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 (keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une

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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyMar 21 Déc 2021 - 15:59

Un mois. Un mois très exactement que Joseph est parti en cure de désintoxication, bien plus de force que de gré. Lily lui avait laissé le choix, pourtant, elle avait essayé de faire en sorte que la décision vienne de lui et qu’elle n’ait pas l’air forcée. C’est à cause de lui et de lui seul qu’ils en sont venus à cette situation, qu’elle a laissé le personnel de l’hôpital l’endormir de nouveau pour ne pas qu’il se fasse du mal ou ne leur en fasse durant le transport. Il clamera le contraire, il dira qu’elle l’a (encore) abandonné, mais la jeune femme a assisté à tout le processus les larmes aux yeux, pourtant incapable de les laisser couler. Joseph l’a faite pleurer à de bien trop nombreuses reprises pour qu’elle lui laisse encore cette force aujourd’hui. Ils sont des adultes et elle est celle qui veille sur sa famille, malgré ce que les conventions peuvent en penser. Son grand-frère n’a jamais été capable d’une telle chose, ni auprès de leur mère, ni auprès d’elle. Lily s’occupe donc de leur vieille mère devenue veuve autant que de son addict de frère incapable de s’en sortir seul. Cette fois-ci, peut être, il arrivera enfin à faire quelque chose de sa vie et à s’en sortir seul, à se trouver quelqu’un, à fonder une famille, à avoir un véritable travail. Il n’y a rien d’insurmontable là-dedans, alors pourquoi est-ce que Joseph ne fait même pas semblant d’essayer d’y parvenir ?

Aujourd’hui, elle ne sortira pas de la voiture. Elle vient le chercher parce qu’il lui manque autant que parce qu’elle veut s’assurer qu’il ne profite pas de la première occasion pour rentrer dans la voiture d’un de ses bandits d’amis pour déjà recommencer leurs petites histoires. Joseph est resté là-bas un mois, il ne peut pas déjà réduire à néant tous les efforts fournis. Mais il lui manque. Il lui manque vraiment, comme à cette époque où il est parti de la maison sans se douter de ce que Lily pourrait ressentir. Ses grands yeux clairs ne lâchent pas la porte des yeux, c’est à peine si elle cligne de peur de voir son frère s’évanouir sous ses yeux. Est-ce qu’ils lui auront coupé les cheveux, là-dedans ? Est-ce qu’il aura pris la peine de raser sa barbe ? Elle ne sait même pas à quoi peuvent ressembler les journées d’un homme en cure et elle ne lui posera pas même la question, de peur de ne pas en aimer la réponse. Lily préfère encore imaginer les choses de façon arrangée, aménagée, romancée.

Elle appuie sur le klaxon dès qu’elle reconnaît la silhouette de son frère à l’horizon. Il lui semble amaigri mais elle n’en sait rien, en réalité, parce qu’il n’a de toute façon jamais été autrement. C’est la faute aux drogues, à n’en pas douter, Lily pourrait vous l’assurer avant même que vous lui posiez la question. Elle se racle la gorge, habitude qu’elle ne retrouve qu’auprès de son aîné, par simple mimétisme. “T’as pas chaud, avec toutes ces couches ?” L’été bat son plein, maintenant. Tout était moins pire, il y a un mois de cela. Joseph ne pouvait pas savoir qu’après son séjour à l’hôpital, il n’allait pas rentrer chez lui. Il n’avait pas pu prévoir ses affaires et Lily n’a pas demandé non plus si elle pouvait le lui en apporter. Ne rien savoir l’arrangeait très fortement et les choses sont bien mieux ainsi. De toute façon, elle n’a pas d’autres questions à lui poser et le silence leur fera sans doute bien plus de bien qu’une énième dispute. “Je t’ai pris des bonbons. Tes préférés.” Il va détester la suite de la journée, alors autant l’adoucir tant qu’elle le peut encore.
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyDim 9 Jan 2022 - 1:47

Le douzième d’une année. Un mois. Quatre semaines. Trente jours durant lesquels il n’a eu pour seule occupation que de serrer les poings en fixant les murs. Il ne s’est souvenu d’aucun de ses rêves, son sommeil constamment dérangé par des épisodes de douleur fantôme. Ce n’était pas son corps qui lui faisait mal, c’était sa cervelle à laquelle on avait refusé sa source d’énergie préférée : la cocaïne. Il n’avait plus vu personne durant tout son emprisonnement mais il n’avait cessé d’en vouloir à  sa sœur qu’il revoyait à chaque fois qu’il fermait les paupières. Son visage angélique, parfait, séraphique, la plus grande fraude que ce monde ait connue. Elle lui avait dit qu’il n’avait jamais eu le contrôle sur sa vie et elle avait décidé de marquer son point en lui retirant la seule chose qu’il possédait encore : le choix. Il la détestait. Il l’a détestée durant tout son séjour, s’est imaginé sa tête en écrasant les carottes trop cuites dans son assiette avec sa fourchette en plastique (parce qu’une fourchette en métal c’est considéré comme une arme). Et c’était elle qui revenait la chercher ce matin, tandis qu’il se vêtait du même jean, du même haut, de la même veste qu’il portait à son arrivée ici (heureusement, toutes les fringues avaient été lavées).

« Voici votre prescription. Il vous faudra passer à l’hôpital tous les jours pour obtenir les pilules. C’est une façon de nous assurer que vous suivez la procédure. Nous ne vous voulons que du bien. » C’était marrant comme les intervenants se devaient, à tout mot toute phrase, rappeler aux patients qu’ils étaient ici pour obtenir de l’aide et non pour souffrir. Plutôt ironique parce que Joseph ne s’était jamais senti aussi mal de toute sa vie. Il avait maigri, certes, il tombait de fatigue au moindre effort, sa tête tournait lorsqu’il montait les escaliers trop rapidement. Il détestait son nouveau corps qui ne le supportait plus comme avant. On lui avait dit à maintes reprises qu’il retrouverait la forme d’ici quelques mois s’il continue de suivre les conseils qui étaient listés sur une feuille qu’on lui avait donnée juste avant qu’il ne sorte de l’institut. On avait rasé sa barbe et coupé ses cheveux pour le débarrasser de l'odeur de cet endroit. Il avait aussi récupéré ses effets personnels et n’avait même pas pris la peine de jeter un coup d’œil à son téléphone, de peur de constater que rien ni personne ne s’était soucié de son absence. Il était mort depuis longtemps déjà.

La chaleur le surprend quand il ferme la porte derrière lui. Il jette un coup d’œil au ciel bleu et se fiche bien de se brûler la rétine. Il n’avait pas apprécié cette vue depuis trop longtemps. Trop fatigué pour réagir, il ne bronche pas lorsque le son tintamarresque d’un klaxon gueule devant lui. Il serre les dents en reconnaissant la voiture de sa sœur. Évidemment, elle avait été informée de sa sortie. Après avoir pris une longue inspiration au goût amer, il la rejoint d’un pas mou et s’installe du côté passager comme d’habitude, parce qu’il ne sera jamais celui qui se conduit quelque part. Il se fait conduire par les autres. Lily avait raison, au fond. “T’as pas chaud, avec toutes ces couches ?” Il attache sa ceinture et se contente de fermer les yeux pour mieux rivaliser avec son immortelle migraine. Il a pris soin de couvrir son visage avec sa capuche pour empêcher la jeune femme de l’analyser comme le cobaye d’une étude. « J’veux juste rentrer. T’es pas obligée d’me causer. » Il grogne entre ses dents comme un lion irritable. Non. Il n’a pas l’intention de lui raconter son expérience entre ces quatre murs. Il la déteste. Il la déteste et c’est tout. “Je t’ai pris des bonbons. Tes préférés.” « Super, j’vais pouvoir les gerber dans ta boite à gants. » Il n’arrive qu’à avaler des craquelins salés, parfois quelques fruits neutres comme des bananes, une fois il a réussi à manger un plat de lasagne mais, la journée d’après, le deuxième essai a été moins convaincant. « Tais-toi et conduis. » Il ajoute dans un souffle. « J’dois passer à l’hôpital pour récupérer la drogue qu’ils m’ont prescrit à la place de l’ancienne. » Une drogue pour une autre. Le succès est flagrant. Éternellement dépendant.    

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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyMer 12 Jan 2022 - 17:30

Les mots de Joseph « J’veux juste rentrer. T’es pas obligée d’me causer. » signifient déjà que le voyage sera long et tout sauf agréable, surtout alors qu’elle vient de partager avec lui les mots les plus doux qu’elle le pouvait. Il détestera plus encore le reste de la journée, et ne parlons même pas du lieu de destination qu’elle n’a pas jugé nécessaire de préciser. Joseph veut rentrer mais il ne sait pas encore qu’il ne rentrera pas chez elle (à défaut qu’il ait déjà un ‘chez lui’). “Je prends de tes nouvelles.” qu’elle se défend sans, pour une fois, le faire en attaquant en retour. Lily courbe l’échine parce qu’elle sait déjà qu’elle est dans le tort et elle n’aime pas être dans une telle situation: rares sont les instants de sa vie pendant lesquels ont peut tenir le moindre reproche à la brune et il y a fort à parier que celui-ci n’en deviendra pas un dans le récit qu’elle tiendra à autrui. Ce sera l’histoire d’un grand-frère rongé par l’addiction, d’une petite soeur qui fait au mieux pour lui, de meilleurs amis qui aujourd’hui ne peuvent plus vivre ensemble et finalement d’une cousine qui n’a rien d’une grande dame (surtout pas comparé à Lily) mais qui peut au moins s’occuper de son cousin, pour une fois.

Alors, elle enchaîne. Parler de bonbons, raviver des souvenirs d’enfance. Elle ne le connaît pas assez pour savoir ce que le Joseph adulte peut aimer dans la vie (en dehors de la drogue), alors elle se contente encore et toujours de parler de leurs souvenirs communs vieux de deux, trois décennies. « Super, j’vais pouvoir les gerber dans ta boite à gants. » Ses mains se resserret autour du volant mais elle cache le silence amer sous le ronron du moteur qui redémarre déjà. “Si t’as envie de vomir, t’ouvres la fenêtre.” Ses attaques ne prennent pas, elle le connaît assez pour en avoir l’habitude et savoir les accepter et passer à autre chose presque aussitôt. Son séjour en désintox n’est pas une raion suffisante pour apparaître éternellement aigri face à elle ; c’est bien pour cette raison que personne ne voudrait croire qu’il est le seul véritable gentil de cette fratrie. « Tais-toi et conduis. » Dans un souffle exaspéré, elle finit par laisser la voiture rouler. Plus vite ils auront quitté cet endroit et mieux les choses iront, elle en est persuadée. Il lui en veut encore de l’avoir forcé à venir ici et, même si elle ne comprend pas un tel ressentiment injustifié, elle peut au moins espérer qu’il saura rapidement passer à autre chose. Pour cause, Lily sait déjà qu’elle ne sera pas capable de laisser son aîné lui donner des ordres à nouveau, encore moins d’obéir.

« J’dois passer à l’hôpital pour récupérer la drogue qu’ils m’ont prescrit à la place de l’ancienne. » Les Keegan sont doués pour modifier la réalité selon ce qu’ils veulent en faire, il n’y a aucun doute là dessus. “Ils ne te prescrivent pas des drogues, Jo, c’est pour te soigner.” Chose qu’ils ont déjà dû lui expliquer un demi million de fois et qu’il n’a pas voulu écouter, trop habitué à se faire passer pour la victime de l’histoire et à générer l’empathie d’autrui. Déjà, elle en vient à regretter sa venue et à se dire qu’il ne lui manquait pas tant que ça, son grand frère. “Comment tu te sens maintenant ?” Maintenant qu’ils l’ont purgé de toutes ces drogues, maintenant qu’ils l’ont assez tenu éloigné d’une aiguille pour qu’elle sache déjà que sous ses longues manches ne se cache aucune plaie récente. “Si tu manges pas ces bonbons je le ferai à ta place, je te préviens.” Elle le menace d’un sourire amusé, tentant une fois de plus de recevoir la même chose de lui, dans l’espoir fou qu’il finisse à un moment ou à un autre par la remercier de tout ce qu’elle fait pour lui. En attendant, c’est donc vers l’hôpital de la ville qu’elle se dirige, bien décidée à le suivre dans chacun de ses méandres pour ne pas qu’il disparaisse mystérieusement dans la nature suite à ça.
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptySam 22 Jan 2022 - 6:02

“Je prends de tes nouvelles.” Lily veut savoir si elle a réussi à modeler son frère comme elle aurait voulu qu’il soit depuis le début. Elle veut qu’il la remercie de l’avoir jeté là pour cesser de culpabiliser, c’est certain. Elle a toujours été comme ça, la petite fille qui n’a jamais réellement grandi : elle faisait des choses pour satisfaire ses propres besoins. Aujourd’hui, elle avait besoin d’un frère alors elle l’a envoyé là où on ne lui laisserait pas oublier qu’il est malade, qu’il a un problème, que son âme vaut moins que celle d’une personne qui ne se pique pas. Tous les jours, depuis un mois, il se rappelle qu’il fait partie de cette espèce qu’on laisse crever à la rue parce qu’il ne vaut pas la peine de se faire du souci pour lui, parce qu’il n’a rien d’intéressant à raconter, parce que sa misère est contagieuse, parce qu’il sera de toute façon mieux là-haut auprès du seul Être qui aura pitié de lui s’il n’a pas commis trop de péchés au cours de sa vie. Ou s’il s’est confessé assez souvent pour se faire pardonner d’être un être humain qui a des failles. « J’ai pas envie d’te parler, Lily. J’ai pas envie qu’tu m’regardes avec des yeux si tristes parce que tu as tellement de peine pour ton pauvre grand frère qu’t’as envoyé dans un trou, pensant lui offrir l'salut. » Plus de mots qu’il n’aurait espéré se sont échappés de sa bouche. Il a de la colère à crier, mais il ne se le permet pas. Il n’est plus question de se faire remarquer, dorénavant, seulement de vivre en solitaire parce que c’est ce qu’il fait de mieux. Avec un peu de chance, il trouvera un chat errant qui décidera de le suivre partout et de lui offrir une compagnie silencieuse qui ne lui pose jamais de questions et qui ne se permet pas de lui chanter la morale.  

Elle lui offre ses bonbons préférés, qu’il n’a d’ailleurs pas goûté depuis l’éternité, parce qu’il n’a plus les papilles gustatives d’un enfant qui part régulièrement à la recherche de sucre. Certes, Cyril n’est plus là pour lui dire qu’il se pourrira les dents en mangeant de telles cochonneries mais ce n’est plus contre son défunt père qu’il se bat aujourd’hui. “Si t’as envie de vomir, t’ouvres la fenêtre.” Il ne vomira pas parce qu’il ne touchera pas à ce sachet de bonbons posés entre les deux sièges de la voiture. Il a d’ailleurs détourné le regard pour ne plus voir le profil de sa sœur dans son champ de vision. Il observe la ville ensoleillée et aveuglante défiler comme un ruban lumineux derrière la vitre et il ne cesse de se froisser le nez et les paupières quand trop de clarté lui érafle les pupilles sensibles. Bientôt, il ferme simplement les yeux pour ne plus avoir à gérer l’inconfort. “Ils ne te prescrivent pas des drogues, Jo, c’est pour te soigner.” Il lâche un soupir en balayant l’air du revers de la main, franchement indifférent devant ces précisions. Il a déjà été à jeun pendant trois ans. Ce n’est pas un seul petit mois et des médicaments qui lui redonneront toutes les années qu’il a perdues. Depuis longtemps, Joseph se croit condamné. Il tentera de ne pas plonger, certes, mais il ne fera jamais de promesse, ni à sa sœur, ni à Deborah (il préfère ne pas penser à elle), ni à lui-même. “Comment tu te sens maintenant ?” « Comme une toilette dans laquelle cinquante mille hommes ont pissé et chié. » Il ne se sent pas bien, aussi lourd qu’un paquebot transportant d’autres paquebots, et n’a pas l’intention de mentir à Lily pour lui faire plaisir ; au contraire. “Si tu manges pas ces bonbons je le ferai à ta place, je te préviens.” Il ne réagit toujours pas. S’il pouvait s’endormir, il le ferait. Peut-être qu’en se réveillant cinq ans plus tard, il se sentirait bien pour une fois dans sa vie. « Tu m’as pas sauvé, Lily. T’as pas mis fin à mon éternelle souffrance (il le dit d’une voix moqueuse en faisant des guillemets avec ses doigts parce qu’il ne pense pas souffrir éternellement – c’est le reste du monde qui a assumé qu’il ne va pas bien). T’as seulement essayé d’te déculpabiliser en m’envoyant dans cet hôpital pour que d’autres personnes s’occupent de moi, parce que t’as pas l’courage d’être ma sœur et de l’faire toi-même. » Ça aura le mérite d’être clair. « Tu préfères prendre soin des inconnus parc’que, si les choses tournent mal pour moi, tu pourras pas t’blâmer d’avoir commis une erreur. Ce s’ra juste ma faute, et c’est comme ça. Tu pos’ras une fleur sur ma tombe une seule fois, puis tu r’viendras plus jamais. » Il commence à manquer de souffle. Sa migraine le talonne, la nausée monte dans sa gorge, et il ouvre rapidement la portière pour sortir de la voiture lorsqu’elle se gare devant l’hôpital. Il la fait claquer derrière lui, disparaît à la réception et revient cinq minutes plus tard après avoir avalé deux pilules devant un infirmier qui a par la suite vérifié dans sa bouche pour s’assurer qu’il ne l’avait pas caché en-dessous de sa langue pour la cracher dehors. Il rentre à nouveau dans la voiture. « C’est bon, j’suis guéri, hallelujah. Rentrons. » Un ordre qu’il bêle, toujours sans accorder le moindre regard à sa sœur, en attachant sa ceinture d’une main fragilisée et palpitante.  

@Lily Keegan :brows:


Dernière édition par Joseph Keegan le Sam 19 Fév 2022 - 23:31, édité 1 fois
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyMar 25 Jan 2022 - 17:39

« J’ai pas envie d’te parler, Lily. J’ai pas envie qu’tu m’regardes avec des yeux si tristes parce que tu as tellement de peine pour ton pauvre grand frère qu’t’as envoyé dans un trou, pensant lui offrir l'salut. » Bien heureuse d’avoir une route sur laquelle poser les yeux, c’est contre le pommeau de vitesse que la brune laisse ses ongles manucurés s’enfoncer sans retenue. Sur son visage, pourtant, il n’y a rien à lire, pas même le moindre muscle qui se resserre et se fait témoin de son agacement. Tout est sans doute bien pire, alors, quand elle répond à son frère d’une voix fluette, faussement désintéressée comme si elle lui rappelait qu’ils avaient besoin d’acheter des légumes sur le chemin. “Si je t’avais pas envoyé ici, c’est au fond d’un autre trou que t’aurais fini.” Et dans celui-là, on l’y aurait emmené dans un cortège fait de bois et poli avec soin. Oh, il aurait eu un magnifique cercueil, Joseph, parce que les apparences se doivent d’être préservées et ce jusqu’à la dernière seconde, quand Lily aurait fait un discours émouvant et qu’elle n’aurait pas eu à se forcer pour verser une larme pour son frère décédé trop tôt. Six pieds sous terre, au moins, il n’aurait plus été capable de la tenir responsable de ses propres erreurs, à commencer par son addiction irraisonnée et sans doute irraisonnable aussi.

Peut-être que c’est mieux que rien: ils se parlent. C’est un véritable dialogue de sourd qui s’impose entre eux, chacun défendant farouchement son point de vue, mais au moins ils échangent quelques mots sans avoir à crier, ni d’un côté ni de l’autre. Parfois, la plus jeune profite de vérifier à droite et à gauche que la route soit libre pour observer une seconde de plus son aîné rongé par l’addiction, l’air bien plus vieux qu’il ne l’est en réalité. Dans son esprit, cette image se retrouve face aux souvenirs de son enfance et la différence entre ces deux hommes, tous deux étrangement prénommés Joseph, la frappe d’autant plus. Frère et sœur sont bien loin de ressembler à leurs mini-eux âgés de trente années de moins. Comment tu te sens maintenant ? Est la question dans laquelle Lily met toute sa patience, tous ses efforts aussi. « Comme une toilette dans laquelle cinquante mille hommes ont pissé et chié. » Est une réponse dans laquelle il ne met ni patience, ni effort. Du Joseph tout craché, en somme. Ce n’est pas l’envie de l’abandonner sur le bas-côté qui lui manque. “Charmant.” Joseph ne sait pas parler autrement qu’en crachant tous les mots pour lesquels on leur a un jour appris des synonymes plus charmants à l’écoute.

Une fois de plus, elle essaye de nouer un dialogue avec lui, lequel ne devrait pas pouvoir être lié à un reproche ou un autre. Cette fois-ci, pourtant, le retour de bâton se veut bien plus violent que jamais. « Tu m’as pas sauvé, Lily. T’as pas mis fin à mon éternelle souffrance. T’as seulement essayé d’te déculpabiliser en m’envoyant dans cet hôpital pour que d’autres personnes s’occupent de moi, parce que t’as pas l’courage d’être ma sœur et de l’faire toi-même. » Ses doigts impatients pianotent désormais sur le volant, au milieu d’une route terriblement longue et longiligne. Il ne devrait pas lui reprocher autant de choses alors qu’elle a toujours le pouvoir de le renvoyer dans son centre et, cette fois, de ne plus jamais l’en laisser sortir. “Tu crois qu’être ta sœur me donne le super pouvoir de soigner ton esprit malade ?” Il devrait s’estimer heureux qu’elle accepte aujourd’hui plus aisément son existence, là où deux années plus tôt elle continuait de clamer être fille unique. Il devrait s’estimer heureux qu’elle pose encore le regard sur lui alors qu’il accumule toutes les raisons du monde pour qu’il la dégoûte à bien des niveaux, si ce ne sont tous les niveaux. Elle aimerait avoir des pouvoirs magiques pour régler tous les problèmes de l’univers une bonne fois pour toutes mais ce n’est pas le cas, malheureusement. “Je t’ai envoyé là-bas parce qu’ils ont l’habitude des gens comme toi.” Alors que dans l’entourage de Lily, il est le seul à éternellement dénoter avec la perfection apparente de ses proches et leurs vies: même Alfie, officiellement, est une personne reconnue dans son domaine et non un drogué sodomite. Si Alfie y arrive, Joseph devrait pouvoir en faire autant, mais il n’a jamais fait le moindre effort en ce sens, éternellement habitué à être relevé à bout de bras lorsqu’il touche le fond du trou pour la troisième fois de l’année.

Mais il en a soudainement des choses à dire, Joseph qui s’était jusque-là parfaitement terré dans son silence. « Tu préfères prendre soin des inconnus parc’que, si les choses tournent mal pour moi, tu pourras pas t’blâmer d’avoir commis une erreur. Ce s’ra juste ma faute, et c’est comme ça. Tu pos’ras une fleur sur ma tombe une seule fois, puis tu r’viendras plus jamais. » Il fuit la moindre réponse de sa cadette en ouvrant déjà la portière pour s’enfuir, la laissant derrière sans la moindre possibilité de réponse alors qu’elle crève déjà d’envie de démarrer à nouveau le moteur pour le laisser seul, le temps pour lui de réfléchir à l’absurdité de ses paroles autant que de ses agissements. Cette fois-ci, ses grands yeux clairs le suivent avec haine, animée par le simple fait qu’il ait raison sur toute la ligne: aider des inconnus est bien plus facile que d’en faire de même pour son propre sang. Pour autant, il n’a pas le droit de lui reprocher de l’avoir abandonné, par alors qu’elle lui dédie une journée de plus.

Lorsqu’il revient, elle n’a pas bougé. Ni elle, ni la voiture. Trop occupée à se repasser en boucle les paroles de son aîné et à le détester pour ces dernières, Lily n’a pas fait le moindre geste. Elle rumine en silence, un demi-sourire éternellement affiché sur son visage au cas où quelqu’un viendrait à l’observer depuis l’extérieur. « C’est bon, j’suis guéri, hallelujah. Rentrons. » Elle ne veut pas savoir si ça s’est bien passé, elle ne veut pas savoir s’il va mieux. Tout ce qu’elle veut, c’est finalement lui donner raison et se débarrasser de lui le plus vite possible pour ne plus avoir son sort sur la conscience. Lily démarre avant même qu’il boucle sa ceinture, fait ô combien étonnant de sa part, et jusqu’à leur destination elle n’essaye même plus de nouer le moindre contact, enfant vexée. Miraculeusement, la maison de Mona se trouve de façon générale sur le chemin menant jusqu’à celle de sa cousine, raison pour laquelle les soupçons de Joseph ne peuvent qu’arriver trop tard. “On est arrivés.” que sa petite soeur se contente donc d’annoncer, la voix neutre au possible, le regard dur éternellement dédié à son aîné - avec qui elle n’essaye plus de se montrer parfaite. “Mona s’occupera de toi.” Il n’a pas besoin de savoir qu’elle refuse de l’accueillir chez elle simplement parce qu’Alfie y est déjà et qu’une rencontre entre les deux hommes mènerait nécessairement à la mort d’un des deux. Il l’apprendra au pire moment, lequel n’est pas encore arrivé.
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyDim 20 Fév 2022 - 0:44

“Si je t’avais pas envoyé ici, c’est au fond d’un autre trou que t’aurais fini.” Il a déjà fini au fond d’un trou à plusieurs reprises mais a toujours réussi à s’en sortir sans l’aide de Lily, trop occupée à prendre soin des autres pour éviter l’échec que ce serait de prendre soin de son frère. « J’ai pas l’impression que tu t’rends compte que tu connais rien d’moi. La preuve, tu crois encore qu’ces bonbons sont mes préférés alors que j’en ai pas touché de cette sorte là depuis que j’ai quinze ans. » Elle se rappelle de leur enfance, de leur rivalité, de leurs moments de paix ponctués parfois par quelques sourires et quelques câlins (rarement des câlins, Lily ne voulait pas se salir). Mais, l’adulte qu’il est devenu, elle ne le connait pas. Elle continue à penser qu’il est le pire d’entre eux alors que ça fait vingt ans que Joseph lui a collé l’étiquette du diable sur le front. Il est peut-être malade, il a peut-être fait des centaines de mauvais choix qui l’ont mené jusqu’ici, mais Lily n’a jamais su retirer ce masque de fille parfaite qu’elle s’obstine à préserver alors qu’elle aurait le droit d’insulter la vie pour une fois. La différence entre les deux Keegan, c’est que l’un a cessé d’espérer depuis longtemps et l’autre continue de croire qu’il y a un Dieu perché là-haut qui hésite encore à l’amener au Paradis ou en Enfer. Si seulement Lily se rendait compte qu’elle n’a besoin de ne satisfaire personne d’autre qu’elle-même et ses proches.

Il veut éviter les discussions banales et ne pas parler de son séjour en cure mais sa sœur a des réflexes bien ancrés en elle. Tous les jours, elle s’assure que ses patients vont bien alors c’est naturel pour elle d’interroger son frère. Elle ne le fait pas parce qu’elle l’aime, mais parce qu’elle le fait tout le temps. Et c’est plus facile de lui demander comment il va après l’intervention plutôt que d’agir avant. “Tu crois qu’être ta sœur me donne le super pouvoir de soigner ton esprit malade ?” Il rit nerveusement en passant sa main dans sa barbe. Elle peut bien parler, elle et son cerveau lobotomisé. Il se passera toutefois de passer le commentaire à voix haute. “Je t’ai envoyé là-bas parce qu’ils ont l’habitude des gens comme toi.” « Parfois, j’me demande si t’en aurais quelque chose à foutre si j’disparaissais de ta vie. Quelque chose m’dis qu’tu serais rassurée de ne plus avoir à traîner un mec comme moi derrière toi. Tu pourrais à nouveau faire semblant qu’tout va bien, et tu pourras à nouveau marier le premier venu, essayer d’avoir un gosse pour te déculpabiliser en l’élevant comme un p’tit gars qui mènera une vie aussi parfaite que la tienne. Et il saura jamais qu’il avait un oncle. Pour pas le contaminer, t’sais. » Il est complètement à jeun alors il sait que ses paroles sont crues : c’est pour cette raison qu’il ne regarde plus Lily et qu’il se contente de faire grincer ses dents ensemble en attendant le moment de sortir de la bagnole. Et il le fait en toute hâte lorsqu’ils se garent devant l’hôpital.

La suite du trajet se fait dans le silence, au plus grand plaisir d’un Joseph et sa migraine. À la toute fin du trajet, il réalise que sa sœur n’est pas en train de rouler en directement de chez elle, qu’elle a pris un tournant à la dernière seconde. Il plisse les paupières en observant le voisinage. Il connait cet endroit, certes, puisqu’une carte de la ville est dessinée dans son cerveau, mais personne de son entourage n’habite dans ce coin. Il laisse le bénéfice du doute à Lily : il y a peut-être des travaux autour de chez elle, il ne saurait pas puisqu’il s’est absenté pendant un mois. Pourtant, une minute plus tard, la voiture s’arrête devant une maison qu’il n’a jamais vue. “On est arrivés.” Il fixe Lily avec deux grands yeux ronds, prêt à pouffer de rire. « Tu as déménagé ? » Ce n’est sûrement pas ça puisqu’elle aurait plutôt placé sa voiture dans le garage. “Felicity s’occupera de toi.” Son sourire ne s’efface pas tout de suite. Il observe les traits de la jeune femme, attendant le moment où elle admettra qu’il ne s’agit que d’une mauvaise blague, une vengeance. Pourtant, elle reste complètement sérieuse. « Elle n’habite pas Brisbane. C’est impossible. » Il souffle en secouant la tête. Non, leur cousine aurait certainement fui le plus loin d’eux possible. Mais, voyant que le visage de Lily ne change pas d’un centimètre, il fronce les sourcils et finit par éclater d’un rire rauque en croisant ses bras sur sa poitrine pour mieux serrer sa ceinture de sécurité contre lui. « Nope. On va chez toi. Allez. Conduis ou j’le fais. J’descendrai pas d’cette bagnole tant qu’on sera pas d’vant ta maison. Tu te débarrasseras pas d’moi deux fois de suite. » Aurait-il peur de revoir Felicity ? Absolument. Elle agira comme tous ces passants qui ont pitié des gens comme lui. Il préfère nettement les insultes de Lily.

@Lily Keegan


Dernière édition par Joseph Keegan le Jeu 3 Mar 2022 - 0:54, édité 1 fois
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyJeu 3 Mar 2022 - 0:44

« J’ai pas l’impression que tu t’rends compte que tu connais rien d’moi. La preuve, tu crois encore qu’ces bonbons sont mes préférés alors que j’en ai pas touché de cette sorte là depuis que j’ai quinze ans. »
Ça s’appelle faire des efforts, Jo.

Il a raison et elle ne veut pas l’admettre: bien sûr que Lily ne sait rien de cet homme avec qui elle partage le même sang et un lieu d’enfance commun. Ils ne communiquent pas, ils ne se voient plus, ils ne se partagent rien. Comment pourrait-elle savoir quoi que ce soit de lui, dans de telles conditions ? Ce n’est que de la faute de Joseph s’ils en sont là, parce que Lily aurait été heureuse de grandir avec un frère capable de lui donner des neveux et nièces, capable de la rendre heureuse de le présenter à ses proches aussi. Il n’est même pas capable d’être constant dans ses goûts alimentaires, comment le pourrait-il être dans sa vie ou dans un possible couple ? Pourtant, Joseph qui n’a jamais fait d’études, Joseph qui n’a jamais rien construit, Joseph qui n’a jamais fait le bien autour de lui a toujours quelque chose à dire, quelque chose à avancer puisqu’il sait sans nul doute tout mieux que tout le monde. Lily serre encore un peu plus ses mains finement manucurées autour du volant, muette. « Parfois, j’me demande si t’en aurais quelque chose à foutre si j’disparaissais de ta vie. Quelque chose m’dis qu’tu serais rassurée de ne plus avoir à traîner un mec comme moi derrière toi. Tu pourrais à nouveau faire semblant qu’tout va bien, et tu pourras à nouveau marier le premier venu, essayer d’avoir un gosse pour te déculpabiliser en l’élevant comme un p’tit gars qui mènera une vie aussi parfaite que la tienne. Et il saura jamais qu’il avait un oncle. Pour pas le contaminer, t’sais. » Son frère préfère dire qu’il continue de se poser la question alors qu’en réalité, ils sont tous deux au courant de la réalité des choses: non, elle n’en aurait rien à foutre s’il disparaissait de sa vie et bien au contraire, elle en serait sûrement même soulagée. Elle jouerait la sœur éplorée, elle aurait bien moins de problèmes à gérer aussi. Seule sa vie serait le centre de ses préoccupations, et cela lui faciliterait ô combien la tâche de ne pas avoir à surveiller son grand frère comme s’il avait éternellement dix ans, trop occupé à chercher à faire toutes les bêtises possibles pour se concentrer sur le reste. Il fait un long discours pour ne pas avoir à entendre la voix de sa sœur suite à ses pensées, et c’est sûrement bien mieux ainsi. Qu’on le croit ou non, Lily ne lui veut pas de mal, elle ne veut pas le faire souffrir sans raison. Il n’est pas un homme qu’elle est fière de pouvoir appeler son ‘frère’ mais même elle ne peut pas nier une telle évidence. Elle vaut mieux que lui, elle ne lui rappellera pas qu’à ses tentatives d’avoir une vie digne de ce nom, son frère ne semble même pas tenter de faire des efforts en ce sens à son tour. Il n’a pas le droit, qui plus est, de lui reprocher aujourd’hui sa énième tentative ratée d’avoir un enfant alors qu’elle pleurait encore contre son épaule la mort d’un nouveau fœtus dans son ventre, il y a quelques mois à peine. Pour pas contaminer son enfant, elle ne réfléchirait pas même à deux fois et elle serait capable de le garder éloigné de son frère sans même y penser à deux fois.

De toute façon, Joseph ne sera rapidement plus son problème. Elle joue son rôle, elle le sort de l’hôpital, elle l’emmène à la pharmacie ; et à partir de là la brune ne lui doit plus rien. Lily a bien assez tenu son rôle de sœur, elle n’a pas à en faire davantage pour avoir le bon rôle. Surtout, elle ne peut pas en faire davantage. Pour son bien, à lui, elle ne le peut pas. « Tu as déménagé ? » L’ancienne infirmière évite soigneusement son regard, préférant encore le poser sur la porte d’entrée de la maison, celle-ci même qu’elle espère voir s’ouvrir à tout instant. A défaut que ce soit le cas, elle en vient donc à lui préciser que seule leur cousine Felicity s’occupera de lui, tel un parfait passage de relais dont elle est pourtant tout sauf fière. Elle l’est encore moins alors que les yeux clairs de son frère ne cessent de la sonder et qu’elle se voit contrainte de finalement relever ses yeux sur son aîné. « Elle n’habite pas Brisbane. C’est impossible. » La cadette serre les dents, muette au point où cela en devient toujours plus suspicieux. Elle a perdu son éternel besoin d’avoir le dernier mot ou de se montrer plus forte et plus intelligente que tout le monde: cette fois-ci, Lily n’a plus rien de fière. Le rire que finit par esquisser son frère lui glace le sang.

Joseph, plutôt que de se montrer docile, ouvrir la portière et simplement sortir de la voiture pour aller rattraper le temps perdu avec leur cousine, il préfère s’enfoncer dans son fauteuil et serrer la ceinture contre lui. Il s’y accroche comme à une bouée de secours et elle le jure, Lily: si elle avait pu l’amener chez elle, elle l’aurait fait. Si elle avait pu l’avoir sous les yeux quotidiennement au point de l’étouffer, elle l’aurait fait. « Nope. On va chez toi. Allez. Conduis ou j’le fais. J’descendrai pas d’cette bagnole tant qu’on sera pas d’vant ta maison. Tu te débarrasseras pas d’moi deux fois de suite. » Les yeux de Lily deviennent tristes alors qu’elle détache la ceinture du brun elle-même, pourtant certaine qu’il la rattachera aussitôt. “T’as même pas le permis, Jo.” Elle souffle, comme si lui rappeler ce détail avait quoi que ce soit de nécessaire en cet instant. Comme si son frère n’aurait pas conduit sans le petit papier officiel attestant de sa capacité à le faire. Comme si c’était le sujet, là. “Tu peux pas venir chez moi.” Ce n’est pas qu’elle le veut pas. Pour une fois, elle le jure, elle ne veut pas le repousser au loin. Elle aurait voulu l’aider, sincèrement, mais c’est justement dans ce but là que Lily se doit de le laisser vivre avec leur cousine plutôt qu’elle. “J’habite pas toute seule.” Et déjà, il va l’imaginer avoir refait sa vie auprès d’un nouveau mari qui aurait été le premier venu. Peu importe. Elle accuse un silence nécessaire pour trouver du courage et énoncer la vérité. “Je vis avec Alfie depuis quelques semaines.” Tous deux savent désormais que la présence d’Alfie ne peut aller de pair avec celle de Joseph. Plus aujourd’hui. Elle était l’élément perturbateur qui tournait éternellement autour d’eux, aujourd’hui elle est la seule liaison entre les deux hommes. Et mieux vaut ne pas lui demander à qui va sa loyauté en premier lieu.
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Message(#)(keegans #13) laisse-moi dire deux trois conneries avant que t'en fasses une EmptyLun 14 Mar 2022 - 18:01

“Ça s’appelle faire des efforts, Jo.” Des efforts, Joseph n’en fait pas beaucoup pour ne pas se décevoir, ni pour décevoir les autres. Il a conscience de ne pas être un exemple de réussite alors il préfère éviter de se donner de faux espoirs. Tout va tellement mieux quand il cesse de vouloir satisfaire ceux qui ne le connaissent pas, ou ceux qui font semblant de se soucier de lui. Un être humain seul dans un monde tellement immense, tellement intimidant, qu’il se sent plus confortable quand il se referme sur lui-même, quand il se cache le visage. Ça fait longtemps que Lily ne sait plus comment l’approcher et, bientôt, elle se fera griffer par le chaton agacé. Ils étaient bien quand ils ne faisaient que vivre sans s’inquiéter l’un pour l’autre.

Le trajet en voiture est à la fois mouvementé et silencieux. Si Joseph se pare de ses meilleurs discours, Lily ne lui offre pas le luxe de répondre à ses provocations. Elle laisse ses mots lui fouetter le visage sans rien laisser paraître, les yeux rivés vers cette route familière qui, soudainement, le devient moins. C’est à un garçon perdu et sarcastique qu’elle doit expliquer qu’ils sont venus ici pour le laisser habiter chez leur cousine, qu’il croyait disparue depuis vingt ans. Au début, Joseph pense qu’il s’agit d’une mauvaise blague pour le faire payer d’avoir été si injuste pendant le trajet, mais, au regard sérieux de sa sœur, il comprend que c’est la réalité qui se trouve en face de lui. La maison est belle et grande mais pas invitante du tout. Paniqué, il fait savoir à Lily qu’il ne descendra pas de cette voiture tant qu’ils ne seront pas devant chez elle. “T’as même pas le permis, Jo.” Ce à quoi il aurait répondu qu’il s’en fiche complètement et qu’il a déjà conduit sans permis à plusieurs reprises, mais il préfère éviter de s’étendre sur le côté illégal de la chose. Elle en profitera certainement pour lui faire la morale encore et encore, pour lui rappeler à quel point il est un mauvais frère qui fait tout en son pouvoir pour être un poids lourd, un boulet enchainé à sa cheville. « Conduis. » Il se contente de souffler entre ses crocs, ses ongles enfoncés dans le siège sous ses fesses, s’y attachant comme à une bouée. Il ne veut pas voir Felicity. Elle ne l’a jamais aimé, il ne l’a jamais aimée. Chien et chat ; ils finiront par s’arracher des membres. Enfin, c’est ce qu’il croit, ou ce qu’il essaye de se convaincre, pour ne pas affronter la réalité comme elle est. Felicity s’est inquiétée pour lui depuis qu’il a à peine dix ans. Il n’a pas besoin d’une personne en plus pour lui menotter les poignets dans le dos. “Tu peux pas venir chez moi.” Un faux sourire éclaire son visage tandis qu’il pose ses yeux noirs sur la jeune femme, prêt à lui sortir les mots de la gorge. « Oui, je peux. » Il grince entre la minuscule fente que forment ses lèvres tendues. Irritable, il l’est complètement, et, sans surprise, toutes ses pensées tournent déjà autour de son envie de fermer les yeux sous l’effet du poison et de profiter d’un cerveau complètement vide et endormi. Il n’y arrivera jamais. Il est condamné. “J’habite pas toute seule.” « Uhuhuhuh…. » C’est un rire nerveux et faux qui secoue sa poitrine et il passe sa main dans sa barbe rasée, s’humecte les lèvres pour gagner un peu de temps avant de la traiter de… Non, de rien. Il ne va tout de même pas la traiter de salope. Il est en colère, il vaut mieux pour lui de serrer les poings pour ne pas exploser et donner raison à Lily. Il ne veut pas être le pire d’entre eux, même si les apparences le trahissent depuis toujours. “Je vis avec Alfie depuis quelques semaines.” Et, cette fois, c’est une vague de chaleur brûlante qui détend ses muscles et le fait flotter sur un petit nuage au-dessus du siège. Il ne se rend pas compte qu’il arrache le cuir du siège, il ne se rend pas compte qu’il se mord la langue si fort qu’un gout ferreux la submerge. Dans un faux calme, et muet comme une nuit en forêt, il attrape la poignée de la portière et l’ouvre doucement. Il sort de la voiture avec la douceur d’une sœur catholique, referme derrière lui sans rien brusquer, contourne la voiture, s’arrête un instant devant le capot pour fixer sa sœur et son imparfaite perfection à travers le pare-brise et… Implose, tout simplement. Son poing se fracasse contre la taule, déforme le capot, il lâche un hurlement qui vient des tripes, le hurlement qui veut se libérer de ses poumons depuis qu’il est enfermé avec les malades. Il envoie son pied, aussi, là où il imagine le visage d’Alfie, pour bien lui arracher le nez une deuxième fois, et réduire ses fausses dents en poudre, et l’enlaidir, et le tuer, le tuer surtout, parce qu’il vient de toucher à la seule chose qu’il n’avait pas le droit de lui prendre. « VA TE FAIRE FOUUUUUUUUUUUTRE !!! » Qu’il beugle en envoyant son majeur vers sa sœur juste avant de tourner des talons pour traverser la cour de Felicity sans prendre le temps de s’arrêter à sa porte d’entrée. Il veut seulement fuir vers la prochaine rue où il pourra ensuite s’engouffrer dans la ville qui l’accueillera toujours mieux que sa propre famille.

@Lily Keegan amoureusement vôtre.
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