Ca faisait presque une semaine qu’Owen était de retour à Brisbane et pourtant, il y avait une personne qu’il n’avait toujours pas vu et surtout, qui n’était pas au courant de ses dernières aventures : Autumn. On aurait pourtant parié qu’elle aurait été la première informée de sa venue en ville, de ses frasques au diocèse, mais pas du tout. Il n’avait pas voulu l’inquiéter, il n’avait pas voulu lui prendre la tête avec ces histoires et avait préféré organiser son retour sereinement, pour ensuite aller la trouver et lui dire. Il devait avouer qu’il redoutait ce moment, allez savoir pourquoi il sentait comme si ce n’était pas forcément une bonne nouvelle pour sa sœur. Rien de fondé, juste une mauvaise intuition, peut être qu’elle allait lui prouver le contraire alors qu’elle le verrait passer la porte. Ce n’était pas une chose inhabituelle, ces dernières semaines, Owen était venu assez régulièrement à Brisbane, ça pourrait être l’une de ces fois de plus. Mais elle allait surement se douter que cette fois ci était particulière. Il débarquait à une heure dont il n’avait pas l’habitude, en pleine semaine. Il n’avait plus rien à cacher à présent, installé chez Hassan, toutes ses affaires attendaient dans un box, le temps qu’il se trouve quelques chose à lui. Il ignorait combien de temps ça lui prendrait, pour ça il faudrait qu’il ai une source de revenue stable et régulière, une question qu’il ne s’était en réalité pas encore posé, persuadé qu’il pourrait vivre des quelques dollars qui seraient versés sur son compte pour les mois à venir, le temps qu’il se retourne réellement de la situation. Mais ça n’allait pas vraiment l’aider à pouvoir trouver un logement autonome. Il se revoyait déjà à proposer une chambre à un étudiant comme ça avait été le cas dans le passé. Mais la colocation ne lui faisait pas tant l’œil que ça à nouveau. Là, chez Hassan, c’était suffisamment grand pour qu’il ne se sente pas à l’étroit et épié, bien que les neveux de son ami prenaient beaucoup de place et qu’il finirait sans doute pas s’essouffler de les avoir sur le dos tous les jours jusqu’à la fin du mois. Mais il n’avait aucune prétention à pouvoir s’en plaindre, l’accueil chaleureux de son ami était largement au-delà de ses espérances.

« Autumn, ouvre. » qu’il lance en frappant pour la troisième fois à sa porte, il savait qu’elle était là parce qu’il avait vu la lumière de dehors. A moins qu’elle ne soit partie en laissant tout allumer, ce qui, en réalité, ne serait pas non plus étonnant. Il commençait à perdre patience, souffla en secouant la tête quand il fit demi-tour jusqu’à l’ascenseur. Sortant alors son téléphone, il chercha son contact dans le cellulaire pour l’appeler, histoire de voir si au moins, elle allait bien ou s’il devait enfoncer la porte, au cas où elle ait fait un malaise dans sa salle de bain. Ce qui là aussi, ne serait pas forcément étonnant… trop de scénario catastrophe possible avec sa petite sœur. Première sonnerie, rien… deuxième… troisième…

@Autumn Galloway

Si 2021 a terminé sur de très mauvaises notes – emphase sur le très, s’il-vous-plaît – il semblerait que tu sois enfin en mesure de faire tourner la roue avec le début de 2022. Même si tu as perdu ton boulot que tu aimais bien à la résidence pour personnes âgés, tu t’es trouvé quelque chose assez rapidement, comme serveuse dans ce café où tu allais tout le temps avec Reese quand tu étudiais en droit. Tu vas sûrement être amenée à travailler de nuit, mais ce n’est pas quelque chose qui te dérange vraiment puisque tu dors à peine de toute façon. Ton insomnie est d’ailleurs pire que jamais depuis quelques mois, mais tu espères que ça va se calmer avec ce vent de renouveau. Tu as enfin réussi à convaincre Mason de signer les papiers d’annulation de ce truc débile qu’était votre « mariage » (quelle connerie, vraiment, c’est ta meilleure à vie celle-là) et tu vas enfin pouvoir mettre cette histoire derrière toi, six mois après les faits. Tu as été cherché les papiers officiels et il ne te reste plus qu’à faire signer ton imbécile de mari et tu vas être libérée. Le plus miraculeux dans tout ça? Tu as réussi à garder le secret sur cette histoire auprès de ta famille pendant tout ce temps. Tu n’oses même pas imaginer comment tes parents auraient réagi, et Owen, monsieur le prêtre, aurait sans doute fait une crise de cœur de voir que tu as pris un serment aussi important que celui du mariage avec si peu de sérieux. Non, c’est mieux que tout ça reste dans l’ombre surtout que d’ici quelques semaines, ce sera officiellement de l’histoire ancienne, thank god.

Tu approches enfin de ton bloc appartement, papiers en main lorsque tu sens ton téléphone vibrer dans la poche de ton jean. C’est le prénom de ton frère qui apparaît sur l’écran et tu décides de ne pas répondre, te disant que tu allais le rappeler quand tu serais rentrée et que tu aurais pris le temps de manger un truc. Tu travaillais à 6h ce matin et t’as rien bouffer depuis que tu t’es levée, tu veux juste rentrer chez toi, grignoter un truc, prendre une douche et sans doute faire la meilleure sieste de l’histoire de l’humanité. Mais ton téléphone se remet à vibrer encore une fois. Et puis encore et c’est au bout du quatrième appel que tu finis par décrocher, un peu énervé par l’insistance de ton frère. Tu viens à peine de rentrer dans ton immeuble quand tu lâches « Qu’est-ce que tu me veux Owen? » Tu sais que ça va sûrement couper quand tu vas être dans l’ascenseur, mais tu t’en fiches, il peut bien se parler tout seul pendant quelques secondes. Seulement, quand l’ascenseur te dépose finalement sur ton étage, tu tombes nez à nez avec ton frère qui, comme tu te l’étais imaginée, se parle tout seul puisque tu n’entends rien de ton côté. « Qu’est-ce que tu fous là? » que tu dis, dans le combiné autant que devant lui et puis réalisant à quel point tu dois avoir l’air ridicule, tu raccroches et puis replaces ton téléphone dans la poche arrière de ton jean. « Qu’est-ce que tu fais à Brisbane en pleine semaine? Tu travailles pas? » Si tu le harcèles de questions avec un air bête, ça ne t’empêche pas de t’approcher de lui pour le prendre dans tes bras et venir déposer un baiser sur sa joue barbue, oubliant complètement les documents que tu tiens toujours entre tes doigts.

 Il aurait sans doute du prévenir, mais il avait pris le risque qu’elle ne soit pas présente chez elle, en venant à l’improviste. Il avait eu un espoir lorsqu’il avait remarqué la lumière dans son appartement, mais très vite sans réponse de sa part, il avait compris que c’était juste un oubli. Mais, il voulait tout de même s’en assurer. La fait qu’elle ne réponde pas à ses appels pouvait l’inquiétait. Non, ca l’inquiétait, d’où ses tentatives à répétition. Si vraiment, elle ne répondait pas, il comptait défoncer cette porte pour s’assurer qu’elle n’était vraiment pas chez elle et non en train de faire un malaise ou que pouvait-il s’imaginer de pire ? Une tentative de suicide ? Il avait tendance à imaginer le pire à chaque instant avec sa sœur, même lorsqu’elle semblait aller mieux, aller bien. Il avait bien compris que son état psychique était si fragile qu’il ne devait jamais baisser la garde. Sans doute qu’il devrait se détendre, sans doute qu’il devrait pas tant s’inquiéter, mais Autumn lui était bien trop chère pour ne pas s’en faire.  « Qu’est-ce que tu me veux Owen? » Il soupirait de soulagement. « Quand même ! Bon je suis devant chez… » et le signal semblait brouillé, puisqu’il n’entendait vraiment rien au bout du fil. Il leva les yeux au ciel, retirant son téléphone de son oreille pour voir si son réseau était brouillé, mais cela ne semblait pas venir de lui. Toutes les barres étaient bien présentes sur le cellulaire. « Allo ? Tu m’entends ? c’est pas possible… » il entendit à peine la porte de l’ascenseur s’ouvrir derrière lui que c’est bien la voix de sa sœur qu’il reconnu, non pas à travers le smartphone mais bien, dans son dos, enfin, dans les deux, en réalité. « Qu’est-ce que tu fous là? » il se retournai et dans un premier temps, il était deux fois plus soulagé de voir sa sœur entière. « T’as laissé la lumière allumée. » comme si c’était une excuse suffisante pour se trouver devant sa porte en pleine semaine.   «Qu’est-ce que tu fais à Brisbane en pleine semaine? Tu travailles pas? » L’accolade de sa sœur se faisait rassurante, quand même, il avait presque pensé qu’elle lui reprochait d’être ici. « J’ai failli faire demi tour parce que ton accueil était pas satisfaisant. » qu’il lance en souriant, lui, ravie de voir sa sœur. Il a l’impression que ça fait bien trop longtemps, alors qu’ils avaient passé les fêtes de fin d’année ensemble. « Tu me paie un café ? » il fit en jetant un œil dans le tas de papier qu’elle avait entre les mains. Les explications allaient arriver. « t’as des démarches administratives à faire ? » ça ressemble à des formulaires sérieux de l’état, non ? Ca pouvait être tout et n’importe quoi, rien d’alarmant pour le blond.

Ça faisait à peine quelques jours que tu étais rentrée de Toowoomba après les vacances des fêtes, alors tu ne t’attendais pas du tout à tomber sur ton frère alors que vous vous étiez vus à répétition dans les dernières semaines. Ce n’est pas que tu n’étais pas contente de le voir là sur le pas de ta porte, c’est plutôt que tu trouvais le timing étrange et pas particulièrement opportun pour toi qui espérais tant pouvoir te reposer après un début de journée assez mouvementé. Malgré ton air renfrogné et tes mille et unes questions, tu étais contente de voir Owen, évidemment. Tu étais toujours contente de le voir. Votre relation n’était plus tout à fait la même depuis ta fameuse crise et si tu sais qu’il a toujours fait de son mieux pour être là pour toi, tu le sais que c’est plus difficile pour vous de vous comprendre depuis et la distance n’a en rien aidé, toi au Canada ou ici, lui à Toowoomba. D’ailleurs, tu ne comprends pas ce qu’il fait ici et sa réponse te laisse perplexe. « T’as laissé la lumière allumée. » Ça, il ne devait pas le savoir avant d’arriver chez toi et tu continues de le dévisager tout en fronçant les sourcils. « T’as sûrement pas fait 1h30 de route pour venir voir si j’ai oublié d’éteindre ma lumière. » Ce n’était pas la première fois que tu l’oubliais, certainement pas la dernière non plus. Tu étais tête en l’air et c’était souvent ta facture d’électricité qui en pâtissait, pour le plus grand malheur de ton portefeuille qui ne pouvait pas se permettre de dépenses inutiles en ce moment. « J’ai failli faire demi tour parce que ton accueil était pas satisfaisant. » Tu pouffes de rire et sans lui donner le temps de réagir, tu enchaînes les baisers sur sa joue de manière un peu loufoque, à la limite de l’agressivité et une fois terminée, tu te recules pour lui tirer la langue, telle une gamine un peu trop fière de son coup. « C’est mieux comme ça? » Il a toujours eu cet effet là sur toi, Owen. À faire ressortir la petite fille en toi. Peut-être que c’est parce que tu les as entendus mille fois, les histoires qui racontent à quel point il n’en voulait pas de petite sœur, quand il était enfant et que l’adaptation a été longue alors que toi, tu t’es directement attachée à lui, ton grand frère étant éternellement ton point d’ancrage dans toutes les tempêtes de ton univers. Et Dieu sait qu’elles étaient nombreuses, les tempêtes. « Tu me paie un café? » « Un qui vient de ma machine, ça fait l’affaire? » Tu n’avais pas la moindre envie de ressortir et surtout, tu n’avais pas du tout de fric ne serait-ce que pour payer un misérable café à ton frère, non pas que tu t’étais vantée de tes problèmes d’argent pendant le temps des fêtes chez tes parents. Tu avais préféré faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, comme c’était souvent le cas devant les géniteurs Galloway. « T’as des démarches administratives à faire? » « Huh? » C’est seulement à ce moment que tu te souviens des papiers que tu tiens, des papiers que ton frère ne peut absolument pas voir sinon t’es dans la merde, et pas qu’un peu. « Oh, ça, non, c’est rien. » Penses vite Autumn, penses vite. « Juste un changement d’adresse que j’ai oublié de faire. » Pitoyable. En espérant que ton frère avale ça et ne s’intéresse pas plus que ça sur le formulaire entre tes doigts. Tu colles les papiers contre ta poitrine d’une main, de l’autre tu attrapes tes clés dans tes poches et puis tu ouvres la porte de ton appartement, invitant ton frère à rentrer le premier. Sans surprise, Koda vous accueille de quelques aboiements et elle se met à sautiller entre les jambes de ton frère, ne s’attendant sûrement pas à de la visite elle non plus. « T’as toujours pas répondu à ma question. » Et si tu insistes à savoir ce qu’il fait ici, peut-être que ça lui fera tout oublier des papiers qu’il pense avoir vu un peu plus tôt. « Me dis pas que je te manquais déjà. » que tu suggères avec un large sourire, posant les papiers sur le comptoir avant de remplir la carafe d’eau et de partir la machine à café.

« T’as sûrement pas fait 1h30 de route pour venir voir si j’ai oublié d’éteindre ma lumière. »  et peut être qu’il en serait même capable tien ? Non, bon, ces derniers temps, lorsqu’Owen pointait son nez à Brisbane, c’était uniquement pour de très bonnes raisons. La dernière ? Quand Kieran était à l’hopital, trouvant que c’était le moment parfait pour enfin lui tomber dessus. Pas de fuite possible, pas d’échappatoire. C’était peut être la facilité, plutôt que de jouer à cache cache depuis si longtemps, le Galloway avait fini par lui tomber dessus, mais qui refuserait du caviar servie sur un plateau en or ? Personne. L’information d’Autumn n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et Owen avait saisi sur l’occasion pour son séjour en ville. Séjour pendant lequel il s’était un peu trop montré et où il avait aussi mis un pied dans son ancienne quartier général de RedCliff, où il était tombé nez à nez avec le prêtre qui avait pris ses fonctions depuis sa mutation, qui visiblement, n’avait pas trop aimé cette visite surprise. Owen n’aura jamais le fin mot de l’histoire, mais il se doutait bien que celui qui avait vendu la mèche était la dernière personne qu’il y avait croisé. Autumn patientera qu’il soit à l’intérieur de son logement avant de savoir pourquoi il était ici. Mais vu l’accueil réservé par sa cadette, il jouait les offusqués pour réclamer indirectement une accolade et un bisous, comme le vieux la bonne tradition chez les Galloway. « C’est mieux comme ça? »   « tu vois, quand tu veux. » fit-il avec un grand sourire sur les lèvres, réclamant ensuite un café. « Un qui vient de ma machine, ça fait l’affaire? »  il hocha la tête, c’était bien ce qu’il avait en tête.
Autumn était bien rapide à ranger le document qu’elle avait entre les mains quand le -feu- prêtre, s’interrogea sur ce qu’elle allait en faire.   « Juste un changement d’adresse que j’ai oublié de faire. »  il fronça la tête, lui qui était un habitué de la démarche, il savait que depuis quelques années, il n’était plus nécessaire de passer par les papiers pour s’en inquiéter. « va falloir passer au dématérialisé, en deux cliques, c’est fait. » elle qui passait pourtant bien de temps sur son smartphone, les démarches administratives n’étaient pas son fort, même avec le net à portée de main. « j’vais te montrer ça. » s’il pouvait lui éviter de perdre trop de temps, elle pourrait se débarrasser de son formulaire archaïque.
Enfin, le frère et la sœur se trouvaient dans le logement, et le prêtre profita pour éteindre la lumière aussitôt entré. Pas besoin d’éclairage à cette heure. « T’as toujours pas répondu à ma question. » Koda dans les pates d’Owen, il devait sans doute sentir l’odeur des deux chiens d’Hassan, chez qui il logeait depuis quelques jours déjà. « Me dis pas que je te manquais déjà. » après une caresse à Koda, il se redressa et retira ses chaussures pour faire un pas en avant, se dirigeant aussi vers la table. « J’vais revenir à Brisbane. » qu’il lance, en réalité, il était déjà revenu à Brisbane. Il se frotte le haut du crâne, en fronçant les sourcils, regardant sa sœur gérer la machine à café. « enfin, j’suis déjà de retour, plus précisément. » lâcha-t-il sans vraiment assumé qu’il n’en avait pas encore touché un mot à sa propre famille. « Papa et m’man sont pas encore au courant. » ils le pensaient en vacances, comme s’ils pouvaient avoir des vacances à cette période de l’année. « laisse moi me charger de leur dire, juste. »

« Tu vois quand tu veux. » Tu ne réponds que par une grimace, toujours aussi curieuse de comprendre ce que ton frère fait là, mais réellement contente de le voir. Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient entre vous, mais Owen reste Owen et sa présence dans ta vie te serait toujours essentielle. Quand tu comprends d’un signe de la tête que le café de ta machine peut faire l’affaire, tu l’invites à rentrer chez toi, sans réellement prendre en compte qu’il pourrait remarquer tes papiers d’annulation dans les mains. S’il y a bien quelqu’un à qui tu ne souhaites pas partager cette expérience de vie, c’est bien à Owen. Parce qu’il ne comprendrait pas et surtout, oh surtout, il n’approuverait pas de ce que tu as fait, et honnêtement, tu n’es même pas certaine qu’il approuverait de ta démarche de faire annuler le mariage. Tu préfères ne pas avoir la moindre discussion à ce sujet avec lui, pour éviter aussi que cela puisse remonter jusqu’à tes parents. Le changement d’adresse est la première connerie qui te vient en tête, et pour l’instant, ton frère ne semble pas remettre tes paroles en doute, fort heureusement. « Va falloir passer au dématérialisé, en deux cliques, c’est fait. » Ah oui, tout se fait par internet de nos jours, tu avais presque oublié. Ça aurait été cool que tu puisses faire annuler ce mariage sur internet aussi, ça t’aurait sauvé de courir après le basketteur pour sa putain de signature, mais ce ne serait pas drôle si ce n’était pas bien compliqué, pas vrai? Qui aurait cru que faire annuler un mariage serait plus de trouble que de se marier tout simplement? « J’vais te montrer ça. » « Ce sera pas nécessaire, j’ai déjà tout remplis. » Tu pars la machine à café et avant qu’il n’ait le temps de vouloir mettre son nez dans tes affaires plus longuement, tu reprends les documents et va les porter dans le tiroir de ta table de nuit, t’assurant de refermer la porte de ta chambre derrière toi. Tu as sûrement l’air un peu trop secrète pour des stupides papiers de changement d’adresse, mais tant pis. Tu préfères avoir l’air un peu weird (ce qui ne fait pas vraiment changement de d’habitude, à bien y penser) plutôt que de prendre le risque qu’il puisse lire le titre en grosse lettre de ces papiers. Ton frère se départi de ses chaussures et tu reviens à la charge avec tes questions. « J’vais revenir à Brisbane. » Tu t’arrêtes mi-mouvement pour attraper des tasses et puis te retournes à nouveau vers lui, des questions pleins les yeux comme si tu ne comprenais pas ce qu’il venait de te dire. « Enfin, j’suis déjà de retour, plus précisément. » « Hein? » Là c’est clair, il t’a perdu. « T’es revenu t’installé en ville? » Oui, c’est exactement ce qu’il vient de dire Autumn. « Tu restes où? » Il aurait certainement pas déménagé dans un nouvel appartement sans te le dire, non? Du moins, tu oses croire que non. Vous vous dites tout, normalement. Ou presque. N’oublies pas que tu es la première à lui mentir après tout. « Papa et m’man sont pas encore au courant. » Là vraiment, tu ne comprends rien. « Laisse-moi me charger de leur dire, juste. » « Leur dire quoi? » Tu as l’impression qu’il te manque des morceaux de l’histoire, ou alors qu’Owen fait exprès pour être cryptique à mort, tu ne pourrais pas dire. « Ils t’ont repris à l’église ici? » Si c’est le cas, pourquoi est-ce qu’il ne l’a pas dit directement à vos parents? Tu hausses les épaules, et la machine sonne pour annoncer que le café est prêt. Tu défiges enfin, attrapes les tasses comme tu voulais le faire quelques instants plus tôt et verses finalement le café, avant de tendre l’une des tasses à ton frère. « Commence par le début, veux-tu? Que j’comprenne ce que tu racontes. » Tu t’installes sur l’une des chaises et continues de regarder ton frère assez sévèrement, ce qui est un peu ironique considérant tout ce que tu lui caches toi-même. Sale hypocrite, va.

 
« Ce sera pas nécessaire, j’ai déjà tout remplis. » Il la suit des yeux, qui se faufile dans sa chambre avec le document sous la main pour en ressortir sans. Il cherche pas à comprendre plus longtemps, si elle dit que c’est géré, c’est géré. Enfin. Il n’allait pas s’imposer davantage, même s’il soupçonnait déjà que ça allait trainer encore quelques temps et qu’elle allait sans doute oublier de s’en occuper. « Surement le meilleur endroit pour pas oublier. » qu’il peut pas s’empêcher de caser quand même. Lui, s’il a de la paperasse à gérer, ça reste sur une table, bien en évidence pour être sûre de ne pas passer à côté.
Il rejoint sa sœur près de la machine, qui commence à faire un boucan d’enfer quand il annonce son retour. De quoi stopper Autumn dans son élan avec une tasse au bout des doigts. Son regard est curieux, surpris, interrogateur. Lui, il baisse les yeux, parce qu’il sent venir le moment où les explications seront bientôt trop gênantes. « T’es revenu t’installé en ville? » c’est ce qu’il vient de dire, ouais. Il lui laisse un temps pour assimiler l’information. « Tu restes où »  « je suis chez Hassan, pour le moment. » ca donne comme le retour qui était pas tellement prévu, précipité. Parce qu’elle doit se douter qu’autrement, il aurait déjà son appartement, ou au mieux, un logement prêté par la paroisse pour pouvoir exercer. Le souci, c’est qu’il exerce plus.« Leur dire quoi? Ils t’ont repris à l’église ici ? » il pose son regard sur la machine qui annonce que le café est prêt, profite que sa sœur s’en charge pour trouver ses mots avant de répondre. « Commence par le début, veux-tu? Que j’comprenne ce que tu racontes. » ca l’fait sourire, d’avoir l’impression de se faire gronder, vu le regard qu’elle lui jette. Les rôles qui s’inversent un instant, comme si elle sentait qu’un truc pas clair s’était passé. Il ne serait pas si mystérieux autrement. Il la rejoint, s’installant en face d’elle, agrippant avec poigne sa tasse qui réchauffe déjà ses doigts. Pour faire durer le plaisir, il commence déjà par une gorgée, juste de quoi lui brûler le bout des lèvres avant de se lancer. « Y a eu un nouveau responsable, à Toowomba. Il a commencé à mettre son nez un peu partout. » Surement qu’il avait que ça à faire. « Il a du décrété que j’étais pas assez bon serviteur et que j’avais pas mal place la bas. » Oh oui Owen, juste ça. La gueule du client, vraiment ? « Il a appris pour mon aventure avec Evie. » bon, voilà qui semble être plus honnête. « C’est pas l’genre à mettre la poussière sous l’tapis et faire comme si de rien était. Et en d’autres mots, j’me suis fais virer. » pas de blague, pas de caméra cachée dans l’coin. « Donc, j’suis de retour. C’est assez délicat, donc, garde ça pour toi. » c’est assez délicat pour que ça ne tombe pas dans les oreilles de leurs parents. « J’sais pas comment annoncer ça sans que maman ne fasse une crise cardiaque. Evite de mettre les pieds dans l’plat. » l’idée aurait peut être été de ne même pas en parler à Autumn, ou alors, peut être qu’il attend sa bourde pour qu’elle l’annonce à sa place ? « Va falloir que j’me trouve une nouvelle occupation. »

« Sûrement le meilleur endroit pour pas oublier. » Tu ignores le sarcasme de ton grand frère. Oh si tu pouvais tout simplement oublier tout ce qui s’est passé en égarant les papiers, tu le ferais. Mais ce n’est pas comme ça que tu vas régler la situation et un trou de mémoire n’effacera pas non plus le fait que tu t’es mariée sur un coup de tête comme une belle idiote. Fort heureusement, tout ça sera bientôt derrière toi et personne n’aura rien su de cette idiotie. Tant mieux. Tu retournes toute ton attention vers ton frère qui sonne encore plus sérieux qu’à l’habitude et tout de suite, ton esprit se dirige vers des scénarios tous plus catastrophiques les uns des autres. C’est ce que tu fais le mieux après tout, t’imaginer le pire. Ce n’est sûrement rien de grave, juste l’effet de la surprise. Ouais, c’est juste ça. « Je suis chez Hassan, pour le moment. » « C’est temporaire? » Le retour ou la cohabitation avec Hassan? Toi-même tu n’es pas certaine de ce que tu es en train de lui demander, toujours aussi choquée d’apprendre qu’il est en ville, mais surtout de réaliser qu’il agit étrangement secrètement autour de tout ça et que ton frère, s’il n’est pas le genre à s’ouvrir aisément, il n’est pas non plus le genre à te cacher des choses. Plus tu demandes des explications, plus il se mure dans son silence et il n’y a qu’un sourire qui s’installe sur ses lèvres alors que tu te fais un peu plus insistante, a tenté de comprendre une situation de laquelle tu ne connais encore aucun détail. « Y’a eu un nouveau responsable, à Toowomba. Il a commencé à mettre son nez un peu partout. » Uh-oh. Ça, ça ne peut pas être une bonne nouvelle et tu sens la tension qui prend place dans tes épaules alors que tes doigts serrent un peu plus fort ta tasse de café brûlante. « Il a du décrété que j’étais pas assez bon serviteur et que j’avais pas ma place là-bas. » Tu fronces les sourcils, surprise d’entendre ça. Ou plutôt presque surprise parce qu’il y a évidemment toute l’histoire avec… « Il a appris pour mon aventure avec Evie. » Ah oui, la voilà. « Shit. » Tu ne devrais sûrement pas jurer, mais la nouvelle tombe comme une bombe et il t’excusera pour un tout petit mot. « C’est pas l’genre à mettre la poussière sous l’tapis et faire comme si de rien était. Et en d’autres mots, j’me suis fait virer. » De tous les scénarios catastrophes que tu as pu te faire en voyant ton frère débarquer à l’improviste comme ça, celui-là, tu n’y avais même pas pensé tellement ça te semble absurde. « Donc, j’suis de retour. C’est assez délicat, donc, garde ça pour toi. » Tu hoches doucement la tête, même si tu doutes de sa capacité à garder le secret éternellement. « Tu sais que tout le monde connaît tout le monde à Toowomba et que les nouvelles vont vites… » Si tu étais lui, tu t’assurerais que vos parents l’apprennent de sa bouche et non pas de celles de voisins trop curieux qui n’ont jamais su se mêler de leurs affaires. « J’sais pas comment annoncer ça sans que maman ne fasse une crise cardiaque. Évite de mettre les pieds dans l’plat. » « Merci pour la confiance. » que tu rétorques sarcastiquement avant de tendre une main dans sa direction pour venir serrer la sienne, dans un geste se voulant réconfortant. « J’dirais rien, mais tu sais que ça prendra pas une éternité avant qu’ils réalisent que t’es plus là. » Ils ne sont peut-être pas les parents les plus présents de l’univers, mais ils ne sont pas complètement idiots non plus. « Va falloir que j’me trouve une nouvelle occupation. » Ton frère, autre chose qu’un prêtre? Tu n’aurais jamais cru voir le jour. « T’as une idée de ce que tu voudrais faire? » Ce n’est certainement pas un nouveau départ qu’il s’imaginait prendre un jour. « Je suis vraiment désolée Owen. » Que pouvais-tu dire de plus après tout? « Tu sais que tu peux toujours rester ici, si t’as besoin. » T’as la place, même si t’imagines qu’à l’aube de ses 40 ans, il ne s’imaginait pas devoir le colocataire de sa petite sœur.

« C’est temporaire? »  il hoche la tête, espérant bien sûre pouvoir rapidement trouver un logement qui lui sera propre et pouvoir laisser son ami dans son quotidien, sans avoir un ermite dans les pattes. Owen n’avait pas pour but de s’installer en colocation avec son ami et d’ailleurs, il savait que la période n’était pas forcément bien choisie, puisque le Jafaari jouait parfaitement bien son rôle de tonton actuellement en accueillant ses neveux et nièce pour les vacances. Le Galloway avait aussi endossé sa casquette de tonton par procuration ces derniers jours. A vrai dire, c’était fatiguant, mais ça faisait partie du deal et il n’allait pas cracher dans la soupe quand on lui offrait le gite et le couvert. « J’vais m’trouver un appartement, j’avoue que j’ai pas encore fais de recherches. »
Maladroitement, mais surement, l’ex prêtre donnent les explications le plus simplement – en passant le savon qu’il s’était pris et le mauvais quart d’heure qu’il avait dû vivre, honteusement face à ce nouveau responsable. « Shit. »  hm. Exactement. Et le retour du Galloway se voulait être assez discret pour le moment, il espérait pouvoir compter sur sa sœur pour ne pas ébruiter la nouvelle, n’ayant pas envie que tous les regards se posent sur lui dès qu’il s’approche d’un lieu de culte. Bien qu’en réalité, il savait que son retour soulèveraient de nombreuses interrogations, d’autant plus lorsqu’on se rendrait compte qu’il serait de l’autre côté de la ligne, sans sa toge sur les épaules. Des explications qu’il n’aurait pas envie de fournir au tout venant. Il devait déjà se préparer à affronter ses proches et c’était pas la moindre affaire. « Tu sais que tout le monde connaît tout le monde à Toowomba et que les nouvelles vont vites… » autrement dit, quelqu’un s’était déjà surement occupé à aller faire du commérage auprès des parents Galloway. «  mon téléphone s’est pas encore mis à sonner dix fois à la minute, pour le moment, c’est bon signe. » enfin, il gagnait juste un peu de temps, il était pas à l’abris que son téléphone se mette à sonner dans les dix prochaines minutes. En tout cas, il préférait à la limite qu’un inconnu fasse une bourde – intentionnelle – plutôt qu’Autumn fasse une bourde sans même s’en rendre compte. « Merci pour la confiance. » il lui fit un clin d’œil, parce qu’il savait autant qu’elle de quoi elle était capable. « J’dirais rien, mais tu sais que ça prendra pas une éternité avant qu’ils réalisent que t’es plus là. »« j’vais gérer ça. » rapidement ? Quand Owen ? Tu l’sais même pas. Il serait peut être temps d’oser affronter ses propres parents et accepter qu’ils soient plus aussi fier de leur fils qu’ils n’ont pu l’être. C’était déjà foutu d’avance.
« T’as une idée de ce que tu voudrais faire? » il hausse les épaules, encore trop flou, encore trop éparpillé. Il avait consacré douze ans de sa vie à cette vocation, entre la formation et la pratique, sa prise de position, ses postes occupés. « faut dire que la reconversion est pas évidente. C’est pas comme si je pouvais recycler les compétences acquises. » qu’il s’amuse, plutôt nerveusement. Et reprendre un poste de dentiste était complètement inenvisageable. Il n’avait plus pratiqué depuis de bien trop nombreuses années. Il n’en était plus capable, ce serait dangereux pour bien trop de monde, lui le premier. « Je suis vraiment désolée Owen. » il la savait sincère, il s’approchait d’elle pour une accolade, qu’il devait avouer, lui faisait aussi beaucoup de bien.  « Tu sais que tu peux toujours rester ici, si t’as besoin. » secouant la tête de droite à gauche, il savait qu’une colocation avec sa sœur finirait par les mener droit dans l’ravin. « j’aime personne d’autre de plus que toi. Mais c’est un grand non. » qu’il lance, sourire aux lèvres. « Les neveux d’Hassan me font vivre la misère chaque jour, ils me font bien payer mes pêchers. » il pouffe en repensant avoir dû jouer aux indiens et aux cowboys en restant attaché aux barreaux des escaliers pendant plus d’une heure. « Les vacances sont bientôt finies. » amen. « Bon, si non, dis moi, les nouvelles ? »

« J’vais m’trouver un appartement, j’avoue que j’ai pas encore fais de recherches. » Tu hoches doucement la tête, ça ne fait que confirmer une chose : rien de tout ça n’était prévu dans la vie de ton frère et tu imagines que le changement est tout ce qu’il y a de plus drastique. Tu voudrais avoir les bons mots pour le réconforter, lui promettre que tout allait bien se passer, mais comme tu n’en as pas la moindre idée, tu préfères rester silencieuse et lui offrir un sourire qui se veut aussi compatissant que possible. Tu n’as jamais aimé que l’on te fasse des fausses promesses alors tu préfères ne pas en faire à ton tour. Il risque de faire face à des complications, ton grand frère, quand les nouvelles vont se rendre à vos parents mais ça, il n’a pas vraiment besoin de toi pour le lui rappeler, même si à ce sujet, tu ne te gênes pas pour en rajouter une couche. « Mon téléphone s’est pas encore mis à sonner dix fois à la minute, pour le moment, c’est bon signe. » « T’es généreux. Avec maman, ça pourrait même être dix fois à la seconde. » Si telle chose était possible, bien évidemment. Ce n’était rien d’autre qu’une tactique un brin maladroite de détendre l’atmosphère. La nouvelle finirait par se rendre chez les parents Galloway, il n’y avait aucun doute possible là-dessus. Ce n’était qu’une question de temps, désormais. « J’vais gérer ça. » Tu ne sais pas comment il compte s’y prendre, mais pour une fois que ce n’est pas toi qui es l’enfant à problème de la famille, tu avoues que la pause est un peu réconfortante, même si ça, tu éviteras bien évidemment de le dire à voix haute à ton frère. « Ça va vraiment te prendre un miracle pour le coup. » Peut-être que ça aussi, tu aurais pu le garder pour toi, mais tu espères que ça le fera rire, ton prêtre de grand frère. Enfin, ex-prêtre. Same, same. Ce n’est pas comme si sa foi et ses croyances étaient soudainement disparus parce qu’il a perdu le titre, n’est-ce pas?

« Faut dire que la reconversion est pas évidente. C’est pas comme si je pouvais recycler les compétences acquises. » Non, en effet. Il est contraint à sortir complètement de sa zone de confort et ça, ça n’a jamais été facile pour lui. « Je suis certaine que tu trouveras quelque chose. » Tu sais qu’il a des passions et des intérêts en dehors de sa religion, il lui faut juste trouver un moyen de rendre tout ça lucratif d’une façon ou d’une autre. Mais tu sais que dans l’immédiat, ce n’est sûrement pas son plus gros problème à régler. « J’suis la pro des petites jobs qui demandent aucune compétence, si jamais t’as besoin d’un coup de main. » Tu veux aider, vraiment, et étrangement pour une fois, t’as peut-être plus d’expérience que lui dans quelque chose : le fait de n’avoir de l’expérience dans rien du tout. Ironique quand même, mais peut-être bien pratique dans la situation. « J’aime personne d’autre de plus que toi. Mais c’est un grand non. » Tu échappes un rire, pas du tout surprise de la réaction de ton frère. C’est sans doute mieux pour l’amour que vous vous portez justement de ne pas vivre à nouveau sous le même toit. « Les neveux d’Hassan me font vivre la misère chaque jour, ils me font bien payer mes pêchers. » « Tant que ça? »[/color] que tu demandes, toujours le sourire aux lèvres, imaginant assez mal ton frère devoir s’occuper de gosses, autant que tu as du mal à l’imaginer faire quoique ce soit allant contre ses convictions. Quoiqu’il y avait bien eu toute l’histoire avec Evelyn alors clairement, il n’était pas moins homme pour autant, ce cher Owen. « Les vacances sont bientôt finies. » « Pour moi aussi. » Le retour sur les bancs d’école serait difficile, tu t’en doutais d’avance. « Plus qu’un an et je serai enfin diplômée. » À moins que tu n’arrêtes tout en plein milieu, pour la millième fois. Non, pas cette fois. Tu y arriverais. Tu vas finir ce programme et devenir enseignante. Il le faut. Tu as besoin d’une victoire, juste d’une. « Bon, si non, dis moi, les nouvelles? » Ah. Ton tour, apparemment. « Oh tu sais, pas grand-chose. J’ai commencé un nouveau boulot dans un café depuis mon retour de Toowomba. » Après t’être fait virer de la maison pour personnes âgées pour absentéismes répétés. Ahem. On va pas évidemment taire le mariage sur un coup de tête et l’annulation bientôt officialiser. Ça laisse le sujet de… « J’ai pas revu Kieran, depuis l’hôpital. » Owen sait que Kieran a été tabassé et poignardé, comme il sait que tu es celle qui l’a trouvé ce soir-là. « Je sais pas comment il va. J’espère qu’il s’en sort. » Et ça, peut-être que c’est un peu toi qui cherches l’approbation de ton frère pour faire les premiers pas vers ton ex. Une approbation qu’il ne te donnera jamais et tu le sais très bien.

 « Ça va vraiment te prendre un miracle pour le coup. » too soon ? Le blond se fige vers sa sœur avant de lever les yeux au ciel, comprenant bien que c’était sans doute plus fort qu’elle de devoir le vanner pour tenter de dédramatiser la situation. Elle avait raison, de toute façon, rien de dramatique en soit, personne n’était mort, et si la dignité de l’ex prêtre avait pris un coup, il finirait bien par s’y remettre. Après avoir affronté les parents, alors oui, peut-être qu’il aurait bien besoin d’un miracle après tout.
« Je suis certaine que tu trouveras quelque chose. J’suis la pro des petites jobs qui demandent aucune compétence, si jamais t’as besoin d’un coup de main.» manquerait plus que ça, qu’il fasse équipe avec sa sœur. Enfin, c’est pas réellement ce qu’elle lui avait proposé non plus. Mais sans doute qu’elle pourrait lui être utile pour aller vanter ses mérites auprès d’ancien employeur, tant bien qu’elle soit toujours en bon terme avec eux. Etait-ce systématiquement le cas ? Peut être que le Galloway ferait mieux de se débrouiller, comme dit, on est jamais mieux servi que par soit même. « Tu serais capable de déposer mes CV dans un bar à strip tease, rien que pour te marrer, nan ? » il connaissait les blagues de sa sœur. Et d’ailleurs, cette référence lui faisait repenser au moment gênant, quelques jours plus tôt où son vieil ami l’avait embarqué au Candy Club et que le blond s’était retrouvé nez à nez avec A isling. Moment très très gênant. Il se demande toujours pourquoi il n’avait pas pris son courage à deux mains pour quitter les lieux au moment même où il avait compris dans quoi il s’était fait traîné.
Une fois qu’Owen aura trouvé un travail qui lui rapporterait suffisamment, il pourra partir de chez Hassan pour avoir son propre logement. Pour le moment, c’était pas si pire, même avec la présence de trois petits vampires qui aspirent son âme chaque jour un peu plus.  « Plus qu’un an et je serai enfin diplômée. »  il hocha la tête, signe d’encouragement pour sa sœur, il espérait sincèrement que cette fois, ce serait la bonne. « Ca va venir vite, accroche toi. » sous entendu par là, qu’elle n’avait pas le droit de lâcher prise cette fois et qu’elle devait aller jusqu’au bout. Si prêt du but.  « Oh tu sais, pas grand-chose. J’ai commencé un nouveau boulot dans un café depuis mon retour de Toowomba. »  en espérant que ça n’empiète pas tant sur ses études et qu’elle y trouve un équilibre.  « J’ai pas revu Kieran, depuis l’hôpital. » c’est là, qu’Owen se tend et se crispe. Que ses muscles deviennent raides et que son visage se ferme.  « Je sais pas comment il va. J’espère qu’il s’en sort. » « Pas d’nouvelles, bonnes nouvelles. » surement pas le même genre de bonnes nouvelles pour lui que pour elle. Owen pouvait le savoir dans un autre monde, il s’en verrait même soulagé. « Tu devrais arrêter de lui courir après. Y a plein de mecs bien ici, suffisamment pour que t’arrête de te faire du mal avec lui. C’est pas un mec bien. » [/color]

« Tu serais capable de déposer mes CV dans un bar à strip-tease, rien que pour te marrer, nan? » L’idée n’est pas mauvaise en soi, elle t’arrache même un petit rire, et si tu avoues que oui, ce serait franchement marrant, tu avais plutôt en tête de l’aider pour vrai. Ça te rappelait toutefois la manière dont ton frère continuait de te voir, comme sa petite sœur pas particulièrement digne de confiance, toujours prête à faire un coup pendant ne serait-ce que pour un rire. « Pas besoin de diplôme au moins. » que tu notes plutôt, comprenant que ton frère préférait faire les choses en son temps et à sa manière, comme ça avait toujours été le cas de toute façon. Il était parfois dur de comprendre ou de croire que vous étiez si proches alors que vous étiez si diamétralement opposés l’un à l’autre, mais tu étais plutôt du genre à croire que c’était là ce qui faisait votre réelle force. Vous compensiez l’un pour l’autre, lui trop droit dans ses bottes, toi bien trop émotive. Une balance qui se faisait difficilement, mais qui s’équivalait, à sa manière. Si Owen ne pouvait plus faire ce qu’il avait longtemps cru être sa destinée, toi tu te cherchais encore, espérant fortement avoir trouvé en l’enseignement ta véritable voie. « Ça va venir vite, accroche-toi. » Et tu comprenais parfaitement ce qu’il voulait dire par-là. Que ce n’était pas le temps d’abandonner, toi qui étais enfin si près du but. Il prend de tes nouvelles et tu es bien incapable de lui parler de toi sans finir par mentionner le prénom de Kieran. Prénom qui ne manque pas de créer une réaction chez ton aîné, qui se crispe et dont le dégoût est palpable sans même qu’il n’ait à ouvrir la bouche. Tu ne devrais pas être surprise après tout, c’est en grande partie toi, qui lui a donné le très mauvais rôle à Kieran. Toi la grande victime, lui le bourreau, une réalité des plus tordues pourtant, non pas que tu te saurais un jour capable de rectifier le tir avec Owen. « Pas d’nouvelles, bonnes nouvelles. » De ça, tu n’es pas vraiment convaincue. « Tu devrais arrêter de lui courir après. Y a plein de mecs bien ici, suffisamment pour que t’arrête de te faire du mal avec lui. C’est pas un mec bien. » « J’lui coure pas après. » T’es sûre de ça Autumn? « J’m’inquiète pour lui, après ce lui qui est arrivé. Qui sait ce qui aurait pu se passer, si je l’avais pas trouvé à temps. » Le simple fait d’y penser te provoque des frissons d’horreur. « Et puis, qui te dis que j’ai pas rencontré quelqu’un d’autre? » Oh Autumn, tu vas encore t’enfarger dans tes mensonges, tu devrais vraiment arrêter de dire n’importe quoi, surtout à Owen qui te connaît mieux que personne et qui avalera jamais le fait que tu dis être over Kieran que ce n’est clairement pas le cas.

Bien sûr qu’Owen faisait confiance en sa sœur et qu’il imaginait bien qu’elle n’irait pas le mettre dans une situation inconfortable. Il la taquinait plus que de raison et se devait tout de même de lui rappeler qu’elle n’était pas toujours très raisonnable. Mais le concernant, elle avait sans doute une réserve pour le préserver de ses plans diaboliques. Il accompagnait son rire avec bienveillance et se rendait compte qu’il avait sans doute bien fait de revenir à Brisbane si rapidement pour tenter de reprendre rapidement les choses en main, et ce, avec les personnes qui lui étaient chères. Autumn la première, bien sûre – même si elle n’avait pas été mise dans la confidence en premier lieu, il n’avait tout de même pas tardé à venir la voir. Ce qui le rassurait aussi, c’est qu’à présent, il pourrait avoir un œil sur elle, une sorte de garde rapprochée.

Sorte de garde rapprochée qui allait pouvoir l’écarter de prédateurs tels que Kieran. Le sujet sur le tapis, la jeune femme n’avait pas tardé à parler de son ex. Il fallait toujours parler de son ex. Owen n’en avait jamais envie, il ressentait toujours un sentiment de colère intense envers lui. Il n’aimait pas ces sentiments qui l’animaient mais était incapable de prendre du recul et de faire autrement. Kieran lui donnait des palpitations, une volonté de vengeance qu’il ne voulait pas admettre et pourtant, tous les signaux étaient au rouge. « J’lui coure pas après. » il lève les yeux au ciel. « Hm. » quelle mauvaise foi. « J’m’inquiète pour lui, après ce lui qui est arrivé. Qui sait ce qui aurait pu se passer, si je l’avais pas trouvé à temps. » sans doute une meilleure fin. « Ça aurait pas été plus mal. » sortie tout seul, incontrôlables paroles, méa culpa ? Même pas. « Et puis, qui te dis que j’ai pas rencontré quelqu’un d’autre? » le prêtre – enfin… ex. – posa ses coudes sur la table et attendait la suite. « Je t’écoute, raconte moi tout. » il en croyait pas un mot. Un sombre inconnu ? Kieran aux oubliettes ? « Ce serait pas ce qu’on appelle une relation pansement ? » et qu’est-ce qu’il y connait, le monsieur de l’Eglise ? Ah oui, c’est vrai, il avait une vie, avant ça aussi.

Tu n’avais que toi-même à blâmer pour l’opinion si tranchée qu’Owen se faisait de Kieran. Tu étais celle qui avait répété encore et encore à quel point il avait été horrible de t’abandonner comme il l’avait fait. À lui coller constamment tous les maux de votre relation, au point de faire de toi la parfaite victime aux yeux de ton frère. Alors non, tu ne pouvais pas t’étonner des réactions de ton aîné quand il était question du Halstead, et pourtant, tu réagissais toujours aussi fortement. Parce que si l’opinion de ton frère était arrêtée, la tienne elle, changeait du jour et lendemain et surtout, surtout : tes sentiments pour Kieran ne tarissaient pas, malgré les années qui passent et tout ce que tu voulais bien en dire. Tes inquiétudes pour ton ex-fiancé ne faisaient donc pas plaisir à ton frère qui ne se gênait pas pour te le faire savoir, à un point qui allait même jusqu’à te choquer de sa part. « Ça aurait pas été plus mal. » « Owen! » que tu t’exclames, une expression sincèrement outrée sur le visage. « Je pense pas que t’aies le droit de dire des choses comme ça, même si t’es plus un homme d’église. » Tu plisses légèrement les yeux. Tu savais qu’il n’aimait pas le Halstead, mais de là à dire que ça n’aurait pas été plus mal si tu ne l’avais pas trouvé quand tu l’as fait, baignant dans son sang? Ça te semble cruellement insensible, surtout de la part d’un homme de foi. « J’veux bien croire que tu n’es pas le plus grand fan de Kieran, mais de là à lui souhaiter du mal? » Really? Ce n’était pas le genre à Owen de souhaiter du mal à qui que ce soit. Avais-tu été aussi mesquine à l’intention du Halstead que tu avais créé ce besoin de haine chez ton frère? Tu t’enfonces encore un peu plus quand tu décides de lui dire que tu as rencontré quelqu’un d’autre alors que c’est loin d’être la vérité, si on en oublie ton erreur alcoolisée de l’an dernier. « Je t’écoute, raconte-moi tout. » Eh merde. « Ce serait pas ce qu’on appelle une relation pansement? » « J’ai passé ce stade il y a longtemps. » Ce n’est pas faux, mais pas tout à fait vrai non plus. Tu avais eu plusieurs relations courtes durées lorsque tu étais au Canada, que tu enchaînais les one night stand ou les trucs éphémères, juste assez pour t’étourdir assez et oublier l’existence de cet ex-fiancé disparu dans la brume. Mais depuis ton retour à Brisbane? Kieran avait repris toute la place, et ça, c’était compliqué de le nier. « Je me suis inscrite sur Tinder. » Ah oui, un argument presque convaincant, tout ça. « Bon, ok, y’a personne, mais ça viendra. Kieran et moi, c’est fini pour de bon et depuis longtemps. » Et ça, c’est le plus gros mensonge de l’année, pire encore que ce mariage débile que tu te gardes bien de lui apprendre. « Assez parler de tout ça. Tu restes manger avec moi? J’ai envie que tu me dises tout ce que j’ai manqué à Toowoomba dernièrement. » que tu suggères avec une voix enfantine et ce regard angélique que tu as toujours su servir à la perfection à ton frère. Tu voulais que le reste de la soirée se passe sans embûche, loin des sujets épineux. Tu voulais profiter du retour de ton frère à Brisbane, qu’importe si derrière tout ça se cachait encore bien trop de secrets.

C’est vrai que le Galloway n’arrivait pas à faire semblant en ce qui concernait Kieran. Lui qui avait pourtant fait tous les efforts – sans que ce soit insurmontable, certes – pour intégrer le jeune homme dans la famille, le jour où il avait quitté Autumn, profitant de son hospitalisation où elle était déjà au plus mal, il n’avait pas pu le supporter. Pour lui, ce n’était pas digne d’un homme et abandonner Autumn à la moindre difficulté traduisait de l’hypocrisie dont il avait du faire part depuis le début de leur relation. Pourquoi était-il réellement en couple avec elle si c’était pour la larguer au moment où elle aurait sans doute eu le plus besoin de lui ? Owen ne comprenait pas, plutôt, il n’avait pas envie de s’attarder sur les détails, il se contentait de voir les dégâts que cette rupture avait créé. Maintenant, il fallait payer les pots cassés. Plus loin il était de Kieran, mieux il se portait ou plutôt, mieux se portait Kieran. « Owen! » il leva les yeux au ciel, ne comprenant toujours pas pourquoi Autumn lui accordait autant de crédit. « Je pense pas que t’aies le droit de dire des choses comme ça, même si t’es plus un homme d’église. » il a bon dos, l’homme d’église. « Tu ferais mieux de rester loin de lui, c’est tout. » fit-il d’un ton assez ferme, comme s’il ne lui laissait pas le choix, mais il savait bien qu’Autumn en faisait toujours qu’à sa tête, de toute façon. Il aurait beau dire tout ce qu’il veut, il n’aura jamais le contrôle sur sa sœur, encore moins concernant ses décisions désastreuses en ce qui concerne ses sentiments et les relations chaotiques avec lesquelles elle semble adorer flirter. « J’veux bien croire que tu n’es pas le plus grand fan de Kieran, mais de là à lui souhaiter du mal? » ca fait bien longtemps qu’Owen lui souhaite du mal à vrai dire et qu’il ne l’avait jamais réellement formulé à voix haute. « Façon d’parler. » mon œil. « Il mérite pas que tu t’fasses le moindre soucis pour lui, de toutes façons. » fin de l’histoire. Et visiblement, la petite sœur avait d’autres chats à fouetter, une relation pour faire passer sa rupture difficile ? « J’ai passé ce stade il y a longtemps. »  bien sûr, à d’autres. Mais au moins, le dire devait sans doute être un premier pas pour l’accepter. « Je me suis inscrite sur Tinder. » il souffla du nez, pas persuadé que ce soit une très bonne idée, il n’entendait jamais rien de bon à propos de cette application et de ses conséquences sur les dates éclairs qui en découlaient. « Et alors, t’es à combien de match ? » il se moquait légèrement, mais en même temps, si sa sœur se concentraient sur d’autres personnes – il préférait se dire une seule autre personne à vrai dire – grand bien lui fasse. Tous les moyens sont bons pour oublier Halstead. « Bon, ok, y’a personne, mais ça viendra. Kieran et moi, c’est fini pour de bon et depuis longtemps. » « parce qu’il t’a pas donné l’choix. » et qu’il mettrait sa main à couper que si le brun revenait vers sa sœur, elle plongerait les deux pieds liés dans ses bras.
« Assez parler de tout ça. Tu restes manger avec moi? J’ai envie que tu me dises tout ce que j’ai manqué à Toowoomba dernièrement. » il retint un rire nerveux. « J’vais manger avec toi ouais. » concernant les derniers potins «  tu veux dire, la dernière recette test que maman à voulu nous faire avaler ? » elle avait rien manqué, inmangeable. « Ou que tante Matilda a trompé tonton avec son patron ? » voilà peut être un potin qui n’était pas arrivé à ses oreilles. « Depuis l’temps que m’disais qu’elle allait voir ailleurs. » et qu’il n’avait jamais voulu y croire réellement. « T’as d’autres dons de voyances dans l’genre ? »