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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyJeu 13 Jan 2022 - 20:28


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@RAPHAEL ELLY ☆ CARL FLANAGAN


Carl est libre, on ne sait juste pas pour combien de temps. C’est le grand mystère de ses épisodes, on sait quand ils commencent mais jamais quand ils se terminent, pas plus qu’on ne sait quand le prochain aura lieu. Et il n’a pas hâte Carl de replonger la tête la première dans ses obsessions, qu’on se le dise, ça lui fait même peur parce qu’à son âge il a expérimenté un paquet de désillusions amoureuses et qu’il a tout récemment appris qu’on pouvait réellement succomber à un cœur brisé. Mourir de chagrin, littéralement, il avait toujours cru que ça n’était pas possible mais il faut croire qu’on lui a menti toute sa vie. C’est sur internet qu’il l'a lu la semaine dernière et pour une fois ses sources sont fiables, du moins il fait confiance au site en question qui l’a aidé pour ses migraines par le passé avec des astuces qui n’ont pas trop mal fonctionné sur lui. Depuis sa découverte de l’acupression il dirait que ses crises sont un peu plus supportables, monter un escalier ne lui demande plus d’entreprendre l’effort du siècle et c’est toujours ça de gagné. Mais il n’en sortira probablement jamais Carl, de ses migraines comme de ses épisodes, c’est le vilain package qu’il traine partout comme si être lui, basiquement, n’était pas déjà un fléau. Ce site est aussi l’endroit où il a fait la connaissance de Raphael et entre migraineux plutôt désespérés face à la douleur ils ont bien matché tous les deux. Carl a eu l’impression franchement rassurante de trouver en lui un compagnon de calvaire et depuis c’est bien simple : il ne le lâche plus. Raphael le supporte là où d’autres auraient rapidement lâché l’affaire alors cette attention Carl la cultive, comme aujourd’hui avec ce rendez-vous donné à l’australien dans un lieu atypique - pour lui, parce qu’il est aussi fréquent de le croiser dans une bibliothèque que d’apercevoir une cigale aux commandes d’un Airbus. Les probabilités de l’y voir étaient faibles et ce n’est évidemment pas pour l’amour de la littérature qu’il a fait le déplacement, mais personne n'aurait sérieusement pu le croire.

Les seuls livres que lui connait sont numériques - et encore, il ne les lit pas. Il n’a pas eu un vrai bouquin entre les mains depuis une éternité si on ne compte pas le torchon écrit par Faust, alors la première chose qu’il se dit en passant à travers les rangées c'est qu’il y a à lire pour plusieurs vies autour de lui et un tel choix ne peut que l'impressionner, aussi. Ça le fascine cette façon dont les ouvrages y sont rangés, par genre puis par ordre alphabétique, et ça lui rappelle qu’il serait grand temps qu’il fasse lui aussi du rangement dans sa chambre, dans son ordinateur et dans sa tête. Car l’un ne va pas sans l’autre, on dit souvent qu’un côté désordonné révèle un désordre intérieur et pour Carl ça pourrait difficilement être plus vrai. Son ordinateur il l’a justement embarqué avec lui parce que la surprise qu’il réserve à Raphael s’y trouve, ce que ce dernier ne sait pas encore puisqu’il n’a pas précisé dans ses messages ce qu’ils feraient dans cette bibliothèque tous les deux. Ce n’est pas un piège ou.. peut-être que si, un peu, parce qu’il tient tellement à lui montrer ce jeu dont il lui a tant parlé avant ça que tous les moyens sont bons pour créer cette occasion. Il a même tout prévu Carl, avant d’être entraîné (de gré ou de force) dans l'univers de League of Legends Raphael aura droit à une petite présentation par ses soins, parce qu’il part de zéro et que Carl est le genre de passionné qui ne fait pas les choses à moitié quand il est question de convertir les autres à ce qui l'anime. Il avait peut-être aussi pas mal de temps à perdre ou à tuer, au choix, parce qu’il s’ennuie sur son temps libre Carl depuis quelques temps - et est-ce vraiment surprenant alors qu’il n’a plus personne à surveiller ? S’il a bonne mine ces jours-ci c’est aussi parce qu’il ne perd plus ses nuits à s’exploser les yeux sur son ordinateur, auquel il touche un peu moins c’est vrai quand il zone dans cet entre-deux transitoire. En ce moment il ne stalke plus mais il joue, ah ça, qu’est-ce qu’il peut jouer Carl. C’est incroyable le nombre de parties qu’il peut enchainer à la suite, et dire qu’il espère convaincre Raphael de s’y mettre lui aussi alors qu’il ne connait rien aux jeux vidéo et risque d’être parfaitement largué quand il entendra parler de Nexus, Midlane ou AFK.

Mais il est confiant Carl, il ne serait pas là s’il ne croyait pas fortement à son petit plan. Il n’oublie toutefois pas où il se trouve alors quand Raphael apparait il s’abstient de crier son nom - ce qu'il aurait à coup sûr fait en temps normal - et se contente de grands signes, car ce serait bête d’être viré de là avant d’avoir révélé sa petite surprise. « J’avais peur que tu viennes pas. » il laisse entendre dans un sourire tout en tapotant le siège à côté du sien pour que Raphael y prenne place. C’est vrai qu’il a douté jusqu’à la dernière seconde que son ami lui fasse faux bond mais ça c’est parce qu’il croit toujours que les gens ont mieux à faire que de lui accorder de leur temps. Il douterait d’absolument n’importe qui pour ça Carl, et si Raphael avait eu quelques malheureuses minutes de retard il se serait certainement mis à lui envoyer des messages désespérés pour connaitre les raisons d’un tel abandon. Mais il est là, le bonhomme peut donc respirer avant d'en venir à la raison pour laquelle il l’a fait venir ici. « Tu m’as bien dit que tu t’ennuyais souvent à l’appart ? » Raphael passe même le plus clair de son temps dans sa chambre et parvenir à l’en faire sortir est déjà une première victoire pour Carl. « Je connais le meilleur remède contre l’ennui, avec ça j’peux même te garantir que ce mot ne fera plus jamais partie de ton vocabulaire. » Et il lui donne un premier indice avec ce coup d’œil jeté à son écran d’ordinateur, laissant penser que c’est là que Raphael est censé poser ses yeux et non ailleurs. « Aujourd’hui ta vie va changer Raph. Est-ce que t’es prêt ? » Il considère à vrai dire que son ami l’est et presse sans attendre la touche espace de son clavier pour lancer sa petite présentation préparée avec amour. « Tadaaam. Je t’ai fait un petit powerpoint, tu vas voir. » Carl contrôle toujours sa voix pour ne pas parler trop fort mais son enthousiasme se ressent malgré tout, il tient même difficilement en place tandis que les premières diapositives défilent. Il s’est donné du mal pour y retracer l’histoire du jeu et tout un tas de graphiques censés représenter son impact, car l’idée est de lui montrer à quel point LoL est légendaire. C'est ainsi qu'il s'imagine lui donner envie d'y jouer avec lui, en l'impressionnant un grand coup ou en le rendant au moins un peu curieux. Carl est allé jusqu’à soigner ses polices d’écriture, ses transitions et ses illustrations mais à ses côtés Raphael ne semble pas vraiment dedans, non, c'est même le moins que l'on puisse dire. Il l’observe du coin de l’œil et remarque que son petit exposé ne provoque pas la réaction attendue chez lui, alors il décide d’aller à l’essentiel et quitte son powerpoint à contre cœur après ce petit moment de solitude. Juste avant la partie dédiée au roi Faker, ce n'est donc pas aujourd'hui que les présentations seront faites. « Hum bon. On va passer directement au jeu, hein, tu préfères ? » C’est sûrement le mieux à faire pour s’assurer de capter l’attention de Raphael qui n’a pas l’air de trop savoir dans quoi il vient de mettre les pieds. Carl lance donc son jeu tout en priant pour que son ordinateur ne rame pas trop, mais c’est son jour de chance et il accède sans difficulté à l’écran qui l’intéresse. « Okay, alors, pour jouer à League of Legends tu vas devoir incarner un champion. Et on va le choisir ensemble d’accord ? Je vais t’aider, t’en fais pas. » Ça s’entend qu’il est dans son élément Carl, enfin il peut parler d’une chose qu’il connait bien et pour laquelle il se considère même expert, autant dire qu’on risque d’avoir du mal à l’arrêter. « Tu as six sortes de champions : les assassins, les combattants, les mages, les tireurs, les supports et les tanks. T’as des personnages stylés dans chacun de ces rôles, euh.. y’en a un qui t’inspire un peu de nom déjà ? » Peut-être qu’il s’avance un peu trop et que Raphael aurait besoin d’en savoir plus sur les rôles évoqués avant toute chose, mais c’était sûr qu’il voudrait aller plus vite que la musique et ne s’y prendrait pas forcément dans l’ordre. « Mon champion préféré à moi c’est un tireur et un mage, Ezreal. Regarde c’est lui, il est terrible avoue. » il reprend en ouvrant la page dédiée à l’explorateur prodigue avant de passer la souris à Raphael pour lui permettre d’y naviguer et de parcourir aussi les différents champions de ses catégories. Mais il n’est peut-être pas fait pour être tireur ou mage Raph, et il n’est pas forcé d’y choisir son champion après tout, son bonheur il peut le trouver ailleurs Carl est même prêt à lui présenter chaque champion un a un s’il faut puisqu’il les a quasiment tous testés. Et oui, il en existe 157 mais le bonhomme en est capable, en doutiez-vous seulement ?

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyVen 28 Jan 2022 - 4:53


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Raphael était un menteur compulsif. Il n’inventait jamais des histoires trop tordues mais il évitait toujours de donner les vraies réponses en optant pour une idée plus simple, par flemme ou par gêne, cela dépendait des cas. Quand il avait fait quelques recherches sur l’ordinateur de Kieran, il n’avait pas décrit les véritables causes de ses migraines. Il avait rencontré un autre garçon de Brisbane qui, comme lui, souffrait de maux de têtes persistants et, si l’autre n’avait pas la moindre idée de ce qui pouvait les provoquer, Raphael savait très bien que la douleur était apparue quelques jours après son retour de voyage en solitaire. À partir de ce moment-là, il avait cessé de faire des nuits complètes parce qu’il avait passé la grande majorité du temps à rouler dans son lit, abattu par des milliers d’interrogations, des milliers de questions qui l’empêchaient de faire une pause. À longueur de journée, il pensait à tous les mauvais pas qu’il avait faits durant son roadtrip avec son ami, il se demandait si dans d’autres circonstances ce dernier aurait accepté son baiser, il se disait qu’il aurait préféré ne jamais tomber amoureux de lui, il se pinçait parce qu’il se trouve idiot. Quelle idée il avait eue d’emménager avec lui, aussi. Dès l’instant où il arrivait à l’oublier, il revoyait trainer sa paire de chaussures ou son gel douche, qu’il s’empêchait à chaque fois d’humer tellement il en aimait le parfum.

C’était tout simple : l’amour lui filait la migraine. Il n’avait pas eu besoin de chercher sur Google la réponse à sa question parce qui l’a connaissait déjà. Peut-être qu’au fond il avait espéré trouver une autre excuse pour davantage apprécier la noirceur. Hélas, il n’avait pas de carence ou de problème de santé quelconque. Il était juste amoureux et terriblement triste.

Mais il n’aurait pas pu dire ça à Carl, parce que ce dernier l’aurait pris pour un véritable idiot. Lui, il souffrait de vraies migraines dont la source était inconnue. Il cherchait de l’aide tandis que Raphael cherchait un moyen de s’occuper, de changer d’air, d’oublier les chaussures de Kieran et son gel douche qui sentait si bon. C’était peut-être pour ça qu’il avait accepté de le rejoindre à la bibliothèque, là où il n’aurait jamais imaginé deux garçons comme eux se donner rendez-vous. Il le divertissait, Carl et son caractère de feu, sa personnalité extravertie qui ne l’intimidait pourtant pas. Avec lui, il avait l’impression d’avoir une sorte de frère, le plus jeune de la famille, celui qui se découvre de nouvelles passions à toutes les semaines, passant par les cartes Pokémons aux avions miniatures à assembler soi-même. Même s’il avait rarement le cœur à rire, Carl arrivait à lui voler quelques rictus, et ça lui faisait du bien (ce qu’il n’admettait jamais à voix haute car, lorsqu’il ne ment pas, il omet).  

« J’avais peur que tu viennes pas. » Admet le plus jeune quand Raphael prend place à côté de lui. La bibliothèque est calme, exactement comme une… bibliothèque. Il ne se souvient pas la dernière fois qu’il est venu ici. Certainement pour un projet scolaire ennuyant au lycée. « Comment louper ça ? Tu m’as donné rendez-vous dans mon lieu préféré. » Il répond d’un ton sarcastique en posant son sac sur la table, lâchant un soupir de réconfort après avoir marché toute cette route (quinze minutes – il n’est plus aussi résistant qu’avant, le danseur rouillé). « Tu m’as bien dit que tu t’ennuyais souvent à l’appart ? » Il opine, curieux. Quand il disait s’ennuyer à l’appartement, il voulait surtout dire qu’il en avait marre de s’enfermer dans sa chambre pour ne pas croiser le chemin de son colocataire. Encore un mensonge innocent. « Je connais le meilleur remède contre l’ennui, avec ça j’peux même te garantir que ce mot ne fera plus jamais partie de ton vocabulaire. » C’est partie pour la publicité. « Aujourd’hui ta vie va changer Raph. Est-ce que t’es prêt ? » La promesse électorale est grande. « Plus prêt que jamais. » Il glousse, ne voulant pas l’arrêter dans son enthousiaste lancée. « Tadaaam. Je t’ai fait un petit powerpoint, tu vas voir. » Ses yeux se portent enfin sur l’écran de l’ordinateur portable et, si sa mâchoire n’était pas emboitée à son crâne, elle aurait certainement rebondi sur le plancher tapissé de la bibliothèque. « C’est quoi ce truc ? » Il lâche naturellement, visiblement peu familier avec cet univers que Carl veut lui présenter. Il se doute qu’il s’agit d’un jeu vidéo, en vue du design de la map et des personnages qui lui montre, mais ses connaissances dans le domaine se résument à Pac-Man, Mario et Just Dance. Alors, avec l’intérêt d’un bambin devant l’examen du barreau, il observe les images défiler, accordant seulement un peu d’intérêt lorsqu’il reconnait qu’un personnage, fille ou garçon (pas monstre), possède un certain attrait physique. Elle est jolie, cette femme renard. Il est craquant, ce mec qui tient un gros harpon (????). Superbes, les dessins, Kieran serait certainement impressionné. Oh merde, il ne faut pas penser à lui. « Hum bon. On va passer directement au jeu, hein, tu préfères ? » « Oh, c’est un jeu. C’est bien ce que je me disais. » Le plus vieux répond en haussant les épaules. Il n’avait peut-être pas lu toutes les diapos. « Okay, alors, pour jouer à League of Legends tu vas devoir incarner un champion. Et on va le choisir ensemble d’accord ? Je vais t’aider, t’en fais pas. » Cette fois, il fixe Carl avec un regard tueur. Il sait très bien que ce jeu ne l’a jamais intéressé. Les jeux en général, ceux qui le contraignent à rester immobile pendant des heures durant, lui cassent la colonne vertébrale. Malgré tout, ça n’empêche pas au gamer de continuer son exposé, présentant toutes les sortes de champions qui existent. Raphael capte un mot sur deux. Les assassins, c’est certainement ceux qui ont des couteaux dans les mains. Et les tanks sont certainement dans des véhicules de guerre, avec des gros canons. « Mon champion préféré à moi c’est un tireur et un mage, Ezreal. Regarde c’est lui, il est terrible avoue. » Encore une fois, il n’observe que son physique. M’ouais. Bof. Il ressemble à un manga, avec ses cheveux de foin et sa paire de lunettes de natation sur le dessus du crâne. « Terrible. » Il ricane avant d’ouvrir les yeux grands comme des melons quand Carl tourne l’ordinateur vers lui et lui tend la souris. Eh merde. Il doit fait semblant d’avoir un peu d’intérêt, c’est ça ? « C’est ça ton plan ? Faire de moi un gamer ? » Il fait claquer sa langue contre son palet mais se résigne bien rapidement à parcourir la liste de champions à la recherche de celui à l’esthétique le plus intéressant. Il arrête son curseur sur Seraphine. « Elle a un micro. C’est moins violent qu’un flingue. » Il dit, révélant la véritable raison derrière son choix, repassant les rênes à Carl puisqu’il ne sait pas quoi faire maintenant. « Tu joues combien d’heures par jour à ce truc ? Je veux dire… Tu bouges un peu, au moins, histoire de ne pas te pétrifier les jambes ? » Il demande avec l’inquiétude d’un grand frère (presque d’un père).  


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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyLun 7 Fév 2022 - 18:54


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All this running around tryin' to cover my shadow, a notion growing inside. Now all the others seem shallow, all this running around. Bearing down on my shoulders I can hear an alarm, It must be morning.
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Il n’a pas la migraine aujourd’hui et il ne s’est même pas assuré que Raphael était épargné, lui aussi. Les crises préviennent rarement, les siennes tout du moins et jusqu'ici la plus longue qu'il ait eu à endurer avait duré trois jours. C'est long, trois jours, quand on se coltine des douleurs à la fois pulsatives et unilatérales, qu'il aggrave bien évidemment en passant beaucoup trop de temps devant des écrans. Carl n’aurait jamais proposé cette sortie à Raphael si sa tête avait encore fait des siennes mais étrangement il n’aurait pas trop compris que son comparse annule sa venue à la bibliothèque pour cause de migraine, justement. Pas après lui avoir confirmé sa présence, pas alors qu’il a tout préparé de son côté et passé même une partie de sa nuit sur sa présentation powerpoint. Le moins que l’on puisse dire c’est que Carl est investi, depuis que Raphael lui a confié broyer du noir chez lui il s’est donné pour mission d’ajouter quelques couleurs dans sa vie. Et si les jeux vidéo lui sont personnellement d’une grande aide quand il s’agit de fuir une réalité décevante ou douloureuse, il se dit que c’est peut-être aussi l’échappatoire dont son ami a besoin. Comme si ce qui fonctionne chez lui pouvait forcément fonctionner sur Raphael alors qu’ils n’ont ni le même âge, ni les mêmes centres d’interêt. Il y croit et a même de l’optimisme à revendre aujourd’hui, comme chaque fois qu’il a l’occasion d’évoquer ses passions. Un optimisme toutefois fragile tant que Raphael ne montre pas le bout de son nez, ce que ce dernier finit par faire alors que le bonhomme avait déjà réussi à croire qu’il lui poserait peut-être un lapin. « Comment louper ça ? Tu m’as donné rendez-vous dans mon lieu préféré. » Oh, ça ne doit pas être très vrai vu le ton qu’il emploie mais il a répondu présent, c’est donc qu’il n’est pas non plus allergique à ce lieu n’est-ce pas ? « J’vais pas te mentir, je connais pas d’autre endroit dans le coin où je peux brancher mon ordi et profiter d’une connexion aussi correcte. » Autant l’avouer, cette bibliothèque n’était intéressante à ses yeux que pour ces raisons-là. Et c'est tout de même cocasse d’opter pour un lieu où le silence est censé régner afin de proposer à Raphael une partie de jeux vidéo, il n’y a vraiment que Carl pour avoir ce genre d’idée. Enfin tout ça, c'est bien beau, mais maintenant que les choses ont été dites il ne lui reste plus qu’à lever le voile sur le fameux remède qu’il prétend avoir dégoté pour son ami, dont il s’imagine ni plus ni moins bouleverser la vie puisque Carl a de grandes ambitions aujourd'hui. « Plus prêt que jamais. » C’est le feu vert qu'il attendait pour lancer son petit exposé avec l’idée farfelue de convertir Raphael en quelques diapositives. Il actionne donc le tout et aussitôt l'effet de surprise est garanti - mais cette surprise est-elle seulement bonne, rien n’est moins sûr. « C’est quoi ce truc ? » Cette question le sort momentanément de sa bulle, Carl étant au final le plus absorbé des deux face au powerpoint. Le garçon ne quitte pas l'écran des yeux, guettant la moindre faute qu’il aurait pu faire ou le moindre souci d’affichage qui aurait pu lui échapper. Tout se doit d'être parfait pour Raphael alors que ce dernier ne regarde sans doute sa présentation que d’un œil. « Attends tu vas comprendre, tout est expliqué dans les diapo. Faut bien tout regarder surtout, hein. » Il ne veut pas le spoiler car bien sûr le suspense est à son comble, tout a été construit pour rendre son ami de plus en plus curieux à mesure que les slides défilent. Sauf que Raphael à ses côtés n’a pas l’air de suivre son délire, le fait qu’il reste très silencieux pendant son visionnage le laisse même penser que cette présentation était peut-être de trop. Est-ce qu’il ne ferait pas mieux de passer directement à la pratique ? Sans doute, s’il ne veut pas perdre son attention. « Oh, c’est un jeu. C’est bien ce que je me disais. » Carl braque son regard vers lui car cette remarque l’irriterait presque. Oui, il voue un tel culte à League of Legends qu’il tient à ce que les bons termes soient employés pour qualifier cette pépite. « Ah non non, c’est pas juste un jeu.. c’est LE jeu. » Le plus incroyable de tous les temps si on l’écoute, avec toute l’objectivité dont le bonhomme puisse faire preuve. Il ne jure que par ce jeu alors évidemment il n’en existe pas de meilleur à ses yeux, pas même Tomb Raider son premier amour.

Ce regard que lui lance Raphael maintenant que le logo du jeu trône en grand sur l'écran, Carl a autant de mal à le soutenir qu'à le comprendre. Est-il.. déçu ? S’attendait-il à autre chose ? Ou est-il juste blasé d’entendre encore parler de LoL alors qu’il n’a jamais démontré le moindre intérêt pour ce jeu dont Carl raffole toutes les fois où ils ont pu en parler. C’est vrai, ça fait de lui un sacré forceur mais il aurait eu une impression de terrible gâchis s’il n’avait pas tenté le coup aujourd’hui. Carl est de toute façon lancé, le scepticisme apparent de son ami n’a pas raison de son enthousiasme parce qu’il espère encore créer en lui un déclic qui lui donnera envie d’essayer, ne serait-ce que ça. Ce serait une jolie victoire pour le bonhomme si Raphael acceptait de se prêter au jeu, il lui présente donc les différents rôles et finit par braquer les projecteurs sur son champion favori, le fameux Ezreal vis-à-vis duquel Carl ne tarit pas d’éloges. « Terrible. » Bon, peut-être qu’il n’est pas très convaincu par l’explorateur prodige. C’est son droit après tout, ce serait même un peu dommage à son sens si Raphael et lui se mettaient à chérir les mêmes personnages. Il y en a tellement d’autres susceptibles de lui plaire, peut-être même que l’un d’entre eux lui rappellera ce garçon que Raphael n’arrive pas à se sortir de la tête et qu’il pourra exorciser ses sentiments de cette façon.. non ? Carl avait bien fait un transfert, lui, entre Gemma et Morgana. « C’est ça ton plan ? Faire de moi un gamer ? » Outch. Il se sent un peu piqué par cette question car en quoi est-ce mal d’être un gamer ou bien autre chose ? Sur le moment, en tout cas, Carl ne le prend pas très bien. « Oh, euh.. non, enfin.. » il bafouille, s’emmêle les pinceaux alors que non, son intention n’est quand même pas de faire de Raphael un pro en la matière. « Tu peux y jouer sans que ce soit tout le temps. Je pensais que ça te changerait un peu les idées, ça marche bien sur moi en tout cas. » Et c’est un peu le problème, croire que ce qui s’applique à lui s’applique forcément aux autres. Son but est d’aider Raphael à renouveler un peu ses pensées, il ne doit juste pas avoir opté pour la meilleure façon de faire. Ses yeux suivent alors le déplacement du curseur dans la page jusqu’à ce que Raphael s’arrête sur une championne : Séraphine, la chanteuse rêveuse reconnaissable à ses cheveux rose même si son ami semble s’attarder sur un autre détail. « Elle a un micro. C’est moins violent qu’un flingue. » Un argument tout à fait recevable, ce n’est pas comme si Carl avait le droit de juger de toute manière. « C’est une pop-star, c’est pour ça et comme elle a un rôle de mage ça veut aussi dire qu’elle va avoir des aptitudes magiques. T'as fait ton choix du coup ? » Raphael vient de lui rendre la souris, il croit donc comprendre qu’il n’a pas l’intention de passer longuement en revue les autres champions. Bon, c'était rapide. « Tu joues combien d’heures par jour à ce truc ? Je veux dire… Tu bouges un peu, au moins, histoire de ne pas te pétrifier les jambes ? » C’est qu’il parait un peu inquiet en le disant, Carl ne sait alors pas s’il est censé hocher ou remuer la tête car les idées s’alignent dans sa tête de façon désordonnée. « Ça dépend, certains jours j’y touche à peine et puis d’autres.. j’peux y rester une bonne partie de la nuit, ou de la journée si je suis en repos. » Ce qui répond du coup un peu à sa deuxième question, il n’est pas rare que Carl reste enfermé dans sa chambre avec son ordinateur pour seul compagnon au lieu d’en profiter pour sortir. Il passe pourtant déjà tellement de temps chez Talia, ça ne lui ferait pas de mal de mettre un peu plus le nez dehors mais il n'est pas juste accro au confort de sa chambre, et aussi un peu flemmard sur les bords. « Ce jeu, c’est un monde que je trouve parfois beaucoup plus rassurant que le vrai monde. Dans la réalité j’ai pas toujours ma place moi, c’est pas.. simple d’être tous les jours dans ma peau. » Il pourrait en dire plus s’il n’avait pas peur de dégoûter Raphael avec ses histoires de déboires télévisuels et de monstre des réseaux sociaux.. tous ces trucs qui le poursuivent et lui donnent souvent envie de rester dans ses jeux vidéo, là où au moins il n'est qu'un joueur parmi les autres. « Okay, t'as le droit de dire que c'est carrément ridicule parce que c'est sûrement vrai. » Quand il y pense il a déjà beaucoup d’étiquettes, celle de no-life ne pèserait pas tellement plus lourd que les autres. Raphael doit penser qu'il fait n'importe quoi de ses jeunes années et il n'aurait pas tellement tort, mais il serait pour autant erroné de penser que ces jeux sont la plus mauvaise habitude du bonhomme. « Tu sais je veux t'aider moi, c'est tout, comme t'as pas l'air d'aller super bien. Je te demande pas de devenir aussi pathétique que je le suis parce que tu pourrais pas, de toute façon. » La barre est placée bien trop haut pour l’égaler, c'est ce qu'il veut dire, alors qu’il se rassure Raphael a encore énormément de marge.



Dernière édition par Carl Flanagan le Jeu 3 Mar 2022 - 21:38, édité 1 fois
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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyJeu 3 Mar 2022 - 21:33


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Il faut attribuer des points à Carl pour sa motivation et son ambition. Ce power point qu’il a créé de toute pièce a dû lui prendre plus que quelques minutes à concocter, alors Raphael comprend bien que les jeux vidéo lui tiennent à cœur. Ses intentions ne sont pas mauvaises : il a simplement aucun intérêt envers toute activité qui le cloue sur place, lui ankylose les jambes et lui fait perdre la notion du temps. Il aura bientôt trente ans et il a encore l’impression de n’avoir rien fait de sa vie. Les gens qu’il côtoyait durant sa scolarité ont, pour la plupart d’entre eux, bâti leur famille et lancé une carrière. Ça fait un moment que Raphael n’a pas espionné ses anciens camarades de classe sur Facebook mais, la dernière fois qu’il l’a fait, il est tombé sur des dizaines de photos d’enfants tous plus laids les uns que les autres et des clichés de voyage, ou de mariage, ou d’événements sportifs, ou peu importe. Les gens sortent, socialisent, ponctuent leur vie d’événements mémorables et, pendant ce temps, le garçon se fait nommer tous les types de champions qu’on trouve dans League of Legends. « Ah non non, c’est pas juste un jeu.. c’est LE jeu. » Un nouveau sourire forcé étire ses lèvres alors qu’il jette un autre coup d’œil sur la diapositive ouverte devant lui et il déglutit difficilement pour ravaler tous les mots qui lui traversent l’esprit. Il ne veut pas blesser Carl. Alors il fait semblant d’être un père qui réagit positivement à un dessin ridiculement laid que lui offre fièrement son fils. Alors il entre dans le jeu (littéralement) et complimente ce fameux Ezreal à la chevelure jaune néon (si c’est ça des cheveux blonds, Raphael se trompe sur la couleur des siens depuis sa naissance). Il sent bien la gêne qui s’installe entre eux mais ce n’est pas une mauvaise gêne. Ce n’est pas celle qui le tend quand il essaye de prononcer deux mots de suite à une fille, ou quand il se trouve dans la même pièce que son colocataire et que tous les deux regardent les mouches voler et se raclent la gorge. C’est une gêne de vrais amis, et il pourrait presque en rire tellement la situation est loufoque. Carl est en train de lui présenter un jeu vidéo dans une bibliothèque. Et il essaye d’endoctriner le plus vieux. « Oh, euh.. non, enfin.. » Il hausse un sourcil. « Tu peux y jouer sans que ce soit tout le temps. Je pensais que ça te changerait un peu les idées, ça marche bien sur moi en tout cas. » Cette fois, le sourire qui soulève la commissure de ses lèvres est sincère. Il veut seulement l’aider et Raphael agit comme un con. Il devrait se faire taper les doigts pour être un si mauvais ami. « C’est gentil, Carl. » Il se soucie de lui. Peu de gens se soucient de lui. Juste comme ça, il mériterait un trophée.

Alors il fait des efforts et, quand c’est à son tour de choisir un champion dans la liste, il pose le curseur sur une chanteuse à la chevelure rose néon, une de ses couleurs préférées. La raison derrière ce choix : elle ne paraît pas violente contrairement à tous les personnages armés de flingues, de haches, d’épées, de canon. « C’est une pop-star, c’est pour ça et comme elle a un rôle de mage ça veut aussi dire qu’elle va avoir des aptitudes magiques. T'as fait ton choix du coup ? » Il glousse en opinant. « Yep. » Une pop-star sur un champ de bataille. Si Raphael avait réussi à percer dans son domaine, il aurait cru que Seraphine avait été créée pour lui. Un artiste qui ne sait pas naviguer entre ses émotions aussi poignantes et douloureuses que des balles qui lui traverseraient les tripes. Un artiste en guerre contre lui-même. Si seulement il avait des aptitudes magiques, comme l’a mentionné Carl, pour combattre ses démons. Ce serait tellement plus facile. « J’ai pas tout compris ce que tu as dit mais j’ai fait mon choix. » Il précise en haussant les épaules.

Malgré tout, malgré l’intérêt qu’il feinte et son semblant d’enthousiasme, il ne peut s’empêcher de jouer la maman poule. Avec une pointe d’inquiétude dans sa voix, il demande au plus jeune si ce dernier passe trop de temps derrière son ordinateur. « Ça dépend, certains jours j’y touche à peine et puis d’autres.. j’peux y rester une bonne partie de la nuit, ou de la journée si je suis en repos. » Il tente de ne pas trop réagir pour ne pas le vexer. Mais c’est compliqué. Raphael enchaîne insomnie après insomnie parce qu’il n’est pas capable d’endormir son cerveau et Carl passe volontairement des nuits entières devant un écran. Ce doit être une nouvelle mode chez les jeunes. Raphael est peut-être trop vieux pour comprendre, mais il donne tout de même son avis, comme si l’autre l’avait demandé. « Et tu es certain que c’est pas ça qui te file la migraine ? » Bon, il le saurait certainement si c’était le cas, et il ne se serait pas perdu sur ce forum de simili médecine pour chercher des réponses à ses questions. « Ce jeu, c’est un monde que je trouve parfois beaucoup plus rassurant que le vrai monde. Dans la réalité j’ai pas toujours ma place moi, c’est pas.. simple d’être tous les jours dans ma peau. » Il le comprend sur ce point, au moins. Peut-être que la Terre entière n’a pas l’impression d’avoir sa place dans ce monde, finalement. Nous sommes tous seuls dans notre solitude. « Okay, t'as le droit de dire que c'est carrément ridicule parce que c'est sûrement vrai. » Et il le coupe immédiatement en soulevant sa main. « Non, ce n’est pas ce que j’allais dire. Jouer te permet de ne plus réfléchir. Je comprends. » Et il aimerait arriver à ne plus réfléchir lui-même. Il devrait peut-être donner une chance à ce jeu même s’il n’est clairement pas équipé pour le lancer chez lui. Il n’a pas d’ordinateur. « Pourquoi tu n’as pas l’impression d’avoir ta place ? » Il pose la question en sachant pertinemment que la réponse sera plutôt floue parce que lui-même n’a jamais réussi à mettre les mots sur ce sentiment qu’il partage aussi. Quand il regarde autour de lui, il a l’impression d’être différent des autres, qu’on le juge constamment, que le moindre pas qu’il fait attire l’attention, que ses cheveux sont ébouriffés alors qu’il vient de les replacer, que son t-shirt est froissé alors qu’il l’a repassé avant de sortir. Les yeux de tout le monde sont des clous pointus qui le piquent encore et encore. « Tu sais je veux t'aider moi, c'est tout, comme t'as pas l'air d'aller super bien. Je te demande pas de devenir aussi pathétique que je le suis parce que tu pourrais pas, de toute façon. » Un souffle surpris s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Il esquisse un rire plutôt sec avant de secouer la tête. « Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu es pathétique, alors je suis une cause perdue. J’ai toujours rêvé de passer à la télévision et tu l’as fait. Les gens connaissent ton nom, et moi je n’arrive même pas à dire le mien sans trembler quand on me le demande. » Il laisse s’échapper, sans réaliser qu’il vient de faire sauter sa couverture. Il le regrettera plus tard, quand les yeux de Carl s’ouvriront gros comme des melons.      

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyLun 14 Mar 2022 - 19:44


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Peut-être qu’il aimerait bien lui aussi qu’on le sorte de sa chambre de temps en temps, qu’on lui propose des choses quand il n’a pas le moral même si ça doit complètement le sortir de sa zone de confort. Qu’on le prenne par la main en lui disant qu’un monde meilleur l’attend dehors même si ce n’est pas vrai, le genre de chose qu’il serait capable d’affirmer à Raphael alors qu’il est le premier à ne jamais vouloir quitter sa bulle et à se sentir plus en sécurité entre les quatre murs de sa chambre que n’importe où ailleurs. Disons que le monde qu’il construit en interne a de plus jolies couleurs que celui qui lui tend les bras quand il met un pied dehors, mais Carl ne peut pas passer sa vie enfermé car au bout d’un moment c’est Talia elle-même qui finirait par le déloger de là. Et Raphael non plus ne peut pas, il n’est pas question de le laisser broyer du noir tout seul dans son coin, c’est beaucoup trop triste. Carl s’imagine voler à son secours comme le ferait un super-héros, c’est sa mission du jour et il sera déjà content s’il parvient à décrocher un sourire au concerné. Car faire sourire Raphael en ce moment n’a vraiment rien de simple, le pauvre garçon traine une enveloppe de tristesse partout où il va alors c’est sans doute très utopiste (ou très stupide) de croire qu’un jeu vidéo le sauvera des pensées qui le tourmentent. Oui, il faut être un peu déconnecté des événements pour s’imaginer que tous ses soucis s’envoleront après une partie de League of Legends mais Carl est un grand rêveur, dans sa tête en tout cas ça fonctionne plutôt bien. Et s’il avouait la vérité plutôt ? S’il admettait que ce jeu l’a lui-même sauvé et que c’est pour cette raison qu’il veut croire que Raphael y trouvera son salut lui aussi ? Naïvement Carl y croit et ses intentions ont au moins le mérite d’être bonnes à défaut d’avoir eu l’idée du siècle. C’est qu’il s’inquiète pour Raphael, depuis quelques temps ce dernier lui parait complètement éteint alors autant tout tenter pour lui redonner de la lumière, c’est un peu ce qu’il se dit. Si ce jeu ne prend pas avec lui il pourra toujours lui en proposer un autre, et si ce deuxième jeu ne rencontre pas non plus le succès espéré il trouvera autre chose encore. C’est son rôle d’ami de tout faire pour aider Raphael à remonter à la surface, n’est-ce pas ? Et bien sûr celui-ci en ferait tout autant pour lui en retour.. pas vrai ? À vrai dire peu importe, même si ça n’était pas le cas Carl ne s’en formaliserait car la plupart des amitiés qu’il a connu dans sa vie étaient à sens unique. Se donner du mal pour les autres et n’avoir droit à rien en retour est un peu l’histoire de sa vie, une sorte de déséquilibre naturel auquel il est habitué depuis longtemps, sa normalité en somme. « C’est gentil, Carl. » Il pourrait rendre son sourire à Raphael car à leur époque la gentillesse ne doit pas être donnée à tout le monde, et disons qu'en ce qui le concerne il faut bien ça pour compenser tout le reste.

« Yep. » Séraphine est donc l’heureuse élue, un choix que Carl n’aurait pas forcément fait de son côté parce qu’il choisit le plus souvent des champions qui en imposent visuellement pour compenser tout ce qu’il n’est pas. Ses complexes le suivent jusque dans ses jeux vidéo où il recherche presque toujours la puissance, seule dimension où le bonhomme a l’occasion de se sentir vraiment fort et où il peut se donner un peu d’importance. Mais il valide bien évidemment le choix de Raphael, même si son ami n’a pas parcouru toutes les options possibles l’essentiel c’est qu’il ait un champion à incarner - et une championne ici, en l’occurrence. « J’ai pas tout compris ce que tu as dit mais j’ai fait mon choix. » Il aimerait lui dire qu’il va l’aider à comprendre mais Carl doute un peu de ses capacités à bien expliquer les choses subitement, son petit diaporama avait été conçu dans ce but parce qu’il s’en sort toujours mieux à l’écrit qu’à l’oral, mais hélas pour lui il ne pourra plus compter dessus. C’était son principal support, sans lui Carl va devoir s'en remettre à des explications aussi improvisées que confuses alors il lui reste à espérer que Raphael comprendra certaines choses par lui-même en jouant.

Mais il y a cette question qu’il récolte, une question qui l’amène à cogiter sur le temps qu’il peut passer, ou gaspiller sur ses jeux. Carl a déjà joué des nuits entières alors même qu’il bossait le lendemain, et même s’il a l’avantage de ne pas avoir besoin de beaucoup d’heures de sommeil pour être relativement d’attaque n’importe qui s’accorderait à dire que ça n’est pas raisonnable et qu’il doit aussi avoir un sérieux problème d’addiction. Oh, s’il n’était accro qu’à son bon vieux LoL, ça irait encore. Et Raphael, est-ce qu'il le juge maintenant qu’il peut se faire une idée de son intensité ? Ils n’ont pas du tout le même âge alors c’est une chose que son aîné ne doit pas comprendre, et d'un autre côté on doit pouvoir sombrer là-dedans à tout âge alors des mecs comme Carl incapables de décrocher il doit en exister des bien plus vieux. Raphael est simplement passé à côté et en le voyant comme ça il doit de toute façon se dire qu’il n’y perd pas grand-chose. « Et tu es certain que c’est pas ça qui te file la migraine ? » À vrai dire non, le bonhomme n’est jamais certain de rien. Cette question le met même un peu en difficulté parce que la cause de ses migraines reste à ce jour un mystère, ses crises apparaissent de façon tellement random qu’il est difficile de dire ce qui les déclenche. « Je crois pas que ça vienne de là mais ça les aggrave parfois, comme j’ai du mal à m’arrêter de jouer malgré la douleur. » C'est pourtant la dernière chose à faire, et c’est à se demander comment Carl peut combiner les deux. Ses migraines les plus violentes le tiennent quand même éloigné de son ordinateur mais avec les autres, celles qu’il qualifierait d’à peu près supportables, il poursuit bien souvent sa vie comme si de rien n’était. Disons que les bienfaits que lui procurent ces jeux surpassent de très loin la douleur de ses crises, Carl s’en accommode parce qu’il préfèrera toujours le côté rassurant du virtuel au côté décevant du vrai monde. « Tu sais ce qui déclenche les tiennes toi ? » C’est toujours un plus de le savoir car ça permet d’en limiter la survenue avec de bonnes habitudes, il se dit en tout cas que Raphael doit le trouver ridicule à se réfugier dans ses jeux mais celui-ci conteste aussitôt. « Non, ce n’est pas ce que j’allais dire. Jouer te permet de ne plus réfléchir. Je comprends. » C’est exactement ça. Il se vide la tête en jouant, il oublie que rien ne tourne vraiment rond autour de lui et ça lui fait un bien fou. Pendant quelques heures ses soucis s’évaporent, il a l’occasion de se défouler un bon coup et le plus dur, finalement, c’est quand vient le moment d’arrêter et de retourner à cette réalité sinistre avec laquelle il se sent en constant décalage. « Pourquoi tu n’as pas l’impression d’avoir ta place ? » Les yeux du bonhomme quittent Raphael pour aller se poser sur l’écran où la partie attend toujours d’être lancée, car à cet instant croiser le regard de son ami s’avère presque douloureux. « Parce que.. je dénote dans le paysage, les gens me regardent toujours comme si je venais d’une autre planète ou comme si.. j’avais mangé toute leur famille. » Bon, c’est une façon très imagée de dire qu’il est encore perçu comme une bête curieuse ou un monstre selon les points de vue. Et même avant de faire de la télé et de s’y faire tristement connaitre Carl était déjà ce garçon qui n’était assorti à aucun autre, depuis toujours il donne l’impression d’errer dans un monde pas vraiment fait pour lui où il semble incapable de se démarquer sans que ce soit forcément en mal. « Dis-moi que je suis pas tout seul Raph. » Ça lui ferait tellement de bien de l’entendre, de savoir qu’il n’est pas un extraterrestre tombé du ciel et qu’il y a d’autres gars paumés comme lui ne sachant pas vraiment quelle place ils peuvent espérer trouver ici bas. Mais son but n’est pas de faire plonger Raphael avec lui, déjà parce que son ami a déjà touché le fond mais aussi parce qu’il ne lui souhaite vraiment pas d’arriver à son niveau. Pathétique, c’est le terme ô combien gratifiant qu’il emploie pour s’auto-qualifier car on peut évidemment compter sur lui pour se déprécier en toutes circonstances. « Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu es pathétique, alors je suis une cause perdue. J’ai toujours rêvé de passer à la télévision et tu l’as fait. Les gens connaissent ton nom, et moi je n’arrive même pas à dire le mien sans trembler quand on me le demande. » 404 error, brain not found. Il vient forcément d’halluciner un tel moment car ce n’est pas possible autrement, à moins que.. « Attends pause. » Le garçon se redresse et dépose un regard particulièrement confus sur son voisin de chaise, car bon sang d’où est-ce qu’il sort tout ça ? S’il sait qu’il a fait de la télé alors.. il sait tout ? Mais non, il ne peut pas avoir fait semblant pendant tout ce temps, c’est inconcevable. « Je t’ai pourtant jamais dit que.. Raph je comprends plus rien là. » Il va falloir lui expliquer et vite parce qu’il commence quand même un peu à paniquer, là. Carl ne veut pas y croire au début parce que ça lui semble beaucoup trop gros que Raphael ait pu prétendre ne pas savoir pour son passé, mais plus il l’observe et plus il se rend compte que l’embarras gagne le grand brun. Non, pas lui. Pas son ami, pas son acolyte migraineux. Pourquoi est-ce qu’il ne peut pas juste être Carl parfois ? Il y croyait tellement avec Raphael, s’il s’avère que ses craintes se confirment on peut dire qu’il tombe de très haut. « Tu- tu sais tout depuis le début en fait ? Mais genre.. vraiment tout ? » Tout avec ce que ça implique. Ses déboires, ses épisodes obsessionnels, si Raphael le connait vraiment en tant que Carlito le wacko comment est-ce qu’il peut l’avoir côtoyé tout ce temps sans avoir rien laissé paraitre ? Les gens fuient en général quand ils découvrent le pot aux roses parce que ça le dévoile sous un jour inquiétant, rares sont ceux arrivant à l’accepter avec sa part sombre mais aucun jusqu’ici n’avait prétendu ignorer ça en connaissant bel et bien la vérité. « Comment t’as pu faire semblant Raph.. » Et comment lui a pu être aussi aveugle, il ne sait pas mais il se donnerait bien une gifle pour y avoir bêtement cru.

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyDim 27 Mar 2022 - 3:31


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I'm floating up like red balloons and I could stay right here for life. Days and nights I'm captured by the feeling, Love the ride and now I'm really living life. Alive, a super kind of feeling, jump on board the ride tonight.
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Raphael a un esprit fermé. Ça a toujours été le cas. Gamin, il observait les autres avec un mélange de curiosité et de dédain, incapable de savoir si les habitudes d’autrui l’intriguaient ou le révoltaient. Il ne comprenait pas pourquoi les garçons aimaient taper dans des ballons et il n’a jamais essayé de le faire, certain de ne pas apprécier l’expérience. Raphael, il est fermé d’esprit car il ne tente rien de nouveau comme s’il savait déjà que rien ne lui plairait. Il ne sort pas de sa zone de confort et froisse le nez quand la nouveauté s’approche un peu trop de sa bulle. Les jeux vidéo ? Ce n’est pas pour lui. De toute façon, il sera le premier à dire que ce genre d’activité bousille les neurones, ankylose les jambes, rend myope, file la migraine peut-être, même. Après tout, il n’y a certainement rien de bien à rester planté devant un écran sans jamais cligner des paupières. À force, Carl doit se fatiguer les yeux et son corps lui envoie un signal de détresse en lui écrasant la cervelle. Des préjugés, des hypothèses qui ne s’appuient que sur ses impressions : voilà à quoi ressemblent ses suppositions. « Je crois pas que ça vienne de là mais ça les aggrave parfois, comme j’ai du mal à m’arrêter de jouer malgré la douleur. » La réponse de son ami l’enflamme, confirme sa théorie, et il hoche formellement la tête de bas en haut. Il est un vrai médecin. Il avait raison, alors. Les jeux vidéo sont dangereux. Parce qu’il ne veut pas décevoir Carl, il se dit qu’il jouera une seule partie, histoire de dire qu’il a essayé. Il fera des efforts, mais il ne prendra pas le risque d’empirer ses propres migraines. Ce serait contreproductif. « Tu sais ce qui déclenche les tiennes toi ? » Oui. Non. Oui. Non. Mentir ? Être honnête ? Le dilemme ne s’éternise pas longtemps. « Nope. Un mystère comme celui des pyramides d’Égypte. » Mais son talon tape silencieusement contre le sol tapissé de la bibliothèque, et Raphael porte nerveusement ses doigts à sa bouche pour se gruger les ongles. Les premières migraines sont apparues quand il a commencé à priver son corps des trois repas journaliers. Son appétit a disparu à force de côtoyer l’élément dangereux prénommé Kieran, et les sentiments qu’il éprouve pour lui occupent la majorité de ses pensées à son plus grand malheur. Il ne boit pas assez d’eau, il ne s’entraîne plus, il passe des journées entières devant la télévision (en quoi c’est moins pire que les jeux vidéo ?), il a d’ailleurs découvert Carl de cette façon. Un candidat parmi une petite douzaine. Déjà là, il appréciait sa façon de prendre soin de lui en le divertissant. Il était bien le seul à l’apprécier, d’ailleurs – mais, coupé des réseaux sociaux, il n’a jamais su que les insultes étaient nombreuses à son égard et qu’il était à la risée du public. Raphael a pu se faire sa propre opinion, et cette dernière s’est révélée favorable. Qui se ressemble s’assemble.

Malgré son avis sévère sur les jeux vidéo, Raphael se laisse attendrir par le témoignage du plus jeune. Ce dernier admet que, derrière son ordinateur, il arrive à chasser certaines pensées pour les remplacer par de meilleures ; certainement l’adrénaline que son cerveau pompe dans son sang. Et, d’une certaine manière, il comprend ce qu’il veut dire. Lui-même cesse de penser quand il danse et, malheureusement, il ne danse plus autant qu’avant. « Parce que.. je dénote dans le paysage, les gens me regardent toujours comme si je venais d’une autre planète ou comme si.. j’avais mangé toute leur famille. » Le syndrome de l'imposteur, peut-être ? Il a l’impression de se revoir, à son âge. Tous les yeux des fantômes rivés vers lui, alors que personne ne se soucie réellement des autres. Chacun vit sa vie même en public. Ce que Raphael oublie cependant d’ajouter à l’équation, c’est le passage de l’autre garçon à la télévision. Ils ne se battent pas contre les mêmes préjugés. « Dis-moi que je suis pas tout seul Raph. » Laissant ses lèvres s’étirer en un sourire plein de compassion, il pose son coude sur la table puis sa joue dans son menton en jouant avec un bouton de sa chemise. Il le fait tourner dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à ce que la résistance soit trop importante, puis il le relâche. Il recommence. Encore une fois, il oublie de prendre en compte la possibilité que la réputation de Carl puisse l’affecter différemment. Il n’est pas personne, comme Raphael. « Non, tu n’es pas le seul. Mais personne ne te regarde, c’est dans ta tête. Je pensais aussi que j’étais le centre d’attention et qu’on remarquerait si je portais le même t-shirt deux jours de suite mais, en vrai, tout le monde s’en fiche. » S’il l’a réalisé, ça ne l’empêche pas d’être toujours aussi nerveux en public. L’apprentissage se fait lentement. Dans tous les cas, il est certain que Carl s’imagine des ennemis parce que, selon lui, son statut fait automatiquement de lui une personne plus intéressante que le danseur qui n’a jamais réussi à percer dans son domaine. Seulement trop tard, alors qu’il compare leurs situations respectives, il réalise qu’il a fait une gaffe. « Attends pause. » Et Carl le réalise aussi, sans surprise. Mal à l’aise, Raphael se ferme sur lui-même et reporte ses ongles à sa bouche pour leur déclarer la guerre. « Je t’ai pourtant jamais dit que.. Raph je comprends plus rien là. » Il doit sourire ? Froncer les sourcils ? S’excuser ? Grimacer ? S’enfuir au courant ? La dernière proposition est la plus alléchante. « Tu- tu sais tout depuis le début en fait ? Mais genre.. vraiment tout ? » Il sort enfin de son état de transe pour soulever les mains devant lui pour apaiser son inquiétude : « Si, eum… Enfin, je savais qui tu étais quand je suis venu t’aborder et… » Sa bouche reste ouverte trop longtemps alors qu’il réfléchit. Toutes les mouches dans le voisinage ont terriblement envie de s’y glisser. « Puisque tu es une célébrité… Si on veut… Je me suis dit que tu serais pas intéressé par moi, que tu croirais que je te parle seulement pour dire à mes potes que j’ai rencontré un participant d’une téléréalité mais je voulais pas que tu penses ça, parce que je me suis trouvé en toi, on se ressemble beaucoup, et c’est cool… C’est cool. » Il répète en déglutissant. Il a envie de se tirer les cheveux mais son corps reste immobile et pétrifié sur le siège. À nouveau, il a l’impression que tous les clients de la bibliothèque les fixent mais c’est dans sa tête, comme toujours. « Comment t’as pu faire semblant Raph.. » C’est vrai, comment tu as pu faire semblant Raphael ? Tu n’es pourtant pas bon acteur, ni bon menteur. « Je… Je ne voulais pas tout gâcher. On a parlé pendant des semaines sur le forum et je t’aimais bien, alors je ne voulais pas que ça change. » Ça lui avait semblé la meilleure solution. Et puis, rien n’avait vraiment changé quand il avait pu mettre un visage sur son pseudonyme. Ils étaient amis, et c’était tout. Rien de compliqué. « Et je me disais que ce devait être sympa pour toi d’être à nouveau une personne « normale » en ma présence… Non ? » Il l’interroge, lèvres pincées et voix faible. Après tout, tout le monde a besoin d’une petite pause. Carl devait en avoir marre d’être une célébrité de Brisbane. La seule chose que Raphael n'admettra jamais, c'est que ça lui caresse l'égo de se promener avec une personne connue, comme si, automatiquement, il le devenait à son tour.
   

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyVen 8 Avr 2022 - 18:35


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Parfois Carl se demande ce qui l’aurait rapproché de Raphael si leurs migraines ne s’en étaient pas chargées, et même s’ils auraient eu la moindre chance de se connaitre sans ça - mais sans doute pas, leur premier contact s’étant fait sur un forum où tous deux erraient à la recherche de solutions pour gérer leurs crises. Ces migraines sont une plaie, il ne risque pas de voir leur apparition dans sa vie déjà compliquée comme une bénédiction, mais elles lui ont quand même permis de se faire un ami lorsqu’il s’y attendait le moins. C’est la toute première rencontre que Carl ait accepté de faire en dehors de son écran, le passage du virtuel au réel lui a toujours fait une peur bleue et plus encore depuis que son nom est associé au pire, et puis le bonhomme ne peut pas s’empêcher de penser qu’il n’aurait pas deux fois la même chance que celle qu’il a eue avec Raphael. Car quand même, les étoiles devaient être sacrément bien alignées pour que l’univers mette sur sa route un gars plus âgé que lui - et donc automatiquement plus mature à ses yeux -, migraineux lui aussi et apparemment pas au courant de sa vilaine réputation. Quelqu’un avec qui il avait donc d’emblée un point commun et qui ne pouvait logiquement pas le juger sur son passé, c’était un peu un rêve pour Carl qui avait à partir de là toutes les chances de s’accrocher à cette amitié sans même savoir vers quoi elle le mènerait. S’ils s’étaient connus ailleurs que sur le net il n’est pas certain qu’il aurait été digne d’intérêt pour Raphael mais il n’en sait rien en vérité, peut-être que son pote pense d’ailleurs la même chose de son côté et qu’ils s’imaginent l’un et l’autre que ce forum a rendu l’impossible possible. Carl se débarrasserait volontiers de ses migraines s’il le pouvait, mais pas si on lui disait que cette amitié avait une chance de disparaitre avec celles-ci car il n’oublie pas que tout part de là, tout comme il ne nie pas que sa pratique intensive des jeux vidéo contribue à accentuer ses crises parce qu’il est tout simplement incapable de s’en éloigner pour son propre bien. Raphael n’en dit rien mais il n’en pense certainement pas moins, comment ne pas trouver ridicule un migraineux se plaignant de ses crises mais ne faisant rien pour les calmer ? Autant se taper directement la tête contre un mur, le résultat sera le même. Avec un peu de chance Raphael a pu identifié l’origine de ses crises contrairement à Carl qui n’a jamais vraiment su pourquoi les siennes étaient survenues brusquement dans sa vie, mais la réponse de son ami va le décevoir. « Nope. Un mystère comme celui des pyramides d’Égypte. » Ils sont donc condamnés à éprouver une douleur déclenchée par on-ne-sait-quoi, c’est ce que Carl en conclut et cette idée le déprime. Ce n’est même pas dit que le bonhomme changerait son mode de vie s’il était certain que celui-ci est à l’origine de ses crises mais par principe il aimerait quand même connaitre le coupable, car on ne devient pas migraineux sans raison du jour au lendemain, il n’y croit pas et Raphael ferait bien de ne pas le croire lui non plus. Enfin ça c’est s’il a été parfaitement honnête, mais Carl n’a toujours pas capté que le fait de se ronger frénétiquement les ongles pouvait être signe de mensonge chez son aîné. « Tu crois qu’on s’en sortira un jour ou qu’on vieillira avec nos migraines ? » Bruh, le simple fait de l’imaginer lui porte un nouveau coup au moral. Disons que l’avenir ne lui paraitrait pas très attrayant s’il devait obligatoirement se conjuguer avec ces crises, il ne tient pas à les trainer jusqu’à ce qu’il casse sa pipe car une vie de souffrance, même occasionnelle, ne lui dit vraiment rien. Et puis des crises il en connait d’autres, d’un genre différent et déjà bien assez encombrantes, alors il apprécierait que son fardeau soit un peu allégé. Mais est-ce qu’il garderait ses migraines, ou bien ses épisodes obsessionnels s’il avait le choix ainsi que la garantie de dire adieu à l’autre ? Ah, pour le coup ce serait vite vu. Même si sa tête le fait parfois souffrir Carl préfère encore ça au fait de ramasser régulièrement les morceaux de son cœur, car se prendre le mur de la réalité en pleine figure restera toujours cent fois plus douloureux que la pire des migraines. Les antalgiques existent mais il n’y a pas de médicament pour soigner son problème, en tout cas pas que le garçon accepterait de prendre car les seuls qui lui ont été proposés jusqu’ici sont ceux que sa mère gobe depuis des années et ça c’est hors de question, il ne la suivra pas dans ce gouffre sans fond.

Qu’on lui dise où se situe sa place dans ce monde, qu’on lui prouve qu’un gars comme lui avec ses différences et ses déviances n’est pas inadapté à la société actuelle car vraiment, il en doute. Carl voit toujours le verre à moitié vide, ce n’est pas nouveau alors qu’il lui suffirait d’ouvrir un peu les yeux pour se rendre compte que ce monde qui soi-disant le rejette n’est pas tout à fait cette jungle hostile qu’il se plait à voir dans sa tête. Quand on regarde de quoi est aujourd’hui faite sa vie on est en droit de penser qu’il n’a finalement pas si mal rebondi après son expérience désastreuse avec le monde de la télé puisqu’il a trouvé non pas un, ni deux, mais bien trois jobs et tout autant de personnes lui faisant confiance dans cette ville. C’était inespéré, il n’aurait jamais osé y croire lui qui s’imaginait déjà voir un nombre incalculable de portes lui être claquées au nez, mais n’est-ce pas du coup la preuve qu’il se lamente sur un sort loin d’être si terrible ? D’un point de vue professionnel Carl s’en sort bien, c’est vrai, mais que dire de sa vie personnelle qui reste un vaste chaos où ses insécurités ont encore de beaux jours devant elles. Son père a honte de lui, son nom résonne encore pour beaucoup comme celui d’une hideuse créature et au lieu d’avoir une petite amie comme de nombreux garçons de son âge il collectionne encore et toujours les crushs à sens unique - pour lesquels il se bousille la tête et le cœur, sinon ce n’est pas drôle. Le tableau ne donne pas vraiment envie et c’est en se sentant si anormal, si à côté de tout que Carl considère parfois provenir d’une autre planète puisqu’il ne coche pas les bonnes cases et traîne un nombre incalculable de boulets à sa cheville. Il aimerait vivre la vie d’un autre juste une journée pour voir à quel point ce doit être reposant de ne pas être lui, avoir au moins une fois l’occasion de se sentir bien dans son corps et dans sa tête, ce qu’il doute de connaitre un jour en restant dans cette peau. L’impression de dénoter dans le décor, ou d’être juste une énorme tâche, semble ainsi vouée à le poursuivre encore longtemps. Carl a besoin d’entendre que Raphael le comprend même si ça n’est pas le cas, il veut s’assurer qu’ils ne se sont pas trouvés pour rien tous les deux et que leur connexion va chercher beaucoup plus loin qu’une simple histoire de migraines. Il l’autorise même à lui mentir s’il le faut, mais Raphael n’en aura visiblement pas besoin. « Non, tu n’es pas le seul. Mais personne ne te regarde, c’est dans ta tête. Je pensais aussi que j’étais le centre d’attention et qu’on remarquerait si je portais le même t-shirt deux jours de suite mais, en vrai, tout le monde s’en fiche. » Oh, il aimerait que sa vilaine réputation, ses détracteurs et les railleries des internautes soient dans sa tête. Vraiment il adorerait pouvoir donner raison à son ami, mais ils n’ont pas les mêmes casseroles à leur actif et la différence est là. Raphael ne s’est pas fait tristement connaitre dans un jeu lui alors oui, les gens doivent effectivement se moquer des fringues qu’il peut porter, il ne doit pas attirer plus de regards insistants qu’un autre contrairement à Carl qui se fera longuement dévisager devant l’école de Maya, ou par les clients du DBD. C’est comme ces gens qui ont l’impression de l’avoir déjà vu quelque part sans forcément parvenir à mettre le doigt dessus, le simple fait d’attirer leur attention est déjà trop car c’est le douloureux rappel que ses déboires ne sont jamais bien loin derrière lui. Il voudrait dire à Raphael que ce qui s’applique à l’un ne s’applique pas forcément à l’autre mais il ne pourrait pas le faire sans se trahir, du moins c’est ce qu’il croit avant que son ami ne lui prouve que son secret n’en est en fait plus un - l’a-t-il seulement déjà été ?

Il ne lui a jamais parlé de la moindre participation à un jeu, si Raphael détient cette information ce n’est pas par lui qu’il a pu l’obtenir et c’est bien ce qui l’inquiète et le perturbe. Son ami ne peut pas avoir fait semblant depuis le début, sur le moment son cerveau refuse de considérer ça comme quelque chose de possible mais Carl est beaucoup trop naïf, et Raphael se révèle être un meilleur menteur que ce qu’il aurait pu croire. « Si, eum… Enfin, je savais qui tu étais quand je suis venu t’aborder et… » Il pourrait s’arrêter là, Carl est déjà profondément déçu avec juste ces quelques mots. Tout ce temps passé et cette énergie dépensée à cacher honteusement son passé, alors que Raphael savait déjà tout. Ça le dépite, il pourrait réellement se mettre à pleurer si l’effet du choc ne l’en empêchait pas. « Puisque tu es une célébrité… Si on veut… Je me suis dit que tu serais pas intéressé par moi, que tu croirais que je te parle seulement pour dire à mes potes que j’ai rencontré un participant d’une téléréalité mais je voulais pas que tu penses ça, parce que je me suis trouvé en toi, on se ressemble beaucoup, et c’est cool… C’est cool. » Ce dernier mot le fait grimacer, Carl se tortille alors nerveusement sur son siège sans trop savoir où poser son regard, mais en évitant soigneusement celui de son aîné. « Non Raph, tu- tu te trompes. C’est absolument pas cool de me ressembler. » Il ne souhaite ça à personne, et quelle tristesse d’entendre que Raphael a trouvé en lui une sorte de reflet. Bon sang, il ne pouvait pas s’identifier à quelqu’un d’autre ? Ce n’est pas une bonne chose de se retrouver en lui, Carl pense même être la dernière personne à qui on devrait se réjouir de ressembler ici bas. « Et je sais pas si les potes dont tu parles existent, mais je vois pas dans quel monde ils auraient pu envier le fait que tu me connaisses. Genre.. n’importe qui te dirait que ça craint de trainer avec le barjot de la télé. » D’ailleurs Raphael vaut mieux que ça et il l’a toujours pensé, Carl était juste bien content de s’être trouvé un ami avec lequel il avait en commun ses migraines et qui, il le croyait tout du moins, ne connaissait pas l’ampleur de ses dérives. « Je… Je ne voulais pas tout gâcher. On a parlé pendant des semaines sur le forum et je t’aimais bien, alors je ne voulais pas que ça change. » Carl soupire, il a du mal à voir comment les choses pourraient ne pas changer maintenant même si ça n’est pas du tout ce qu’il souhaite. Il ne veut pas perdre cette amitié, il se sent juste écrasé par le poids des mensonges de son voisin de siège. « Et je me disais que ce devait être sympa pour toi d’être à nouveau une personne « normale » en ma présence… Non ? » Pour ça au moins Raphael voit juste, il tape même parfaitement dans le mille en présumant ce que cette amitié apporte au bonhomme depuis qu’ils se fréquentent - ou apportait, le passé n’étant pas de trop ici. « Oui, c’est vrai, j’aimais bien avoir cette impression d’être vraiment moi avec toi. Pas un wacko, pas un gars creepy éternellement associé à un jeu télé.. juste Carl. » C’était drôlement rafraichissant de se voir à travers les yeux de quelqu’un qui ne pouvait pas le condamner pour son passé mais il réalise que tout ça n’était en fait que du vent, que cette neutralité n’a jamais existé. Peut-être que Raphael se fiche de ce qu’on lui reproche, peut-être qu’il arrive à faire la part des choses entre le candidat et le garçon rencontré sur internet, mais Carl n’en a pas moins l’impression d’avoir été trompé dans l’histoire. Il se demande s’il y avait quoi que ce soit de réel ou si son aîné a joué un rôle sur toute la ligne, même s’il veut croire que Raphael était quand même un peu sincère car il ne serait sans doute pas dans un tel état s’il s’était réellement moqué de lui. « Mais Raph.. j’suis vraiment pas une célébrité hein, je le vois pas comme ça en tout cas. Les gens des réseaux parlent de moi comme d’un détraqué ou un monstre et ils doivent avoir raison, ça me correspond plutôt bien et c’est sûrement ce que je suis dans le fond. » Un monstre oui, c’est bien ce que beaucoup d’internautes se sont accordés à dire le concernant alors il a fini par intégrer qu’il devait en être un, qu’autant de monde ne pouvait pas se mettre d’accord sans que ce soit vrai. « J’te jure, y’a pas un jour où je regrette pas ma vie d’avant. Quand j’étais encore personne, quand on me regardait pas spécialement de travers.. Je me sentais complètement invisible et je détestais ça, alors qu’aujourd’hui je ferais tout pour le redevenir. » Il n’arrive pas à croire qu’il regrette le temps où il n’existait aux yeux de personne, c’est aberrant pour quelqu’un qui a toujours vécu pour l’attention des autres et qui a fini par l’obtenir - mais pas de la bonne façon, ni comme il le voulait. « Fais jamais de télé Raph, promis hein ? Ça fera ressortir le pire en toi et ça te bousillera comme ça m’a bousillé. » il reprend en osant enfin le regarder dans les yeux, des fois que ça puisse le rendre un peu plus persuasif. Il ne veut entrainer personne dans sa chute ni encourager qui que ce soit à faire les mêmes erreurs, surtout pas Raphael qui doit avoir les épaules à peine plus résistantes que lui. Il ne sait pas s’il y a déjà songé mais tous les moyens seront bons pour l’en empêcher si c’est le cas, il se jure de ne jamais laisser une telle chose arriver.

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyLun 2 Mai 2022 - 3:01


☾ we are born to play
I'm floating up like red balloons and I could stay right here for life. Days and nights I'm captured by the feeling, Love the ride and now I'm really living life. Alive, a super kind of feeling, jump on board the ride tonight.
RAPHAEL ELLY☆  @CARL FLANAGAN

Raphael se sent traître du début à la fin. Cette amitié est basée sur un mensonge blanc, ou une omission, rien de moins. Et pourtant, il aimerait pouvoir rassurer Carl lorsque ce dernier lui demande s’ils seront tous les deux victimes de ces migraines tenaces pour le reste de leur vie mais la vérité c’est qu’il ne sait pas. Du moins, il ne sait pas pour lui. De son côté, il croit qu’il lui suffirait de retrouver sa vie d’antan pour cesser de consommer autant d’acétaminophène. Tout est apparu en même temps. Le coup de foudre, la perte d’emploi, ces plaques rouges sur ses poignets, ces maux de tête persistants, ce manque d’appétit, ce désintérêt pour la danse, ce sport qui l’a vu grandir dans un corps passionné. « Je ne sais pas… Je n’espère pas. » Puis, du coup de l’œil, il lorgne son ami et se mord la lèvre inférieure. Il est terriblement tenté, et il succombe à la tentation. Il exposera peut-être son secret d’une manière ou d’une autre, mais tant pis ; s’il peut aider Carl à mettre le doigt sur la cause de son problème, il le fera. « Et, du coup… Elles sont apparues du jour au lendemain, tes migraines, ou il y a eu un changement dans ta vie ? » Et il préfère tout de suite apporter une précision pour l’empêcher de lier A à B, ce qui le mènerait à comprendre que, Raphael, lui, a vécu un énorme bouleversement qui a fragilisé sa santé. « Sur le forum, plusieurs disaient qu’ils avaient vécu un truc traumatisant, genre la perte d’un membre de leur famille, ou un truc comme ça, puis les migraines sont apparues. » Il hausse les épaules en détournant le regard, le laissant simplement trouver ses propres pistes de réflexion. Il pourrait lui demander s’il connaissait cette douleur avant son passage à la télévision mais… Voilà. Il s’est déjà bien assez trahi.

Il s’avère que les deux garçons ont bien plus de points en commun qu’ils ne l’auraient cru. Certes, Carl n’a jamais été discret quant à son inconfort social, et Raphael non plus, mais c’est la première fois qu’ils en parlent de vive voix. En fond, le jeu vidéo les attend toujours, pour son plus grand malheur. Il devra attendre parce que les confessions accidentelles sont sur le point de couler maladroitement de la bouche d’un Raphael qui ne réalise pas immédiatement son erreur. Devant les yeux écarquillés de son ami, il ne peut que se décomposer sous des excuses minables. Oui, il l’a reconnu lorsqu’ils ont décidé de fracasser l’écran de leur ordinateur pour se rencontrer en chair et en os Non, il n’a rien dit, parce qu’il ne voulait pas le faire fuir, lui faire penser qu’il aurait de l’intérêt à être son ami seulement parce qu’il s’est fait un petit nom grâce à cette émission de télévision ridicule et superficielle. Il est connu, et Raphael stagne au même niveau de la célébrité depuis trop d’années. Il est pourtant l’ainé entre tous les deux. Il n’a tout simplement pas eu de chance. Ou il n’est pas assez talentueux. Cette seconde hypothèse lui froisse le nez. « Non Raph, tu- tu te trompes. C’est absolument pas cool de me ressembler. » Et pourtant. Ils se ressemblent. Et Raphael n’a pas l’impression que c’est un problème. Ils sont plus timides que la moyenne, préfèrent les petits groupes (voire les groupes composés de seulement deux têtes – est-ce considéré comme un groupe ?), mais ça ne fait pas d’eux des peines perdues ? Pas vrai, Carl ? Ce n’est pas grave, d’être comme toi… « Et je sais pas si les potes dont tu parles existent, mais je vois pas dans quel monde ils auraient pu envier le fait que tu me connaisses. Genre.. n’importe qui te dirait que ça craint de trainer avec le barjot de la télé. » C’est un gloussement surpris qui s’échappe de sa bouche tandis qu’il fronce les sourcils. Il ne sait visiblement pas à quoi le plus jeune fait allusion. Après tout, ça fait déjà plus de deux ans qu’il ne fréquente plus les réseaux sociaux. Il est le trentenaire le moins informé et c’est mieux ainsi. « Le barjot de la télé ? » Il répète en manquant de s’étouffer. « De quoi tu parles ? » Pauvre petit Raphael qui s’est perdu sans carte ni boussole dans une forêt boréale dense d’arbres à la ramure garnie.

Mais, peu importe. S’il a préféré taire la vérité, c’était parce qu’il tenait à Carl et qu’il ne voulait pas ruiner une énième amitié. Il a appris qu’il vaut mieux avoir quelques secrets pour ne pas permettre à la bombe d’imploser. Il a déjà fait l’erreur de faire un pas de trop en direction de Kieran alors que ce dernier ne l’a jamais considéré comme un potentiel intérêt amoureux. Perdre un ami de cette façon-là, il ne veut plus jamais s’y risquer. Ce ne serait peut-être pas seulement de l’eczéma et des migraines qui viendraient le fusiller. « Oui, c’est vrai, j’aimais bien avoir cette impression d’être vraiment moi avec toi. Pas un wacko, pas un gars creepy éternellement associé à un jeu télé.. juste Carl. » Visiblement, Raphael a vécu les dernières années sur une île déserte à cinq cent kilomètres de la première civilisation. Il n’a pas l’impression que, ces surnoms insultants, Carl vient de les inventer. Il les a déjà entendus ou lus quelque part. Ils sonnent faux, dans sa bouche. Ils ne lui appartiennent pas. « Tu n’es pas ces choses-là. » Il murmure en secouant la tête. Toutefois, ses yeux trahissent son embarras de se sentir aussi peu allumé devant une situation qui, à première vue, ne semble pas bénigne. « Mais Raph.. j’suis vraiment pas une célébrité hein, je le vois pas comme ça en tout cas. Les gens des réseaux parlent de moi comme d’un détraqué ou un monstre et ils doivent avoir raison, ça me correspond plutôt bien et c’est sûrement ce que je suis dans le fond. » Si seulement il avait plus d’empathie, Raphael. À cet instant, il chercherait les mots à lui dire pour lui remonter le moral ; il ne se mettrait pas à regarder les alentours pour s’assurer que personne ne les espionne avec dédain. Alors il ruine à sa propre réputation en traînant avec Carl ?

Il ne devrait pas penser à ça. Il ne devrait pas… Non. Il est un ami de qualité deux étoiles, au maximum.

« Je… Je ne suis plus sur les réseaux alors je ne savais pas. » Une façon de se rassurer à voix haute. Mais il se reprend bien rapidement, pris d’un élan plus fort que son envie de baisser la tête et de disparaître à son tour. Parce que, si Carl est un wacko et un gars creepy, qu’est-ce que Raphael est s’il croyait lui ressembler ? « Les gens sur internet sont terriblement cons parce qu'ils se permettent de tout dire, caché derrière leur écran. J’en ai payé le prix, moi aussi. » Il ne devrait pas en parler, de cette histoire qu’il considère comme le pire échec de toute sa vie. Accepter cet argent corrompu aura ruiné toute sa confiance en lui et peut-être certaines opportunités de carrière qu’il ne connaitra jamais. « Mais je ne vois pas pourquoi ils disent ça de toi. » Il avoue à demi-mot. Tous les candidats de l’émission de téléréalité avaient des choses à se reprocher. Ça faisait partie du spectacle. À côté des autres participants, Carl semblait bien plus humain. Du moins, c’est ainsi que le danseur l’avait perçu. Parce qu’il espère encore être lui-même humain.

« J’te jure, y’a pas un jour où je regrette pas ma vie d’avant. Quand j’étais encore personne, quand on me regardait pas spécialement de travers.. Je me sentais complètement invisible et je détestais ça, alors qu’aujourd’hui je ferais tout pour le redevenir. » Cette révélation hébète Raphael qui, de son côté, a toujours comparé la télévision à un tremplin vers mille et une possibilités futures. Il n’a pas les mots pour réconforter son ami. Il a l’impression de s’être fait percuter par un camion. En fond, Seraphine le regarde et le juge certainement. Ils auraient peut-être mieux fait de faire une partie de League of Legends plutôt que de se laisser emporter par le courant de leur discussion. « Je… Je comprends. » C’est faux. Il continue de mentir. C’est plus facile ainsi. Il jette un nouveau regard autour d’eux, craintif comme la biche chassée. « Les gens finissent par oublier, crois-moi. Ils changent de cible après un petit moment. » C’est la seule chose qu’il peut lui dire pour le réconforter. « Fais jamais de télé Raph, promis hein ? Ça fera ressortir le pire en toi et ça te bousillera comme ça m’a bousillé. » Il ne comprend toujours pas et ce sont des dizaines, voire des centaines de questions qui se bousculent dans sa tête pour prendre la première place dans la queue. « Le pire de toi ? Mais tu n’as rien fait de mal. » Il aimait une fille, et alors ? C’était le but de l’émission. Il ne se rend pas compte du problème un peu plus caché derrière ce simple fait. Il était comme ça, avec Diana. Il la regardait de loin à défaut d’avoir le courage de l’approcher. Ils ne sont pas seuls. Ils ne sont pas les seuls garçons qui ne savent pas prendre leurs couilles à deux mains et qui n’osent jamais aborder. « Tu étais amoureux… C’est tout… » Il termine d’une voix incertaine en coinçant ses mains entre ses genoux, soudainement désireux de se faire tout petit, minuscule petit insecte insignifiant.                

   

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyDim 15 Mai 2022 - 20:38


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All this running around tryin' to cover my shadow, a notion growing inside. Now all the others seem shallow, all this running around. Bearing down on my shoulders I can hear an alarm, It must be morning.
@RAPHAEL ELLY ☆ CARL FLANAGAN


Cette question qu’il pose à son ami Carl aurait très bien pu la poser sur le forum où ils se sont connus, mais des inconnus auraient plus de mal à le rassurer que Raphael, auquel son regard se raccroche tout en priant pour entendre que oui, leurs migraines pourraient un jour les laisser tranquilles. Ce n’est pas non plus invivable pour lui, il ne dirait pas que ces crises lui gâchent entièrement l’existence mais c’est un fardeau de plus à endurer quand il estime qu’être lui n’est déjà pas simple, et un cadeau que l’univers pourrait lui faire afin de rendre les nombreux bagages qu’il traine un peu moins lourds. Parce qu’il n’a évidemment pas besoin que ce genre de douleur s’ajoute au reste, le garçon n’a pas signé pour collectionner les problèmes en tous genres étant donné que la vie l’a déjà bien garni à ce niveau. Alors il ose espérer qu’un jour ou l’autre ses migraines lui offriront ce petit répit pas négligeable et que Raphael sera lui aussi soulagé des siennes, car même si leurs crises ont permis leur rencontre et constituent la base de leur lien il ne rêve quand même pas d’un avenir où cette douleur continuerait de s’inviter. Et après tout, si leur amitié est si solide, elle devrait en principe perdurer au-delà de tout ça. Carl veut croire que ce qui le lie à Raphael a du sens et qu’ils ne sont pas juste deux migraineux un peu paumés s’étant trouvés au bon moment. « Je ne sais pas… Je n’espère pas. » Ce n’est pas la réponse rassurante que le bonhomme espérait, et d’un autre côté il ne peut pas attendre de son ami des prévisions sur un futur absolument incertain. Raphael n’a pas de boule de cristal, personne ici ne peut présumer s’il y aura ou non une guérison pour eux et, à vrai dire, la guérison que Carl attend le plus n’est même pas celle-là. « Moi non plus. » il souffle alors que son regard s’égare un instant vers l’écran de son ordinateur, et ce jeu qui ne l’aide pas à faire passer ses crises quand elles surviennent. Cette vie qu’il mène ne doit pas favoriser la moindre accalmie au niveau de sa tête mais c’est un peu comme lui demander d’arrêter de fumer et de penser à sa santé, ses mauvaises habitudes sont certainement trop ancrées pour pouvoir être délogées. « Et, du coup… Elles sont apparues du jour au lendemain, tes migraines, ou il y a eu un changement dans ta vie ? » Cette question le prend un peu par surprise même si elle parait bien légitime sur le moment, et c’est là que Carl réalise que son ami et lui n’ont jamais vraiment parlé du déclenchement initial de leurs crises. Cocasse, quand on sait qu’ils se sont véritablement trouvés à travers celles-ci. « C’est peut-être bizarre mais.. dans mes souvenirs elles sont arrivées d’un coup, sans que j’sache pourquoi. » C’est en tout cas ce que le bonhomme confie à tous ceux qui l’interrogent, parce qu’il ne se rappelle pas du jour où tout a commencé ni d’un événement qui aurait coïncidé avec l’apparition soudaine de ces migraines. « Et en même temps y’a plein de trucs dont je me souviens pas bien, dans mon adolescence surtout. C’est flou par moments alors.. j’oublie peut-être un élément qui expliquerait tout ça. » Il hausse les épaules sans grande conviction, préférant ne pas trop fouiller le passé à la recherche de réponses car les choses dont il se souvient lui suffisent. Carl ne garde pas beaucoup de bons souvenirs de cette période de sa vie et cela pour une bonne raison, tenant en six lettres. « Sur le forum, plusieurs disaient qu’ils avaient vécu un truc traumatisant, genre la perte d’un membre de leur famille, ou un truc comme ça, puis les migraines sont apparues. » Le bonhomme ouvre de grands yeux et s’agite quelque peu sur son siège, l’allusion de son ami lui donnant aussitôt envie de réfuter cette idée. « Oh euh.. non non, moi j’ai perdu personne. » Il remue la tête avec énergie, ne sachant pas vraiment ce qui pourrait ou non entrer dans la catégorie traumatisme en ce qui le concerne. Sûrement plus de choses qu’il ne le pense mais c’est un terme à ne pas employer à la légère, il le sait. « Enfin mon père est parti quand j’étais très jeune mais.. c’est pas vraiment la même chose, hein, et mes migraines sont pas si vieilles. » Carl esquisse un sourire triste puis baisse la tête, le départ de Neil résonnant encore en lui comme le premier abandon de sa vie. Il n’avait que dix ans et ses premières migraines sont arrivées bien plus tard, étrangement à l’époque où son beau-père l’utilisait quasi quotidiennement comme punching-ball, comme c’est étrange. « T’as vécu un truc comme ça toi Raph ? Un gros changement dans ta vie, sinon ? » ose-t-il demander pour recentrer la discussion sur son ami, qui se retrouve peut-être beaucoup plus dans ce qu’il a pu lire sur le forum même si ce n’est pas vraiment souhaitable.

Après quoi la déception s’immisce entre les deux amis, Carl réalisant que ce lien qui l’unit à Raphael repose en réalité sur un tissu de mensonges que lui, dans son incroyable crédulité, n’a tout simplement jamais soupçonné. Mais comment a-t-il pu sérieusement croire que quelqu’un s’intéressait à lui sans que son passage par la télévision n’entre à aucun moment en compte ? Le simple fait que Raphael parle de lui comme d’une célébrité en dit long, il ne donne pas l’impression de s’être rapproché de l’irlandais pour tirer le moindre avantage d’une notoriété n’en comptant de toute façon aucun, mais ça n’en reste pas moins un vaste mensonge entretenu par Raphael pendant tout ce temps. Ça fait mal, oui, de comprendre qu’il n’a pas été détaché de son passé de candidat de télé-réalité comme il l’avait pensé, et que cette ombre encore bien présente dans sa vie a plané sur cette amitié sans qu’il s’en soit douté. Parce que Raphael n’a rien dit avant ça malgré des occasions qui n’ont pas manqué, il a finalement fallu qu’il se trahisse et Carl se demande combien de temps cette mascarade aurait encore duré s’il n’avait pas commis cette erreur. Il ne peut en tout cas pas rester sans réaction en entendant qu’ils se ressemblent, car si dans un sens c’est bien le cas dans l’autre Raphael ne doit surtout pas s’identifier au bonhomme. Il n’y a rien de cool dans le fait de se retrouver en lui, pas alors qu’il trimbale de nombreux dérapages et une réputation impossible à faire oublier. « Le barjot de la télé ? » Pourquoi semble-t-il s’en étonner ? C’est ainsi que les gens le considèrent toujours deux ans après sa participation, il a pu le vérifier avec une récente recherche sur le réseau social à l’oiseau bleu. Carl n’est pas censé checker ce genre de choses mais c’est plus fort que lui, il faut qu’il sache ce qui se dit encore à son sujet même si c’est bien souvent dur à lire. « De quoi tu parles ? » L’incompréhension le gagne et il fronce les sourcils face à cette question dont il ne saisit pas le sens. « Oh arrête, tu sais bien. » Raphael sait forcément puisqu’il ne conçoit pas qu’on puisse l’avoir vu à la télé et ignorer derrière le phénomène qui l’entoure. L’un ne va pas sans l’autre, pas vrai ? « Le wacko quoi, c’est pareil. » il balance dans un soupir, pensant que Raphael joue simplement sur les mots ou minimise un peu la déferlante de haine qu’il s’est mangé. « Tu n’es pas ces choses-là. » Alors pourquoi tant de gens s’accordent à le dire ? C’est gentil de sa part de le laisser entendre mais il n’a quand même pas l’air d’en être particulièrement convaincu lui-même. Et ce serait pire que tout si Raphael finissait lui aussi par le voir comme le détraqué que l’on présente, après tout Carl a déjà perdu un ami qui ne pouvait pas assumer son image alors qui peut lui garantir qu’ils ne lui tourneront pas tous le dos, tôt ou tard. S’il a une crainte ultime c’est bien celle-là, que cette malheureuse étiquette le poursuive toute sa vie et ne lui permette jamais de garder qui que ce soit auprès de lui. Certains restent malgré ça, pour le moment tout du moins, mais il ne faudrait pas que l’attention soit subitement redirigée vers lui avec tous les efforts qu’il entreprend pour se faire oublier parce qu’il ne sait pas qui l’assumerait encore si son nom devait à nouveau retentir comme il y a deux ans. C’est ce qui arrivera si Faust sort son foutu livre, ce torchon susceptible de relancer la machine alors que l’air autour de lui était presque redevenu respirable. C’est à croire que son ancien camarade ne lui a pas suffisamment gâché la vie jusqu’ici, sa simple existence étant déjà source de calvaire pour le bonhomme. Et d’obsession, aussi, même s’il aurait le plus grand mal à l’avouer.

Le regard de Raphael parait changer, comme s’il s’ouvrait d’un coup à tout un monde dont il ignorait jusque là l’existence. Un monde de haine, oui, mais aussi de dérives parce que Carl ne s’est pas retrouvé un beau jour épinglé sans raison, cette escalade a eu lieu parce qu’il s’est révélé hautement problématique à une époque où de tels agissements ne laissent personne indiffèrent. Il en a révolté certains, fasciné d’autres mais sa chute n’en était pas moins annoncée parce qu’il n’est pas acceptable de stalker, ce n’est pas pour rien que le terme harcèlement a été utilisé à-tout-va et continue encore de l’être à son sujet. Et pas pour rien, non plus, que Gemma aurait été en droit de porter plainte contre lui si elle l’avait vraiment voulu. Mais il est donc possible de savoir d’où il vient sans savoir ce qu’on lui reproche, son ami le lui prouve bien. Aussi incroyable soit ce constat Raphael a l’air sincère dans sa profonde confusion parce qu’il n’irait pas jusqu’à prétendre ne rien savoir pour faire un peu mieux passer son mensonge, non, quand même pas. « Je… Je ne suis plus sur les réseaux alors je ne savais pas. » « Oh. » il laisse échapper sous le coup de la surprise, déboussolé mais aussi terriblement embêté de s’être à son tour trahi alors que Raphael pouvait jusqu’ici croire qu’être lui n’était pas si grave. S’il avait su Carl n’aurait sans doute rien dit, parce que ce n’est pas dans son intérêt de dévoiler ce côté sombre qu’on lui attribut et ce monstre, que certains persistent à voir en lui. « Les gens sur internet sont terriblement cons parce qu'ils se permettent de tout dire, caché derrière leur écran. J’en ai payé le prix, moi aussi. » Voilà autre chose, c’est à croire qu’il n’a pas fini d’en apprendre aujourd’hui. « Qu.. quoi ? » il questionne d’un air perdu, ignorant tout des casseroles que Raphael peut personnellement trainer. Se ressemblent-ils finalement autant que ça ? Carl mentirait s’il disait que cette éventualité n’est pas un peu rassurante, dans le fond. « Il s’est passé quoi, pour toi ? » Bien sûr qu’il veut savoir, ça lui permettra peut-être de relativiser sur son propre cas même s’il doute sincèrement du fait que Raphael puisse avoir fait pire que lui. « Mais je ne vois pas pourquoi ils disent ça de toi. » Ou il n’a pas voulu voir, plutôt. Si Raphael a suivi le programme qui l’a fait connaitre alors l’évidence était sous ses yeux, à chaque quotidienne. À moins qu’il ait observé tout ça avec beaucoup de recul ou d’insouciance, sans réaliser que le bonhomme s’engageait dans quelque chose de malsain. La production a pourtant tout fait pour mettre ses agissements en avant afin de satisfaire le public mais ce n’était peut-être pas assez criant, pour Raphael. « Je.. j’ai un problème Raph, il porte même un nom. Et ce truc entraine des choses vraiment pas cool chez moi, des choses pas du tout morales. C’est pour ça que les gens me jugent, parce que c’est pas bien d’être comme ça. » Sans surprise il contourne grossièrement le problème sans jamais le nommer explicitement ni dire clairement quelles sont ces vilaines choses qu’il entreprend, parce que certains mots sont difficiles à poser. Il les voit très nettement dans sa tête mais ne peut pas les dire, ses haters s’en chargent généralement pour lui et ne prennent aucune pincette, eux.

« Je… Je comprends. » Vraiment ? Il n’a pas l’air de croire grandement à ce qu’il dit alors que Carl donnerait justement tout pour être compris. Ces regards lancés autour d’eux par Raphael lui font d’ailleurs un peu de peine, parce qu’il n’a pas le souvenir que son ami était aussi soucieux des autres avant ça quand ils étaient tous les deux. Serait-ce soudainement devenu difficile de s’afficher avec lui ? N’aurait-il pas un peu la crainte d’être vu en sa compagnie, maintenant que Raphael sait qu’il n’a pas bonne presse ? Il espère tellement se tromper et être une fois de plus sujet à sa bonne vieille paranoïa, mais il ne pourrait pas totalement lui en vouloir non plus de l’observer avec d’autres yeux à présent. Après tout le voile que Carl vient de lever n’est pas glorieux, et encore son ami ne sait visiblement pas tout. « Les gens finissent par oublier, crois-moi. Ils changent de cible après un petit moment. » Carl soupire lourdement car le constat qu’il en tire, lui, c’est que les gens ne sont pas pressés de l’oublier. « Ça fait déjà deux ans, c’est quand même super long. » L’ampleur du phénomène n’est évidemment pas aussi intense et son cas aussi débattu qu’à l’époque, mais Carl n’a pas pour autant retrouvé sa pleine tranquillité, loin de là. À partir du moment où son nom et son visage parlent encore à pas mal de monde la route est forcément longue, et la paix loin d’être gagnée. « Je voudrais juste tout effacer, revenir au moment où j’ai passé ces fichus castings et jamais signer ce maudit contrat. » Il annulerait vraiment tout s’il le pouvait, et retournerait à sa petite vie banale où ses épisodes ne regardaient que lui. Il n’était pas plus heureux, mais bon sang qu’il regrette cette époque où il pouvait être lui-même sans que ça ne dérange personne. Son problème était déjà là, le monde n’en avait simplement rien à faire parce que les projecteurs devaient être braqués sur un autre. « Le pire de toi ? Mais tu n’as rien fait de mal. » Carl se racle la gorge et son cœur rate un battement face à l’étonnante indulgence - ou naïveté - de Raphael. Ce n’est pas le genre de discours auquel il a habituellement droit car la plupart des gens affirment justement le contraire : que ce qu’il fait est mal, ignoble même parfois, et qu’il devrait tout simplement avoir honte d’être ce qu’il est. « Tu étais amoureux… C’est tout… » Non, de toute évidence ce n’est pas tout. Si ce n’était que ça Carl n’aurait pas perdu le contrôle d’une partie de son existence, et suscité des réactions aussi vives partout autour de lui. Raphael évite encore le problème et ce n’est pas leur rendre service, à l’un comme à l’autre. « Il parait que les gars comme moi savent pas aimer, que c’est pas de l’amour quand on traque la fille qui nous.. » obsède, mais ça Carl n’arrive pas à le dire. Le fait de ne pas être capable d’aimer comme il faudrait lui fait très peur quand il y pense, tout comme de se dire que le véritable sentiment amoureux lui échappe, et lui échappera peut-être toujours. « Pourtant si ça fait mal au cœur, ça veut bien dire que c’est de l’amour non ? Parce que si c’est pas ça.. alors c’est quoi ? » S’il n’est pas amoureux pendant ses épisodes qu’est-ce qu’il est, réellement ? Hypnotisé oui, mais ça ne correspond pas aux films qu’il se fait où tout est précisément question d’amour, si on l’écoute. « Quand c’est à sens unique c’est vraiment pire que tout, j’te souhaite de jamais passer par là Raph. » Son regard glisse vers son ami avec dépit et il pourrait ajouter que c’est un peu l’histoire de sa vie, en fin de compte. Le fait d’être toujours celui qui tombe pour les autres, et non celui pour lequel les autres tombent. « Et de jamais avoir quelqu’un dans la tête comme ça m’arrive souvent, au point de plus arriver à dormir, à penser ou même à vivre à côté. Ça bouffe le cerveau et moi ça me fait complètement dérailler, des fois. » Il ne précise étrangement pas à quel point ces fixettes le font sombrer car il n’y a pas de quoi se vanter, il suffit juste de garder un œil sur lui pendant ces épisodes pour comprendre. Le pire de lui dont il parlait tout à l’heure, voilà ce qui ressort quand il se laisse absorber par tout ça. « Parfois je préférerais ne plus avoir de cœur pour ne plus rien ressentir. Être genre.. éteint de l’intérieur, tu vois. » Il cherche toujours le bouton off pouvant le libérer et se couperait volontiers un bras si c’était sa seule chance d’en finir avec ces phases obsédantes. Lui, désespéré ? Pensez-vous.

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyMar 5 Juil 2022 - 20:33


☾ we are born to play
I'm floating up like red balloons and I could stay right here for life. Days and nights I'm captured by the feeling, Love the ride and now I'm really living life. Alive, a super kind of feeling, jump on board the ride tonight.
RAPHAEL ELLY☆  @CARL FLANAGAN

Deux âmes perdues au milieu d’émotions qui se tordent, se contorsionnent, se plient puis se cassent pour en créer de nouvelles qui leur sont inconnues. Si Raphael a trouvé un garçon qui, comme lui, souffre de ces maux de tête handicapants, il se doute bien que les raisons derrière leur souffrance ne sont pas les mêmes. Il a beaucoup menti, le danseur, en prétendant ne pas connaître l’origine de cette nouvelle condition. Elle n’est pas apparue comme un cheveu sur la soupe. Il l’a vue arriver à des années lumières lorsque les lèvres de Kieran se sont séparées des siennes avant qu’il ne tourne les talons sans jamais se retourner.

Il ne sait pas ce qui lui a fait le plus de mal cette journée-là : perdre un ami ou s’être trompé de bout en bout. Ce doit être un mélange des deux échecs qui le tourmente autant aujourd’hui. « C’est peut-être bizarre mais.. dans mes souvenirs elles sont arrivées d’un coup, sans que j’sache pourquoi. » Carl semble honnête, lui. Raphael ne doute pas de la véracité de cette réponse. Ils sont donc bien plus différents qu’il ne l’espérait et peut-être ne trouveront-ils pas la même solution miracle. L’un se soignera avant l’autre, c’est inévitable. À la toute fin de la course, un garçon se retrouvera seul. « Et en même temps y’a plein de trucs dont je me souviens pas bien, dans mon adolescence surtout. C’est flou par moments alors.. j’oublie peut-être un élément qui expliquerait tout ça. » Il relève le nez, hébété. C’est normal d’oublier certains passages de son enfance mais, de son adolescence, Raphael se souvient de chaque seconde. La passion entrecoupée de rires moqueurs, les regards, l’ignorance, les tremblements dans ses doigts, ses genoux ramollis par la nervosité, ses mauvais résultats scolaires accumulés à ses crises d’angoisse. L’acné qui a ravagé son visage et son estime de soi, les traitements qui lui ont asséché la peau, les lèvres, les yeux aussi. Il se souvient de tout et, soudain, il aimerait pouvoir oublier comme Carl. « C’était pas hier, ton adolescence ? » Il dit, faisant référence à son jeune âge. Raphael a beau avoir presque huit ans de plus, il a encore l’impression que l’adolescence ne l’a pas quitté complètement. « Oh euh.. non non, moi j’ai perdu personne. » Il s’agite, le plus jeune, et Raphael se mord la lèvre inférieure en fronçant les sourcils. « Enfin mon père est parti quand j’étais très jeune mais.. c’est pas vraiment la même chose, hein, et mes migraines sont pas si vieilles. » C’est sa mère, qui est partie, mais il était trop jeune pour le réaliser complètement. Il ne se souvient de rien. Parfois, il a l’impression que toute cette péripétie n’avait été qu’un rêve parmi tant d’autres. Mais, à chaque fois qu’il voit ses deux pères, il repense à celle qui l’a mis au monde, lui, petit garçon qui ne deviendrait pas grand-chose. « On sait jamais quand un événement marquant viendra nous marquer dans le futur. » Il propose en haussant les épaules. Cette fois, il ne parle pas par expérience ; il base ses théories sur celles des autres membres du forum. Il en a passé, du temps, à se tuer les yeux et la tête à parcourir le site sans jamais trouver la fin. « T’as vécu un truc comme ça toi Raph ? Un gros changement dans ta vie, sinon ? » Il se cache automatiquement derrière une main qu’il plaque autour de sa mâchoire. Ses ongles s’attaquent aux cicatrices d’acné sur ses joues. Ses bouclettes blondes frétillent quand il secoue tête de droite à gauche puis de bas en haut. Il laisse ensuite une grimace étirer son faciès. « Meh. Je ne veux pas en parler. » Il n’arrive pas à le faire. Personne n’est au courant. Il a l’impression qu’il a mérité tout ce qu’il s’est pris à la gueule. Il a honte alors il se contente de vivre dans le déni. C’est plus facile ainsi, et Raphael a toujours opté pour la facilité. « Désolé… » Il s’excuse ensuite, priant à tous les dieux pour que son ami comprenne son besoin de taire certaines choses.

Si l’ordinateur est toujours ouvert devant les deux garçons, le jeu vidéo est bien rapidement oublié lorsque Raphael laisse glisser de sa bouche une information qu’il ne devrait pas avoir. Ainsi, sous ses yeux impuissants, la vérité coule goutte par goutte devant un Carl dont l’identité n’était pas si anonyme que ça. Seulement, le danseur n’est pas à jour et, toutes les injures et insultes que trimbale Carl avec lui, il ne les connait pas. « Oh arrête, tu sais bien. » Il ne pourrait pas être plus déphasé. Non, il ne sait pas. Et c’est exactement ce qui le terrorise en ce moment. « Le wacko quoi, c’est pareil. » Peu importe le nombre de synonymes qu’il emploiera, il n’éclairera pas la lanterne de son ami qui se contente de le rassurer à défaut de bien connaître l’histoire. Il finit par comprendre que, s’il ne connait pas bien l’histoire et tous ses détails, c’est parce qu’il s’est déconnecté de tous les réseaux sociaux qui lui pourrissaient la vie et qui, visiblement, pourrissent la vie à Carl aussi. Dans une tentative de le rassurer même s’il ne connait pas l’ampleur de la situation, il explique qu’il a lui-même goûté à la haine des internautes qui se permettent de tout dire une fois qu’ils sont protégés par un écran. « Il s’est passé quoi, pour toi ? » Ça non plus, il n’a pas envie d’en parler. Cependant, il fait un effort pour prouver au jeune homme qu’il n’est pas seul, encore une fois. « J’ai été complice d’un scandale. Mais je ne savais pas que c’était mal. Je ne l’aurais jamais fait si j’avais su. Ce n’est pas important. Tu dois seulement savoir qu’il y a plein de gens qui profitent de la simplicité des réseaux pour insulter sans prendre le temps de connaître une personne et de comprendre son point de vue sur la situation. » Il continue à penser que Carl est complètement innocent, lui aussi. Qu’il a marché sur une mine par erreur et que tout s’arrangera s’il se déconnecte de facebook, d’instagram et surtout de twitter. « Je.. j’ai un problème Raph, il porte même un nom. Et ce truc entraine des choses vraiment pas cool chez moi, des choses pas du tout morales. C’est pour ça que les gens me jugent, parce que c’est pas bien d’être comme ça. » Cette fois, le garçon déglutit. Il jette un nouveau regard peureux autour d’eux comme s’il se sentait épié à son tour. Il s’efforce de lâcher une sorte de gloussement afin de détendre l’atmosphère et glisse un « ça ne doit pas être si grave que ça… » très peu convainquant. Non, il ne veut pas croire qu’il se tient avec une mauvaise personne. Il était normal, sur le forum. Et il était normal jusqu’à aujourd’hui.

« Ça fait déjà deux ans, c’est quand même super long. » Il n’a plus l’impression de savoir de quoi il parle, Raphael. Son visage n’a pas été affiché pendant une saison complète d’une téléréalité, c’est vrai. Très peu de ses agresseurs pourraient le reconnaître dans la rue. Il avait trop peu de photos de lui en ligne. Ainsi, le drame s’est rapidement épuisé pour laisser la place à d’autres. Il n’y avait plus que le responsable pour se flageller. « Je voudrais juste tout effacer, revenir au moment où j’ai passé ces fichus castings et jamais signer ce maudit contrat. » Il acquiesce, compréhensif. Il ne peut rien faire de plus. Il n’est pas le génie de la lampe. Il ne peut pas régler ses problèmes en agitant une baguette magique. Il peut seulement lui donner le plus de soutien possible même si, et ça se voit à son expression qui se décompose de plus en plus, il commence à craindre ce nouveau portrait de Carl qui se dessine sous ses yeux. « Il parait que les gars comme moi savent pas aimer, que c’est pas de l’amour quand on traque la fille qui nous.. » Son cœur s’agite dans sa poitrine. Ses mains deviennent moites et recueillent toute l’humidité qui s’est enfuie de sa gorge. « Traquer… » Il répète le verbe pour marquer son importance. Ce sont les chasseurs qui traquent leur proie. Pas les garçons amoureux. A-t-il traqué Diana ? Non… Non… Sûrement pas. « Pourtant si ça fait mal au cœur, ça veut bien dire que c’est de l’amour non ? Parce que si c’est pas ça.. alors c’est quoi ? » Il panique beaucoup trop pour réfléchir correctement à la question. Il limite ses réactions pour ne pas dire une mauvaise chose. « Euh… Je ne sais pas… » Une obsession. Il n’a jamais été amoureux de Diana. Il l’admirait et voulait lui ressembler. Il l’espionnait dans le coin de la salle de danse en espérant qu’elle le remarque, mais en espérant aussi qu’elle ne le remarque pas, aussi. Il a pourtant dit à tout le monde qu’il était amoureux, et il a réussi à se convaincre lui-même que ce n’était qu’un sentiment inoffensif. « Quand c’est à sens unique c’est vraiment pire que tout, j’te souhaite de jamais passer par là Raph. » Il y a des caméras rivées vers eux ? La scène ressemble de plus en plus à un acte de comédie. Ses poings se serrent et il n’entend que d’une seule oreille le reste de ses mots. « Et de jamais avoir quelqu’un dans la tête comme ça m’arrive souvent, au point de plus arriver à dormir, à penser ou même à vivre à côté. Ça bouffe le cerveau et moi ça me fait complètement dérailler, des fois. » Non. Non. Non. Il n’est pas comme ça. Carl est malade. Pas lui. Raphael est seulement amoureux de Kieran. Il arrive à dorm… non, il n’arrive pas à dormir. Mais ce n’est pas la même chose. Migraines, migraines, migraines. Et ça recommence. « Parfois je préférerais ne plus avoir de cœur pour ne plus rien ressentir. Être genre.. éteint de l’intérieur, tu vois. » Cette dernière phrase, il ne l’entend pas. Son estomac hurle contre ses tympans et l’empêche de réfléchir. Il se lève précipitamment de sa chaise. « Je ne suis pas comme toi, je ne sais pas quoi te dire. » Il crache presque, des propos qu’il regrettera plus tard. Il attrape son sac et s’essouffle : « Je crois que je vais vomir. » Puis il se jette à la sortie de la bibliothèque non sans attirer des dizaines de regards curieux. Ce n’était qu’une raison pour aller respirer de l’air frais mais, surtout, pour fuir ce qui ressemblait un peu trop à un plateau de téléréalité.        
             

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyLun 18 Juil 2022 - 20:30


☾ we are born to play
All this running around tryin' to cover my shadow, a notion growing inside. Now all the others seem shallow, all this running around. Bearing down on my shoulders I can hear an alarm, It must be morning.
@RAPHAEL ELLY ☆ CARL FLANAGAN


La tournure de cette discussion amène Carl à se dire une fois de plus que la nature ne l’a vraiment pas gâté. Un physique ingrat et une tête qui ne tourne pas rond étaient amplement suffisants pour que des migraines ne s’ajoutent pas en plus à l’équation, mais il faut croire que c’était plus drôle de lui faire rafler un maximum de plaies. Ces crises Carl n’en identifie même pas l’origine mais soyons clairs, il n’essaie pas beaucoup non plus. C’est presque comme s’il s’était résigné à les traîner derrière lui en plus du reste, presque comme s’il acceptait son sort car si ces migraines l’handicapaient vraiment, n’aurait-il pas été voir un spécialiste depuis longtemps ? Ah, mieux vaut ne pas lui dire de consulter qui que ce soit, pour ça ou pour son autre problème Carl ne veut rien entendre. C’est tellement plus facile de se rendre sur un forum pour chercher des solutions qui ont marché pour d’autres et ne marcheront peut-être pas pour lui que de se faire réellement aider mais c’est un peu l’histoire de sa vie, se lamenter en permanence mais ne rien faire pour que sa situation change. Un spécialiste pourrait lui prescrire une IRM et le mettre aussi en garde sur la montagne d’antidouleurs qu’il peut ingurgiter, ces migraines ont forcément une source et proviennent peut-être même d’un événement traumatique comme le suggère Raphael, mais Carl préfère laisser ses souvenirs où ils sont. Si son adolescence lui laisse autant de trous noirs à l’esprit ce n’est sans doute pas pour rien, et il a beaucoup trop peur de ce qui pourrait remonter en lui s’il se forçait à y penser. Les mauvais souvenirs ont depuis longtemps chassé les bons, s’il pouvait revenir à une époque de sa vie Carl sait déjà qu’il ne choisirait pas celle-là. « C’était pas hier, ton adolescence ? » Il vrille un regard confus vers Raphael tandis que sa tendance à tout prendre au premier degré le pousse à compter littéralement les jours. « Euh. » Techniquement si, hier encore Carl était un adolescent puisqu’il n’a jamais voulu grandir et n’est certainement pas façonné comme la plupart des adultes de son âge le seraient. L’époque effleurée un peu plus tôt est pourtant loin aujourd’hui tout comme le départ de son père qui l’est doublement plus, car il n’était qu’un enfant lorsque Neil a décidé que cette vie de morosité ne lui convenait plus. C’est le premier abandon que le garçon a connu, le premier d’une liste qui s’allonge avec le temps et l’ayant tout simplement convaincu qu’il n’était important pour personne. Car si son propre père a pu le laisser et vit désormais très bien sans lui c’est à se demander pour qui il peut espérer sincèrement compter. Pas juste comme un ami occasionnel qu’on est parfois content de trouver mais auquel on ne confie rien, non, ce rôle-là Carl l’a endossé toute sa vie et il n’espère plus devenir un jour l’humain préféré de quelqu’un. Ou peut-être juste celui des enfants dont il s’occupe, ce qui certains jours s’avère être le meilleur lot de consolation qui soit. « On sait jamais quand un événement marquant viendra nous marquer dans le futur. » C’est très philosophique ce que Raphael laisse entendre tout d’un coup, tellement bien pensé que Carl s’en trouve aussitôt perdu. Ils ne savent de toute façon pas grand-chose tous les deux, ils semblent même aussi largués l’un que l’autre sur leurs migraines à moins que Raphael détienne la clé des siennes et rechigne simplement à la saisir. Carl l’interroge sur la possibilité qu’il ait aussi vécu quelque chose de marquant ou un changement suffisamment majeur pour l’avoir perturbé, mais il sent que sa question se heurte bien vite à un barrage érigé par le brun. « Meh. Je ne veux pas en parler. » Il y a quelque chose, alors ? Raphael n’est peut-être pas aussi incertain que lui sur l’origine de ses crises, ce n’est juste pas aujourd’hui qu’il mettra des mots dessus. « Désolé… » Des excuses qui lui arrachent une grimace confuse car sa question était visiblement de trop, au point où Carl s’en voudrait presque de l’avoir posée. « Oh.. d'accord. C'est pas grave. » Il pensait le terrain assez dégagé pour pouvoir s’y aventurer mais il se trompait, Raphael gardera donc sa part de mystère et Carl tentera la prochaine fois d’être un peu moins maladroit.

Si prochaine fois il y a, car il faudrait être aveugle pour ne pas voir un fossé se creuser lentement mais sûrement entre les deux comparses. Raphael en sait plus qu’il n’avait initialement consenti à le dire et pourtant, beaucoup d’informations semblent encore lui manquer sur le parcours télévisuel de l’irlandais à ses côtés. Et c’est troublant, Carl n’imagine pas qu’on ne puisse être qu’à moitié informé à son sujet car ce serait bien la première fois qu’on l’aurait vu à la télévision et qu’on ignorerait derrière le phénomène qu’il a suscité. D’ordinaire les gens qui l’identifient à ce programme de malheur le connaissent en tant que Carlito le Wacko et il se pense beaucoup trop associé à ses dérives aux yeux du monde pour pouvoir réellement exister à côté en tant que simple candidat. Il est donc étrange que Raphael paraisse ne rien en savoir, comment peut-il ignorer toutes ces choses que les gens aiment raconter sur lui ? Ça devrait le rassurer que quelqu’un ne sache pas vraiment ce qu’on lui reproche mais il se trahit tout seul en dévoilant l’ampleur de la haine qu’il récolte depuis déjà deux ans ainsi que les charmantes étiquettes qu’on se plait à lui coller. Raphael se tient à l’écart des réseaux sociaux de son propre aveu, voilà pourquoi il n’a pas vu son nom occuper la première place des tendances à l’époque et pourquoi il parait atterrir deux ans après tout le monde. Ces mêmes réseaux qui se sont déchaînés contre Carl lorsque ses frasques passionnaient encore une partie du pays et qui n’ont apparemment pas non plus épargné son acolyte ici présent, à sa grande surprise. Raphael, victime lui aussi d’une vague de harcèlement de la part des internautes ? C’est si difficile à croire, et pourtant il aimerait presque entendre que leur calvaire en commun ne se limite pas à leurs migraines. « J’ai été complice d’un scandale. Mais je ne savais pas que c’était mal. Je ne l’aurais jamais fait si j’avais su. Ce n’est pas important. » Carl fait le tri parmi ces nouvelles informations qui lui parviennent, intégrant encore difficilement que Raphael puisse avoir été mêlé à quoi que ce soit de problématique. Sa curiosité en est évidemment piquée, il ne devrait pas mais tenter de creuser s’avère bien plus fort que lui à cet instant. « Quoi comme scandale ? » C’est bien une lueur d’espoir qui trouve naissance dans les yeux du garçon, celle de se dire que Raphael est peut-être comme lui finalement. Ils n’ont sans doute pas le même problème mais il n’est possiblement pas le seul à porter son lot de casseroles, et cette idée lui fait du bien. « Tu dois seulement savoir qu’il y a plein de gens qui profitent de la simplicité des réseaux pour insulter sans prendre le temps de connaître une personne et de comprendre son point de vue sur la situation. » Les réseaux sont remplis de justiciers du dimanche jugeant trop souvent sans savoir, oui, ce n’est pas nouveau. Et même pour un garçon comme Carl cumulant un certain nombre de torts il n’est pas exagéré de dire que les condamnations l’ont très largement emporté sur l’envie de comprendre, dès le départ. Combien de ses détracteurs ont effectué ne serait-ce qu’une recherche sur le one itis ? S’informer ne veut pas dire chercher des excuses à quelqu’un, il serait juste plus équitable de s’en prendre à lui en connaissant le nom du trouble qui l’anime car les appellations existent bien pour une raison. « Les gens pourraient pas comprendre ce qui se passe dans ma tête. Même moi, des fois, j'y comprends rien. » Il le croit vraiment, ce qui se passe là-haut est selon lui bien trop compliqué pour pouvoir trouver un sens aux yeux de quiconque. Il n’est pourtant pas le premier gars sur terre à enchaîner les épisodes obsessionnels et à assouvir l’irrépressible besoin de stalker pour pallier à un vide, Carl a simplement l’impression que son cas est différent et que tout est pire, dès que ça provient de lui. « ça ne doit pas être si grave que ça… » Tout dépend de ce que Raphael entend par grave, mais s’il pense encore que le garçon est victime d’un acharnement purement gratuit il risque d’être étonné par la suite.

On ne reste pas une cible de moqueries et de jugements pendant deux ans sans raison, si Carl a tant de mal à se faire oublier comme il dit c’est peut-être bien parce qu’il n’est pas tout blanc, dans l’histoire. Ses haters ne se sont pas levés un matin avec l’envie de s’en prendre à un pauvre type au hasard, ce n’est pas tombé sur lui parce qu’il avait simplement le tort d’exister à ce moment-là et ça, Raphael va bien finir par s’en rendre compte. Il ne connait pas la part sombre du garçon assis près de lui, il ne l’a pas vu à l’œuvre quand il traquait son ancienne camarade d’aventure aux quatre coins du manoir alors que des millions de téléspectateurs ont vu ces images. Elles ont fait le tour d’internet avec des titres toujours plus racoleurs, et pourtant véridiques : « Carl fouille dans les effets personnels de Gemma et provoque un vent d’indignation sur la toile »« Carl se fait (encore) surprendre en train d’épier les conversations de sa proie »« Carl découvre que Gemma reçoit des cadeaux d’autres candidats et menace de quitter l’aventure » ou encore « la quotidienne du 12 juin 2020 déprogrammée après un geste choquant de ce candidat bien connu. » Ils ne sont pas nombreux à détenir la vérité sur cette déprogrammation qui a fait naître bien des spéculations à l'époque, il arrive d’ailleurs encore qu’on demande à Carl de raconter les faits survenus ce fameux jour et sa réponse reste éternellement la même : je n’ai pas le droit d’en parler. « Traquer… » C'est le terme approprié, même s'il peut faire peur. Lui-même a fini par l’employer à force de le lire un peu partout alors que la plupart des gens refusent de considérer cette surveillance comme de l’amour, que Carl se convainc pourtant de vivre à travers ses épisodes. On le dit dérangé ou malade mais certainement pas amoureux, et il se demande vraiment pourquoi il ne pourrait pas être tout ça à la fois. Si ce n’est pas par amour qu’il fait tout ça alors.. pourquoi le fait-il, et quel est donc ce sentiment brûlant en lui et lui faisant si mal à chaque fois ? « Euh… Je ne sais pas… » Il laisse couler un regard curieux vers Raphael dont la réaction l’intrigue. Il semble d’un coup très ailleurs, comme perdu dans un intense flot de pensées. « Ça va Raph ? T'es super pâle d'un coup. » Et ça ne le rassure pas des masses, Carl, que ce changement d’état chez son ami coïncide avec ces éléments qu’il lui confie. Il parait nerveux, étrangement pensif et il ne l’avait encore jamais vu s’agiter de cette façon. La discussion glisse vers quelque chose de très inconfortable que Carl peine à nommer et pendant ce temps l’ordinateur tourne dans le vide, sans plus personne pour s’en soucier. Et c’est finalement là, d’un bond soudain, que Raphael se hisse sur ses deux jambes pour le surplomber. « Je ne suis pas comme toi, je ne sais pas quoi te dire. » Carl reste statique, spectateur impuissant bien ancré sur son siège alors que son ami en perd peu à peu le nom avec ces quelques mots. Raphael ne veut désormais plus lui ressembler et ce retournement de veste fait mal, tout comme l’empressement avec lequel il rassemble maintenant ses affaires. « Je crois que je vais vomir. » Rien que ça. S’il en est là c’est qu’il doit le trouver répugnant alors, lui aussi. « Raph ? » Carl n’avait encore jamais fait fuir quelqu’un avec une telle hâte et bien sûr que la scène lui porte un coup au cœur, bien sûr que le départ précipité de Raphael le blesse. « RAAAPH ! » il hurle en se levant à son tour mais son ami a déjà disparu, le laissant seul – ou presque – dans cette bibliothèque où il est immédiatement rappelé à l’ordre. « Shhhhhhh ! » Pendant un instant Carl en a oublié où il se trouve mais il n’a que faire de déranger, Raphael vient de le laisser en plan alors le reste n’a plus la moindre importance. Le bonhomme accourt à son tour d'un pas affolé vers la sortie en espérant intercepter son ami le fuyard, et ce dernier n’a au final pas été bien loin. « Raph.. mais.. pourquoi t'es parti ? » Pourquoi comme ça, pourquoi si vite. On fuit rapidement quand on cherche à échapper à quelque chose ou à quelqu’un, à une vérité dérangeante ou à un gars dont on n’accepte pas les tendances, par exemple. Carl craint alors d’être devenu aussi un monstre à ses yeux, cette pensée le terrifie même et c’est d’une voix tremblante qu’il pose sa prochaine question. « Tu veux plus trainer avec moi c'est ça ? » Qu’il le dise si c’est le cas, il préfère encore le savoir que de s’accrocher pour rien comme il l’a fait avec Cesar. Ce n’est pas le moment de le laisser dans le flou, déjà qu’il n’y voit pas clair. « On a même pas joué et maintenant je.. j'ai mal à la tête. » Une nouvelle crise le guette et c’est drôlement ironique, sachant que ces migraines les ont rapprochés au départ. Carl n’ose plus faire le moindre pas tout comme ses yeux peinent à se poser sur Raphael, si proche et lui semblant pourtant si loin. « Pars si tu veux. Je jouerai tout seul. » Comme il l'a finalement toujours fait. Raphael n’a qu’à l’abandonner là lui aussi, il ne sera pas le premier et ne sera pas non plus le dernier, le temps en attestera. C’est ainsi que les choses semblent être écrites après tout : il finira seul comme il doit le mériter.

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyDim 14 Aoû 2022 - 0:58


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I'm floating up like red balloons and I could stay right here for life. Days and nights I'm captured by the feeling, Love the ride and now I'm really living life. Alive, a super kind of feeling, jump on board the ride tonight.
RAPHAEL ELLY☆  @CARL FLANAGAN

Ils se ressemblent trop, ou alors ils ne se ressemblent pas assez. Carl pose les questions et Raphael a peur d’entendre les réponses. Le plus jeune ne se gêne pas pour creuser là où, visiblement, le plus vieux n’est pas à l’aise. La vérité, c’est qu’il ne mentionne pas Kieran. Le simple fait de prononcer son prénom à voix haute lui donne l’impression de se faire submerger par une vague costaude de laquelle il ne croit pas pouvoir s’extirper vivant. Certes, il lui arrive de temps en temps de faire allusion à son ami puisqu’ils habitent ensemble et vivent tous les jours de nouvelles anecdotes mais sans plus.

Alors, non, même si Carl n’a pas de mauvaises intentions, il ne réussira pas à arracher des détails de la bouche de Raphael. Il n’en peut plus de voir son monde tourner autour d’un garçon qui ne l’aime pas en retour. Il attend de se réveiller un matin et de ne plus être amoureux. Ce serait parfait. Mais, hélas, et il était déjà au courant ; chez lui, l’amour est un parasite qui s’accroche à son hôte et lui bouffe toute l’énergie. « Oh.. d'accord. C'est pas grave. » Heureusement, il n’insiste pas. Le sujet est clos.

Si Carl en sait finalement très peu au sujet du garçon qu’il a rencontré sur un forum, la réciproque est tout aussi valable. Raphael pensait se tenir en compagnie d’une personne populaire pour les bonnes raisons, admirée même. Hélas, il réalise peu à peu qu’il ne possède pas toutes les pièces du casse-tête pour bien comprendre ce qu’il se passe. De façon tout aussi maladroite que naïve, il tente de le rassurer en témoignant de sa propre expérience avec les réseaux sociaux qu’il a ultimement supprimés. Il aurait préféré ne jamais mentionner ce scandale qui lui a collé à la peau pendant trop longtemps et qui a ruiné sa réputation mais c’est trop tard. « Quoi comme scandale ? » Encore une fois, il n’a pas envie d’en parler. Mais, devant la détresse de son ami, il se dit qu’il pourrait bien l’effort de lui raconter quelques parties de l’histoire afin qu’il comprenne qu’il n’est pas le seul à subir la colère des internautes qui ne croient que ce qu’ils veulent croire. Les gens cherchent le drama avant les vérités. « Eum… » Il ne veut pas lui donner le nom du réalisateur qui a fait les Unes de nombreux journaux pendant des mois. Le connaissant lui ainsi que ses tendances à passer trop de temps derrière les écrans, il craindrait qu’il décide de chercher plus d’informations que Raphael ne souhaite donner. « Une affaire d’injustice dans un milieu artistique. » C’est assez flou, ça, non ? On aurait même dit que c’est mignon et inoffensif. « J’ai aidé le coupable sans le savoir alors j’ai bouffé la colère d’Instagram et de Twitter. Mais c’est de l’histoire ancienne, ça ne sert à rien d’en parler davantage. Je peux seulement te dire que je sais ce que tu vis et que tu n’es pas seul. » Et puis, de toute façon, les gens qui attaquent sur les réseaux n’ont simplement rien de mieux à faire de leur soirée. Ils cherchent à se divertir et pensent que leur unique commentaire n’a pas d’impact en oubliant que cet unique commentaire en fait pulluler d’autres. À la fin, c’est un météore d’insultes que le destinataire se prend sur la tête.

Mais, outre les condamnations sur internet, Raphael apprend que Carl n’est pas exactement le garçon qu’il pensait qu’il était. Plus les explications coulent et plus le garçon se tend parce qu’il réalise que certaines de ses caractéristiques le rejoignent… un peu trop. Il n’a pas jugé que son intérêt pour l’autre participante de l’émission de téléréalité ressemblait à de l’obsession. Il l’a jugé relatable. Il s’était revu avec Diana. Mais Carl emploie des mots sérieux, voire sévères, et le danseur vire au blanc. « Ça va Raph ? T'es super pâle d'un coup. » Tous les yeux sont rivés vers eux, pas vrai ? Carl le prédateur et Raphael son acolyte. Encore une fois, il se retrouve complice de la mauvaise personne et c’est un état de panique qui s’installe dans son ventre, ramolli la paume de ses mains et humidifie son cou et son front. Il n’arrive pas à le rassurer en répondant ; de toute façon, sa réponse ne serait pas rassurante. Non, il ne va pas bien. Il a même l’impression que son estomac est prêt à exploser. Deux secondes plus tard, il rejoint la sortie de la bibliothèque aussi rapidement qu’une fusée. Il ignore son nom qui est prononcé puis hurlé, s’arrête à quelques mètres du trottoir. Il sursaute lorsque l’autre garçon l’interpelle à nouveau. « Raph.. mais.. pourquoi t'es parti ? » Ce n’est pas une comédie romantique. Ils ne tournent pas un téléroman à l’eau de rose. Pourquoi ça en a tout l’air alors que Raphael peine à retrouver son souffle, légèrement replié vers l’avant ? Il soulève la main pour signifier qu’il n’arrive pas à parler. « Tu veux plus trainer avec moi c'est ça ? » Et, entendant sa voix tremblante presque suppliante, il le regarde à nouveau, yeux humides et lèvres pincées. Non, ce n’est pas lui qui le dégoûte. C’est lui-même, qui s’était attaché à un garçon détraqué en pensant qu’ils se ressemblaient beaucoup. Le mot « traquer » résonne encore en écho dans sa tête telle une malédiction. Est-ce qu’il est un traqueur lui aussi ? Mériterait-il de se faire insulter par internet une seconde fois ? « Laisse-moi penser, Carl. » Il supplie entre deux inspirations difficiles. « On a même pas joué et maintenant je.. j'ai mal à la tête. » C’est normal. Ce ne sont pas vraiment les jeux vidéo qui causent ses migraines. Il en est certain, maintenant. « C’est les émotions. » Il lui signifie sans le regarder dans le simple but de l’aider une dernière fois avant de le trahir à nouveau. Ce sont les émotions qui les font souffrir tous les deux. Leurs douleurs ne sont pas d’origine physique. Lui, il le sait depuis qu’il est amoureux d’un garçon inaccessible. « Pars si tu veux. Je jouerai tout seul. » Il déteste avoir l’impression de se parler à lui-même quand il entamait la vingtaine. Il n’est qu’un gamin. Il est peut-être majeur ; il ne connait rien du monde encore. Raphael en a beaucoup à apprendre lui aussi, mais à vingt-deux ans il n’était qu’un fœtus perdu. « Je dois rentrer. » Il affirme sèchement avant de se reprendre d’une voix plus calme : « Je t’enverrai un message, d’accord ? » Une manière de lui dire qu’il n’a pas l’intention de le jeter mais qu’il a besoin d’être seul un moment pour faire de l’ordre dans ses esprits.
     
             

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Message(#)(raphael) we are born to play EmptyVen 19 Aoû 2022 - 21:23


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All this running around tryin' to cover my shadow, a notion growing inside. Now all the others seem shallow, all this running around. Bearing down on my shoulders I can hear an alarm, It must be morning.
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Il ne devrait pas espérer que Raphael soit aussi scandaleux que lui, ce n'est souhaitable à personne et ça ne doit pas faire de lui un très bon ami. Carl aimerait pourtant entendre qu'ils ont leur lot de frasques l'un comme l'autre, ça le rassurerait de savoir qu'il n'est pas le seul à s'être égaré et à ne pas fonctionner comme il faudrait. Bien sûr Raphael n'est pas un monstre, rien de ce qu'il pourrait lui dire ne le ferait hériter d'une telle image à ses yeux mais il estime avoir fait quelque chose de mal sans le savoir et ça, c'est peut-être le signe qu'ils ne se sont pas trouvés pour rien. Carl n'a pas peur de creuser, il sait bien que son camarade ne sera jamais aussi affreux que lui mais s'il pouvait avoir dépassé certaines limites lui aussi, il faut avouer que ça l'arrangerait bien. « Eum… » Son regard s'accroche à celui de Raphael dont la voix est hésitante. Il ne sait pas dans quoi il met les pieds ni quelle facette de son camarade pourrait lui être dévoilée, à première vue on n'imaginerait pas un garçon comme Raphael se rendre complice de quoi que ce soit mais après tout, Carl ne porte pas non plus ses vilaines pratiques sur son visage. « Une affaire d’injustice dans un milieu artistique. » C'est donc ça, l'origine du phénomène que son ami a suscité. Quelle injustice il ne le précise pas, pas plus qu'il n'indique de quel milieu il est exactement question mais Carl s'en contente, laissant simplement Raphael s'exprimer et poursuivre. « J’ai aidé le coupable sans le savoir alors j’ai bouffé la colère d’Instagram et de Twitter. Mais c’est de l’histoire ancienne, ça ne sert à rien d’en parler davantage. Je peux seulement te dire que je sais ce que tu vis et que tu n’es pas seul. » Coupable de quoi il ne sait toujours pas alors tout un tas d'idées lui passent aussitôt par la tête. Un plagiat musical ? Un vol de scénario ? C'est peut-être plus grave que tout ce que Carl peut s'imaginer mais il n'en apprendra pas plus, et c'est sans doute mieux comme ça. Ce n’est pas important, Raphael l'a dit lui-même alors cette histoire est de toute évidence loin derrière lui aujourd'hui. Il l'envie atrocement de pouvoir prononcer ces mots, lui aussi aimerait pouvoir se dire que ses déboires appartiennent au passé car si deux années se sont effectivement écoulées depuis la survenue du scandale House of Secrets, force est de constater que Carl reste abonné à sa vilaine réputation et peine encore à se faire oublier. C'est alors un soupir résigné qui échappe au garçon, à la fois soulagé de savoir que Raphael s'en sort mieux que lui et jaloux du fait qu'il ait eu plus de chance. « J'espère qu'ils te fichent la paix aujourd'hui. » Ça semble bien être le cas et s'il ne partait pas défaitiste pour son propre sort Carl pourrait sincèrement s'en réjouir pour lui. « Que c'est fini tout ça, pour toi. » Tout ça, autrement dit la haine distribuée à-tout-va sur les réseaux sociaux et l'acharnement qui en découle bien trop souvent. Ils l'ont connu tous les deux mais Raphael en est sorti lui, Carl est bien tenté de lui demander comment il est parvenu à s'extirper de cet enfer mais il n'en a même pas le temps.

Car c'est après ça que tout va beaucoup trop vite et que leur amitié parait lui éclater brusquement entre les doigts. C'est aussi le moment où Carl fait malencontreusement tomber son masque et se dévoile tel que son camarade n'avait encore jamais voulu le voir. Comme un prédateur, le genre de personne qu'on ne souhaite tout simplement pas compter parmi ses amis. Ils ne sont pas nombreux à avoir accepté cette part de lui aussi peu glorieuse soit-elle, la plupart lui ont tourné le dos en apprenant de quelle façon il avait l'habitude d'aimer. En s'invitant dans la vie de l'élue de son cœur et en pillant l'intimité de celle-ci, comme un être monstrueux le ferait. Raphael le perçoit-il lui aussi comme un sombre détraqué ? Sa réaction laisse planer le doute jusqu'à sa fuite soudaine, que Carl ne voit à aucun moment venir. Est-il vraiment sorti vomir ? C'est la crainte qui lui broie à présent l'estomac alors qu'il se lance sans attendre à sa poursuite, espérant le rattraper avant qu'il n'aille bien loin pour ne pas rester sur cette confusion qui le ronge. Il ne sait pas s'il pourra s'en remettre Carl, de perdre un autre ami. Il n'est pas certain de pouvoir encaisser un abandon de plus alors que chaque cassure est une nouvelle entaille portée à son cœur. Son palpitant en a vu d'autres mais il commence à fatiguer, à l'image d'un Carl tout simplement épuisé. Raphael a prévu de partir sans se retourner lui aussi, c'est bien ce qu'il compte faire ? Son besoin de réponses est terrible alors que son regard le supplie de ne pas lui tourner le dos, pas sans lui expliquer au moins la raison de sa fuite. Oh, il devine bien pourquoi Raphael n'arrive plus à rester dans la même pièce que lui mais ce n'est pas tout de le présumer, il a aussi besoin de l'entendre aussi dure puisse être cette vérité. « Laisse-moi penser, Carl. » La ferme, Carl. Ce n'est pas ce que Raphael lui dit mais c'est ainsi que son cerveau l'interprète. Carl déglutit et grimace, ne sachant plus ce qu'il est en droit de dire ou non tandis qu'une migraine s'octroie le droit de s'inviter dans cet immense chaos. Il ne manquait plus qu'elle, comme s'il n'avait pas suffisamment la tête en vrac et envie de s'arracher les cheveux un à un. « C’est les émotions. » Sans doute. Ça expliquerait même beaucoup de choses et notamment pourquoi ses crises surviennent majoritairement quand le train de son existence déraille. Ce doit être pareil pour Raphael même s'il ne se plaint pas d'un mal de tête, trop occupé sûrement à chercher comment il va l'abandonner là. Les prochaines secondes ne sont qu'une lente torture, Carl connait l'issue qui l'attend mais il espère qu'en priant très fort pour que Raphael reste, ce dernier l'entendra. Perdu. « Je dois rentrer. » « Oh. » C'est fini, alors ? Il va partir comme ça, laisser leur amitié mourir sur ce bout de trottoir et rentrer simplement chez lui ? « Raph je.. » ferai tout pour arranger les choses mais par pitié, reste avec moi. Ces mots restent bloqués au fond de sa gorge alors que sa voix semble l'abandonner, elle aussi. Traitresse. « Je t’enverrai un message, d’accord ? » Il n'y croit pas à son mensonge, lui faire miroiter un message dont il ne verra jamais la couleur doit être une façon de ne pas s'éclipser trop brutalement. Carl préfère ne rien attendre et ne pas fonder d'espoirs vains comme il a pu le faire pendant trop longtemps avec Cesar. Ça ne veut pas dire qu'il se fait une raison et renoncera facilement à son acolyte migraineux, il s'imagine juste ne plus jamais le revoir car c'est ainsi que les choses ont pour habitude de se terminer. Une larme silencieuse perle au coin de son œil avant de lentement glisser le long de sa joue, à l'intérieur de la bibliothèque son jeu préféré tourne toujours mais il ne s'y remettra pas, l'envie lui étant passée comme pour le reste. C'est un Carl immobile qui regarde à présent Raphael s'éloigner, convaincu au fond de lui qu'il ne le recontactera jamais et qu'il ferait mieux de ne plus retourner sur le moindre foutu forum de sa vie.


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