| | | (#)Mer 12 Jan 2022, 03:03 | |
| trente minutes. Ce qui laisse en réalité dix minutes à Dinis pour se décider et surtout, s’il se décide, pour embarquer quelques affaires avec lui. Il a beau râler autant qu’il veut, sa décision est déjà prise depuis un moment. Il a beau dire ce qu’il veut, il n’aime pas cette situation où il sait qu’il y a un malaise entre lui et Elise et que sa première volonté est d’apaiser ça. Mais il y a la volonté et la capacité de se donner les moyens pour. Dinis en a aussi assez de se prendre des rafales d’insultes des lors que ce qu’il dit ne plaît pas a sa charmante femme. A raison sans doute, mais les connards en veux tu en voilà, ça fini par le gonfler ou peut être même pire, ça fini par le blesser. Qui peut bien prétendre toucher Dinis ? Qui peut bien se venter de l’atteindre a ce point ? Pas grand monde. Du moins, tout juste a peine plus que ce qu’il peut avouer. Mais Elise, elle est bien au dessus du classement, aux yeux de Dinis, son avis compte bien plus que tout. Il reste trois minutes. Et il est toujours là comme un idiot, chez lui. Il faudrait pas qu’il ait trois minutes de retard. S’il attendait un peu ? Est-ce que Elise lui donnerait une marge d’erreur ? Combien ? Cinq minutes, ça se tente. Il a aucune foutu idée d’où elle a l’intention d’aller. Et son dernier SMS ne veut pas dire pour autant qu’elle a l’intention qu’il vienne avec elle aussi. Il part les mains vides, il avisera. Ils avisent toujours. Il s’agace lui-même, de s’y rendre, le petit diable sur son épaule gauche lui dit de ne pas y aller, de la laisser partir seul et de voir comment se passent son petit voyage en dehors de l’Australie sans lui. C’est ça la vie d’Elise ? Pouvoir partir où elle le souhaite quand elle le souhaite. Bien sûre que c’est ça, elle dépense son argent dans des billets d’avion comme Dinis irait chercher son journal quotidien chaque matin. Elle ne se pose pas de question.
C’est plus rapide en moto, j’aurai pas a me taper les bouchons. Enfin, y a pas de bouchon a l’heure la. Elle claque des doigts et me voilà. Je sais pas ce qui lui faut de plus. C’est l’autre bonhomme sur mon épaule droite qui me dit d’arrêter d’être con. Je l’aime moins que l’autre, lui, mais j’ai tendance a plutôt l’écouter quand même. Quand j’arrive, un taxi est déjà au bout de la rue. je jette un œil à ma montre, quatre minute de retard. Quelle connasse.
MADAME @Elise Irish |
| | | | (#)Mer 12 Jan 2022, 07:01 | |
| T'as dû rester planté là à regarder l'écran de ton téléphone au moins dix minutes. Comme si à force de le regarder autant il finirait par sonner, mais non. Ton dernier message texte reste sans réponse. Et alors que le temps avance et que rien ne se passe, tu dois te rendre à l'évidence : il ne viendra pas. Tu ne sais pas trop si tu es déçu ou blessé, ou peut-être même contrarié. La dernière option sans aucun doute. C'est celle qui est plus facile à démontrer. En plus de tout ça, le chauffeur est en retard. Tu détestes qu'on te fasse attendre alors que toi, tu peux faire attendre la terre entière sans problème. Il ne manquerait plus que tu manques ton vol et que tu restes prise ici. Ici ou pas, tu ne donnes aucune nouvelle à Dinis avant, au moins deux semaines. Ça lui apprendra à cet idiot. Tu regardes par la fenêtre pour la millième fois alors que tu vois enfin la voiture au loin. Presque cinq minutes de retard. Voilà qui commence mal ta journée.
Alors que tu sors sur le perron avec ton énorme valise, il y a soudainement un bruit qui attire ton attention. À l'opposé de la voiture qui ralentit devant ta maison, c'est la moto de Dinis qui vient tout juste de se garer dans l'allée. Et il arrive les mains vides. Pas de bagages. Rien. Ça veut dire quoi ? Il a fait tout ce chemin simplement pour te souhaiter un bon voyage ? Ce n'était pas la peine. Il l'a déjà fait par sms il y a une heure de ça. Qui crache sur un voyage en dehors de l'Australie ? Lui, apparemment. Il a dit qu'il avait deux jours devant lui et c'est sûr que ce n'est pas suffisant pour partir aussi loin. « T'es venu pour dire au revoir ? Fais ça dans la voiture je suis déjà en retard. » Pas merci au chauffeur, ni à Dinis qui arrive comme une fleur sans prévenir. Le chauffeur s'occupe justement de mettre ta valise dans le coffre de la voiture alors que tu en profites pour glisser au fond de la banquette arrière. Dinis ne tarde pas à suivre.
La voiture décolle et les premières minutes de la route se font silencieusement alors que ton regard est fixé vers l'extérieur. L'ambiance est lourde. Même le chauffeur doit être mal à l'aise. Soudainement, sans prévenir, ta main va chercher la sienne. Tes doigts s'agrippent solidement aux siens. Tu es contrarié, mais aussi un peu triste sans vouloir l'admettre. Ta tête se détourne enfin vers Dinis au bout de quelques minutes. Parfois, y'a juste pas de mots. Et comme vous êtes très peu doué pour les mots, c'est peut-être mieux ainsi. Ce serait dommage de partir en étant encore fâché tous les deux. Ça risque de gâcher ton voyage plus que tu ne veux l'admettre. C'est sans un mot de plus que ta main libre vient se poser sur la nuque du chilien pour approcher son visage du tien et venir dérober ses lèvres des tiennes. |
| | | | (#)Mer 12 Jan 2022, 18:42 | |
| En voyant le taxi au loin, je suis persuadé qu’Elise est déjà dedans et prête à partir, jusqu’à ce que finalement, je comprenne, ramené dans une réalité, que le taxi vient dans ma direction et ne s’éloigne pas, ce qui veut dire qu’elle est encore là. Du moins, je suppose, s’il s’agit de son taxi, la coïncidence serait trop grosse que ce ne soit pas le cas. J’ignore ce que j’aurai préféré à cet instant : me donner une excuse pour fustiger davantage et accroitre ma rancœur envers elle, me donner des arguments de plus pour être en colère ou agacé ou peiné, je suis pas bien foutu de définir réellement tout ça… Finalement, quand le taxi s’arrête juste à côté de moi, elle sort également de chez elle avec sa valise. Vu la taille, j’ai bien l’impression qu’elle a pas l’intention de partir deux ou trois jours. Où est-ce qu’elle peut bien aller comme ça ? Dans quel monde on décide de partir du jour au lendemain sans se poser de question ? Et surtout : de quoi peut bien vivre Elise maintenant qu’elle n’est plus avec Saul et qu’elle n’a rien à tirer de lui ? Enfin, j’ai aucune idée de quels sont leur arrangement et finalement, la connaissant, elle a surement bien réfléchi à son affaire lorsqu’elle était mariée avec lui. Elle doit avoir des parts dans des sociétés, de l’argent qui fructifie sur des comptes, des actions qui rapportent, des appartements en location, du patrimoine, forcément, qu’avec les Williams l’argent ne dort jamais. J’m’en fou, après tout, elle peut bien en faire ce qu’elle veut de son fric, si ça lui plait de dépenser pour partir, prendre l’air, pour faire semblant que l’herbe est plus verte ailleurs. « T'es venu pour dire au revoir ? Fais ça dans la voiture je suis déjà en retard. » ça pourrait être suffisant pour la laisser sur place et changer d’avis. Elle a pas l’air forcément de se réjouir de me voir là, pour lui dire au revoir ? Je coupe la moto, glisse les clés dans ma poche et monte à l’arrière dans le taxi, à ses côtés sans avoir la foutu idée de ce que je fous réellement dans ce véhicule. C’est long et terriblement silencieux, parce qu’il est hors de question d’avoir un témoin pour aborder n’importe quel sujet avec Elise. Pas besoin d’une commère de chauffeur qui assiste à ça pour aller tout répéter à ses prochains clients. J’ai pris bien trop de taxi pour savoir qu’on peut jamais rien leur dire et surtout, qu’ils sont incapable de refuser un petit billet contre un scoop. Alors que mon regard est fixe, mon visage est fermé, ma mâchoire serrée et mes sourcils froncés, je sens les doigts d’Elise qui se glissent sur ma main, qui s’accroche. Déstabilisante, mes yeux scintillent et mon visage se détourne de son point fixe. J’ai bien envie de retirer ma main mais il n’y absolument aucun geste de rejet ou de refus de ma part. Ses lèvres s’emparent des miennes et il suffit à retrouver le gout fruité qu’elle porte sur elle pour m’y perdre à nouveau. Le problème étant que non seulement, j’étais encore agacé, mais surtout d’autant plus frustré que mon corps exprimait dans son entier le désir que je pouvais ressentir pour elle. La frustration de n’être ni dans un endroit privé, ni à l’abri des regards, m’obligeant un mouvement de recul. « je suppose que t’as qu’un seul billet ? » pourquoi elle aurait pris deux, de toutes façons, l’idée c’est bien d’aller prendre l’air, d’être loin pour plus entendre parler de moi, non ? Et puis, j’ai pas deux semaines devant moi…
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| | | | (#)Mer 12 Jan 2022, 20:41 | |
| L'ambiance est terriblement lourde dans le taxi. Même le chauffeur doit avoir envie de se lancer en bas de la voiture en marche. Ni toi, ni Dinis ne semblent vouloir être le premier à lever le voile blanc. S'il attend des excuses, il n'en aura pas. Tu n'en attends pas non plus en retour. Si vous pouviez juste ignorer votre dernière rencontre, faire comme si elle n'avait jamais eu lieu, ça t'irait très bien. Mais Dinis, c'est pas Saül. C'est bien le seul contexte dans lequel c'est plutôt frustrant. Ta main va serrer la sienne. Il ne la resserre pas en retour, mais ne la dégage pas non plus. Tes lèvres vont se poser sur les siennes, mais encore une fois, il n'y répond pas vraiment. Il te repousse ? Tu ne saurais dire, mais il y met un terme de façon bien trop prématuré à ton goût. Ton regard cherche le sien et ta main ne compte pas quitter la sienne tant qu'il ne s'en dégage pas. « je suppose que t’as qu’un seul billet ? » C'est un reproche ? Il avait juste à prévenir s'il voulait venir avec toi. De toute manière, peu importe le nombre de billets qui est déjà acheté, rien n'empêche d'en ajouter un. Si tu as réussi à en avoir un à la dernière minute, tu peux facilement en avoir un deuxième. C'est ce qu'il veut ? Il est arrivé jusqu'ici sans bagage. Il n'a pas l'air de quelqu'un qui veut partir sur un coup de tête. C'est pas ton problème s'il a des obligations ici dans deux jours et que toi tu n'en as jamais. Tu fais ce que tu veux quand tu le veux. « Deux jours, c'est pas assez. » Il en a à peine pour faire simplement l'aller-retour sans même débarquer de l'avion une seule fois. C'est loin de tout l'Australie. Toute destination, ou presque, prend environ une journée de vol. Alors, non, deux jours c'est pas assez.
Ton regard se perd de nouveau quelques minutes par la fenêtre jusqu'à ce que ta tête finisse par prendre appuie contre son épaule. C'est désagréable d'avoir quelqu'un en spectateur de ce moment. Il n'en a sûrement rien à faire de toute façon de votre discussion. Elle n'a rien d'intéressant. Tu ne comptes pas faire une hystérique de toi dans ce taxi peu importe la tournure de la conversation. Y'a que en privé que t'es folle. En public, tu es parfaite et sans malice - visiblement parlant. De toute façon, tu doutes que Dinis soit désagréable devant public lui aussi. Et puis, t'as pas envie de partir pour plusieurs jours en aggravant encore plus la situation entre vous deux. Des plans qu'il te remplace pendant ton absence. Y'a sûrement rien qui va se régler dans la vingtaine de minutes qu'il y a entre chez toi et l'aéroport, mais la situation ne sera pas pire non plus. « Il y a… beaucoup de choses que j'aimerais parler avec toi quand j'serais rentré. » C'est jamais bon quand une fille veut avoir une discussion sérieuse. Voilà de quoi l'angoisser pour les prochains jours à venir. C'est pas le moment maintenant. A cause de l'endroit, mais surtout à cause de l'ambiance qui règne entre vous deux. Ça devra attendre. Peut-être que d'être séparé aussi longtemps ça aidera. Enfin, t'en sais rien. T'en a pas particulièrement envie, mais t'as besoin de quitter le sol australien. Il y a trop longtemps que tu n'es pas parti. |
| | | | (#)Ven 14 Jan 2022, 12:54 | |
| « Deux jours, c'est pas assez. » je me contente de hocher la tête, je sais pas à quoi je pouvais bien m’attendre. Elle a raison, deux jours, c’est ridicule. J’était peut être prêt à annuler mes plans, peut être prêt à y aller et rester avec elle-même si je sais pas où on va. Enfin, je sais pas où elle va. Le message est plutôt clair, j’vais me contenter de l’accompagner à l’aéroport et lui dire au revoir et à bientôt avant qu’elle passe le portique de sécurité et que j’me retrouve comme un con, tout seul, prêt à faire demi-tour. J’espère qu’elle va au moins me payer le taxi pour le retour, j’vais pas me retrouver à prendre une navette pour revenir ici.
Je sais ni où elle va, ni combien de temps ça va durer. Quelques jours, ça veut dire quoi pour elle ? C’est encore silencieux, finalement, c’était peut être pas nécessaire que je vienne jusqu’à chez elle. J’aurai pu me contenter de l’appeler ou juste de répondre à son message. Puis, y a Camille qui va se marier, c’est bientôt, elle aura surement besoin d’un coup de main pour une chose ou une autre. Pour rien de particulier, j’espère. Mais juste qu’elle sache que j’sois disponible en cas de besoin, c’est une bonne chose. Pas besoin d’être au bout du monde. J’voulais qu’Elise vienne avec moi à ce mariage, je lui en ai juste touché un mot, juste dit que ma meilleure amie allait se marier, mais je lui avais pas dit de m’y accompagner. Peut être qu’elle sera même pas de retour d’ici là. Si c’est le cas, ca veut dire qu’elle part trois semaines et si c’est le cas, ça veut dire qu’elle part bien trop longtemps. Sa tête posée sur mon épaule, je bouge pas, je reste là. Parce que quelques part c’est réconfortant. Et que quelques part, quand elle est proche, même si elle dit rien, c’est que le connard qu’elle voit en moi est plus dans les parages. Le trajet se poursuit, silencieux, trop calme. Pour combien de temps encore ? C’est long et court à la fois, on s’approche de l’aéroport, on va surement avoir droit à quelques bouchons quand on sera trop proche. « Il y a… beaucoup de choses que j'aimerais parler avec toi quand j'serais rentré. » je me redresse et tourne doucement ma tête vers la sienne, ma joue contre ses cheveux. « Hm ? » est-ce que ça veut dire qu’elle a besoin de ces jours pour réfléchir à ce qu’on pourrait devenir ? « Ça a l’air inquiétant… » Est-ce qu’elle a besoin de ces jours-là pour se demander comment elle pouvait bel et bien en finir avec moi ? des frissons parcourent chaque centimètres de ma peau à l’idée de l’entendre me dire des mots que j’ai pas envie qu’elle prononce. Mon pouls accélère alors que je semble déjà prêt au pire. « Si c’est tu veux me dire que c’est fini, t’es pas obligé d’attendre de rentrer. » autant être clair tout de suite, ne pas nous faire perdre de temps. Ce sera sans doute plus simple à accepter si je sais qu’elle sera pas dans le coin pour les prochains jours ou j’espère soudainement, au moins les trois prochaines semaines…
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| | | | (#)Sam 15 Jan 2022, 06:32 | |
| « Hm ? Ça a l’air inquiétant… » Oui. Sans doute que ça en a l'air. Est-ce que ce l'est vraiment ? Sûrement pas. T'en fais trop pour rien. Tu hausses légèrement les épaules alors que ton pouce se glisse sur sa main qui est toujours bien accroché à la tienne. Malgré la triste ambiance, tu pourrais payer le chauffeur pour qu'il fasse trois fois le tour de la ville juste pour rester comme ça, caler contre ton mari, bercer par la radio et le bruit des voitures autour de vous. Surtout, qu'il ne se gêne pas pour prendre son temps, pour choisir la route qui prendra le plus de temps entre ici et là-bas. « Si c’est tu veux me dire que c’est fini, t’es pas obligé d’attendre de rentrer. » C'est vraiment ce qu'il pense ? Il croit vraiment que tu fuis l'Australie pour pouvoir mieux le quitter ? C'était pas des conneries quand tu lui as dit que tu l'aimais. Tu voudrais bien le lui rappeler pour le rassurer, mais un je t'aime a plus le don de le crisper que de le détendre. Ta tête quitte son épaule pour se redresser vers lui. « Dis pas de sottises. » C'est pas ça. C'est pas ça du tout. Un regard vers l'avant te rappelle que vous n'êtes pas seul lorsque le conducteur fuit ton regard aussitôt qu'ils se croisent dans le rétroviseur. Quelle idiotie d'être ici avec un spectateur - en même temps, est-ce que votre histoire l'intéresse vraiment ? Non absolument pas. Ça le divertit, c'est tout. Il doit en avoir encore entendu des pires.
« Il se passe quoi dans deux jours ? » Il y a quoi à son horaire pour n'avoir que deux jours devant lui ? Il a une soirée à laquelle il n'a même pas envie d'aller ? Oh, bien sûr, il n'a pas le choix. Il a des paiements et a besoin d'un salaire qui rentre. T'es prête à lui repayer ce qu'il perdra, mais il ne l'acceptera jamais. Tu le sais déjà. Ce qui est plutôt contradictoire avec votre relation d'avant hm. « Il y a quoi qui te retient ici ? » que tu relances en plongeant ton regard dans le sien. Y'a rien qui le retient. Y'a tout, mais y'a rien dont il a envie. Tu mettrais ta main au feu - ou tu te donnes un peu trop d'importance ? La voiture ralentit. Au loin, on peut voir la destination qui semble à la fois si près et si loin. Les voitures sont collées les unes aux autres. Toujours un véritable enfer ici quand vient le temps de débarquer les clients pour leur vol. Un bref coup d'œil à l'écran de ton téléphone te confirme que, ça va, t'es toujours dans les temps. « Tu as un passeport ? » Ce que tu peux être idiote à penser que personne n'a besoin d'un minimum de préparation pour partir sur un coup de tête. Il a déjà pris l'avion ? Peut-être pas. Il n'a peut-être même pas de passeport pour quitter le pays. |
| | | | (#)Sam 15 Jan 2022, 11:00 | |
| Ca me semble déjà trop long, ces secondes qui s’écoulent avant qu’Elise de vienne me répondre. Est-ce qu’elle est en train de chercher la manière de faire pour que ce soit le moins difficile à digérer ? ou justement, pour que ça fasse bien mal, suffisamment pour devoir arrêter sur le champ ce taxi et me démerder à rentrer peu importe où on était, pour ne plus vouloir entendre jamais parler d’elle ? Lui en vouloir autant que ce serait fini, une bonne fois pour toute ? « Dis pas de sottises. » Mon corps se détend aussitôt. Je laisse même un souffle s’échapper de mes lèvres, comme incontrôlé, ce soulagement immédiat. Mes doigts resserrent enfin les siens en réponse à ses tentatives d’approches. Je n’en avais refoulé aucune jusqu’à présent, mais pour autant, je n’avais pas été démonstratif du bien que son contact pouvait me procurer. Plus que jamais, Elise prenait la place de ces mythes et légendes urbaines que j’avais toujours entendu à propos des relations de couples. Tout ce que j’avais refusé de croire jusqu’à avoir l’impression de les ressentir enfin. Ressentir ce besoin d’être au plus près d’elle, comme une douleur physique dès lors qu’elle s’éloignait, que la distance était de plus en plus marquée entre nous. La distance physique mais aussi lorsqu’il y a ces tensions entre nous. C’est viscéral, c’est musculaire, c’est dans la gorge, dans le cœur, dans les veines. Partout. Mes lèvres se déposent alors sur son front, restant quelques secondes sans briser le contact, fort de constater que dans moins de quoi… quinze minutes à présent, c’est pour plusieurs jours que j’allais devoir me passer d’elle. Combien ? Toujours aucune idée.
« Il se passe quoi dans deux jours ? » le travail ? Les préparatifs pour le mariage de Camille ? Puis, cette promesse à Amalia que j’avais fais de lui accorder du temps libre en m’occupant un peu des deux monstres ? De temps en temps, j’honorais ce rôle de parrain et surtout, j’avais l’impression de devoir être présent et loyal, pour Nicholas. Pour ne pas les laisser tomber. « La cérémonie des vœux de ABC. Y a quelques shows qui vont être lancé bientôt, j’peux pas louper ça non plus. » parce que c’était une grosse ressource de revenu aussi, d’être présent à tous ces galas, ces cérémonies qui m’emmerdent, mais c’est aussi c’qui me donne à manger et qui paie mon appartement tous les mois. « Il y a quoi qui te retient ici ? » où ici ? je vois pas où elle veut en venir là. Ici, c’est ma vie qui m’retient, mon quotidien, mes attaches. Lesquelles ? bonne question. Faut bien être quelques part. « Tu as un passeport ? » un hochement de tête, j’en ai un, à savoir s’il est toujours valide… la dernière fois qu’il m’avait été utile c’était en 2017 quand j’étais allé aux states. Rien d’autres depuis. Ca va faire cinq ans, c’est valide combien de temps ? surement que ça doit être encore bon. « Tu reviens quand ? » c’est ça, qui m’intéresse vraiment.
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| | | | (#)Sam 15 Jan 2022, 16:09 | |
| Et il se passe quoi dans deux jours qui l'empêchent de partir avec toi ? « La cérémonie des vœux de ABC. Y a quelques shows qui vont être lancé bientôt, j’peux pas louper ça non plus. » « Ah. » À quel point elle manque de subtilité la mine de déception qui prend toute la place sur ton visage ? Tu souris doucement pour faire semblant que tu comprends, mais c'est sûrement déjà trop tard pour rattraper la tête de toute à l'heure. Il te confirme toutefois être propriétaire d'un passeport sans partager l'envie de vouloir s'en servir. Quelque chose te dit qu'il ne l'a pas amené. Sûrement son absence de bagage qui confirme le tout. Et puis, il ne peut pas louper sa soirée. Ça veut tout dire. Ton regard se retourne vers l'avant, sur l'aéroport qui prend forme sous vos yeux. C'est mieux comme ambiance pour être séparé l'un de l'autre pendant plusieurs jours ? Sa main qui sert enfin la tienne laisse sous-entendre que oui.
« Tu reviens quand ? » Ça aussi, c'est le genre de questions que tu ne te poses pas vraiment. Quand tu pars, quand tu reviens, la réponse est la même : quand tu en as envie. Ton regard se repose de nouveau sur Dinis. « Je sais pas. C'est un billet ouvert. » Il y a une date de départ, mais aucune date de retour. Quand t'en auras marre, quand tu commenceras un peu trop t'ennuyer, tu rentreras. Quelque part entre la semaine prochaine ou l'autre d'après. Tu ne devrais quand même pas partir si longtemps. Pas sans lui. La voiture finit par s'arrêter complètement. Déjà ? Tu fouilles dans ton porte-monnaie pour sortir un peu plus que le double qui est indiqué sur le compteur. Ça devrait être suffisant pour que Dinis puisse refaire le chemin inverse. « J'vais te manquer ? » que tu lui demandes en laissant un sourire se glisser sur tes lèvres, espérant qu'il réponde oui. Mensonge ou pas. Le chauffeur quitte son véhicule pour aller sortir ta valise du coffre. Tu profites de son absence et des quelques secondes d'intimité pour venir embrasser de nouveau Dinis, en espérant qu'il soit un peu plus réceptif cette fois. Ce sont des au revoir après tout, non ? Ton visage s'éloigne légèrement du sien. Ta main se love contre sa joue alors que ton regard cherche le sien. « Peut-être que… tu pourrais venir me rejoindre après ta soirée ? » Ça te ferait quelques jours toute seule et quelques autres avec lui. Ce serait parfait. Tu n'aurais peut-être pas dû proposer par contre. Ce serait plutôt chiant de se prendre un deuxième refus qu'il ait ou non une bonne raison. Il a peut-être d'autres obligations au courant de la semaine. Tu voudrais quand même qu'il annule tous ces plans pour toi. Tu ne peux pas t'empêcher d'agir en gamine capricieuse qui a toujours tout ce qu'elle veut. |
| | | | (#)Sam 15 Jan 2022, 16:45 | |
| Ca semble être étonnant que je puisse avoir des obligations, mais moi, je peux pas décidé de partir quand je le veux, où je le veux. C’est là qu’elle va sans doute devoir s’y faire. C’est pas parce que je suis mon propre patron que je peux me permettre de faire n’importe quoi. A moins que demain, je choppe le scoop de l’année et qu’un cliché me rapporte des centaines de milliers de dollars, mais ça fait bien longtemps que c’est plus comme ça que ça marche. Ca fait bien longtemps, qu’avec les smartphones et les paparazzis à chaque coin de rue, tout le monde peut se permettre d’avoir un scoop. Il suffit plus de traquer et d’avoir les bons plans. Il suffit juste d’être au bon en droit, au bon moment, et d’avoir à dégainer son putain de téléphone pour faire la photo ou la vidéo qui rapporte. Y a beaucoup trop de photographe potentiel dans la nature pour qu’un cliché me soit réellement exclusif. D’ailleurs, la plus grosse source de mes revenus correspond plus à ces photos volées mais bien à aller me pavaner devant un tapis rouge à attendre que les célébrités passent sous mon nez et les scruter des heures entières, dans l’attente du moindre faux pas, du moindre geste déplacé. C’est ça qu’est devenu mon travail. Paparazzi, c’est devenu totalement has been. Ca pourrait me donner l’envie de tout plaquer pour faire autre chose, gagner ma vie autrement avec quelques chose qui me ferait moins chier mais la réalité, c’est que ce monde me plait autant qu’il me dégoute et qu’au final, j’ai aucune foutue idée de la voie dans laquelle j’pourrais m’engouffrer. Hors de question qu’on me prenne pour le vétéran de la photo et que j’me retrouve à former des gosses qui veulent connaitre les secrets de la photo. Bref, c’est pas parce que j’ai pas la possibilité de suivre Elise au bout du monde que j’vais tout remettre en question. Jusqu’à présent, j’avais aucun problème avec tout ça.
La voiture ralenti alors que de grands entrepôts nous entourent à présent. Les avions passent déjà tour à tour au-dessus de nos têtes. Bienvenue à l’aéroport international de Brisbane. La prochaine fois que j’viendrai ici, ce sera pour attendre Elise qui revient de son séjour, bouquet de fleur à la main parce que pour sûre qu’elle m’aura manqué. Elle me manque déjà, depuis plusieurs jours. « Je sais pas. C'est un billet ouvert. » c’est pas forcément la réponse que j’attendais. Parce que c’est pas assez concret et que j’aime pas avancer à l’aveugle, pas avec Elise. C’est pourtant bien ce qu’on fait depuis le début, y aller les yeux fermés. « J'vais te manquer ? » comme si elle arrivait à lire dans mes pensées. J’vais pas lui dire que c’est déjà le cas depuis un moment. « C’est sûre. » Le chauffeur sort de la voiture pour aller récupérer les bagages d’Elise. Elle en profite pour glisser ses lèvres sur les miennes et cette fois, c’est avec plus d’enthousiasme que j’y réponds, n’ayant aucune envie de quitter les lips. C’est bien elle qui se recule cette fois. « Peut-être que… tu pourrais venir me rejoindre après ta soirée ? » c’est pas qu’une soirée que j’dois faire, c’est une soirée et les autres et les suivantes… je passe une mains sur mon menton, aucune foutue idée de c’que j’suis censé dire. Bien sûre, que j’voudrais la rejoindre, j’voudrai même partir maintenant avec elle, mais j’peux pas m’permettre sur un coup de tête de ruiner des contrats à venir. « J’espère que tu seras rentrée pour m’accompagner au mariage de Camille… » ca lui laisse le temps de partir pour deux semaines, presque trois, c’est pas suffisant ? Mon visage s’approche à nouveau du sien pour y retrouver la chaleur de son baiser. « j’te promets rien. » pas de fausses promesses que je pourrais pas tenir, c’est ça le deal non ? « j’vais faire du mieux que j’peux. » voir si j’peux m’arranger, quitte à trouver un remplaçant si on a besoin de moi absolument un soir… j’ai deux jours pour m’arranger, ca risque d’être juste. « ton vol? » faudrait pas qu'elle loupe son avion.
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| | | | (#)Sam 15 Jan 2022, 21:42 | |
| « C’est sûre. » Voilà la réponse que tu voulais entendre. D'autant plus qu'elle semble tout à fait honnête. Ton sourire étirer à son maximum profite des quelques minutes d'intimité pour venir se perdre contre ses lèvres, et cette fois-ci il semble bien plus réceptif que la première fois. Tu vas lui manquer. Tu l'entends autant dans ses paroles que dans le baiser qu'il t'offre. « J’espère que tu seras rentrée pour m’accompagner au mariage de Camille… » C'est pas répondre à la question que tu viens de lui poser ça. Son non-verbale, sa manière d'esquiver la question répond tout de même pour lui. Il viendra pas te rejoindre. Tu n'as aucune idée de quand se marie cette très chère Camille, mais si c'est cette semaine, il avait juste à te demander avant s'il voulait vraiment que tu viennes. Si c'est après… bien sûr que tu rentreras juste pour ça - même si tu en as absolument rien à faire d'elle, pour le moment disons. Pour plus tard ? On verra bien. « Bien sûr, je n'y manquerais pas. » Et encore une fois, les présentations se multiplient de son côté alors qu'elles sont toujours aussi absentes du tien. À quel moment il va en faire la remarque ? Peut-être qu'il n'en a rien à faire. Il y a longtemps que ça t'aurais vexé si les situations étaient inversées.
« j’te promets rien. j’vais faire du mieux que j’peux. » Ah, il choisit de répondre à la question finalement ? C'était pas vraiment nécessaire. Tu as déjà compris qu'il ne viendrait pas, mais histoire de ne pas casser l'ambiance, tu vas te contenter de lui sourire en faisant semblant que tu crois à ce supposé espoir qu'il te laisse - et tu garderas quand même assez espoir pour lui demander dans deux jours s'il a réussit à se libérer. « ton vol? » Il ne faudrait surtout pas le manquer. Par chance qu'il est plus à l'affût que tu l'es. Tes lèvres retrouvent de nouveau les siennes pour un dernier baiser. L'idée de tout laisser tomber cette histoire de voyage te passe par l'esprit quelques secondes. Après tout, tu as surtout fait tes bagages sur un saut d'humeur, parce que Dinis ne t'a pas répondu ce que tu avais envie de lire dans ses messages. Mais là… non. Tu dois quand même partir. Tu as besoin de quitter l'air Australien. Tu as besoin de fuir les problèmes pour quelques jours. Tu as besoin de mieux respirer tout simplement. Ce sera sans Dinis, apparemment. « Attend-moi. » que tu lui demandes entre deux baisers comme si tu avais peur qu'il t'oublie en quelques jours. Je t'aime qui brûle tes lèvres, mais que tu retiens - y'a bien qu'avec lui qu'un je t'aime peit casser l'ambiance. « Je rentre bientôt. » Bientôt, c'est relatif. Une promesse que tu tiendras autant que celle qu'il te fait de venir te rejoindre. La minute d'après, tu sors du taxi. Lui, il rentre chez lui. Toi, tu pars à l'autre bout du monde. |
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