| (july) every angel is terrifying |
| | (#)Mar 11 Jan 2022 - 23:30 | |
| Elle ne vient pas pour elle. Elle ne vient pas pour elle, et c’est déjà au moins ça de rassurant, dans un monde fait de murs blancs et où tout sent le matériel médical et le désinfectant. Lily a toujours évolué dans des hôpitaux, pourtant, mais ici tout est différent. Ici, seuls les personnes avec des problèmes qu’elle n’a pas viennent se rendre, et cela ne la regarde pas. Ils n’arrivent pas à avoir d’enfants, alors c’est sans doute Dieu qui veut les choses ainsi. Pour sa part, Dieu souhaite simplement qu’elle attende un peu, voilà sûrement la seule explication à tout ceci, tout ceci qui n’a bien sûr rien à voir avec un possible problème d’infertilité. Elle est déjà tombée enceinte. Deux fois. Alors non, ce n’est pas ça. Si elle vient, c’est uniquement parce qu’elle a rendez-vous avec un médecin, rendez-vous qui n’est d’ailleurs pas pour elle mais bien pour une patiente de l’Association Beauregard qui lui a demandé si elle pouvait venir. Oh oui, bien sûr que Lily peut venir, pourquoi aurait-elle d’ailleurs la moindre raison d’être totalement terrifiée à l’idée d’entrer dans un monde où le premier médecin venu pourrait lui annoncer une nouvelle qu’elle ne veut pas entendre ?
Cela n’arrivera pas. Cela n’est pas arrivé non plus, puisque le rendez-vous et ses questions n’ont tourné qu’autour de Wynona, comme prévu, comme convenu - pourquoi y aurait-il été question de sa personne à un seul instant, de toute façon ? Lily ne cherche pas le feu des projecteurs lorsque ce dernier ne lui va pas parfaitement au teint ; et Dieu sait qu’ici elle aurait eu l’air d’un cadavre alors qu’elle préfère encore largement que son teint de porcelaine soit comparé à celui de Blanche-Neige. Sa patiente a des problèmes de fertilité, le verdict est sans appel, mais si Lily l’a réconforté d’un main rassurante contre son dos, elle est aussi et surtout rassurée que tout soit déjà terminé et qu’elles puissent déjà chacune rentrer chez elles. Non pas qu’elle soit du genre à faire le minimum dès qu’il est question de travail mais bien qu’elle souhaite simplement quitter le plus vite possible cet endroit de malheur, apeuré à l’idée qu’un détecteur ou Dieu sait quoi encore puisse la repérer dans la foule et apprendre aux docteurs qu’elle a besoin de leur aide.
Comme si Lily Keegan avait besoin de l’aide de qui que ce soit pour construire la vie qu’elle désire. Elle a eu la tête de l’Association Beauregard, elle a gagné le coeur des australiens dans une émission de télé-réalité et elle l’a regagné à nouveau en perdant son mari adulé. Elle gère le bar le plus apprécié de la ville et compte dans ses proches relations un homme dont le nom est connu dans tout le pays. Il y a aussi Alfie, quelque part au milieu de ce parfait tableau, occupé à ramener ses touches d’ombres par ici par là, mais il reste essentiel. Oh, Joseph aussi, mais elle le raye dès qu’il commence à comporter plus de désavantages à sa vie qu’autre chose ; il revient ensuite, ne vous en faîtes pas pour lui. Et bientôt, elle aura aussi le parfait enfant, préférablement une fille, qui sera belle comme un coeur et d’une éducation irréprochable.
Bientôt. “Juliet ?” L’étonnement dans sa voix n’est pas feint alors qu’elle reconnaît rapidement la silhouette de la brune au détour d’un couloir, cette dernière étant parfaitement assise sur une chaise d’attente, le dos droit et tout ce qu’il s’en suit. Elles se ressemblent trop pour réellement s’apprécier, voilà ce que Lily s’est toujours dit. “Tu… Oh je suis désolée, je ne pensais pas m’immiscer dans ta vie privée comme ça.” Oh, elle ne pensait pas s’immiscer dans sa vie, oui, mais elle n’a pourtant rien de désolée. Bien au contraire, c’est un sourire immense qu’elle cache à la perfection sous ses traits empathiques. “Tu attends des résultats ? Je peux rester avec toi, si tu veux. Solidarité féminine.” Et ce n’est qu’à cet instant qu’elle commence enfin à sourire doucement, Lily l’éternelle menteuse qui, d'un geste de la main, annonce à sa propre patiente qu'elle n'est pas obligée de l'attendre alors qu'elle s'avance déjà auprès de la jeune Rhodes. @juliet rhodes |
| | | | (#)Sam 15 Jan 2022 - 19:41 | |
| C'était déjà la troisième fois que tu avais rendez-vous dans la clinique de fertilité. Avec les résultats peu favorables de la dernière fois, le médecin avait plutôt proposé de donner un nouveau rendez-vous pour que vous puissiez étudier les options qui restaient possible selon ta condition. Un autre rendez-vous pour te laisser le temps d'encaisser le choc des mauvaises nouvelles. Ce qui n'était pas une mauvaise idée en soi, puisque tu n'aurais absolument rien retenu de toute la discussion qui aurait pu s'en suivre. T'es bien loin d'avoir encaisser ou même d'avoir accepter les derniers résultats, mais s'il y a un nouveau rendez-vous, c'est qu'il reste encore un minimum d'espoir. Aussi minime soit-il, tu comptes bien t'y raccrocher coûte que coûte - kit à t'en prendre plein la gueule un peu plus tard. “Juliet ?” Ta tête se relève sous cette voix familière. Tu étais tellement préoccupé que tu n'as même pas pris le temps de voir ce qui se passait autour de toi, et encore moins qui s'y trouvait. Tes yeux s'écarquillent de surprise de voir Lily debout devant toi - enfin, ce n'est que le fait de voir un visage connu qui te surprend. Peu de personnes sont au courant de tes démarches. L'opinion des autres, tu n'en veux pas. Pas sur ce sujet particulièrement difficile. “Tu… Oh je suis désolée, je ne pensais pas m’immiscer dans ta vie privée comme ça.” Si elle s'immisce dans ta vie, c'est aussi l'inverse, non ? Vu qu'elle est ici autant que tu y es. Non, elle semble accompagner quelqu'un qui est sur le point de partir. Ou c'est l'autre personne qui l'accompagne elle ? « C'est rien. Tu ne pouvais pas savoir. » que tu l'excuses déjà alors qu'un sourire prend place sur ton visage.
“Tu attends des résultats ? Je peux rester avec toi, si tu veux. Solidarité féminine.” À quel point tu peux avoir l'air nerveuse pour qu'elle vienne te faire une telle proposition ? Tu cesses soudainement de tortiller tes mains ensemble pour les poser sagement contre tes cuisses. Tu ne peux pas nier que l'offre est alléchante. D'autant plus que, au vue du passé d'infirmière de la jeune femme, elle serait bien placé pour mieux t'aiguiller dans les démarches, peut-être qu'elle saurait mieux t'expliquer certaine chose que tu ne comprendrais pas. Lily est un visage connu et rassurant tout en étant assez éloigné de ta vie privée pour ne pas en être mêlé. C'est clair ? Même toi tu as du mal à suivre. « C'est juste pour quelques explications. » Aucun résultat en vue. Tu n'es pas très certaine d'avoir envie de partager ça avec elle de toute manière. Pas maintenant. Pas tout de suite. « Je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse. » Ce qui veut dire que tu aimerais bien qu'elle reste - parce que ça te semble soudainement idiot d'être venu toute seule - mais ça veut aussi dire qu'elle n'a pas à se sentir obligé. Elle a sûrement mieux à faire que d'accompagner une femme qui n'a personne pour combler ses envies de fonder une famille. Tu te demandes si c'est aussi comme ça qu'elle se sent Lily, veuve à 35 ans. Est-ce que son horloge sonne aussi fort que la tienne ? Non. Sûrement pas. Son horloge n'est pas encore périmée contrairement à la tienne.
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| | | | (#)Sam 22 Jan 2022 - 13:01 | |
| Faussement désolée, Lily arrive ainsi à entamer une conversation avec la jeune femme, opportunité qu’elle ne compte pas laisser passer. La curiosité morbide l’emporte sur tout le reste, même le fait qu’elle puisse, au fond, sincèrement apprécier Juliet. Seulement, elle est d’avis de penser que seuls les opposés s’attirent et, à être semblables à ce point, rien de bon ne peut en sortir. Si la directrice veut obtenir des informations sur les obstacles présents dans la vie de la jeune femme - et par extension, d’Alfie -, alors elle sait que c’est à elle qu’elle doit demander. Alfie ne lui répondra jamais et il connaît de toute façon bien trop sa façon de faire pour qu’elle puisse parvenir aussi rapidement et facilement à obtenir de précieuses informations. « C'est rien. Tu ne pouvais pas savoir. » Ce qui, pour une fois, est vrai. Lily s’est réellement rendue à la clinique pour une patiente de l’association Beauregard, ce n’est pas comme si elle l’avait utilisée comme excuse et cherché les longs cheveux bruns de la Rhodes à travers tout l’édifice. Mais soyons honnêtes: elle en aurait été capable, sans le moindre scrupule.
D’un sourire rassurant, Lily en vient donc à lui proposer de rester avec elle en attendant les résultats, s’assurant ainsi d’avoir l’information à la source. Ses quelques mots semblent étrangement rassurer Juliet, dont les mains cessent de se triturer entre elles comme si elle était une enfant s’apprêtant à passer un oral - montrer tout signe de faiblesse en public n’aura jamais rien d’une bonne idée, peu importe l’âge de la personne ou le contexte. « C'est juste pour quelques explications. » Bien sûr répond avec ironie et rire noir une voix dans son esprit. “Bien sûr.” l’enjoint celle de Lily, chaleureuse et rassurante alors qu’elle passe brièvement sa propre main sur le dos des siennes pour les serrer brièvement. Ainsi, elle lui assure sa présence, son aide, son amitié. « Je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse. » D’un geste de la main, couplé à un sourire rassurant, Lily annonce à sa patiente qu’elle n’a effectivement pas à l’attendre davantage et qu’elle peut rentrer chez elle. Elle n’a pas besoin de beaucoup de temps supplémentaire avant de prendre place sur la chaise près de son amie, sa main glissant le long de ses cuisses pour éviter que sa jupe ne se froisse sur le siège. “Tu n’en abuses pas, c’est moi qui te propose.” Elle n’a pas à réfléchir à ses paroles tant être gentille lui semble normal, nécessaire pour se faire une place et une image digne de ce nom en ce monde. Dans d’autres circonstances, elle aurait sans doute pu être une véritable amie pour Juliet, mais personne n’est encore apte à refaire le monde.
Dans l’idée de séparer ses mains pour éviter qu’elle ne s’inquiète davantage, Lily en prend une dans la sienne, laissant son pouce glisser contre le dos de cette dernière pour la rassurer sans un mot. Au creux de son ventre, une boule se forme: ce lieu lui rappelle bien trop de souvenirs, même si pour sa part elle n’a jamais été assez désespérée pour en venir à consulter une clinique spécialisée dans le genre. De ça, Juliet ignore tout. “Tu es de nouveau avec quelqu’un pour… pour être ici ?” Parce que Juliet ne voudrait pas un enfant avec un inconnu qui ne connaîtra jamais la chair de sa chair, n’est-ce pas ? Parce qu’elle ne fait pas non plus partie des visages trop masculins allant et venant de l’appartement d’Alfie non plus, alors il ne reste plus beaucoup de raisons pour lesquelles elle voudrait consulter une clinique en fertilité maintenant. “Je ne savais pas que c’était un sujet préoccupant.” Mais nul besoin de préciser qu’elle est heureuse de l’apprendre. |
| | | | (#)Dim 6 Fév 2022 - 23:03 | |
| “Tu n’en abuses pas, c’est moi qui te propose.” L'offre est tentante. L'offre est alléchante. Une partie de toi a envie de dire oui. Une autre n'a pas tellement envie de laisser une autre personne percer une intimité que tu n'as pas encore encaissé. Si tu es ici, c'est quand même pour défier les lois de la nature. C'est pour continuer d'espérer qu'un projet bébé n'est pas une idée si insensée. La présence de Lily a quelque chose de rassurant. Probablement juste parce qu'elle est un visage connu et que tu es terrifié par ce que tu pourrais entendre dans le bureau du médecin. Elle vient même prendre ta main dans la sienne - probablement pour empêcher tout tic nerveux. Et oui, sa bienveillance te fait l'effet d'un baume sur ton petit cœur meurtrie. Comme si tout d'un coup, c'était la meilleure idée du monde qu'elle t'accompagne. « D'accord alors. J'avoue que ce n'est pas ma meilleure idée d'être venue ici toute seule. » que tu lui réponds en laissant un doux sourire prendre place sur ton visage. Oui, tu viendras avec quelqu'un pour les prochains rendez-vous. Il ne te reste plus qu'à réfléchir avec qui dans ton entourage tu as envie de partager ce petit secret.
“Tu es de nouveau avec quelqu’un pour… pour être ici ?” Est-ce que c'est vraiment possible en un an de se remettre d'une peine d'amour, rencontrer quelqu'un et réaliser qu'on a besoin d'aide pour concevoir une famille ? Non, sûrement pas. Ce n'est pas que tu vis encore dans l'ombre de ton ancienne relation, mais ton coeur n'est tout de même pas prêt à aimer de nouveau. Enfin, si. Il est prêt à aimer un enfant, le tien. Tu hoches alors la tête de gauche à droite. « Non, c'est parce que j'ai personne que je suis ici, tu vois ? » Parce qu'il paraît que ça prend un homme et une femme pour concevoir un enfant. Quand il n'y a pas d'hommes dans le décor, on vient s'en choisir un dans un catalogue pour pouvoir concevoir toute seule comme une grande. Non, ce ne sera pas une famille conventionnelle, mais ce sera (peut-être) la tienne et c'est parfait ainsi. Tu veux juste être une maman sans devoir t'envoyer en l'air sans protection avec le premier venu. Vraiment pas ton genre. De toute façon, de ce que tu as compris, ça risque d'être compliqué sans un coup de pouce de la médecine avec ou sans homme dans ta vie. “Je ne savais pas que c’était un sujet préoccupant.” Comment pourrait-elle savoir ? Ce n'est pas le genre de chose qu'on crie sur tous les toits. C'est le genre de chose dont on a un peu honte (à tort) et qu'on garde dans notre petit jardin secret. Personne ne le sait. « Alfie ne voulait pas d'enfant, alors… alors c'est normal qu'elle ne sache pas, ni même qu'elle ne l'ait jamais soupçonné. Elle doit bien savoir que Alfie ne se projette pas dans une vie de famille… à moins que ce ne soit qu'avec toi qu'il ne s'y projettait pas ? On finit par remettre en question la relation au complet quand on vit une rupture difficile. C'est ce que t'as fait pendant des mois et que tu te détestes de faire parfois encore aujourd'hui. De moins en moins. « Comment tu vas toi ? » Depuis le décès de son mari ? « Tu as l'air bien. » Elle rayonne Lily. Ce n'est sûrement qu'une façade. Elle est déjà bonne d'arriver à en avoir une. Qui peut se remettre de la perte aussi brutale d'un être aimé.
« Tu as vue Alfie dernièrement ? » Oh Jules, pourquoi tu demandes ça ? |
| | | | (#)Sam 12 Fév 2022 - 4:43 | |
| Sa main contre la sienne, Lily n’est pas réellement en train de forcer tous ses gestes. Se montrer rassurante est une seconde nature chez elle, à la seule différence qu’elle ne pense que très rarement les mots qu’elle avance avec assurance. « D'accord alors. J'avoue que ce n'est pas ma meilleure idée d'être venue ici toute seule. » Juliet est belle quand elle sourit, même englobée de tristesse. Et c’est justement ça le problème: personne ne peut rien reprocher à Juliet, parce qu’elle est parfaite dans tous les domaines et qu’à la différence de Lily, elle ne joue aucun rôle. Elle est transparente, véritable, franche, sans jamais abandonner la délicatesse qui la caractérise. Elle n’a pas peur de montrer ses faiblesses pour en faire une force, tour de magie que Lily manie avec infiniment plus de précaution, trop habituée à ce que tout lui explose dans les mains. “Tu ne l’es plus, maintenant.” Pas le moindre commentaire sur le fait qu’elle estime son passage ici être une mauvaise idée: la directrice n’en pense pas moins, peu importe les raisons exactes l’ayant conduite jusqu’ici. Avoir recours à des moyens artificiels pour avoir un enfant est une mauvaise idée, et son propre exemple n’est pas à utiliser dans cette leçon de morale. Pour elle, les choses sont différentes. Juliet n’a pas perdu son petit-ami, elle n’a simplement pas su entretenir leur relation. Nuance.
Alors elle demande, Lily, elle s’intéresse autant qu’elle s’interroge de ses grands yeux curieux et de sa voix fluette, chantante. Tout est modifié par le prisme de l’inquiétude, bien sûr, cela va de soi. « Non, c'est parce que j'ai personne que je suis ici, tu vois ? » Elle hoche la tête, voyant parfaitement la situation dont il est question: une femme seule voulant plus que tout engendrer la vie, c’est quelque chose qu’elle connaît sans pour autant vouloir l’admettre. Chacune gère bien différemment les choses, et pour rien au monde elle ne penserait que la méthode de Juliet est meilleure que la sienne. Seule une des deux offrira un père à son enfant. Ses doigts récemment crémés caressent doucement le dos de la main de la brune, pour ne pas avoir à lui dire quoi que ce soit. « Alfie ne voulait pas d'enfant, alors… » Bien sûr, pourquoi Alfie Maslow serait soudainement rentré dans le moule de la société ? C’est une information dont Lily ne pouvait se douter qu’avec force, ayant volontairement évité toute sa vie durant une conversation au sujet des enfants avec Alfie. Leur avis diffère trop sur le sujet ; à quoi bon ? Ce n’est pas comme si elle lui demanderait son avis, au moment de décider qu’elle a essayé pendant bien trop longtemps d’avoir un enfant avec Ezra et qu’il est maintenant raisonnable de tenter sa chance avec un autre, cet autre ne pouvant qu’être Alfie. Il ne s’en plaindra pas, de retrouver son intimité, alors il n’a pas son mot à dire sur une hypothétique paternité. “C’est Alfie…” Et ça, sans mot supplémentaire, elle sait que Juliet pourra la comprendre: il est compliqué, insupportable, hautain, obstiné. Il est bien des choses, surtout des mauvaises, mais rien ne suffit jamais à les faire le détester, parce qu’il a aussi ce quelque chose qui le rend lui-même, justement. Peu importe à quel point il peut rendre leur vie difficile, peu importe à quel point il peut repousser au loin les rêves de son ex-compagne: Lily sait qu’elle ne tardera pas avant de le retrouver, parce qu’elle sait aussi qu’ils s’aiment sincèrement, autant l’un que l’autre, et que ce n’est pas un terme à employer au passé.
« Comment tu vas toi ? » L’éternelle question lancinante. « Tu as l'air bien. » Et c’est tout ce qui importe: l’apparence. Son léger maquillage couvre ses maigres cernes et redonne un peu de rondeur à ses joues, il souligne son teint de porcelaine pour mieux encore mettre en avant le clair de ses grands yeux. Sa bouche est soulignée, rien de trop tape à l’oeil. Ses cheveux soigneusement coiffés reviennent contre son torse, le plus simplement possible. Son allure est aussi soignée que la moindre de ses réactions, habitude qu’elle n’a jamais oubliée de perpétuer, même (surtout) à la mort de Matt. “La vie continue.” Ses yeux brillent d’une tristesse qu’elle n’a pas à surjouer, encore affectée par la mort d’un homme qu’elle aimait sincèrement. Pour autant, elle n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort, pas alors qu’elle sait très bien que le temps joue justement contre elle et que l’arbitre est en sa faveur. Si elle veut avoir un enfant, c’est maintenant ou jamais ; Juliet le sait, elle aussi. “Ça ressemble à une rupture, au fond.” Et oui, bien sûr qu’elle ose cette comparaison simplement parce que Juliet vit une rupture. En d’autres circonstances, elle n’aurait jamais eu de telles paroles.
Pourtant, si Lily n’avait pas su prévoir une chose, ce fut bien la question de la jeune femme. « Tu as vue Alfie dernièrement ? » Elle resserre sa main contre la sienne sans s’en rendre compte, prise de court et ne sachant quel chemin emprunter. Il faut jongler entre l’image qu’elle veut donner, les informations qu’elle accepte de lui concéder, ainsi que ce qui risque tôt ou tard de revenir aux oreilles d’Alfie. Autant dire qu’elle a l’impression de jouer une partie d’échec contre elle-même. “Je pensais t’en parler à tête reposée, ou peut-être qu’il te le dirait lui-même.” Elle entame donc, ayant choisi quel poison administrer à Juliet, pour une mort sans doute aussi lente que douloureuse. Une peine de coeur ne connaît aucun remède. “On habite ensemble. C’est sûrement que temporaire, tu sais… Je voulais pas le laisser seul et lui non plus.” Paradoxalement, Lily n’avait jamais été aussi sincère qu’en cet instant, parlant à Juliet simplement avec son coeur. Ce sont des mots qu’elle n’a jamais tenus à Alfie, les deux amis de toujours s’étant contentés de sceller le pacte à grands coups de menaces et de défis. Au fond, pourtant, elle sait qu’ils étaient animés des mêmes raisons. Ils sont simplement trop fiers pour l’admettre. “Tu sais, il passe à autre chose, alors peut-être que tu devrais essayer de te trouver quelqu’un, toi aussi.” Oh, peut-être ne devrait-elle pas être la première au courant du nombre d’aventures (masculines!!!) qu’Alfie entretient chaque semaine ? Mince, Lily parle décidément bien trop vite avant de réfléchir à ses mots. |
| | | | (#)Mar 15 Fév 2022 - 19:09 | |
| “Tu ne l’es plus, maintenant.” « Merci. » que tu lui réponds d'un sourire chaleureux. Elle n'était en rien obligée de rester ici. Elle avait même sûrement mieux à faire, mais elle choisit tout de même de rester avec toi. La gentillesse de Lily n'a rien de très surprenant, mais elle te soulage par le simple contact de ta main dans la sienne. Lily fait sa curieuse, naturellement. Tu aurais fait de même. Elle hoche la tête lorsque tu lui expliques être ici, parce qu'il n'y avait pas de quelqu'un dans ta vie. Un don de sperme, voilà ce que tu étais venu chercher à la base. Finalement, ce sera un peu plus compliqué que ça. Le rendez-vous d'aujourd'hui a pour but de comprendre la suite. “C’est Alfie…” C'est Aflie. Qu'avait il de plus à rajouter ? Absolument rien. Ça voulait tout et rien dire à la fois. Alfie ne veut pas d'enfant. Toi, oui. C'est pour ça que tu es là et que lui non. L'une des nombreuses raisons sans doute. Tu préfères toutefois détourner le sujet vers elle. Sa bête noire en échange de la tienne. Elle a l'air bien Lily compte tenu des circonstances. Tu l'envies un peu, même si tu te doutes que ce n'est qu'une façade qu'elle se donne. “La vie continue.” Oui, la vie continue. Matt était un bon vivant et c'est sûrement ce qu'il aurait voulu qu'elle fasse. Ça ne veut pas dire pour autant que c'est facile, en dénote le reflet humide qu'on peut voir dans ses yeux. “Ça ressemble à une rupture, au fond.” Tu n'es pas trop certaine d'être d'accord avec cette comparaison, mais, oui, il reste quand même quelques similitudes; l'absence de l'autre. Matt est parti avec beaucoup d'amour pour sa femme. Alfie est parti sans amour, ni rien. Au moins, elle a la chance de savoir qu'il ne fait pas de bêtises là où il est. Tu ne peux pas en dire autant. Tu es quand même convaincu que la situation qu'elle vit est pire que la tienne. C'est inhumain d'être veuve a un aussi jeune âge.
Et alors que tu oses lui demander si elle a vu Alfie dernièrement, la main de Lily resserre soudainement la tienne. Tes sourcils se froncent légèrement à ce contact inattendu. Pourquoi est-ce qu'il laisse présager qu'elle n'a pas de bonnes nouvelles à dire sur lui ? Parce que tu sais déjà que les nouvelles sont mauvaises. Il y a des ouï dire qui court. Tu les a tous entendus sans jamais savoir démêlé le vrai du faux. Sans savoir si les inquiétudes des autres étaient fondées ou non. “Je pensais t’en parler à tête reposée, ou peut-être qu’il te le dirait lui-même.” Ils le seront à l'instant même on dirait bien. Tu avales difficilement ta salive alors que ton regard semble incapable de se poser ailleurs que sur Lily. Ta respiration semble également s'être arrêtée. Je veux pas savoir. C'est ce que tu auras dû lui dire. Avoir des mauvaises nouvelles de ton ex ne pouvait rien t'apporter de bon. C'était retourner le couteau dans une plaie que tu fais semblant de ne plus voir. “On habite ensemble. C’est sûrement que temporaire, tu sais… Je voulais pas le laisser seul et lui non plus.” « Oh. » Ta main se défait soudainement de la sienne, pour aller gratter derrière ta nuque. Ça te soulage autant que ça te pique. Sûrement temporaire qu'elle te dit, peut-être pas que t'entends. Qu'est-ce que ça fait deux âmes en peine pour retrouver un peu de réconfort ? Tu t'imagines des choses, Jules. De toute façon, ça ne te regarde plus. Pas vrai ? Les mots de Lily t'embrouille plus l'esprit qu'autre chose. Et ici, dans cette clinique, la seule chose dont tu as réellement besoin, c'est d'avoir les idées claires. C'est raté. “Tu sais, il passe à autre chose, alors peut-être que tu devrais essayer de te trouver quelqu’un, toi aussi.” Il faut vraiment partager sa vie avec quelqu'un pour passer à autre chose ? « J'ai passé à autre chose. » Alors pourquoi ça te chamboule autant ce qu'elle raconte ? Le pire, c'est que tu y crois à ce mensonge. C'est facile d'ignorer des sentiments pour quelqu'un lorsqu'on passe des mois et des mois sans le voir. Voilà qu'un très léger brin de nostalgie se pointe le bout du nez et remonte bien trop de vieux sentiments enfouis à la surface. « J'ai juste… rencontré personne c'est tout. » que tu te justifies, laissant croire que tu cherches activement alors que c'est complètement faux. C'est un bébé que tu veux. Et en ce moment, un père et/ou géniteur, c'est quelque chose dont tu peux te passer. C'est une course contre la montre que tu es en train de faire. Tu n'as pas le temps pour les distractions. Tu as une course à remporter. Le sujet d'Alfie dorénavant derrière vous, oui ça vaut mieux pour tout le monde. « Il voit quelqu'un ? » Ou pas franchement, si tu as envie de te torturer l'esprit encore un peu, ne te gêne surtout pas. Ta curiosité aura ta peau. |
| | | | (#)Ven 4 Mar 2022 - 22:10 | |
| En effet, « Oh. » est sûrement tout ce qu’il y a à dire lorsqu’on apprend que son ex petit-ami habite désormais avec la femme qui tient votre main dans la sienne, faussement compatissante, faussement désolée. Alfie la tuera pour avoir vendu le morceau, mais intérieurement Lily jubile d’être aux premières loges de la détresse de la si-parfaite Jules, pourtant pas aussi parfaite qu’elle. Elle défait sa main de celle de l’ancienne infirmière, sans que cette dernière ne cherche à lutter. Peu importe, cela ne la fait pas sortir de son rôle pour autant, elle prend désormais la forme d’une jeune femme laissant le temps à son amie d’accepter la nouvelle et d’encaisser en silence. Du temps, elle en aura bien besoin ; et elle en aura beaucoup, maintenant qu’Alfie n’est plus à ses côtés. Il passe à autre chose, alors Jules devrait en faire de même, n’est-ce pas ? Il passe à autre chose, donc Jules doit en faire de même, surtout alors que Lily est désormais aux commandes de la symphonie de sa vie: elle lui ordonne de reprendre du rythme. « J'ai passé à autre chose. » Elle a les yeux d’une jeune femme triste, et Lily connaît assez ce regard pour encore régulièrement l’observer dans le miroir. Elle dit être passée à autre chose, mais son corps dit autre chose. Tout ce qu’elle essaye de faire à son tour, c’est garder les apparences plus ou moins intactes.
« J'ai juste… rencontré personne c'est tout. » Oh, et si ce n’est que ça, Lily sa bonne amie pourrait avoir de quoi la tirer d'affaires. “Je pourrais te présenter quelqu’un, si tu veux.” Parce que si elle pouvait arriver à se débarrasser de Jules en même temps que de Deklan, ce serait une pierre deux coups pour la stratège aux lèvres pourpres. “C’est pas forcément… Ça serait pas forcément sérieux, mais je pense que vous vous entendrez sans mal.” Elle temporise, ne voulant pas lui faire croire qu’elle tente déjà de lui présenter le nouvel amour de sa vie. Ils n’auront qu’à être amis, amants, compagnons ; qu’importe, ce n’est pas l’affaire de Lily. Qu’ils s’entendent, qu’ils passent du temps ensemble et surtout, qu’ils soient loin de son propre quotidien, voilà tout ce qu’elle peut demander. “C’est un ami de Matt.” L’argument du mari décédé: personne ne peut aller contre. Les coups sont bas mais ô combien parfaitement executés.
Finalement, tout devient un peu plus jouissif encore lorsque Jules saute à pieds joints dans le piège tendue par sa prétendue amie, présente seulement pour se nourrir de sa peine. « Il voit quelqu'un ? » Lily fait la moue en même temps qu’elle mime un regard fuyant et désolé. “S’il se contentait d’une seule personne, ce serait sans doute déjà un grand pas en avant.” Cette fois-ci, elle ne ment pas: Alfie enchaîne les aventures d’un soir avec tout le pays et même les autres, c’est un fait. Elle ne précise simplement pas qu’aucune de ces relations est sérieuse, qu’aucune ne le sera jamais non plus. Jules n’a pas à le savoir. “Je croise un nouvel homme tous les matins au petit déjeuner, c’est affligeant.” Des hommes, Jules, il te remplace par des hommes à tout va. Il le fait bien plus pour enrager Lily plutôt que de blesser une ex-petite-amie qui n’aurait normalement jamais dû être tenue au courant de sa nouvelle sexualité affriolante, mais ça encore elle ne gagne rien à le préciser, raison pour laquelle elle se terre une fois de plus dans son silence. “C’est sûrement sa façon à lui de pallier au chagrin, tu penses pas ?” Alfie qui pourrait être triste ? Quelle connerie. Bien sûr que non, ce n’est pas sa façon à lui de pallier au chagrin ; c’est sa façon à lui de profiter de sa nouvelle liberté, d’être à nouveau totalement lui-même. |
| | | | (#)Mar 15 Mar 2022 - 23:21 | |
| “Je pourrais te présenter quelqu’un, si tu veux.” Tellement prévisible. Ce n'est absolument pas là où tu voulais en venir, mais, ouais, c'est comme si les autres pouvaient pas s'empêcher de vouloir caser absolument leur ami célibataire. Les autres font pareilles avec elle ? Non, sûrement pas. Personne ne veut brusquée une veuve. Pourtant, elle vient tout juste de dire c'est un peu comme une rupture. Pourquoi est-ce qu'elle devrait y échapper, hm ? “C’est pas forcément… Ça serait pas forcément sérieux, mais je pense que vous vous entendrez sans mal.” Oui, sans doute. C'est pas comme si tu étais du genre à accumuler les ennemis. Loin de là. Ta tête se hoche tout de même de gauche à droite, un peu mal à l'aise de repousser sa proposition. Au fond, elle fait ça pour bien faire Lily. Elle n'est pas remplie de mauvaises intentions. Elle ne remarque pas que tes projets de vie ne concordent pas avec la naissance d'une nouvelle relation ? Tu veux un bébé et tu n'as pas le temps d'attendre le père qui pourrait venir avec. “C’est un ami de Matt.” qu'elle ajoute avant que tu ne viennes refuser de vive voix. Un ami de Matt, évidemment. Tes lèvres se pincent doucement, en cherchant comment te sauver de cette conversation sans la vexer. « D'accord… j'suppose que j'ai rien à perdre. » que tu lui réponds en lui souriant. Évidemment, tu dis oui même si tu veux dire non. Ce n'est qu'une soirée. Tu n'auras qu'à dire que le courant n'est pas passé et c'est tout. Pourvu qu'elle n'en ait pas trop des amis à te présenter.
La conversation devient rapidement plus difficile alors que le sujet d'Alfie fait son entrée en jeu, les conquêtes d'Alfie plutôt. “S’il se contentait d’une seule personne, ce serait sans doute déjà un grand pas en avant.” Tes sourcils se froncent d'incompréhension. Joue pas les farouches Jules, t'as très bien compris ce qu'elle voulait dire. “Je croise un nouvel homme tous les matins au petit déjeuner, c’est affligeant.” Ton regard se détourne aussitôt de celui de la brune pour venir se reporter sur tes mains qui se remettent à jouer nerveusement entre elles. De tous les endroits, de tous les moments de la vie, il fallait que tu aies cette conversation là avec Lily ici. Il n'en faut pas plus pour qu'une boule se forme dans ton estomac, juste avaler ta salive semble être un processus difficile à exécuter. “C’est sûrement sa façon à lui de pallier au chagrin, tu penses pas ?” Tu ne sais plus quoi penser surtout. Sa vie sexuelle mouvementée est-elle vraiment un moyen de pallier au chagrin ou est-elle la preuve qu'il a tourné la page ? L'instabilité semble prétendre à la première option. Le chagrin te fait opter pour la deuxième. Quel chagrin devrait-il pallier de toute façon ? Il a volontairement mis fin à votre relation. Il n'est pas chagriné. Il est soulagé. Il est libre. « Ou il célèbre sa liberté. » Oui, c'est sans doute ça. C'est Alfie qui revendique constamment sa liberté. « À toi de me dire. C'est toi qui le voit tous les jours. » Et certainement pas toi. Qu'elle ne se sente surtout pas obligée de répondre à cette question.
Tu te racles la gorge pour tenter de te redonner une certaine contenance, prends une posture plus droite sur ta chaise, mais c'est la voix du médecin qui s'élèvent dans la salle d'attente qui te permet vraiment de tourner la page, d'oublier le sujet d'Alfie. « Juliet Rhodes ? » Est-ce vraiment une meilleure journée aujourd'hui pour reprendre la dernière conversation ? Non sûrement pas. Mais rien ne te fera manquer ce rendez-vous, rien ne fera retarder ce processus qui a déjà trop attendu. Et puis, Lily est là. Quand elle ne parle pas d'Alfie, sa compagnie est tout de même apaisante. Tu te lèves la première suivit rapidement par la brune qui te suit jusque dans le bureau du médecin. Aux yeux des autres, vous avez sûrement l'air d'un couple de lesbiennes qui viennent faire un bébé. Ce serait sûrement moins pathétique que de faire un bébé toute seule. Le médecin est sûrement pressé puisqu'il tombe rapidement dans le vif du sujet. Il te parle des différentes options qui s'offrent pour toi. Le in vivo, le in vitro, les injections d'hormones, le calcule des cycles, les prises de sang, le choix du donneur. Franchement, tu te perds un peu dans tous les termes médicaux alors que Lily, à tes côtés, semble bien mieux assimiler l'information. C'est sûrement plus facile à comprendre quand on est qu'un témoin de l'intervention. « Le mieux selon votre condition est d'aller faire une ponction d'ovocytes et de les féconder avant de le replacer dans l'utérus. » Tu hoches la tête comme si tu comprenais quoi que ce soit à la conversation. Tu remercies le ciel qu'il ne précise pas la nature de ta condition. L'annoncer une fois, c'est sûrement bien assez. Et Lily n'a pas à savoir que ton utérus est presque mort à seulement trente-quatre ans. Mais voilà, si tu as bien compris, la prochaine étape est d'attendre les prochaines règles, viendra ensuite les injections d'hormones, puis la ponction. Une infirmière te montrera comment te faire toi-même les injections dans le ventre. Ah. Juste à y penser tu te sens faiblir. « À moins que mademoiselle Keegan veuille s'en charger ? » Se charger de quoi ? De faire les injections ou de te montrer comment faire ? Ton regard se tourne automatiquement vers elle, c'est pas que tu voudras abuser de sa gentillesse, mais ton regard la supplie de dire oui. |
| | | | (#)Lun 28 Mar 2022 - 22:09 | |
| Présenter Deklan à Juliet, voilà qui semble finalement être la meilleure idée que Lily puisse trouver pour avoir un peu d’air et d’espace de la part des deux individus. Deklan était l’ami de Matt, elle ne peut pas le renvoyer d’où il vient. Alfie est encore fou amoureux de Juliet, comme toujours, ce qui la rend intouchable à son tour. Mais il n’y a rien qui ne puisse arrêter Lily et ses idées fixes, elle doit simplement s’y prendre différemment pour arriver à ses fins et se montrer patiente, ce qui n’est en rien un problème. « D'accord… j'suppose que j'ai rien à perdre. » Au sourire de Juliet répond celui de Lily, telles deux véritables amies toujours présentes l’une pour l’autre, dans les moments difficiles autant que pour les meilleurs instants. Si seulement. Désormais, il ne lui reste plus qu’à espérer que les deux individus s’entendent, ce qui ne semble pas être une mince affaire à en juger par leurs deux caractères bien différents, aussi opposés que leurs quotidiens.
Rapidement, pourtant, voilà déjà que l’ancienne infirmière laisse sans mal leur discussion glisser vers un sujet bien plus personnel et inhérent à l’intimité d’Alfie, ou tout du moins sa vie sexuelle - qu’il expose à tout va à Lily, donc elle en déduit qu’il n’y a pas le moindre secret la concernant. Après tout, ils ont été ensemble durant de bien nombreuses années, alors même Juliet ne peut pas ignorer le comportement excessif de son ex-petit-ami, autant que ses penchants pour la gente masculine. Ce sont des points que Lily soulève avec une naïveté feinte, trouvant à cela une explication d’erronée en statuant que cela fait partie du processus d’acceptation de leur rupture. Déjà, toutes deux savent que cela n’a rien d’une vérité, ni de près ni de loin. « Ou il célèbre sa liberté. » Aux yeux de Lily, la vérité n’est ni dans cette hypothèse, ni celle qu’elle a faussement avancé quelques secondes plus tôt. Alfie occupe ses journées en tentant de rendre aussi pires que possibles celle de sa colocataire, c’est sûrement son passe temps préféré et puisqu’ils vivent désormais ensemble, il s’y adonne avec une extrême dévotion. « À toi de me dire. C'est toi qui le voit tous les jours. » Et finalement, elle se mord doucement l’intérieur des joues pour retenir un sourire qui n’a pas lieu d’être en cet instant. “Ça a été un concours de circonstances, tu sais…” Pour la première fois depuis le début de leur échange, ses paroles ne cachent rien d’autre que la pure vérité. Ils se sont retrouvés à vivre ensemble parce qu’il a gâché son couple (oui) et qu’elle a perdu son mari, pas parce qu’ils l’ont pleinement voulu. Ce qu’elle n’a pas à savoir, c’est que tous deux agissaient dans le but de garder un œil sur l’autre, pour le protéger. Cela ne regarde pas Juliet, et elle n’a pas besoin d’en savoir davantage sur le sujet. Qu’elle demande à Alfie.
« Juliet Rhodes ? »
La voix masculine les surprend toutes les deux, mettant aussitôt fin à leur discussion alors qu’il gagne toute leur attention. Juliet entame la marche, Lily la précède dans la salle où elle se fait petite, sachant déjà qu’elle ne devrait pas y avoir sa place et ne pouvant qu’anticiper ce que le médecin pense d’elles - Ô grand Dieu. Silencieuse mais attentive, elle se tient prête à rectifier le discours du professionnel si jamais son avis venait à diverger du sien. Juliet serait d’autant plus loin si elle arrivait à avoir son enfant, alors autant qu’elles mettent toutes les chances de leur côté pour cela. En parallèle, elle refuse de croire qu’on pourrait un jour lui tenir le même discours, face à sa propre incapacité à avoir un enfant. « Le mieux selon votre condition est d'aller faire une ponction d'ovocytes et de les féconder avant de le replacer dans l'utérus. » En chœur, elles hochent la tête, comme si le sujet regardait Lily le moins du monde. Et justement, les mots du médecin semblent aller en ce sens, un peu trop au goût de la Keegan qui sent son sang se glacer dans son corps. « À moins que mademoiselle Keegan veuille s'en charger ? » Peu importe ce que ces mots signifient réellement, il fait fausse route. Il fait totalement fausse route, à sous-entendre qu’elle pourrait être celle des deux à vouloir vivre tout ceci parce qu’elles veulent un enfant ensemble, pour leur couple. Rapidement et sans plus de cérémonie, la brune rectifie donc les pensées du docteur. “Non, non non. On est juste amies. Je viens pour Juliet, pour la conseiller.” C’est elle qui a besoin d’aide, certainement pas Lily qui approche bien plus des quarante ans que des trente. Ô grand Dieu, une fois de plus. D’ici quelques minutes, avec un peu de chance, elle pourra mettre cette discussion derrière elle et soulager ses joues fatiguées d’abuser d’un sourire aussi faux qu’inébranlable. |
| | | | | | | | (july) every angel is terrifying |
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