| i gotta feeling (rudy&naomi) |
| | (#)Dim 2 Jan 2022 - 16:45 | |
| Bien qu’elle soit perchée sur des talons vertigineux, Naomi était capable de fendre la foule sans trembler. Le pas était ferme, franc, assuré : elle paradait sur ses échasses depuis tant d’années qu’ils étaient devenus comme une seconde peau, désormais. Et honnêtement, elle ne s’imaginait plus s’en passer : chacune de ses sorties est l’occasion d’exhiber sa collection (toujours plus nombreuse, toujours plus grandissante) d’escarpins et autres talons hauts. Ses yeux charbonneux croisèrent quelques regards masculins insistants, qui se perdaient sans aucune honte sur ses courbes voluptueuses, et ses jambes interminables. Et elle sourit, Naomi ; elle sourit de voir que, malgré le temps qui passe, elle suscite encore l’intérêt, le désir. Elle sourit de voir la gent masculine relever la tête et se retourner sur son passage, de les voir se hisser sur la pointe des pieds pour jeter un coup d’oeil à son décolleté, ou de les voir jouer des coudes pour espérer qu’elle jette son dévolu sur l’un d’entre eux. Les pauvres ne savaient pas que, pour la plupart d’entre eux, être doté d’un porte-feuille débordant de billets verts à trois chiffres serait un avantage considérable. L’escort-girl avait arrêté depuis bien longtemps de se vautrer dans des draps de mauvaise qualité pour quelques billets, qui lui permettaient à peine de subsister ; le Club lui avait permis d’accéder au luxe, aux gens fortunés, aux débauches les plus totales. Alors, à l’image de ses talons, Naomi voyait haut pour ses cibles. Des héritiers, des artistes, des politiciens : quelle importance, tant qu’ils allongeaient la monnaie et la couvraient de présents tous plus onéreux les uns que les autres ? Et quelle importance, quand au fond, on n’était ni plus ni moins qu’une vulgaire prostituée ? Elle repéra deux hommes accoudés au bar, qui suivaient du regard les barmans pour leur faire comprendre qu’ils souhaitaient être servis. Consciente qu’il s’agissait là d’une véritable aubaine pour passer devant tout le monde, l’Australienne se faufila entre ces deux inconnus. Sans se préoccuper de patienter, et sans tenir compte des hommes qui attendaient depuis quelques minutes désormais, elle s’imposa naturellement. « Un gin tonic. » Réclama-t-elle au serveur, qui la regardait à peine et s’affairait derrière le bar. Elle tiqua ; habituellement, elle arrivait même à happer l’attention des travailleurs. Alors oui, l’endroit était bondé et il avait surement beaucoup de clients à servir. Mais était-ce une raison suffisante pour la snober ? Vexée d’être si peu considérée, elle décida de lui jouer un mauvais tour. Ça lui apprendrait, tiens. « Il paye pour moi. » Commenta-t-elle, en pointant du doigt un client qui se trouvait à l’extrémité du bar. Elle ne laissa aucune chance au serveur de vérifier cette information, et retourna vers la piste de danse. Ses lèvres attrapèrent la paille, et elle goûta au breuvage qui lui avait été servi. Elle fit la moue, peu convaincue — cette boisson manquait clairement d’alcool à son goût — et retourna s’installer aux côtés des richissimes oligarques russes qui avaient débarqué à Brisbane à la fin du mois de Décembre pour fêter le passage à la nouvelle année. Elle avait d’ailleurs été conviée à leurs côtés le 31 au soir, et avait volontairement laissé planer le doute quant à sa présence — à vrai dire, elle espérait faire monter encore un peu les enchères, qui étaient pourtant déjà bien hautes. Elle en voulait toujours plus, Naomi. Perdue dans ses pensées, elle ne bougea pas lorsqu’elle sentit la poigne possessive de son voisin se refermer autour de son genou découvert. Les lèvres du slave se perdirent sur sa clavicule, et alors que l’escort-girl superposait machinalement sa main sur celle de son client, elle fronça légèrement les sourcils en croyant apercevoir un visage familier parmi la foule. Elle se redressa légèrement, cherchant à revoir cet individu dont elle n’avait plus entendu parler depuis des mois — à tel point qu'elle avait fini par se demander s’il n’avait pas quitté précipitamment la ville, sans prévenir personne. Et quand elle tomba à nouveau sur sa silhouette familière, Naomi évoqua le premier prétexte bidon qui lui passait en tête pour se soustraire aux assauts de son client — grandement aidée par son ami, qui se dirigeait vers les toilettes. « Je vais me refaire une beauté, je reviens. » Elle fouilla dans son sac à main, attrapa son mascara et son rouge à lèvres, et poussa sans hésitation la mauvaise porte des toilettes. Un homme, vraisemblablement éméché, lui fit une remarque incompréhensible (dont elle ne tint évidemment pas compte), et lorsque celui-ci quitta les lieux, la brune prit la parole : « Au début, j’ai vraiment cru que j’hallucinais. » Comment pouvait-il être là, après tout ce temps ? Un sourire étira ses lèvres, et elle poursuivit : « Et puis après quelques secondes, je me suis dit que les ressemblances étaient vraiment trop grandes et trop flagrantes pour n'être que des ressemblances. » Et pour cause… « Et maintenant que j’ai une vue imprenable sur ton fessier, je suis désormais certaine qu’il s’agit bien de toi, Rudy. » Et quand celui-ci consentit finalement à se retourner vers l’Australienne, cette dernière ne put s’empêcher de sourire. Parce qu’elle était vraiment contente de le revoir, pour de vrai. @Rudy Gutiérrez |
| | | | (#)Mer 5 Jan 2022 - 15:15 | |
| Dans quelques jours, son agent de probation commencera à vérifier s’il ne fait pas le con, s’il obéit aux ordres qu’on lui a donné. Il vérifiera qu’il ne passe pas ses soirées à se bourrer la gueule, qu’il n’a pas des fréquentations qu’il ne devrait pas avoir, qu’il ne prépare pas un coup qu’il regrettera. C’est exactement ce qu’il est en train de faire, car Rudy le sait, l’homme ne le pense pas assez stupide pour risquer de retourner en prison dès ses premiers jours de liberté. Il a fait preuve d’indulgence en se disant que c’étaient les fêtes et que le mexicain allait forcément vouloir célébrer avec un peu d’alcool et autres cochonneries. Il n’aurait pas dû : si Rudy est là ce soir, après Noël et avant le nouvel an, ce n’est pas que pour s’amuser et finir l’année en beauté. Il a rendez-vous avec un homme qui est supposé lui fournir une arme – il espère que celui-ci est vraiment fiable et qu’il n’est pas en train de s’embourber dans quelque chose. Il veut se venger d’Erika, il sait pertinemment qu’il retournera en cellule après avoir fait son coup. Il ne veut pas que ce soit avant. Il ne veut pas que ce type soit un flic déguisé, ou une taupe pour eux. Il veut que tout se passe bien, sans encombre. Rentrer chez lui avec l’arme et ne plus y penser jusqu’au moment où il passera à l’acte. Erika peut dormir sur des deux oreilles : le Gutiérrez n’a pas l’intention d’aller toquer ce soir – d’ailleurs, il ne toquera pas. Un verre à la main, il croise le regard de l’homme de la situation : celui-ci lui fait un signe de tête en direction des toilettes. Rudy jette un coup d’œil autour de lui pour analyser rapidement la situation et savoir s’il se fait piéger ou si tout ira bien. Il ne remarque rien d’anormal, il suit donc le type jusqu’aux toilettes après avoir fini et reposé son verre sur le comptoir. « T’as c’qu’il me faut ? » Il demande en arrivant à sa hauteur, près des urinoirs. « Ouais, toi ? » Rudy hausse ses épaules et sort de sa poche arrière une enveloppe, qui contient une somme d’argent assez importante : un peu des sous qu’il lui restait avant d’être emprisonné en juin. L’homme ne lui fait pas l’affront de compter devant lui et lui donne l’arme, c’est la première fois que le mexicain met la main sur quelque chose du genre. Face à un urinoir, il entend l’homme avec qui il vient d’échanger prendre un accent de faux bourré en quittant la pièce. « Au début, j’ai vraiment cru que j’hallucinais. » Il reconnaît cette voix. Il soupire légèrement et écarte le tissu de son jean pour glisser l’arme entre son caleçon et celui-ci, avant de remettre sa chemise par-dessus. Il vérifie que ça ne se voit pas trop en baissant la tête, mais il n’est pas vraiment sûr de lui. « Et puis après quelques secondes, je me suis dit que les ressemblances étaient vraiment trop grandes et trop flagrantes pour n’être que des ressemblances. Et maintenant que j’ai une vue imprenable sur ton fessier, je suis désormais certaine qu’il s’agit bien de toi, Rudy. » Il serre les dents et se retourne, en priant tout ce qu’il peut pour que l’arme ne se voit vraiment pas. Le sourire de Naomi fait sourire le mexicain, lui aussi, même s’il aurait été plus à l’aise de la rencontrer quelques secondes plus tôt. Il aurait annulé cet échange, pour ne pas se faire remarquer. « Parce que quelqu’un t’as permis d’mater comme ça ? » Il demande, sur un ton taquin, avant de se rapprocher d’elle – et de la porte des toilettes. « Vaut mieux qu’on sorte d’ici avant qu’un type s’ramène et exige un plan à trois, tu crois pas ? » Et plus vite ils seront dans la pénombre du bar, mieux il se portera avec l’arme qui est cachée dans ses vêtements. « Tu fais quoi ici ? J’te paie un verre ? » Ils ne se sont pas vus depuis longtemps et pour cause, Rudy était enfermé. Mais il dirige la chose comme si c’était elle qui avait disparue, parce que c’est ce qu’il fait toujours : pourquoi s’attribuer tous les torts quand on peut essayer de les redistribuer ? « Tu sais c’que j’faisais ou tu m’pensais mort et enterré ? » Parce que c’est vrai que Naomi n’est pas la première personne appelée pour être mise au courant quand Rudy fait une connerie : les autres Gutiérrez ne la connaissent pas – du moins la famille proche du brun – et c’est mieux ainsi, pour tout le monde.
@Naomi Carlson |
| | | | (#)Dim 16 Jan 2022 - 10:47 | |
| Suivre un garçon jusque dans les toilettes d’un bar ? Voilà une activité à laquelle Naomi ne pensait pas s’adonner ce soir. Mais la surprise venait surtout du fait que la brune n’y allait pas pour le travail (elle avait dépassé ce stade depuis une bonne dizaine d’années maintenant), mais plutôt pour s’assurer que la silhouette qu’elle avait repéré était bien celle de son ami Rudy. L’homme, devenu invisible pendant quelques mois, et qui avait l’air d’avoir réapparu comme magie. Elle se faufila entre les corps qui se déhanchaient, jeta un regard noir à un homme qui tentait de se mettre sur son passage, et contourna un jeune couple qui n’allait probablement pas tardé à quitter cette soirée. Elle s’orienta vers les toilettes des hommes et, après avoir jeté un coup d’oeil par dessus son épaule, entra et évita de justesse un homme qui quittait précipitamment les lieux. Louche, mais elle n’en avait que faire : elle n’était pas venue pour prendre quiconque en flagrant délit d’on ne sait trop quoi. « Non. Comme personne n’a pensé à m’octroyer ce droit, j’ai décidé de le prendre toute seule. » Rétorqua-t-elle, avant de croiser les bras sur sa poitrine et d’ajouter : « Comme une grande fille. » Qu’elle était ; chaque jour qui passait l’éloignait un peu plus de ses trente ans, à son grand désespoir. Mais elle n’était pas venue pour se lamenter sur le fait de vieillir ; elle s’avança vers le miroir, se pencha sur son propre reflet, et vérifia que son maquillage était toujours impeccable. Puisqu’elle avait justifié son départ par une retouche, elle se sentit obligée de remettre un trait de rouge à lèvres, qu’elle travailla légèrement en pinçant les lèvres. « C’est mieux comme ça. » Dit-elle, plus pour elle-même que pour faire la conversation avec Rudy — qui devrait se foutre de son allure comme de sa première dent. Un léger rire s’échappa des lippes de l’Australienne lorsque son ami lui proposa de s’en aller, avant qu’ils ne soient sollicités pour des éventuels plans à trois. « Parce que tu le laisserais faire ? » Demanda-t-elle, faussement offusquée, alors qu’elle posait une main parfaitement manucurée sur sa poitrine. Elle se retourna finalement vers son interlocuteur, fit quelques pas en sa direction, et posa la même main sur son torse. Elle se pencha jusqu’à rapprocher les lèvres de son oreille, et murmura : « Sans vouloir t’offenser mon cher… Un plan à trois avec moi, ce n’est pas dans tes moyens. » Elle s’éloigna définitivement de lui, souriante et transportée par la légèreté de leur échange. Elle savait qu’il ne s’agissait que d’un interlude dans sa soirée, et qu’elle devrait tôt ou tard retourner auprès de ses clients. « Va pour un verre. » Accepta-t-elle, emboîtant le pas du brun. Le dernier avant quelques heures, se promit-elle mentalement ; elle se devait de rester vigilante et parfaitement maitresse d’elle-même. « Mais je ne pourrai pas rester longtemps. » Avoua-t-elle à voix basse, sans épiloguer sur le sujet. Rudy savait pertinemment comment Naomi gagnait sa vie ; il saurait donc lire entre les lignes, et devinerait sans peine les raisons de son manque de temps. « Mort et enterré. » Répondit-elle en haussant les épaules, sans une once d’hésitation. Bon, il était vrai qu’elle n’avait pas été jusqu’à imaginer une issue aussi dramatique pour Rudy ; néanmoins, alors que son sourire charismatique pointait aux abonnés absents, elle avait compris qu’elle ne le reverrait probablement pas de si tôt — si tant est qu’elle le reverrait un jour, d’ailleurs. « Ou fuyant je ne sais quoi. » Ajouta-t-elle en relevant les yeux vers lui. Si elle essayait de le sonder ? Évidemment. Mais elle n’était pas madame Irma, et elle comptait clairement sur son interlocuteur pour éclairer sa lanterne. « Tu comptes faire des mystères, ou tu vas me dire ce que tu as fait au cours des derniers mois ? » Demanda-t-elle, alors que Rudy jouait des coudes pour arriver jusqu’au bar. Elle se faufila derrière lui, profitant de sa carrure pour suivre son sillon, et posa un coude sur le comptoir. « En tout cas, tu as bonne mine. » Fit-elle remarquer en souriant légèrement. Elle se hissa sur la pointe des pieds, vérifia que ses clients n’étaient pas en train de la scruter (les russes n’étaient pas du genre à partager), et replongea son regard dans celui de Rudy. « Tu comptes rester à Brisbane ? » Demanda l’escort-girl, alors que le serveur faisait glisser leurs commandes vers eux. Naomi attendit que Rudy s’empare de la sienne, avant d’en faire autant. Elle attendait qu’il choisisse à quoi trinquer.
@Rudy Gutiérrez |
| | | | (#)Sam 29 Jan 2022 - 13:02 | |
| Rudy ne pensait pas tomber sur une tête connue, ce soir. Ou plutôt : il ne pensait pas. Tout court. Il ne s’est pas dit à un seul moment pouvoir tomber sur une connaissance ou être tout simplement surveillé par son agent de probation. Il s’est foutu de toutes les statistiques allant à son encontre pour se foutre dans une nouvelle galère. Et maintenant qu’il a l’arme en sa possession, qui peut quoi que ce soit contre lui ? Personne. Sauf si on vient à s’en rendre compte mais, sous sa chemise, ça fait mouche : on est incapable de deviner quoi que ce soit. Il en est satisfait. Il sait que la foule du bar ne va pas l’aider à garder sa couverture bien longtemps et que le mieux à faire et de s’en aller au plus vite. Mais il aurait l’air bien trop louche s’il se mettait à fuir Naomi. Il est plutôt du genre à faire semblant de lui courir après que d’aller en sens inverse. C’est pour ça qu’il se tourne en sa direction et commence à faire la discussion comme si de rien n’était. « Non. Comme personne n’a pensé à m’octroyer ce droit, j’ai décidé de le prendre toute seule. Comme une grande fille. » Elle peut s’octroyer tous les droits qu’elle veut sur le corps de Rudy, il n’en dira jamais rien. Elle se déplace légèrement pour pouvoir se remaquiller, chose qui n’interpelle pas réellement le mexicain. Il a plutôt l’habitude, avec elle. « C’est mieux comme ça. » « C’était déjà bien avant. » Qu’il dit. Il vole des compliments, une habitude prise avec elle qui ne le quittera pas d’aussitôt. Et même des mois après leur dernière rencontre, ça lui revient comme si c’était hier. « Parce que tu le laisserais faire ? » Elle demande, suite à sa mention d’un plan à trois. N’importe qui pourrait rentrer ici et se faire le moindre film, il essaie de l’entraîner vers la sortie. Elle se rapproche de lui, pose sa main sur son torse. « Sans vouloir t’offenser mon cher… Un plan à trois avec moi, ce n’est pas dans tes moyens. » Le sourire en coin qui se dessine sur les lèvres de Rudy parle pour lui : il n’est pas de cet avis, et il ne veut pas parler d’argent. « Si tu l’dis. » C’est tout ce qu’il répond alors qu’ils quittent enfin les toilettes des hommes. « Va pour un verre. Mais je ne pourrai pas rester longtemps. » Tant mieux. « Oh, ok. » Il ne dit pas ce qu’il pense, pour une fois. Il ne veut pas paraître impoli et la faire fuir, même si, en vrai, ça pourrait l’arranger de partir plus vite que ça. Boire un verre, c’est risquer que l’arme tombe environ quinze fois. S’ils vont en la direction du bar, c’est bien parce qu’il accepte de prendre ce risque. « Mort et enterré. Ou fuyant je ne sais quoi. » Les théories sont nombreuses. Il sait que Lena a pu s’en faire tout un tas, elle aussi, quand il a été emprisonné deux ans et qu’il n’a pas daigné lui dire. Rudy Gutiérrez est un homme qui aime être à quelques mètres d’une personne sans l’annoncer. Enfermé, bloqué, il préfère qu’on l’imagine en train de vadrouiller que derrière des barreaux. Ça rend son existence plus belle, plus intéressante. Là, ce n’est que dramatique. Et ce second emprisonnement a été bien moins digéré que le premier. S’il croyait avoir mérité – en partie – le premier, il ne comprend toujours pas ce qui a causé le second. « Tu comptes faire des mystères, ou tu vas me dire ce que tu as fait au cours des derniers mois ? » Ils arrivent enfin au bar et Rudy réfléchit quelques secondes. Est-ce qu’il a envie de l’avouer tout de suite ou est-ce qu’il veut jouer avec ses nerfs d’abord ? La réponse est évidente mais pour une fois, il veut bien être sage. « En tout cas, tu as bonne mine. » Le passage chez le coiffeur à sa sortie de prison lui a fait du bien, en effet. « J’étais d’nouveau en prison. » Il hausse ses épaules, soupire légèrement. « J’ai fait quelque chose que j’trouve justifié mais qui n’est pas légal. Et… Bref, j’ai été libéré donc c’est qu’j’ai pas si merdé que ça, non ? » C’est ce qu’il se dit. Ce qu’il ignore, c’est qu’il a été libéré par la femme qu’il a tenté d’arnaquer tout simplement parce que celle-ci est enceinte de lui. « Tu comptes rester à Brisbane ? » Il hoche vivement sa tête et prend le verre tendu par le barman. « Ouais, ma famille est ici. » Sa famille reste son argument le plus pertinent, même s’ils adorent tous le détester. « A ma liberté, à nos retrouvailles. » Il trinque avec elle, il y a tant de choses à fêter : sa future incarcération, par exemple, après avoir utilisé l’arme qui est en train de brûler sa peau. Elle n’est pas chaude, non, mais la pression qu’elle lui met l’est, elle. « Et toi ? Tu d’viens quoi ? » Il demande en regardant rapidement autour d’eux. « Fais-moi rêver, c’qui le coupable c’soir ? » Il veut voir pour qui elle travaille. Il a beau avoir fréquenté le monde de la nuit pendant des années, Rudy n’aime vraiment pas l’idée qu’elle fasse ce boulot. Elle pourrait trouver mieux, si seulement elle cherchait un peu.
@Naomi Carlson |
| | | | (#)Dim 6 Fév 2022 - 13:35 | |
| « T’es gentil. » Répondit Naomi, avec un sourire en demi-teinte. Elle savait pertinemment que Rudy le pensait, et qu’il n’avait pas dit ça pour lui faire plaisir. Oui, même avant sa retouche, elle n’était pas si mal. Même au naturel, d’ailleurs, Naomi restait belle. Mais plus le temps passait, et plus elle s’appliquait quand il s’agissait de ses artifices. Elle espérait, naïvement, que le temps n’agirait pas sur ses traits lisses. Qu’elle conserverait ce sourire éclatant, qu’elle resterait cette femme fatale qui faisait tourner les têtes — et surtout celles des hommes. Elle s’aventura dans un jeu dangereux avec Rudy qui, au fond, lui faisait plus penser à une vaste blague. Il n’avait jamais été question de relations charnelles entre eux, ni même d’un dérapage quelconque. « Je ne veux pas en savoir davantage. » Confessa l’escort-girl en secouant la tête, qui ne s’imaginait pas de faire de Rudy un client. « Je préfère te penser asexué. » Tout en sachant pertinemment qu’il ne l’était pas. Elle sourit, amusée par ses propres idioties et par la tête, offusquée, de son ami. Elle se hissa sur la pointe des pieds, et déposa furtivement ses lèvres sur joue du brun. « Sans rancune. » Murmura-t-elle, malicieuse. Ils quittèrent finalement leur lieu de retrouvailles, et retrouvèrent la foule dense et compacte du Sixteen Antlers. Naomi était contente que la soirée soit une réussite ; ça lui permettait de s’octroyer quelques minutes de répit, loin de son client et de son groupe d’amis. Elle s’autorisait une parenthèse en compagnie d’une vieille connaissance, et savait qu’elle n’aurait jamais pu se permettre un tel écart si l’endroit n’avait pas été aussi rempli.
Ils avaient dû jouer des coudes pour arriver jusqu’au comptoir, et se faire servir. Après avoir commandé, Naomi entreprit de questionner son ami sur ses derniers mois, au cours desquels il avait purement et simplement disparu de la circulation. « Vraiment ? » Demanda-t-elle en roulant des yeux. Il annonçait cela avec nonchalance, allant même jusqu’à hausser les épaules et soupirer. « Est-ce que ta légendaire impulsivité t’a joué des tours ? » Elle savait que Rudy n’était pas un enfant de choeur. Elle savait qu’il trempait dans des choses peu claires. Mais elle n’en avait jamais rien eu à faire. Elle ne l’avait jamais jugé, et ne l’avait jamais sermonné. Après tout, c’était un grand garçon ; il savait que certains actes pouvaient avoir des conséquences. « Et tu as décidé de te ranger ? Ou tu prépares déjà un prochain mauvais tour ? » Connaissant Rudy, c’était quitte ou double. Le serveur fit finalement glisser leurs verres sur le comptoir et, machinalement, Naomi déposa un billet de vingt dollars. « C’est ma tournée. » Dit-elle en donnant son verre à Rudy. Qu'il en profite, c'était rare. « A ta liberté, et à nos retrouvailles alors. » Répéta Naomi en faisant tinter leurs verres. « Tu es venu seul ? » Demanda-t-elle, en se retournant machinalement pour voir si un groupe d’amis les pointait du doigt en riant, ou si une femme la fusillait du regard. Elle revint rapidement sur terre lorsque Rudy, à son tour, lui fit faire le point sur sa propre vie. « Les semaines se suivent et se ressemblent. » Admit l’Australienne en portant la paille de son cocktail jusqu’à ses lèvres charnues. C’était une façon comme une autre de faire savoir à son interlocuteur que sa situation, au moins professionnelle, restait la même. Ce qu’il comprit immédiatement, puisqu’il demanda qui était son client de la soirée. « Tu vois le groupe d’hommes dans l’espace VIP ? Normalement, ils gesticulent beaucoup et parlent fort. » Précisa Naomi. Et c’était notamment dû à la quantité d’alcool qu’ils avaient déjà ingurgité, depuis le début de la soirée. Quand ils venaient en Australie, ces hommes oubliaient toutes leurs manières et leurs moeurs. Ils n’avaient qu’un seul mot d’ordre : profiter. Et pour eux, ce verbe impliquait forcément beaucoup d’alcool, et des escorts. Naomi ne s’en plaignait pas ; ils étaient fidèles et généreux. « Il s’agit de l’un d’eux. Oligarque russe. Un habitué. » Confessa-t-elle en haussant les épaules. D’après ce qu’elle avait compris, d’autres filles devraient arriver au cours de la soirée. Une chose était sûre ; lorsque les lumières se rallumeraient pour indiquer la fermeture de l’établissement, chacun de ses hommes repartirait avec sa conquête au bras.
@Rudy Gutiérrez |
| | | | (#)Jeu 10 Fév 2022 - 14:03 | |
| « T’es gentil. » Gentil n’est pas le mot que l’on attribue normalement à Rudy. Bien au contraire. On ne le dit pas méchant, on préfère le mot maladroit. Ce n’est jamais de la maladresse lorsqu’il s’attaque aux autres. Ce n’est pas réfléchi non plus. C’est impulsif, mais inné. Il n’a rien d’un bon gars et ça dure depuis des années. Il a bon fond, oui. Mais il faut énormément creuser pour trouver le type sous cette carapace, qu’il s’est construite au cours de ces deux dernières décennies. Naomi en a un aperçu, de temps en temps, parce qu’il tient à elle. Elle peut le penser gentil parce qu’il n’a rien de mauvais à lui dire, à elle. Il suffit d’un dérapage pour que tout change ; il espère que ça n’arrivera pas ce soir – ni jamais, en fait. Il l’aime bien, pour de vrai. « Je ne veux pas en savoir davantage. Je préfère te penser asexué. » Elle peut penser ce qu’elle veut, Rudy n’a plus rien à prouver. « Si ça peut t’aider à dormir la nuit. » Il grimace légèrement mais remplace rapidement sa moue par un sourire. Il est inutile d’insister à ce sujet-là : ils n’ont jamais été dans cette optique, tous les deux, et ce n’est certainement pas dans les toilettes des hommes que ça va changer. « Sans rancune. » Elle lui fait une bise et ils sortent enfin de cet endroit pour rejoindre la foule et, ensuite, le bar. Il lui a proposé de lui payer un verre même s’il ne devrait pas traîner ici, autant y aller directement.
Rapidement, le sujet d’où est-ce qu’il était durant ces derniers mois. Il lui parle de la prison sans chercher à s’en cacher : son casier judiciaire n’est plus vierge depuis longtemps et il a réussi à rajouter quelques lignes, une fois de plus. Elle ne l’aurait jamais su s’il ne l’avait pas dit mais le mexicain a l’impression que c’est gravé sur son front. « Vraiment ? Est-ce que ta légendaire impulsivité t’a joué des tours ? » Cette fois-ci, le plan était pensé de A à Z. « Nan. Mais j’peux pas trop en parler. » Ils sont nombreux, dans ce bar. Il n’a pas envie que des oreilles qui traînent perçoivent les informations et entendent ça comme des aveux. Les charges ont été abandonnées, il est inutile de ressasser le passé. « Et tu as décidé de te ranger ? Ou tu prépares déjà un prochain mauvais tour ? » Il sent l’arme contre son dos et se pince les lèvres. « Euuuh… Tu peux déjà t’renseigner sur les visites carcérales si ça t’dit. » Parce que pour lui c’est sûr et certain : il va passer des années derrière les barreaux. Et sa nouvelle incarcération sera dans quelques jours. Pour meurtre. Rien que ça. « J’peux pas t’en dire plus. Et j’veux pas. » Il veut éviter que ses amis passent pour des complices si jamais il va réellement au bout de son idée. Savoir pour une escroquerie et pour une planification de meurtre, c’est deux choses différentes. « C’est ma tournée. » Elle paie les verres servis et il fronce les sourcils mais ne dit rien. Il attrape seulement son verre et ils trinquent enfin. « A ta liberté, et à nos retrouvailles alors. Tu es venu seul ? » Elle regarde autour d’elle pour trouver un groupe auquel il pourrait faire partie. « Ouais. J’peux pas faire une rencontre si j’viens déjà accompagné. » Il dit ça mais ne prévoit vraiment pas de repartir avec quelqu’un. Déjà parce qu’il a l’arme et surtout parce qu’il habite chez May, en ce moment, et il ne se voit pas y ramener une conquête. A son tour, il lui demande ce qu’elle devient et qui est son client du soir – il n’est pas dupe, il sait pourquoi elle est ici. « Les semaines se suivent et se ressemblent. » Malheureusement. « Tu vois le groupe d’hommes dans l’espace VIP ? Normalement, ils gesticulent beaucoup et parlent fort. Il s’agit de l’un d’eux. Oligarque russe. Un habitué. » Il voit très bien de qui elle veut parler, oui. « Ma foi. » Il boit une gorgée de son verre et soupire légèrement. « Si tu pouvais refaire l’monde, tu l’ferais différemment ? » Quand il était gosse, Rudy ne s’imaginait pas en arriver là à vingt-neuf ans. Avant que son père se révèle être un enfoiré de menteur et un lâche qui abandonne sa famille, le jeune homme pensait avoir une vie normale. Il s’imaginait tatoueur, avoir une femme, peut-être des gosses. Il se voyait tourné vers la famille et continuer d’aller les voir constamment. Des amis, un job plaisant. Il ne se voyait pas dans un bar, tard, un flingue dans le dos et un plan morbide dans le crâne après une arnaque ratée. Il n’imaginait pas sa petite sœur être malade d’un cancer. Il ne voyait rien de tout cela. Tous les événements découlent-ils de son enfance ratée ? Il n’en sait rien. Il pourra mettre le meurtre sur le dos de son père durant un temps, juste pour laisser cette hypothèse vivre de beaux jours.
@Naomi Carlson |
| | | | (#)Sam 19 Mar 2022 - 12:20 | |
| Naomi n’avait pas été surprise d’apprendre que Rudy avait, de nouveau, fait un séjour en prison. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il avait déjà passé de longs mois à l’ombre, rattrapé par l’impitoyable justice. L’escort-girl adorait Rudy, mais elle savait aussi que ce n’était pas un homme bien — en tout cas, avec la plupart des gens. Parce que pour sa part, elle n’avait jamais eu à subir les foudres du mexicain. « Ce n’est pas grave. » Dit-elle en haussant les épaules alors qu’il lui faisait comprendre qu’il n’en dirait pas davantage. Elle ne lui en voulait pas ; même si sa curiosité avait été piquée, ne pas connaître les tenants et aboutissants de cette histoire ne l’empêcherait pas de dormir la nuit. Et si elle espérait que ce séjour en prison lui avait remis les idées dans le droit chemin, c’était mal le connaître ; déjà, il projetait d’y retourner. « Je t’apporterai des oranges. » Promit-elle en souriant. Si la plupart des gens les entendait parler, ils seraient probablement hallucinés de les voir badiner sur un sujet aussi grave que la prison. Hallucinés d’entendre que la brune écoutait, sans sourciller, son interlocuteur suggérer qu’il était sur le point d’accomplir un méfait suffisamment conséquent pour l’envoyer sous les verrous pour un petit moment. Hallucinés de comprendre qu’elle ne ferait rien pour essayer de l’en dissuader — à quoi bon ? Rudy n’avait jamais rien écouté d’autre que lui-même et ses sautes d’humeur. Si elle avait été dans les parages au moment où il s’apprêtait à franchir la ligne blanche, alors oui, elle pourrait peut-être faire quelque chose. Mais si elle n’était pas là… « Et du chocolat, si vraiment tu restes longtemps. » Elle en était parfaitement capable, Naomi. Même si, naturellement, elle préférerait s’abstenir. Les endroits où grouillaient le personnel affilé à la loi, elle préférait éviter. En attendant d’être à nouveau sous les verrous, le maître mot pour Rudy semblait être « profiter ». Comment lui en vouloir, d’ailleurs ? « Pour une nuit ou pour la vie ? » Demanda-t-elle en arquant un sourcil. Mais elle connaissait Rudy, et son goût pour l’épicurisme. Elle devinait aussi que ses projets d’avenir ne devaient être établis que sur du court terme, en raison des conneries qu’il avait l’air de vouloir faire. L’Australienne jeta un coup d’oeil aux alentours, et son regard s’arrêta un moment sur un groupe de filles qui riait fort (trop fort), à quelques enjambées à peine. « Tu devrais pouvoir faire ton marché là-bas. » Ricana l’escort-girl en penchant légèrement la tête pour lui montrer de qui elle parlait. Il serait beau, au milieu de son harem nouvellement constitué. Et il aurait du succès, Naomi en était persuadé. Contrairement à Rudy, la brune n’était pas venue dans ce Club en solitaire. C’est au bras d’un oligarque qu’elle était arrivée, la tête haute alors que ses talons claquaient le sol avec assurance. « Il n’est pas méchant. » Précisa Naomi en haussant les épaules, alors qu’elle portait la paille de son cocktail à ses lèvres. Ça pouvait paraître logique, mais pour la brune, il s’agissait déjà d’une petite victoire. Au moins, ce soir, elle ne risquait rien. Elle soupira, et fit la moue en prenant le temps de réflexion nécessaire pour répondre à la question de Rudy. « Je ne sais pas. » Avoua-t-elle, étrangement mitigée sur la situation. « Il y a des choses que je changerais, c’est sûr… » Elle se comporterait mieux avec sa grand-mère. Elle serait plus sérieuse à l’école. Peut-être choisirait-elle ne de pas avoir clandestinement, à seize ans à peine. « Mais au fond, je crois que je ne suis pas la plus à plaindre. » À vrai dire, elle en était même persuadée. Elle avait un toit au-dessus de sa tête, de quoi manger, et un rythme de vie plutôt cadencé. Alors oui, sa profession n’était pas la plus reluisante qui soit — mais au moins, elle ne dépendait de personne d’autre que d’elle-même. « Et toi ? » Demanda-t-elle en relevant les yeux vers lui, curieuse d’entendre sa réponse. Le mexicain pouvait être si mystérieux, parfois. « Pourquoi cette question, d’ailleurs ? » Était-il rattrapé par ses vieux démons ? Se posait-il des questions sur lui, sa famille, ses projets, ses envies futures ? Craignait-il de devoir un jour subir les foudres d’une entité supérieure, qui lui demanderait des comptes sur tous les délits qu’il avait accompli ?
@Rudy Gutiérrez |
| | | | (#)Ven 8 Avr 2022 - 8:39 | |
| « Je t’apporterai des oranges. Et du chocolat, si vraiment tu restes longtemps. » C’est tout ce qu’il veut entendre. Les discours pour lui faire comprendre qu’il doit tout faire pour ne pas retourner en prison, il en a entendu suffisamment depuis sa première libération. Si c’était aussi simple que ça, bien sûr qu’il le ferait. Il se tiendrait à l’écart de toutes sources de conflits et deviendrait l’homme le plus sage de la terre. Mais non, ce n’est pas aussi facile que cela. Il est l’homme qu’il est, et même s’il a essayé, il faut se rendre à l’évidence : il ne changera jamais. Pas en un claquement de doigts, en tout cas. Il luttera probablement toute sa vie contre ses propres démons pour devenir un tant soit peu meilleur. Pas dit qu’il y arrive. Alors avoir une amie comme elle, qui ne juge pas et qui souhaite même l’accompagner, ça a du bon. Des oranges et du chocolat, va pour ça. « J’savais que j’pouvais compter sur toi. » Oh oui, il le savait. Même s’il ne pensait pas tomber sur elle ici, ce soir. Il est venu seul et se trouve des prétextes. Il imagine repartir avec quelqu’un même si, en réalité, il savait très bien qu’il allait rentrer bredouille. Ce n’est pas une femme qu’il est venu récupérer, ce soir, mais une arme. « Pour une nuit ou pour la vie ? » Il hausse ses épaules. « Pour l’temps qu’elle m’supportera. » Rudy ne s’engage pas. Il l’a fait qu’une fois, réellement, avec Lena. Une histoire d’amour qui a laissé des marques, que ce soit pour la blonde ou pour le mexicain. Lui faire du mal n’a pas été de tout repos, savoir qu’elle ne veut plus le voir le blesse plus qu’il l’aurait imaginé. S’il doit faire une croix sur la famille et le mariage, il peut au moins cocher une case : il a vécu sa grande histoire d’amour, déjà. Il a été amoureux. Tous les hommes ne peuvent pas s’en vanter. « Tu devrais pouvoir faire ton marché là-bas. » Elle lui montre un groupe de filles qui semble passer une bonne soirée. L’envie d’y aller est forte, c’est vrai. Mais il ne peut pas se le permettre, il va devoir rentrer rapidement. Il secoue son visage. « Naaan, elles ont l’air trop nunuches. » C’est une excuse toute trouvée, même si ça ne le gêne pas habituellement. Il ne cherche pas des neurones, il cherche des corps. « Il n’est pas méchant. » Le type avec qui elle est venue ce soir. Tant mieux si ce n’est pas un vieux riche abusif, il y en a trop qui viennent dans ces bars. Ils se croient tout permis parce qu’ils ont de l’argent. Rudy préfère ceux qui se croient tout permis car ils n’ont rien – rien à perdre, comme lui – c’est déjà plus courageux. Et avant de partir, parce qu’il doit remettre pas mal de choses en questions avec ces retrouvailles, Rudy demande à Naomi si elle changerait quelque chose, si elle pouvait tout recommencer. « Je ne sais pas. Il y a des choses que je changerais, c’est sûr… Mais au fond, je crois que je ne suis pas la plus à plaindre. » Il y a toujours pire, c’est sûr. « Et toi ? Pourquoi cette question, d’ailleurs ? » Son verre est terminé, il va falloir partir. « Parce que j’me dis qu’tout aurait pu être différent si certains choix avaient été différents. T’sais comme quoi toutes les causes sont des conséquences d’autres causes, tout ça. » Il hausse ses épaules. « Faut qu’j’y aille. » L’arme qu’il a dans le dos commence sérieusement à le gêner et chaque minute passée ici est un danger potentiel. Il ne peut pas se permettre de se faire choper avant d’avoir pu l’utiliser. La prison à vie, d’accord. Mais autant que ça vaille le coup. Il ne cherche pas à inventer une excuse, il se dit que s'il part précipitemment elle n'aura pas le temps de remarquer que c'est louche. « Content d’t’avoir revue, en tout cas. Et euh… J’sais pas trop à quand. » Tout dépend de quand il ira chez Erika, de quand il se fera embarquer. Toutes ces choses-là, quoi. « J’te laisse aller voir ton gars. » Elle a des projets pour sa soirée, il sait qu’il ne l’abandonne pas au milieu de la piste de danse sans un autre cavalier, heureusement.
@Naomi Carlson |
| | | | | | | | i gotta feeling (rudy&naomi) |
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