Le cœur qui s'emballe et qui pompe un cocktail de sérotonine et d’ocytocine dans les veine, remplaçant l'adrénaline. La respiration qui s'accélère alors que le trac descend tout à coup, nous laissant tremblant et hors d'haleine. Les yeux qui brillent d'émotion et de passion alors que la standing ovation du public est assourdissante. Les regards qui s'échangent entre les comédiens alors que nous nous avançons et que nous nous inclinons face à la salle en délire. Toutes ces sensations sont les raisons pour lesquelles j'ai décidé de revenir sur le devant de la scène car je me demande sérieusement comment j'ai pu passé toute une année sans cet intime échange avec le public, ces gens qui confirment à quel point mon métier est le plus beau des métiers qui existent.
Lorsque les rideaux se referment, c'est l'extase. Les bras qui se referment autour de moi ont quelque chose d'extrêmement agréables, les câlins me permettent de rester encore un peu sur le ce petit nuage sur lequel je flotte et lequel j'espère ne pas pouvoir quitter de si tôt. Les compliments me concernant me vont droit au cœur tant et si bien que je ne parviens pas retenir ma petit larme d'émotion. Celle-ci est vraie et sincère, me prouvant réellement à quel point j'avais besoin de ça. Et j'avoue que je n'ai qu'une seule hâte : Allez dans la salle pour embrasser Loan et partager ma joie avec lui.
Ainsi, je suis quelques collègues et ensemble nous sortons des loges. Souriant et parlant joyeusement entre nous, nous nous frayons un chemin à travers la masse de gens qui s’agglutinent au niveau de la porte, si bien que je me demande si je vais réussir à trouver la personne que je recherche. Sans m'arrêter, je sors mon portable de la poche arrière de mon pantalon et pianote rapidement dessus... jusqu'à ce que mon avancée est brusquement stoppée par un homme qui se trouvais sur mon chemin. J'aurais pu simplement m'excuser et continuer si je n'avais pas entendu un grognement lui échapper et le bruit du verre qui s'éclate au sol. Relevant la tête, mon regard se pose d'abord sur la chemise mouillée de l'inconnu avant que l'odeur d'alcool n'atteigne mes narines. «Eh merde ! » m'exclamais-je subitement en remettant mon portable dans la poche de mon jeans «Oh non, je suis désolé ! Merde, merde, désolédésolédésolé» me confondais-je en excuse alors que j'attrape un paquet de serviette qui se trouvent sur la table non loin de nous «Olalala, quel con... » et je tente, comme un idiot, d'essuyer la tâche qui grandit à vu d'oeil sur le vêtement de l'inconnu.
Debout au premier rang, Antone applaudit au même rythme que le reste du public conquis par la prestation de ce soir. Face à lui, une ribambelle de jeunes gens saluent la foule avec humilité. Les regards sont brillants, les sourires sont niais, ces gamins sont heureux de se faire acclamer ; c'est pourquoi Sisco ne se fait pas prier dans ses sifflements appréciateurs. Valoriser l'audace, encourager l'initiative, autant de méthodes qu'il applique à ses étudiants dont l'un est précisément la raison de sa présence ce soir.
Sur scène, Terry Milton, tête d'ampoule de son cours d'économie et timide notoire, n'en finit plus de rougir sous les projecteurs. Son rôle dans la pièce a beau être secondaire, Antone devine la fierté du jeune homme d'avoir réussi l'exploit de réciter son texte sans bégayer face au parterre de spectateurs attentifs, alors qu'il lui est difficile, en classe, d'articuler de manière intelligible des questions dont ses camarades ont appris à se foutre car toujours beaucoup trop techniques. Lorsqu'il croise son regard, le Corse accorde à l'étudiant un hochement de tête approbateur. Ce dernier lui sourit, le rideau tombe, l'heure est désormais aux coups de coudes faussement courtois pour se frayer un chemin vers la sortie.
Décidé à remercier Terry pour cette invitation, Sisco fait un crochet par la buvette, attrape une bière puis entreprend de trouver un trou de souris dans lequel se glisser afin de rejoindre la troupe. Il suit un panneau indiquant la direction des loges et remonte la foule à contre courant dans l'espoir d'apercevoir le gamin. C'en est un autre qui lui tombe dessus, le nez plongé dans son portable. Surpris, Antone laisse échapper son verre de bière qui s'éclate au sol après l'avoir éclaboussé de son contenu. Un grognement d'ours lui échappe, plus pour la perte du breuvage que pour l'état de sa chemise, mais voilà que le gaffeur se met à lui éponger les pecs. Le Corse stoppe le jeune homme dans son élan, attrapant calmement son avant-bras pour l'inciter à lever les yeux plutôt que de lui tripoter le torse. Il reconnait le visage du rôle principal de la pièce et lui sourit cordialement.
On mettra ça sur le compte de l'excitation. Dignement, Antone récupère les serviettes des mains du jeune homme et termine de s'éponger tout seul.Belle performance. Ajoute-t-il, sans rancune, pour ne pas dire indulgent avec la génération texto dont sa propre fille fait partie et contre la dépendance de laquelle rien ne semble fonctionner.
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Dernière édition par Antone Sisco le Mar 28 Déc 2021 - 2:39, édité 5 fois
On mettra ma maladresse sur le dos de l'adrénaline qui coule encore dans mes veines, même si, évidemment, j'aurais sans problème pu éviter cet accident. Mais ce qui est fait est fait et j'essaie tant bien que mal d'essuyer -littéralement- les conséquences de mon manque d'attention. Toutefois, la victime ne se laisse pas faire et c'est, avec une certaine douceur, qu'il attrape mon bras puis les serviettes pour s'éponger lui-même. C'est d'ailleurs lui qui annonce l'idée que ma maladresse n'est due qu'aux hormones de bonheur qui ont encore leur effet sur moi, avant de me féliciter pour ma performance.
Me reculant d'un pas, je lève mon regard sur l'homme et lui offre un sourire reconnaissant. Que mes compagnons de scènes ou mes proches me disent que j'ai bien joué c'est quelque chose de merveilleux, mais lorsque ces mots viennent de la bouche d'un total inconnu, c'est quelque chose d'autant plus incroyable. Rien ne le poussait, ce monsieur, à me dire cela, et pourtant il le fait, me confirmant ainsi que j'ai vraiment pris la meilleure décision du monde. « Merci» dis-je avec toute la sincérité dont je peux faire preuve «c'est la première fois que je remonte sur scène après quelques mois un peu incertains et je ne regrette absolument rien. On a tout donné, tous autant que nous sommes ! En plus on avait les meilleurs figurants du monde ! » mon sourire se fait plus grand, plus large et plus heureux encore «Chacun a son importance et ...le groupe est génial. Je pense que ça c'est vu un peu aussi, non ? Le feeling qu'il y a entre nous et ... » je me tais pince les lèvres dans une moue désolée et contrite « Pardon, je parle trop ...quand on me lance sur ce sujet»
Je lance un coup d’œil derrière l'homme et aperçois Loan qui est en pleine discussion avec le metteur en scène de la pièce que nous venons de jouer. Connaissant les deux, je me doute bien que leur conversation ne sera pas finie de si tôt et je décide de reporter mon attention sur l'homme devant moi «Venez, je vous offre une autre bière, c'est la moindre des choses que je puisse faire pour me faire pardonner »
Il ne s'attendait pas à ce que le jeune homme se mette à lui parler de sa vie privée et de son ressenti vis à vis de la pièce, de la troupe et de tout ce qui visiblement fait de lui un comédien passionné par son travail. « Pardon, je parle trop ... quand on me lance sur ce sujet. » Antone secoue la tête, affichant une mine indulgente. « Y'a pas de mal à être passionné. » Répond-il tout en jetant dans la poubelle à côté d'eux les serviettes désormais pleine de bière. « J'ai vu la cohésion de l'équipe. C'est une harmonie précieuse, je vous souhaite qu'elle soit pérenne. » Il ne s'étend pas sur ce que l'expérience lui a appris d'amitiés qui parfois se fanent au fil du temps, des déceptions qu'on ne voit pas forcément venir, des mauvais coups et des jalousies que les projets portés à plusieurs risquent quasi systématiquement d'attiser ... Sisco n'est pas venu casser l'ambiance, il part d'ailleurs du principe qu'avertir un jeune des dangers qui le guettent ne sert pour ainsi dire à rien. La jeunesse, c'est fait pour se prendre des murs et tirer des leçons, pas pour écouter les boomers qui n'y connaissent rien à rien, pas vrai ?
« Venez, je vous offre une autre bière, c'est la moindre des choses que je puisse faire pour me faire pardonner » « Amen ! » Retour à la case départ, Antone accompagne le jeune homme au bar et s'empare de sa nouvelle bière. Il remercie le garçon puis l'invite à trinquer en levant son verre. « A cette première réussie et à toutes celles qui suivront. » Tandis qu'il porte le liquide rafraîchissant à ses lévres, Terry fait son apparition. Ne l'ayant jamais vu décoiffé de la sorte, le Corse se met à rire tout en l'interpelant. « Hey, Milton ! » Ce dernier s'approche d'eux. L'admiration qu'il voue au rôle principal de la pièce est facilement reconnaissable, Sisco en va de sa petite plaisanterie gênante : « Je suis jaloux. Il ne m'a jamais regardé comme ça, même après des révélations fascinantes sur le bitcoin et les NFT. » Terry se met à rougir de nouveau, ce qui incite Antone à rebondir. Ce que ce gamin peut être timide, bon sang. « Merci pour l'invitation, Terry. » Puis, se tournant vers Clément : « Vous jouez ici tous les soirs ? » Peut-être qu'avec un peu de pratique, son étudiant en arrivera à parler autant que son homologue premier rôle. Qui sait ?
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Dernière édition par Antone Sisco le Ven 31 Déc 2021 - 16:56, édité 1 fois
Lorsque je suis stressé je parle beaucoup. Lorsque j'enchaîne les gaffe, je parle beaucoup. Mais lorsque je suis passionné par le sujet qui s'offre à mon interlocuteur et moi-même je parle encore plus. Ainsi, je monopolise la parole pendant ce qui me semble être une éternité avant que je ne m'en rende compte et que je m'en excuse. Les lèvres pincées en un sourire reconnaissant, j'hoche la tête lorsqu'il me dit avec compréhension qu'il n'y aucun mal d'être passionné. « Merci, on va tout faire pour maintenir cette cohésion d'équipe en place» ajoutais-je après que l'homme m'ait confirmé qu'il avait lui-même remarqué à quel point le feeling entre les comédiens était beau et présent.
Changeant de sujet, je fini par l'invité à reprendre une deuxième bière ce qu'il accepte sans hésiter. Ni une deux nous trinquons à cette belle réussite avant que l'inconnu n'interpelle un certain Milton. En me retournant, mon regard se pose sur Terry, un des figurants. Le seul d'ailleurs qui m'a donné la réplique le temps d'une phrase. Avec un large sourire je fais un pas en arrière pour l'inviter à nous rejoindre, alors qu'il rougit lorsque l'homme fait remarqué que Milton ne l'a jamais regardé comme il me regardait lorsqu'il lui parle de bitcoin et NFT. Je fronce un instant les sourcils, incapable de savoir ce que signifient ces deux mots mais décide qu'ils n'ont pas forcément une grande importance.
La suite, elle, est plus intéressante : Terry a a invité celui avec qui je suis entrain de parler. Qui sont-il l'un pour l'autre ? Père et fils ? Oncle et neveux peut-être ? Mon regard passe de l'un à l'autre pendant quelques secondes avant que je n'hausse les épaules «En tout cas Terry est la preuve que je n'ai rien perdu concernant la pédagogie dont doit faire un prof » mon regard se pose sur le jeune homme qui est toujours aussi rouge «C'était vraiment du bon boulot ! Comme quoi, les heures d'entraînement qu'on a mit là-dedans en plus des répétitions étaient fructueuses » je lui tapote amicalement l'épaule «Et tu sais que t'es le bienvenue au studio »
Après ce petit aparté qui, je le remarque bien, semble signifier énormément pour le futur comédien, je me retourne vers l'homme à la bière lorsqu'il me demande si nous jouons tous les soirs. «Non, seulement les vendredi, samedi et dimanche. Pendant tout le mois de janvier. Et après on verra en février en fonction de l'engouement et tout ça » je prend une gorgé de ma bière puis reporte mon attention sur les deux hommes «Vous avez dit que Terry vous a invité ...vous êtes son pères ? Ou son oncle ? » demandais-je tel l'éternel curieux insatisfait que je suis.
Antone esquisse un sourire à l'entente du mot '' pédagogie ''. Après dix années passées à tenter de faire rentrer des concepts et des calculs compliqués dans la tête de ses étudiants, il en arrive à la conclusion que la bonne pédagogie n'a rien d'universelle et qu'elle se doit en réalité d'être adaptée à chaque élève. Sisco observe en silence le regard brillant que Milton réserve à Clément tandis ce dernier le félicite. Il s'interroge un instant sur ce que devaient être les répétitions et le comportement de Terry durant ces dernières mais revient dans la conversation pour répondre aux questions de son interlocuteur : « Son professeur. » Le Corse change sa bière de main afin de tendre celle désormais libre au comédien. « Antone Sisco, j'enseigne l'économie. C'est un plaisir de faire votre connaissance. » Nul doute qu'il recommandera la pièce à ses collègues de l'université de Queensland et qu'il en glissera un mot aux journalistes de la ABC lors de sa prochaine intervention au journal de l'économie.
Face à cette poignée de main, Terry refait surface et réalise qu'il a oublié de faire les présentations.« Désolé, Monsieur Sisco, voici Clément Winchester, mon professeur de théâtre et acteur préféré. » « Rien que ça ? » Reprend-il en même temps que sa main, le nez légèrement relevé en direction de Clément comme à chaque fois qu'il juge en silence. Antone cache sa perplexité derrière la monture de ses lunettes aux larges rebords noirs et son air impressionné. Quel âge à ce gamin ? 18, 19 ans peut-être ? Damn, ça commence jeune un prof de nos jours ! Milton, profite d'avoir introduit Clément pour s'effacer. Antone, le regarde partir, accoudé au bar, le corps tourné en direction de la foule qu'il observe comme il a l'habitude d'observer Bob, son poisson rouge. « Je me demandais pourquoi il était moins concentré en classe, je pense que j'ai ma réponse. » Pour lui cela ne fait aucun doute : Terry a un crush pour son voisin.
Ainsi donc, je fais face au professeur de Terry. Je sais que ce dernier est un garçon très intelligent qui se dévoue pour ses études dans lesquels il excelle, mais j'ignore de quoi il s'agit : le jeune homme est resté très vague à ce sujet. Toutefois, c'est dans un sourire que j'attrape la main du prof lorsqu'il se présente comme étant un certain Antone Sisco, déclinant en même sa fonction à l'université. «Enchanté Mr Sisco » dis-je en serrant ses doigts, lui offrant un large sourire « Le plaisir est partagé» que j'ajoute promptement. J'étais sur le point de me présenter à mon tour- même Antone doit sûrement connaître mon nom et prénom s'il était attentif tout à l'heure- mais c'est Terry qui s'en charge.
Et sa présentation m'interpelle un peu, simplement car j'ignorais ce que je représentais réellement aux yeux du jeune étudiant. Je savais que nous avions une relation fort sympathique, mais je n'étais absolument pas au courant que je sois 'son acteur préféré'. D'autant plus que, connaissant Terry, celui-ci était sans doute sincère dans ce qu'il disait. Je n'ai, pourtant, pas le loisir de dire ou faire quoique ce soit, que le jeune homme s'éclipse soudainement, me laissant maintenant seul avec Antone. Accoudé au bar face à moi, le professeur affiche un sourire espiègle alors qu'il m'annonce comprendre pourquoi Terry était de moins en moins concentrer sen cours. Et la lueur dans ses yeux me fait comprendre le sous entendu de ses paroles et je secoue doucement la tête.
« Dommage pour lui que je sois fiancé du coup» haussais-je les épaules, mon pouce allant toucher la bague qui est accroché à mon doigt. «j'espère juste que vous avez tort, parce que ça m'embêterait qu'il ne revienne plus juste parce qu'il sait qu'il n'a aucune chance de 'plus' avec moi » reprenais-je alors en me déplaçant pour poser mes fesses sur une chaise haute, souriant à tous les gens qui passent à côté de nous et qui me couvrent de compliments « N'hésitez pas à parler de la pièce autour de vous » dis-je en prenant une gorgé de ma bière «Et aussi, on recherche régulièrement des figurants comme Terry, donc si vous connaissez des gens qui seraient intéressés, n'hésitez pas. Pas besoin d'avoir de l'expérience en théâtre, faut juste savoir suivre les directives et être majeur, c'est tout » je souris doucement et allait reprendre la parole lorsque je suis approché par un groupe de filles qui souhaite prendre une photo avec moi. Sans hésiter, j'accepte, le tout avec le sourire, alors que l'une d'entre elle fourre son portable dans les mains d'Anton sans dire un mot.
Après quelques instants, elle repartent, heureuse et nous retrouvons nos places «Et c'est comme ça que commence la célébrités ... » soufflais-je, sourire éternel sur les lèvres. N'est-ce pas un des but de ma vie ? Devenir célèbre pour ce dont je suis le plus passionner ? Je pense pouvoir m'habituer sans problème à ça, en vrai.
A la vue de la bague autour du doigts de Clément, Antone hausse gentiment les épaules. « Les amours contrariés forgent le cœur des hommes. » Répond-il avec inspiration, le regard toujours fixé sur la tignasse de Terry qui disparaît dans la foule. « Je veillerai à ce qu'il n'abandonne pas. » Quitte à régulièrement lui poser la question en fin de cours pour s'assurer que l'étudiant ne mélange pas ses émotions et ses ambitions concernant l'art de la scène. En sa qualité de vieux singe, Sisco sait à quel point il peut être tentant de couper court à tout ce qui a rapport avec une déception pour ne plus sentir le couteau se retourner dans la plaie mais l'expérience lui a appris que faire l'autruche n'amène qu'à des réveils douloureux et des regrets irrévocables, tout ce qu'il ne souhaite pas à ce jeune Milton fort sympathique.
« N'hésitez pas à parler de la pièce autour de vous » Le corse reporte son attention sur le comédien. Il prête l'oreille à ses précisions concernant la recherche de figurants et lève sa bière pour montrer qu'il a bien enregistré ce message. « Comptez sur moi. » Affirme-t-il tout en notant mentalement d'en toucher un mot à ses filles. Probablement que Soo ne s'y intéressera pas plus que cela mais quelque chose lui dit que l'information pourrait éveiller l'intérêt de Bianca. Avoir passé plus de vingt années sans avoir l'occasion de l'élever ni de la connaître en tant qu'enfant puis en tant qu'ado et enfin comme adulte n'empêche pas Antone de relever à quel point la plus âgée de ses filles cultive un goût prononcé pour le drame et la nécessité d'être le centre de l'attention. Qui sait, faire partie d'une troupe l'aidera peut-être à se faire des amis dans cette ville qu'elle ne fréquente que depuis peu ?
Il en est là de ses réflexions lorsqu'un gang de fans s'immisce entre Winchester et lui. Amusé par la situation, Antone se prête au jeu de la séance photo, cadrant les images dans un sens puis dans l'autre de l'écran du téléphone pour donner à ces groupies matières à glousser et fantasmer tout leur saoul une fois rentrées chez elles. « Et c'est comme ça que commence la célébrités ... » Face au sourire de l'acteur, Sisco laisse échapper un petit rire désabusé. La joie de vivre de ce gamin est communicative et l'invite à la confidence. « Un concept qui vous séduit ? J'en suis encore à me demander si elle est bénéfique ou pénalisante, pour ma part. » Ses pensées convergent vers les souvenirs tumultueux de l'année 2015 et de l'intensité avec laquelle il avait été soumis aux regards insistants dans la rue, aux références constantes sur ses sorties de pistes télévisuelles et, bien sûr, aux reproches de sa plus jeune, excédée d'être '' la fille du professeur meme ''.
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Dernière édition par Antone Sisco le Sam 22 Jan 2022 - 6:00, édité 4 fois
Je laisse échapper un petite rire lorsqu'Antone m'annonce que les « les amours contrariés forgent les cœurs des hommes » «Je n'avais jamais penser à cette possibilité » dis-je en hochant la tête, sourire amusé sur les lèvres «Mais vous n'avez pas totalement tort en vrai » reprenais-je en haussant les épaules alors que l'homme m'assure qu'il veillera à ce que son élève n'abandonne pas. « Il a de la chance d'avoir un prof comme vous» soufflais-je tandis que je me déplace pour m'installer sur un tabouret. Ce qui est tout à fait vrai : qu'est-ce que j'aurais donné, à son âge, d'avoir des professeurs aussi gentils, adorables et compréhensifs que cet inconnu ? Je dévie un instant mon regard en prenant une gorgé de ma bière.
Après qu'il m'ait promis qu'il parlera de la pièce autour de lui, nous sommes rejoint par un groupe de jeunes qui, m'ayant aperçu, souhaitent prendre une photo avec moi. C'est avec joie que j'accepte, laissant Antone gérer l'appareil photo. Après quelques compliments en plus, c'est en gloussant que les filles repartent, heureuses d'avoir eu ce qu'elles désiraient. La réponses de l'homme à mon commentaire me laisse quelques peu perplexe, alors que je reporte mon regard sur lui, scrutant son visage et ses traits sans pour autant savoir dans quel domaine il pourrait être connu.
Peut-être est-ce un grand homme dans son domaine d'économie ? Peut-être est-il un auteur dont les livres d'économie se vendent comme des petits pains ? Peut-être a-t-il même eu un prix nobel pour des recherches qu'il a put faire dans sa vie ? Je n'en ai absolument aucune idée en vrai. « Vous êtes connus ? Pourquoi?» osais-je finalement demander d'une petite voix, peu sûr de moi, ne sachant pas vraiment s'il souhaite en parler ou si ça le mettrait en rogne que je ne sache pas pourquoi il est connu.
« Vous êtes connus ? Pourquoi ? » Sans connaître Clément personnellement, Antone peut deviner, au son de sa voix, que le jeune homme craint de le vexer en ne sachant pas à quoi il fait référence lorsqu'il parle de célébrité. Son regard se tourne vers lui et son sourire se veut rassurant. « Ne nous méprenons pas, ... » corrige-t-il, désireux de mettre les choses au clair, « ... il s'agissait plus de notoriété fortuite que de célébrité. » L'utilisation de l'imparfait a son importance, elle indique qu'Antone considère cette période comme étant révolue, même s'il lui arrive encore parfois de tomber sur de nouveaux memes de lui, toujours avec la photo de sa première interview à la ABC.
Il n'avait jamais voulu ça ; jamais ne serait-ce qu'imaginé qu'on puisse détourner ses propos et son image au point que cela devienne culte sur les réseaux sociaux et stupidement listé sur Wikipédia dans la rubrique des fun facts de la web culture. Toute cette histoire était allé trop vite pour qu'il y comprenne quoique ce soit, lui, à l'époque néophyte en la matière, tant et si bien que Sisco avait préféré la considérer comme un gag. Après tout, personne n'en était mort et si Soo s'était montrée particulièrement exaspérée concernant le phénomène, les choses s'étaient largement calmées depuis. « Ce que je voulais dire c'est que je vous souhaite d'accomplir vos rêves et de récolter les fruits de votre travail. » Quelques soient les aspirations de ce garçon, dans la gloire ou dans l'anonymat.
Sur ces belles paroles, Antone termine sa bière. La foule a largement entreprit de se dissoudre désormais et la possibilité d'atteindre la sortie semble envisageable. Cela lui permettra de rentrer chez lui et de changer de t-shirt avant que l'odeur de bière ne s'imprègne aussi dans sa veste. « Merci pour la bière. » Dit-il en reposant son verre qu'il pousse en direction du barman avec un généreux pourboire. « A la prochaine. » Tendant à nouveau la main à Clément, Antone sait qu'il assistera aux futurs spectacles de la troupe s'il s'avère qu'elle en propose d'autres à l'avenir. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il sera amené à revoir ce gamin plus tôt que prévu et dans des circonstances autrement plus surprenantes que celle d'un jeu de qualité et d'une pièce bien rédigée.
Quand le père rencontre le fils, la réalité dépasse parfois la fiction.