Le bêtisier de la ABC. Une émission incontournable pour tout résident australien qui se respecte. Un moment de convivialité et de légèreté durant lequel présentateurs vedettes et invités de marques passent en revue la crème de la gaffe annuelle sur fond de décor de Noël et de moqueries bon enfant. Tout à fait le genre de conneries devant lesquelles Antone avait pour habitude de laisser sa fille s'abrutir lorsqu'elle était plus jeune et encore fanatique des chats cascadeurs et autres animaux glorifiés pour leurs fails hilarants.
- Tu ne va quand même pas accepter ! Le ton est tout autre au matin du tournage, tandis qu'Antone sirote son café, assis à la table de la cuisine, en slip, le journal sur les genoux et les lunettes dans les cheveux. Finit la grande marrade, sa progéniture le regarde sourcils froncés et bras croisés. Imperturbable, Sisco la laisse se plaindre. Il croirait la revoir à l'âge de 15 ans, en pleine crise d'adolescence. Lorsque cette derrière marque une pause dans son laïus, Antone en profite pour prendre la parole : C'est frustrant, n'est-ce pas ? Cette manie qu'ont les vieux cons de ne faire que ce qu'ils veulent. Vexée, sa fille le gratifie d'une grimace puérile avant de tourner les talons tout en lui promettant de ne pas lui faire l'honneur de grossir son audimat.
Le moment venu, Antone se rend aux studios. Il est 16 heures lorsqu'il prend place dans l'une des loges réservées aux invités. Cela fait suffisamment d'années qu'il intervient en tant que consultant pour que la chaîne ait pris des mesures radicales concernant ses tenues : Sisco fait parti des black listés du self-habillage (le cuir passe moins bien face aux caméras que sur les Harley, paraît-il). Comme à chaque fois, il découvre, protégée par un sac suspendu à un cintre, la tenue que les stylistes lui ont réservé. Un costume noir, élégant, tout à fait dans le thème très chic des fêtes et griffé par la maison Weatherton. Antone s'habille, il n'est pas compliqué, ne râlera pas de se sentir particulièrement guindé dans ce vêtement sur mesure. Au moment de nouer la cravate, en revanche, ses sourcils se froncent. C'est qu'il n'a pas pour habitude de porter ce genre de collier pour chien de salon et qu'il n'a jamais réussi à s'en sortir convenablement face à l'entrelacs de nœuds compliqués pour arriver à quelque chose de correct.
Pas défaitiste pour un sous, Sisco part en exploration dans le couloir. Il finira bien par trouver une assistante capable de régler ce détail vite fait bien fait. Shannon, la maquilleuse, sait probablement comment s'y prendre. Lorsqu'il croise l'un des présentateurs de la rubrique économique, Antone lui demande s'il a vu la technicienne. Ce dernier lui répond qu'elle se trouve dans la loge du bout du couloir et lui souhaite de joyeuses fêtes. Le corse en fait de même, aimable, bien intégré dans cet environnement de travail dynamique ayant pour avantage de regrouper toutes sortes de personnes. Enfin, le quinquagénaire s'approche de la dernière porte et constate que le battant est entre-ouvert. Il frappe et pousse dans un même mouvement, commençant une phrase que la surprise laisse en suspend : Shannon, j'ai besoin d'une femme ! Cette maudite crav ...
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Dernière édition par Antone Sisco le Mar 28 Déc 2021 - 3:10, édité 5 fois
A défaut de passer les fêtes avec sa famille en Italie, Eliana s’occupe avec la tournée médiatique que lui impose son travail en tant que directrice commerciale de la Maison Weatherton. Elle est là, vêtue d’une somptueuse robe carmin, moulant chaque courbe délicate de son corps. Le rouge est de rigueur, en plus d’être l’une des couleurs favorites de l’italienne, cette dernière s’accorde parfaitement avec les fêtes de Noël. Sa longue chevelure a été arrangée sur le côté avec des parfaites ondulations mettant en valeur les traits de son visage. D’un œil minutieux, la grande dame observe si son apparence lui convient. Eliana refuse de se faire maquiller et coiffer par les petites employées de la ABC qu’elle juge incompétentes selon elle. Elle préfère sa petite armée de bons petits soldats. Sa préparation s’est déroulée en toute tranquillité. Elle est dans les temps. Les minutes avant de commencer l’émission lui semblent interminables, elle qui est déjà agacée d’assister à ce type d’émission qu’elle trouve grotesque. Mais que voulez-vous, elle doit promouvoir les prochaines collections de la Maison Weatherton, alors la grande dame s’armera de ses meilleures armes : son éloquence ainsi que son charisme.
La directrice a missionné son assistante d’aller lui chercher un café fraichement moulu. Elle ne digère pas les vulgaires cafés distribués par une machine. L’italienne a toujours apprécié les produits d’une grande qualité et cela n’a pas changé depuis qu’elle est capable d’apprécier -et juger- la nourriture qu’elle peut avaler. Ana jette un furtif coup d’œil à sa montre, son expresso se fait attendre. Elle soupire alors qu’elle remet ses bagues autour de ses doigts, dont sa précieuse émeraude. Elle ouvre le coffret contenant le collier qui lui avait été prêté pour cette représentation. Ses yeux s’émerveille devant la beauté de ce bijou. Les diamants sont bien les meilleurs amis des femmes. Elle entend la porte s’ouvrir de nouveau et elle s’exclame ne voyant pas encore la personne qui venait de rentrer. « Andréa, te revoilà enfin. Tu es toujours aussi lente. Dépose mon expresso ici et vient m’aider à mettre mon collier. » qu’elle ordonne avant d’entendre une voix masculine raisonnée dans la loge. « Shannon, j'ai besoin d'une femme ! Cette maudite crav ... » Shannon ? Ce nom est horrible. Ces australiens ont mauvais goût en termes de noms. Qui vient d’oser appeler Eliana Shannon ? L’italienne relève son regard glacial vers le miroir et découvre l’intru, cravate à la main, tout aussi surpris qu’elle. « Ah. » Tu n'es pas Andréa. Ses traits s’assouplissent et un rictus se dessine sur son visage. Eliana a l’agréable surprise de découvrir Antone. Une très vieille connaissance. Il s’embellit avec l’âge, par contre il semble être toujours incapable de nouer une cravate comme un grand garçon. Elle a envie de rigoler, mais elle se contient. « Il y aura au moins un invité intéressant sur ce plateau. » qu’elle continue à parler en sortant son collier étincelant de l’étui. Fidèle à elle-même, Eliana n’avait pas du tout regardé la liste des invités. Puisqu’elle n’a pas Andréa sous la main, elle va utiliser Antone. « Tu viens m’aider à mettre mon collier. » Après tout, c’est elle qui a demandé de l’aide en premier. Elle a été plus rapide. « Et par la suite, je t’aiderai éventuellement à nouer cette maudite cravate. » qu’elle annonce en reprenant volontairement ses mots sans le quitter du regard à travers le miroir.
« Ah. » L’image d’Eliana Ferragni dans sa robe rouge est percutante. Antone marque un temps d’arrêt durant lequel son visage affiche une expression de stupéfaction. Il ne s’attendait clairement pas à recroiser un jour l’italienne – en tout cas pas en Australie - et avait oublié à quel point elle pouvait être belle dans toute sa condescendance sophistiquée. « Il y aura au moins un invité intéressant sur ce plateau ». Sisco sourit, amusé de la voir fidèle à elle-même. Le temps n’a semble-t-il rien changé au caractère épineux de la brune. « Tu m’enlèves les mots de la bouche » Qu’il répond sans cacher son regard gourmand, l’esprit en partie monopolisé par les réminiscences de leur dernière rencontre, il y a de ça bientôt vingt ans.
Les souvenirs de la vente aux enchères, du bijou perdu sur la dernière ligne droite et du râteau magistral qu’Eliana lui avait mis suffiraient à le faire grimacer si l’âge et les mauvaises expériences ne lui avaient pas appris qu’il y a pire dans de la vie que de passer à côté d’un gros chèque et d’un bon coup à tirer. C’est donc en bon perdant qu’il s’approche de l’italienne après que cette dernière ait imposé son deal : un collier contre un nœud de cravate ; une offre tout à fait acceptable. Leurs regards ne s’échangent qu’à travers le miroir auquel tous deux font désormais face. Antone ne peut nier que l’accord entre leurs tenues est tout simplement parfait, à croire qu’on l’a vêtu de noir dans l’unique but d’offrir à la beauté latine un contraste valorisant. Déposant sa cravate – rouge, évidemment, maintenant il comprend pourquoi ! – à côté de l’écrin dans lequel se trouvait le bijou, Sisco passe une main délicate sur la nuque d’Eliana pour en dégager sa chevelure de sirène. De son autre main, il s’empare du collier et le passe autour du cou de la belle.
Il s’applique à accrocher ensemble les deux parties du fermoir, le regard concentré sur son geste, lorsqu’il reprend dans un italien désinvolte aux accents corse qu’il ne peut refouler : « Tout ce qui brille … » Référence au goût prononcé de son interlocutrice pour les jolies choses et particulièrement la joaillerie. « Qu’est ce qui nous vaut l’honneur de ta présence à la ABC ce soir, Eliana ? » Antone se demande en qualité de quoi Ferragni interviendra durant l’émission. Aux dernières nouvelles, elle travaillait dans l’import-export et les achats pour le compte des Milanais mais sont petit doigt lui dit que la situation a évolué depuis le temps et sa curiosité ne se cache pas pour demander plus d’informations. Utiliser la langue natale de l’italienne, c’est créer un pont entre elle et lui pour permettre aux confidences de se faire un chemin direct de l’un à l’autre.
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Dernière édition par Antone Sisco le Mar 28 Déc 2021 - 3:10, édité 3 fois
Ana impose un deal simple et efficace : s’il l’aide, elle l’aidera en retour. Sans tardé, Antone s’approche de la belle brune et elle le regarde faire en silence, observant ses mouvements grâce à l’intermédiaire du miroir. Il dépose sa cravate et s’empare de l’imposant collier. Elle sent la main masculine enlever quelques mèches brunes sur son passage. « Fais attention à ma coiffure. » qu’elle prononce d'une voix autoritaire alors que le bijou sertis de diamants prend place autour du cou de la dame. Quelques secondes plus tard, on entend le léger bruit significatif du fermoir qui se verrouille et Eliana affiche un sourire de satisfaction en guise de remerciement.
A sa grande surprise, l’homme se met alors à parler italien. Eliana ne doute pas un instant qu’Antone est le genre d’homme à savoir user de belles paroles pour séduire son auditoire, mais dialoguer dans la langue native de la grande dame lui fait marquer des points, considérablement. Peut-être qu’elle s’intéressera de nouveau à lui si leur conversation gagne son intérêt ce soir. « Tout ce qui brille … » Malgré les années, Antone ne semble pas avoir oublié les gouts de l’italienne. Comment oublier cette fameuse vente aux enchères qu’elle avait remporté ? C'est bien connu, Eliana gagne toujours. Elle garde un agréable souvenir et surtout un joli diamant qu’elle préserve précieusement dans sa impressionnante collection. « Qu’est ce qui nous vaut l’honneur de ta présence à la ABC ce soir, Eliana ? » « Représentation pour la Maison Weatherton. » Elle doit « rigoler » de l’incompétence des mannequins qui se cassent la figure sur les plus grands podiums. Quelle honte. Eliana a arrêté de compter le nombre de filles qu'elle a renvoyé comme ça.
Ana s’approche de la grande glace, inspecte que tout est bien en place puis elle se lève. Sur son passage, elle attrape la cravate rouge qu’il avait déposé sur la coiffeuse précédemment. Ils sont assortis, tiens, tiens. Drôle de coïncidence. La production veut-elle jouer avec eux ce soir ? Comme s’ils avaient besoin de leur aide. Ana se retourne et s’approche d’Antone pour lui faire face. « Et toi Antone, que deviens-tu ? » Sa voix a toujours été plus douce et sensuelle lorsqu’elle dialogue en italien. Délicatement, elle entourne la nuque d’Antone avec sa cravate et commence à entreprendre le nœud. « Cela fait quoi.. une éternité que nous nous sommes pas croisés. » Le temps passe vite. Ses doigts glissent autour du tissu rouge, elle pourrait faire ce geste les yeux fermés. Pourtant, elle garde les yeux ouverts pour admirer l'homme qui se présente à elle. Eliana a arrêté de compter le nombre de fois où il a aidé son ex-mari à mettre sa tenue avant une énième représentation officielle. Finalement, elle finalise le nœud avec un petit coup sec, avant de poser son regard bleuté sur le visage du barbu. « Sans rancune ? » qu’elle lui dit avec un sourire en coin faisant autant allusion à la vente aux enchères que le râteau qu’elle lui avait mis.
« Représentation pour la Maison Weatherton. » Evidemment. Antone réprime un sourire. Il est désormais clair que la ABC se sert de lui comme d'un faire valoir pour Eliana. Vêtu en Weatherton de la tête aux pieds, il rit intérieurement de tenir lieu de mannequin à la belle et se demande si on lui exigera de lui qu'il défile en tortillant des fesses. No way. « Et toi Antone, que deviens-tu ? » Le Corse la regarde s'approcher sans répondre immédiatement, préférant apprécier les détails de son visage de poupée et la texture de sa voix douce comme le miel. Dangereuse Eliana qui lui passe la cravate autour du cou comme d'autres y ont jadis passé la corde. « Cela fait quoi.. une éternité que nous nous sommes pas croisés. » « Vingt ans pour ainsi dire. » Cela ne le rajeunit pas mais a au moins le mérite d'honorer sa mémoire : Antone se souvient de beaucoup de choses, cela lui permet, entre autres, de ne pas reproduire les même erreurs. « J'enseigne l'économie à l'université de Queensland. » Il ne parle pas de son rôle de consultant pour la chaîne, persuadé que le présentateur de l'émission le présentera de toute façon comme tel au moment de les introduire sur le plateau.
Le nœud prend place sous sa paume d'Adam avec un petit coup sec qui lui fait hausser un sourcil. Antone soupçonne Ferragni d'apprécier les rapports de force qui la mettent en position de dominance. Son esprit créatif n'a aucune difficulté à s'imaginer la belle dans d'autres situations que celle-ci, une cravache à la main. « Sans rancune ? » Il lui rend son sourire, passant une main le long de sa cravate pour la lisser comme il se doit. « Et sans regrets. » Désinvolte, le ton n'en reste pas moins aimable. Sisco n'a pas l'air de mentir.
Soudain, la porte de la loge s'ouvre. Antone voit se dessiner dans le miroir le visage d'une jeune femme tenant à la main un café. Son souffle court laisse deviner qu'elle s'est pressée pour arriver ici et le Corse n'a aucun mal à deviner pourquoi. Poli, il se tourne vers Eliana et s'incline respectueusement. « Merci pour ton aide. » Reprend-il, en anglais cette fois, comme si l'entrée de l'assistante était venue rompre un moment privilégié. « A tout à l'heure. » Il disparaît par la porte laissée ouverte sans prendre la peine d'écouter les éclats de conversation dans son dos. La façon dont Ferragni s'adresse à ses employée ne le regarde pas.
Une poignées de minutes plus tard, un technicien de la régis vient le chercher dans sa loge. Antone, suit le pas, docile, pas stressé pour un sou. Il prend place derrière l'un des panneaux du plateau de tournage ou il retrouve Eliana, déjà en place. On lui tripote la cravate pour y accrocher un micro pendant qu'à ses côtés, c'est au décolleté de sa robe qu'on accroche celui de l'italienne. « En voilà un micro bien chanceux. » Plaisante-t-il tandis qu'un ingénieur du son leur signale d'une levée de pouce que tout est en place et opérationnelle. Sur l'écran d'informations mis à leur disposition pour suivre l'avancée du direct, ils peuvent désormais surveiller le compte à rebours annonçant leur entrée. Ils leur reste 3 minutes à se cacher dans l'ombre avant que leur duo ne s'expose à la lumière des projecteurs.
« Vingt ans pour ainsi dire. » Elle hoche doucement la tête de haut en bas, affichant un léger sourire sur ses lèvres carmin. Vingt années les ont séparées, pourtant son charisme n’a pas changé. Beaucoup de choses se sont produites au cours des deux dernières décennies, Eliana a caché l’existence de son fils à bon nombre de personnes, seules quelques rares personnes sont dans la confidence, ses parents et son ex-mari par exemple. Concernant ses frères ou ses amis proches, ils ont toujours connu une Eliana sans cœur aux bras du Valentino. D’apparence, ils ont toujours rejeté l’image d’un couple magnifique mais qui cachait de nombreux secrets. D'innombrable spéculations ont entouré leur mariage qui n’a jamais vu d’enfant, un choix volontaire de la part de l’italienne, qui a toujours su fermer le bec à ses nombreux détracteurs. Malgré le rejet de son époux lors des premiers mois de mariage, ce dernier s’est révélé être un précieux allié et Ana a su l'utiliser en usant de ses charmes. Qu’est-ce qu’on est bête lorsqu’on est amoureux. La Ferragni sort de ses pensées lorsque le bel homme continue ses propos. « J'enseigne l'économie à l'université de Queensland. » Ana arque un sourcil alors qu’elle finalise le nœud de cravate. « Professeur ? Tu dois avoir du succès. » qu’elle lui répond ne cachant pas son regard posé sur lui. Antone a toujours été au goût d’Eliana et elle sait que cela est réciproque. En même temps, Eliana est le genre de dame a ne jamais connaitre l’échec. C’est elle qui met les stops pas les autres. Alors elle ravive un doux souvenir, l’élégant râteau qu’elle lui a mis. « Et sans regrets. » Eliana lâche l'emprise qu'elle exerce sur la crave de l’homme, satisfaite de noter qu’Antone n’est pas rancunier. La partie peut donc continuer entre eux.
Soudainement la porte de la loge s’ouvre laissant apparaitre une Andréa essoufflée. Ana fait un pas en arrière prenant soin de mettre une distance convenable entre Antone et elle. « Merci pour ton aide. A tout à l'heure. » Elle affiche un sourire satisfait laissant Antone prendre congés pour mieux le retrouver plus tard. Une fois la porte refermée, Ana repose son regard sur son assistante. « Cet expresso a intérêt à être divin pour le temps de préparation qu’il a nécessité. » qu’elle lâche d’une voix froide à Andréa qui dépose la tasse de café sur la table, la tête baissée n’osant regarder sa responsable.
Eliana marche dans les couloirs des studios, direction le plateau de tournage. Les bruits de ses talons sur son passage annoncent son arrivée. La Ferragni aime qu'on la remarque sur son passage. Quelques mètres plus tard, elle se trouve de nouveau à côté du cinquantenaire et un technicien vient lui accrocher un micro à sa tenue. Les mains du jeune garçon tremblent face à l'imposante dame aux cheveux noirs. Encore un stagiaire. Elle soupire. « En voilà un micro bien chanceux. » L’italienne sourit accompagné d'un léger rire sans pour autant accorder un regard à Antone. Quel beau parleur. Le technicien part s’occuper d’un autre invité alors qu’il reste trois minutes de répit avant le début de l’émission. « La subtilité est à revoir de la part de la production. » qu’annonce Eliana faisant allusion aux petits arrangements de la ABC. Tous les autres invités sont bien plus jeunes qu’eux. Comme si leur duo est une évidence. Finalement, Ana daigne regarder Antone à nouveau. « Cependant ce costume te va à merveille. » Bien évidement qu’elle avait remarqué qu’il venait de la Maison Weatherton pour passer la grande majorité de son temps à l’atelier.
La musique se lance, le présentateur rentre sur scène et fait son speech d’introduction avant d’annoncer l’entrée des premiers invités. Antone et Eliana, forcément. Un membre de la production leur demande de se tenir par le bras, alors Ana tend son avant-bras, laissant le loisir à Antone de l’attraper. Et c’est parti pour la grande entrée sous une pluie d’applaudissements. Ana regrette déjà sa présence mais elle se dit que sa soirée va être plus palpitante depuis qu’elle a découvert la présence d'un certain corse. Le présentateur parle d'un ton enthousiaste à l’attention des deux premières personnalités. Il lui casse les oreilles avec toute son extravagance. « Quelle entrée, si je peux me permettre, vous formerez un magnifique couple. Installez-vous. » Un léger sourire orne le visage de l’italienne, pourtant aucun mot ne sort d'entre la frontière de ses lèvres. Entre eux deux, Antone est le plus connu pour faire le show. Eliana a cru comprendre qu’il était devenu le roi des « memes » -quel drôle de mot- grâce à sa community manager. Eliana quant à elle, est du genre à agir dans l’ombre. Si elle doit dire des belles paroles à Antone, ce n’est certainement pas devant une caméra. Le couple prend la direction d’un canapé qui leur est spécialement assigné. Ana s’assoit croisant les jambes avec élégance. « C’est un bêtisier ou un rendez-vous arrangé ? » qu’elle glisse dans un murmure à l’oreille d’Antone alors que le deuxième duo faire son entrée.
« La subtilité est à revoir de la part de la production. » Le regard d'Antone accompagne celui de l'italienne. Ils font clairement boomers dans cette réunion d'influenceurs instagram et de jeunes acteurs en vogue dont Sisco ne connait même pas le nom mais qu'importe, côtoyer la jeunesse est un bon moyen de ne pas finir aigri et lui ne compte pas s'en plaindre. « Cependant ce costume te va à merveille. » Le Corse affiche un air snobinard, parfaitement parodique. Le compliment le flatte, évidemment, mais pas assez pour qu'il se prenne au sérieux. Au lieu de quoi, il feint un effet de chevelure à la l'Oréal Paris - mouvement de tête à l'appui - et s'embrasse le dos de la main. « Merci. » S'il n'est pas narcissique, Antone sait bien faire semblant de l'être, tout ça pour faire sourire la belle.
On vient les interrompre dans leur conversation. Ca y est, c'est à leur tour d'entrer sur scène. De l'autre côté du panneau, la voix du présentateur se fait entendre. « Merci d'accueillir comme il se doit la délicieuse maîtresse de la mode et notre économiste préféré, le roi du meme ! » Une pensée pour la fille de Sisco qu'il s'imagine sans mal en train de rouler des yeux, assise devant la télé, en parfaite contradiction avec son affirmation de ne pas venir engrosser le chiffre de son auditoire. Le dos bien droit, Antone attrape le bras d'Ana et l'entraîne sous les projecteurs tout en prenant garde de lui servir d'appui lorsqu'ils descendent les quelques marches le menant au centre du plateau. Comment fait-elle pour marcher avec des échasses pareilles ? Ce genre de compétence force l'admiration. « Quelle entrée, si je peux me permettre, vous formerez un magnifique couple. Installez-vous. » « La magie des écrans, Stew, on est tous beaux avec un filtre, TMTC. » Sisco décoche au présentateur un clin d'œil tandis que des éclats de rire s'élèvent du public. Stewart est connu pour être le présentateur avec le plus grand nombre de fans, de followeurs, d'adeptes et de tout ce que les réseaux sociaux ont de désespérant à offrir en terme de voyeurisme. Le professeur sait parfaitement comment s'y prendre. Il sait aussi que la moyenne d'âge de ceux qui les regardent présentement n'est pas très différente de celle qu'il a pour habitude de fréquenter durant ses classes. Parler le langage de son interlocuteur : la base de tout bon communiquant.
« C’est un bêtisier ou un rendez-vous arrangé ? » Instantanément, l'attention d'Antone dévie. Il détourne son regard du plateau et baisse les yeux pour mieux prêter l'oreille aux murmures d'Eliana. Un sourire de biais se dessine derrière sa barbe de trois jours tandis qu'il tend le cou pour atteindre son oreille. Ses cheveux sentent si bon qu'il les respire à plein poumon sans prendre la peine de s'en cacher. Une chance que les caméras soient tournées vers l'entrée du nouveau duo car ce simple petit geste suffirait à nourrir des soupçons après que le présentateur les aie présentés comme un couple. « Tu ne serais quand même pas en train de me soupçonner d'avoir orchestré tout ça ? » Son regard complice accroche celui de l'italienne. Lui ne voit aucun problème à lui faire du gringue face caméra, mais si c'est pour ressortir de ce prime time avec un nouveau surnom tel que '' Docteur Rateau '', il préfère passer son tour.
« Signora Ferragni ! » Interpelle le présentateur après que tous les binômes se soient finalement installés sur les canapés. Antone, alors en train de boire une gorgée d'eau, avale de travers et se met à tousser. Stew pense l'avoir pris par surprise mais le Corse ravale un fou rire maladroit, caché derrière son poing qu'il place devant sa bouche. L'accent du présentateur est tout simplement abominable. Sisco n'était pas prêt pour ça et devine, au corps crispé de sa voisine, que Ferragni non plus ne s'y attendait pas. Il la laisse répondre aux questions mode de Stewart en se mordant la lèvre. Le retour caméra qu'il voit de lui-même à côté du prompteur ne l'aide pas à calmer son hilarité. C'est gros comme le nez au milieu de la figure qu'il se retient et les petits soubresauts de son corps qui se diffusent dans tout le siège font légèrement balancer les boucles d'oreille de l'imperturbable italienne, froide comme la glace tandis que lui se fait les abdos en silence. Un sketch.
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Dernière édition par Antone Sisco le Jeu 6 Jan 2022 - 15:38, édité 1 fois
Eliana est le genre de personne à faire attention à la moindre des mimiques de ses interlocuteurs. Elle l’est davantage lorsque ce dernier est à son goût. Observatrice, elle remarque bien le numéro d’Antone, lorsqu’il lui accorde un simple « Merci. » jouant avec ses cheveux et s’embrassant le dos de sa main comme un acteur. Au moins, son égo surdimensionné n’a pas à se faire de soucis. De l’intérieur, toute cette mise-en-scène amuse l’italienne, la rendant avide de curiosité, mais bien évidement, la façade de la directrice ne montre aucun signe d’attention. En guise de réponse, elle retourne sa tête vers le plateau tendant son bras à l’homme, prête à rentrer en scène. Il en faut beaucoup plus pour arracher un rire à la reine des glaces.
Par exemple, l’humour du présentateur n’est pas du tout au goût de la grande dame. Il lui fait mal aux oreilles avec ses intonations exagérées et l’italienne laisse Antone prend le relais. Eliana minimise ses efforts, c’est-à-dire accorder un sourire Steward -qu’est-ce qu’il a un nom horrible- « La magie des écrans, Stew, on est tous beaux avec un filtre, TMTC. » Eliana ignore la signification exacte du mot « filtre » dans le langage des jeunes, même si sa community manager sur-connectée lui a déjà expliqué vingt fois ce mot. Quand quelque chose ou quelqu’un ne plait pas à la directrice, elle ne se fatigue pas à le retenir. Docilement, Eliana marche au bras d’Antone. Elle est presque plus grande que lui perchée sur ses talons hauts, mais les stylistes ont bien fait leur travail pour une fois. Ils sont parfaitement bien assortis et l’italienne ne manque pas de faire remarquer ce point à son partenaire de la soirée. Un rendez-vous arrangé a-t-il été manigancé entre eux ? Eliana n’a jamais été une grande fan de ce genre de chose, elle-même victime d’un mariage arrangé il y a plus de vingt ans de cela. Au début de la partie, Eliana a été considérée comme un simple pion, mais ses parents ont sous-estimé leur propre progéniture qui est devenue une dame indomptable. Les premières années qui ont suivi le mariage d’Eliana et son mari, l’italienne en a énormément voulu à sa mère. Regagner la confiance de la grande dame est un chemin périlleux, presque impossible. Les drames qui ont rythmé le passé de l’italienne, l’ont rendu insensible. « Tu ne serais quand même pas en train de me soupçonner d'avoir orchestré tout ça ? » A cette proximité, Eliana peut sentir le parfum d’Antone. « Non. » Le regard de la brune fixe toujours le public et elle continue dans un murmure. « Vous les hommes, vous n’êtes pas aussi prévoyants. » qu’elle lâche dans un tacle, daignant enfin détournant son regard vers celui de son interlocuteur. « Signora Ferragni ! » L’italienne roule des yeux et retourne son visage vers Steward. La directrice de mode remarque que tous les invités ont pris place, c’est l’heure des présentations, et visiblement elle est la première à passer. Au moins, ça sera une bonne chose de faite. La grande dame sent des tremblements à côté d’elle. Elle devine rapidement qu’Antone a été pris de surprise par l’accent abominable du présentation en italien. Eliana elle, ça ne l’a fait absolument pas rire. Bien au contraire, ses oreilles souffrent le martyr et le mot est faible encore. « Grand dieu Stewart, il va falloir revoir votre élocution en italien ou vous allez étouffer notre roi du meme. » Eliana croise le regard contrarié du présentateur mais la réplique cinglante de l’italienne provoque l’hilarité générale dans le public. Quand elle veut, l’italienne sait faire rire ou vexer, cela dépend du point de vue. Après ce premier échange, place aux questions gravitant autour de la mode. L’habituel topo qui a pour but de promouvoir les dernières collections en date de la Weatherton et mentionner les futurs défilés de la Maison. A la fin des questions, un premier magnéto est lancé sur la thématique des chutes les plus hilarantes des mannequins sur les plus grands podiums de mode. Eliana laisse échapper un soupire lorsque son tour est fini et que les invités peuvent reprendre leurs discussions durant ce léger laps de temps. « Quelle honte. » que siffle Eliana entre ses dents d’une voix froide. Elle observe les images des mannequins maladroites sur leurs talons. « On leur demande une chose : savoir marcher et elles en sont incapables. » Et la directrice s’est toujours assurée que les choses filent droit au sein de la Maison Weatherton. Rigueur et autorité sont ses valeurs maitresse.
« Grand dieu Stewart, il va falloir revoir votre élocution en italien ou vous allez étouffer notre roi du meme. » C'est la goutte de trop pour Antone qui laisse finalement s'échapper un rire profond, sincère et contagieux. Son regard désolé se pose sur Stewart tandis qu'il se bidonne et extériorise l'hilarité jusqu'alors emprisonnée dans son corps par soucis des bonnes manières. Dignement, il essuie une petite larme et remet ses lunettes en place, soupirant par la même occasion car il ne s'attendait pas à ce que l'émission commence d'entrée de jeu par un fou rire. Une chose est au moins sûre : ils font sensation. A croire que la froideur de l'italienne tranche si bien avec l'air enjoué du corse que leur duo s'attire la sympathie du public.
Tandis qu'Eliana répond aux questions concernant la mode et la dernière collection de la maison qu'elle représente, Antone détaille du regard les autres invités. Certains lui disent vaguement quelque chose, mais il ne saurait les replacer correctement. Acteurs ? Sportifs ? Chanteurs peut-être ? Il essaye de mettre des noms sur les visages puisqu'il n'a pas écouté au moment de leur entrée sur le plateau, trop occupé à asticoter sa voisine. D'ailleurs, lorsque le magneto se lance et qu'elle profite de ce break pour se plaindre de l'incompétence des mannequins, la tentation est trop forte pour ne pas lui rendre la pareille : « Vous les femmes, vous n’êtes pas aussi équilibrées. » Il lui adresse un petit sourire insolent accompagné d'un haussement de sourcils joueur. Le machisme d'Antone n'a rien à voir avec ce qu'il vient de dire. Sa volonté de tenir tête à Ana, en revanche, peut être tenue pour responsable. Sisco est un homme d'âge mûr, il s'amuse beaucoup plus des challenges que des complaisances. Ses souvenirs de Ferragni - tout aussi déformés qu'ils puissent être par le temps, l'oubli de certains détails et la part de fantasme qu'il nourrissait envers elle à l'époque - lui soufflent qu'il a tout à gagner en renvoyant la balle : l'intérêt de la belle mais aussi le divertissement que cela représente.
« Antone Sisco ! » Le corse tourne la tête. « Présent ! » Une pensée pour ses étudiants probablement en train de sourire derrière leur écran à l'entendre répondre comme il leur demande de le faire durant l'appel (old school, il sait, mais c'est comme ça qu'il aime gérer sa classe). « Quel élégance ! Vous ne nous avez pas habitué à ça, fini le cuir ? »Stew est taquin, Antone comprend et ne s'en vexe pas. Aprés tout, il vient de lui rire au nez à cause de son accent, c'est de bonne guerre. « Il fallait à ma voisine un mannequin capable de marcher sans tomber. C'est tombé sur moi. » Nouveaux rires dans l'assemblée tandis qu'Antone se lève et tourne sur lui-même. Les caméra zooment sur le vêtement de la maison Weatherton. Lorsqu'il se rassoit, Stewart, satisfait de son cirque, le lance cette fois-ci sur des questions relatives aux réseaux sociaux et aux vidéos les plus visionnées de l'année à travers le monde. Sur tous les écrans du plateau, des memes d'Antone sont diffusés en diaporama, témoignant de la créativité sans limite de ceux ayant repris la photo de sa première intervention pour la ABC afin d'en faire une image incontournable des discutions entre ados. Sisco observe sa face et lit les phrases qu'on lui attribue dans des bulles de BD ajoutées sur Photoshop, à côté de sa bouche. Il répond avec sincérité qu'il ne comprend pas en quoi avoir fait partie des sujets de buzz quelques années auparavant le rend expert en la matière, lui qui n'y comprend rien à tik tok et compagnie, puis termine par cette phrase qu'il s'était promis de sortir en direct : « Je pense que c'est un phénomène compliqué à gérer pour les familles des protagonistes. » Ceux sur les vidéos, les memes, les gifs, les snap et tous les autres supports numériques qui, une fois lancés sur la toile, deviennent tout bonnement ingérables et inarrêtables. « Papa t'aime, Soo. » Regard caméra et bisou envoyé à sa fille. Une vague d'attendrissement parcours l'assemblée. Stewart choisit ce moment pour envoyer le magneto rattaché aux thèmes évoqués durant leur échange. Antone en profite pour décoller une des ses fesses du canapé et attraper son vieux téléphone portable qui vient tout juste de vibrer dans sa poche. Le message qu'il ouvre est écris en coréen et lui arrache un sourire réconforté.
Soo a écrit:
'' Moi aussi ''
Il se tourne alors vers Eliana, curieux : « As-tu des enfants ? » Vingt ans qu'ils ne se sont pas croisés, l'italienne pourrait avoir un enfant du même âge que sa plus jeune !
La directrice commerciale s’arme de son plus beau sourire. Ses lèvres carmin s’étirent sur son visage de marbre. Après avoir lancé une vanne à Steward sur son accent italien qui a de quoi lui faire siffler les oreilles, elle prend quelques minutes pour parler de la Maison de mode pour laquelle elle travaille depuis quatre ans désormais. Son discours ainsi que son éloquence sont parfaitement bien maitrisés. Eliana sait comment convaincre et vendre, elle a cela dans le sang. Elle ne manque pas de rappeler au présentateur et au public les prochaines dates de la Maison Weatherton à ne pas louper. Après cet échange promotionnel, un nouveau magnéto est lancé et les rires se font entendre dans l’audience.
L’italienne s’installe de façon plus confortablement dans le canapé, prenant soin d’avoir les jambes toujours croisées. Elle profite de cette courte pause pour se plaindre, comme toujours. Les principales façons de la Ferragni de s’exprimer sont les suivantes : faire un reproche, émettre un jugement, ou donner un ordre. Elle devient encore plus redoutable lorsqu’on essaye d’avoir le fin mot d’une conversation. « Vous les femmes, vous n’êtes pas aussi équilibrées. » Ce qu’Antone est exactement en train de faire. « Vous les hommes, vous n’êtes rien sans les femmes. » qu’elle lance provocatrice en tapotant la cravate rouge du bout de ses ongles. « Antone Sisco ! » Sa main se retire brusquement, une nouvelle fois interrompue par la voix chantante du présentateur. « Présent ! » Les rires bourdonnent dans l’auditoire. « Quel élégance ! Vous ne nous avez pas habitué à ça, fini le cuir ? » Eliana croise les bras sur sa poitrine, un sourire en coin sur les lèvres d’imaginer Antone vêtu de cuir. Son regard se détourne de quinquagénaire et se pose sur le public. Elle observe les petites minettes obnubilées par les paroles du roi des memes. Quelle drôle d’invention. Eliana ne comprend pas tous les tendances qui animent les réseaux sociaux de nos jours. Elle y est complètement désintéressée et assume son côté old school. « Il fallait à ma voisine un mannequin capable de marcher sans tomber. C'est tombé sur moi. » « Je vais finir par vous embaucher Sisco. » qu’elle lance provoquant des nouveaux rires dans la grande salle. Pour les besoins de l’émission, Eliana veut bien faire l’effort d’être « drôle », même si elle est difficile en question d’humour. Eliana Ferragni est une personne très difficile de manière générale. Pourtant elle ne loupe pas une occasion pour glisser quelques sous-entendus à son partenaire d'émission.
C’est l’heure de gloire d’Antone Sisco, roi indétrônable des memes. L’émission lui a préparé un joli portrait, on voit les fans de l'économiste dans l’équipe de production. Des images de l’homme s’affichent sur les différents écrans ornant le plateau. Eliana ne sait jamais intéressée à toute cette technologie, elle a un compte Instagram par obligation professionnelle, mais elle n’y a jamais touché. C’est sa community manager qui s’en occupe. Silencieuse, la Ferragni comprend que le français a fait le buzz cette année et a le droit à son petit passage dans le célèbre bêtisier de la ABC. Ma foi, pourquoi pas. Elle écoute la conversation entre Steward et Antone. « Je pense que c'est un phénomène compliqué à gérer pour les familles des protagonistes. Papa t'aime, Soo. » Doux Jésus, Antone est un papa poule. Eliana roule des yeux, elle a toujours détesté les effusions d’amour. Pourtant le public semble d’un avis différent, toutes les femmes dans la pièce (sauf Eliana) semblent envoutées par les paroles du papa. Si c’était possible, les demoiselles du public auraient essayé d’intercepter le baiser volant qu’Antone vient d’envoyer à sa fille à travers la caméra.
Un nouveau magnéto est lancé, Eliana commence à s’ennuyer, elle ne fait plus attention à ce qu’il se passe autour d’elle. Elle ne remarque même pas Antone qui sort son téléphone pour répondre à un message. Elle est sortie de ses pensées lorsqu’elle entend la voix du corse lui parler de nouveau, alors qu’elle était sur le point de bailler. « As-tu des enfants ? » Sans le savoir, Antone Sisco venait de poser la question interdite. « Non. » répond Eliana d’une voix neutre sans lui accorder un regard. Eliana ment sur sa situation mais elle n’a pas envie de raconter à un -presque- inconnu ses secrets de famille. Alors elle décide de reprendre les rênes de cette conversation. « As-tu une femme ? » Avec son numéro de papa parfait, il a réussi à amadouer toute la gent féminine présente dans la salle à l’exception de la Ferragni. Au final, l’italienne se fiche bien du nombre de marmots qu’Antone a pu engendrer depuis ces vingt dernières années. Eliana est du genre directe lorsqu’elle veut obtenir une information qui lui pourrait être utile dans le futur. Antone ne l’a pas encore captivé mais le français reste à son goût.
Et comme si la production avait entendu leur conversation, un bêtisier dédié aux petits monstres sur pattes est lancé. Une succession d’images qui provoque un fou rire général dans le public mais qui attire le dégout de l’italienne. « Grand Dieu. Et les gens trouvent ça drôle ? » qu’elle s’exclame en écarquillant grand les yeux devant ce massacre visuel. Elle déteste les bébés, c'est moche, incompétent et potelé. Eliana a qu’une hâte, que le roulement des invités ait lieu et qu’ils puissent s’enfuir de toute cette comédie.
Hum. Antone se contente du silence d'Eliana sans chercher à en savoir d'avantage. Il n'a pas besoin qu'elle le verbalise pour le sentir : la brune ne souhaite pas aborder ce sujet et il respecte cela. En revanche, le « As-tu une femme ? » impérieux qu'il récolte en guise de relance le fait sourire. Sous ses airs de ne pas y toucher, Antone constate qu'Eliana fait preuve de curiosité à l'égare de sa vie privée. Cela l'amuse d'autant plus qu'il se souvient comme si c'était hier du mur qu'il s'était pris en pleine face vingt ans auparavant, lorsqu'elle lui avait répondu '' oui '' à cette même question concernant un hypothétique époux. « Avoir ... Quel homme peut se vanter de posséder sa femme ? » Philosophe-t-il en guise de réponse, une partie de son esprit encore balafrée par ses deux divorces et la confiance que son ex-femme a à tout jamais brisé entre Sisco et la gente féminine.
Le magneto bambins se met en marche. Le corse rigole. Il a toujours aimé ça, voir les bébés tomber et découvrir la vie. Il se souvient de Soo plus jeune, toujours à poser toutes sortes de questions et de lui, plus jeune également, bien décidé à ne pas y répondre pour la laisser expérimenter seule les surprenantes découvertes que tout être humain se doit de faire dans son apprentissage de la grande leçon qu'est la vie. Lorsque l'italienne manifeste son dégoût, Antone lui adresse un regard curieux. Il ne demandera pas ce qui pousse cette beauté froide - qui pourrait donner des enfants magnifiques - à ne pas en vouloir, mais cela l'intrigue, c'est indéniable. Au lieu de la contredire, il se contente de hausser les épaules en souriant. « Tu oublies bien vite que tu portais des couches, toi aussi, il fut un temps. » Et qu'ils finiront tous les deux par en porter à nouveau lorsque l'âge les aura rendus incontinents mais, ça, Antone préfère ne pas y penser. Lui se sent dans la force de l'âge et de tout ce que son expérience de la vie a à lui offrir. Plus assez jeune pour être pris pour un con ou manipulé par autrui mais pas vieux au point de ne plus être écouté ou d'être relégué au rang de meuble que plus personne ne considère tant il fait partie du décor. La cinquantaine, c'est probablement l'âge qu'Antone préfère avoir, en témoigne sa fière allure et son aisance à toute épreuve.
L'émission suit son cours. On rit, on parle pour ne rien dire et le présentateur provoque le dialogue entre les invités pour faire réagir le public, mélanger les genres ou créer des dialogues de sourds. Sisco observe autant qu'il participe et sent, au fil des minutes qui s'égrainent, l'intérêt de sa voisine décroitre. Passé les trois-quart du show, il devient évident qu'Eliana s'ennui à mourir, c'est pourquoi, aussitôt que Stewart sonne la fin du direct, le corse se tourne vers sa voisine dans l'espoir de la sortir de sa morosité. « Le commun des mortels peut-il encore espérer t'offrir un verre ou s'en est finit de ta clémence envers le reste de l'humanité pour aujourd'hui ? » Insolent et souriant. Sisco n'a pas peur d'appeler un chat un chat.
« Avoir ... Quel homme peut se vanter de posséder sa femme ? » La réponse masculine est vague et mystérieuse. Cependant, elle donne suffisamment d’informations à la directrice pour émettre une hypothèse : la voie est libre. Eliana ne bronche pas un mot, elle esquisse un léger sourire sur ses lèvres. Ses silences sont des réponses. Ses paroles sont généralement composées de reproches ou de jugements. Avoir une conversation de regards avec Eliana est une bénédiction. Estimez-vous heureux si cela vous arrive un jour. Moins elle en dit, mieux elle vous considère. Par contre, si elle s’énerve, je vous fortement conseille de fuir.
Typiquement, la dame sans patience roule des yeux en découvrant la compilation de bébés faisant tout un tas de bêtises. C’est une vision d’horreur pour la Ferragni. Ses doigts se crispent contre les pans de sa robe. Elle ne supporte pas les éclats de rire du public. Tout ce qui touche aux enfants, à la maternité, à la parentalité, lui rappellent des mauvais souvenirs et ses propres faiblesses. Elle préfère râler qu’admettre que ce sujet en particulier la touche derrière son apparence de glace. « Tu oublies bien vite que tu portais des couches, toi aussi, il fut un temps. » Elle lève un sourcil, contrariée. « Ne parle pas de malheur Sisco. » qu’elle répond d’une voix ferme. Ses mots ne la font pas rire sur le moment. Il est hors de question qu’Eliana croupisse dans une maison de retraite, plutôt mourir. Toute cette agitation est trop bruyante pour la grande dame. Elle n’a qu’un souhait : sortir de cet enfers. Faites que sa prière soit exaucée. Elle veut en finir avec ce maudit tournage. Le show de Steward commence à l’agacer, et elle prend son mal en patience, ne préférant pas émettre un mot de plus, où elle risque de ruiner l’ambiance « bon enfant » qui règne sur le plateau. Heureusement que son voisin est plus loquace qu’elle et il sauve clairement les apparences.
C’est la libération lorsque la fin du direct est déclarée. Madame Ferragni est sur le point de se lever, direction sa loge, qu’elle est interceptée par les mots de son voisin. « Le commun des mortels peut-il encore espérer t'offrir un verre ou s'en est finit de ta clémence envers le reste de l'humanité pour aujourd'hui ? » Fidèle à elle-même, Eliana se lève en toute élégance. Elle ne se prononce pas encore sur sa décision finale. Elle regarde sa montre durant quelques instants. C’est -encore- une heure acceptable pour aller prendre un verre. Elle en a besoin après toutes les blagues de mauvais goût de Stewart. « Très bien, nous pouvons nous retrouver à la sortie des studios dans vingt minutes. » qu’elle déclare, c’était sa façon à elle d’accepter l'invitation du corse.
Vingt minutes plus tard, Eliana a eu le temps de se rafraichir et surtout reposer ses pauvres oreilles. Elle a frôlé la migraine à cause de Stewart, qu’elle a pris un cachet pour calmer ses nerfs. La belle italienne sort des studios de la ABC son élégant manteau sur les épaules. Elle retrouve Antone à l’extérieur. « Mon chauffeur peut nous déposer quelque part. » qu’elle propose à l’homme en désignant la Berline noire qu’il l’attend. Eliana ne marche pas. « Surprends-moi sur le lieu. » qu’elle lui lance avec un sourire en coin comme un défi. Eliana Ferragni s’estime supérieure à la majorité du commun des mortels, Antone Sisco doit la captiver où elle partira.
En vingt minutes, Antone a le temps de prévenir sa fille qu'il ne rentrera pas de suite après l'émission, de se changer et de passer voir Stewart dans sa loge afin de s'assurer que ce dernier n'a pas mal pris son fou rire incontrôlé durant le début du prime time. Le corse met un point d'honneur à entretenir de bonnes relations avec ses collègues de la ABC. Son job d'intervenant est une bagatelle aussi plaisante qu'amusante ; l'idée d'avoir à gérer des tensions inutiles au sein des studios n'a rien pour lui plaire. Il préfère faire profil bas et s'excuser si nécessaire mais réalise bien vite que le présentateur vedette a plus d'humour qu'il ne voulait bien lui en prêter et repart de sa loge satisfait de constater que c'est en bons copains qu'ils se quittent, probablement amenés à se recroiser au détour d'une autre émission, lorsque le hasard de la programmation les réunira.
Dehors, la luminosité baisse lentement mais la température reste parfaitement acceptable. Son casque à la main, Sisco attend l'arrivée d'Eliana devant les portes du grand hall, répondant au passage aux signes que certains spectateurs quittant le parking lui adressent en guise de salut. Contrairement à Ana qui se caractérise par son élégance implacable, Antone s'illustre par son style motard assumé. Elle est là, la référence au cuir évoquée durant l'émission : le manteau de protection qu'il porte sur les épaules et dont la couleur noire s'accorde avec celle de sa bécane garée un peu plus loin. « Mon chauffeur peut nous déposer quelque part. Surprends-moi sur le lieu. » Sisco hausse les épaules, indifférent à l'idée de se faire conduire. Si cela convient mieux à son altesse, lui n'y voit pas d'inconvénient. Aussi tient-il la porte à l'italienne pour l'inviter à monter dans la berline avant de la rejoindre sur la banquette arrière. Dieu que cette bagnole est grande et bien entretenue. Du bout des lèvres, Antone communique l'adresse du lieu au chauffeur en prenant garde que sa voisine n'intercepte pas le message. Quitte à la surprendre, il aime autant qu'elle ne sache pas dans quelle direction ils s'en vont.
Tandis que la voiture s'engage sur le chemin, le corse prend ses aises et se tourne vers Ferragni. Il a posé son casque sous le siège passager et adopté une position confortable qui lui permettra de bien vivre le trajet. « Depuis quand es-tu à Brisbane ? » Suffisamment pour être connue du gratin de la ville d'après ce qu'il a pu constater sur le plateau du bêtisier de Noël mais de toute évidence pas assez pour avoir perdu les manières et les exigences de son pays natal, cela se voit. Antone, pour sa part, après avoir vécu dans cinq pays différents, sait faire feu de tout bois et ne se plaint que très peu des défauts qu'il peut parfois trouver à l'Australie. Rien n'est malheureusement parfait, il en a fait le deuil depuis plusieurs années déjà.
En sortant des studios de la ABC, elle découvre Antone avec son fameux cuir noir planté à côté de sa bécane. On dirait un autre homme, bien plus rebelle que celui qu’elle a fréquenté sur le plateau de tournage. Elle a un rictus amusé à cette vision, ce n’est pas déplaisant à voir. Eliana quant à elle, a échangé sa longue robe rouge contre un tailleur noir de la Maison Weatherton, le tout recouvert par son manteau élégant. Eliana est déjà une personne élancée, mais dans sa nouvelle tenue elle parait encore plus grande et impressionnante sur son passage. Elle indique les instructions à Antone, ils prendront sa voiture. Eliana n’est pas en tenue pour grimper sur l’arrière d’une moto et elle n’en a pas envie. Du moins, pas ce soir. A une prochaine occasion éventuellement, si elle recroise le chemin de corse après cette soirée.
L’homme vient lui ouvrir la porte, elle s’installe dans la voiture sans un mot. Le cachet commence à faire effet sur ses nerfs. Son visage s’adoucit, elle rentre dans sa zone de confort. Antone ne tarde pas à la rejoindre sur la banquette arrière du véhicule après avoir indiqué quelques mots à Nicholas, son chauffeur. Ce dernier regarde sa patronne à travers le rétroviseur et elle lui fait un signe de la main pour qu’il démarre. La voiture commence son bout de chemin, Eliana ne fait pas sa curieuse, elle préfère être surprise sur la destination finale. En espérant qu’Antone soit à la hauteur de ses attentes, sinon elle sera amèrement déçue de la fin de sa soirée. « Depuis quand es-tu à Brisbane ? » Délicatement, l’italienne tourne ses iris bleutés en direction du beau corse. « Je me suis installée en 2017 pour une opportunité professionnelle. » qu’elle lui répond d’une voix posée. Depuis des années, son mensonge est parfaitement bien tisé. La version officielle est son poste de directrice commerciale à la Maison Weatherton. Cependant la raison officieuse reste pour des raisons personnelles. Damon. Vous connaissez l’histoire. « Tu enseignes depuis longtemps à l’université de Queensland ? » A choisir, Eliana préfère clairement parler d’étudiants que de progénitures. C’est un sujet tabou pour la Ferragni qu’elle prend soin de cacher derrière son masque. Elle a cru comprendre qu’Antone était papa, mais ce n’est pas ce qui l’intéresse le plus chez lui. Eliana a volontairement gardé très peu souvenirs de son ancienne vie en Italie. Son enfant caché, son mariage, ses secrets sont des sujets interdits dans son monde. Il n’y a que sa bague émeraude qui ne quitte pas ses doigts fins. Elle aime beaucoup trop les bijoux pour y renoncer. Les diamants ont d’ailleurs provoqué la rencontre entre Antone et Eliana. Elle n’a pas oublié cette fameuse journée, elle a toujours le fameux bijou dans sa collection personnelle. Elle regarde sa main en soupirant doucement. « Vingt ans, ça passe vite. » Puis elle remonte son visage vers celui du barbu. « Tu n’as pas trop changé. » A l’exception de ses quelques cheveux blancs, l’âge lui va bien. C’est un compliment de la part d’Eliana.
4 ans, donc. Antone soupèse l'information en silence, s'interrogeant sur la vie de l'italienne depuis leur dernière rencontre et se demandant si son mari l'a suivie jusque dans ce pays de kangourous et de terre battue bien loin du climat méditerranéen, des pâtes et des discours qui se parlent avec les mains. Il y va de ses petites spéculations farfelues, s'imaginant Ana dix ans plus jeune, le chignon bien serrée, terrorisant ses concitoyens du matin au soir tant et si bien qu'il ne restait peut-être plus un seul italien désireux de la retenir lorsque l'opportunité se présenta à elle de quitter son pays pour venir faire carrière à Brisbane. Dans ce genre de milieu, Antone s'en doute, la réputation précède le nom et quelque chose lui dit qu'il y a plus de teints qui pâlissent à la lecture de celui de Ferragni sur les cartons d'invitation que de sourires pour s'en réjouir. Le règne de la terreur, une valeur sûre et triste à la fois, du moins c'est son opinion et il la garde pour lui, bien décidé à passer une bonne soirée malgré la froideur de sa comparse.
« Tu enseignes depuis longtemps à l’université de Queensland ? » Cela prend quelques secondes - le temps de compter mentalement - au corse pour répondre à la question : « Dix ans. » Boom, le couperet tombe, lui arrachant un petit sourire d'acceptation. Il n'y a qu'en retombant sur de vieilles connaissances que la conscience du temps trouve un chemin pour frapper aussi fort les esprits. A aucun moment Sisco n'a vu passer ces dix dernières années, trop occupé à élever sa fille seul et à éduquer ses étudiants qui changent à chaque rentrée tant et si bien que la routine n'a pas su s'installer dans sa vie. Il y a bien quelques signes qui ne trompent pas comme, par exemple, son incapacité à rester sociable s'il n'a pas eu sa sieste digestive après le repas du midi et sa manie de toujours perdre ses lunettes, mais ces symptômes de vieillesse ne l'ont jamais réellement interpelé. C'est le fait de mettre des nombres sur les mois et les années qui lui ouvre les yeux et lui rappelle que la vie passe vite, trop vite.
« Vingt ans, ça passe vite. » Antone observe Eliana, interceptant le regard que cette dernière adresse au bijou autour de son doigt. Une bague émeraude qui, maintenant qu'il y pense, lui dit quelque chose. N'était ce pas celle que la brune avait levé entre eux, le soir de leur rencontre, pour lui signifier qu'elle était mariée ? Peut-être était-il en train de se méprendre. Sa mémoire pouvait se montrer redoutablement sélective et, des informations retenues ce soir là, le statut civil de la belle n'avait été qu'une contrainte accessoire. A défaut d'en pleurer, le corse avait préféré ne garder comme souvenir que le délicieux sentiment de compétition ressentit et le sourire éblouissant qu'elle lui avait adressé pour le narguer d'avoir gagner l'enchère. Les cailloux ne valent rien face à ce genre de tableau, Antone s'était vite remis du manque à gagner. « Tu n’as pas trop changé. » Il incline la tête, conscient que ces mots sont ceux qui se rapprochent le plus d'un compliment dans la bouche de l'italienne. Malgré tout, il n'hésite pas à y aller de sa petite sincérité dérangeante. « Tu m'as l'air moins heureuse qu'à l'époque. La vie te donnerait-elle du tracas ? » Antone Sisco a passé l'âge de ne pas mettre les pieds dans le plat.
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Dernière édition par Antone Sisco le Sam 5 Fév 2022 - 6:40, édité 1 fois