Tu ne parviens toujours pas à faire du sens de tout ce qui s’est passé ce soir. Tout de la situation s’apparente à une série de coïncidence qui n’aurait jamais dû avoir lieu et tu peines à croire que tu es celle qui, malgré toutes tes bonnes intentions, ait fait déraper la situation. Tu t’en veux de ne pas tout simplement avoir su gérer avec les avances maladroites et déplaisantes du cousin de Maddy. Tu t’en veux d’avoir ressenti le besoin de préciser que tu n’étais pas un cœur à vendre, comme si cette information n’allait pas susciter une réaction de curiosité de la part de Mark qui avait toujours eu l’habitude de traiter comme si tu faisais partie de sa famille. Tu n’étais pas certaine que tu aurais toujours droit à ce traitement de faveur désormais, maintenant qu’il croyait – à tort – que le petit-ami de sa fille l’avait trompé avec toi. Ou était-ce l’inverse? Personne n’avait réellement pris le temps de préciser avec qui Isaac vivait une relation légitime, même si ce soir, c’est au bras de Maddy qu’il était, faisant de toi la maîtresse. Ça ne fait pas de sens quand on y pense puisque c’est toi qui t’es affichée publiquement avec lui, il y a une dizaine de jours à peine, mais la tendance porte à croire que plus personne ne pensait logiquement à la fin de ce désastreux souper. Tu ne veux qu’une chose : enfin pouvoir rentrer chez toi, te rouler dans un plaid et mettre tout ça derrière toi une bonne fois pour toute. Tu ne sais pas trop ce qui va se passer pour la suite des choses, si Maddy aura le courage de tout admettre à ses parents et à sa sœur surtout, mais tu sais qu’au bout du compte, ces décisions ne t’appartiennent pas. Ce que tu sais aussi, c’est que tu ne te sens pas à l’aise de laisser la blonde conduire pour rentrer chez elle, et une fois que tu t’es assurée qu’Isaac lui était en mesure de conduire malgré le vin consommé et la crise soudaine d’allergie, tu l’embrasses une dernière fois avant que vos chemins ne se séparent et que tu t’installes derrière le volant de la voiture de Maddy, la blonde prenant place à tes côtés.

Les premières minutes à rouler se passent dans un silence des plus complets, quand ni elle ni toi ne semblez savoir quoi dire pour finalement briser la glace. Tu n’en veux pas à l’actrice, non. Tu te doutes qu’elle s’est mise dans une telle situation sous un coup de pression qu’elle a maladroitement géré, même si tu peines à comprendre ce qui a bien pu la pousser à aller jusqu’à un tel extrême. Tu veux comprendre, mais tu te sens tellement mal d’avoir tout compromis avec ta gaffe que tu as l’impression que tu ne peux pas non plus te permettre de poser la moindre question. Tu tournes légèrement le volume de la radio, incapable de supporter plus longtemps le silence qui se fait toujours un peu plus lourd entre vous avec chaque minute qui passe. Tu tentes autant que possible de te concentrer sur la route, sur les rues peu familières de Bayside qui se changeront éventuellement pour les chemins que tu connais de mieux en mieux de Toowong. Tu ne cesses de te dire que tout ce bordel aurait pu être évité, si tu avais parlé d’Isaac à Maddy la dernière fois que tu l’as vu, ou si Isaac t’avait spécifié le nom de cette amie à qui il rendait service. Mieux encore, rien de tout ça n’aurait eu lieu si tu avais tout simplement refusé l’invitation de Mark de célébrer Thanksgiving avec eux. Tu avais beau tourné tout ça dans to esprit, tu sais qu’il est impossible de réécrire le désastreux scénario de cette soirée. La lumière devant toi change pour le jaune et tu ralentis, et tu arrêtes complètement lorsque celle-ci devient rouge. Tu oses enfin te tourner légèrement vers elle. Il faut crever l’abcès, tu ne veux pas risquer de mettre votre amitié en péril une fois de plus. « Je suis désolée pour ce soir Maddy. » Tu te pinces légèrement les lèvres et puis retournes ton attention sur la route, le feu de circulation redevenant vert. « Je te jure que je cherchais pas à vous exposer, Isaac et toi. J’ai pas pensé… » Et maintenant, c’était le bordel plus que jamais et tu avais peur que ça vous coûte très cher, à toutes les deux.

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@penny stringer

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Ce soir, l’actrice a donné sa plus mauvaise interprétation. Toute cette mise en scène est devenue bancale au moment où les invités surprises ont été dévoilés, les manigances d’entremetteur de Mark ont pris des proportions incontrôlées, sans parler des pouvoirs de divination de sorcière Mabel. Un à un les protagonistes ont quitté la maison des Griffiths, laissant planer le doute sur les secrets qui venaient d’être dévoilés au grand jour. Le faux couple que formait Isaac et Maddy ne tenait plus la route avec les photos dévoilées de Penny en compagnie de l'infirmier.  L’ainée des Griffiths n’a plus eu envie de jouer cette absurde comédie au moment où elle a appris pour ses deux amis. Elle a senti son ventre se tordre de douleur au moment où l’infirmier a décidé de se sacrifier pour tout le monde. Cette réplique n’a jamais été prévue dans le scénario initial. L’actrice s’est sentie désemparée et honteuse d’avoir créer une telle cacophonie avec ses mensonges. Tout ça pour quoi ? Pour préserver l’image de si-parfaite-Maddy.

Après s’être assurée qu’Isaac allait mieux, Penny propose à Maddy de la raccompagner en voiture. Sage décision étant donné les nombreux verres qu’elle avait ingurgité lors du repas. Durant une bonne partie du trajet, Maddy reste silencieuse. Elle est encore paralysée par les récents événements. Son regard est perdue dans le vide, aucun son ne sort de sa bouche. Doucement la voiture ralentie à un feu rouge et Penny décide de briser le silence. « Je suis désolée pour ce soir Maddy. » Pendant un instant, elle sent le regard de Penny sur elle, pourtant elle n’ose le croiser. Maddy a le sentiment d’être une petite fille qui a fait une énorme bêtise ce soir. « Je te jure que je cherchais pas à vous exposer, Isaac et toi. J’ai pas pensé… » Maddy se déteste. Pourquoi cherchent-ils tous à s’excuser ou à protéger l'actrice, alors que c’est clairement elle la fautive dans l’histoire ? Elle se passe une main sur le front avant de soupirir. « Penny… » Même si le corps de l’actrice est traversé par de nombreuses émotions contradictoires, elle n’arrive pas à lever le ton de sa voix. « Ne t’excuse pas. » Elle pense réellement ses mots. « Je suis la première à avoir menti. » Sa voix est incertaine, mais elle doit se faire violence, elle doit arrêter de mentir, c’est devenu une fâcheuse habitude. Elle ment en permanence à sa famille, elle ne veut pas également mentir à ses amis. « Je mens depuis des années à mes parents, à Mabel. » C’est la triste vérité, la famille Griffiths n’a rien d’une famille aimante et soudée. Leurs relations n’est qu’une succession de faux-semblants, et l’ensemble devient réellement pesant au quotidien. « Il fallait bien qu’un jour ça se casse la figure. » Revenons à l’origine de ce mensonge, le plus récent qu’elle a inventé en embarquant son ami Isaac. « J’ai paniqué l’autre fois quand Isaac et moi avions croisé Mabel au marché. J’ai inventé un mensonge sans savoir qu’il allait prendre des propositions énormes. » Si elle l’avait su, elle n’aurait jamais rien inventé de tel. De plus, elle se souvient qu’Isaac lui avait mentionné la présence d’une petite amie ce jour-là. « Je te dois des explications. » Car Penny le mérite, elle ne veut pas que ses histoires s’immiscent entre elles. Pourtant elle comprendrait totalement sa déception ou sa colère. « On se connaît depuis quelques années avec Isaac. Ça m’est arrivé de tomber sur lui lorsque j’avais des examens à l’hôpital. Puis après on s’est perdu de vue. » La partie des examens, Maddy n’a pas encore la force d’en parler de vive voix. C’est un secret beaucoup trop sensible pour elle. « En juin dernier quand j’ai appris la grossesse de Mabel, cette nouvelle m’a complètement anéanti. Je savais pertinemment qu’on allait m’embêter de nouveau sur mes histoires de cœur. » Maddy n’a plus jamais présenté personne depuis sa dernière rupture. Plus les années passées, plus le spectre de son célibat est devenu pesant. « Sur un coup de tête je me suis inscrite sur Tinder. On a matché avec Isaac et c’est là qu’on s’est retrouvé. » Voilà la vraie histoire de leurs retrouvailles. « Je te rassure il ne s’est jamais rien passé entre Isaac et moi. » Elle soupire en repensant au propos exagérés de Bryan. Petit morveux. Il s’ajoute à la liste des problèmes que Maddy doit gérer et elle n’ose même pas penser aux dernières bêtises en date. La relation entre Isaac et elle est purement amicale, si Mark avait quelqu’un à gronder, ça serait sa propre fille ou son agent, Sergio.

Ce n’est pas le temps d’avoir des nausées et pourtant, tu as terriblement mal au cœur en ce moment. Tu n’es pas certaine que ce soit complètement relié à la grossesse toutefois, quand la tension dans la voiture semble à son apogée et que ni Maddy ni toi ne semblez être en mesure de trouver les bons mots pour démêler le bordel que fût ce dîner. Tu t’oses à briser la glace, maladroitement, mais même après t’être excusée auprès de l’actrice, tu ne te sens pas mieux du tout. Tu ne fais que repenser à Mark qui s’emporte devant tout le monde, pensant que vous vous êtes moqués de lui à des niveaux qu’il ne comprend sûrement pas encore. Et puis évidemment tu penses à Isaac qui a dû s’incriminer d’actes qu’il n’a pas commis pour préserver le mensonge de Maddy et ta propre bêtise. C’est beaucoup, beaucoup trop et avec chaque seconde de silence qui se poursuit entre la blonde et toi, tu as l’impression de perdre un peu plus la raison. « Penny… Ne t’excuse pas. Je suis la première à avoir menti. » Tu ne comprends toujours pas pourquoi, d’ailleurs. Peut-être que la Griffiths sait lire l’interrogation sur ton visage puisqu’elle commence doucement à t’expliquer l’origine derrière cette situation étrange dans laquelle vous vous êtes tous retrouvés. « Je mens à depuis des années à mes parents, à Mabel. » Depuis des années? Tu fronces légèrement les sourcils. Tu te doutes qu’elle ne fait pas seulement référence à son faux-couple avec Isaac puisque celui-ci est assez récent, du moins du peu que t’a raconté l’infirmier il y a quelques semaines de cela. « Il fallait bien qu’un jour ça se casse la figure. » La lumière repasse au vert et tu redémarres la voiture, ton regard passant constamment de la route à Maddy qui semble plus mal que tu ne l’as jamais vu par le passé. « Tu leur mens sur quoi, Maddy? » que tu demandes d’une voix aussi douce que possible, tentant de comprendre ce que l’actrice peut bien gagner à inventer toutes sortes d’histoires auprès de sa famille.

« J’ai paniqué l’autre fois quand Isaac et moi avions croisé Mabel au marché. J’ai inventé un mensonge sans savoir qu’il allait prendre des proportions énormes. » Tu tentes de te souvenir de la discussion que tu as eu avec Isaac à ce sujet. Tu te souviens qu’en jouant au faux-couple, il avait voulu tirer l’une de ses amis d’une mauvaise passe, lui éviter des jugements supplémentaires de la part de sa sœur. Tu savais que les choses étaient tendues entre Mabel et Maddy, mais jamais tu n’aurais cru que l’aînée était capable d’une telle tromperie pour mener sa cadette en bateau. « Je te dois des explications. » Et si normalement, tu aurais plutôt été du genre à la rassurer et lui dire que ça ne te regarde pas, tu as l’impression que oui, cette fois-ci, ça te regarde ne serait-ce qu’un peu puisque tu as été entraîné dans une histoire dont tu ne connaissais que très peu de détails. « On se connaît depuis quelques années avec Isaac. Ça m’est arrivé de tomber sur lui lorsque j’avais des examens à l’hôpital. Puis après on s’est perdu de vue. » Avec chaque nouvelle information que t’offre Maddy, tu te retrouves un peu plus confuse. Des examens à l’hôpital? Elle a été malade, ou peut-être qu’elle l’est encore, et elle ne t’a rien dit? Il y a des années de ça, vous étiez encore proches, c’était avant le long passage à vide après ce qui s’était passé avec Nolan. Pendant quelques secondes, tu as l’impression de ne pas connaître du tout cette fille qui est assise juste à côté de toi et tu te mords l’intérieur des joues pour ne pas poser de question de suite, la laissant poursuivre ses explications. « En juin dernier quand j’ai appris la grossesse de Mabel, cette nouvelle m’a complètement anéanti. Je savais pertinemment qu’on allait m’embêter de nouveau sur mes histoires de cœur. Sur un coup de tête je me suis inscrite sur Tinder. On a matché avec Isaac et c’est là qu’on s’est retrouvé. » Tu te pinces les lèvres. Tu te doutais bien qu’Isaac avait eu d’autres dates rencontrées sur l’application que toi, mais ça te faisait tout de même quelque chose de l’imaginer à un rendez-vous avec l’une de tes plus proches amies, même si c’était avant que les choses ne deviennent plus sérieuses entre vous deux. « Je te rassure qu’il ne s’est jamais rien passé entre Isaac et moi. » Tu hoches nonchalamment la tête. « Je sais. Je fais confiance à Isaac. » Pouvais-tu en dire autant de Maddy? Avant, oui, sans la moindre hésitation. Mais elle cachait tellement de choses à tellement de gens, qu’est-ce qui te disais que tu ne faisais pas partie de ceux pour qui elle avait de multiples secrets? « Mais je comprends pas Maddy. Pourquoi tous ces mensonges? » Tu peines à rester complètement calme et il te faut prendre quelques respirations avant de pouvoir reprendre la parole, autant pour ne pas t’emporter inutilement que pour éviter d’être malade dans la voiture de la Griffiths alors que tes nausées revenaient à la charge. « Tu m’as jamais dit que t’avais eu besoin de passer des examens à l’hôpital. Et puis pourquoi est-ce que la grossesse de Mabel t’a anéanti? Je sais que les choses sont tendues entre vous, mais t’es pas contente à l’idée de devenir tante? » Tu te passes une main au visage, tentant de faire du sens des confidences de ton amie mais ayant l’irrévocable impression qu’elle ne t’avait pas tout dit. « Pourquoi avoir prétendu être en couple? Et surtout, pourquoi est-ce que tu as laissé tout ça prendre de telles proportions? » Tu secoues la tête. Tu essayes de comprendre, d’être compatissante, mais plus tu y penses, moins ça fait du sens dans ton esprit et tes hormones te rendent sans doute plus émotive que tu ne l’es normalement, que tu ne devrais l’être.

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« Tu leur mens sur quoi, Maddy? » Sur tout. La voix de Penny est douce mais l’anxiété de Maddy ne fait qu’augmenter. Elle se sent mal, vraiment mal, de mentir à ses propres amis à l'exception de Swann. A quoi tout cela rime ? Maladroitement, elle essaye de donner des explications. Elle raconte les premières choses qui lui passent par la tête : Isaac et Mabel au marché, le premier mensonge, leur date Tinder, leur rencontre, les examens médicaux. Cela n'a aucun sens. « Je sais. Je fais confiance à Isaac. » Les explications de la Griffiths sont décousues. Elle aurait peut-être dû commencer par le début, le tout début, la simple vérité. « Mais je comprends pas Maddy. Pourquoi tous ces mensonges? » La propos féminins ne font que confirmer le ressenti de la Griffiths. « Tu m’as jamais dit que t’avais eu besoin de passer des examens à l’hôpital. Et puis pourquoi est-ce que la grossesse de Mabel t’a anéanti? Je sais que les choses sont tendues entre vous, mais t’es pas contente à l’idée de devenir tante? » Elle marque un point. Maddy se rend compte que peu de personnes dans son entourage sont au courant de ses soucis de santé. Elle s’est volontairement mise dans cette situation, s’emprisonnant dans son propre silence. Dès son plus jeune âge ses parents lui ont répété que sa vie devait être parfaitement bien tracée, elle n’avait pas le droit à l’erreur. En tant qu’ainée Madeline a toujours eu plus de pression sur les épaules de la part de ses parents que sa benjamine. Elle a été le cobaye qu’on a voulu façonner à la perfection. Un jour, le moule a commencé à se craqueler et cela quand Maddy a vu qu’on était plus indulgent avec Mabel. Ce n’était pas grave si la carrière de la benjamine ne décollait pas. Ce n’était pas grave si elle n’avait pas des bonnes notes à l’école. Ce n’était pas si important si les fréquentations de Mabel étaient décousues. Lorsque sa petite sœur s’était affichée aux bras de femmes, Mark et Matilda ont perçu selon comme une « phase rebelle » et sont désormais rassurés de la voir mariée à un homme. Maddy elle n’avait rien dit, cela faisait bien trop longtemps qu’elle ne partageait plus rien avec sa petite sœur. L’ainée de la famille n’avait jamais eu le droit à ce traitement de faveur. C’est là que la jalousie de Maddy s’est développée envers sa petite sœur. « Pourquoi avoir prétendu être en couple? Et surtout, pourquoi est-ce que tu as laissé tout ça prendre de telles proportions? »

La route défile devant leurs yeux, Maddy commence à avoir mal au ventre. Elle panique intérieurement. Elle a juste envie de se rouler en boule dans son lit et disparaitre. Pourtant elle doit affronter la réalité si elle ne veut pas perdre Penny. « Je ne sais pas. J’ai perdu le contrôle. » Et cela depuis des années. Tout s’entremêle dans son esprit. Elle a mal au cœur, elle ne veut pas encore perdre une amie, elle est la spécialiste pour ça. Maddy avait laissé Joy au pire moment de sa vie par exemple. En silence, ses yeux deviennent humides. La Griffiths ressent le poids qu’elle porte sur les épaules. Il est si lourd, si intense, qu’il est sur le point de la faire couler. Maddy doit remonter à la surface, elle doit dire la vérité. Pas encore à Mabel, mais Penny est son amie. Elle peut trouver la force de se confier à elle. « En 2018, on m’a fait comprendre que mes chances de procréer sont infimes. » Sa main se pose sur son ventre, ce dernier gardant encore des « marques » de cette sombre époque. « C’est pour ça que mon ex m’a quitté, car j’y arrivais pas. » De telles confessions lui procurent un drôle de sentiment, s’approchant du malaise, car elle sait que son amie porte l’enfant d’Isaac. Pourtant elle ne dit rien, elle n’est pas censée avoir possession de cette information privée. Penny choisira le moment de lui dire. « Je me suis sentie si mal que je suis partie, j’ai voulu disparaitre. » Ses mots sont vagues, elle avoue à demi-mesure sa tentative de suicide sans rentrer dans les sombres détails. Admettre que sa vie n’est pas si parfaite, faire face au miroir de la vérité, lui fait du mal. « J’ai juste pris l’habitude de mentir quand les choses ne sont pas aussi parfaites aux yeux de mes parents. » Ceci explique cela. Enfin, elle essaye tant bien que mal. Toutes ses informations sont nombreuses à assimiler et retenir. Elle n’arrive même pas à regarder Penny dans les yeux. Elle a l’impression d’être un imposteur, ne de plus être son modèle, pourtant ce n’est pas faute de l’avoir conseiller avec sincérité. « Chez les Griffiths tu n’as pas le droit à l’erreur. Tu dois être parfaite. Je dois être parfaite. T’as bien vu le cinéma que c'était au repas. » Maddy ne devrait pas prononcer ses mots, mais c’est plus fort qu’elle. Elle a été endoctrinée par ses paroles qui tournent en boucle dans sa tête. L’actrice n’arrive plus à se défaire de cette doctrine parentale. Sa réputation est actée par le nom « Griffiths », ses mains sont liées, emprisonnées. Madeline Griffiths a été poussé vers le chemin de la perfection dès son plus jeune âge.  Aujourd’hui, elle se sent ridicule et honteuse à côté de sa sœur mariée et enceinte.

Tu n’aimes pas le silence qui perdure après chaque question que tu poses à Maddy. Tu tentes de faire du sens des quelques confidences qu’elle t’offre, mais la vérité, c’est que tu comprends qu’il te manque des morceaux du puzzle pour bien assimiler tout ça, beaucoup de morceaux sans doute. Maddy se confie au compte-goutte et tu t’impatientes. Peut-être bien que tu te répètes, chaque question revenant au même point de départ : pourquoi? Tu essayes de te concentrer autant que possible sur la route qui défile devant vos yeux, mais il devient de plus en plus difficile de gérer avec ta conduite, tes nausées et toutes tes questions. Alors quand tu tournes sur une énième rue, alors que vous arrivez finalement près du quartier où vous demeurez toutes les deux désormais, tu arrêtes la voiture sur le bord du chemin pour pouvoir te concentrer pleinement sur la blonde, tout comme pour éviter un malheureux accident si tu devais être malade derrière le volant. « Je ne sais pas. J’ai perdu le contrôle. » Tu ne l’as jamais vu comme ça, Maddy. Elle a toujours été ce modèle de confiance et d’assurance, de contrôle aussi. Pas ce soir. Pas maintenant, avec son visage déconfit et sa mine qui cri d’une tristesse que tu n’avais jamais remarqué auparavant, mais qui ne semble pas si nouvelle, étonnamment.  « En 2018, on m’a fait comprendre que mes chances de procréer sont infimes. » Tes yeux s’écarquillent légèrement et une main se pose sans même le réaliser sur ton ventre, là où se cache une vie que tu n’as pas chercher à créer, mais qui s’est placé là avec facilité et ça te serre le cœur de penser que ton amie, elle qui a sans doute chercher à tomber enceinte souvent par le passé, n'a pas eu cette même chance que toi. « C’est pour ça que mon ex m’a quitté, car j’y arrivais pas. » « Oh Maddy, je suis tellement désolée. » Tu ne sais pas quoi dire de plus, mais tu sais ce que tu ne feras pas toutefois : tu ne lui parleras pas de ta grossesse accidentelle. Pas ici, pas comme ça. Tu aurais l’impression de remuer le couteau dans la plaie et ce n’est pas du tout ce que tu cherches à faire.

« Je me suis sentie si mal que je suis partie, j’ai voulu disparaître. » La confidence te procure un frisson d’horreur qui te parcoure l’échine. « Disparaître? » que tu reprends d’une petite voix, ne voulant pas voir ni comprendre le sous-entendu, même si ce dernier te semble éloquent, bien trop présent et cohérent avec le récit que te fait ton amie de ces dernières années. « Tu veux dire… » Tu n’as pas le courage de compléter ta phrase, de poser la question correctement, concrètement. Maddy est la troisième personne de ton entourage à se confier sur un sujet aussi lourd que des pensées suicidaires dans les derniers mois et ça te brise un peu plus à l’intérieur de savoir que tes proches, les gens que tu aimes plus que tout, puissent souffrir à un tel point. Comment ça se fait que tu n’as rien vu de tout ça? Comment ça se fait que tu n’apprends ça qu’aujourd’hui? Elle est une sacrée bonne actrice Maddy, et pas seulement devant les caméras. « J’ai juste pris l’habitude de mentir quand les choses ne sont pas aussi parfaites aux yeux de mes parents. » Tu secoues la tête. Ce n’est pas une façon de vivre. Tu ne comprends pas et c’est sans doute pour ça que le « Pourquoi? » file d’entre tes lèvres sans que tu ne puisses le retenir. « Chez les Griffiths, tu n’as pas le droit à l’erreur. Tu dois être parfaite. Je dois être parfaite. T’as bien vu le cinéma que c’était au repas. » « Mais Maddy, tu crois vraiment que tes parents préfèrent que tu fasses semblant d’être quelqu’un que tu n’es pas? Que tu prétendes être heureuse si ce n’est pas le cas? » Tu ne connais pas Mark et Matilda aussi bien que Maddy ou Mabel, tu en conviens. Tu sais que les dynamiques familiales ne sont pas les mêmes partout et que ce n’est pas tout le monde qui a la même chance d’avoir des parents aussi compréhensifs et ouverts que les tiens, mais tu peines à croire que les Griffiths préfèrent ce cirque à la vérité sur ce que Maddy vit, sur qui Maddy est. « Mais tu ne mens pas qu’à tes parents Maddy… pourquoi… pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais rien dit de tout ça? » Ta gorge s’est nouée sur tes derniers mots. « Je sais que dans la dernière année, on était plus aussi proches, mais avant ça je… Je croyais que… » Tu croyais que vous étiez proches. Tu croyais qu’elle pouvait te faire confiance comme tu avais toujours su te confier à elle. Tu pensais que vous aviez un lien privilégié. Peut-être que tu t’étais trompée sur toute la ligne. « J’aurais été là pour toi, tu sais? » Si elle avait voulu te faire une place. Mais peut-être qu’il est là, le problème. « Et Isaac dans tout ça… » Tu soupires longuement, tentant de refaire le tri dans tout ce qui s’est passé. « C’était seulement pour paraître aussi bien que ta sœur, c’est ça? » Tu secoues la tête. Tu ne leur en veux pas pour cette histoire de fausse relation, même si tu ne comprends pas comment Isaac a pu cautionner une telle histoire, ou du moins que cette dernière prenne de telles proportions. « Moi qui avais si hâte de te le présenter. » tu ajoutes avec un léger rire défaitiste. Tu ne savais pas si c’était drôle ou tragique, tout ça, finalement.

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Les confessions tombent au compte-gouttes. Elles sont sensibles et douloureuses. A tel point que Penny arrête la voiture sur le bas-côté de la route. Désormais, elles ne sont plus loin de chez elleS, mais elles doivent continuer leur conversation. « Oh Maddy, je suis tellement désolée. » Maddy continue son récit, essayant de contrôler sa respiration incertaine. « Disparaître? » Les quelques secondes de silence sont pesantes. « Tu veux dire… » Elle hoche la tête de haut en bas. « Oui j’ai voulu mettre fin à mes jours. » qu’elle annonce d’une voix blanche, le regard perdu dans le vide. Son voyage en Suisse a été un moment très marquant de son existence. Elle aurait pu ne jamais revenir. Pourtant elle est encore là aujourd’hui, assise dans le véhicule de son amie.

« Pourquoi? » Alors Maddy explique quelques brides de son histoires, des automatismes qu’elle a pris, de prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes en mentant. Toujours et encore plus. Au début c’était des petits mensonges pas méchants, n’impliquant qu’elle-même. Puis après les choses ont déraillé. « Mais Maddy, tu crois vraiment que tes parents préfèrent que tu fasses semblant d’être quelqu’un que tu n’es pas? Que tu prétendes être heureuse si ce n’est pas le cas? » Le visage de l’actrice s’habille d’un sourire mélancolique. Celui qui ne présage rien de bon. La vérité n’est pas belle à entendre. « Oui je le crois. Ils ont toujours vécu dans un monde d’illusions. Tu ne sais pas comment ils sont au quotidien. Ils ont été absents quasiment durant toute notre enfance. Être parents c’est un rôle qu’ils incarnent quand ça leur chante, et quand ça devient trop compliqué pour eux, ils s’éclipsent. » Laissant les gouvernantes faire le travail à leur place. Mabel et Maddy n’en ont jamais réellement parlé, mais elles ont beaucoup souffert de l’absence de leurs parents. Elles ont été livrées à elles-mêmes, essayant de se construire tant bien que mal. Maddy a rapidement eu un rôle maternel dans la maison des Griffiths, négligeant son lien fraternel avec sa petite sœur. Elle n’a pas réussi à concilier les deux. « Mais tu ne mens pas qu’à tes parents Maddy… pourquoi… pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais rien dit de tout ça? » Les mots de Penny la frappe en plein fouet. Elle réalise qu’elle ne mentait pas juste à ses parents mais aussi à ses propres amis. Le constat lui fait mal à entendre et les larmes glissent en silence sur ses joues. Sa vision devient trouble. « Parce que je n’y arrive pas Penny, c’est trop dur. » C’est la simple vérité, elle n’a pas trouvé la réponse exacte, c’est trop confus dans son esprit. « Je sais que dans la dernière année, on était plus aussi proches, mais avant ça je… Je croyais que… » Ce n’est pas contre la Stringer, Maddy s’est laissée dépasser par les événements, comme toujours. « J’aurais été là pour toi, tu sais? » Elle le sait mais la tristesse a aveuglé la Griffiths. Tout lui est tombé dessus d’un coup brutal et violent, alors que fut un temps tout allait bien dans sa vie. Cependant il a fallu d’un jour, un changement soudain pour que tout bascule. Le miroir dans lequel elle s’est longuement regardée, idéalisant une vie heureuse et joyeuse, sa version de du bonheur parfait, c’était brisé. Maddy souffre d’endométriose et qu’une poignée de gens sont au courant. Pas suffisamment. Mais l’actrice n’a jamais su exprimer comme il le fallait ses maux. Elle a préféré s’occuper des autres oubliant sa peine sur le passage. « Et Isaac dans tout ça… » « J’aurais pas dû… » Elle se répète ses mots en boucle depuis l’apéritif.

« C’était seulement pour paraître aussi bien que ta sœur, c’est ça? » Penny secoue la tête, ses gestes sont remplis d’incompréhension. Maddy peut le ressentir malgré le fait qu’elle ne la regarde pas. L’ambiance est étouffante dans la voiture. La conversation devient de plus en plus difficile à poursuivre. Elles sont sur une pente glissante. « Non… bien sûr que non. » Ou peut-être que si ? Dans tous les cas, la relation entre les sœurs Griffiths est bien plus complexe que cela. « Moi qui avais si hâte de te le présenter. » La rire féminine est nerveux. Maddy ouvre la fenêtre en silence. Elle a besoin de respirer, même si l’envie d’ouvrir la porte et fuir la démange de l’intérieur. Pourtant, elle se fait violence, elle tente d’affronter la conversation. Elle peine à trouver les mots. Maddy peut être une bonne actrice, mais l’improvisation n’est pas toujours un exercice facile. Ce soir, elle doit jouer son propre rôle, le sien et pas celui de la Si-Parfaite-Maddy. Le surnom de sa petite sœur n’avait jamais autant sonné ironique dans sa tête. La benjamine avait si bien cerné son ainée, elles avaient vécu sous le même toit fut un temps. « Je suis désolée. » Elle est consciente que ses simples mots ne seront pas suffisants. Pourtant elle sent son cœur et son ventre se comprimer dans son corps. « Je suis désolée d’avoir tout gâché. » qu’elle répète comme pour essayer de se convaincre. Elle était vraiment une amie pitoyable. « Je vais dire à papa et maman que je ne suis pas en couple, que je ne l’ai jamais été depuis ma rupture. » Elle se sent vraiment stupide avec ses idées. Elle s’est fait prendre à son propre jeu. Echec et mat. « Je me sens si honteuse de ne pas avoir eu la vie dont j’ai rêvé si fort. » Les disputes avec son ex sont toujours ancrés dans sa mémoire. « Je me sens impuissante de ne pas arriver à faire ce que les femmes sont censées réussir. » Avoir des enfants. Pourquoi elle ? « Depuis le jour où je l’ai appris, je n’arrive pas à regarder mes parents dans les yeux. » Ni Mabel d’ailleurs. « J’ai l’impression de ne pas avoir ma place dans cette famille. » Elle passe ses doigts sous ses yeux pour essuyer ses larmes, ça lui fait du mal de concevoir toutes ses réalités.

« Oui j’ai voulu mettre fin à mes jours. » Tu l’avais compris et pourtant d’entendre Maddy prononcer les mots te coupent le souffle. C’est lourd, étourdissant et tu ne sais pas quoi répondre. Qu’est-ce qu’on peut vraiment dire dans une telle situation? C’est la troisième fois en bien trop peu de temps qu’un de tes proches t’admet avoir eu des pensées suicidaires par le passé et c’est la troisième fois que tu ne sais pas comment réagir, que tu ne sais pas quoi dire. Les mots semblent tous bien insignifiants pour décrire la peine que tu ressens à l’idée que leur détresse ait pu être si grande que ça semblait être la seule solution possible pour eux à ce moment-là. Pour Maddy, ça te semble pire que tout encore, parce que tu étais dans sa vie à ce moment-là, vous n’étiez plus aussi proches qu’avant, mais tu aurais dû voir, tu aurais dû savoir. Mais elle savait si bien jouer la comédie, l’actrice, et ça te tordait le cœur plus que jamais de réaliser que tu ne la connaissais peut-être pas aussi bien que tu l’aurais cru. Tu ne sais plus comment agir face à elle, tes questions s’accumulent et tu voudrais qu’elle te réponde honnêtement tout comme tu ne souhaites pas lui faire davantage de mal. La soirée a été lourde, difficile pour tout le monde et après les quelques confidences de la blonde, tu n’es plus certaine que de poursuivre cette discussion soit la meilleure des idées. Pourtant, pourtant. Incapable de faire marche-arrière, incapable de prétendre que rien n’est arrivé ou que tout va parfaitement bien dans le meilleur des mondes. Pour une actrice, toi, tu n’as jamais été particulièrement douée pour jouer la comédie dans ta vraie vie. « Oui je le crois. Ils ont toujours vécu dans un monde d’illusions. Tu ne sais pas comment ils sont au quotidien. Ils ont été absents quasiment toute notre enfance. Être parents c’est un rôle qu’ils incarnent quand ça leur chante, et quand ça devient trop compliqués pour eux, ils s’éclipsent. » Tu te pinces les lèvres tout en secouant la tête doucement. « Je savais pas, Maddy. » Comment t’aurais pu savoir, après tout? Ça aussi, ça faisait partie des choses que la blonde avait pris sur elle de garder secrètes, pour ne jamais laisser entrevoir la moindre faille alors que pourtant, tu aurais fait tout et n’importe quoi pour être un soutien pour elle. « Parce que j’y arrive pas Penny, c’est trop dur. » Et si tu ressens une multitude de sentiments contradictoires face à tout ce qui se passe, tu ne peux que hocher doucement la doute et murmurer doucement « Je comprends… » parce que c’est vrai, que tu comprends. Tu comprends parce que tu as été là, toi aussi, à ne pas savoir comment t’ouvrir aux autres après un évènement traumatisant. Alors non, tu ne veux pas la juger Maddy, tu essayes seulement de te faire une idée de tout ça, et ce n’est vraiment pas facile.

« J’aurais pas dû… » Le cas d’Isaac, c’est autre chose complètement, sans vraiment l’être. C’est une supercherie, une menterie de plus, une qu’elle n’aurait jamais pu se douter aurait un tel impact sur toi. Sans doute que le mensonge aurait pu fonctionner à merveille, si tu ne t’étais pas aussi retrouvée autour de cette table. Ton nom ne serait jamais sorti, Mark n’aurait jamais eu l’idée de regarder les derniers potins te concernant sur le net et ne serait jamais tomber sur une photo d’Isaac et toi. Le Destin s’était moqué de vous solidement ce soir, et voilà qu’encore une fois, tu ne savais plus comment te situer face à tout ça. « Non… bien sûr que non. » « Alors quoi? » Cette question là non plus, tu n’as pas su la retenir. Tu as besoin de comprendre, mais tu commences même à te demander si Maddy connaît réellement les raisons derrière ses actions. Vous n’êtes pas loin de chez Maddy. Peut-être que tu devrais redémarrer la voiture, t’assurer qu’elle rentre chez elle correctement et en faire de même ensuite. Peut-être que rien ne pourra réellement se régler ce soir, tout compte fait. « Je suis désolée. Je suis désolée d’avoir tout gâché. » Tu souffles doucement avant de finalement oser tourner le regard vers la Griffiths. « Ça va Maddy. » Tu voudrais pouvoir lui dire que ce n’est pas de sa faute, mais tu n’es pas certaine d’y croire alors tu préfères ne rien dire du tout. C’est plus sage comme ça, sans doute. « Je vais dire à papa et maman que je ne suis pas en couple, que je ne l’ai jamais été depuis ma rupture. » « Et Mabel? » Tu n’as pas envie de mentir à qui que ce soit, et ça incluait aussi la cadette de la blonde. « Je me sens si honteuse de ne pas avoir eu la vie dont j’ai rêvé si fort. » Tu secoues la tête doucement et viens poser une main sur la cuisse de ton amie. « Ne parle pas comme ça Maddy, la vie est pleine de surprises et rien n’est terminé encore. » Tu es la première à savoir que les plans changent rapidement et subitement, que les rêves se moulent au gré du temps et que la vision que tu avais de ta vie imaginée à l’aube de ta trentaine n’a rien à avoir avec ce que tu vis présentement. « Je me suis impuissante de ne pas arriver à faire ce que les femmes sont censées réussir. » Tu déglutis difficilement. Tu ne peux certainement pas lui dire maintenant que tu es enceinte et que tu n’as même pas chercher à l’être. « T’as pas de contrôle sur ça… » Tu ne peux pas prétendre savoir ce qu’elle vit, mais elle ne peut pas se blâmer pour ça alors qu’elle ne peut pas décider de sa capacité ou non d’avoir des enfants. « Depuis je le jour où je l’ai appris, je n’arrive pas à regarder mes parents dans les yeux. J’ai l’impression de ne pas avoir ma place dans cette famille. » Tu viens passer tes bras autour de la blonde, dans une étreinte dont elle semble avoir cruellement besoin, une étreinte qui te fait du bien à toi aussi. « Il faut que tu sois honnête Maddy, envers eux, mais envers toi-même aussi. » Les mensonges étaient trop lourds, elle s’écroulait sous leurs poids et tu détestais la voir ainsi. « Et si ta famille refuse de te voir pour la merveilleuse personne que tu es, c’est tant pis pour eux, ok? » Tu te recules légèrement pour croiser le regard de la blonde. « T’es pas toute seule, Maddy. » Isaac lui avait bien prouver, à sa façon, qu’il était là pour elle et toi aussi, tu le lui prouverais, comme tu le peux, une fois que les tensions de cette soirée seraient redescendues, même si tu demeurais d’avis que Maddy ne pouvait pas continuer de jouer la comédie ainsi au quotidien.

there's nothing left
but the truth

@penny stringer

***
Il y a tant de choses que Madeline Griffiths a pris soin de cacher dans son jardin secret. Elle a pris la fâcheuse habitude de dire ce qu’il l’arrange, de jouer la comédie, même devant sa propre famille et certains de ses amis. Elle s’en veut car sans s’en rendre compte elle avait mis Penny dans le lot. Chez les Griffiths, c’était presque habituel de jouer la comédie, mais devant ses amis ? Où cette mascarade allait mener Maddy ? A sa perte, c’est certain si elle continue dans cette pente glissante et dangereuse. Avec difficulté, elle confit ses plus sombres secrets à la Stringer. Elle lui explique l’envers du décor chez les Griffiths. Elle ne souhaite cela à personne. L’atmosphère familiale est très pesante, trop pesante. « Je savais pas, Maddy. » Bien sûr que personne ne sait. Mabel et Maddy sont de très bonnes comédiennes quand elles le veulent, chacune à son style, sa signature.

Penny veut savoir pourquoi Maddy ne lui a rien confier durant de nombreuses années. Elle aimerait lui répondre, mais elle n’a pas les mots pour expliquer ce chaos émotionnel qui tourbillonne à l’intérieur d’elle. Elle réalise à peine les ravages du repas de Thanksgiving. Elle réalise à peine les conséquences de ses actes. Même si elle décide de dire une partie de la vérité à Penny, une partie d’elle-même joue encore la comédie. Elle ne prétend rien savoir sur la grossesse de son amie. « Je comprends… »

Maddy essaye de trouver les mots pour donner du sens à cette supercherie qu’elle a monté de toutes pièces. Ce mensonge, ce faux-couple, tout cela pour quoi ? Pour rien, strictement rien. Au lieu de sauver la réputation de Si-Parfaite-Maddy, elle passe pour une personne ridicule. Elle a senti la déception de son père lorsqu’il s’est énervé contre Isaac. Elle ne se remet toujours pas qu’il se soit sacrifié à sa place. Elle a juste envie de pleurer mais elle contient ses larmes. Maladroitement, Maddy se confond en excuses. « Ça va Maddy. » Encore une fois, Maddy abuse de la gentillesse de ses amis. Elle veut réparer les choses, sincèrement, mais elle peine encore à trouver la solution, même si elle est évidente. Dire la vérité à ses parents. « Et Mabel? » C’est le mot qui fâche. La blonde se mord l’intérieur des lèvres. Mabel a-t-elle réellement besoin de savoir la vérité ? Maddy est pratiquement sûre que sa benjamine ait compris les manigances de son ainée. Alors que Matilda et Mark n’y ont vu que du feu. « Ne parle pas comme ça Maddy, la vie est pleine de surprises et rien n’est terminé encore. » Peut-être. Mais la jeune femme n’a toujours pas digéré cet échec personnel et surtout, l’abandon de son ex compagnon. Une nouvelle fois, elle exprime son désarroi de ne pas pouvoir avoir d’enfant, de ne pas pouvoir fonder sa propre famille. « T’as pas de contrôle sur ça… » Pourquoi elle n’y arrive pas elle mais les autres si ? Sa sœur, puis maintenant Penny. C’est trop lourd à supporter. Elle ne s’est jamais sentie à sa place dans cette famille où les faux-semblants règnent en maître. Doucement, elle sent Penny passer son bras autour des épaules de Maddy. A ce simple contact, la blonde tressaillit légèrement. « Il faut que tu sois honnête Maddy, envers eux, mais envers toi-même aussi. » Penny a raison, peut-être que la Griffiths avait besoin d’entendre ses mots ce soir. « Et si ta famille refuse de te voir pour la merveilleuse personne que tu es, c’est tant pis pour eux, ok? » Silencieuse, les mots féminins touchent profondément le cœur de la Griffiths. « T’es pas toute seule, Maddy. » Cette fois-ci, elle relève son regard bleuté vers son amie et dit d’une petite voix. « Tu as raison Penny… je dois apprendre à être plus honnête. » qu’elle soupire tristement avant d’étreinte son amie en retour. Elle reste quelques instants comme ça, laissant retomber la pression de cette désastreuse soirée. Au bout de quelques minutes, Maddy se détache, essuie ses yeux rougis par l’émotion, tandis que Penny reprend la route. La voiture finit par se garer devant la maison de la Griffiths. « Merci de m’avoir raccompagné. » Elle marque une pause avant d’ajouter. « Et merci pour ta bienveillance. » Finalement les filles sortent de la voiture. Il fait sombre dans la rue, il y a seulement les lampadaires qui mettent un peu de vie dans cette obscurité. « Prends soin de toi Penny. » qu’elle dit avec un mince sourire avant de reprendre le chemin de sa maison, le cœur lourd.