Ça fait à peu près deux semaines que les les insomnies se sont invitées chez moi, mais la nuit dernière était la pire. La canicule saisonnière à un effet vraiment dégueulasse sur mon corps qui réagit de la pire des manières possible. Tantôt ce sont les migraines fulgurantes, tantôt des pertes d'équilibre sans que je ne puisse réellement me l'expliquer et parfois ce sont tout simplement des pertes de mémoire qui me semblent être de plus en plus conséquentes. A tout cela s'ajoute le fait que mon bras droit est de plus en plus touché, si bien que le matin il est complètement inutilisable, les muscles ne décidant de se relâcher qu'après de longues heures sous couvert de massages et étirements.

Mais aujourd'hui, je n'y arrive pas. Sans doute que la seule heure pendant laquelle j'ai réussi à dormir un peu n'a pas été bénéfique et que j'ai sans doute dormi dans une position inadéquate. Toujours est-il qu'en me réveillant à 6h du matin, ma main a doublé de volume, mes doigts sont encore plus repliés sur eux-même, mon poignet et mon épaule sont d'avantage tordus dans une position où ils tirent sur les muscles et les ligaments, rendant la mobilité impossible et lançant d'horribles vagues de douleurs dans tout mon bras qui remontent jusqu'à la nuque. J'ai bien essayé de faire les exercices que je connais dans l'espoir d'au moins calmer les douleurs, mais rien n'y fait.

C'est pour cela que je me suis enfin décidé de faire appelle à un professionnel. Et qui est le mieux placé que Swann ? Mon ami et collègue est, comme moi, un pro du corps humain, il sait exactement ce qu'il faudra faire et surtout, un point de vu et une aide extérieur ne pourra qu'être bénéfique. Il doit être 8h lorsque je me décide à l'appeler, sachant parfaitement qu'il sera déjà au cabinet. Au téléphone, je lui explique ce qui se passe et lui demande s'il a de la place encore aujourd'hui ou, au pire, demain, quitte à ce qu'il m'appelle 10 minutes avant si une place venait à se libérer. C'est, en promettant de me rappeler dans la foulé dès qu'il aura réussi à s'arranger, qu'il fini par raccrocher, me laissant avec un petit espoir qu'il pourra peut-être m'aider aujourd'hui encore. Lorsque le téléphone sonne à nouveau même pas une heure plus tard et que mon ami m'informe que je peux venir en fin de mâtiné à 11h, c'est avec un soulagement sans nom que j'accepte.

Il est 10h55 lorsque je m'installe dans la salle d'attente et me dis que c'est vraiment bizarre d'être patient dans son propre cabinet. De tous les points de vu que j'ai déjà eu ici, je n'ai jamais eu celui du patient et je m'en serais, évidemment, plus que bien passer. J'essaie, toutefois, de mettre mon malaise de côté, jusqu'à ce que la porte d'une salle de consultation ne s'ouvre et que mon regard croise celui de Mme Peterson, une ancienne patiente à moi que j'ai suivi pendant de longues années avant de la reléguer à mon collègue.  « Oh Martin !» s'exclame la mamy en se dirigeant, aussi vite qu'elle et sa canne le peuvent, vers moi  «Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es de retour ? » Je lance un rapide coup d'oeil vers Swann avant de reporter mon attention sur la vieille dame  «Non, mais c'est à mon tour de passer sous les mains habiles de Mr Buchanan » dis-je avec un sourire aimable en me levant  « Pourquoi est-ce qu'un jeune homme comme toi a besoin de lui ? C'est pas normal» reprend-t-elle en secouant la tête  « Non, effectivement, c'est pas normal.» haussais-je les épaules en passant à côté d'elle  « Prenez soin de vous Mme Peterson, et passez le bonjour à votre fils»  « Oh ce clampin ! Je m'étonne à chaque fois qu'il est encore vivant !» s'exclame-t-elle alors que je laisse échapper un rire sous l'étonnement   «Bonne journée Madame »  «oui, oui, bonne journée  » qu'elle me répond en claudiquant vers la porte. Une fois celle-ci refermée derrière elle, je me tourne vers mon ami et arque un sourcil  «Toujours aussi agréable à ce que je vois » commentais-je la sortie de la patiente en secouant la tête.  « En tout cas merci d'avoir pu t'arranger Swann, je crois que tu me sauve la vie là» reprenais-je sur un ton un peu moins plaisant.

L’appel de Martin au cabinet n’était pas prévu et, à en juger par la raison de ce dernier, lui-même n’avait aucune envie d’appeler son vieil ami. Pour autant, Swann promet de faire de son mieux pour lui trouver du temps dans sa journée déjà ponctuée de nombreux patients, la faute à un manque de personnel - faute dont il ne tient nullement Martin responsable, bien sûr. A défaut d’y arriver, il rappelle plutôt son ancien collègue pour lui annoncer qu’il pourra venir lors de sa pause de midi. Pour lui, il peut tout à fait arranger cette entrevue et se priver d’un temps de répit. Il le retrouvera de toute façon le soir même, une fois à nouveau blotti contre son petit-ami.

A l’heure indiquée, l’anglais assiste à une discussion haute en couleurs entre Martin et une de leurs patientes, laquelle lui laisse un large sourire attendri sur le bout des lèvres. Les mots échangés sont indélicats mais il ne doute pas un seul instant de la bonne volonté de tous les partis impliqués. Madame Petterson en chemin vers la sortie, Martin semble enfin tenir l’opportunité de faire un pas dans la salle appropriée. « Toujours aussi agréable à ce que je vois. » qu’il commente déjà sous le regard amusé de l’anglais. Il lui en faudrait bien plus pour se plaindre à son tour de l’attitude d’une patiente mais peut parfaitement comprendre la réaction de son ami à l’idée que sa vie privée se retrouve quelque peu envahie. “L’âge n’arrange rien.” Il tente alors de trouver des excuses à la vieille dame, ne la connaissant pourtant pas assez pour dire quoi que ce soit d’autre. « En tout cas merci d'avoir pu t'arranger Swann, je crois que tu me sauves la vie là. » D’un mouvement de la tête, il arrange un de rien à sa façon, lequel n’a pas besoin d’être partagé à voix haute. Posant une main chaleureuse dans son dos, il lui indique de la seconde le chemin à suivre, sachant pourtant pertinemment qu’il le connaît déjà très bien. “Je savais que si tu m’appelais, c’est que tu en avais vraiment besoin.” Sa voix n’accuse pas, jamais, mais il se permet de souligner une fois de plus le caractère assez têtu de son ami. Les médecins sont les pires patients et quand bien même ‘médecin’ n’est pas réellement leur titre, l’adage reste toujours aussi véridique.

Une fois la porte fermée, Swann ne perd pas davantage de temps avant d’aller au cœur des choses, conscient que Martin détestera de toute façon avoir cette discussion et raconter ce qui ne va pas chez lui. C’est un passage obligatoire mais il se fera assez attentif pour que rien n’ait à être répété. “Dis moi où en sont les choses.”

J'espérais sincèrement de pas rencontrer d'anciens patients à moi en arrivant aujourd'hui à mon cabinet, mais c'est peine perdue lorsque Mme Peterson me reconnaît à peine sortie de la salle. J'échange un regard avec Swann avant que la vielle dame ne s'étonne de me voir. Je reste le plus évasif possible et coupe cours à la conversation afin de ne pas faire attendre mon collègue et ami plus longtemps encore. L'anglais fini par faire un commentaire sur ma venue et tout ce que je parviens à faire c'est un haussement d'épaule avant d'ajouter un  « Tu sais bien que les kiné sont les pires patients du monde». Couvrant ainsi mon mal être par un trait d'humour mais surtout une vérité horriblement adéquate.

J'entre rapidement dans la salle que le professionnel de santé m'indique et m'installe sur la table de massage. Après avoir retiré, non sans quelques difficultés, ma chemise pour me retrouver en t-shirt devant Swann, je fini par soupirer  «Je t'avais dit qu'en octobre la maladie a évoluée vers une forme secondairement progressive » expliquais-je  «J'ai eu une poussée au même moment de l'évolution et depuis ...voilà » je désigne mon bras, inutilisable.  «J'ai senti dès le début que la spasticité était présente et j'ai bien réussi à faire en sorte qu'elle ne s'installe pas trop rapidement, mais ça fait trois quatre jours que l'auto rééducation ne fonctionne plus » avouais-je, presque honteusement  «mon épaule et mon poignet sont constamment douloureux. Je dirais un bon 8/10 sur l'échelle de douleur » je pince les lèvres et soupire  «Je fais déjà toute sorte d'exercices possible que je connais mais là je pense clairement qu'il me faut quelques séances d'étirement, de mobilisation et de massage juste pour essayer de retrouver un peu de mobilité dans le bras.»

Je relève mon regard sur Swann  « Je suis désolé de te donner plus de travail encore mais je ne me voyais pas aller chez quelqu'un d'autre » je pince les lèvres en un sourire contrit avant de soupirer doucement  «je sais comment tu travail, je connais tes formations et tes connaissances et t'es celui en qui j'ai le plus confiance » dis-je, emplie d'une réelle sincérité  «Je me rappelle encore parfaitement du massage salvateur que tu m'as fait il y a quelques années quand je m'étais fait mal au dos à cause de Mr Jensen » je souris doucement, presque nostalgique du temps passé  «Donc ...voilà. Je te fais confiance et je m'abandonne à toi » concluais-je mes paroles en me couchant sur le banc, me promettant silencieusement de rester le plus détendu possible.

« Tu sais bien que les kiné sont les pires patients du monde. » Etant lui-même un terrible exemple en la matière, il ne peut qu’approuver les paroles de son collègue dans un sourire en demi-teinte. Aujourd’hui, il sait que c’est Martin qui fait surtout d’office exemple en la matière. Son collègue aura repoussé cet instant autant que possible et s’il en est enfin venu à parler à Swann, cela signifie que les choses doivent être particulièrement graves et/ou douloureuses pour lui.

Une fois Martin assis sur la table et sa chemise retirée, l’anglais se poste devant lui pour écouter avec le plus d’attention possible ses explications, non sans réel souci. Il hoche la tête au fur et à mesure de ses explications, se souvenant parfaitement de leur discussion remontant à quelques mois plus tôt, au sujet de la maladie du brun. Ses yeux se posent sur le bras que désigne son ami, lequel est devenu amorphe, inutilisable, tel un membre dont le corps jugerait finalement ne pas avoir besoin pour subsister. Conneries. Face à lui, l’anglais peine bien plus à rester professionnel alors qu’il estime qu’ils auraient dû avoir cette discussion autour d’un verre et qu’il se veut finalement bien mal placé pour s’occuper de son cas - quand bien même il fera toujours son maximum pour autrui, et surtout ses amis. « Mon épaule et mon poignet sont constamment douloureux. Je dirais un bon 8/10 sur l'échelle de douleur. » Voilà donc ce qui a dû finir de le convaincre de sauter le pas et d’enfin appeler Swann. Tous deux savent pourtant qu’il ne sera pas capable de miracles. Il est kiné, pas magicien, et cela a toujours été le cas, à son plus grand désespoir. “On fera tout ce qu’on peut.” Les séances de massage, d’étirement, de mobilisation et Dieu sait quoi encore. Ils essayeront tout ce qui se présente à eux avec l’espoir que Martin vive une vie plus simple, bien plus belle aussi.

« Je suis désolé de te donner plus de travail encore mais je ne me voyais pas aller chez quelqu'un d'autre » - “T’en fais pas. C’est mon métier, après tout.” Même si Martin est bien placé pour savoir que le cabinet croule sous les demandes de rendez-vous et que le personnel en vient très largement à manquer. Pourtant, il ne s’imagine pas refuser un patient, surtout pas alors que le cas de Martin ne se résume pas à quelques douleurs psychologiques. « Donc… voilà. Je te fais confiance et je m'abandonne à toi. » Alors Swann finit par hocher la tête, s’avançant à son tour près de la table lorsque Martin s’y allonge. Déjà, il commence par poser ses mains sur le corps du brun pour commencer le travail le plus doucement possible et tenter de le mettre en confiance. Il n’y aura rien d’agréable dans leurs séances, les deux hommes le savent déjà, mais il peut faire son maximum pour rendre les choses le moins désagréables possible. “Je ferai de mon mieux, Martin, mais tu dois simplement savoir que… il est possible que je quitte le cabinet en début d’année. Je ne pourrai pas assurer ton suivi à la longue mais j’essaierai de te trouver des collègues tout aussi doués.” Ce ne sont pas des propos qu’il a tenu à qui que ce soit encore, pas même au principal intéressé et la raison pour laquelle il pense à changer son train de vie qu’il affectionne pourtant tant: Rory. “Je voudrais suivre Rory sur ses tournages et travailler avec les équipes. Si jamais ça remet les choses en perspective, tu sais que je ne me vexerais pas. J’ai un très bon ami à Spring Hill, tu peux lui faire entièrement confiance.”

Bien que j'enchaîne les visites médicales depuis plus d'un an et que j'ai compris assez rapidement que mes collègues du médical ne me veulent pas de mal, il m'est encore bien difficile de me mettre à nu face à un professionnel de la santé. Encore plus lorsqu'il s'agit de Swann. Sans savoir pourquoi, je me rend compte que je me sens vraiment pas à l'aise à lui parler là, alors qu'il est la personne à qui je fais le plus confiance pour manipuler mon corps. Je connais ses capacités en la matière et je sais parfaitement qu'il est plus que capable de gérer mon problème actuel, mais j'ai beaucoup de mal à le regarder dans les yeux lorsque je lui avoue tout ce qui ne va pas. Sans doute parce qu'une partie de moi à réellement honte de ne pas être venu plus tôt.

Toutefois, lorsque mon collègue m'assure qu'on fera tout ce qu'on peut, je laisse échapper un petit soupire et hoche la tête en m'allongeant sur la table. Je ferme un instant les yeux et grimace de surprise lorsque les mains de Swann se posent sur mon bras. Avec douceur et lenteur, il commence à déplier mon coude alors que je tente de garder une respiration lente et régulière sachant parfaitement que si je la retiens ça risque d'être pire. Pendant quelques secondes, Swann travail en silence avant qu'il ne le brise, simplement pour m'annoncer qu'il risque de quitter le cabinet d'ici quelques mois. Rouvrant les yeux, mon regard se fige sur le visage du jeune homme qui enchaîne directement avec les raisons : il souhaite suivre son copain sur les différents tournages et travailler avec les équipes.

Alors qu'une année avant j'aurais sans doute essayé de dissuader mon collègue de ne pas quitter son job au cabinet, je me surprends quelques peu à hocher la tête en souriant  « Tu as raison» dis-je en reportant mon regard sur le plafond alors que Swann se met à masser gentiment les muscles autour de mon épaule  «Tu as tout à fait raison de suivre tes envies. Même si ça risque d'être la fin de M&M's, étant donné que je ne suis pas sûr de pouvoir reprendre ce travail là, tu as raison de partir » je grimace un instant lorsque les doigts du jeune homme passent sur un endroit sensible  «En plus ça doit être chouette que de travailler dans un tel endroit. Peut-être qu'un jour tu masseras Brad Pitt ou que tu t'occuperas de la prothèse de genou de Harrison Ford » je laisse échapper un rire alors que mon regard se pose à nouveau sur Swann  « Du coup je suppose que je dois comprendre que ça se passe bien entre Rory et toi et que c'est du sérieux ?» c'est un doux sourire qui vient s'afficher sur mes lèvres  « Je serais inviter au mariage ? Hein ? Dit ?»

C’est avec la pulpe de ses doigts que l’anglais masse le bras de son ami et collègue, alerte au moindre signe de douleur, toujours prêt à revoir les soins apportés à celui qui devient en cet instant son patient. Pour autant, par professionnalisme autant que par amitié pour lui, Swann ne sait davantage garder le secret qu’il nourrit depuis quelques semaines déjà. D’une voix basse mais pourtant bien assurée, il lui fait part de son intention de suivre son petit-ami sur les tournages et travailler directement sur place, ce qui impliquerait évidemment qu’il quitte ce travail ci en premier lieu. Après avoir passé de longues heures à y réfléchir et à retourner le problème dans tous les sens pour tenter de concilier autant de parties que possible, il en est venu à la conclusion que ce devait être la bonne décision à prendre. Pour autant, il la repousse autant que possible, sachant que ses patients ont toujours besoin de lui au cabinet et que, pour le moment, les tournages de Rory n’ont pas encore repris. « Tu as raison. » L’anglais en oublie le massage le temps d’une simple seconde, ses yeux occupés à chercher deux de Martin, lesquels il ne trouve pourtant pas. S’il ne savait pas réellement à quoi s’attendre, il n’aurait pourtant pas parié sur une adhésion aussi franche de son ami face à une telle idée.

Les yeux de son ami fixés sur le plafond, Swann reprend finalement son massage, près de son épaule cette fois-ci. « Tu as tout à fait raison de suivre tes envies. Même si ça risque d'être la fin de M&M's, étant donné que je ne suis pas sûr de pouvoir reprendre ce travail là, tu as raison de partir. » C’est une éventualité qu’il avait aussi prise en compte, l’état de santé de Martin ne lui permettant pas à son tour de venir en aide à autrui comme le voudrait pourtant sa formation médicale. “J’aurais aimé pouvoir concilier les deux.” Il annonce, sincère, comme à son habitude. Il aurait aimé pouvoir continuer à tenir ce cabinet à bout de bras, quitte à réellement travailler pour deux tout en n’ayant toujours lui-même que deux mains. Le sommeil lui manque sans aucun doute, mais cela signifie pouvoir aider un maximum de personnes alors tout en vaut la peine. Pour autant, maintenant qu’il remet chaque décision en perspective, l’anglais se rend bien compte que pour la première fois de sa vie, c’est sa propre personne qu’il a envie de faire passer en priorité: il veut vivre chaque instant auprès de Rory.

Face à la douleur exprimée dans une grimace, Swann se concentre davantage sur ses gestes, tentant de les rendre un peu plus doux que d’usuelle encore. « En plus ça doit être chouette que de travailler dans un tel endroit. Peut-être qu'un jour tu masseras Brad Pitt ou que tu t'occuperas de la prothèse de genou de Harrison Ford. » L’anglais accuse un rire franc face aux premières pensées de son ami, lesquelles ne lui étaient pas le moins du monde venues à l’esprit. Le monde du show business ne l’attire pas réellement et quand bien même il serait sans aucun doute très heureux de rencontrer Brad Pitt, Harrison Ford, ou n’importe quel autre acteur de renom, ce n’est pourtant pas ce qu’il recherche. Être avec l’homme qu’il aime est réellement tout ce qui lui importe. “Je leur demanderai un autographe pour toi si c’est le cas.” Il promet donc, soucieux de proposer des contreparties à une annonce qui n’est en rien pour arranger le quotidien de Martin.

Croisant son regard par automatisme, il ne cherche pas à cacher un sourire attendri lorsque le brun cherche à en savoir plus au sujet de son couple. Maintenant, bien loin d’être apeuré à l’idée d’en parler, il est surtout fier au possible. « Du coup je suppose que je dois comprendre que ça se passe bien entre Rory et toi et que c'est du sérieux ? » Ému, le blond hoche doucement la tête sans même prendre le temps de peser ses mots. Ils sont heureux et leur relation a tout de sérieuse, oui, il peut l’assurer sans craindre de faire fausse route. “Tout se passe vraiment bien.” - « Je serais inviter au mariage ? Hein ? Dit ? » Ne s’étant pas attendu à une question de la sorte, encore moins à ce qu’il parle de mariage, Swann accuse soudainement un rire nerveux, pris de court. “Une chose à la fois.” Il temporise, quand bien même l’idée du mariage n’est pas une simple petite graine prête à germer avec le temps au fond de son esprit: il sait qu’il prendra un jour le nom de Rory, ils ont simplement besoin de se donner le temps avant ce grand moment. “Mais tu seras invité, bien sûr, ne crois pas que c’est parce qu’on ne travaillera plus ensemble que je vais oublier un emmerdeur dans ton genre.” Il sera invité, parce qu’il n’y a pas le moindre soupçon de conditionnel à apporter sur le sujet du mariage. La liste des invités sera sans aucun doute complexe à élaborer mais Martin en fera partie. “Ca te donne le temps de trouver un +1 à amener avec toi, t’en dis quoi ?” Martin est divorcé depuis bien assez longtemps pour avoir le droit d’envisager son futur à deux et retrouver une personne avec qui partager ses moments de joie comme ceux de doute et de crainte.

Je secoue doucement la tête lorsque Swann soupire avoir aimé pouvoir concilier les deux.  « C'est impossible» dis-je  «Tu n'es pas un super héro et tu as toi aussi tes limites. Au final, ce cabinet même si nous y tenons beaucoup tous les deux, ne doit pas être la raison qui te retiens de suivre tes rêves et tes envies. Je m'arrangerais pour te trouver un remplaçant  » je lance un coup d'oeil vers mon ami  « Seulement sur le plan professionnel hein. T'es irremplaçable sur le plan émotionnel» je lui adresse un doux et sincère sourire avant de reporter mon regard sur le plafond.

Alors que le kinésithérapeute continue son massage, me faisant grimacer de temps en temps, je me met à imaginer ce que son travail serait lorsqu'il suivra Rory sur les tournages de ce dernier. J'avance l'hypothèse des massages qu'il fera à Brad Pitt et autres célébrité, ce qui a dont de faire rire le jeune homme, me promettant de leur demander un autographe  «Trop aimable ! » dis-je enjoué  « T'imagine ? Je pourrais dire que j'ai été un des premiers à me faire masser par le kinésithérapeute préféré des célébrités» continuais-je sur le ton de l'humour, secouant doucement la tête, amusé par mes propres conneries.

J'apprends ensuite que tout se passe vraiment bien entre Swann et son copain et ça me fait chaud au cœur. Sincèrement heureux pour lui, je lui demande ce qu'il en est du mariage, question qui surprend mon ami qui a tôt fait de temporisé. Pourtant, il ne met pas longtemps avant de me dire que dans tous les cas je serais invité car même si on ne travaillera plus ensemble, il ne pourra décemment pas oublier un emmerdeur de mon genre.  «Ah ben tant mieux hein ! » répondais-je, sourire éternel sur les lèvres  «Tu penses quitté quand le cabinet ? Histoire que je sache jusqu'à quand j'ai pour être le pire patient du monde ? » je reporte mon regard sur Swann  « T'sais genre j'arriverais toujours en retard et je me plaindrais de pas avoir droit à 30 minutes pleines, puis je me plaindrais lorsqu'il s'agira de payer et dès que tu me feras mal et tout ça. Je te ferais subir la totale !» bien évidemment, c'est de l'ironie pure et dure tant je ne supporte pas les patients qui font ça. Autant, donc, ne pas le faire subir à mon pauvre collègue.

Lorsqu'ensuite il m'informe que le temps qu'ils organisent le mariage je pourrais me trouver un +1, je laisse échapper un rire nerveux.  «Ah ouais, t'es dur là » soufflais-je  «On verra bien, hein. Mais pour l'instant je ne suis pas super chanceux hein, tu sais » je secoue la tête  « Quand j'aime quelqu'un, celui-ci ne m'aime pas. Quand quelqu'un m'aime, c'est moi qui ne l'aime pas. Du coup c'est compliqué à force » j'hausse les épaules  « Enfin bon, mon meilleur ami va se marier le 10 octobre prochain, donc, donc ça me laisse pas vraiment tellement de temps pour me trouver ce fameux +1 » je soupire doucement  «Tu veux venir ? » demandais-je finalement  «Au mariage, je veux dire. Je suis son témoin et j'ai droit d'inviter jusqu'à deux personnes avec leur +1 » j'hausse les épaules  « Donc si Rory et toi voulez venir, je suis sûr que Loan n'aura rien contre»

Il n’écoute Martin que d’un oreille inattentive lorsque ce dernier tente de le raisonner et de lui faire comprendre qu’il ne peut pas toujours tout concilier et faire plaisir à la Terre entière. C’est une annonce que Swann ne veut pas entendre, obnibulé par l’idée de toujours faire le meilleur pour tout le monde, ce qui signifie qu’il aurait préféré ne pas avoir à quitter son travail pour le second. Si les deux n’imposaient pas autant de distances, pour sûr qu’il aurait tenté de le faire coûte que coûte, quitte à s’oublier lui-même sans même y réfléchir à deux fois. Finalement, il le fait surtout pour Rory et pour son couple, ce qui sont des raisons suffisantes pour le pousser à sortir de sa zone de confort. « Seulement sur le plan professionnel hein. T'es irremplaçable sur le plan émotionnel. » Au sourire de Martin répond le rire de Swann, certain qu’ils sauront faire perdurer leur amitié même sans être des collègues de travail. “J’espère que tu trouveras rapidement quelqu’un.” Dans son optique de toujours contenter le plus grand nombre de personnes, il pense chacun de ces mots dans la mesure où cela pourrait signifier pouvoir continuer le traitement d’un plus grand nombre de patients.

Sans jamais en oublier le massage de son ami, l’anglais continue de lui expliquer sa vision des choses et les raisons l’ayant conduit à imaginer son avenir ailleurs que dans ce cabinet, endroit dans lequel il travaille depuis six ans déjà, pourtant. Ce n’est pas les possibles rencontres avec les stars d’Hollywood qui l’intéressent, bien loin de là, mais la simple possibilité de pouvoir passer plus de temps auprès de son petit-ami lors de ses longs tournages dans un pays ou un autre. « T'imagine ? Je pourrais dire que j'ai été un des premiers à me faire masser par le kinésithérapeute préféré des célébrités ! » - “Calme toi calme toi, j’en ai pas parlé à une seule personne en dehors de toi pour le moment encore.” Il reprend, sourire aux lèvres, tentant pourtant de temporiser l’enthouasiasme de son ami. Pour peu, il pourrait croire que c’est Martin lui-même qui s’apprête à vivre cette nouvelle vie. Preuve en est, il a l’air bien plus excité que l’anglais, ce dernier étant encore largement sur la réserve et se préparant à ce que son plan tombe à l’eau à tout moment. « Tu penses quitter quand le cabinet ? Histoire que je sache jusqu'à quand j'ai pour être le pire patient du monde ? » L’anglais porte sur lui un regard faussement réprobateur, sachant pourtant que s’il voulait se montrer horripilant alors il n’aurait aucun mal à le faire. “Je pensais à deux mois, peut-être, le temps de tout mettre en place.” Le temps d’en parler à Rory, surtout, et suite à ça de vérifier si son idée est réellement réalisable et son expérience suffisante pour assez intéresser les équipes de production. Beaucoup de si sont à prendre en compte, justement, laissant Swann encore bien incertain de son futur. Pourtant, il veut au moins pouvoir dire qu’il a essayé. “Fais tout ça et je jure que je vais te coincer des muscles par pure maladresse.” Il prévient à son tour, ne mentant qu’à moitié tant c’est une idée qu’il serait effectivement capable de réaliser en cas de besoin.

Du bout des lèvres, il se moque avec douceur du célibat de son ami, le tout pour mieux le rassurer la seconde suivante. « On verra bien, hein. Mais pour l'instant je ne suis pas super chanceux hein, tu sais. » - “C’est pas une science exacte, ne t’en fais pas.” Il ne suffit pas de vouloir trouver l’amour pour que ça arrive et, justement, la plupart du temps c’est tout l’inverse qui se produit. Il se gardera bien de lui donner des conseils, n’ayant rien d’intéressant à lui dire, mais ces quelques mots lui semblent au moins être un bon début. « Quand j'aime quelqu'un, celui-ci ne m'aime pas. Quand quelqu'un m'aime, c'est moi qui ne l'aime pas. Du coup c'est compliqué à force. » Il lui offre un sourire compatissant, pourtant sincèrement amusé par le résumé enfantin que son ami lui offre. Martin est quelqu’un de bien, il trouvera une personne avec qui partager sa vie au moment venu et sur ça, Swann ne garde aucun doute. Pourtant, son ami ne semble pas tant préoccupé que ça par le sujet puisqu’il est le premier à passer à autre chose, apparemment intéressé par le thème du mariage. « Enfin bon, mon meilleur ami va se marier le 10 octobre prochain, donc, donc ça me laisse pas vraiment tellement de temps pour me trouver ce fameux +1. » Apprenant l’information, il le félicite rapidement de cette nouvelle. Même si Swann ne connaît pas son meilleur ami, l’idée qu’il puisse se marier suffit à le rendre heureux pour lui, pour eux. « Tu veux venir ? » Les yeux qu’il écarquille légèrement marquent la surprise qu’il ressent en cet instant. « Au mariage, je veux dire. Je suis son témoin et j'ai droit d'inviter jusqu'à deux personnes avec leur +1. Donc si Rory et toi voulez venir, je suis sûr que Loan n'aura rien contre. » Rory sera heureux de venir, même si ça fera de lui l’invité de l’invité de l’ami du marié ; au Diable l’avarice. Il aime les mariages sûrement bien plus que Swann encore et ce ne serait pas la première fois qu’il se retrouverait à se réjouir de l’union de personnes qu’il ne connaît pas - au dernier mariage, pourtant, Swann connaissait au moins la mariée. “Bien sûr, oui, ça nous ferait très plaisir. Je vais devoir voir avec Rory selon ses tournages alors je ne promets rien mais merci de l’invitation.” Swann aime d’autant plus l’idée de se rendre à ce mariage qu’il pressent déjà que d’ici octobre de cette année, il aura demandé l’acteur en mariage. Ils observeront les célébrations d’un œil bien différent. “C’est le mariage de Loan, c’est ça ? Tu me diras quel cadeau ramener alors parce que jusque là je ne savais même pas qu’il avait une petite-amie.” Il reprend, amusé sans être vexé le moins du monde de ne pas avoir été tenu au courant des avancées de la vie sentimentale de l’ami de Martin. De toute façon, il ne le connaît que de nom et n’est même pas certain de pouvoir le reconnaître dans la rue.

Je connais Swann et son envie de tout faire pour contenter tout le monde. Combien de fois ne l'ais-je pas obligé à prendre deux semaines de congés histoire qu'il ne s'oublie pas lui-même ! En vrai, si j'arrivais à lui faire prendre plus de deux semaines de vacances amplement méritées, par an, c'était un sacré miracle. Je ne suis donc absolument pas étonné lorsque je remarque à son expression qu'il ne m'écoute pas totalement et quand il espère que je trouverais rapidement quelqu'un.  «Je ferais tout en œuvre pour trouver une personne digne de ton post » assurais-je, lui promettant ainsi que je saurais me montrer exigeant sur son remplaçant et que je ne prendrais pas le premier venu.

Lorsque mon collègue reprend en m'expliquant les raisons pour lesquelles il décide que son départ du cabinet sera imminent, je ne peux m'empêcher d'être heureux, limite plus excité que lui ! Je trouve que c'est une superbe idée que celle de suivre son copain sur ses tournages et être le kiné attitré des équipes de production. Ce n'est clairement pas quelque chose que je pourrais faire tant le monde du cinéma est à des années lumières de mes principes moraux et mes idéaux, mais je suis persuadé que ça conviendra totalement à Swann. Si en plus il peut rester plus longtemps auprès de l'amour de sa vie, il sera doublement gagnant !

Alors lorsque, encore une fois, il temporise en me disant de me calmer et m'explique que je suis le premier à qui il en a parlé, j'arque un sourcil en sa direction  « Attend, t'en as quand même parler à Rory ? Genre la personne la plus concerné de cette future décision ?» Cela dit, connaissant mon ami, s'il m'en parle à moi c'est qu'il ne va pas tarder à avoir la même conversation avec son copain.  «Tu me diras comment ça s'est passé et ce qu'il a dit, ok ? » ce n'est pas une question, mais plus un ordre en vrai car je suis curieux. La conversation garde cette agréable légèreté lorsque j'apprends que Swann compte mettre son plan à exécution dans les deux prochains mois, ce qui me laisse le temps d'être le patient le plus désagréable du monde. C'est toutefois un rire qui m'échappe quand le kiné me menace de me coincer les muscles par pure maladresse si je venais à faire tout ce que j'ai dit.  « Vas-y c'est ça, abîme moi encore d'avantage ! Un peu plus ou un peu moins, hein, je ne suis plus à ça prêt» haussais-je les épaules, toujours sur le ton de l'humour, sourire amusé ne quittant plus mes lèvres.

Nous dévions ensuite sur le sujet de l'amour où j'explique par A et par B que ce sera difficile pour moi de trouver un +1 digne de ce nom pour le futur mariage entre Swann et Rory, ce qui fait gentiment rigoler le kinésithérapeute. Je fini par changer de sujet pour lui annoncé l'union de mon meilleur ami, l'invitant au passage à la réception. Évidement, le jeune homme va devoir en parler avec son copain -et de mon côté je vais devoir dire à Loan que j'ai invité quelqu'un qu'il ne connaît pas- mais dans le principe il serait carrément d'accord  « Cool alors ! J'en parlerais à Loan et je te transmettrais les détails» souriais-je, alors que Swann reprend que je vais devoir lui dire quel genre de cadeau il va devoir choisir car il ne savait que Loan avait une petite amie.

L'étonnement se lit sans aucun doute sur mon visage tant je suis perturbé par l'utilisation du féminin pour désigner Clément. Et c'est là que je me rend compte que je n'ai jamais parlé de l'orientation sexuelle de mon meilleur ami ! En même temps c'est quelque chose de tellement normal et naturel pour moi que je n'y pense jamais.  « Et c'est là que je me rends compte que je ne t'ai jamais dis que Loan aimait les hommes» annonçais-je finalement, demi sourire sur les lèvres  « Il s'est fiancé à Clément Winchester, un gam-... pardon, un comédien» me reprenais-je subitement. Il faut vraiment que j'arrête de désigné Clément comme étant un 'gamin' car déjà ce n'est plus tout à fait vrai étant donné qu'il s'approche dangereusement des 30 ans, mais en plus je risque, à force, de dire ça devant Loan et là je ne donne pas cher pour ma peau  « En vrai, il est pas compliqué mon meilleur ami : si ton cadeau concerne de près ou de loin la danse, il sera plus heureux qu'un enfant à noël» c'est un sourire attendrit qui prend place sur mes lèvres lorsque l'image de Loan sautillant face à ses cadeaux me revient en tête  « Mais comme dit, je te tiens au courant de tout ça et je te ferais un beau résumé si tu veux»

« Je ferais tout en œuvre pour trouver une personne digne de ton post. » L’anglais esquisse un maigre sourire, ressentant déjà un large pincement au cœur à l’idée de quitter son poste alors qu’aucune démarche n’a été entamée et que le premier concerné n’est toujours pas au courant de son idée. La dernière fois qu’il avait émis avec lui l’idée de travailler sur les tournages, c’était les larmes aux yeux alors qu’il lui annonçait être de nouveau en couple, de la façon la plus difficile qui soit pour deux cœurs n’ayant jamais su tourner la page et passer à autre chose. Mais oui, commencer à lui chercher un remplaçant serait une bonne idée et, de toute façon, elle n’engage à rien. Il sait que Martin choisira avec soin son prochain collègue.

Léger détail que Martin ne tarde pas à noter, d’ailleurs. « Attends, t'en as quand même parlé à Rory ? Genre la personne la plus concernée de cette future décision ? » A la grimace faite par le blond, mélange de nez retroussé et de sourire gêné, la réponse se veut plutôt évidente. “Je compte le faire bientôt. Vraiment bientôt.” Mais leur vie est bien plus chargée qu’elle n’y paraît et il ne veut pas avoir cette discussion n’importe où, sans prendre réellement le temps de poser le pour et le contre de tout ce que ce changement impliquerait. Au fond, c’est surtout l’éternelle peur du moindre changement qui impose le silence à Swann, pour le moment largement contenté par l’idée de voir Rory tous les soirs et matins tout en pouvant continuer à s’occuper de ses patients. Enfant mis au pied du mur, il promet pourtant à Martin de faire des efforts et aller de l’avant. « Tu me diras comment ça s'est passé et ce qu'il a dit, ok ? » Face à tant d’enthousiasme, c’est désormais un rire certain que l’anglais laisse échapper. “Oui, bien sûr. Tu seras le premier prévenu.” Pas seulement parce qu’il le lui a demandé mais bien parce qu’il le mérite et qu’il est largement concerné par cette décision, lui aussi.

Après une invitation surprise au mariage du meilleur ami de Martin, le blond ne peut s’empêcher de déjà penser au cadeau qu’il pourrait ramener bien plus qu’à ses disponibilités à cette période de l’année: il sait déjà que lui et Rory feront tout en leur possible pour participer à ce mariage, comme à n’importe quel autre. Ce sont des jours de vie bien particuliers qu’ils ont tous deux à cœur de célébrer. « Et c'est là que je me rends compte que je ne t'ai jamais dit que Loan aimait les hommes. » - “Oh.” Son demi sourire répond au sien, simplement amusé par l’erreur bien plus que réellement gêné. Swann a bien trop pour habitude de côtoyer des couples hétérosexuels pour penser à nuancer ses propos, mais Martin est désormais plutôt bien placé pour savoir qu’il ne s’agit là que de maladresse et non une preuve de fermeture d’esprit. « Il s'est fiancé à Clément Winchester, un gam-... pardon, un comédien. » - “Peut être que Rory le connaît, alors.” Le cercle de connaissances de son petit-ami est infini mais puisqu’ils évoluent dans deux milieux pas si éloignés qu’il n’y paraît, il y a des chances qu’ils puissent se connaître. Que ce soit le cas ou non, pourtant, cela ne remet pas en question leur venue à leur mariage. « En vrai, il est pas compliqué mon meilleur ami : si ton cadeau concerne de près ou de loin la danse, il sera plus heureux qu'un enfant à Noël. » Le mot est passé, à n’en pas douter, et Swann risque désormais de passer les prochains mois à chercher le parfait cadeau pour ce mariage auquel il ne connaît pourtant personne. Le blond hoche la tête avec engouement, ayant pourtant compris que Martin devait vérifier les détails de l’invitation avec son ami avant que cette dernière ne devienne réellement officielle. “C’est gentil d’avoir pensé à moi en tout cas, je vais attendre avant de te bloquer un muscle ou deux.” Il conclut dans un clin d’oeil, heureux de leur conversation autant que de la tournure que semblent peu à peu prendre les choses.

En apercevant le maigre sourire de mon collègue, je sais que, dans le fond, nous ressentons la même chose : le fait que ce soit la fin du cabinet nous embête tous les deux. Ce cabinet pour lequel nous avons tant travaillé, la patientèle que nous avons mit du temps à construire, des patients fidèles et du travail à n'en plus finir, montrant bien à quel point nous sommes des kinés apprécier. Franchement, je me serais vraiment bien vu de rester ici jusqu'à ma retraite tant j'aime le travail que nous faisons, ensemble. Toutefois, la vie décide parfois différemment pour nous. L'un de nous change seulement de lieu de travail, l'autre va peut-être devoir faire une nouvelle orientation professionnelle. Ou peut-être pas, d'ailleurs. Je ne le saurais que plus tard ce que l'avenir me réserve.

Mais je ne suis pas là pour m’apitoyer sur mon propre sors. Ainsi je décide de charrier mon ami par rapport au fait qu'il n'ait pas encore parlé de son projet à Rory, le principal intéresser. Swann m'assure toutefois qu'il l'évoquera le plus vite possible et c'est presque un ordre que j'exprime lorsque je lui demande de me tenir au courant. C'est dans un rire que le jeune kinésithérapeute accepte que je sois le premier prévenu  « Chouette !» que je m'exclame  «Je suis sûr que tu vas beaucoup manquer à Mme Patmore» pouffais-je de rire, n'étant pas sûr que cette patiente là manqueras à mon collègue en vrai.

Toutefois, nous changeons rapidement de sujet lorsque je l'invite au mariage de mon meilleur ami. C'est Clément qui m'a donné l'autorisation de pouvoir inviter quelqu'un donc je ne me fais pas prier pour le faire. Je précise, aussi, que ce sera un mariage homosexuel, me rendant compte que je n'ai jamais évoquer l'orientation sexuelle de Loan. Évidemment, Swann est bien loin d'être fermé d'esprit, tant les mariages entre deux personnes du même sexe n'est pas encore une norme dans la société actuelle. D'autant plus que leur mariage n'a été autorisé qu'en 2018 en Australie. Lorsque j'évoque Clément et son métier, Swann émet une hypothèse intéressante : Peut-être que Rory et le futur mari de Loan se connaissent ?  «Ce n'est pas à exclure » hochais-je la tête  «Y a moyen en vrai. Je sais que Clément a fait quelques apparitions dans des films en mode figurant. Peut-être qu'il était sur un des tournages de Rory ? » j'hausse les épaules  « Tu me fileras sa filmographie, d'ailleurs, à ton copain, s'il te plait ?» demandais-je en reportant mon attention sur mon ami  «Histoire que je puisse le juger un peu » Un sourire étire mes lèvres qui se transforme en léger rire lorsque Swann me dit qu'il attendra avant de me bloquer un muscle ou deux  «C'est vraiment trop gentil ! Merci monsieur le kinésithérapeute »

Au fil de la conversation et des massages, je sens que non seulement mon bras mais tout mon corps se détend. Les mains de Swann sur mes articulations ont un pouvoir assez incroyable et tous les muscles finissent enfin par se relâcher, si bien qu'à la fin de la séance mon bras n'est plus un simple appendice inutilisable. Au contraire, j'ai à nouveau un peu plus de contrôle sur mes doigts et mon coude mais surtout mon poignet ne sont plus aussi douloureux qu'en arrivant.  «Si tu as des trou dans ton planning, je veux bien reprendre quelques rendez-vous » dis-je alors que je me redresse sur la table et que je remet ma chemise « Je te ramènerais l'ordonnance du médecin la prochaine fois histoire qu'on face le tout dans les règles de l'art et que tu sois payer comme il se doit» Doucement, je me laisse glisser de la table et m'approche de Swann  « Merci, vraiment» et sans plus attendre, je le prends dans mes bras en une étreinte douce et fraternelle  «Je suis vraiment content pour toi » assurais-je avec une réelle sincérité. De toute manière, je suis persuadé à 100% : ce n'est pas parce que nous ne travaillerons plus ensemble que Swann et moi perdrons contact.