30 décembre

Assis sur le rebord du lit j'ai le regard perdu dans le vide et je n’arrive pas à me résoudre à aller bosser aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui ce n’est pas une journée de travail comme les autres, c’est mon dernier jour au Ras le Bol. J’ai donné ma démission il y a quelques semaines et la fin de mon préavis est pour ce soir. Je suis soulagé parce que ce sera un nouveau départ pour moi. Ces derniers mois j’ai passé mon temps à courir entre le restaurant, l’orchestre et surtout le groupe. Je n’arrive plus à gérer ce rythme infernal et j’ai envie de pouvoir m’investir davantage avec Oxtorm alors j’ai dû faire des choix. J’ai toujours détesté ce job de serveur mais il fallait bien que je trouve quelque chose pour payer les factures alors j’ai beaucoup hésité. J’en ai beaucoup discuté avec Jake et il m’a proposé de rester chez lui pour ne pas payer de loyer et pour que je puisse m’impliquer au maximum dans la musique. Si au début de l’année on m’avait dit que je ferais partie d’un groupe de rock et surtout d’un groupe professionnel je pense que j’aurais ri. La musique ça a toujours été un rêve de gosse pour moi et je n’aurais jamais imaginé le réaliser un jour. Si je suis extrêmement heureux de cette nouvelle, ce qui m’attriste c’est de ne plus croiser Eden. Depuis notre dispute dans les vestiaires du restaurant on prend tous les deux soin de s’éviter et on ne se parle pas. Alors ça devrait me soulager de partir et de ne plus le croiser, mais ce n’est pas le cas. Je suis triste à l’idée de ne peut-être plus jamais le croiser même si je sais qu’il ne veut plus de moi et que rester au ras-le-bol n’aurait pas aidé à recoller les morceaux. C’est donc la boule au ventre que je me rends au restaurant pour effectuer mon dernier service. J’ai croisé Eden comme je m’y attendais mais nous ne nous sommes pas adressés la parole, l’ambiance était plus que glaciale et encore une fois ça m’a fait mal au cœur. Je suis parti sans lui dire que c’était aujourd’hui mon dernier jour. Ce sera une surprise pour la nouvelle année qui devrait lui faire plaisir.

Je sors du restaurant lessivé et assez déprimé. Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite alors je me dis qu’une promenade en ville pourra me faire du bien. Je fais quelques boutiques, un petit tour au parc et en regardant l’heure sur mon téléphone je vois qu’il est l’heure de manger. Ca tombe bien, je meurs de faim et je suis tout près d’un de mes restaurants préférés, celui qui sert les meilleurs steaks de toute la ville : le Burrow. Je n’ai pas vraiment l’habitude de manger au restaurant seul mais il y a une première fois à tout. Je commence en avoir assez de devoir attendre d’être toujours accompagné de quelqu’un pour sortir alors je décide d’aller au bout de mon idée. Je suis très rapidement accueilli par un serveur qui m’installe en terrasse et je n’aurais pas pu espérer mieux puisque le beau temps est au rendez-vous. Je passe de longues minutes à regarder le menu, je suis un peu perdu dans mes pensées et j’ai du mal à faire un choix. Après avoir perdu un temps fou à réfléchir à ma commande je finis par prendre la même chose que d’habitude. Le serveur vient et je passe commande très poliment. J’ai horreur des clients mal polis ou qui se croient tout permis, après plusieurs années de restauration je ne peux plus supporter ça. Je regarde autour de moi et le restaurant est peu rempli alors je me dis que ça devrait aller pour lui et qu’il n’aura pas besoin de courir partout pendant ce service. Je suis perdu dans la lune et je pense que ça se voit. Mes pensées vont toutes vers Eden que je n’arrive pas à oublier, depuis la soirée d’Halloween je me sens terriblement seul. Je tourne la tête et un couple est installé quelques tables plus loin, je trouve ça super déprimant et je me sens encore plus seul. Venir manger seul au restaurant n’était peut-être pas la meilleure idée que j’ai eu pour me sortir de ma déprime. Je sors mon téléphone pour essayer de faire diversion et d’arrêter de penser tout court quand soudain une voix me tire hors de de ma bulle.

rends l’argent
Spencer Blackwell & @Melchior Nicholls

Le restaurant est au-dessus de ses moyens. Clairement. Pas excessif pourtant, mais ça reste trop pour Spencer aux poches trouées et à la dépense facile et inutile. (Ca lui paraît pourtant vital désormais.) Malgré tout, elle est attablée en train de bouffer comme une affamée qui a rien graillé depuis des jours. La vérité c’est qu’elle ne sait pas dire à quand remonte son dernier vrai repas. Un truc chaud, un truc cuisiné et pas juste une barre de céréales sans saveur qui ne remplit pas l’estomac. Et putain ce que ça fait du bien de s’en mettre plein la panse. Vraiment, elle est prête à digérer pendant une semaine complète là. Rentrer et s’allonger, réfléchir à ce qu’implique ce nouveau job. Est-ce qu’elle a les épaules pour rester à flots là-bas ? Ou est-ce que ça va se terminer comme d’habitude, en une énième déception pour la personne ayant bien voulu lui tendre la main et lui laisser une chance. Blackwell sait même pas vraiment ce qu’elle fout là-bas. Elle tâtonne et se demande si c’est bien nécessaire de s’infliger tout ça. “Est-ce que tu veux t’en sortir ?” qu’on lui avait demandé. Elle est même pas sûre. Peut-être pour un steak comme celui qu’elle vient de s’enfiler, ouais.

Distraitement, Spencer scroll sur son portable. Elle plisse le nez en ouvrant Tinder et en constatant sans surprise tous les messages reçus de ses récents matchs. Des mecs en chien qui envoient assez peu subtilement des propositions indécentes qu’elle ne prend même pas la peine d’ouvrir, elle verra ça plus tard. Il va bientôt être temps pour Margaret de disparaître, autant le faire avec un profil intéressant. Et surtout ne pas tomber sur quelqu’un qui connaisse cet enfoiré de Seth, ça risquerait de mal se terminer. L’écran baisse de luminosité alors que le téléphone l’informe qu’elle vient de passer sous 15% de batterie. Hm. Ca lui donne une vague idée.

Pour l’heure, il est temps de trouver une opportunité de sortie. Et justement elle en voit une, en la personne d’un brun assis seul un peu plus loin. Un serveur vient se charger de sa commande, débarrasse le deuxième jeu de couverts déjà posés là et s’éloigne vers la cuisine une fois que c’est fait. Elle en déduit donc qu’il est venu seul et qu’il n’attend personne. Parfait, elle n’a donc pas à se dépêcher. Sans trop se presser, la jeune femme se lève et récupère sa veste avant de se diriger vers l’âme esseulée en attente de son repas. Sans rien demander à personne, elle s’installe sur la chaise d’en face en lui adressant un sourire. Il doit sûrement se demander ce qu’elle fout là. « Hey. » qu’elle commence l’air de rien. « Je suis vraiment désolée de te déranger, mais je me demandais si tu avais un chargeur ? » elle prend l’air gênée, affichant une légère moue en montrant son propre téléphone. « J’attends un appel important mais je vais probablement tomber en rade avant de le recevoir. » l'enchaînement est là pour embrouiller le garçon, bien évidemment. « J’en ai pas besoin longtemps, juste histoire d’avoir au moins 35% et d'être un peu plus tranquille. » le mensonge continue, et à aucun moment elle ne se défait de son innocent sourire. C’est qu’elle sait se rendre charmante quand la situation le veut. Lorsque l’employé viendra servir le repas du gars, il en profitera sûrement pour apporter l’addition de Spencer dans le même temps. Et si elle joue bien son coup, elle peut même récupérer un chargeur dans le procédé. Et s’il n’en a pas sur lui, elle a un autre plan en tête alors elle ne s’en fait pas trop. Le tout étant de noyer le poisson avant qu'il ne se rende compte de ce qui est réellement en train de se passer.

Je suis en train de scroller sur Instagram quand une voix me tire de ma torpeur. « Hey. » Je lève les yeux vers la voix, assez surpris que quelqu’un vienne me parler alors que je n’ai rien demandé à personne. « Salut ? » Mon ton n’est pas agressif, je suis simplement surpris de voir quelqu’un s’installer à ma table comme ça sans raison apparente. Face à mon air interrogatif l’inconnue brise le silence. « Je suis vraiment désolée de te déranger, mais je me demandais si tu avais un chargeur ? » Je vois bien qu’elle est gênée de me demander ça et je peux la comprendre, aller demander un service à des inconnus c’est pas toujours facile. Etant plutôt introverti c’est le genre de trucs que je n’aime pas forcément faire. Je regarde son téléphone et je vois qu’on a le même type de chargeur. « Je dois avoir ça oui, attend je vérifie. » Je lui réponds avec un petit sourire. Je suis toujours prêt à rendre service et j’ai toujours un chargeur avec moi, on ne sait jamais. Et puis mon téléphone commence à être assez vieux alors il m’arrive souvent de voir la batterie s’effondrer d’un coup et de me retrouver complètement démuni avec un téléphone éteint. « J’attends un appel important mais je vais probablement tomber en rade avant de le recevoir. » Je fouille dans mon sac à la recherche du chargeur qui doit probablement être totalement emmêlé et au fond du sac. Il y a des moments où je me dis qu’il doit y avoir des petits lutins bien cachés qui s’amusent à emmêler le plus possible les câbles quand j’ai le dos tourné. Un grand mystère qui ne sera jamais résolu. « J’en ai pas besoin longtemps, juste histoire d’avoir au moins 35% et d'être un peu plus tranquille. » Elle n’a pas besoin de se justifier davantage, je comptais lui prêter mon chargeur dans tous les cas. « Tiens, t’en fais pas je vais rester un moment encore tu peux même le garder un peu plus si t’as besoin d’avoir plus de 35% ça me dérange pas. » L’altruisme ça a toujours été fondamental pour moi. J’aurais très bien pu me retrouver dans son cas donc je ne me pose même pas de questions et je lui tends mon chargeur. J’insiste sur le fait qu’elle fait peut le garder jusqu’à ce que je parte, de toute façon je n’avais pas prévu d’utiliser mon chargeur au restaurant, alors autant qu’elle en profite au maximum. Je ne sais pas quel est l’appel qu’elle attend mais au moins elle ne le ratera si elle le charge davantage. « Et t’en fais pas tu me déranges pas, faut bien s’entraider, ça arrive toujours au pire moment ces galères. » En réponse à la gêne que j’ai pu voir quand elle m’a demandé ce service. Et d’un côté ça me fait plaisir de ne plus être seul à ma table, d’avoir parlé à quelqu’un même si elle disparaîtra sûrement très vite pour retourner à sa table. C’est pas grand-chose mais ça suffit à briser ma solitude l’espace de quelques instants seulement. Mon regard est attiré par le serveur qui se dirige vers notre table pour m’apporter mon plat. « Le steak saignant. » Et il dépose l’assiette devant moi. Il a l’air tout simplement délicieux et j’ai hâte de pouvoir y goûter. Prendre le temps de me détendre autour d’un bon repas c’est tout ce dont j’avais besoin aujourd’hui. « Merci ! »

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Spencer Blackwell & @Melchior Nicholls

Elle sort le grand jeu, Spencer. Son rôle de jeune femme perdue et en détresse, elle le connaît par coeur. Elle a des années d’expérience dans le domaine de la tromperie et sa cible du jour a tout l’air du parfait pigeon qui va voler à la rescousse de la première âme égarée qu’il va rencontrer. Tant mieux. « Je dois avoir ça oui, attend je vérifie. » elle lui lance un regard plein d’espoir, tend un peu le cou pour le regarder farfouiller dans son sac alors qu’elle explique les fausses raisons de sa présence ici. Il a complètement mordu à l’hameçon. « Tiens, t’en fais pas je vais rester un moment encore tu peux même le garder un peu plus si t’as besoin d’avoir plus de 35% ça me dérange pas. » « Oh mon dieu merci. » elle souffle d’un air soulagé en prenant le câble et elle regarde aux alentours dans l’espoirs de repérer une prise de courant. Coup de chance pour elle, la table est collée au mur et y en a une prise juste sous la table. Elle se contorsionne un peu pour aller brancher son téléphone et en profite pour programmer un appel. « Et t’en fais pas tu me déranges pas, faut bien s’entraider, ça arrive toujours au pire moment ces galères. » Elle joue les maladroites en se redressant, se prenant volontairement le bord de la table. Elle mime la surprise et la douleur en se frottant l’arrière du crâne, affiche un sourire gêné. « M’en parle pas, l’autre jour ma voiture est tombée en panne au milieu de nul part, y avait pas de réseau et il commençait à faire nuit. Si y avait pas eu ce type juste derrière moi, je crois bien qu’on m’aurait jamais retrouvée. » elle ricane en grimaçant un peu. Encore une histoire inventée de toute pièce, mais faut bien alimenter un semblant de discussion. « Le steak saignant. » le serveur vient déposer la commande du jeune homme et Spencer lui adresse un sourire amical, juste de quoi se faire remarquer auprès de lui en disant qu'elle n'est pas partie comme une voleuse. (Pas encore.) « Merci ! » et puis il s’en va pendant que son sauveur fixe son assiette comme un affamé. C’est effectivement une belle pièce de viande et la jeune femme connaît la qualité des plats cuisinés ici. Dommage, elle n’y reviendra pas de si tôt. Au moins elle aura bien bouffé et en plus de ça, elle va pas repartir les mains vides. « Bon appétit. » qu’elle dit avec un sourire poli en s’enfonçant dans sa chaise, reposant son téléphone. Le faux appel est programmé d’ici une dizaine de minutes, d’ici là elle aura tout le loisirs de discuter avec le jeune homme et de complètement baisser sa garde. « Tu sauves ma soirée, t’as pas idée. » elle soupire en feignant un rire nerveux. Elle se gratte la joue et plisse le nez dans une grimace un peu gênée. « Je suis pas en ville depuis longtemps du coup j’avoue être un peu perdue. Si mes potes peuvent pas me contacter j’crois qu’ils vont finir par appeler les flics. » la plaisanterie lui arrache un bref rire, c’est qu’elle est douée dans ses histoires à la con. « Mince pardon, c’est la pression qui retombe, j’dis n’importe quoi. » elle secoue la tête, prenant un air désolée en jouant nerveusement avec ses doigts sur la table. « Au fait, moi c’est JJ. » elle lui tend la main, s’ancrant un peu plus dans son rôle de jeune fille charmante et bien propre sur elle. « Vraiment merci pour le coup de main, je sais pas comment j'aurais fait sans toi. »

Je lui passe mon chargeur et je lui dis qu’elle peut l’utiliser un peu plus longtemps si elle en a besoin puisque je n’ai pas prévu de partir tout de suite. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle a prévu aujourd’hui mais je n’ai pas envie qu’elle tombe en rade de batterie dans une situation délicate. « Oh mon dieu merci. » Je peux voir dans son regard qu’elle ne s’attendait pas à ce que je lui réponde et encore moins que je lui passe mon chargeur, c’est vrai que tout le monde ne se balade pas avec un chargeur. Elle a de la chance que mon chargeur et son téléphone soient compatibles. Je la regarde brancher son téléphone sur la prise située juste en dessous de la table. « De rien avec plaisir. » Et j’ajoute qu’elle ne me dérange pas et que je suis toujours heureux d’aider quelqu’un en difficulté. Parce que j’aimerais que quelqu’un me tende la main un jour si je suis dans une situation comme la sienne. J’ai l’impression que c’est devenu rare de s’entraider et je ne comprends pas cette mentalité individualiste. « M’en parle pas, l’autre jour ma voiture est tombée en panne au milieu de nul part, y avait pas de réseau et il commençait à faire nuit. Si y avait pas eu ce type juste derrière moi, je crois bien qu’on m’aurait jamais retrouvée. » C’est le genre de galères que je ne connais pas puisque je n’ai pas de voiture mais je peux comprendre l’angoisse que ça a dû être pour elle. Elle a eu de la chance de tomber sur un type bien et pas sur quelqu’un qui l’aurait dépouillée ou agressée. « Heureusement qu’il était là pour te filer un coup de main, une panne de voiture c’est toujours l’angoisse. » Le serveur revient vers nous et dépose mon plat devant moi. Je la vois sourire au serveur et je me dis qu’elle a l’air très sympa cette fille. « Bon appétit. » Je la remercie et j’attaque la viande, l’assiette est très bien dressée et ça sent extrêmement bon. La viande est excellente et je ne regrette pas de m’être installé sur cette terrasse après avoir rendu mon tablier au Ras le Bol. En plus contrairement à ce que je pensais je ne mange pas seul, un hasard qui me plaît bien. « Tu sauves ma soirée, t’as pas idée. » Je vois bien qu’elle est gênée, elle est peut-être timide, c’est pas facile d’aborder des inconnus pour demander un service mais elle n’a pas être gênée pour quelque chose d’aussi simple. « Je suis pas en ville depuis longtemps du coup j’avoue être un peu perdue. Si mes potes peuvent pas me contacter j’crois qu’ils vont finir par appeler les flics. » J’ai jamais quitté Brisbane, enfin j’ai un petit peu voyagé mais j’ai jamais vécu dans une autre ville. Alors je n’ai jamais ressenti ce qu’elle me raconte. Je peux imaginer, mais Brisbane m’est tellement familière que je ne suis pas confronté à cette angoisse de se retrouver dans une ville inconnue. « Tu verras, Brisbane c’est une ville sympa. Y a quelques quartiers à éviter mais bon un peu comme partout mais dans l’ensemble c’est plutôt sûr comme ville. Perso j’ai jamais été embêté. » Bien sûr il faut toujours être prudent mais je tiens à la rassurer si elle doit s’installer là, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Les histoires de vols, de cambriolages ou d’agressions sont assez rares par ici. Je ne connais personne qui a été dans cette situation donc ça devrait aller pour elle. « Mince pardon, c’est la pression qui retombe, j’dis n’importe quoi. » C’est une vraie boule de nerfs, j’essaie de la rassurer : elle est en sécurité et tout ira bien maintenant que son téléphone a de la batterie. « Non mais je comprends le coup de stress, vraiment tu ne me déranges pas du tout j’attendais personne. » La fin de ma phrase est assez triste mais bon c’est comme ça. J’avais besoin d’être tranquille et de toute façon je ne vois pas qui j’aurais invité puisque Jake et Ade travaillent. « Au fait, moi c’est JJ. » Elle me tend la main et je fais de même avant de me présenter en lui serrant la main. « Enchanté JJ, moi c’est Mel. » Et je le pense, ça fait plaisir de voir des personnes aussi souriantes et agréables, ça me change radicalement des clients du restaurants qui sont tous plus désagréables et aigris les uns que les autres. « Vraiment merci pour le coup de main, je sais pas comment j'aurais fait sans toi. » J’ai pas compté mais ça doit être au moins la quatrième fois qu’elle me remercie, elle est plus que polie et ça me gêne un peu parce que je n’ai pas fait grand-chose. « T’es pas obligée d’autant me remercier tu sais c’est normal de se rendre service. Surtout si tu viens de débarquer et que tu connais pas la ville. » Je suis curieux sur ce qu’elle fait là, elle a dit être nouvelle en ville mais je me demande pourquoi elle a choisi notre belle ville. Son téléphone va mettre un bon moment à charger et elle a l’air très sympa alors j’en profite pour poser des questions. « Tu t’installes ici pour le boulot ? Ou t’es étudiante peut-être ? »

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Spencer Blackwell & @Melchior Nicholls

Spencer continue son petit numéro avec brio. L’autre semble mordre à l’hameçon et c’est presque trop facile. Elle s’invente des galères, le genre de truc crédible qui fait passer son personnage pour une pauvre jeune femme fragile et vulnérable. Le genre qu’elle déteste côtoyer mais qui a l’air de plaire à la gent masculine. Faut croire que ça flatte leur égo de savoir qu’ils sont le seul espoir d’une meuf complètement perdue et en besoin d’assistance. « Heureusement qu’il était là pour te filer un coup de main, une panne de voiture c’est toujours l’angoisse. » elle acquiesce avec vigueur, l’air de dire que oui, elle sait qu’elle a eu beaucoup de chance d’être tombée sur un bon samaritain et non pas sur un type louche qui l’aurait embarquée dans le fin fond du bush australien pour la faire disparaître à tout jamais. « Surtout quand on y connaît rien. » elle ajoute, n’ayant même pas besoin de faire semblant pour prétendre ça. La mécanique et tout le reste, c’est pas du tout son domaine d’expertise à la blonde. La jeune femme insiste sur ses remerciements, se fait encore plus perdue dans la fourmilière géante qu’est la grande ville. « Tu verras, Brisbane c’est une ville sympa. Y a quelques quartiers à éviter mais bon un peu comme partout mais dans l’ensemble c’est plutôt sûr comme ville. Perso j’ai jamais été embêté. » elle acquiesce, faisant mine de le croire sur parole quand vraiment, elle connaît les lieux comme sa poche. « Oh ? T’as des endroits à recommander ? » elle s’intéresse. C’est aussi un moyen de savoir où il a l’habitude de traîner pour ne pas prendre le risque de le recroiser plus tard. Si elle a de la chance, dans quelques mois il aura complètement oublié son visage et ça sera de nouveau fréquentable. « Et d’autres à éviter, aussi ? » elle plisse les yeux, prend l’air méfiante et prête à prendre des notes sur les lieux à éviter à tout prix. « Non mais je comprends le coup de stress, vraiment tu ne me déranges pas du tout j’attendais personne. » Spencer hoche la tête, et ça l’arrange beaucoup qu’il n’attende personne. Ca aurait été très chiant. « Enchanté JJ, moi c’est Mel. » elle lui offre de nouveau un sourire charmant en lui serrant la main. Mel, donc, semble être un jeune homme tout à fait charmant et serviable. Elle va presque s’en vouloir de lui piquer ses affaires. « Mel ? C’est le diminutif de quoi ça ? Emile ? » elle essaye de deviner en plissant les yeux. « Mon vrai prénom c’est Jayden, mais tout le monde m’appelle tout le temps JJ, alors c’est un peu devenu officiel à force. » elle plaisante en riant légèrement. C’est presque vrai aussi, ça. « T’es pas obligée d’autant me remercier tu sais c’est normal de se rendre service. Surtout si tu viens de débarquer et que tu connais pas la ville. » elle ajoute dans un rire nerveux, la jeune femme jette un oeil à son téléphone, prétendant de vérifier la barre de chargement. « C’est la pression qui redescend là. » nouveau rire nerveux, elle prend le temps de marquer une pause pour respirer un coup. « Tu t’installes ici pour le boulot ? Ou t’es étudiante peut-être ? » sans doute qu’elle pourrait rebondir dessus et prétendre qu’elle est à l’université, oui, mais il n’a pas l’air beaucoup plus âgé qu’elle et c’est un coup à se tirer une balle dans le pied si lui est vraiment étudiant. « A la base non. Je suis en ville pour hm, m’occuper de ma mère. » elle baisse les yeux, force un bref sourire un peu triste et géné. « Elle va pas très bien et heu… Faut que quelqu’un puisse veiller sur elle. » c’est le moment de sortir les violons, là. Elle a toujours été douée pour faire semblant de pleurer, alors elle n’a aucun mal à prétendre essuyer ses yeux et relever un regard humide vers le fameux Mel. « Pardon, j’ai encore un peu de mal à réaliser. » qu’on lui offre un award, vraiment. « Je sais pas ce que je vais faire, après. Si je reste ici ou si je repars. » elle se racle la gorge, faisant de son mieux pour reprendre contenace. « Mais je suis pas là pour t’ennuyer avec mes histoires. Tu fais quoi toi ? Tu bosses dans le quartier ? » faire genre de changer le sujet un peu précipitamment après une bombe pareille, ça fonctionne généralement plutôt bien.

« Surtout quand on y connaît rien. » Je m’imagine à sa place et effectivement c’est l’angoisse. Je n’ai même pas mon permis alors tout ce qui tourne autour de la mécanique c’est obscur pour moi. “Totalement, j’y connais rien non plus t’en fais pas.” L’inconnue en détresse a l’air très inquiète par rapport à Brisbane. Je peux comprendre son anxiété puisque c’est une nouvelle ville pour elle mais elle peut se rassurer, Brisbane est une ville où l’on se sent bien et qui reste sûre. Bien sûr il vaut mieux faire attention à ses affaires quand on est dans des quartiers qui craignent un peu ou éviter de rentrer trop tard, surtout pour les femmes. Mais bon je pense que ça malheureusement aucune ville n’y échappe. Je la rassure un petit peu et je vois que son visage se détend un petit peu. « Oh ? T’as des endroits à recommander ? » Je réfléchis un peu et je lui réponds. “Y a des bars très sympas à Fortitude Valley” Je ne sais pas si elle est du genre fêtarde, j’en ai pas trop l’impression si elle est aussi stressée mais si elle n’est pas en ville longtemps je me dis que lui indiquer un endroit agréable pour sortir n’est pas une mauvaise idée.  “Je sais pas si t’aimes bien les concerts et la musique mais y a souvent des groupes qui jouent au Canvas. Je suis dans un groupe et on joue souvent là-bas si ça t’intéresse.” Je nous fais un peu de pub, ça ne fait jamais de mal. Je suis fier de faire partie d’Oxtorm et je ne me lasse jamais de nos concerts au Canvas. “Ou si t’es plus branchée musique classique il y a un excellent orchestre à Brisbane.” Difficile de dire quel genre de musique elle écoute juste en l’observant. Je me souviens de la fois où j’ai oublié mon Ipod au magasin où bosse Garret, il s’était bien foutu de ma gueule en apprenant que j’étais un grand fan de Britney Spears et de Taylor Swift, sûrement parce que c’est pas un truc qu’on devine au premier abord en me regardant. “Bon j’arrête de me faire de la pub, je veux pas te saouler.” Je souris parce que c’est ce qui m’arrive chaque fois que je parle de musique mais bon on ne se connait pas et il vaut mieux que j’évite de me lancer sur le sujet si ce n’est pas quelque chose qui l’intéresse. « Et d’autres à éviter, aussi ? » La réponse est plus simple et je lui dis sans trop hésiter. “Evite la zone industrielle désaffectée vers Redcliffe, y a des gens un peu louches là-bas.” Je précise un petit peu, même si je pense qu’elle n’aurait jamais eu l’idée d’aller traîner là-bas. “Des drogués par exemple, des voleurs, vaut mieux se méfier quand on se balade là-bas.” Je n’y suis jamais allé mais j’ai entendu de nombreuses histoires toujours trop sombres donc je n’ai pas envie qu’il lui arrive quelque chose si elle se perd et qu’elle tombe là-bas par exemple. Elle se présente et j’en fais de même. « Mel ? C’est le diminutif de quoi ça ? Emile ? » J’ai un petit rire quand elle parle du prénom Emile, c’est pas courant comme prénom, mais bon Melchior est plutôt rare aussi.  “Emile on me l’avait jamais faite celle-là. Non non c’est Melchior.”« Mon vrai prénom c’est Jayden, mais tout le monde m’appelle tout le temps JJ, alors c’est un peu devenu officiel à force.” Je la comprends, Mel pour moi c’est devenu mon nom usuel, à part mes patrons au Ras le Bol je pense que tout le monde m’appelle Mel. Je n’ai jamais aimé mon prénom, trop long et peu vieillot, alors Mel c’est parfait. “C’est comme Mel pour moi, personne ne m’appelle Melchior.” Si quelqu’un m’appelle par un prénom complet en principe ce n’est pas bon signe. Je me souviens de ma mère qui hurlait dans la maison “MELCHIOR NICHOLLS” et là je savais que j’avais dû oublier de ranger quelque chose ou que j’avais fait une bêtise. « C’est la pression qui redescend là. » Je me trouvais anxieux mais je pense qu’à côté d’elle je suis quelqu’un de très serein. J’essaie de la mettre à l’aise en lui posant des questions sur ce qu’elle fait dans la vie. « A la base non. Je suis en ville pour hm, m’occuper de ma mère. » Je l’écoute tout en mangeant, je ne voudrais pas manger froid. « Elle va pas très bien et heu… Faut que quelqu’un puisse veiller sur elle. » Mon cœur se serre quand elle parle de sa mère malade, elle n’a pas l’air d’avoir une vie facile cette JJ. “Je compatis, je m’occupe de ma mère aussi. J’espère que ça ira pour elle.” Et ça me brise le cœur à chaque fois que je vais la voir, que je vois son regard affolé parce qu’elle ne me reconnaît pas. J’ai l’impression qu’avec cette maudite maladie chaque jour est pire que le précédent. « Pardon, j’ai encore un peu de mal à réaliser. » Je la vois pleurer et mes yeux sont humides aussi, parce que ça fait écho à mon histoire et aussi parce que voir les autres pleurer ça me fait pleurer aussi. « Je sais pas ce que je vais faire, après. Si je reste ici ou si je repars. » Je me penche dans mon sac et je sors un paquet de mouchoirs, je lui en tends un, c’est la seule chose que je puisse faire pour l’aider à aller mieux. « Mais je suis pas là pour t’ennuyer avec mes histoires. Tu fais quoi toi ? Tu bosses dans le quartier ? » Je me sens triste pour elle maintenant et je me sens impuissant. Je ne sais pas de quelle maladie elle parle et ça ne me regarde pas mais je sais ce que c’est d’avoir autant de pression et de tristesse sur le coeur. Si elle veut se confier à un inconnu et vider son sac à un inconnu je veux qu’elle sache qu’elle ne m’embête pas. “Non mais tu ne m’ennuies pas, si t’as envie de parler de ça n’hésite pas, je sais ce que ça fait.” Je réponds à sa question et là aussi ça me rend un peu triste de parler de mon ancien boulot. “Je bossais au Ras le bol, c’est un restaurant italien dans le coin, j’ai démissionné parce que je suis musicien maintenant.” C’est le point positif de cette histoire, si j’ai démissionné c’est parce que je vois mon rêve qui se réalise et que je pars à l’aventure avec Oxtorm. “Faut que j’aille aux toilettes, est-ce que tu peux garder mon sac s’il te plaît ?”

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Spencer Blackwell & @Melchior Nicholls

Ca reste amusant de devoir grossir le trait de son incompétence, et le fait de ne vraiment rien y connaître en mécanique l’aide à ne pas devoir trop jouer la comédie. Elle aurait été embêtée dans le cas où elle aurait prétendu le contraire et que lui aurait également été un fin connaisseur. Mais là ce n’est pas le cas, alors tout roule. « Totalement, j’y connais rien non plus t’en fais pas. » elle souffle un rire et hoche la tête. JJ reprend son numéro, tâte le terrain avec lui. Où va-t-il sur son temps libre, que fait-il ? « Y a des bars très sympas à Fortitude Valley »  Spencer -ou plutôt JJ- fait mine d’enregistrer l’information. Elle hoche la tête alors même qu’elle connaît parfaitement les lieux. Au moins elle sait dans quelle zone le jeune homme est susceptible de traîner, elle prendra donc soin d’éviter les établissements de ces quartiers là pour les mois à venir. Non pas que l’idée de le recroiser lui fasse peur, mais au moins elle évite les ennuis tant qu’elle peut. Pas besoin de créer une scène quand ça peut être évité, hein. « Je sais pas si t’aimes bien les concerts et la musique mais y a souvent des groupes qui jouent au Canvas. Je suis dans un groupe et on joue souvent là-bas si ça t’intéresse. » donc le Canvas c’est définitivement un no go. Elle n’attendait pas autant de précision, mais elle prend l’information quand même. « Un groupe ? Ils jouent quoi comme genre de musique dans ce bar ? » c’est un peu mixte, elle le sait,  mais hé, JJ n’est pas au  courant. « Ou si t’es plus branchée musique classique il y a un excellent orchestre à Brisbane. Bon j’arrête de me faire de la pub, je veux pas te saouler. » ça c’est déjà plus  surprenant. Elle arque un sourcil et penche la tête sur le côté, soudainement intéressée. « Okay donc t’es dans un groupe et un orchestre ? Trop bien ! » elle s’enthousiasme sans trop forcer, parce que réellement, elle trouve ça plutôt cool comme passe-temps. Elle ne lui aurait pas tellement donné le genre musicien, au garçon. Employé de bureau à la limite, mais pas du genre à gratter des cordes ou qu’importe ce qu’il fait comme instrument. « Evite la zone industrielle désaffectée vers Redcliffe, y a des gens un peu louches là-bas. Des drogués par exemple, des voleurs, vaut mieux se méfier quand on se balade là-bas. » toujours dans son personnage, la blonde plisse le nez dans une grimace. Il est au courant pour ce genre de quartier, ce qui veut aussi dire qu’il n’ira probablement pas. De toute manière, elle-même n’y traîne plus depuis un moment. « Ah, ouais. Merci du conseil. » elle ne voudrait pas tomber sur des gens dangereux et peu fréquentables, hein. S’il savait, le pauvre Mel. Elle essaye un peu naïvement de deviner son vrai prénom. « Emile on me l’avait jamais faite celle-là. Non non c’est Melchior. » « C’est pas commun, ça. » elle souffle en ayant pas besoin de beaucoup réfléchir pour savoir qu’elle ne connaît personne d’autre avec ce prénom là. Elle en profite pour expliquer le pourquoi de son pseudo JJ, ce qui est un demi mensonge seulement, vu que Jayden est bien sur sa carte d’identité. C’est juste pas son nom d’usage. « C’est comme Mel pour moi, personne ne m’appelle Melchior. » « Ouais, je comprends. C’est toujours plus sympa les surnoms, de toute façon. » quand on a un patronyme qui se prête bien à un raccourci, c’est plus que commun que ça arrive. Encore que, dans  son cas, JJ est un surnom qu’elle s’est choisi pour se planquer quand elle fait ses conneries. Concernant Spencer, il n’y a qu’une seule personne qui avait pour habitude de le raccourcir. Et encore, c’était juste tronqué d’une seule lettre, pas de quoi en faire une affaire d’état.  « Je compatis, je m’occupe de ma mère aussi. J’espère que ça ira pour elle. » ah, ça, c’est le genre d’info dont elle se serait bien passée. Ca titille sa conscience et son sens moral, c’est presque suffisant à la faire changer d’avis. « On croise les doigts. Bon courage à toi aussi. » et ça, elle le pense vraiment. « Non mais tu ne m’ennuies pas, si t’as envie de parler de ça n’hésite pas, je sais ce que ça fait. » « T’es mignon. » qu’elle commente avec un sourire un peu triste. Si elle regrette déjà son geste, elle se rassure en se  disant que cet argent, elle en a besoin aussi. « Je bossais au Ras le bol, c’est un restaurant italien dans le coin, j’ai démissionné parce que je suis musicien maintenant. » « Genre en pro et tout ? » bah oui, forcément  du coup. Bon, ça veut dire qu’il gagne bien sa vie non, un musicos ça brasse de l’argent ? « Bah oui, si tu fais partie d’un groupe et d’un orchestre. » elle ajoute. En soit, c’est pas forcément logique, y a tout un tas de gens qui sont dans des groupes de garage et qui font juste ça pour le fun. Mais s’il met en parallèle son ancien job dans un resto et sa carrière musicale, c’est que c’est lié. « Faut que j’aille aux toilettes, est-ce que tu peux garder mon sac s’il te plaît ? »  « Oui, pas de soucis. » elle dit doucement en faisant mine de regarder son téléphone pendant qu’il  s’éloigne. C’est le moment ou jamais. Une fois qu’il a disparu, elle récupère chargeur, se penche pour aller farfouiller dans le sac laissé sans surveillance et en récupérer le portefeuille, pas le temps de fouiller maintenant, elle verra ça plus tard. Elle trouve ce qu’elle cherchait, le glisse dans son propre sac et se lève en faisant mine de décrocher son téléphone pour se diriger vers la sortie. C’est pour le show, comprenez. Elle feint la conversation animée et s’éclipse au coin de la rue. Pauvre Mel qui va se retrouver sans argent pour payer deux repas.