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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson

20 décembre 2021
Si tu n'es pas de ceux qui se lèvent à minuit ou même à six heures du matin pour leur anniversaire, le mois de Décembre est, et de loin, celui que tu préfères dans toute l'année. Ce n'est pas la perspective de recevoir des cadeaux et de voir arriver un certain personnage en costume rouge et blanc qui t'enchante, non, tu aimes simplement toutes les traditions qui jalonnent ce mois-là... Que ce soit le sapin qui a été décoré avec un soin particulier par Esmée et toi, le calendrier de l'avent toujours consulté à la même heure (et hors de question de tricher chez les Hurley) ou même les chants de Noel que tu connais sur le bout des doigts, il n'y a rien que tu ne fais pas pendant ce mois-ci et tant pis si c'est cliché. Et le mois de Décembre lui se termine par un échange de cadeaux mais pas que, un échange d'attention et c'est comme si tout le monde devenait un peu plus clément le soir du réveillon, il y a une volonté de partager, de réunir et surtout de tendre la main aux autres, chose que beaucoup ne font pas en temps normal.
C'est avant tout ce qui te plaît et cette année, Esmée et toi vous avez décidé d'envahir la salle commune de la maison de retraite qu'elle fréquente de temps en temps, où se trouve beaucoup d'amis, des connaissances et des gens seuls pour cette période fatidique de l'année. Il ne t'a suffi que d'une seule conversation avec une des employés pour comprendre que la période est difficile, et l'idée a germé dans ton esprit en même temps que celui d'Esmée, plutôt que de rester dans votre salon à revisionner It's a Wonderful Life pour la centième fois, vous pouvez inviter plus de gens. Ou déplacer la fête. C'est le plan en tout cas et si le personnel hospitalier vous a fait savoir que le budget était mince, cela ne vous a pas arrêté ta grand-mère et toi, vous avez déjà acheté un autre sapin, des décorations et vous avez littéralement mis la main à la patte. Esmée derrière les fourneaux, toi pour écrire quelques invitations et pour préparer quelques animations et autres jeux pour ponctuer la soirée. Et maintenant que la date approche, tu as encore plus hâte d'y être, la surprise sera totale pour les pensionnaires mais pas pour ceux qui seront invités. Tu as donné une invitation à tous les anciens membres de 15 possible girlfriends bien entendu, tu en as même glissé une sous la porte des Carter après avoir tapé à cette dernière et avoir constaté que personne n'était de l'autre côté et tu comptes bien à en donner à tes élèves, ou pour les plus jeunes, à leurs parents. Car pourquoi pas après tout ? Tu sais qu'Esmée prévoit de faire à manger pour tout un régiment et cela pourrait faire du bien aux pensionnaires de voir des nouveaux visages, même si c'est juste le temps d'une soirée.
Tu sors de tes pensées, enfin, quand ton portable vibre dans la poche de ton pantalon et c'est assez pour tu resserres l'étui de ta guitare dans ta main gauche, répondant de ta main droite. "Allo ?" Le timbre de ta voix est légèrement hésitant, la personne à l'autre bout du fil est un peu plus paniquée que toi et il te faut te concentrer pour que comprendre qu'il s'agit de la mère d'un de tes élèves, qui annule sa leçon à la dernière minute car ce dernier est malade et plus que contagieux. "Et on ne voudrait pas vous rendre malade et..." Heureusement que tu parles peu, car la mère de famille a beaucoup plus d'énergie que toi et tu finis par trouver le moyen de placer un ne vous inquiétez pas et j'espère qu'il ira mieux avant la fin de la conversation. Ce qui te laisse maintenant une bonne heure de libre, dans Spring Hill. Tu soupires, fixes l'étui de ta guitare comme si l'instrument allait te donner une réponse, avant de réaliser que si tu es dans Spring Hill, Evelyn travaille dans le quartier et tu peux toujours aller lui donner son invitation en mains propres.
Une bonne idée. C'est bien pour cela que tu te retrouves devant l'agence de la jeune femme quelques instants plus tard, resserrant ton instrument d'une main et lissant le col de ta chemise qui dépasse de ton pull, avant de pousser la porte. Ce n'est pas la première fois que tu viens, mais le lieu est toujours aussi impressionnant et classe, il faut bien l'avouer et c'est bien parce que tu es en bons termes avec Evelyn que tu te permets d'y mettre les pieds. Si elle est occupée, tu feras tout simplement demi-tour, que tu te dis déjà, cherchant la brune du regard. Tu tombes sur une autre jeune femme d'abord, clairement occupée, au téléphone et dans une conversation assez animée et si ce n'est pas ton style de commencer les conversations, tu ne vas certainement pas la déranger. Non, ta main libre tire sur les mailles de ton pull trop grand certes, mais de saison au moins et ton regard bleuté à peine le temps de se poser sur un mur que déjà tu repères Evelyn. "J'espère que je ne dérange pas..." Que tu commences lentement et sincèrement.

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Evelyn n’arrêtait pas de se faire la réflexion qu’elle détestait autant le mois de Décembre que le mois de Novembre. C’était un lot, l’un n’allait pas sans l’autre visiblement, et quand bien même l’ambiance aux alentours était joyeuse et festive, elle n’avait pas le même enthousiasme qu’une bonne partie de la population mondiale à l’approche des fêtes de fin d’année. Elle essayait toutefois, elle avait écumé le grand marché de Noël du coin pour les cadeaux qu’elle ferait à ses proches, à ses neveux et nièces en particulier, et elle avait même consenti à donner son aval pour faire partie de la liste des invités à la réception de Noël de sa mère qui insistait pour qu’elle fasse partie du cortège lorsque tous se rendraient à la messe de Noël ; une grande première depuis qu’Owen avait quitté la ville, et ça ne l’enchantait pas vraiment, seulement elle ne tenait pas à ce que son début d’année prochaine soit accueilli sous une pluie de reproches, alors elle avait déjà décidé de prendre sur elle avec toute la dignité dont elle était capable. Elle en avait assez de tout ça, elle voulait avancer plus sereinement dans cette vie qu’elle s’était reconstruite ici, entourée de la bonne manière, et sans redouter à chaque fois qu’on ne la rende responsables du malheur des autres. Ça avait beau être compliqué avec les fêtes de fin d’année, elle se donnait les moyens de faire des efforts, et comme pour asseoir cette volonté qu’elle avait, elle avait débranché la ligne fixe de l’agence pour ne plus recevoir ces coups de fil intempestifs qui avaient jalonnés son année entière. Elles l’avaient décidé avec Maze, elles en étaient venues à la conclusion que c’était mieux ainsi.
L’ambiance était un peu plus sereine à l’agence. Elle y travaillait plus souvent qu’à l’accoutumée, probablement pour échapper au sapin rose pétant que Lara avait installé dans leur appartement, et qui lui rappelait que non, définitivement, Noël n’était pas une fête pour elle. Elle n’avait pas bridé la créativité de décoratrice de sa cousine cependant, mais c’était vrai qu’elle préférait l’ambiance plus neutre des guirlandes de lumières que Maze avaient installées dans la vitrine de l’agence. Dans son bureau, tout était resté inchangé, il n’y avait pas de signes ostentatoires impliquant qu’elle fêtait quoi que ce soit, et ça lui allait très bien comme ça. Concentrée sur son ouvrage du jour, une liste d’invités à remanier pour les soins d’un couple qui se mariait au milieu de l’année qui arrivait, elle releva du bout de l’index peint en rouge fonce ses lunettes qu’elle finit par enlever pour de bon, s’en servant comme d’un serre-tête qui lui fit balayer le cadre de cheveux bruns qui cerclaient son visage concentré. Elle soupira, relevant la tête en entendant la clochette de l’agence s’activer, et se servit de l’excuse de devoir accueillir le nouvel arrivant pour lever le nez de son bureau, quitter sa chaise, et ouvrir la porte pour s’enfoncer dans le dédale étroit qui séparait cette partie de l’agence, à celle de l’accueil.

"Nicholas ?" dit-elle quand elle dépassa l’angle du mur et que son regard foncé tomba sur le jeune homme duquel elle s’approcha sans plus de cérémonie, le bruit de ses talons hauts la suivant dans sa petite progression. Quasi-immédiatement, elle remarqua les motifs et les couleurs du pull qu’il portait sous son manteau, et elle ne put s’empêcher d’avoir une grimace mentale quand elle se dit que ça touchait décidément tout le monde, cette folie des fêtes. Elle chassa ça bien vite de son esprit tout en inclinant la tête sur le côté en prenant soin de ne pas faire tomber ses lunettes du dessus de sa tête, et elle lui demanda, concernée par sa présence ici "Tout va bien ? Qu’est-ce qui t’amènes ?" Ce n’était pas tellement étonnant, de le voir entre les murs de l’agence, il était déjà passé quelques fois lui rendre visite, mais jamais à l’improviste. Et quand on connaissait la manie d’Evie à tenir un emploi du temps sur lequel elle s’obstinait à avoir la mainmise, on comprenait sa confusion face à l’arrivée inopiné du jeune homme dans ses locaux. Elle lui sourit toutefois, finissant par pointer malicieusement du doigt les mailles de son pull trop large "Très joli. C’est l’œuvre de ta grand-mère ?" lui demanda-t-elle, et un léger rire plus tard, pas le moins du monde moqueur ceci dit, elle lui fit signe de la suivre pour ne pas gêner Maze qui était au téléphone de l’autre côté et qui était assez expansive pour qu’ils sachent qu’elle n’accepterait pas d’être dérangée à ce moment crucial de la conversation qu’elle entretenait depuis quelques longues minutes déjà — les murs n’étaient pas très épais, à l’agence "Suis-moi, on sera plus tranquilles dans mon bureau." Elle en lui demanda pas s’il avait le temps de flâner un peu, et elle le laissa passer devant elle. Evelyn se décala d’un léger pas bondissant quand il s’approcha pour prendre son chemin, et elle le suivit de près vers la porte qu’elle avait laissée ouverte en sortant de son bureau.

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Tu esquisses un sourire en entendant la brune prononcer toutes les syllabes de ton prénom, cela n’arrive pas si souvent que cela, les gens autour de toi semblent être un peu trop pressés et ils se contentent d’un simple Nicky ou même Nick, pas Evelyn visiblement et tu hoches la tête rapidement l’instant suivant, pour rassurer l’organisatrice de mariage sur la raison de ta venue. Pas une urgence, tu aurais sans doute dû lui envoyer un message avant pour s’assurer que son emploi du temps était bien libre et tu prends une légère inspiration pour ignorer l’élan de culpabilité que tu peux sentir monter dans ta poitrine. Autant lui donner une vraie réponse et tu retrouves ta voix rapidement, articulant un simple : "Oh oui, tout va bien, une leçon de piano annulée et soudainement je me retrouve dans Spring Hill avec beaucoup de temps libre donc..." Donc tu as automatiquement pensé à elle ? Quelque chose comme cela que tu te dis aussitôt, tu ne l’articules pas, il s’agit de la vérité cependant et tu suis l’attention d’Evelyn quand elle pointe le pull trop grand que tu portes, comme tu en as si bien l’habitude. Et tu t’attends à une remarque sur le vêtement, sur la taille, la couleur, le tissu, toutes sûrement négatives, encore une fois, les commentaires sur ta garde-robe arrivent si souvent qu’ils te passent vraiment au-dessus de la tête la plupart du temps, intérieurement, tu te dis que beaucoup devrait s’estimer heureux que tu sortes de chez toi, Esmée la première.
Tu n’as plus vraiment de raison de le faire maintenant que tu y penses et si avant tu quittais Brisbane quasiment tous les week-ends pour te rendre à une cérémonie pompeuse à souhait, cela arrive très rarement désormais. La dernière fois c’était pour servir de chauffeur à Josephine, cette dernière ayant besoin de faire une apparition à un mariage justement, et tu as accepté parce que l’ambiance te manquait, et tu as un peu grimacé en entendant les fausses notes du groupe, mais, c’était tout de même une instance rare. Cependant, Evelyn n’est pas aussi cinglante que ta voisine quand tes vêtements sont concernés, cela est suffisant pour qu’Evelyn gagne un autre sourire de ta part. "Hmm ? Non, elle fait dans le plus classique, on dit merci au marché aux puces du dimanche..." Parce que, chose que la brune pourra rapidement constater, il est très rare que tu achètes quoi que ce soit de neuf, qu’il s’agisse de tes instruments, de tes vêtements à tes chaussures, tu préfères te pencher sur ce qui a déjà appartenu à quelqu’un, ce que l’on cherche à recycler et à abandonner. Te perdre dans les allées propres et bondées d’un centre commercial ne t’intéresse pas vraiment et même si tu pourrais trouver des pulls tout aussi grands, il manque toujours quelque chose.
Tu suis la jeune femme dans son bureau quand elle te l’indique, ne voulant pas déranger sa collègue de travail avec votre conversation, il est vrai que tu parles plus en compagnie d’Evelyn qu’avec n’importe qui d’autre dans ton entourage en ce moment, comme quoi, tout est possible. "Je ne veux vraiment pas te déranger, si tu es occupée, un seul mot et je te laisse tranquille." Que tu marmonnes déjà en entrant dans le bureau de la brune, qui est tout aussi organisé et décoré dans les mêmes teintes rose pâle que le reste de l’agence ; vous êtes complètement différents sur ce point, tu serais bien incapable de composer ou de jouer quoi que ce soit ici, tu fonctionnes dans le chaos et de ton expérience, beaucoup de musicien partagent ce trait commun... Mais tu n’es pas là pour donner un concert privé à la Pearson, (quoi que, tu ne viens pas les mains vides, tu as un instrument avec toi et tu pourrais totalement jouer les jukebox humains), et quand vos regards se croisent de nouveau, tu explicites la raison de ta venue. "Je passais juste te donner une invitation." Qu’elle peut totalement refuser si elle a mieux à faire, tu comprendrais et Esmée aussi, c’est le sous-entendu audible dans ta voix, tu ne t’arrêtes pas dessus, tu désignes l'étui de guitare que tu as toujours dans ta main droite et tu tires une des chaises, le posant dessus sans vraiment de précaution certaines et l’ouvrant.
"Juste... une seconde." Non, tu ne gardes même pas de guitare dedans, même pas, c’est un de tes violons qui a trouvé refuge là aujourd'hui, ainsi qu’un autre pull, au cas où, tu pourrais avoir froid après tout, et différents articles dont ton sac, deux livres et la pile d’invitations. Tu te serres plus d’un étui comme une valise qu’autre chose, cela reste très pratique. "Ah ! Tiens." Tu tires une des enveloppes rouges pour la tendre à Evelyn, ton regard bleuté de nouveau posé sur la brune l’instant suivant. Tu l’observes ouvrir son invitation avant que ton bon sens et ta politesse ne te rappelle à l’ordre et tu te penches sur ton violon à la place, somme si soudainement, c’était la chose la plus fascinante de la pièce. "Si tu es disponible et que tu ne fais rien le 24 décembre... ma grand-mère et moi on est en charge de la fête à la maison de retraite où elle va de temps en temps, histoire de." Que tu marmonnes enfin après quelques secondes de silence.

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Le dialogue s’installait toujours très vite avec Nicholas, il n’y avait jamais eu de souci. Même s’il se montrait à l’improviste, la latence inhérente à ce genre de rencontres, elle n’avait pas lieu d’être, et parce qu’elle l’appréciait assez pour ne pas lui faire sentir qu’il bousculait un peu le cours de sa journée, Evelyn l’accueillit comme toutes les fois où ça avait été prévu qu’il la rejoigne ici. Elle fût rassurée de l’entendre lui répondre qu’il n’y avait rien de grave, et elle lui renvoya un sourire en apprenant que non, ce qu’il portait sur le dos ne faisait pas partie des ouvrages que sa talentueuse grand-mère avait réalisés. Ça ne l’aurait pas étonnée outre mesure de l’entendre lui dire le contraire, il ne tarissait jamais d’éloges à propos des capacités infinies d’Esmée, et ça la touchait toujours beaucoup de le voir en admiration face à tout ce qu’elle était capable d’accomplir sans qu’il n’en doute une seule seconde. Elle ne l’avait encore jamais rencontrée, mais de part les conversations qu’elle avait déjà eu avec Nicholas à son sujet, elle savait qu’elle s’entendrait bien avec elle et qu’elle aurait quelques petites choses à lui apprendre. Evie n’était pas sans étouffer son ego pour se rengorger du savoir des anciens. Elle avait beau ne pas avoir beaucoup côtoyé ses propres grands-parents, tous décédés avant qu’elle n’atteigne le moment où elle aurait eu besoin d’apprendre d’eux et de leur expérience, elle n’en était pas moins respectueuse, et même un peu envieuse, quand elle avait la chance de rencontrer un membre du troisième âge. Rubén avait l’habitude de dire que c’était parce qu’elle était une vieille âme, qu’elle se sentait tout de suite en confiance avec ces gens-là. C’était une farce de la part du plus vieil ami de sa famille, pourtant elle le prenait comme un compliment qu’elle chérissait en secret et qui lui donnait même le sentiment profond de valoir un peu plus que ce qu’on racontait.

Nicholas savait déjà où se trouvait son bureau, elle le lui indiqua par la force de l’habitude néanmoins, le laissant entrer avant qu’elle ne le fasse. Elle ferma la porte derrière lui, puis elle rejoignit rapidement son bureau auquel elle s’installa de nouveau. Elle sentit ses lunettes glisser sur son front, alors elle finit par les rechausser en posant sur lui un regard intéressé au travers de ses verres, curieuse d’en savoir davantage sur ce qui l’amenait vraiment ici. Elle ne se perdit pas en supposition, elle préférait laisser ça à ceux qui avaient du temps devant eux, mais elle l’encouragea, d’un signe de tête, à passer aux aveux "Tu ne me déranges pas du tout, j’avais besoin de prendre une pause de toute façon." le rassura-t-elle, confrontée aux doutes qu’elle voyait naître dans ses yeux à cette distance, et qui faisait entièrement partie de la personnalité du jeune homme. Elle avait comprit qu’il était du genre réservé, traînant avec lui l’impression constante d’être de trop, aussi comme une mission chère à son cœur, Evie s’évertuait à sans cesse lui rappeler que pour elle, il n’était rien d’autre qu’une présence heureuse et pas un fardeau. D’un geste ample de la main, elle lui montra l’un des fauteuils installés du côté opposé à son bureau "Installe-toi, et raconte-moi." Avant qu’il ne le fasse, il lui dit qu’il était là pour lui donner une invitation. Elle récupéra sa main, la posant sur son bureau, et ses sourcils se froncèrent de surprise. Un sourire se dessina sur son visage, et tandis qu’elle le regarda fouiller dans son barda pour retrouver cette fameuse invitation, elle resta silencieuse.
Jusqu’à ce qu’il lui tende enfin la raison de sa présence, et que du bout des doigts, un peu comme si elle recevait un cadeau de grande valeur qu’elle redoutait d’abîmer, elle l’attrapa. La posant devant ses yeux, elle remonta ses lunettes de vue et avec douceur, elle lui dit "Je ne sais pas qui s’est chargé de faire cette invitation, mais tu lui présenteras mes félicitations. Elle est très jolie." Elle était une spécialiste après tout, elle savait reconnaître les beaux ouvrages. Le propos n’était pas celui-ci toutefois, et sa tentative d’alléger un peu l’atmosphère, elle la récupéra bien vite. Toutes les informations qu’elle lut, penchant la tête sur le carton d’invitation, Nicholas les lui donna de vive-voix. Le sourire ne la quittant pas, Evelyn lui demanda "Est-ce que je peux te faire une confidence ?" Elle releva la tête pour se rendre compte qu’il évitait son regard.
Elle ne tenta pas de l’attirer vers elle, ce regard fuyant, ne voulant pas le mettre mal à l’aise, et elle lui dit sous le ton de la confidence, retirant ses lunettes par les branches avec une délicatesse dont elle seule avait le secret "Je ne suis pas une grande fan de Noël. C’est un euphémisme pour dire que je déteste ça en réalité." commença-t-elle, posant sa monture devant l’invitation qu’il lui avait donnée et qu’elle ne tenait pas à souiller. Concrètement, elle était un peu gênée à cet instant précis. Pas parce qu’elle avait des choses de prévues à la date donnée, elle saurait sans mal s’organiser pour bousculer ses plans et honorer toutes les promesses qu’elle avait déjà faites à sa famille. Mais plus parce qu’elle ne savait pas si elle devait accepter cette invitation. Pour une raison assez simple, qu’elle lui exposa en courbant doucement la tête sur sa propre épaule, son regard cherchant celui du jeune homme qui s’obstinait à regarder ailleurs "Je ne sais pas si je suis de très bonne compagnie pour ce genre de réception. Je n’ai pas envie de gâcher la fête, et de paraître en marge des célébrations que vous aurez mis du mal à organiser, ta grand-mère et toi." lui fit-elle, définitivement mal à l’aise, au point qu’elle oublia par la même occasion de le remercier d’avoir pensé à elle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson

L'invitation que tu viens de lui tendre doit être bien loin de celles que Evelyn doit voir en temps normal, voilà ce que tu te dis au moment où la brune récupère l'enveloppe, rouge pour le coup, que tu viens de lui tendre et tu regardes du coin de l'œil, Evelyn remonter ses lunettes et lire les quelques mots dictés par Esmée. Cette dernière persuadée d'être beaucoup plus à l'aise dans le domaine que toi, pour convier les gens à sortir de chez eux et à passer les fêtes dans une maison de retraite ? Oui, aucun doute que c'est elle qui a le plus d'expérience dans la matière, toi, tu t'es contenté de soigner la présentation, d'écrire, de mettre une certaine dose de paillettes sur chaque invitation (essentielle à la magie de Noël, voilà ce que tu as dit à Esmée quand vous avez dû nettoyer votre table basse après tes élans artistiques) et maintenant tu joues les messagers. En personne dans le cas d'Evelyn, une partie de toi te disant que tu aurais dû juste donner l'enveloppe à son assistante et la laisser travailler en paix. Mais tu es bien installé de l'autre côté de son bureau, tes joues changeant de couleur aux prochains mots de la brune, ces dernières tentent de rivaliser avec la couleur de l'enveloppe il semblerait bien; et tu t’éclaircis légèrement la gorge avant de réponse. "Je ne sais pas non plus, ce n'est définitivement pas quelqu'un qui rougit très facilement quand on lui fait un compliment... absolument pas." Que tu révèles avant de te mordre la lèvre inférieure, prêtant maintenant plus attention au plafond qu'à ton instrument (oh, tu n'avais pas remarqué qu'il y avait une lampe de plafond, tellement fascinant).
C'est la voix d'Evelyn qui te ramène à la réalité et tu fais de ton mieux pour de nouveau poser ton regard sur la brune, surpris dans un sens par la tournure de la conversation. "Hmm ? ... Bien sûr." Cependant, cela ne devrait pas vraiment te surprendre, tu as été honnête avec Evelyn dès le début, ne lui cachant pas vraiment tes élans de timidité ou ta nature à te réfugier derrière un instrument plutôt que de songer à faire une phrase cohérente. Et en retour, la brune n'a pas cherché à te raisonner, à te dire qu'avec ton âge tu devrais savoir y faire, non, contrairement à beaucoup, elle t'a écouté, sans apporter de vrai jugement ou même de conseils. Et rien que pour cela, elle a toute ton attention et ta reconnaissance, ça et le fait que tu réalises bien qu'Evelyn en livre très peu sur elle. Pourquoi ? Tu ne lui as jamais posé la question, par pudeur d'abord et ensuite parce que cela ne te regarde pas vraiment et tu estimes que la jeune femme ne devrait pas avoir à se justifier, elle a ses propres limites, elle les connait, alors qui es-tu pour soudainement les écraser et la pousser à parler ? L'organisatrice de mariage le fait cependant et ton expression se radoucit de seconde en seconde car ce qu'Evie doit voir comme quelque chose de complètement inavouable et qu'on a dû lui reprocher par le passé, est plus que compréhensible. Oui, les décorations, la solidarité et toutes ces petites attentions qui jalonnent le mois de décembre, elles ne maquillent pas la réalité et une fois la période passée, tu trouves cela encore plus horrible quand le monde redevient un peu plus cruel et encore plus normal.
Donc tu comprends et tu ne t'es jamais vraiment voilé la face à ce sujet. Tu fronces légèrement les sourcils quand Evie avance qu'elle sera de mauvaise compagnie et tu as bien du mal à l'imaginer dans ce rôle-là.
"Tu n'es pas la seule personne que je connais qui préfère éviter tout ce qui se passe à la fin de l'année, mais ton secret est très bien gardé avec moi Evie, je ne le dirais à personne." Tu ponctues ta phrase par un léger hochement de tête avant de poursuivre. "Et je suis sûr et certain que tu es un peu trop dure avec toi-même... je pense que tu as compris que j'étais un très grand fan de Noel mais..." Impossible de prétendre le contraire et c'est principalement et uniquement d'ailleurs à cause d'Esmée, tu n'as jamais cru que quelqu'un allait passer votre cheminée et t'apporter des cadeaux, non, voir ta grand-mère aussi heureuse et active est contagieux, il n'y a rien de magique. "Mais... c'est juste une bonne excuse pour faire des cadeaux à tout le monde, manger plus de pâtisseries et chanter des chansons qui ne font aucun sens... non vraiment, penche-toi bien sur les paroles de Silent Night et on en reparlera... "
Tu as un léger rire en disant cela, faisant de ton mieux pour rassurer Evelyn, l'invitation n'était qu'une excuse pour venir rendre visite à la brune, tu te doutes bien qu'elle est occupée et plus qu'occupée, qu'elle doit avoir prévu quelque chose avec sa famille ou qu'une cérémonie va la garder loin de Brisbane, oui, tu en as connu des couples qui voulaient se dire oui à cette période de l'année..."Ce que je veux dire c'est que je te donne juste une invitation, et ce qui est bien avec les invitations, c'est qu'on peut les refuser, sans se sentir coupable. Ou se justifier." Tu hoches de nouveau la tête, partageant cet élan de sagesse soudain avec Evie. "Du tout... Et sans que la personne qui donne l'invitation ne le prenne personnellement."

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"Ce n’est pas un secret, Nicholas." murmura-t-elle avec pointe de malice, un sourire aux lèvres, quand ce dernier reprit la parole après qu’elle lui eut exposé les prémices d’une réponse négative à son invitation. En fait, ceux qui la connaissaient un tantinet, et ils étaient très peu en définitive, savaient très bien qu’il ne valait mieux pas se réjouir trop fort en sa présence quand Noël pointait le bout de son nez rougit par le froid et le vin chaud. Elle ne s’était jamais réellement cachée de son aversion pour cette fête. Devenue adulte, elle faisait bonne figure à chaque fois, beaucoup trop bien élevée pour qu’une autre alternative ne vienne ne serait-ce que lui traverser l’esprit, comme à l’époque de son adolescence où elle était plus vindicative sur la question. Désormais, elle n’aimait pas être considérée comme une trouble-fête. D’ailleurs, elle détestait ceux qui se pointaient avec le boulet scellé aux chevilles aux mariages qu’elle organisait, alors ça aurait été étonnant qu’elle apprécie de revêtir ce costume à cette occasion en particulier.
Il y avait une explication logique à tout ça bien sûr, à ce dégoût étrange qu’elle avait pour cette période de l’année. En posant de nouveau son regard sur Nicholas, bien plus sûr de lui qu’il y avait un instant encore, ses joues dépourvues du rouge vif qui s’était étalé sur son visage lorsqu’elle l’avait complimenté pour ses invitations, et que polie, elle avait fait mine de ne rien remarquer, elle se demanda si elle avait besoin d’expliciter ses raisons. Elles étaient intimes, beaucoup trop, mais il était aussi digne de confiance, et parce qu’il était toujours très délicat avec elle, elle se sentit presque tributaire de cette raison qu’elle avait d’être aussi peu encline à accepter son invitation.

Nicholas était aussi respectueux avec elle qu’elle l’était avec lui. Cet échange de politesse lui fit réaliser que rien qu’à cause de ça, elle lui réservait une place spéciale dans son cœur. Elle lui sourit  encore une fois "Ça se voit que tu es plus vieux que moi, tu parais tellement plus expérimenté dans l’action de relativiser. On dirait un grand sage, je suis très impressionnée." lui fit-elle après un instant à l’observer avec plus d’insistance, la tête toujours penchée sur le côté, et les yeux doucement plissés. Elle finit par reprendre l’invitation entre ses mains, rompant le contact visuel un instant tandis qu’elle ajoutait, un peu plus bas, comme si elle ne tenait pas à ce qu’on l’entende de l’autre côté de la porte de son bureau "On m’y a toujours forcée tu sais, à me justifier. Je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de refuser de me rendre quelque part sans me sentir obligée de le faire, et si je n’avais pas de vraies bonnes raisons de refuser, je m’efforçais à faire acte de présence parce que c’est comme ça que ça devait être et pas autrement." Une révélation qu’elle jugea un peu inopportune. Pas plus que celle qu’elle lui fit tout de suite après, levant la tête pour chercher son regard et renouer avec ses vieilles habitudes ; la justification, ça faisait partie de ce qu’on lui avait inculqué, et qui était livré par défaut avec tout ce dont elle tachait de s’amender pour ne pas trop donner l’impression d’être une fille à maman "Mon père est mort en novembre, quand j’avais six ans. Depuis les fins d’année sont  toujours un peu difficiles à gérer pour moi et j’ai du mal à trouver l’enthousiasme nécessaire pour me joindre à l’exaltation générale. C’est une période compliquée." avoua-t-elle, et tout à la fois, elle attrapa ses lunettes qu’elle renfila. Ce geste en particulier illustrait le malaise qui s’insinua en elle à ce moment-là  ; l’application qu’elle mit à bien les positionner sur son visage, plus encore "Ceci explique cela." conclut-elle alors, et cette fois-ci, c’est elle qui évita le regard de Nicholas. Néanmoins, elle hocha la tête, appuyant ses propres dires, et se sentant de plus en plus gênée de faire dans l’étalage éhonté de quelque chose qui n’était pas un secret, certes, qui n’en restait pas moins une clef à dénicher pour comprendre comment elle fonctionnait.
Tout à coup, elle se mit à rire ; un très léger rire gêné durant lequel elle vrilla son regard pour le poser sur l’invitation qu’il lui avait donné. Elle relut les quelques mots inscrits dessus, et se surprit à faire une liste mentale de pour et de contre pendant qu’elle avait conscience de faire perdurer un suspens inutile. Ça ne serait pas pire que se retrouver entourée de sa famille, à ne pas savoir exactement comment se comporter puisque tout le monde savait l’épreuve que ça représentait pour elle dans le fond, de faire dans l’échange de cadeaux, dans la dégustation interminable d’un repas succulent cuisiné par les domestiques les plus fidèles à sa famille, et dans le partage d’anecdotes dans lesquelles elle n’apparaissait presque jamais, puisqu’elle était partie près de quinze années. Elle retint presque sa respiration pendant ce temps de réflexion qu’elle s’imposa, perspicace quant à l’attention que lui portait Nicholas.
Enfin, après un instant, elle releva la tête dans sa direction, et sous le verre translucide de ses lunettes de vue, elle le regarda "Quel genre de fête ce sera, il y a un dress-code à respecter ? Je te préviens, je n’ai pas l’intention de porter quelque chose avec plus de trois couleurs, et je mets de côté les motifs trop…" Elle pointa du menton, et ce sans vraiment le vouloir, le pull que portait le jeune homme, et se rattrapa rapidement en lui disant, lâchant son invitation pour retenir de justesse la bourde qu’elle s’apprêtait à commettre, les mains dressées en avant "J’adore ton pull, vraiment."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson

Le commentaire d'Evelyn sur ta capacité à tout simplement passer à autre chose lui vaut un autre sourire, ainsi qu'un haussement d'épaules. C'est beaucoup de pratique et oui, tu traites les autres comme tu voudrais être traité, et c'est tout. Tes limites sont nombreuses et les murs que tu dresses devant toi peuvent être très hauts et tu sais que tu peux passer pour quelqu'un qui se moque de beaucoup ou alors qui a la tête dans la lune... La vérité c'est que ta timidité naturelle et ton anxiété te paralysent la plupart du temps, si bien que tu voudrais vraiment être invisible et qu'on te laisse le temps de mettre des mots sur chacune des secousses de ton coeur, chacun des noeuds dans ton estomac et chaque couche de vêtements épais que tu utilises pour te cacher. La réalité ne fonctionne pas comme ça cependant, le monde avance vite, les gens possèdent peu de patience et il serait complètement injuste de demander à chaque personne que tu rencontres de te laisser le temps de respirer avant de passer à autre chose. Alors oui, tu as appris à ne pas tout prendre personnellement, à réaliser que les piques et autres remarques étaient souvent faites par ceux qui ne cherchaient pas vraiment et que tu étais le seul responsable. Si le monde n'était fait que de gens comme toi, peu de choses avancerait c'est certain, alors autant être le plus délicat possible.
Dans le cas d'Evie, hors de question d'insister, tu laisses la jeune femme décider elle-même ce qu'elle veut révéler, chaque information supplémentaire vient complèter le tableau que tu es en train de dresser de la brune dans ta tête et tu sais très bien que tu ne peux pas la presser à ce sujet. Surtout pas toi. "Un grand sage carrément ? Je pense qu'il me manque une barbe digne de ce nom... non?" Ta barbe de deux jours ne correspondrait pas vraiment à ce que tu viens de décrire, il faudrait que tu ressembles à quelqu'un de beaucoup plus vieux, ou comme ton véritable âge comme certains aiment bien le dire. Est-ce vraiment de ta faute si tu préfères la tranquilité et le calme plus qu'autre chose ? Tu te pencheras sur cette question à un autre moment, tu écoutes Evelyn l'instant suivant et tu comprends qu'elle ne pourra pas faire d'apparition, ce qui n'est pas très grave en soit, l'événement est un peu organisé à la derrière minute et tu espères surtout rallier à ta cause des gens qui n'ont pas déjà quelque chose de prévu et qui sont aussi solitaires que les pensionnaires de la maison de retraite. Evie ne rentre dans aucune de ces catégories. Elle continue dans son explication et quand la brune te parle du décès de son père, tu parviens à masquer ta surprise, hochant la tête, tu ne t'attendais certainement pas à une révélation de ce genre et même si Evelyn avait six ans, tu imagines bien que perdre un parent n'est pas quelque chose qu'on oublie facilement ou qui devient moins douloureux au fil des années. Non, c'est le genre de poids qui reste là pour de bon et qui ne part pas vraiment.
"Je comprends, et je suis désolé de l'apprendre." Que tu réponds, ton regard bleuté toujours sur le visage de la jeune femme, normal qu'elle ne soit pas une grande fan des fêtes des fin d'années si les deux derniers mois lui rappellent qu'elle a perdu quelqu'un d'important... "C'est tout à fait normal que tu veuilles la paix pendant cette période de l'année, et si c'était vraiment une période pour penser aux autres, tu aurais sans doute ton voeu..." Son rire l'instant suivant te surprend également, elle a eu le temps de se faire à cette situation-là et ce n'est certainement pas toi, des années plus tard, qui va l'aider à le faire, tu n'en as pas la prétention pour être très honnête et tu suis son regard et son attention sur ton pull, n'ayant même pas réalisé que la conversation avait dérivé vers tes choix vestimentaires. "Hmm un compliment de plus et je vais finir par ne pas te croire." Encore une fois, tu as un sourire sur le visage, tu sais à quoi tu ressembles, le vêtement est confortable, tu te moques du reste, et tu préfères répondre à la question d'Evelyn. "Plus sérieusement, il n'y a pas de dress-code, chacun vient comme il le souhaite." Là encore, tu serais très mal placé pour faire ce genre de remarques, tu connais une autre brune qui est très douée pour cela, mais tu laisses à Jo son domaine d'expertise et tu te limites au tient.
"Esmée s'occupe de remplir les estomacs, je m'occupe de la musique bien entendu, et il y aura des cadeaux pour tout le monde et sûrement quelques parties de bingo pour ne pas que les résidents perdent leurs habitudes..." Cela est dit avec le sourire cependant, vu l'état de santé de certains patients, faire quelque chose de trop grandiloquent serait risqué. Les décorations seront discrètes pour la plupart et c'est la perspective de jouer du piano toute la soirée qui t'enchante plus qu'autre chose. "C'est surtout pour que ceux qui n'ont pas de famille ne se retrouvent pas seuls... moi j'ai Esmée, mais je réalise bien que tout le monde n'a pas cette chance-là." Et bien parce que vos habitudes et vos traditions sont faciles à briser, vous pouvez rester chez vous à manger des pâtisseries et à regarder un film n'importe quel jour de l'année, c'est certain. "Et je doute que qui ce soit ne tienne jusqu'à minuit, mais je compte bien jouer les requêtes de tout le monde."

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crédits gif & code fiche/ (ssoveia & malibu) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Quoi? Non, la barbe couvrirait la ligne de ta mâchoire, ce serait une très, très mauvaise idée." Les mains levées devant elle comme déterminée à partager son point de vue, elle se composa une mine sérieuse — beaucoup trop pour que ce le soit justement. C’était la dessinatrice qui parlait, celle qui ne dessinait plus vraiment autrement qu’en traçant de belles lignes d’écriture réservées à ses clients amoureux, et qui partageait son savoir de temps à autre avec des novices, dans ces ateliers éphémères qui l’accueillaient quand elle avait un peu de temps libre devant elle pour jouer les initiatrices. Loin d’elle l’idée de donner l’impression qu’elle observait un peu trop le musicien, mais il fallait dire ce qui était ; aussi impressionnantes qu’étaient ses pommettes, c’étaient sa mâchoire affutée qui attirait toute l’attention. La sienne en tout cas, et ce en tout bien tout honneur, y trouvant un intérêt seulement parce qu’elle savait à quel point il était rare de pouvoir dessiner des traits comme ceux du jeune homme, aussi délicats tout en étant aussi acérés. Un contraste qui, d’une bien curieuse façon, était aussi déroutant qu’il était harmonieux.
Elle lui sourit, inclinant la tête par le bas pour poser ses yeux sur l’invitation qu’il lui avait donnée dans l’idée d’échapper à son regard quand elle se répandit en paroles de son côté. C’était un peu gênant de se confier, c’était aussi naturel en présence du jeune homme toutefois, et puisqu’elle sentait qu’elle le lui devait, elle devait  aussi avouer que ça la soulageait quelque part qu’il puisse mieux la comprendre, elle qui faisait involontairement dans le mystère, beaucoup trop pudique pour oser s’ouvrir à n’importe qui. Elle ne craignait pas tellement les réactions de Nicholas, elle le savait assez bienveillant pour ne pas la considérer comme quelqu’un qu’on arrivait jamais vraiment à connaître parce qu’elle paraissait si inaccessible parfois, qu’elle s’amendait rapidement de l’intérêt de ceux qu’elle avait en face d’elle. Souvent, ils n’étaient pas assez courageux pour voir au-delà de ce qu’elle laissait entrevoir par confort et dignité, et ils se disaient que ça ne valait pas la peine. — ils n’avaient sans doute pas tort. Nicholas, il n’essayait même pas, et pourtant elle lui donnait des clefs sans même savoir pourquoi "Ce n’est pas de ta faute. Mais merci." Et c’était la première fois depuis des années qu’elle acceptait qu’on se désole de la mort de son père sans se sentir obligée de faire dans la froideur en rétorquant que ça ne servait à rien, que c’était il y avait trop longtemps ; elle venait d’admettre que près de trente ans après, elle redoutait encore les fêtes de fin d’année juste parce qu’elles coïncidaient avec son propre deuil, alors elle avait bien le droit, pour une fois, d’admettre que si en effet, c’était désolant de traîner ce sentiment dans sa poitrine depuis aussi longtemps.

Elle pinça les lèvres, écoutant ce qu’il avait à lui répondre avec un léger froncement de sourcils concerné, ne laissant pas une miette de ce qu’il lui disait "Les vœux, ce n’est pas réservé aux anniversaires ? J’ai raté trop de Noël, il doit y avoir de nouvelles traditions dont je n’ai aucunes idées, il va falloir me guider." Rien que dans cette phrase, elle venait de lui offrir une réponse à son invitation. Elle ne s’y attarda pas néanmoins, pas tout de suite "Est-ce que je dois ramener quelque chose ? On dit souvent que les invités font don de leur présence, mais ça m’ennuierait d’arriver les mains vides et comme je viens te le dire, j’ai perdu toutes mes habitudes en matière de fête de fin d’année." Elle se détendit un peu, cessant de triturer les branches de ses lunettes qu’elle finit par retirer de nouveau et laissa un sourire tout neuf lui échapper en l’écoutant parler de l’initiative qu’ils prenaient, avec sa grand-mère "C’est adorable de votre part d’organiser tout ça." Et c’était sincère, ce qu’elle lui dit là, le regard posé sur lui et le nez légèrement froncé. Il se défronça aussi vite quand sa mine s’illumina et qu’elle le pointa du doigt en réalisant que "Je vais rencontrer ta grand-mère pour la première fois." Elle se redressa et joignit les mains devant elle dans une posture d’écolière sérieuse qui s’apprêtait à suivre sa leçon du jour "Je dois savoir quoi à son sujet pour faire bonne impression ? Promis, je prétendrais que tu ne m’as pas donné de tuyaux pour la conquérir, et je ferais comme si j’étais naturellement adorable et charmante. C’est dans mes cordes." Elle consolida la posture qu’elle avait prise, carrant ses petites épaules en levant le menton jusqu’à ce qu’elle ne tienne plus, et qu’elle finisse par ajouter, son regard se posant brièvement sur l’invitation du jeune homme avant de remonter vers lui quand elle lui dit, doucement "Merci, tu sais… d’avoir pensé à moi." Ça la touchait plus qu’elle n’était capable de le lui dire et elle espérait dans le fond qu’en affrontant son regard comme elle le fit à ce moment-là, il comprendrait à quel point ça l’honorait sincèrement.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson

"Une très mauvaise idée, carrément ? Autant suivre tes conseils alors ..." Que tu concèdes, offrant un autre sourire à Evelyn, content quand la conversation dérive sur autre chose. Tu n'avais pas réalisé que la jeune femme en face de toi avait passé autant de temps à t'observer, sûrement parce que tu es trop occupé à regarder la semelle de tes chaussures dès que la gêne se fait ressentir, tes chaussures ou ailleurs, tout te va... pas aujourd'hui il te semble et pas dans le bureau d'Evie, il y a quelque chose de rassurant dans son sourire et c'est bien pour cela qu'elle a trouvé sa place sur la liste des invités. Tu peux compter avec les doigts d'une seule main les personnes avec qui tu te sens un minimum à l'aise et qui ont bien compris qu'être timide et anxieux, ce n'était pas toute ta personnalité. Tout le monde ne possède pas ce privilège, encore heureux et il est un peu plus facile d'être toi en présence d'Evie, parce que tu sais déjà qu'il n'y aura pas de jugement, pas de moqueries ou de mauvaises interprétations de tes paroles. La preuve est bien là, après t'avoir accordé un sourire, elle te demande comment naviguer les traditions de fin d'années et si elle peut aider. Tu n'as pas vraiment de conseils à lui donner pour sa première question, tu sais bien qu'Esmée et toi vous avez vos propres traditions et que ces dernières varient de foyers en foyers, du moment que tout le monde y trouve son compte, pourquoi dire non ?
Cependant, tu hoches négativement la tête avant de lui répondre : "Non, tu peux venir les mains vides et personne ne t'en voudra vraiment, ce n'est pas ce genre de fêtes, Esmée et moi on s'occupe de tout, elle m'a déjà donné une liste de courses aussi longue que moi pour le jour J alors..." Vu le caractère un peu soudain et imprévu de la soirée, Esmée et toi, vous vous chargez de l'organisation. Une des employés de la maison de retraite vous a assuré qu'elle pouvait vous trouver un sapin, chose que tu as été ravi d'entendre, mais en dehors de cela, ta grand-mère et toi, vous allez tout apporter, des décorations, aux activités à la nourriture. Heureusement qu'il y a un piano sur place, sinon, tu serais tenté de pousser celui qui trône dans ton salon dans ton van, rien que cela. "Viens avec l'estomac vide ? Si je connais ma grand-mère, et je la connais, elle va faire à manger pour tout un régiment et il serait vraiment dommage que ça finisse à la poubelle. Je peux me dévouer pour tout manger mais... " Tu laisses échapper un léger rire, Evie connait déjà ton appétit et ta préférence pour tout ce qui est sucré, et cela va de pair avec Noël, donc autant dire que pour une fois, prévoir de porter des vêtements un peu trop grands, cela pourra grandement t'aider. "Même moi je n'ai pas un estomac de ce genre." Tu sais bien ce qu'Esmée cherche à faire, faire en sorte que tout le monde y trouve son compte, qu'il y ait des options pour tous et que tous se remplissent la panse avec un sourire sur le visage, pour échanger des cadeaux après. Un tableau parfait quand on y pense, et tu ne peux même pas lui reprocher de voir aussi grand, même pas.
Et il te semble bien comprendre qu'Evelyn va faire une apparition à votre petite soirée, un fait qui te met bien le baume au cœur et tu dois te mordre la lèvre inférieure pour ne pas sourire comme un gamin, retrouvant l'usage de tes cordes vocales l'instant suivant. "Pas besoin de me remercier, tu es toujours de bonne compagnie alors... c'est normal." Et qui d'autre allais-tu inviter vraiment ? Oui, c'était normal et naturel de faire une invitation pour l'organisatrice de mariage et tu te redresses un peu sur ton siège, prêt à lui donner des informations sur ta grand-mère. "Okay alors, tu veux peut-être prendre des notes sur Esmée Hurley ?" Elle serait capable de te prendre au sérieux et de vraiment s'emparer d'un des nombreux stylos que tu vois sur son bureau et tu fais un signe négatif de la tête suivant d'un :  "Je plaisante." pour indiquer que tu t'essayais à un trait d'humour. Pas ton domaine d'expertise, autant t'en tenir à ce que tu sais, pas vrai ? "Euh... elle déteste qu'on ramène son âge sur le tapis, les dahlias sont ses fleurs préférées et elle est très douée pour faire la conversation, elle n'est pas timide comme une certaine personne..." Tu as un haussement de sourcils appuyés, faisant référence à uniquement toi et personne d'autre, avant de répondre.
"Elle joue très bien de l'harmonica, beaucoup mieux que moi, elle déteste qu'on l'aide, donc même si tu la vois marcher plus lentement ou que ce soit du genre... je n'insisterais pas trop." Tu as une légère grimace en révélant cela, il s'agit de la vérité cependant, Esmée n'accepte que ton aide et il n'y a que toi qui peut insister en réalité...  Elle te fait confiance tout simplement, c'est réciproque et pas quelque chose que tu pourrais expliquer en seulement quelques minutes. "Et si tu lui poses des questions sur mon grand-père, Esmée va t'adorer, c'est, enfin... c'était l'amour de sa vie et elle peut en parler pendant des heures. Et j'ai tout pris de lui visiblement, des yeux bleus à la mâchoire ..." Un soupir t'échappe, tu en sais beaucoup sur cet homme que tu n'as malheureusement jamais connu, cela fait partie des choses que tu ne peux pas contrôler. "Et c'est tout je crois ? Un peu plus et elle va vraiment se douter que je t'ai briefée..."

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crédits gif & code fiche/ (ssoveia & malibu) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Je peux toujours t’aider à faire tes courses. Je tiens à faire quelque chose, n’importe quoi." commença-t-elle doucement pour mieux se rengorger d’assurance en ajoutant, les traits un peu froncés pour laisser entendre à Nicholas que ce qu’elle s’apprêtait à dire ne méritait pas qu’on en débatte plus longtemps "Et ne me répond pas que tout est sous contrôle. On a toujours besoin d’un petit peu d’aide." Ce n’était pas tant ses travers d’organisatrice qui faisaient leur grande apparition au milieu de leur conversation, mais bien une manière détournée  — et faussement autoritaire — d’apporter sa reconnaissance au jeune homme en donnant de sa personne. A dire vrai, elle ne suivrait probablement pas la ligne de conduite qu’il lui conseillait quand il faudrait se rendre aux célébrations en question, et elle apporterait quelque chose avec elle, mais si elle pouvait faire quelque chose en plus, elle aurait moins l’impression de s’imposer.
Ce n’était pas le cas, sur le fond elle savait que l’invitation de Nicholas était sincère. Mais sur le forme, elle se connaissait assez pour deviner qu’elle ne supportait pas tellement qu’on puisse prendre en pitié sa façon de voir cette période de l’année en particulier. Elle y reviendrait plus tard, quand il partirait et qu’elle se repasserait leur conversation chaque fois un peu plus lentement pour se fustiger d’avoir fait dans le pathos. Pour l’instant, elle tenait simplement à savoir s’il y avait des choses qu’elle devait connaître avant de rencontrer la grand-mère du musicien. Il ne tarissait pas de bons mots à son égard, alors elle redoutait un peu son manque d’objectivité, mais ce n’était pas si important que ça au final tant elle trouvait la manière dont il parlait d’elle très touchante.

Elle l’écouta, amorçant un mouvement de la main vers le stylo qu’elle avait laissé de côté tout à l’heure, quand la clochette de l’agence avait retentit, et se cala sur la blague de Nicholas pour faire comme si elle se préparait à prendre des notes — c’était son petit-plaisir, après tout. Elle n’en fit rien cependant, se contentant de l’écouter en intervenant à peine, juste pour dire d’abord, et ce avec un léger sourire "Qui aime qu’on ramène son âge sur le tapis? C’est plutôt grossier." Ne venait-elle pas de le faire, ramenant celui du jeune homme sur le tapis, quelques minutes auparavant? Peu importe. Elle-même avait tendance à penser qu’à un moment donné d’une vie bien entamée, demander son âge à quelqu’un relevait purement d’un manque d’éducation; il suffisait d’observer quelqu’un pour savoir dans quel tranche d’âge il se situait, et si la chance était de son côté et qu’il paraissait plus jeune qu’il ne l’était réellement, il suffisait alors de l’écouter pour déceler les traces de l’expérience qu’il avait. Elle ne provoquerait pas la colère de mamie Hurley en lui demandant de quel siècle elle était, elle était beaucoup trop bien élevée pour ça. Elle se contenterait  simplement d’observer les sillons de ses rides, et elle écouterait ce qu’elle avait à raconter, ça la comblerait bien assez.
Elle sourit à Nicholas, joignant un à un ses doigts, la délicatesse de ce geste faisant écho à la manière qu’elle eut de lui dire ce qui lui passa par la tête à cet instant précis "Tu sais que le dahlia, c’est le symbole de l’énergie et de la générosité? Je ne la connais même pas, mais cette préférence me paraît quand même logique au travers de tout ce que tu me racontes sur elle depuis qu’on s’est rencontrés." Et son sourire s’agrandit. Ce fut presque instantané; elle savait qu’elle apprécierait cette femme que son petit-fils décrivait sans même avoir besoin de réfléchir à quels termes employer pour lui rendre justice "Ah, donc vous partagez la passion de la musique, ou elle est moins experte que toi en la matière? Tu crois que je pourrais lui demander de me jouer un air ou deux, ou ce sera beaucoup trop tôt pour empiéter sur ce terrain-là?" Elle plaisantait aussi, ne tenant pas à ce que la réponse du jeune homme soit linéaire et qu’elle lui donne l’impression de se désintéresser de ce qu’il lui disait.
Ce n’était pas le cas, elle emmagasinait tout ça sans même avoir besoin de le noter, et c’était assez rare pour être souligné "Il est parti depuis longtemps, ton grand-père?" osa-t-elle lui demander quand il le mentionna comme étant l’amour de la vie de sa grand-mère. Elle connaissait quelqu’un qui parlait du seul homme qu’elle avait connu comme de l’amour de sa vie, et peut-être que penser au couple que sa mère formait avec son père n’était pas l’idéal à cet instant-ci. Là encore, peu importait. Elle préféra balayer sa question d’un revers de main, et prendre une grande inspiration pour lui dire, les yeux légèrement agrandis par l’éventualité qu’il lui en avait trop dit "Je t’ai promis que je saurai faire comme si tu ne m’avais rien dit. On aura l’occasion de s’exercer si tu acceptes que je t’aide à faire tes courses." Elle remit sa proposition en lumière, affirmant le regard qu’elle posa sur lui pour deviner, paupières légèrement plissées, avant qu’il ne dise quelque chose si oui ou non il allait accepter qu’elle fasse quelque chose pour lui apporter son aide, et ne pas tomber comme un cheveu sur la soupe au milieu de l’ambiance que lui et Esmée donneraient à la petite fête qu’ils s’apprêtaient à organiser.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson

Cela ne t'étonne pas vraiment qu'Evelyn te propose son aide alors qu'elle n'était pas certaine de pouvoir venir il y a quelques minutes de cela. Cela te fait même sourire car tu sais que la brune n'est pas du genre à rester assise les bras croisés, surtout pas quand elle peut intervenir, tu l'as déjà vue en action à des cérémonies et elle n'aurait pas la réputation qu'elle a si elle ne faisait pas bien son travail... du moins c'est ton opinion, du coup, tu hoches la tête, sachant que tu ne vas pas vraiment pouvoir gagner cette bataille-là. Et dans le fond, tu as besoin d'aide et il est beaucoup plus simple d'accepter celle d'Evelyn que de convaincre Esmée de se rendre au supermarché dans son fauteuil roulant. Ta grand-mère a beau détester l'appareil, il est là pour lui faciliter le quotidien et pas autre chose, un argument que tu as déjà utilisé des tas de fois et qui devrait fonctionner tout le temps, ce n'est pas le cas malheureusement. Tu ne le mentionnes pas auprès de l'organisatrice de mariage, autant ne pas révéler tous les secrets de ta grand-mère, n'est-ce pas ?
"Oh je sais, si tu viens à la maison tu verras qu'on a beaucoup de bouquins sur les fleurs, beaucoup." Tu n'ajoutes pas non plus que tu as considéré devenir fleuriste à un moment donné avant de réaliser que non, tu aimais beaucoup trop la musique pour faire autre chose de ton temps libre en réalité, la passion est toujours là et se renseigner ne peut jamais faire de mal. Et tu es du genre à acheter des livres aux pages jaunies dans les brocantes, juste parce que tu peux le faire et persuader qu'ils ont beaucoup de chose à t'apprendre et c'est toujours le cas. Tu hoches vigoureusement la tête quand Evie te demande si vous partagez la même passion de la musique, plus que partagée, cela s'est transmis de ta grand-mère, à ta mère à finalement toi. "C'est de famille et elle sera aussi contente que moi si tu lui demandes de jouer quelque chose." Esmée et son harmonica, c'est quelque chose, et ce même si son âge et ses poumons bien utilisés pourraient la rattraper, tu trouves qu'elle s'améliore avec l'âge et non, personne ne te fera dire le contraire. Le piano qui traine dans votre salon ? C'était celui de ton grand-père, l'instrument est plus qu'à toi désormais, vu le nombre d'heures passées devant et à virevolter sur les touches. "Je ne l'ai jamais connu malheureusement, il était déjà parti quand..." Quand tu as emménagé à Brisbane, quand Esmée a fini par te récupérer et t'adopter. Tu réalises avec un temps de retard que tu ne sais pas comment finir cette phrase, tu préfères dire que tu es né et que tu as grandi ici, c'est plus facile en vérité, il n'y a pas de pauses étranges et tu n'es pas obligé d'évoquer les sept premières années de ta vie.
Chose que tu n'as jamais envie de faire en réalité, jamais, pas même devant Evelyn et toute la confiance qu'elle t'inspire, tu hausses les épaules tout simplement, préférant t'éclaircir la gorge avant de répondre. "Je n'ai eu le droit qu'aux récits d'Esmée malheureusement et beaucoup, beaucoup de photos, il n'y avait peut-être pas de smartphone à l'époque mais il y a beaucoup de clichés d'eux. Donc c'est comme si je le connaissais par cœur à ce stade." Comme si, tu ne peux pas retourner en arrière et essayer d'avoir quelques heures avec lui, tu voudrais pourtant, savoir s'il était aussi charmant qu'Esmée le décrit, le remercier pour l'immense collection de pull dans son dressing, celle qui t'a permis de survivre au fil des années, et même lui demander de te jouer quelque chose, tu écouterais pour une fois, sans avoir la moindre envie d'intervenir, c'est certain. Tu sors de tes pensées, réalisant que tu regardais dans le vide, ce n'est pas très poli, surtout quand tu viens interrompre Evelyn dans sa journée et tu hoches de nouveau la tête."Okay, marché conclus, tu m'aideras à tout trouver sur la très longue liste d'Esmée pendant que je pousse le caddie. Il faudra aussi prier pour que mon van ne nous lâche pas en chemin mais ce sont des détails techniques." Et puis, tu ne t'appelles pas Jo, tu n'as aucune l'intention de rentrer dans un mur ou dans une autre voiture, du tout même.
"Si tu es libre en fin de semaine, on peut s'en occuper." Que tu proposes, car l'événement se rapproche de jours en jours. "Seulement si tu es libre hein, je ne veux pas te déranger."

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crédits gif & code fiche/ (ssoveia & malibu) ✰ w/ @Nicholas Hurley

S’imaginer le nid des Hurley, ce n’était pas bien difficile pour Evelyn. Encore une fois, probablement qu’elle tombait dans le cliché de l’illustratrice de livres pour enfants qu’elle avait voulu être dans une autre vie, et que le tout prendrait des allures de petites maisons faites de mythes qu’on ne voyait que dans les dessins-animés; avec la poussière qui virevolte dans les rayons du soleil de midi, l’odeur des biscuits embaumant l’ensemble, le plancher craquant sous tous les poids, même les plus légers, et le tic-tac d’une horloge centenaire, tandis qu’Esmée en était à se balancer sur un rocking-chair, une pelote de laine à ses pieds, son ouvrage du jour sur les genoux, à écouter les accords au piano de son petit-fils. Elle n’avait pas vraiment connu ses grands-parents, elle savait pourtant qu’ils étaient des gens doux et aimants, que ce soit du côté de sa mère comme celui de son père. Elle ne savait pas exactement ce qui n’avait jamais collé pour qu’ils soient le genre de grand-parents qu’on veut avoir à ses côtés pour une durée indéterminée, toujours est-il qu’elle enviait ceux qui avaient la chance de connaître tous leurs secrets et ceux qu’ils gardaient au fond d’eux qui venaient occasionnellement agrémenter les plus beaux repas de famille. Elle aurait aimé en apprendre des choses grâce à eux, mais la vie était faite ainsi, et ça ne l’empêchait pas d’alimenter tout un imaginaire à propos de ceux des autres. Finalement, Nicholas  Hurley était le sujet parfait pour ça, parce qu’il avait l’aura d’un personnage de film indépendant qui se souciait si peu de l’image qu’il renvoyait aux autres, qu’admettre que vivre avec sa grand-mère à son âge sans le regretter, ça le rendait aussi fier que s’il avait eu une grande maison avec douze voitures, un terrain qui se mesurait en hectares, et une grande piscine. Evie aimait ça chez lui: la simplicité avec laquelle il vivait sans se préoccuper un seul instant de l’avis des autres à son sujet.

Elle aurait eu des choses à apprendre de lui, elle le sentait aussi fort que la bienveillance qui émanait de lui chaque fois qu’il posait son regard sur elle "Je note que j’ai le droit de demander à mamie Hurley un petit concert privé. Je vais le faire, je t’assure." plaisanta-t-elle avant de reprendre, un peu plus sérieusement "C’est génial que vous ayez la même passion. Elle a déjà assisté à tes concerts avec ton groupe?" Elle eut un léger mouvement de recul, se rendant compte d’elle-même qu’elle avait tendance à alimenter le moulin à paroles qu’elle devenait quand le jeune homme était présent.
Elle laissa un rire filer, et les mains portées en semblant de prière, elle lui dit avec humilité "Je suis désolée, j’ai l’impression de te poser des tas de questions. Tu n’es pas obligé d’y répondre, je suis en train de frôler l’indiscrétion… tu peux me demander de me taire, je comprendrais." Et elle rit une nouvelle fois, s’arrêtant malgré le malaise sur la mention du grand-père de Nicholas qu’elle regarda lui raconter tout ça, la tête de nouveau penchée sur le côté "…quand tu es né." termina-t-elle à sa place, prenant son hésitation pour un sentiment de tristesse qu’elle connaissait bien et qu’elle n’avait pas envie qu’il ressente sur le moment. Elle se sentit même un peu coupable de lui imposer ce récit en particulier, et rebondit seulement pour lui dire avec douceur, le haut de son nez froissé "Il a de la chance d’avoir quelqu’un qui honore sa mémoire comme ta grand-mère le fait. Je trouve que c’est une belle preuve d’amour de sa part que de chercher à te le faire connaître malgré tout." Elle opina du chef, passant sur l’hypocrisie latente de sa verve puisqu’elle, de son côté, elle fustigeait la manière dont sa mère et ses sœurs s’évertuaient à faire vivre le souvenir de son père au travers de récits qu’elle savait galvaudés, elle n’en démontrait pas.
Ça lui serra un peu la gorge de parler de tout ça, mais elle ne se démonta pas, prenant de la distance avec son bureau grâce à une longueur de bras qu’elle étendit élégamment, sa chaise de bureau glissant en arrière pour lui permettre d’étendre un peu ses jambes sous son bureau "Je ne suis jamais montée dans un van. J’ai vraiment très hâte." fit-elle avec une mine qui donnait l’air qu’elle n’y touchait pas, alors qu’un léger sourire remontait ses pommettes et que la suite de la phrase de Nicholas fit remuer quelque chose en elle, tant la perspective de rendre leurs projets concrets la rendait sincèrement heureuse "Hmm en théorie, j’ai une longue liste de choses à faire, et de prestataires à contacter. Mais… je consens à bousculer mon emploi du temps et à me rendre libre comme l’air pour la fin de semaine." Elle-même se surprit à prononcer ces quelques mots pendant qu’elle posait sereinement ses mains jointes sur son abdomen, et qu’avec un sérieux surjoué, elle ajouta en réduisant l’ouverture de son œil droit posé sur Nicholas "Tu sais c’est la plus belle preuve d’amitié que je puisse te faire. Je crois que je n’ai jamais été aussi tranquille à l’idée d’annuler des rendez-vous." A croire que l’aura de grand sage du musicien faisait des miracles sur sa perception de la vie.

rp terminé.