La nuit n’a été sauvée que par la voix de Rory au bout du téléphone. Éternellement bienveillante, éternellement rassurante. Ce n’est pas un adieu, ça n’avait rien d’un adieu si ce n’est peut-être le déchirement au cœur que cela avait été d’abandonner Rory dans son propre appartement. Tout est encore frais dans l’esprit de l’anglais qui ne se souvient que trop bien de l’enchaînement rapide des différentes scènes, toutes aussi plus regrettables les unes que les autres. La nuit aura été courte, pour ne pas dire inexistante, et il est soulagé d’avoir pu compter sur la voix de son petit-ami pour l’empêcher de trouver un sommeil qui n’aurait rien eu de réparateur. Lui aussi avait besoin d’être rassuré, face à une Murphy évanouie et au besoin de lui apporter des soins d’urgence. Et Dieu sait que l’anglais s’en est voulu de l’avoir laissé dans une telle situation ; pour autant il ne pouvait pas prendre le risque de se tenir dans la pièce au moment où la jeune femme se réveillerait. Peu importe ce qu’elle lui reproche, il sait qu’elle ne changera pas d’avis en un claquement de doigts, surtout pas après cette soirée passée ensemble. Ainsi, il s’est appliqué à lui donner des conseils les plus précis possibles, tentant de le rassurer tout en lui promettant qu’il était en train de l’aider et non d’empirer la situation, comme il aurait pu le croire. Rory a agi avec soin, presque comme un professionnel, et son amie a eu bien de la chance qu’il soit arrivé à temps. Peu importe ce qu’il s’est passé entre elle et lui, Swann s’en est trouvé profondément soulagé que tout se termine bien et que la jeune femme ne nécessite finalement que de longues heures de repos.

De son côté, Sofia l’a aidée à cacher le plus gros de ses bleus sous du maquillage, ce matin, mais les contusions restent encore largement devinables près de son nez enflé. Tout ira mieux bientôt. Au moins, il arrive à bien mieux cacher l’état de sa main, paradoxalement plus inquiétant que le reste à cause de la profondeur de la plaie et surtout de sa situation. Tout ira mieux un jour, mais en attendant il a dû se rendre compte de l’évidence: il ne peut pas travailler dans ces conditions et se retrouve donc en vacances forcées et anticipées. Puisque cela lui donne l’occasion de passer plus de temps avec Rory alors il ne devrait pas y voir le moindre problème, et pourtant une infime part de lui craint encore que l’australien ne soit pas ravi de le retrouver. Après tout, il est parti en laissant un champ de bataille derrière lui, incapable de lui offrir la moindre explication à ce sujet, et le voilà qui revient déjà la bouche en coeur à peine quelques heures plus tard. Il n’aurait pas su faire autrement, amoureux au point de s’en rendre malade, incapable d’envisager davantage l’idée que leur couple ne puisse pas survivre à cette épreuve ou toutes les autres ensuite. Ils ont traversé trop de choses pour que tout finisse ainsi, sans raison apparente. Ce n’est pas imaginable, ce n’est pas possible, et c’est encore moins acceptable.

Après avoir monté les marches trois par trois, l’ascenseur étant trop lent, le voilà qui en est réduit à déglutir péniblement une fois placé devant la porte du loft. Il en a les clés, mais il préfère encore venir toquer faiblement, soucieux de ne pas réveiller la jeune femme en utilisant la sonnette. Ses ongles s’enfoncent faiblement dans la paume de sa main non-abîmée, il déporte la douleur là où il le peut encore et s’occupe d’un rien plutôt que de laisser à son esprit le loisir d’imaginer toutes les suites possibles à ces retrouvailles. Pourtant, lorsque la silhouette fatiguée du brun se dessine derrière la porte de l’appartement, son cœur se serre et il se pince aussitôt les lèvres. Il ne sait pas comment il a fait, un jour, pour être capable de lui mentir au point de lui faire croire que ses sentiments pour lui commençaient peu à peu à disparaître. En cet instant plus que jamais, il se rend compte de la nécessité de compter le brun dans sa vie quotidienne et le besoin irrépressible qu’il ressent de le prendre dans ses bras, incapable d’exprimer son amour autrement pour le moment encore. L’anglais gomme rapidement la distance entre eux, venant l’enlacer avec une indélicatesse qui ne le caractérise généralement pas. En cet instant, il en ressent le besoin bien plus que l’envie, son esprit encore bien trop imprégné de la peur de l’avoir perdu. Ses bras le serrent un peu trop, son visage s’engouffre trop près de son cou aussi, à en oublier même la douleur de son nez abîmé. Il sent encore la framboise, Rory, ce qui est pourtant loin de lui rappeler de bons souvenirs, finalement. “Je suis désolé.” Désolé de tellement de choses qu’il ne peut même pas lui faire la liste. Désolé au point qu’il ressent le besoin de le lui dire avant même de lui rappeler à quel point il l’aime ; c’est pour dire.

Ce n’est qu’après de longues secondes qu’il concède enfin de faire desserrer son étreinte et laisser respirer l’acteur un tant soit peu. Il ne recule pas ses pieds pour autant mais se redresse face à lui, posant désormais, une main éternellement amoureuse contre sa joue qu’il caresse et de laquelle il tente de chasser la fatigue et le souci. “Comment tu vas ?” Rory d’abord, comme toujours. Ce n’est qu’ensuite qu’il prendra des nouvelles de la jeune femme, largement incapable de la faire passer avant l'homme qu'il aime et ce peu importe ce dont elle souffre.

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Difficile d'estimer le nombre d'heures qu'il avait bien pu dormir cette nuit. Entre les événements de la veille, les minutes d'angoisse passées au chevet d'une Murphy étourdie et la peine qu'il avait éprouvée lorsque Swann avait quitté le loft sans lui laisser l'occasion de prendre soin de lui comme il l'aurait pourtant voulu plus que tout, c'est un Rory épuisé mais incapable de fermer l’œil qui avait passé de longues heures à contempler le paysage, le cœur serré. Il avait eu beau se repasser le fil de la soirée, tenter de rassembler les pièces du puzzle et de ces quelques minutes durant lesquelles il avait laissé Swann et Murphy seuls au salon, il demeurait toujours en pleine incompréhension face à la façon dont tout avait subitement dégénéré. Il avait fallu à peine quelques minutes pour que son petit-ami et Murphy terminent tous les deux dans un état préoccupant. Et il avait fallu moins de temps encore pour que Swann décide que sa place n'était pas au loft cette nuit, sous les yeux d'un Rory effondré à la seule idée de le voir passer le pas de la porte sans savoir quand – ni si – il reviendrait. Il se l'était pourtant répété des dizaines de fois, les choses étaient aujourd'hui différentes et il lui faisait bien trop confiance pour redouter à nouveau de le voir sortir de sa vie et mettre un terme à leur relation maintenant qu'ils pouvaient être heureux sans plus le cacher à personne. Mais les douloureux souvenirs réveillés par son départ, eux, avaient tourné dans sa tête des heures durant sans qu'il ne puisse s'empêcher de craindre le pire.

Swann qui lui annoncerait avoir besoin de plus de temps pour réfléchir à eux. Swann qui se rendrait compte qu'il était bien plus attaché à sa vie de célibataire qu'il le croyait et qui jugerait bon d'en rester là. Swann qui passerait récupérer ses affaires au petit matin pour prendre un nouveau départ, seul. Swann que tous les mots du monde ne parviendraient pas à retenir. Swann qu'il perdrait une nouvelle fois, alors qu'il se savait aujourd'hui parfaitement incapable de vivre sans lui. Pas à nouveau, pas après tous leurs efforts. Non, il l'aimait bien trop pour ça.

Il en avait envisagé, des scénarios douloureux, alors même qu'il avait pourtant pu entendre sa voix durant de longs instants au téléphone. Sa voix qui lui avait assuré que tout irait bien et qu'ils ne seraient séparés que le temps d'une nuit, aussi interminable soit-elle. Sa voix grâce à qui il avait surtout pu venir en aide à Murphy lorsque la jeune femme avait perdu beaucoup de sang. Swann ne lui avait pas seulement prodigué de précieux conseils, il l'avait aussi rassuré à chaque seconde alors que Rory n'était pas le moins du monde certain de ce qu'il faisait. Terrifié à l'idée que Murphy ne reprenne pas connaissance, l'australien avait pourtant puisé en lui un sang froid inattendu lorsque Swann l'avait guidé dans chaque geste qu'il avait initié et chaque soin qu'il avait prodigué. Et Murphy avait rouvert les yeux. Mieux que ça, elle avait pleinement recouvré ses esprits et c'est finalement un Rory profondément soulagé qui était après ça resté auprès d'elle à s'assurer que tout irait bien. Leur discussion, il ne voulait pas y repenser tant que tout était encore aussi confus et qu'il n'avait pas discuté de tout ça avec Swann. Swann, qu'il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir étreindre durant la nuit et ainsi s'assurer que ses blessures non plus ne risquaient pas de s’aggraver. L'imaginer dans son état sans pouvoir le serrer contre lui était une torture et tous les appels du monde n'auraient pas pu alléger son cœur. Quand Rory s'était enfin assoupi quelques heures, c'était encore sur l'image du visage de Swann qu'il avait fermé les yeux et son corps qu'il s'était imaginé serrer, seule condition à laquelle il avait été capable de se reposer.

Le matin s'était levé sans pour autant chasser sa peine et sa seule source de soulagement fut de s'apercevoir que Murphy, au moins, allait un peu mieux. A défaut d'avoir effacé les dernières heures ou réécrit l'issue de la soirée d'hier, tout s'était finalement mieux fini qu'il ne l'avait redouté, à ceci près que l'absence de Swann s'était fait ressentir à chaque instant. C'est tel un automate que Rory prit son petit-déjeuner, les idées encore embrouillées et l'esprit loin de tout. Lorsqu'on frappa à la porte, c'est son cœur qui s'affola dans sa poitrine et son couteau qu'il laissa retomber sur la table dans un bruit sourd. Son premier réflexe fut de penser à lui, d'espérer du plus profond de son cœur qu'il le trouverait bel et bien devant sa porte. Que Swann était revenu, prêt à mettre la soirée d'hier derrière eux quand Rory, lui aussi, ne désirait que ça. Les heures qui avaient suivi le départ de son petit-ami avaient été bien trop longues pour qu'il perde une seule seconde à se poser plus de questions. Rory s'empressa alors de traverser l'entrée, sans doute à peine présentable, et se précipita vers la porte comme si toute sa vie dépendait de la rapidité qu'il mettrait à l’ouvrir. Là, c'est bien le visage angélique de Swann et ses grands yeux tristes qu'il découvrit alors que cette seule vision l'envahit d'une telle émotion qu'il dut rester figé plusieurs secondes à l'observer. L'instant d'après, c'est tout son corps qu'il pressa contre le sien lorsqu'il sentit les bras de l'anglais l'entourer et qu'il ne réfléchit pas un seul instant à répondre à cette étreinte qu'il avait attendu durant de si longues heures.

Ses bras l'entourèrent avec le besoin incompréhensible de le sentir tout contre lui, de s'assurer qu'il était bien là et que les événements de la veille appartenaient au passé. Ses lèvres, déjà, se perdaient fébrilement contre sa peau. “Je suis désolé.” Rory enfouit son visage dans son cou pour y respirer son odeur, incapable de laisser la plus petite distance se réinstaller entre eux. Son cœur battait à tout rompre et si les mots franchissaient péniblement la barrière de ses lèvres, c'est parce qu'il était immensément ému. « C'est moi qui suis désolé, Swann. » Ses paroles se voulaient à peine perceptibles mais douces comme les caresses que ses doigts apposèrent contre les joues de Swann, lesquels s'étaient languis du toucher et de la chaleur de sa peau. « Je sais qu'hier a été une soirée horrible et je... je te demande pardon si j'ai pas été à la hauteur. » Il ne prétendait pas savoir tout ce qui s'était passé mais il avait forcément commis des erreurs pour que Swann éprouve le besoin de quitter le loft pour la nuit. Il aurait du tout entreprendre pour le faire rester, il aurait du lui prouver que là était véritablement sa place. “Comment tu vas ?” En temps normal le fait que Swann s'en préoccupe avant quoi que ce soit d'autre aurait fait naître le plus doux des sourires sur le visage de l'australien. Ce matin, pourtant, la tristesse y était encore perceptible. « J'ai détesté cette nuit. » Cette nuit, ou la plus angoissante qu'il ait passé depuis qu'ils s'étaient pleinement retrouvés. De longues heures sans savoir si l'homme qu'il aimait allait bien. Et puis ce sang, tout ce sang. « Tu m'as manqué. » Tellement qu'il se savait d'ors et déjà incapable de le laisser repartir avant au moins plusieurs heures. « Toi, comment tu vas ? J'étais tellement inquiet... » Sa gorge se serra rien que d'y repenser, à peine soulagé de voir que son visage était un peu moins marqué que la veille. « Ton nez, ta main... » Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il aperçut l'ampleur de cette blessure que Swann avait probablement voulu lui épargner la veille au soir. « C'est... viens, reste pas sur le pas de la porte. » Et c'est avec précaution qu'il saisit sa main non-blessée pour faire entrer Swann à l'intérieur de ce loft qui était aussi le sien et l'avait toujours été. Cette nuit n'y avait rien changé : il était chez lui, ils étaient chez eux. « Murphy est sortie. J'ai essayé de la convaincre de rester se reposer mais elle a rien voulu entendre. » Murphy avait heureusement pu récupérer de longues heures et Rory s'assurerait qu'elle fasse bien attention à elle dans les prochains jours. « Grâce à toi elle va beaucoup mieux. » Il assura doucement, s'asseyant à ses cotés sur le canapé du salon. Enfin, Rory souffla. Tout irait mieux désormais, n'est-ce pas ? « Swann... Je voulais pas provoquer tout ça quand j'ai accepté qu'elle nous rende visite, je savais pas... que ça prendrait cette tournure. Tout ce que je voulais c'était être avec toi. » Je suis désolé, voici ce qu'il lui répéterait à nouveau s'il ne préférait pas unir leurs lèvres dans un baiser doux et ô combien nécessaire.

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A présent que Swann était debout face à lui et que ses yeux pouvaient détailler chaque trait de son visage avec le besoin irrépressible de le sentir près de lui, Rory réalisait combien il avait été idiot de seulement oser douter de son retour. D'avoir pu penser une seule seconde que cette histoire pourrait connaître un autre épilogue, quand ils s'étaient promis de si nombreuses fois de ne plus jamais laisser quoi que ce soit les séparer. La peine et la confusion s'étaient mélangées dans un moment que Rory donnerait n'importe quoi pour réécrire, et c'est dans des pensées pessimistes qu'il s'était pour un instant égaré, sans pourtant avoir jamais véritablement cru que Swann pourrait le rayer de sa vie. Il lui faisait bien trop confiance pour en douter au plus profond de son cœur et c'était la raison pour laquelle ces retrouvailles n'avaient pas seulement un goût de délivrance, mais aussi d'évidence. Peu importe ce qui avait pu se passer hier soir ou avec quel désespoir il avait du se résigner à laisser Swann quitter le loft, les choses s'arrangeraient maintenant qu'ils étaient réunis. Murphy allait déjà un peu mieux, Swann semblait lui aussi un peu moins mal en point, et c'était bien tout ce qui comptait aux yeux de l'australien. Que l'homme qu'il aimait ne souffre plus jamais parce qu'il avait failli à son rôle. “De quoi tu parles ? Bien sûr que tu as été à la hauteur, tu t’en es sorti comme un chef avec Murphy.” C'était peut être ce que ressentait son petit-ami mais c'était une pensée que Rory était encore incapable de nourrir en retour, alors que tout aurait probablement été différent s'il avait été dans la pièce avec eux lorsque la situation avait basculé. Il aurait sans doute pu faire quelque chose, empêcher que ne coule autant de sang, et il n'aurait surtout pas passé la nuit à se poser mille questions sur ce qui avait bien pu arriver à Swann. Rory éprouva pourtant le besoin de garder ces aveux-là pour plus tard, bien trop occupé à s'assurer que les blessures de son petit-ami n'avaient pas empiré et qu'ils pouvaient enfin reprendre leur souffle après une nuit bien trop longue. “Toi aussi.” Son cœur s'agita au contact des mains de Swann contre son dos et c'est entre ses bras qu'il se réfugia avec le besoin de chasser le souvenir de ces dernières heures pour savourer l'instant. Swann était là, il pouvait non seulement envelopper son corps de toute sa tendresse mais aussi respirer son odeur et embrasser sa peau. C'est ce qu'il rêvait de faire cette nuit, lorsque sa main n'avait trouvé qu'une place vide à coté de lui dans leur lit. Et c'est ce dont il s’emploierait à profiter durant les prochaines heures.

“Les choses se sont calmées, c’est le plus important. Je vais un peu mieux. Sa gorge se serra pourtant moins d'une minute plus tard lorsque ses yeux se posèrent sur la main de Swann et cette blessure imposante que l'anglais avait probablement voulu lui cacher de peur qu'il ne s'inquiète pas plus qu'il ne l'avait déjà fait avant son départ. Et c'est vrai, probablement qu'il ne l'aurait jamais laissé partir s'il avait su que les événements d'hier avaient été bien plus lourds en conséquences qu'il ne le craignait déjà. N'y tenant plus, c'est le cœur lourd et les yeux embués que l'australien le fit entrer à l'intérieur de l'appartement, incapable de tenir plus longtemps cette conversation sur le pas de sa porte. Il se fichait éperdument de ses voisins, qui plus est maintenant qu'ils n'avaient plus rien à cacher et surtout pas l'amour qu'ils se portaient, mais c'est encore à l'intérieur, dans leur cocon qu'ils s'étaient toujours sentis le mieux. « Tu peux pas savoir combien ça a été difficile de te laisser partir dans cet état hier soir. » Il confia avec peine, ses yeux n'ayant mis qu'un instant à retrouver ceux de son petit-ami qu'il n'avait désormais plus la moindre intention de quitter. Le loft quant à lui était silencieux et même Murphy n'avait pas résisté bien longtemps à l'envie de recouvrer sa liberté, non sans que Rory se soit d'abord assuré qu'elle était en état de sortir. Il ignorait encore quand il la reverrait et si elle comptait éterniser sa présence au loft : ce n'était de toute façon pas dans ses priorités de s'en soucier. Seul comptait à cet instant Swann et le besoin irrépressible que Rory éprouvait désormais de veiller à ce que plus rien de mal ne puisse lui arriver. « Qui t'a soigné ? Dis-moi que t'as pas passé la soirée tout seul. » Tout ce qu'il voulait, c'était s'assurer qu'il avait pu compter sur ses colocataires après cette soirée désastreuse, là où Rory aurait lui-même donné n'importe quoi pour pouvoir s'occuper de lui. A défaut d'avoir pu le faire, il serait au moins en partie rassuré d'entendre que Swann avait été entre de bonnes mains.

S'installer avec lui sur le canapé du salon et pouvoir lui ouvrir son cœur faisait partie de la liste de choses que l'australien avait désespéré de ne pas pouvoir faire la nuit derrière, quand il ne rêvait que de l'avoir près de lui. Mais c'est le baiser qu'il déposa sur les lèvres de son petit-ami qui parut à cet instant le plus nécessaire. Son amour pour Swann n'avait ici d'égal que l'immense culpabilité qu'il éprouvait à l'égard de la soirée d'hier, et il se savait à présent incapable de garder tout ça pour lui. Pas alors qu'une seule soirée avait suffi à ce que l'anglais lui manque cruellement et à ce qu'il redoute plus que jamais d'en être à nouveau séparé. “Personne n’aurait pu anticiper ce qui allait se passer, surtout pas toi. Je sais que tu ne l’aurais pas voulu.” Il avait raison et c'est contre son épaule que Rory laissa doucement reposer sa tête, soulagé que Swann ne lui tienne pas rigueur de la façon dont les choses avaient dégénéré. Il n'en avait au fond de lui jamais douté, mais il aurait compris qu'il le tienne responsable de ce que l'arrivée de Murphy avait déclenché au sein du loft – quand bien même Rory ne la blâmait en aucun cas, encore convaincu que tout ça résultait simplement d'une série d'accidents. “Je sais pas comment les choses en sont arrivées là. Je pensais sincèrement qu’on allait passer une bonne soirée tous les trois et qu’on lui ferait le lit dans la chambre d’amis.” Rory ferma les yeux une seconde, concentré sur le son de la respiration de l'anglais, repensant aux dernières heures. Tout avait été bien trop douloureux pour une soirée censée rimer avec douceur et retrouvailles. « Je pensais vraiment que tout irait bien moi aussi, j'étais même heureux que Murphy et toi puissiez faire connaissance. » Comment aurait-il pu en être autrement ? Swann était l'homme qu'il aimait et Murphy encore une personne chère à son cœur, il ne souhaitait rien d'autre que de les voir sympathiser et pensait que tout ne pourrait que bien aller. « Mais je me rends compte que je t'ai même pas demandé si ça te semblait pas un peu étrange ou si... c'était pas trop tôt, pour toi. » Trop tôt pour rencontrer son ex petite-amie, trop tôt aussi pour véritablement mettre un visage sur un nom, trop tôt pour que Rory initie des présentations surprises sans même avoir vraiment pris le temps de préparer le terrain. « Je suis désolé, c'est à toi que j'aurais du penser en premier lieu. » Et c'est contre son cou qu'il redressa légèrement son visage pour déposer ses lèvres à même sa peau, soucieux à l'idée que Swann n'ait peut être pas osé lui dire que tout était allé un peu trop vite. Nouant ses doigts aux siens, il appréhenda malgré lui la suite et sentit son cœur se serrer au fond de sa poitrine lorsque l'anglais reprit finalement la parole. "Elle a... Elle pense pas que je sois le bon pour toi. C'est pas la première, je lui en veux pas." De tels mots répandirent inévitablement une profonde tristesse chez Rory, parce qu'il ne pouvait imaginer Swann essuyer de tels reproches sans même qu'il n'ait été à ses cotés pour le rassurer comme il l'aurait voulu. Il n'aurait pas même attendu une seconde pour le faire, s'il avait été présent. « Swann... » Je suis tellement désolé, voilà ce qu'il aimerait plus que tout lui dire. « Elle a dit ça parce qu'elle te connaît pas encore vraiment. Laisse-lui un peu de temps et je suis sûr qu'elle changera d'avis. » Il assura de sa voix la plus douce, ses doigts jouant avec les siens tandis qu'il replongea son regard dans le sien, incapable de laisser la moindre mélancolie s'installer plus longtemps entre Swann et lui. Le sujet ne prêtait peut être pas vraiment à sourire, mais ils en avaient vu d'autres et Rory avait plus que jamais à cœur de lui prouver que l'avenir serait rayonnant, pour eux. « On tenait l'un à l'autre, Murphy et moi, même si on savait que c'était pas de l'amour. Je serais protecteur moi aussi si elle devait se remettre en couple, je pense que c'est juste sa façon de vouloir mon bonheur. » Il connaissait assez Murphy pour savoir que l'idée qu'il entame une nouvelle relation, qui plus est alors qu'elle n'était justement pas si nouvelle, devait être difficile à gérer pour elle. Et c'était peut être de sa faute, peut être qu'il n'avait là non plus pas pris suffisamment de gants pour le lui annoncer. Il aurait cette discussion avec elle un jour, non pas pour lui reprocher des doutes qu'elle était sans doute en droit d'avoir mais pour la détromper, au contraire, sur l'homme qu'était Swann.

La suite lui laissa un sentiment plus confus lorsque Swann débuta le récit de la soirée d'hier, le regard de Rory toujours ancré au sien et leurs mains toujours liées. "Elle s'est retrouvée avec le couteau dans les mains et... je sais pas, je sais pas comment elle en est venue à se couper. Je l'ai attrapé par la lame pour le lui retirer mais elle l'a tiré vers elle par réflexe, c'est comme ça que c'est arrivé." A présent Rory comprenait un peu mieux ce qui s'était passé et que la situation avait simplement échappé à tout le monde, là où il n'avait justement jamais pensé à rejeter la faute sur qui que ce soit. S'il devait y avoir un seul coupable, ce serait lui qui était resté de trop longues minutes dans la salle de bains et aurait du intervenir quand il le pouvait. Savoir que Murphy et Swann avaient été blessés indirectement par sa faute lui était véritablement difficile à supporter, encore maintenant. « Ça aurait pu arriver à n'importe qui, tu sais. J'aurais sûrement moi aussi posé ma main contre la lame du couteau pour éviter à Murphy de se blesser davantage. » Et le résultat aurait sûrement été le même, n'est-ce pas ? Murphy lui aurait aussi sûrement ouvert la main sans le vouloir, toute autre explication étant à cet instant bien trop improbable pour que Rory veuille seulement la considérer. « Tu as fait exactement ce qu'il fallait. Et je suis vraiment désolé que ça se soit terminé comme ça, si tu savais ce que je donnerais pour pouvoir réécrire cette soirée. » Pour que les choses se passent bien et qu'aucune goutte de sang ne soit versée, aussi. Pour que Swann et lui puissent rester ensemble et n'aient pas à se dire au revoir, des larmes au fond des yeux. Pour que Murphy ne s'évanouisse pas et n'ait pas de raison de regretter son passage au loft. Il changerait beaucoup de choses, s'il pouvait. « J'aurais pas du m'absenter aussi longtemps, j'aurais du... » J'aurais du être là. Pour ça, il n'avait pas été à la hauteur, et il ne pouvait faire autrement que de se reprocher d'avoir vécu en toute insouciance sans imaginer ce qui se jouait derrière la porte. Swann, pourtant, lui répéterait probablement qu'il n'avait aucun moyen de savoir que les choses tourneraient ainsi et c'était aussi pour ça que Rory l'aimait un peu plus à chaque instant.

"Je suis désolé qu'elle ait été blessée mais je veux que tu saches que je me battrai pour toi et pour nous." Oh Swann. Si les mots de l'anglais savaient toujours répandre la plus douce chaleur au fond de son cœur, l'émotion qui l'envahit cette fois-ci transparut jusque dans la façon dont brillèrent ses yeux. C'était tout ce qu'il espérait entendre sans avoir pourtant douté qu'ils nourrissaient les mêmes certitudes à leur sujet, aujourd'hui encore. "Si les autres n'y croient pas, ça ne me fera pas changer d'avis pour autant. Je suis parti pour qu'elle puisse être soignée, pas parce que je voulais prendre du recul sur toi." « Je sais. Je sais tout ça. » Il souffla doucement, ses yeux profondément ancrés aux siens tandis que ses mains encerclaient chaque coté de son visage. C'est du bout de ses pouces qu'il caressa sa peau. « Je me battrai pour nous, moi aussi. Rien ni personne ne me fera jamais regretter d'avoir laissé une nouvelle chance à notre histoire, c'est une décision sur laquelle j'ai aucune intention de revenir. » Ni aujourd'hui, ni jamais. Et il n'avait pas besoin de se projeter un an, cinq ans ou dix ans dans le futur pour savoir que jamais Swann ne lui ferait jamais regretter d'avoir retrouvé sa place à ses cotés. « Tu me rends heureux et rien ne me rend plus fier que de pouvoir aujourd'hui te présenter comme mon petit-ami. Alors si y'a bien une chose dont je sois absolument sûr c'est que tu es la personne faite pour moi. Le seul avec qui je veuille passer chaque instant. » Et il le répéterait au mot près à chaque personne qui pourrait un jour douter de la joie et de l'infini bonheur que Swann répandait dans sa vie. Il n'hésiterait jamais une seule seconde s'il était question de sa relation avec l'anglais. « Même si certains de mes proches ont su après coup combien notre rupture a été douloureuse, je veux que tu saches que je t'ai jamais présenté à aucun d'entre eux comme autre chose que l'homme formidable que tu as toujours été à mes yeux. » Même dans les temps les plus difficiles de leur relation, même lorsque cette rupture l'avait brisé et anéanti, il n'avait jamais cessé de l'aimer ni même de vouloir son bonheur. Swann avait toujours été son grand amour et Rory avait attendu de pouvoir saisir chaque occasion de dire toute l'importance qu'il n'avait jamais cessé de tenir dans sa vie. « Alors ils se feront à l'idée et je te promets que d'ici quelques mois ils verront à leur tour combien tu rends ma vie plus belle. » Il ne pourrait pas en être autrement parce que Rory n'avait jamais été aussi heureux que depuis qu'il pouvait enfin poser des mots sur leur histoire et sur ses sentiments pour lui. Ses proches voulaient son bien et pour ça, il savait qu'ils verraient en Swann la raison de cette transformation. « Tu devrais reposer ta main pendant quelques temps. » Il souffla d'un ton soucieux, manipulant sa main blessée avec une extrême précaution. « Peut être que tu pourrais demander à Martin quelques semaines de congés ? Je suis sûr qu'il comprendra. » Swann n'était en rien responsable de la situation et tout ce qui importait aux yeux de Rory c'était qu'il prenne le temps de se remettre. Et pour ça il prendrait soin de lui, à chaque instant.

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@SWANN BUCHANAN & RORY

“Je suis désolé. Je voulais pas te rendre triste.” Oh, Swann était bien la dernière personne à qui il voudrait reprocher quoi que ce soit, et moins encore d'avoir pu l'attrister quand il faisait au contraire son bonheur à chaque instant, sans jamais qu'il n'en soit autrement. « T'y es pour rien, tout était compliqué hier soir. Et je suis tout sauf triste, maintenant, c'est ça qui compte. » Parce qu'il l'avait retrouvé, parce que tout irait beaucoup mieux maintenant qu'il pouvait nouer ses doigts aux siens et retrouver ses étreintes. Ne pas l'avoir eu près de lui durant de longues heures lui avait paru insurmontable quand tout ce dont il rêvait était de nouer ses bras autour de lui et profiter de sa chaleur jusqu'au petit matin. Rory aurait donné n'importe quoi pour un contact physique, aussi petit soit-il, et savourait maintenant pleinement ce bonheur retrouvé. “J’étais pas seul, ne t’en fais pas.” Voilà les mots que Rory avait besoin d'entendre et le sourire qui germa doucement sur ses lèvres en était la preuve. “Arthur a nettoyé la plaie. C’est lui qui m’a fait les points, aussi.” Le cœur de l'australien s'allégeait rien qu'à cette idée et chaque pan de son être nourrissait à présent une profonde gratitude à l'égard d'Arthur, qu'il serrerait probablement dans ses bras s'il l'avait face à lui. Il avait veillé sur Swann et fait ce que lui n'avait pas été capable de faire, bien qu'il l'ait désiré plus que tout. Et ça comptait infiniment à ses yeux. « Je suis sûr que tu étais entre d'excellentes mains. Ça me rassure vraiment qu'il ait été là. » Pas seulement parce qu'Arthur savait assurément ce qu'il faisait et était bien plus qualifié que lui pour venir en aide à Swann. Aussi parce qu'Arthur était l'ami de l'anglais et quelqu'un aux yeux de qui il était convaincu que son bien-être importait réellement. « Je penserai à le remercier la prochaine fois que je le verrai. A vrai dire il va même falloir que tu m'empêches de l'appeler sur le champ. » L'idée ne serait pas si bête, mais peut être un peu curieuse étant donné qu'Arthur et lui n'avaient qu'à peine pris le temps de faire connaissance depuis que le jeune homme avait intégré la coloc'. Rory ne prétendrait pas qu'il ne percevait pas une certaine animosité de la part du brun, mettant toutefois celle-ci sur le compte d'une méfiance habituelle. Il partageait la vie de Swann et pourrait comprendre qu'Arthur ait besoin d'un peu de temps pour le cerner, certainement animé des meilleurs intentions quand il était question du bonheur de son ami.

Une méfiance qui après tout avait peut être animé Murphy elle aussi lorsqu'elle avait rencontré Swann hier soir, sans que Rory ne puisse lui en tenir rigueur ni mettre ça sur le compte d'autre chose que le besoin de s'assurer qu'il était heureux. Une vérité incontestable qui n'empêchait pourtant pas Rory de s'interroger sur la présence de son ex petite-amie autour de leur table, sans qu'il n'ait même eu l'occasion de s'assurer que celle-ci ne gênait pas Swann. Il était son absolue priorité et le serait toujours, peu importe l'affection qu'il continuait de porter à Murphy. Alors tout ce dont il avait besoin, c'était s'assurer qu'il n'avait pas mal fait sans le vouloir. “Je te l’aurais dit si ça avait été le cas, Rory. Ça ne m’aurait pas fait plaisir d’avoir ce rôle là, mais je veux plus qu’on garde de non-dit entre nous.” « Je le sais, oui. » Et la proximité entre leurs deux corps tout autant qu'entre leurs deux visages lui offrait l'occasion de le rassurer sur ce point, ses lèvres éparpillant des baisers contre sa mâchoire comme une manière de lui assurer qu'il n'en douterait pas même un instant. Tout ce qu'il voulait, c'était que Swann soit sûr de pouvoir lui en parler si quoi que ce soit avait du le chagriner. Pourtant et dès l'instant où l'anglais avait accueilli chaleureusement Murphy à leurs cotés, il s'était rappelé que personne mieux que Swann ne pourrait tendre les bras à quelqu'un. Peu importe que ce quelqu'un soit son ex, dont Swann ne savait encore aujourd'hui que l'essentiel – et c'était peut être bien mieux comme ça, surtout au regard de ce qui s'était passé hier. “J’étais heureux d’enfin la rencontrer. Elle a beaucoup compté pour toi, alors c’était important.” C'est vrai, Murphy avait tenu une place très importante dans la vie de l'acteur et elle comptait encore aujourd'hui parmi les personnes à qui il tenait et ne voudrait pas voir arriver le moindre mal. Les choses étaient pour autant claires entre la jeune femme et lui, ce que la soirée d'hier n'avait pas manqué là encore de confirmer. Et parce que Rory savait que pas un instant Swann n'avait pensé à éprouver la moindre jalousie à son égard, il savait qu'ils pouvaient aborder le sujet sans que ce ne soit inconfortable pour personne. Murphy était une amie, et si l'incident d'hier n'avait en aucun cas compromis cette amitié il avait encore moins remis en question son amour pour Swann. Cet amour qui plus que jamais continuait de briller au fond de son regard. « C'est aussi pour cette raison que j'étais heureux qu'elle décide de passer à l'improviste. » Quand bien même il aurait sûrement fait les choses en grand s'il avait pu s'attendre à sa visite et veillé à être présentable au moment d'ouvrir la porte – ce qui lui aurait au moins évité de filer sous la douche. Si c'était à refaire, voilà exactement ce qu'il commencerait par changer. L'issue à cette triste soirée ne pourrait pourtant lui sembler plus belle dès l'instant où il pouvait se blottir entre les bras de son petit-ami, ce qu'il aurait tant aimé pouvoir faire au cours des dernières heures. “Je sais. Je sais que je ne pourrais pas rêver d’un meilleur petit-ami que toi.” L'émotion dans son regard n'eut d'égal que la douceur de son sourire, allégeant une partie du poids qui continuait bien malgré lui de peser sur son cœur. Par culpabilité et parce qu'il ne pouvait s'empêcher de vouloir trouver un coupable, de préférence l'unique personne qui n'ait pas fini blessé lorsque tout avait basculé. Il le savait, pourtant, que Swann n'aimait pas l'entendre parler de la sorte. “Arrête, arrête. Tout va bien maintenant. Je t’aime.” Tout allait bien, oui, et Rory aurait bien moins de mal à s'en convaincre maintenant que cette vérité semblait inscrite dans le regard si apaisant de Swann. Regard dans lequel il plongerait des heures sans s'en lasser. « Je t'aime tellement, moi aussi. » Et il aimait définitivement mieux pouvoir le lui dire de vive voix, ayant déjà bien trop longtemps contenu ces mots au fond de son cœur pour vouloir le faire une seule seconde de plus. Il l'aimait et le reste avait finalement bien peu d'importance, surtout alors que rien ni personne ne pourrait l'éloigner de Swann sans qu'il ne se batte, corps et âme, pour être à ses cotés. Cette soirée en avait été la preuve, même les heures les plus sombres n'auraient jamais raison de leur amour. “Ni toi ni moi n’avons vu les choses venir.” Et c'est la raison pour laquelle il cesserait de se torturer avec ça, ne voulant plus que se raccrocher à ces moments d'apaisement avec lui.

Le regard des autres et plus particulièrement de leur proches, lui, ne serait jamais plus un frein à leur bonheur. Ils se l'étaient promis lorsqu'ils s'étaient donnés une seconde chance et avaient décidé d'assumer leur amour, et ça ne changerait pas quoi qu'il puisse arriver. Si leur relation devait se heurter à des doutes, ou s'il leur fallait faire front ensemble pour montrer combien leur amour était sincère, nul doute qu'ils n'hésiteraient pas une seconde. Rory, lui, n'hésiterait jamais à se battre pour lui. “Aujourd’hui je me demande comment j’ai pu garder pour moi tout ce que j’ai toujours pensé de toi.” Cette fois, c'est sans une once de mélancolie qu'un sourire étira de nouveau ses lèvres, de telles paroles trouvant le plus naturel des échos au fond du cœur de l'australien. « Je me pose la même question, tu sais. » Chaque fois qu'un de leurs amis venait leur rendre visite ou qu'ils passaient un peu de temps ensemble, auprès de leurs proches. Chaque fois que son regard se perdait dans sa direction et que son cœur s'emballait, par amour mais aussi parce qu'une fierté immense le gagnait chaque fois qu'il pouvait le leur présenter comme de son petit-ami. L'homme de sa vie. Et tout autant d'autres qualificatifs que Swann méritait amplement. « Ça me semblerait impensable aujourd'hui d'agir comme si tu n'étais pas l'homme que j'aime, alors que pas un instant ne passe sans que j'ai envie de te le rappeler. » Aujourd'hui, il n'avait plus la moindre raison de retirer ces mots et tant d'autres encore, pas plus que de réprimer ses sourires attendris ou de tourner la tête pour dissimuler le rougissement de ses joues. Il n'avait plus le moindre besoin de cacher combien Swann le rendait heureux et combien il l'aimait, ainsi bientôt plus personne ne s'étonnerait de voir son visage irradier de bonheur par la seule présence de l'anglais à ses cotés. “Même Arthur en a fait les frais hier, j’ai pas arrêté de lui répéter tout ce que j’aurais voulu te dire en face.” « Vraiment ? » Il demanda du bout des lèvres, dans un sourire plus troublé. Ce n'était pas d'apprendre que Swann ait pu dire toutes ces choses à Arthur qui l'étonnait, mais que leur échange se soit prêté à cette conversation. Dans l'état dans lequel était Swann mais aussi peut être parce qu'Arthur lui donnait l'impression de cultiver une certaine distance avec les relations sentimentales dans leur ensemble. « J'ai pas vraiment pu procéder de la même façon avec Murphy, il fallait qu'elle se repose et j'étais pas sûr que ce soit la chose à dire, mais... » Il tenta un nouveau sourire, espérant dédramatiser pour de bon cette partie de la soirée d'hier. « Je me suis peut être assis sur le balcon en imaginant que tu étais face à moi et que tu pourrais m'entendre dire combien je t'aime et combien tu me manquais. » Il l'avait aussi peut être fait avec des larmes au fond des yeux et l'impression de ne pas avoir fait suffisamment pour son petit-ami, mais cette partie-là Rory préférait la taire et se contenter d'un rire un peu gêné par cet aveu. « Aucun voisin n'a frappé à la porte dans la nuit, j'en conclus que personne ne m'a entendu. » Et c'était assurément une bonne chose, Rory ignorant ce qu'il aurait fait dans ce cas de figure et alors que la seule personne qu'il avait espéré voir frapper à la porte était Swann. Qu'ils aient du attendre plusieurs heures pour se retrouver ne changeait rien à l'immense bonheur qu'il avait éprouvé dès l'instant où ses bras s'étaient enroulés autour de lui et que ses lèvres avaient retrouvé les siennes. Son cœur s'était allégé, balayant le souvenir de cette nuit solitaire pour laisser place à un bien-être immense, bordé d'amour. “Je leur prouverai que je sais prendre de bonnes décisions, parfois.” « On le leur prouvera ensemble. » Quand bien même ils ne devaient rien à personne et surtout pas en ce qui concernait leur couple. La force de leurs sentiments et leur envie sincère de passer le reste de leurs jours ensemble ne sauraient être mises en doute, surtout pas alors qu'ils étaient capable de l'impossible l'un pour l'autre.

La main de Swann, elle, demeurait sévèrement blessée et Rory ne pouvait encore contenir une pointe d'inquiétude à cette idée. Son petit-ami avait besoin de repos et lui se trouvait aujourd'hui forcé de lui demander de lever le pied, au moins quelques jours. “Tu as raison, je vais lui envoyer un message.” C'est dans un sourire que Rory accueillit sa réponse, conscient que ça coûtait beaucoup à Swann de manquer le travail pour une durée indéterminée mais aussi que c'était la meilleure chose à faire dans son état. “Je ne peux pas travailler, de toute façon.” Et ça attristait inévitablement Rory, parce que rien de tout ça ne serait arrivé s'il avait seulement pu intervenir avant que la situation ne dégénère de trop et que la main de Swann fasse les frais d'un malheureux concours de circonstances. Mais parce qu'il savait que son petit-ami ne voudrait pas le voir cultiver plus longtemps la moindre culpabilité, c'est finalement avec douceur qu'il reprit. « Je vais prendre soin de toi, c'est promis. Quand tu retourneras au cabinet, tu seras parfaitement reposé et ta main ira déjà beaucoup mieux. » Et Rory mettrait tout son cœur à tenir cette promesse, en grande partie il est vrai parce que la perspective de veiller sur l'anglais réchauffait son cœur après une soirée et une nuit bien trop longues. Swann n'aurait plus jamais à quitter le loft et d'ici quelques jours, tout au plus, ce serait même comme s'il ne s'était rien passé. Les blessures resteraient peut être visibles encore quelques temps, mais Rory prendrait tout le temps nécessaire pour faire qu'elles disparaissent à leur tour, au même titre que ces souvenirs pesants qu'il n'avait pas la moindre envie de cultiver plus longtemps. Et tout irait enfin pour le mieux, ça aussi c'était une promesse qu'il lui faisait, incapable de déloger son regard amoureux du sien. “Mais j’ai une condition: si je dois prendre des congés, alors on ne peut pas faire autre chose que d’en profiter, juste toi et moi.” Son sourire attendri parlait pour lui avant même que ses mots prennent le relais. « Condition acceptée. » Cette idée aurait déjà eu tout de séduisante dans d'autres circonstances, mais à présent Rory était plus impatient que jamais de prendre quelques jours pour profiter seul avec Swann, et faire que ces fêtes aient tout d'aussi féerique que ce qu'ils espéraient au départ. Elles avaient peut être pris une tournure inattendue et quelques peu douloureuse, l'espace d'une soirée, mais il leur en restait beaucoup d'autres pour écrire de merveilleux souvenirs ensemble, comme prévu. « Si j'ai demandé un peu de répit à Donna c'est justement pour qu'on passe du temps tous les deux. On en fera encore meilleur usage, comme ça. » Swann serait forcé de se ménager quelques temps et ils en profiteraient ainsi pour passer plus de temps tous les deux, ce qui ne pourrait pas rendre Rory plus heureux en dépit des circonstances. Des circonstances que ces moments à deux adouciraient, comme chaque fois que se blottir contre l'homme qu'il aimait suffisait à ce que plus rien au monde ne lui semble insurmontable. “Et je ne veux plus voir ce regard inquiet. Le nez n’est pas cassé et la plaie est simplement mal placée. Tout sera rapidement guéri et bientôt tu ne pourras même plus dire que j’ai combattu contre un loup pour te sauver la vie, un soir de pleine vue alors que toute la ville dormait.” C'est un rire doux qui résonna un instant entre eux et un regard cette fois bien plus conquis que soucieux que Rory reposa dans celui de Swann, son pouce caressant prudemment la peau de son petit-ami. « C'est pourtant exactement ce qui s'est passé à mes yeux et je promets pas de pas raconter cette version de l'histoire à mon neveu quand il sera plus grand. » D'accord, il y avait fort à parier pour qu'il trouve bien d'autres histoires – plus réelles, celles-ci – à raconter à son neveu d'ici quelques années. Mais puisque son amour pour Swann engloberait une bonne partie d'entre elles, Rory ne résisterait peut être pas à enjoliver cet épisode lorsque son neveu lui demanderait pourquoi l'anglais gardait une légère cicatrice à l'intérieur de la main. « Mais je te promets de moins m'en faire maintenant que tu es là. » Maintenant qu'ils étaient tous les deux et qu'il pouvait voir de ses propres yeux qu'il allait bien, qu'il irait encore beaucoup mieux d'ici quelques jours. “Mais si j’accepte de me reposer, tu devras en faire de même.” Ses yeux plongés dans les siens, Rory savait que la fatigue sur ses traits trahissait une nuit bien trop courte et faite de bien trop de soucis. « D'accord, j'ai peut être presque pas fermé l’œil de la nuit. » Il souffla, reposant son front contre celui de Swann. « Je me faisais du souci, mais maintenant tout ira mieux. On va reprendre des forces et mettre cette soirée derrière nous, d'accord ? » C'est tout ce qu'il voulait. Ne plus y penser et se concentrer sur le plus important : Swann, et sa guérison. « Et toi, je veux pas que tu hésites à me demander mon aide pour quoi que ce soit, même si c'est juste ouvrir le bocal à cornichons. Ta main guérira plus vite si tu évites complètement de l'utiliser, et moi je suis là. » Oh, il n'avait pas le moindre doute sur le fait que Swann essaierait de se débrouiller seul et c'était précisément tout ce qu'il voulait éviter. Avec une main blessée, le plus prudent serait qu'il se repose le plus possible et n'ait pas peur de se reposer sur lui. Rory le ferait de toute façon avec plaisir, songeant déjà à tout ce qu'il pourrait faire pour lui rendre les choses un peu plus agréables. Lui faire la surprise d'un dîner aux chandelles qu'il aurait concocté de A à Z, par exemple, faisait partie des idées que Rory nourrissait secrètement. Mais pas uniquement. « Ce soir et jusqu'à nouvel ordre, c'est moi qui te masserai. Et c'est non négociable. » Il souffla à son oreille, convaincu de l'avoir vu faire suffisamment de fois pour que Swann ne risque rien à passer entre ses mains novices. Rory voulait juste faire de cette situation l'occasion rêvée pour se rapprocher plus encore de lui. Leur couple ressortirait de cette épreuve plus fort et encore plus uni, remplaçant pour de bon ces heures d'angoisses par de doux et heureux souvenirs ensemble.

it's a 'still-there-monday-morning' kind of love.

@SWANN BUCHANAN & RORY

“J’aime notre vie aujourd’hui.” Et de tels mots valaient plus que tout l'or du monde aux yeux d'un Rory incapable de concevoir son avenir sans l'homme qu'il aimait, et sa vie sans qu'il ne la construise à ses cotés. Si tout n'était peut être pas encore parfait et leurs projets encore nombreux, Swann et lui savaient parfaitement où ils allaient et savaient surtout qu'ils désiraient les mêmes choses. Il ne viendrait pas même à Rory l'idée d'en douter un seul instant quand chacune de leurs discussions les ramenait implicitement à ces mêmes désirs : fonder une famille, un jour, et remplir leurs existences d'un bonheur encore plus grand. « Je l'aime, moi aussi. Et c'est que le début. » Et il était impatient de vivre toutes ces futures aventures à ses cotés, impatient aussi de goûter à ces mêmes moments de tendresse et de complicité d'ici cinq ou dix ans, lorsqu'ils ne seraient définitivement pas trop âgés pour se dévorer du regard et caresser la peau l'un de l'autre. Ils ne seraient jamais trop vieux ni trop séniles pour ça, Rory n'imaginant rien de moins qu'une vie entière à lui répéter combien il l'aimait et à respirer encore et encore son parfum contre sa peau. Une vie comme celle-là, l'australien ne pourrait pas un seul instant s'en lasser. “Vraiment. Mais c’était plus pathétique que romantique, si tu veux mon avis.” « Je suis sûr que non. » Il n'avait pas même à se l'imaginer pour en être convaincu, raison pour laquelle son regard plongeait à cet instant dans le sien avec tant de douceur. Arthur n'avait peut être pas été du même avis si l'anglais avait abordé devant lui le sujet de leur couple, mais ça ne changeait rien au fait qu'il n'imaginait pas Swann l'avoir fait autrement que d'une manière qui l'aurait fait fondre sur place s'il avait été présent. Parce qu'il n'avait jamais à faire beaucoup d'efforts pour le toucher en plein cœur, bien souvent rien qu'en lui souriant ou en lui glissant un mot doux à l'oreille. Rory, lui, aurait donné n'importe quoi pour pouvoir lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur hier soir, quand bien même il savourait doublement de pouvoir le faire à présent qu'ils s'étaient retrouvés. Ce monologue sur leur balcon ne le rendait définitivement pas fier, mais il avait eu bien trop besoin de s'imaginer près de lui lorsque l'inquiétude l'avait même empêché de fermer l’œil. “A partir de maintenant, t’auras plus jamais l’occasion de penser que je te manque.” Ses yeux ne se détachèrent pas des siens, émus de lire à travers son regard toute la sincérité dans ses paroles. « A partir de maintenant tout ira bien. » Ou en tout cas plus jamais aussi mal qu'hier soir. C'était une promesse qu'ils se faisaient implicitement, celle de ne jamais plus laisser quoi que ce soit complexifier les choses au point qu'ils en souffrent l'un et l'autre. Pour le reste, quoi qu'ils aient peut être à traverser à l'avenir, c'est ensemble qu'ils se relèveraient toujours. Comme aujourd'hui, où leur amour l'avait de nouveau emporté sur le reste.

“Rory Craine qui devient mon médecin personnel, j’ai bien hâte de voir ça.” Les traits de son visage s'adoucirent, rieurs, Rory quant à lui incapable de ne pas répondre avec la même légèreté et pointe de plaisanterie. Il désirait simplement plus que tout mettre les dernières heures derrière eux. « J'aurais préféré que tu n'aies jamais à en faire l'expérience, mais compte sur moi pour faire en sorte que ça te dissuade à l'avenir de me refaire une peur pareille. » Oh, Swann savait bien qu'il s'appliquerait bien au contraire à prendre son rôle à cœur et veillerait à ce qu'il puisse guérir dans les meilleures conditions. L'inverse serait impensable quand la seule vision de son nez tuméfié et de sa main bandée suffisait à lui serrer le cœur. Bientôt, tout irait beaucoup mieux. Bientôt, sa main aurait cicatrisé et plus aucune trace ne subsisterait pour leur rappeler que cette soirée avait connu un déroulé tragique. A chaque instant, Swann pourrait compter sur Rory pour adoucir sa convalescence et faire qu'il ne trouve jamais rien d'autre qu'un regard empli d'amour en tournant son visage vers le sien. Rory se l'était promis, l'inquiétude serait relayée au second plan. Une inquiétude qu'ils n'avaient pas la moindre raison de nourrir y compris au sujet de Donna, qui plus que jamais comprendrait qu'il ait envie et besoin de passer plus de temps encore auprès de Swann. En plus d'être une agente bienveillante et compréhensive pour lui depuis ses débuts, elle était devenue avec les années une amie sur qui il avait toujours pu compter. Quelqu'un qui le connaissait assez pour savoir qu'il n'avait jamais été plus heureux que du temps où Swann partageait sa vie et qui tout naturellement avait accueilli avec enthousiasme le jour où il lui avait confié en être encore éperdument amoureux. Donna avait toujours protégé leur histoire et encouragé Rory à suivre son cœur, raison pour laquelle il savait que leur bonheur importait sincèrement à ses yeux – et pas uniquement parce qu'il n'en serait grâce à ça que plus épanoui également dans son boulot. “Je suis vraiment heureux que tu sois tombé sur elle dès le début.” Des paroles auxquelles Rory ne put que consentir, un sourire aux lèvres, conscient de la chance immense qu'il avait eu le jour où Donna l'avait vu se produire sur la scène de son cours de théâtre. Tout avait ce jour-là changé pour lui et écrit le début d'une histoire par la suite toute aussi heureuse, parce qu'elle l'avait aussi mené jusqu'à Swann. Pour ça, Rory ne voudrait pas en changer une seule ligne. Ni aujourd'hui, ni jamais.

Dédier les prochaines semaines à faire que Swann ne manque de rien et puisse à tout instant se reposer sur lui n'avait rien d'une corvée aux yeux de l'acteur, qui loin de là se réjouissait de pouvoir enfin veiller sur lui comme il l'aurait tant voulu hier soir. Qui plus est, être aux petits soins de l'homme qu'il aimait faisait partie des choses qui ne pouvaient que l'apaiser en retour, la seule idée de voir un sourire plutôt qu'une grimace de douleur s'afficher sur son visage lui réchauffant le cœur. “Tu sais ce qui va vraiment être problématique ? Je peux pas mouiller les points, alors prendre une douche va être terriblement difficile sans aide.” Son sourire n'eut cette fois encore aucun mal à laisser transparaître son bien-être, rien dans cette idée n'ayant justement quoi que ce soit de problématique à ses yeux. Mais Swann le savait bien et ne serait ainsi pas surpris de le voir entrer dans son jeu. « Je vais donc pas avoir d'autre choix que de te suivre jusque sous la douche, quel dommage. » Oh, il était certain qu'il saurait voir beaucoup de bons cotés à cette situation et que leurs douches ne manqueraient pas de prendre une tournure particulièrement agréable, sans que ça n'ait là encore quoi que ce soit d'étonnant quand on savait qu'ils ne résistaient généralement pas bien longtemps à l'envie d'être proches l'un de l'autre. Il en avait toujours été ainsi. « C'est pas comme si ça n'arrivait pas déjà souvent. J'aurai juste une bonne excuse, pour une fois. Autre que d'économiser l'eau pour la planète, évidemment. » Parce que c'était déjà une excuse dont Rory usait et abusait volontiers lorsque l'envie de rejoindre Swann sous le jet d'eau était beaucoup trop tentante. Cela deviendrait donc d'autant plus nécessaire maintenant que Swann devrait ménager sa main au maximum et ce n'était pas Rory qui viendrait à s'en plaindre une seule seconde. Bien loin de là, il ferait tout pour lui rendre les choses plus faciles et lui faire oublier les circonstances dans lesquelles était survenue cette blessure. Ce n'était pas une chose dont Swann ou lui aimeraient sans doute se rappeler à l'avenir, ayant bien trop de raisons de vouloir se concentrer sur tout ce qui leur procurait a contrario un bonheur sincère et complet. Sa présence à ses cotés, ce soir, suffisait déjà à rendre Rory infiniment heureux – désormais, ils ne se quitteraient plus de si tôt. “Alors j’ai hâte d’être à ce soir.” « Moi aussi, plus que tout. » Pour ce massage qu'il lui avait promis et dont il se faisait lui-même une joie – après tout s'il avait réussi à soigner Murphy en suivant les conseils de son petit-ami au téléphone, il devrait être capable de le masser après l'avoir vu faire pendant des années. Mais aussi pour simplement le sentir près de lui des heures durant, sans que rien ne se glisse plus entre eux.

“Viens, une chose à la fois.” C'est sans sourciller ni opposer la moindre résistance qu'il imita Swann lorsque ce dernier se redressa du canapé, ses doigts retrouvant tout naturellement leur place autour des siens tandis qu'il réduisit la distance qui les séparait. “On tombe de fatigue. On organisera tout ça plus tard, rien ne presse.” Oh, ils avaient assurément traversé bien trop d'émotions pour que repousser plus longtemps leur repos ait quoi que ce soit de raisonnable. « Tu as raison. On a tous les deux du sommeil à rattraper, le reste peut au moins attendre demain. » Ou quelques jours, le temps qu'ils se concentrent sur l’essentiel et l'unique chose qui le préoccupait véritablement à cet instant précis : Swann, et sa convalescence. Il le lui avait dit, il prendrait grand soin de lui. « Et on sera bien meilleurs juges une fois reposés, dans notre état on serait capable de tabler sur six mois de road-trip autour du monde. » Non pas que ça aurait quoi que ce soit de déplaisant, comme projet, mais ils avaient trop d'attaches l'un et l'autre à Brisbane pour pouvoir en décider sur un coup de tête et sans prévenir leurs proches. Son rire résonna un instant autour d'eux, preuve qu'il ne les en croyait pas réellement capables mais qu'il jugeait malgré tout plus raisonnable de remettre ce genre de questions à plus tard. Ce voyage se ferait, c'était à présent une certitude, et ça ferait aussi une merveilleuse motivation pour Swann le temps que sa main se rétablisse. “Je vais dire aux filles que je risque pas de beaucoup rentrer à la coloc.” « D'accord. » Il souffla tendrement, accueillant avec un doux sourire le baiser que l'anglais déposa contre son cou. Baiser qu'il lui rendrait par centaines, d'ici quelques minutes, lorsqu'il goûterait à nouveau à la joie de l'accueillir entre ses bras. « Tu le leur diras demain matin. » Ses doigts ne quittèrent pas les siens tandis qu'ils prirent la direction de la chambre, où Rory s'assurerait que Swann puisse profiter d'un repos bien mérité. Il veillerait sur lui, quitte à retarder de quelques minutes le moment où lui-même tomberait de fatigue, mais cette fois c'est ensemble qu'ils récupéreraient et reprendraient des forces en prévision de ce voyage qu'il lui tardait de faire avec lui.