Le Sixteen Antlers, vraiment ? j’ai vraiment du rater ma vie ou être née dans la mauvaise famille pour n’avoir jamais pu mettre les pieds ici avant aujourd’hui. Est-ce que c’est une façon pour Maze de vouloir m’humilier en me montrant qu’elle avait du fric ? Pourquoi elle avait une tête d’une nana qui avait l’air d’être aussi fauchée que moi ? Elle donne pas au change, en tout cas. Moi, c’est sur mon vélo que je traverse la ville pour rejoindre ce quartier et l’accrocher sur un lampadaire juste en bas de l’immeuble du rooftop. Je lève les yeux, le soleil m’éblouis et je sens qu’on va cramer la haut. Je jete un œil à mon téléphone, j’avais déjà cinq minutes de retard, mais j’avais décidé, volontairement, de ne pas me presser et d’arriver quand il sera l’heure. Peu importe qu’elle m’attende ou que ce soit moi qui l’attende. De toutes façons, je connaissais les résutats de ce foutu test ADN, il n’y avait qu’elle pour avoir besoin de faire une analyse dans un laboratoire. Moi j’avais ma version vérifiée. Je n’avais pas besoin d’une feuille avec des chiffres et des mots dont je n’allais pas comprendre la signification.
Je monte dans l’ascenseur pour aller au dernier étage et toutes les personnes que je croise sur mon chemin me dévisagent. Oui, bande de con, j’ai rien à foutre ici mais j’suis quand même là. Et j’ai pas l’intention de laisser un centimes à tous ces riches mal éduqués. Maze avait choisi l’endroit, elle paiera l’addition, et j’ai bien l’intention de me régaler aujourd’hui. Je suis venue les mains vides, c’est pas pour rien. Aucun scrupule.
Arrivée sur le toit, la musique me tend déjà. Les serveurs me tendent, le faux gazon me tend, les fleurs, la décoration, tout. Tout pu le fake ici. La seule chose qui le sera pas, ce sera les résultats du laboratoire. J’aperçois la brune qui sera bientôt officiellement ma sœur, elle a la jambe qui tremble, ça me fait sourire, on verra si elle tremble toujours dans quelques instants. Je m’assois en face d’elle, avec sa tête de deterrée, va falloir qu’elle s’y fasse.  « A toi l’honneur ? » bonjour aussi ouais. Je pris l’enveloppe qu’elle me tend en roulant -discretement ? – des yeux en voyant ses mains trembler aussi. « J’espère que c’est pas génétique. » elle sait de quoi j’parle. J’ouvre l’enveloppe et déplie le courrier plié en trois. Un enchainement de lettres et de chiffres, comme prévu, je balais en diagonale la feuille, il doit bien y avoir une conclusion pour les débiles dans mon genre. Si je suivais scrupuleusement certains cours à l’université, les sciences appliquées n’étaient pas dans ma liste de cours à suivre sans faute. Loin de là. « bon… » je retourne la feuille et là voilà ma conclusion, à la fin. « Madame Maze Crawley… blabla… » je passe les détails. « Sœurs. » je lui montre la feuille et pointes la phrase qui nous concerne. « Là, écris juste ici. » donc, maintenant, on fait quoi ? Elle me croit enfin ou il lui faut toujours plus de preuves ? c'est là qu'un serveur vient me voir et que je lui demande de me mettre la même chose que ce qu'elle est déjà en train de boire, aucune idée du prix, surement l'équivalent de ma paire de pompes, tant pis pour elle.

Système d’auto-défense quand une situation vous échappe totalement : être passif agressif, en vouloir à la terre entière et se comporter comme une petite conne. C’est exactement ce qu’il se passait avec Maze. J’étais pleinement consciente qu’elle n’y était pour rien, pleinement consciente que je n’y étais pour rien et pourtant, je nous trouvais autant fautive l’une que l’autre. Alors que le seul coupable dans cette histoire, c’était bien Dick. Mais, il restait au sommet des personnes à qui j’en voulais le plus. Car lui, s’en sortait bien, lui était entouré de personnes qu’il aimait et qui ne soupçonnaient pas un instant de quoi il était capable. Sa famille, celle de Maze, lui avait donné tout son respect, donné sa loyauté, son amour sans faille alors que lui leur avait planté un couteau dans l’dos, en toute impunité. Et il était bien temps de remettre l’église au milieu du village. Mon but, dans tout ça, c’était pas de faire du mal à des inconnus, mais bien que cet homme qui était mon géniteur finisse par assumer la merde qu’il avait semé. Il avait blessé ma mère, il avait laissé une femme seule avec une fille dont elle devait assumer la charge. Mon père n’assumait pas, il ne me prenait pas en vacance, il ne m’emenait pas au zoo, il ne me faisait pas les devoirs, il ne m’avait pas appris à me défendre, il ne m’avait pas appris les règles de politesses, transmis ses valeurs, donné l’amour qu’il pouvait ressentir pour ses autres enfants. Rien, pour lui, j’étais une erreur sans doute, une erreur qu’il se contentait de nourrir en donnant de l’argent à ma mère régulièrement. J’étais un compte en banque, un numéro et il avait acheté le silence de ma propre mère pour que jamais je ne soit au courant de rien. Comme quoi, ses efforts n’avaient pas payé. Voilà où nous en sommes. Lui, il n’est pas au bout de ses peines. J’avais tout de même l’impression que Maze vivait la nouvelle comme un séisme. C’est bien elle qu’il allait border tous les soirs et à qui il déposait un baiser sur le front avant de lui dire bonne nuit. Forcément, elle devait sans doute penser depuis toujours qu’elle avait le père idéal. Un monde entier qui est remis en question.
Elle tremblait en me remettant le courrier, sans que je ne comprenne réellement pourquoi, elle n’avait pas vraiment besoin de lire les résultats sur une feuille blanche pour comprendre que je n’inventais rien, si ? Mais puisque ça lui semblait nécessaire… « Si, c’est génétique. Comme la mauvaise foi et l’arrogance apparemment. Dommage. » Je levais les yeux au ciel, la susceptibilité semblait ne pas être de famille par contre, je lui laissais cette part pour elle.
Le courrier entre mes mains, je le parcours en diagonale, ne comprenant pas réellement ce que voulaient dire ces enchaînements de mots, de chiffres, de lettre mais la conclusion était ce qui nous intéressait. Au moins, c’était accessible. Voilà, noir sur blanc, il était bien indiqué que nous étions de la même famille. Demie-sœur, au vu du pourcentage d’ADN que nous partagions. Alors que mon doigt indiquait clairement à Maze où elle devait regarder, mes yeux étaient posés sur son visage qui se décomposait. Elle avait donc réellement besoin d’une preuve scientifique. Tout devait prendre sens pour de bon et à un moment, j’avais presque pitié d’elle. Elle ne laissa aucune chance au cocktail qu’elle avait sous les yeux en l’enfilant d’une traite juste devant moi. Au moins, ça a le mérite d’être clair, elle arrivait mieux à avaler l’alcool que la nouvelle… « T’y peux rien et moi non plus… » Moi qui m’attendait finalement à ce qu’elle s’en prenne à moi, comme si, j’étais aussi la coupable dans l’histoire. « Maintenant on peut soit décider d’en savoir plus l’une sur l’autre…soit s’écharper jusqu’à ce que mort s’en suive. » a entendre ces mots, je prenais alors conscience que c’était ridicule de s’en prendre à elle. Je relâchais les épaules et m’enfonça dans le fond de mon siège – bien confortable et encore heureux, on payait sans doute la chaise en prenant une consommation ici. « Comment ça s’fait que t’es à Brisbane ? » que je demande, sans pour autant répondre à son invitation, mais au moins, je lui montrait que je m’intéressais quand même à elle. Si Maze était à Brisbane, alors que notre père était en Angleterre, qu’est-ce qui avait bien pu l’amener à croiser mon chemin, dans ma ville … parfois, le hasard… Je sais qu’il n’existe jamais de hasard.

Maintenant, devant des preuves qui semblaient être irréfutables, Maze semblait moins me prendre pour une tarée sortie de nulle part. Elle faisait moins la maline là, obligée de constater que j’avais raison. Elle s’y était sans doute préparée de toute façon, y avait aucune raison que j’aille jusqu’au test ADN si je n’avais aucune certitude de ce que j’avançais.
J’attends une réaction de sa part, mais il y a pas grand-chose. Elle accuse sans doute le coup, elle remet peut être toute sa vie en question, j’en sais rien. Moi, a part de la colère, surtout vis à vie de la manière dont il avait traité ma mère et de la malhonnêteté dont il avait fait preuve envers moi pour vouloir à tout prix cacher la vérité, je n’avais aucune espérance. Je n’avais pas vraiment connu mon père, du moins, je n’avais pas grandi avec lui. Il est resté trois ans avec ma mère, tout avait été bien trop rapide, ma naissance, je doute qu’elle ait été vraiment prévu, j’en ai jamais touché un mot à ma mère, mais j’ai aucun souvenir d’être le fruit d’un amour inconditionnel. Si ça s’trouve, je suis juste un accident. Ma mère a toujours été très ouverte, du genre hippie et elle a surtout tendance à se dire que toute vie humaine mérite d’être aimée et de vivre. Elle a du penser la même chose le jour où elle a appris qu’elle était enceinte. Elle s’est même pas posée la question d’un avortement, parce que c’était comme un cadeau du ciel, peu importe si avec mon père, c’était l’amour fou ou pas, peu importe s’il était que de passage en Australie – enfin, un long passage quand même. Et il faisait quoi, pendant tout ce temps, de sa « vraie » famille, hm ? J’m’en fou.
Par contre, je dois avouer que c’est surprenant, qu’elle soit ici. Peut être que son père lui avait dit qu’il avait vécu en Australie, quand elle était gamine, peut être qu’elle avait toujours voulu faire comme lui, qu’elle aussi, elle voyagerait loin, qu’elle verrait du pays. Si ca se trouve, c’est lui qui l’a inspiré toute sa vie et qui l’a poussé à suivre ses traces. Qu’est ce qu’elle faisait là, Maze, hein ? C’est pas pour venir à la quête de sa nouvelle famille, c’est sur. « J’ai saisi une offre de travail qu’on m’a proposée. C’était une opportunité à ne pas manquer. » du piston ? Elle bosse pour la boite de notre père ? J’dois dire quoi ? Son père, notre père ou mon père ? Son père.  « Aujourd’hui je travaille dans l’organisation de mariages. » je réponds avec un hochement de tête, surement intéressant comme taf, elle met les pieds dans les églises pour célébrer l’amour, j’met les pieds dans des églises abandonnées pour parler aux morts, un point commun non ?  « Et toi ? Dans quoi tu bosses ? »  je jette un œil vers le bar, voyant les prix qui clignotent au-dessus de la serveuse, je bosse pas assez pour me payer un verre, c’est ça, la réponse. « J’suis game master. » est-ce qu’elle sait au moins c’que ça veut dire ? Pas sûre. « J’travaille dans un escape-game, c’est du divertissement. » flemme de rentrer dans les détails. « J’espère qu’organiser des mariages, ca paie mieux que voir des gens galérer à sortir d’un pièce en moins d’une heure. Pourquoi, t’as choisi de venir ici ? » ca, c’est une vraie question. Est-ce que c’est dans ce genre d’endroit qu’elle traine le plus ? Elle a pas l’air de quelqu’un qui peut tant se le permettre.

« Je connais. » j’ai un mini recul, par reflex. Comme si ca pouvait être étonnant qu’elle soit pas au courant de ce que pouvait être un escape game. Moi, j’ai juste cherché à ce qu’elle comprenne ce que je dise, mais très bien, si elle connait. Faut dire, si elle est organisatrice de mariage, elle doit savoir pas mal de chose de l’évènementiel et du divertissement. Si ca se trouve, elle organise des escape game live pour les grosses soirées qu’elle gère. Si c’est ça, j’veux bien l’aider, j’suis sûre que j’en connais un bon rayon et j’pourrais même m’associer avec elle, pour les enterrements de vie de jeune fille, ou de garçons, les sessions urbex c’est plutôt une bonne expérience, ou alors pour tirer les cartes. Est-ce que ça vaut la peine de se marier ou est-ce qu’il est pas tant de faire déjà demi tour ? J’vais lui proposer ça, tien. Enfin, pas tout de suite… faudrait pas qu’elle pense que j’suis qu’une opportuniste… hm. « J’imagine que tu dois avoir ton lot d’histoires ridicules à raconter avec tous les clients que vous voyez passer. » un sourire amusé s’affiche sur mon visage, ah ça oui, j’en ai des choses à dire ! « Des clients qui se font passer pour cardiaque pour pas qu’on leur fasse trop peur, par exemple… » du vécu, pour de vrai ! Mais j’ai une tonne d’anecdote à raconter, en dehors de ça, qui sont bien plus drôle. « Certains mariages sont si galère à organiser que je pense qu’on pourrait en faire un scénario d’escape game. Ou une murder party peut-être. » Elle attire mon attention. Me redressant sur mon siège, j’avais une toute autre posture qu’à mon arrivée, plus ouverte et moins enclin à vouloir me barrer aussitôt. Je suis pas en train de dire que j’allais rester jusqu’à pas d’heure, juste que la conversation prend une tournure que j’avais pas imaginé possible. « j’ai jamais fais de murder party… » j’suis sûre que ce serait exceptionnelle dans un domaine avec un château abandonné ou une usine désaffectée. « Mais si t’as des expériences à partager, on pourrait peut-être trouver un business à monter. » tien, on en était là ? A faire des plans sur la comète ? Maze ne sait pas une chose : je suis pas fiable. Faudrait pas qu’elle gobe un seul mot de ce que je dis, j’ai toujours beaucoup d’idée et moins de motivation quand il s’agit de vraiment se lancer.
« Y a des chances. Y a que des gens riches pour demander aux autres d’organiser leur mariage à leur place. Ca veut pas dire que je le suis aussi pour autant. Riche. » bon, ca a au moins le mérite d’être clair. C’était peut être pas la question que je lui avais posé, mais oui, le Sixteen Antlers, c’est la première fois que je met les pieds ici ,sa réputation le dépasse et à aucun moment j’avais pensé que j’viendrai y boire un verre dans ma vie. Il faut une première à tout. « On va être obligé de se relever les manches pour faire la plonge alors ? » parce que, j’ai pas plus de fric qu’elle et même si elle est pas riche, elle est surement mieux payée que moi. « Et je suis venue là parce que c’était le seul bar déjà ouvert à cette heure-ci. Un café c’est sympa, mais ça sert pas souvent de l’alcool. » on trouve toujours une pinte de bière quand on cherche bien. « Et j’avais vraiment besoin d’un verre d’alcool. » c’est tout l’effet que j’lui fais ? L’envie d’ivresse. « Et d’une paire de gants de boxe aussi peut-être, je sais pas. » « tant que c’est pas pour me frapper. » j’hausse les épaules. « on est pas obligée de se ruiner pour boire. » oui parce que pardon, mais le coup du verre c’est plus cher qu’une bouteille en elle-même. « J’habite pas loin. » c’est pas vrai, j’suis à l’opposé d’la ville, mais c’est pas parce que c’est Maze qu’elle a droit à un pass VIP dans la caravane, même ça, elle a pas besoin d’le savoir. Par contre, Cait… « enfin, comme tu veux. J’veux rien t’imposer. »

« Sérieusement ? Mais ils choisissent le scénario donc…ils payent pour se faire peur et…se défiler par la suite ? » La cadette hausse les épaules, parfois, il arrive qu’ils viennent sans trop savoir où ils mettent les pieds, souvent quand c’est quelqu’un d’autre qui fait la réservation ou que c’est pour un évenement festif. Les anniversaires, les enterrements de vie de célibataire… « les gens sont pas toujours drôles. » pour autant, la brune aime s’adonner à un certain sadisme et ne pas trop suivre leur remarques « Je pense que j’aurais été un peu frustrée à la place du game master. » « ca veut pas dire que je les écoute toujours… et jusqu’à présent, jamais personne n’a fait de crise cardiaque pendant un jeu. » jusqu’au jour où… oops.
Jina confesse n’avoir jamais participé à de Murder Party, pas forcément le genre d’événement organisé par sa boss, simplement parce qu’elle n’y connait rien en événementiel et qu’elle a repris, il y a quelques temps la place de son père. De quoi agacer Jina qui connait bien mieux le travail qu’elle et qui pourtant, n’embauche pas autant de dollars à la fin du mois. Si seulement, elle pouvait prendre sa place ! Si Maze avait de quoi combler ce manque à gagner, pourquoi pas ? Mais la jeune Crawley n’était pas forcément sincère dans sa démarche, elle se contentait surtout de faire la discussion et de tester celle qui était à présent, sa sœur. Maze ne comprenait rien à cette proposition, un petit sourire se dessina sur le visage de Jina. Elles n’en étaient pas là, véritablement. « Heu…oui j’imagine qu’il y a certainement un projet à réfléchir. » L’ainée, dubitative, devait sans doute répondre par simple politesse. Elles deux savaient bien qu’aucun projet n’allait naitre de cette conversation. « On pourra toujours en reparler mais je pense qu’on a peut-être d’autres sujets à aborder avant celui-là. » ou quoi que, elle ne semblait pas totalement fermée… enfin, elle apprendra bien à ses dépends qu’elle ne pourrait pas trop faire confiance à Jina lorsqu’il s’agit de s’engager dans des projets serieux. Elle avait toujours des plans sur la comète et pour finir, jamais rien ne se concrétisait. « Je t’avoue que j’ai l’impression d’avoir un million de questions à te poser sur ta vie…sur notre père…et pourtant, en même temps, j’ai vraiment envie de t’en poser aucune. » le décor était planté. Jina hochait la tête, compréhensive, elle-même avait un milliard de pensées contradictoires. Elle qui s’était mise dans une posture de rejet puis d’ouverture, puis de réserve… pouvait-elle lui reprocher de ne pas vouloir s’intéresser plus à elle ? « T’as mon numéro, ça viendra quand ça viendra. » et vice versa. Elle s’était bien décidée à la rencontrer après plusieurs semaines sans donner aucune nouvelle, c’est qu’elle devait avoir besoin de temps pour assimiler chaque information. Normal.
Jina regardait autour d’elle, ce lieu où elle n’avait jamais mis les pieds avant ce jour, ce sol qu’elle n’avait jamais pensé fouler un jour… elle avait déjà mal au cœur à l’idée de devoir débourser plus de vingt dollars pour un cocktail. « Ça ou bien un restaurant basket. Les deux options sont envisageables. » elle se redressa sur sa chaise, Jina. Il faudrait sans doute pas lui proposer deux fois. Même si elle portait déjà le mot coupable sur son front, elle se laisserait bien tenter. « j’suis déjà grillée, mais pourquoi pas. Par contre, chacun pour soi, si tu te fais prendre, je me barre quand même. » est-ce qu’à l’inverse, elle lui en voudrait de la planter là ? Possible. Mais, aucune des deux ne se fera arrêter, suffisait de partir, l’air de rien, non ? La jeune femme proposa d’aller poursuivre cette conversation à quelques pas d’ici, soit, chez elle – enfin, chez Cait – où elles pourraient prendre le temps, sans avoir à vendre un reins en échange. Elle regrettait sans doute déjà cette proposition et à vrai dire, elle s’attendait à ce que Maze rejette l’invitation « Heu oui. J’imagine que c’est une solution envisageable aussi. » ah. Raté…
Jina, attirée par un bruit derrière elle se retourna alors. « Oh wow. » fit-elle en se tournant à nouveau vers Maze. « Derrière nous, il y a Aaron Finch, c’est un joueur de cricket de l’équipe nationale d’Australie. Ce mec est un tueur, c’est le capitaine d’équipe. En plus d’être très bon, il est aussi très mignon. Je sais pas ce qu’il fait à Brisbane, il vient du Victoria… mais bon, peut être qu’il y a une compétition dans le coin en ce moment. Et bon, j’imagine que ça doit bien gagner, c’est pas étonnant qu’il vienne ici plutôt que d’aller dans un vieux pub miteux de Redcliffe. Je crois qu’il commence à se faire vieux, il devrait bientôt prendre sa retraite… si seulement j’pouvais prendre ma retraite avant quarante ans aussi… » qu’elle souffle en se rendant compte qu’elle s’était un peu perdue dans ses pensées. « désolée. » elle faisait les gros yeux, pourtant pas forcément spécialiste du cricket, mais sa mère aimait ce sport en particulier, ca doit sans doute y être pour quelques choses. « Bon, on court ? » la proposition était-elle serieuse ?

Jina s’était pris l’annonce de cette famille secrète comme un tsunami et personne n’avait l’air étonné de l’apprendre à part elle. Elle avait reçu cette information si violement qu’elle avait jugé bon de partager sa colère envers Maze. Comme si, elle était responsable de cette trahison de la part de son père. Comme si Maze était la source de cette souffrance dont avait eu à faire face sa propre mère. Et puis, toutes ces années de silence, ces années de cachoterie, son père avait acheté sa mère en lui versant de l’argent chaque mois pour qu’elle ne touche pas un seul mot à Jina de qui il était vraiment. Elle avait grandi dans un mirage et la vérité faisait mal. Elle n’avait pas su contrôler toute cette frustration quand Maze s’était retrouvée devant elle, qu’elle avait compris, elle avait dégueulé à ses pieds la vérité, comme elle n’aurait jamais apprécié l’apprendre. Elle ne s’en voulait pas pour autant, elle assumait sa réaction et était persuadé que n’importe qui aurait réagit comme elle. Elle demandait un peu de compassion. Mais à présent, elle savait que Maze était, au même titre qu’elle, une victime et faisait partie des dommages collatéraux des histoires de leur père. Il était inutile de se battre à contre courant. Au mieux, elles feraient ensemble, au pire, elles ne feraient rien et cette conversation serait la dernière. Mais Jina n’avait pas la volonté de se battre contre Maze. Elle n’avait qu’à aller à son rythme. « Merci… »
La proposition de consommer et de partir sans payer était alléchante. Jina n’en serait pas à son premier coup d’essai, bien qu’il lui était déjà arrivé de se faire rattraper avant de pouvoir vraiment se volatiliser, mais chaque tentative était bonne à prendre. Par contre, chacun pour soi, Jina ne plonge avec personne. : « Ha oui ? Y a déjà plus de soutien fraternel qui vaille entre nous alors ? Les liens du sang ne signifient donc rien pour toi ? » très bonne comédienne. Elle pourrait l’applaudir et lui donner une pièce pour la performance mais ça prend pas. La Crawley numéro deux fit légèrement distraite par l’arrivée de ce joueur de cricket et s’était sentie obligée d’expliquer à Crawley numéro qui il était et en quoi c’était fou qu’il soit là. Mais, la grande sœur ne semblait pas aussi emballée qu’elle à l’idée de voir celui qui semblait lui être totalement inconnu… ? « Heu…ok ? Tu veux qu’on aille lui demander son numéro ou bien ça ira ? » elle vira rouge, Jina et se tassa sa son siège en refusant la proposition d’un signe de la tête. « T’es donc une fan de cricket ? » « maman l’est, en réalité… » alors forcément, elle s’était longtemps tapée les matchs à la télévision, parfois même en vrai et elle entendait souvent parler des exploits de Finch. Mais ce n’était pas le moment de s’étaler. Jina revenait très rapidement aux moutons. Alors qu’elle proposait à Maze de partir en courant, voilà que celle-ci se leva avant même de répondre. Oh, ok, maintenant ?! Jina était prête à se lever à son tour quand elle vit Maze fouiner dans son sac à main. « Dans d’autres circonstances, je l’aurais peut-être tenté. Mais là, on est dans un endroit où je suis amenée à revenir dans le cadre de mon boulot du coup je préfère pas tenter le diable… » comme elle voulait, c’était compréhensible, elle hocha la tête, mais elle avait prévenu, elle n’avait pas les moyens de payer. « Je te promets qu’il m’arrive d’être plus fun que ça parfois. J’aurais des amis à te présenter pour en témoigner. » « des amis adepte au resto basket ? » qu’elle lance, sur un ton amusé. « j’suis curieuse de voir le genre de fréquentation que t’as ! » elle suit Maze jusqu’à la caisse pour pouvoir payer leurs consommations. « j’te remercie. » fit-elle avant même que l’invitation ne soit officielle, lui coupant l’herbe sous l’pied.
La brune laissait Maze payer et fit signe qu’elle attendrait à l’extérieur. Elle allait donc prendre l’air pour attendre de voir si MC1 (madame Crawley 1) allait réellement accepter de la suivre chez elle.