déjà fait dans un lieu où les gens en avaient rien à faire de la bienséance et tout le reste. Ici elle aura qu’à afficher un sourire poli, garder ses mains baladeuses pour elle et dire merci quand on lui filera un billet. Un jeu d’enfant, vraiment. Amos a presque l’air enthousiaste en présentant tout son programme. Blackwell écoute avec attention, garde le dos droit et hoche la tête. Il a l’air d’avoir déjà réfléchi à la question en détail, question d’habitude sûrement. Il donne même quelques conseils sur le fait que se torcher au boulot, c’est pas une bonne idée. Un peu inconsciemment, Spencer affiche un très léger sourire. Amos a quelque chose qui lui plaît bien, le genre d’aura qu’on respecte et qu’on a envie d’écouter. D’une certaine façon, il lui fait penser au vieux Cornwells, le bonhomme en impose et on a pas envie de déconner avec lui. Et à cet instant, elle peut pas s’empêcher de penser qu’il fera certainement un bon père. « Okay, j’bosse pas seule, préposée aux cocktails dans les salons privés, je touche pas l’argent et je bois ou ne consomme pas ici. » elle résume grossièrement en acquiesçant. Dis comme ça, ça paraît simple (sauf peut-être la dernière partie.) L’alcool, elle gère. Pour ce qui est de son autre type de consommation, c’est là que va être le vrai défi. « Ca me paraît faisable, ouais. » elle confirme. Peut-être qu’elle s’avance un peu, Spencer. Peut-être qu’elle sera pas à la hauteur et qu’elle va se viander dès le premier shift. Ou peut-être qu’avoir une routine un tant soit peu saine lui fera le plus grand bien. Elle fait de son mieux pour avoir l’air volontaire et motivée, au moins histoire de faire bonne figure face au patron. « J’avoue ne pas être très qualifiée en cocktail. Enfin j’ai quelques bases, mais rien d’incroyable. Et je suis pas sûre que ça convienne à la clientèle d’ici. Je suis prête à apprendre. » quand elle parle de base, elle parle bien évidemment des boissons trouvables dans n’importe quel bar de quartier. Et elle doute que les gens d’ici attendent après un whisky-coca dosé à la va-vite. Et s’il lui faut aller en formation, soit. Elle est prête à faire l’effort et à y mettre du sien.
La discussion devient un poil plus sérieuse. Pas vraiment le genre de trucs dont elle s’attendait à évoquer lors d’un entretien d’embauche, mais il semble que Raelyn ait fait passer l’info et elle sait pas trop quoi en penser. Spencer ne sait pas où elle en est, ou même où elle va. Elle plisse le nez dans une grimace et se racle la gorge. « Plutôt heu… Plutôt la deuxième option. » elle déglutit et secoue la tête d’un air désabusé, évitant soigneusement de croiser le regard d’Amos. « J’me sens bien sur le moment et un peu après et dès que ça va pas, c’est le seul truc qui m’aide à redémarrer. » parler d’aide c’est sans doute pas le meilleur terme à employer, mais c’est le ressenti qu’elle a. Il parle de whisky et Spencer plisse légèrement les yeux, reportant finalement son attention sur lui. Non, elle a sans doute mal compris ce qu’il veut dire. Pour l’heure, elle cherche à en savoir un peu plus sur ce lien si spécial qui l’uni à Raelyn. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se confie sans hésiter. Spencer, elle, écoute avec beaucoup d’attention, comme une gamine à qui on raconte une histoire. Au détour de son récit, il confirme ce qu’elle avait cru deviner un peu avant. Lui aussi avait donc ses propres démons à combattre. La façon dont il parle de Raelyn, cette étincelle qu’il a à l’évocation de leurs sentiments partagés et qui sont pour beaucoup, ça ne fait qu’animer un peu plus les regrets qu’elle rumine depuis qu’elle a tourné le dos à son entourage. « J’aime bien cette version de l’histoire aussi. » elle ajoute en acquiesçant doucement. « C’est bien que vous ayez été là l’un pour l’autre. » d’une certaine façon, elle est contente pour eux. Ca lui aura permis d’avoir l’occasion de rencontrer et connaître Raelyn. Chose qui aurait été compliqué si elle avait OD seule dans son coin. « D’ailleurs félicitations pour heu, le bébé. » un peu maladroite, elle passe du coq à l’âne et elle a sans doute pas le droit d’aborder un sujet pareil après avoir causé de drogue et d’addiction. « Vous avez l’air d’être quelqu’un de bien, je suis sûre que vous ferez un bon père. » et elle ferait sans doute mieux de se taire avant de le froisser ou quelque chose. Ils ne se connaissent pas et si ça se trouve il est susceptible ou il ne veut pas parler de sa vie de famille. « Merde, pardon. Je ne devrais sans doute pas parler de ça. Le moment est pas très bien choisi. » elle souffle un peu nerveusement, sa jambe bougeant au rythme de son talon qui se soulève et s’abaisse à une cadence folle. Et surtout, elle est personne pour eux. « En tout cas merci de me laisser une chance. » voilà qui est mieux.

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Elle est presque trop docile, Spencer. Est-ce sincère ? Peut-on envisager qu’un toxicomane est authentique en permanence ou qu’il ne l’est qu’en de rares occasions ? Que tout ce qui sort de sa bouche, en d’autres temps, est constamment teinté d’une but voilé qui fait de nous le “pigeon” de service ? Je ne sais qu’en penser. Raelyn m’a demandé de lui donner mon opinion et, sur l’heure, je suis surtout désarçonné par des petites manies que je leur trouve en commun. Comme Rae, Blackwell “seconde” se tient droit sur le bord de sa chaise. Elle hoche de la tête résolument lorsqu’une information est claire, ne mérite pas de commentaire et qu’elle est intégrée. C’est perturbant, bien plus que leurs différences qui sont flagrantes elles aussi. Dans son regard ne danse pas la flamme de la volonté, celle de s’en sortir, celle d’être honnête, celle de profiter de la chance que nous lui offrons. J’ai la désagréable sensation que, peu importe le ton que j’employerai pour lui dicter la conduite à adopter, elle me chiera dans les bottes. Elle commettra une copie qui me mettra hors de moi et qui m’obligera à me taire pour que gère Raelyn le problème puisqu’il s’agit de sa soeur présumée, de sa famille supposée, de son choix de l’aider parce qu’elle lui rappelle quelqu’un. De mon côté, j’enragerai. Je fulminerai parce qu’il faut reconnaître que cette première rencontre ne me laisse pas totalement indifférent. Aurait-il les cheveux un rien plus foncés, les yeux un peu plus clairs et quelques centimètres de plus - tant de conditions…. - qu’elle aurait pu être Sofia. Elle aurait pu, elle-aussi, se présenter pour obtenir un job dans sa corde grâce à mon intervention. Elle n’en a pas voulu et, si de sa décision naît ma culpabilité et des remords, je m’interroge : n’ai-je pas aujourd’hui la chance de me débarrasser en partie de ses sentiments sournois et versatiles ? N’est-il pas temps de la saisir ? D’accepter que de temps à autre, le sort peut faire des cadeaux ? « Non ! ça ne doit pas te paraître faisable. ça doit l’être. Tu dois être convaincue que tu peux le faire, ce dont je ne doute pas, mais sans grabuge.» ai-je corrigé en m’avançant sur mon siège. Je la toise. Je la teste. Je la dévisage avec l’espoir d’apercevoir de la détermination dans le miroir de son âme, mais je crains qu’elle soit si éteinte que la rallumer nous réclamera patience et pardon. « Je vais t’emmener chez l’informaticien. Il va te créer une boîte mail. Tu recevras tes horaires, variables, et les dates et heures de tes formations. Pas de retard…. ni dans un cas ni comme dans un autre. Pas de remplacement sans prévenir le responsable.» Lui aussi, je le lui plaisanterai. « Tu n’es pas chez toi. Tu ne fais pas ce que tu veux comme tu le veux. C’est aussi dans tes cordes ? » Il m’a semblé distingué un éclat dans le fond de ses pupilles et mes lèvres se sont rehaussées d’un sourire. Mon ton s’est aussitôt radouci.

Il s’est radouci et a résonné d’un soupçon de curiosité. Ma question, j’aurais pu la résumer para : “Pourquoi tu es là ? Que veux-tu ? Es-tu un danger ? Vas-tu mourir la nuque brisée parce que tu aurais pourri mon équilibre ?” Je ne pipe aucun de ses mots cependant. Je la laisse venir. J’analyse. Je prends la température autant pour le casino - mon cadre professionnel - mais surtout pour ma dulcinée qui n’a pas besoin de supporter une déception alors que durant trois mois, je lui ai fait vivre un enfer de solitude. «Je connais. Ce dont tu parles, je sais ce que c’est. Et, cette impression que sans ça, tu es totalement différent, tu n’es plus toi…. c’est flippant, pas vrai ? » La question est un échange, une confidence, la preuve que j’ai intégré son émotion : je la partage au quotidien depuis que j’ai choisi d’arrêter de boire. «On est toujours là l’un pour l’autre. N’en parle pas au passé… Et elle pourrait être là pour toi… si tu le décides, ce qui par extension, veut dire moi aussi.» Elle n’est pas idiote. Elle aura compris que mon couple n’est pas un simulacre et que nous fonctionnons comme une véritable équipe. Nous ne portons pas seulement le nom parce que c’est joli. Nous n’envisageons pas de nous marier parce que c’est bon chic bon genre non plus. «Et, merci.» La grimace discrète précédente s’élargit. Micah est le rayon de soleil qui illuminera plus encore ma relation avec sa mère. Les autres devront porter des lunettes de soleil pour ne pas être aveuglé par l’aura de lumière - celle du bonheur - que nous dégagerons sous notre passage. «Quelqu’un de bien ? » Cette fois, elle m’étonne. Je me demande réellement quels sont ses critères pour attester ce genre d’affirmation avec aplomb. «C’est quoi quelqu’un de bien ? Un bon père ? » Je ne suis pas agressif. Buvant une gorgée de mon verre d’eau, je profite de son offre pour apprendre à la connaître davantage. «Un comme le tien l’a été pour toi ? Comme pour Rae ? Ou comme tu aurais voulu avoir ? » Elle essaie de s’esquiver, mais je la retiens d’un mot : «Pas de quoi être désolée. Il n’y a pas de moment pour en discuter. En fait, c’est même le moment idéal pour le faire. Alors, maintenant que tu m’as dit merci, que j’ai enchaîné sur un “pas de quoi”. Dis-moi tout. Tout ce qui te passera par la tête fera l’affaire.

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Amos a l’air de prendre à coeur cet entretien. Et la question que ça soulève auprès de Spencer, c’est de savoir s’il est toujours aussi intense ou si c’est juste parce qu’elle est un cas particulier. Est-ce que Raelyn lui a expressément demandé de la tester ? Est-ce que c’est purement de son initiative ? Et surtout, est-ce que Spencer va réussir à assumer un job où elle est supposée être sérieuse plus que cinq minutes par jour ? Toute la situation la tend et la rend nerveuse, et elle a beau faire de son mieux pour le cacher, ça reste compliqué. Elle garde le dos droit, lance des oeillades ici et là, pèse chaque réponse qu’elle offre en espérant ne pas trop en faire, ou, au contraire, en faire assez. Ses derniers entretiens d’embauche n’étaient pas aussi stressant. Les patrons étaient des types blasés et peu regardant, elle pouvait se contenter de montrer un peu de décolleté pour avoir un poste qu’elle ne gardait de toute façon jamais. Amos s’avance sur son siège, parle de conviction dans ce qu’elle peut faire et Spencer plisse légèrement les yeux. Elle déglutit, n’ose presque pas soutenir le regard du grand brun. La jeune femme ne doute pas en ses capacités. Elle doute juste tout court. C’est qu’il y a un flagrant manque de confiance envers sa propre personne, parce qu’elle sait ne pas être quelqu’un en qui on croit. Elle déçoit toujours, volontairement ou pas. C’est un fait et elle y est déjà bien trop résignée, du haut de ses vingt-cinq ans. Elle n’a pas l’habitude qu’on la secoue pour lui dire qu’elle peut faire mieux. Elle n’a pas l’habitude qu’on place un quelconque espoir en elle. Et peut-être que dans le fond, elle a besoin de ça. Elle acquiesce en redressant les épaules, l’air presque solennel et cette fois résignée à faire sa part du contrat et à ne pas décevoir. Amos expose la suite du plan, le passage chez l’informaticien et Spencer écoute avec attention. L’organisation du casino doit être carrée. La mécanique bien huilée ne peut fonctionner si on y ajoute des pièces défectueuses. Et elle fera tout ce qu’elle peut pour ne pas être de ceux-là. Elle acquiesce et déglutit. Oui, Spencer a conscience qu’elle n’est pas chez elle, qu’elle a une chance en or qui lui est proposée et que ce n’est pas donné à tout le monde. « C’est dans mes cordes. » elle répète, y mettant toute la conviction dont elle est capable. Cette fois-ci, peut-être que c’est la bonne. Peut-être que c’est le début de la remontée et qu’elle peut y arriver si elle se laisse aider.
Blackwell explique, Amos n’interrompt pas. Il a l’air de la jauger, mais pas tellement de juger. Plus étonnant, même, il prétend comprendre. Il se confie et la jeune femme écoute avec la plus grande attention. A croire que tout le monde a son propre poison à combattre d’une façon ou d’une autre. En tout cas, il a l’air d’avoir bien cerné le problème. « C’est terrifiant. » qu’elle confirme dans un souffle. Il a l’air de s’offusquer, mais finalement non. Spencer pince les lèvres, affiche un sourire nerveux et se racle la gorge. « Oui, non. J’voulais dire heu- dans ces moments-là. Et que vous le soyez toujours maintenant, aussi. » elle bafouille, s’embrouille un peu. Elle arrive mieux à respirer quand il la remercie pour ses félicitations et elle regrette de pas avoir pris un verre pour pouvoir se cacher derrière. Surtout qu’elle semble trop en dire, que forcément il rebondit sur sa définition de ce qu’est quelqu’un de bien. Et là elle coince un peu. « Heu- J’imagine, oui ? J’veux dire… » merde, elle a dit un truc qu’il fallait pas ? Elle est confuse, là. Faut dire qu’elle a des standards très bas pour qualifier une personne de quelqu’un de bien. A vrai dire, elle n’en côtoie pas beaucoup, des comme ça. La plupart des gens qu’elle voit sont des gens avec une morale aussi discutable que la sienne. Le genre qu’on évite quand on a deux sous de jugeote. « En étant un bon père, on est sans doute quelqu’un de bien par extension. » elle bafouille à moitié, parce qu’en vérité elle a aucune idée de vraie réponse à apporter. « Enfin je crois. J’en sais rien. C’est juste que hm, vous me donnez l’impression d’être quelqu’un qui se soucie des autres, vous voyez ? Je sais pas si vous en avez quelque chose à faire de n’importe qui, mais je le vois que vous tenez à elles. » elle est presque sûre de ce qu’elle avance, en tout cas. Il suffit de voir comment il a parlé de Raelyn, le petit quelque chose dans son regard quand il le faisait. « Et heu, c’est déjà suffisant. C’est quoi votre définition, à vous ? » et elle baisse les yeux et grimace quand il parle du père Blackwell. Elle ne peut s’empêcher de lâcher un ricanement amer en secouant la tête. « Il n’aura pas gagné le mug du père de l’année, non. » elle part du principe qu’il sait comment ça s’est passé pour Raelyn, parce qu’elle lui aura forcément dit. « Quand il est parti de là-bas, il est venu à Brisbane et a rencontré ma vieille. Et il a pas tenu deux ans avant de se tirer. Qui sait, si ça se trouve y a d’autres Blackwell en ville ou ailleurs. » elle hausse les épaules, abordant ce sujet précis avec son habituel détachement. « Tout ? » si elle commence à raconter tout ce qui lui passe par la tête, elle n’a pas fini. « Okay heu- Vous vous connaissez depuis longtemps, avec Raelyn ? Votre rencontre c’était par le boulot ou un truc du genre ? D’ailleurs vous faisiez quoi, avant ? Parce que je sais que vous avez ouvert le casino ensemble, mais c’est à peu près tout. » ça fait peut-être beaucoup d’un coup, peut-être trop d’indiscrétion, aussi. Elle prendra les info qu’il veut bien partager, si ça peut lui permettre d’en savoir plus sur sa demi-soeur et sur l’homme qui l’a aidée à s’en sortir quand elle était au plus bas.

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Elle se répète et je me demande lequel de nous deux elle essaie de convaincre. Elle ? Parce qu’elle a peur ? Parce qu’elle n’a jamais réussi à conserver un job jusqu’ici ? Parce qu’elle aurait peur de décevoir Raelyn ? Moi ? Elle me désigne et me détaille comme si j’étais “un type bien”, le genre de gars qui plutôt rare, à condition qu’il en reste encore. Je la dévisage évidemment. Je n’exclus pas non plus qu’elle souhaite simplement conclure l’aspect professionnel de cette conversation pour en aborder une autre plus personnelle. En premier lieu, son addiction. Entre mon couple et la prétendue soeur de ma compagne, c’est vraisemblablement notre point commun le plus évident. Cette saleté d’araignée - qu’importe qu’il s’agisse de drogues ou d’alcool - nous tient en échec, nous accorde un sursis. Il est rare qu’elle nous ignore. Raelyn compte parmi les exceptions. Moi, sur l’heure, je m’en tire plutôt bien, mais je suis obsédé par la question du “combien de temps encore ?” Dès lors, je la comprends, la gosse. J’entends que ses sentiments soient pour elle si terrifiants : ils le sont pour moi et je lui adresse un sourire compatissant. Il ne respire pas la pitié, il signifie simplement : “je sais. Je comprends.” et il ne nécessitait pas un commentaire direct au sujet de mon couple. Je ne suis pas vexé : c’était un compliment. Je me doute également qu’elle me jauge et m’évalue, ce qui de bonne guerre finalement. Je ne pourrais pas me vanter de faire beaucoup mieux.   «C’est bon. Calme-toi.» lui ai-je conseillé, le débit lent et une dose de rire dans le timbre. «Pas de panique. Tu n’as rien dit de mal. » J’ai simplement rebondi pour lui rappeler les enjeux de l’offre que Rae lui fait. Elle ne tend pas la main aux premiers venus, ma compagne. Elle est sélective et le mot est faible. De nous deux, c’est moi le good cop. Ce n’est pas une illusion d’ailleurs et je pourrais être flatté par son jugement. Une partie de moi y est sensible, mais elle me livre une autre occasion d’en apprendre plus sur ses intentions, sur son sens de la morale, sur ce qui se cache dans la caboche de cette petite blonde courageuse ou maladroite : je me tâte encore. « Peut-être. Disons que je fais de mon mieux et que c’est déjà pas mal.» ai-je rapporté en haussant les épaules. «Et, disons que je suis plutôt du genre à sélectionner qui entre dans ma vie ou non, mais Rae et Micha sont effectivement plus importantes que le reste. Je déteste l’idée qu’on puisse leur faire du mal, peu importe la façon d’ailleurs.» Les intègre-t-elle, Spencer, les mises en garde voilées derrière ce genre de phrases ? Saisit-elle qu’il vaut mieux être avec nous que contre nous ? « C’est en lien avec ma définition, je présume. J’ajouterais aussi que c’est d’être là pour bercer son enfant, soutenir sa mère, mettre la main à la pâte et puis, ne pas hésiter si quelqu’un me demandait si je leur sacrifierais ma vie.» Je lui réponds aussi sincèrement que possible : elle n’a aucune idée de ce qu’est supposé cette figure masculine. J’en reste pensif un instant avant de ricaner, brièvement, pour détendre l’atmosphère cette fois. «Dis comme ça, on se croirait dans une tragédie très romantique. Ce n’est pas tout à fait ça.»

Au terme de cette allègre parenthèse, c’est moi qui la questionne. Je l’écoute, par ailleurs, avec une attention presque religieuse, à la limite du solennel. D’autres Blackwell, ici ou ailleurs. D’autres bébés abandonnés, d’autres gosses nés dans une famille monoparentale. J’ai l’impression d’avoir en face de moi une version de l’histoire et de vivre avec l’autre. En gros, ça passe ou ça casse, mais n’y-a-t-il pas un juste milieu ? Pourrait-elle le trouver cet équilibre entre ces deux scenarii ?  Curieux, je l’invite donc à la confidence, à m’en raconter davantage sur qui elle est, sur ce qu’elle attendait en se pointant devant le casino. Ce que je récolte ? Un interrogatoire sur ma vie privée et je hausse un sourcil surpris que j’accompagne d’un sourire mi-agacé mi-enjoué. Je lui trouve un soupçon trop de culot, mais en même temps, elle m’a quelque chose de sympathique. Peut-être parce qu’elle me donne l’impression d’essayer, à moins qu’elle s’emploie simplement à noyer le poisson dans son bocal. « Elle ne t’a pas répondu quand tu le lui as demandé ? » A-t-elle seulement osé la lui poser ? «Et si on commençait par toi avant ? Si tu me disais comment tu as appris l’existence de ta soeur puisque vous n’avez pas la même mère et que tu as à peine connu ton père ? Tu as vu un article dans le journal si j’ai bien compris. Et ? Le lien ? Tu l’as fait comment ? Pourquoi maintenant si tu as grandi à Brisbane ? Tu as quelqu’un dans ta vie ? Ou tu es vraiment toute seule ? Tellement seule que tu t’es mis à courir après Raelyn au bout de… combien ? 23 ? 24 ans ? » Je me suis installé plus allant dans mon fauteuil : je suis tout ouïe. Pour peu, je grignoterais bien du pop corn.

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Spencer pince les lèvres et hoche la tête. Comme d’habitude, elle laisse la nervosité prendre le dessus et c’est jamais très bon. Un jour, elle devrait apprendre à réfléchir avant de dire quoi que ce soit. La jeune femme déglutit lorsqu’il parle de sa compagne et sa fille, elle hoche la tête d’un air penaud. A priori, elle ne compte pas mettre en danger qui que ce soit. Pas directement ou volontairement, du moins. Elle va tout faire pour, en tout cas. Il confirme son espèce de théorie sur ce qu’est quelqu’un de bien, en rajoute sur ce qu’est supposé être un bon père et elle acquiesce en silence, ajoutant un bref sourire sur la fin lorsqu’il plaisante. « J’vous souhaite beaucoup de bonheur et tout le reste, en tout cas. » elle ajoute encore un peu maladroitement. Elle n’a aucune idée de si c’est le genre de chose qui se dit, mais elle a l’impression que oui.

Elle essaye de dévier la question, mais finalement il est plus insistant que prévu. Bon, autant jouer le jeu alors. « Je- lui ai pas posé la question. » il faut dire que les conditions n’étaient pas tellement favorables à ce genre de discussion à chaque fois qu’elles ont pu se croiser. Spencer connaît le minimum syndical, ne se rappelle même pas spécialement de tout ce qu’il a été dit, bref. Si quelqu’un peut lui répondre, c’est probablement Amos. Ou alors elle demandera à Raelyn la prochaine fois. Il a beaucoup de questions et c’est au final assez peu étonnant. « Ah, oui c’est hm… Une histoire à la con, vraiment. » elle ricane nerveusement, se grattant la nuque en cherchant par où commencer. Lui faire la version abrégée paraît être une bonne idée, inutile de l’assommer avec tous les détails inintéressants. « Pour la faire courte heu- quand ma génitrice est morte j’ai dû aller faire le tri dans ses affaires, j’ai eu l’occasion de discuter avec sa voisine qui m’a appris l’existence de la famille du vieux à Charleville. J’ai mené mon enquête et j’ai appelé sans vraiment savoir ce que j’espérais trouver. » des réponses plus qu’une famille en tout cas. Et le résultat n’a pas été décevant. « J’suis tombée sur Liam qui a parlé de sa soeur partie vivre la grande vie à Brisbane et dont il était sans nouvelles, il a été assez sympa pour bien vouloir m’envoyer une vieille photo d’avant son départ. » elle lui épargne la façon dont elle s’est présentée à lui, le fait qu’il n’est toujours pas au courant de son identité et tout le reste. Spencer se sent toujours un peu mal vis à vis de lui, mais elle imagine que le jour où il veut retrouver Raelyn, il n’aura aucun mal à le faire. « C’est un peu resté au point mort pendant des mois, j’avais même fini par oublier toute cette histoire, ça paraissait un peu sans espoir. » elle continue, se passant une main dans les cheveux. « Et y a eu l’article sur le casino pour l’ouverture, c’était pas le même prénom mais c’était elle. » le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’est pas tellement le genre de personne à lire le journal et encore moins à l’acheter. C’est tout un enchaînement de circonstances qui fait qu’elle a eu l’occasion de croiser la route de sa demi-sœur. Et sans ça, elle serait toujours à la rue, sans boulot et tout le reste. « Vraiment ça fait quoi… Un an que je sais qu’elle existe ? » à peu de choses près. « J’ai mis un moment avant de me décider à venir, aussi. J’avais aucune idée de quoi dire ou comment le faire. » elle souffle un rire et hausse les épaules en secouant la tête. « Vous vous imaginez, vous, dans une situation pareille ? » elle demande de façon plutôt rhétorique. Encore une fois, elle imagine bien que Raelyn lui a déjà tout dit, que potentiellement il va chercher à discerner ce qui change dans son discours par rapport aux info qu’il a déjà en sa possession. « Et puis si Callum m’était pas tombée dessus, j’sais pas si je serai rentrée, en toute honnêteté. » la blonde avait bien trop peur et n’avait aucune foutue idée de comment ce genre de rencontre était supposée se passer. « Enfin hm, voilà… Et heu, non. J’ai personne. Plus maintenant. J’ai fais des mauvais choix et- » c’est à peu près toute l’histoire. Elle baisse les yeux en haussant les épaules. C’est pas le genre de chose dont elle a spécialement envie de parler. La suite il doit connaître. « A la base je comptais pas tellement réclamer quoi que ce soit. Je m’attendais même à me faire envoyer chier, en vrai. Juste avoir une discussion ça m’aurait suffit, j’pense. » elle est plus sûre d’y croire maintenant qu’elle est dans cette situation. Et techniquement elle n’a rien réclamé, on lui a offert des opportunités à la place. « En deux mois de temps, elle a fait plus que quiconque en deux ans. » sans rien demander en retour. Ou presque rien. Pour l’instant. « Enfin du coup je vous dois des remerciements, à vous aussi. » ne serait-ce que pour la chance d’avoir une entrevue ici aujourd’hui.

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Je le réprime ce geste de la main que la plèbe traduirait par “blah blah bah”. Le bonheur, on me l’a souhaité cent fois, voire mille. On l’aurait ambitionné pour moi lors de mon premier mariage, lorsque j’ai rejoint l’armée, quand mon premier enfant est né et j’en passe, des occasions. Je les balaie parce que cette formule toute faite, je n’y crois plus. Mais, à quoi bon mettre cette enfant plus mal à l’aise et plus nerveuse qu’elle ne l’est déjà ? A quoi bon lui expliquer, alors que je devine comme son combat contre son addiction doit être compliqué, que nous sommes les créateurs de notre bonheur ? Que ce n’est qu’une question de choix et de ce qu’on décide de faire des conséquences ? Ce ne serait pas inutile. Ce serait également lui faire miroiter que je ne me méfie pas d’elle alors que Spencer n’a encore rien fait pour la gagner. Peut-être qu’au terme de mon interrogatoire, j’y verrai un plus clair, mais il ne sera pas question de foi, juste d’une impression, celle qui tranchera sur ce qu’elle en vaut la peine ou non. Dès lors, je l’écoute attentivement. Les jambes et les bras croisés, mon attention est presque religieuse. Je ne perds rien de son récit somme tout bien ficelé. S’il est le fruit d’un mensonge, elle est fichtrement douée, la toxicomane. S’il s’agit d’une fadaise, elle est plus douée qu’une théâtreuse façon Magenta dans sa petite troupe moderne. Je pourrais y croire, à son histoire “à la con”. Le mot est juste : c’est tout ce qu’elle m’inspire. «Elle est simple en tout cas. On raconte que c’est encore le meilleur moyen de faire tenir un mensonge, pour ne pas s'emmêler les pinceaux. » Une photo, un coup de téléphone, la une d’un journal. Le hasard a trop bien fait les choses à mon goût et je fronce les sourcils. «Et, Liam ? Il ne t’a rien demandé ? Pas même de le contacter si tu mettais la main sur votre soeur ? » J’en doute. Je sais de source sûre que Rae et son frangin ne sont pas liés, qu’ils n’ont pas été élevé comme les enfants dont la fratrie à laquelle j’appartiens. Mais, je refuse d’envisager de ce que la curiosité n’est pas le propre de l’Homme et que ce défaut - parfois décrit comme une qualité - ne l’a pas étreint au point de chercher à en apprendre plus. «Il fait quoi dans la vie ? Et, sa mère ? Comment s’appelle-t-elle, déjà ? » Rose. Le plus tendre et le plus joli prénom qui soit pour une mère, non pas peu “dévouée” - je ne la connais pas, je ne la jugerai pas - mais trop occupée à survivre et à les nourrir qu’à distribuer son affection (et, là encore, je ne me permets pas de la mésestimer). «Tu l’as eue au téléphone, elle ? » As-tu réellement laissé mourir les bribes d’informations que tu as obtenues jusqu’à ce qu’une occasion te saute au visage ? Comme ça ? Par le fruit d’un coup de chance ? «C’est simple et si compliqué à la fois, dans le fond.» J’ai haussé les épaules. Quant à mon regard, il traduit mon scepticisme. Prétendre l’inverse serait insultant pour Spencer. il le serait tout autant pour Raelyn qui semble bien décidée à venir en aide à cette petite soeur. «J’ai dû mal à comprendre comment tu as pu laisser autant de temps avant de chercher… Un peu comme aujourd’hui… comment t’a-t-il fallu autant de temps pour te présenter ici, pour un job, alors que la proposition était sérieuse. Je ne sais pas ce que ça fait de toi, Spencer.» ai-je ajouté en avalant une gorgée de mon verre d’eau. «Ni ce que ça dit sur toi, d’ailleurs. Je te propose donc de garder tes remerciements pour le moment, d’apprendre à être moins nerveuse aussi.» Là encore, ça ne m’inspire pas une confiance aveugle. «Et de bien écouter ce conseil : ne te plante pas, pas tant pour moi, mais surtout pour elle. Tu ne voudrais pas la mettre en colère… Et tu n’aimerais pas me décevoir, crois-moi. Bon…Des questions ? » Je suis à sa disposition s’il est question du boulot. D’ailleurs, je précise : «Après-demain. 18h pour le débrief, pour te faire visiter aussi. Après, tu auras le temps de manger avant de te mettre au boulot. Chemisier blanc, pantalon noir. On complètera l’uniforme. Tu as ? Ou tu as besoin que je t’accompagne chercher ce qu’il faut ? » ai-je demandé avec honnêteté, soucieux de ne pas lui prêter d’argent qu’elle dépenserait de la mauvaise façon.

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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

La blonde réprime une grimace. Elle a livré son histoire qui fait visiblement douter son interlocuteur et à vrai dire elle ne peut pas tellement le blâmer. Il a assez mentionné son attachement à Raelyn et la méfiance dont il fait preuve à l’égard d’une parfaite inconnue qui débarque tout juste dans la vie de sa bien aimée est totalement justifiée. C’est un poil agaçant, mais c’est principalement parce que Spencer n’aime pas tellement cette histoire. Ça lui rappelle qu’en dehors de ça, elle n’a rien d’intéressant à offrir ou à raconter. Elle n’est personne, une inconnue qui a toujours tout fait pour essayer de trouver sa place ici et là. Si demain elle décidait de disparaître, ce n’est ni à Raelyn ni à Amos qu’elle manquerait. Ils continueraient leurs vies comme si elle n’avait jamais pointé le bout de son nez et rien ne changerait pour eux. Alors que l’inverse en revanche, serait bien plus embêtant. Jusqu’à il y a peu, elle n’avait rien. Et du jour au lendemain, avec un simple coup de fil, elle s’est retrouvée avec des possibilités d’avenir qu’elle n’aurait pas imaginé. S’ils décident qu’ils n’ont plus envie de l’aider, la blonde n’aura plus qu’à retourner à la case départ et ça la fait au moins autant flipper que de devoir justifier son histoire. Elle hoche doucement la tête, n’étant pas tellement en position de contredire Amos. « Liam il… Sait pas qui je suis. » qu’elle dit en détournant le regard, trouvant un intérêt soudain pour ses propres chaussures. « Je savais pas où je mettais les pieds alors j’me suis présentée comme une grande cousine éloignée qui faisait des recherches généalogiques, j’ai eu les info dont j’avais besoin sans trop forcer. » pas tant que ça en vérité, mais suffisamment pour assembler le puzzle. « Et j’imagine que vu sa position de shérif, il aurait aucun mal à mener l’enquête de son côté si jamais il avait envie de revoir sa sœur. » si elle avec son portable et sa photo a pu y arriver, un gars qui a accès à tout un tas de fichiers plus ou moins confidentiels n’aura pas trop de difficultés à mener l’enquête. « Je lui ai pas parlé, non. De toute manière, je doute que Rose ait été ravie d’entendre parler de la petite bâtarde de son mari envolé dans la nature depuis des années. » qu’elle ajoute en plissant le nez, lâchant un léger ricanement amer. Elle pose les mains sur ses jambes et grimace de nouveau en haussant les épaules. « Charleville c’était trop loin pour que j’y aille par moi-même. Et au final j’ai appris quoi, que j’avais peut-être une soeur perdue dans Brisbane ? Qu’elle y soit venue y a dix-huit piges c’est une chose, qu’elle soit restée en ville tout ce temps c’en est une autre. J’ai même pas essayé de chercher quand j’ai eu l’info. » coup de chance, coup du sort, elle a finalement eu la pièce manquante et elle a encore attendu. « Et quand j’ai vu l’article j’en sais rien. J’avais d’autres préoccupations sur le moment. J’avais peur de faire le premier pas, d’être déçue. Alors j’venais voir le quartier parfois mais j’ai jamais osé rentrer. Vous imaginez si un jour j’m’étais présentée à l'accueil en disant que j’étais sa demi-sœur cachée ? Si Callum m’étais pas tombée dessus j’serai sans doute jamais rentrée par moi-même. » de nouveau, elle ponctue d’un haussement d’épaules. Un peu trop lâche, pas assez sûre de ce qu’elle voulait, toutes ces raisons mises bout à bout ont retardé le moment où elle a pu rencontrer Raelyn pour la première fois. Quant au temps qu’elle a mis pour venir se présenter ici… « Pour le reste, disons que j’ai pris le temps de la réflexion. » ajoute-t-elle en pinçant les lèvres. Juste avec le coup de main offert par Raelyn et l’appartement, elle se sent déjà redevable de beaucoup, alors si en plus elle récupère un job par-dessus le marché, ça ne fait que rajouter à sa note. Si Amos ne sait pas quoi penser d’elle, elle n’a malheureusement pas de réponse toute faite à lui apporter. Son opinion à propos de sa personne est biaisée dans la mesure où elle n’a aucune estime de soi. Pas tellement le plus vendeur pour un entretien d’embauche. Alors il peut bien penser ce qu’il veut. Spencer écoute, acquiesce et se promet de faire de son mieux, de se tenir à carreau et de ne pas faire de vagues tant qu’elle est ici. Ses conneries, elle les garde pour dehors. « J’vous décevrai pas. » qu’elle dit avec aplomb. Et c’est une belle promesse qu’elle a vraiment envie de tenir, reste à voir si c’est possible sur la durée. Elle secoue négativement la tête en indiquant que non, pas de question, c’est dire si elle est prête à prendre n’importe quoi comme job. C’est plus que faisable si elle y met du sien. Il annonce une date et un horaire pour dans deux jours, elle se redresse et cette fois acquiesce. « Je crains de pas avoir ça dans mon placard, non. » faut dire qu’elle a pas grand chose en terme de vêtements et qu’elle  n’a pas tellement pris le temps de refaire sa garde-robe depuis qu’elle a un toit sur la tête.

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@Spencer Blackwell & Amos Taylor

La grimace de Spencer en dit long sur ce qu’elle pense de ma réaction : elle ne l’apprécie guère. S’est-elle imaginé que je la juge ? Que je ne la crois pas ? Se figure-t-elle que je vais renoncer à lui offrir un job sous prétexte que je ne suis pas convaincu par son histoire de rencontre avec Liam ? Elle ferait erreur. Ce qui m’alerte, en réalité, c’est le temps qui s’est écoulé entre ses différentes démarches. A-t-elle retardé l’heure de la rencontre avec Raelyn parce qu’elle avait peur ou parce qu’elle était trop défoncée pour la provoquer dans la rapidité ? Je me demande sincèrement ce que ça dit sur elle. Plus tard, j’analyserai, aidé parce que je découvrirai à son sujet au fur et à mesure qu’elle évoluera au casino. En attendant, tous mes feux sont en alerte, mais c’est normal. Il n’y a pas de quoi être surpris, j’ai été clair sur mon attachement envers Raelyn. Nul besoin de sous-entendre que je tuerais de mes mains pour elle. Je détruirais quiconque ferait couler une larme sur ses joues - heureusement, elles sont rares - ou qui se servirait d’un élan inhabituel d’empathie pour meurtrir son cœur. Je ne reculerai devant aucun danger pour préserver celle qui m’a sauvée de la folie des Hommes. Est-ce que je sous-estime sa capacité à se défendre seule ? Absolument pas. Elle n’a jamais eu besoin de moi pour prendre soin d’elle, ma complice. Néanmoins, c’est plus fort que moi que d’être inquiet en permanence pour sa sécurité et pour son équilibre. On ne me changera pas et je me moque bien d’avoir en face de moi une gamin qui a l’air paumée. Elle est un danger, comme quiconque arriverait dans le quotidien de ma dulcinée sans crier gare. «Tu as demandé à Liam où était sa soeur et il ne t’a posé aucune question ? » Au moins, je peux l’envisager cette possibilité. Rae n’a jamais caché qu’elle ne partageait rien avec son aîné. «Mouais. On peut pas dire que ce type-là a un sens accru de la préservation. » A la place de Blackwell fils, je n’aurais pas lâcher un morceau d’informations sans chercher à comprendre qui est cette gamine qui n’a pas l’allure de ce qu’elle prétend être. Soit… je ne suis pas là pour le juger : il n’est pas là, lui. Il n’est pas venu quémander de l’aide - si tant est que Spencer l’ait fait sciemment et consciemment - à sa petite soeur parce qu’elle aurait mieux réussi que lui. « Sur ce point, tu as raison. S’il est shérif, je présume que c’est son choix de ne pas débarquer sur Brisbane. » Tant mieux. Jusqu’ici, j’étais curieux de le rencontrer, parce que tout ce qui concerne ma compagne m’intéresse, mais il m’a l’air de tout sauf d’un malin qui nous apporterait quoi que ce soit de positif. Quant à la mère, j’entends tout autant qu’elle n’ait pas essayer ed lui parler. «Surtout que tu as abordé le fils en te présentant comme une vieille cousine.» Je hoche la tête, plus détendu que durant les minutes précédentes. Les pièces du puzzle s’emboîtent tout doucement et elle me donne moins l’impression d’être un parasite, une sangsue prête à se nourrir de l’énergie de sa “soeur”. «Oui. J’ai appris que tu tournais autour du casino.» En conclusion, inutile de s’attarder sur cette question-là, voire sur une autre. Elle est trouillarde, Spencer. Elle n’a pas confiance en elle et plutôt que de se lancer tête la première, tel un taureau, dans l’arène d’une corrida, elle recule. Elle laisse la vie décider pour elle. Est-ce qu’il lui arrive de prendre des décisions seuls ? Seul l’avenir nous le dira et il me tarde d’en apprendre davantage sur elle. Sur l’heure, j’en sais assez : il est donc temps de la libérer, non sans veiller à ce qu’elle ait ce qu’il faut pour assurer son premier jour en respectant l’uniforme et les normes. C’est une condition sine qua pour ne pas me décevoir, justement. «Je vais demander à Stacey de t’accompagner chercher avec toi ce dont tu auras besoin. Je la préviendrai. » ai-je affirmé en me dressant sur mes jambes. Cet entretien est terminé et je le conclus d’un sourire plus rassuré que l’évolution de la discussion aurait pu le présager. «Je te dis donc à bientôt.» Pour son premier jour, je ne manquerai pas d’être présent.

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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

C’est drôle vraiment, Spencer a passé tellement de temps à s’imaginer avoir une famille parfaite, normale, le genre qu’on ne voit qu’à la télévision ou que ses camarades de classe avaient pendant qu’elle se retrouvait forcée à rentrer dans un foyer plein d’autres gamins tout aussi aigris et sauvages qu’elle. Et là, elle touche à peu près du doigt ce que c’est, que d’en avoir une. « Si un jour il débarque ici, promis ça sera pas de ma faute. » ça sera parce qu’il aura finalement décidé de faire ses propres recherches sur sa soeur, parce qu’il se sera trouvé un intérêt soudain à ne plus être l’unique enfant restant ou parce qu’il sera arrivé quelque chose à Rose. Pas qu’elle le souhaite, mais c’est une possibilité qu’il faut envisager. Alors Spencer essaye de rassurer Amos au mieux, au moins sur ses intentions dans toute cette histoire. C’est encore assez flou, même pour elle. A tout moment, elle sent qu’elle peut encore tout faire foirer et dans ce cas-là, sa seule option restante sera une nouvelle fois la fuite. Peut-être que cette fois-là elle ira vraiment s’exiler à Sydney pour de bon. Peut-être que c’est même pas une si mauvaise idée que ça, finalement. Blackwell grimace, forcément qu’il était au courant qu’elle tournait aux alentours. En tant que propriétaire slash boss, il ne doit pas se passer grand-chose sans qu’il ne soit au courant. Le système de sécurité doit être relativement important et c’est peu étonnant vu le genre d’établissement. Entre les vigiles qui se promènent partout et les caméras, visibles ou non, tout doit être surveillé au centimètre carré près. Quand elle a été embarquée par Callum, elle a bien cru que c’était terminé pour elle. Et pourtant, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Alors elle est là, mal à l’aise au possible en train de marcher sur des oeufs pour passer un entretien d’embauche assez peu conventionnel. Est-ce qu’Amos avait déjà décidé de lui laisser une chance avant même qu’elle se présente ici ? Est-ce qu’il le fait parce que Raelyn lui a demandé ? Parce qu’à aucun moment, Spencer n’a l’impression d’avoir été convaincante en quoi que ce soit. Il y a forcément quelque chose qui fait qu’il est prêt à lui laisser une chance, parce qu’elle sait très bien que si elle s’était présentée dans n’importe quel établissement du genre en ville avec un CV comme le sien, aucun employeur ne lui aurait même accordé un simple regard. Alors sur le papier, elle veut bien faire. Elle se convainc que c’est sa chance de changer de mode de vie, de construire quelque chose et peut-être de réparer les erreurs passées. Dans la théorie tout va bien se passer en tout cas. Sur le principe, ça reste à voir. Mais elle fera son maximum pour ne pas décevoir parce qu’elle n’a aucune envie de laisser passer sa chance. « Stacey, okay. Merci. » il se lève et la jeune femme l’imite, prête à suivre au mot ce qu’on lui dit de faire. Pour une fois, elle est véritablement motivée par l’idée de se montrer sous son meilleur jour et de prouver qu’elle est capable de faire ce qu’on attend d’elle. Ne lui reste plus qu’à aller trouver cette fameuse Stacey et aller s’équiper pour son futur premier jour. Elle a encore du mal à réaliser tant tout paraît tellement irréaliste. « Merci, et hm à bientôt. » elle enquille, continuant ses remerciements pour la millième fois au moins. Mais elle est reconnaissante et elle a un peu de mal à savoir comment l’exprimer autrement, alors pour l’heure ça suffira sûrement. Bon, ça s'est pas si mal passé, tout compte fait.