it doesn’t have to be a world away
@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

« Mais ça l'est. Dans cette économie et avec ces salaires de merde, c'est du suicide de pas l'être, même. » Je hoche la tête de manière convaincue, si si c'est vrai, j'y crois, et te dis pas que parce que j'ai un bel appart et un job relativement stable que je flippe pas pour la suite. Dans ma filière, on est dispensables à souhait, et la tech fait que plus rien n'est révolutionnaire. Demain, tout ça peut s'envoler. « Plus ça va plus j'ai de respect pour les travailleurs d'OnlyFans, franchement. Tu sais combien de fois j'ai voulu laisser tomber le vin et me reconvertir ? » Je sais pas trop si j'y crois ou pas, je balance ça comme ça, je m'imagine envoyer des nudes à des inconnus contre du fric et ça me paraît faisable mais je m'imagine surtout à devoir m'habiller et m'entretenir tous les jours pour que ça soit rentable et d'un coup, c'est l'enfer. Ma vie de salariée en pyjama me convient très bien. En parlant de jobs tu enchaînes sur le tien, tu démens mes espoirs les plus fous et je laisse bien afficher une moue déçue : « Merde, franchement t'abuses, je comptais sur toi. » Allez, quoi, Spence, pimente ma vie en foutant une raclée à des vieux riches. « Mais...ils te laissent… près de l'alcool, et tout ? » Toujours la même question qui revient, est-ce qu'une addiction peut être aggravée par un produit de substitution, j'ai pas eu le temps de me renseigner entretemps. Qu’importe : t’as retenu le cocktail de l’autre fois, même que tu l’as identifié, et t’es prête à le refaire si je viens te voir. « Tu m'as conquise à Moscow Mule. T'offres ta tournée si je viens ? » Pour une soirée, je peux prétendre vivre une vie de faste et de strass et balancer cent balles dans des jeux de hasard, pourvu que tu m’offres un verre. « T’es en uniforme et tout ? » Je joue des sourcils, souris à l’idée que tu ressembles peut-être à un pingouin dans un truc trop grand pour toi, mais je le garde pour moi, histoire de mieux me moquer si c’est le cas. Nouvelle gorgée de ma nière et je te tape sur la cuisse pour attirer ton attention : « Tu te souviens de la fois où on a pris une cuite et j'ai fait croire à tout le monde que j'étais la petite nièce de Cher ? Ça passait tellement crème. C'était une super idée de business, n'empêche. Tu pourrais être mon associée et tu te déguiserais en Cher. 50/50 sur les bénéfices. » Je parle, je parle trop pour mes habitudes, c’est presque suspect, peut-être que c’est pour éviter la conversation que je sens s’approcher et qui est de ma propre faute. Mais voilà, toi tu comprends pas, ou tu veux revenir dessus, je sais pas, et tu te rapproches.
Tu te rapproches davantage et putain, nos visages sont à ça de se toucher, j'ai qu'à pencher la tête pour trouver tes lèvres avec les miennes, je sais pas ce qui me retient. Je suis à ça de m'évanouir, ou d'hyperventiler, au choix, et pourtant ça a du sens, tout ça, nous ; mon corps veut se rapprocher tout seul et c'est mon esprit qui le contrecarre et me force à poser mon front contre le tien, plutôt. Soupir tremblant. « Me dis pas ça, Spence », je murmure pour toute réponse, en plein conflit à l'idée de m'être interrompue, putain pourquoi j'ai fait ça, ce serait tellement simple de tout envoyer balader et de t'embrasser, te prendre dans mes bras, m'offrir entièrement à toi. Mais voilà, j'ai peur. Quelle conne. Nos fronts se détachent et je me rabats brusquement dans le fond du canapé. « Me le dis pas si tu le penses pas. » La possibilité est bien réelle ; peut-être que t'es sous le coup de l'émotion, que t'as besoin d'un contact humain après trop de temps sans. Qui sait ? « Ou si tu penses qu'il y a même une toute petite chance que tu restes pas. » Parce que c'est surtout ça, au fond ; c'est moins un doute sur ce que je veux et plutôt sur ce que tu risques de faire, si tes plans capotent, si tu trouves pas ce que tu veux ici. Est-ce que tu pourrais te barrer une nouvelle fois ? Est-ce que j'aurai la patience de t'attendre, même ? « J'ai su recoller les morceaux une fois, mais je saurai pas le refaire à nouveau. » Une partie de moi va en crever, c'est sûr, je sais pas laquelle mais tout en moi est déjà tellement mal en point que je préfère pas parier. « En plus j'avais craché dans le moscow mule que je t'ai donné l'autre jour. » Voilà, c'est dit. Un poids de moins sur ma conscience.

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Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Tu glousses un peu nerveusement quand elle parle d’OnlyFans et de tout le reste. T’as étudié l’option, toi aussi. Plusieurs fois même, mais t’as jamais vraiment sauté le pas, trop compliqué à gérer dans ta situation. « Tu pourrais gagner carrément plein de thunes avec ça. » tu plaisantes à moitié, pas vraiment à l’aise à l’idée qu’elle puisse vendre des photos de ce genre. Elle trouverait sa clientèle, t’as pas de toute là-dessus, mais t’as pas envie de savoir que n’importe qui puisse avoir accès à tout ça. « Mais tu sais quoi, si je gagne assez avec ma future carrière, j’nous entretiens toutes les deux. » tu ricanes. Mac joue la déception sur ta non-carrière de videuse. Tu ricanes. « Je vais m’inscrire dans un ring clandestin si tu veux, j’pourrai te dédicacer tous les culs que j’vais botter. » l’alternative à la Fight Club peut être pas mal. Vu les gueules cassées que tu fréquentes parfois, t’es sûr qu’au moins l’un d’eux a déjà mis les pieds dans un endroit comme ça. « On bosse en binôme, du coup a toujours quelqu’un avec moi, j’ai pas tellement le temps de m’enfiler des verres. Ou même d’y penser en fait. » tu sais pas vraiment si ça la rassure, mais tu fais au mieux. L’alcool, tu gères à peu près. Au moins tant que tu te sens pas trop mal. « J’t’offre tous les verres que tu veux. » t’as sans doute pas le droit de faire boire des clients à l’oeil, mais tant pis. T’es prête à retirer toutes ses consommations de ton salaire s’il le faut. « Par contre je veux rien entendre sur la tenue, c’est un enfer à porter. » le veston et le nœud papillon à la con qui te donne l’impression d’étouffer et de ressembler à un majordome ou un truc du genre. Tu sais pas comment font les gens qui portent ce genre de vêtements dans la vie de tous les jours, clairement. Elle évoque un souvenir et ça te rappelle vaguement un truc. « Mais elle est pas genre super grande, Cher ? J’suis plutôt certaine que la supercherie durerait pas longtemps. » parce que toi et ton mètre soixante à peine dépassé, ça impliquerait d’avoir des talons un peu trop hauts et casse-gueules. « Si on peut se faire un peu d’argent quand même, je marche. » même si réellement, t’as juste envie de passer un peu de temps avec elle.
Tu sais pas ce qui te prend, si c’est la fatigue ou la proximité, mais tu ressens ce besoin d’être plus proche encore. Une semi confession plus tard et le moment dure, un peu trop longtemps, pas assez, t’es pas sûre. Y a son souffle sur ton visage et vous êtes si proches que tout ce qu’il manque, c’est un peu de courage pour franchir la dernière barrière. Et t’es à ça de le faire, vraiment. Tu réfléchis plus vraiment et il te faut quelques instants pour te rendre compte qu’elle a collé son front au tien. Tu fermes les yeux, essayant de reprendre un minimum de contenance alors que t’as encore la tête qui tourne après tout ça. Tu sais pas si elle te croit pas ou si elle préfère ne pas y croire. Bien sûr qu’elle a des doutes sur ta prétendue bonne foi, bien sûr qu’elle préfère ne pas accorder trop de crédit à ce que tu racontes. Elle s’écarte et se cale plus loin dans le canapé, toi tu laisses brièvement tomber ta tête en avant. Ca te laisse un peu de place pour réfléchir à tes actions. « J’ai jamais été aussi sérieuse. » à peine plus haut qu’un murmure, encore un peu étourdie par ce qui vient de presque se produire. Et cette soudaine distance qu’elle vient de mettre entre vous te fait l’effet d’une douche froide. Elle se protège de toi et elle a bien raison de le faire. T’as brisé un truc quand t’es partie et tu sais pas si c’est le genre de chose qui peut être réparé un jour. Tu déglutis et t’as soudainement l’envie de fuir, encore. Pourtant elle est toujours là et sans doute que tu dramatises un peu. « Mac, tu t’rends pas compte de- » de ce qu’elle te fait de part sa simple présence. Dans le fond, t’as pas le droit d’être aussi égoïste et d’attendre quelque chose de sa part. Tu le sais, mais c’est plus fort que toi. Et en fait sans doute que si, elle se rend parfaitement compte de ce que sa simple présence a comme effet sur toi. Mais c’est pas une excuse suffisante pour foncer tête baissée comme ça. Merde. Tu te mords la joue et tu ravales ta tirade. Elle a raison. Tu peux pas lui promettre demain parce que tu sais pas si y en aura un. « J’aurai mieux fait de rien dire. Pardon. » tu croasses à moitié en secouant la tête. Tu l’observes encore un instant avant de coller ton dos au dossier du canapé, te redressant un peu et laissant tomber ta tête en arrière avant de porter ton regard sur le plafond. C’est plus facile que d’avoir à affronter cette vision épuisée et triste qu’elle te renvoie. Tout ça c’est ta faute et tu peux pas t’empêcher de le répéter encore et encore. Elle brise de nouveau le silence, confessant avoir craché dans la boisson donnée au nouvel an. Tu ris et c’est nerveux. Sûrement à cause de la fatigue et de l’afflux sanguin un peu trop soudain qui est arrivé à ton cerveau. Tu viens appuyer les paumes de tes mains sur tes yeux et tu secoues la tête. Toi, tu peux pas t’empêcher de repenser dans quel état elle était et à quel point t’as été odieuse à son égard. « C’était mérité. T’aurais même pu me pousser du balcon que je t’en aurai pas voulu. » tu souffles en reprenant ta contemplation du plafond. « J’aurai préféré ça que ce qui s’est passé. » et tout ce que t’as dit, et les larmes sur ses joues et tout le reste. « J’l’ai repassée en boucle notre dernière dispute, et c’est con mais je crois que je t’en ai voulu d’avoir raison. Parce que ça me rappelait juste que je pouvais pas être ce que tu voulais. Et je sais que tu me répètes que j’ai rien à envier à Margot mais… Ca serait plus simple si j’étais plus comme elle, tu sais ? » bien propre sur toi, stable, clean et droite dans tes bottes. « Merde pardon, on parle pas d’elle on a dit. » t’affiches un léger rictus en secouant la tête. « Comment c’était pour toi quand- Après ? » quand t’as décidé de prendre la fuite une fois de trop.

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On plaisante sur ton job, sur tes passe-temps futurs dans un ring underground à casser des gueules, on sourit, on rigole et c’est presque comme avant, je me dis, peut-être que ça peut suffir à tout effacer, je me marre à l’idée d’un tuxedo super taillé, je m’offusque que tu me trouves trop petite pour être la petite-nièce de Cher, l’espace d’un instant on a à nouveau vingt boules sur un coin de plage et tout ce qu’il y a en-dehors de notre bulle n’existe qu’à peine et en tout cas, on s’en fout.
Puis on retombe, brutalement, front contre front, on s’échange des paroles trop lourdes de conséquences et on évite le regard l’une de l’autre. T’es sérieuse, tu m’assures, et j’ai rien besoin de plus que de te croire, laisser le reste de côté, envoyer Margot se faire foutre. J’en suis incapable, pourtant. « Je veux pas être responsable de… » De tout, en fait, de ta consommation, d’une nouvelle fuite, parce que si ça pète je saurai pas où me foutre, je saurai pas retenir mes émotions pour protéger les tiennes, je suis trop vulnérable pour ça ; merde, déjà, t’as le droit d’être amoureuse quand t’es sur le chemin de la sobriété ? C’est pas un truc interdit, même ? Comme un répulsif, j’avoue que j’ai craché dans ta boisson l’autre soir, t’as l’air de t’en foutre parce que tu penses mériter que ça, tu te répètes que tu vaux moins que Margot, mon coeur se brise un peu plus mais je suis plus à ça près. « T’as toujours été tout ce que je voulais, tu sais ? » Je vois l’état de ma vie amoureuse actuellement, un putain de champ de bataille ; j’arrive pas à aimer Margot qui est pourtant gentille et douce et sûrement même fidèle, mais je m’entiche d’une autre nana tout aussi instable et tout aussi droguée parce que si je t’ai pas toi, autant avoir une pâle copie. J’y pense et je me hais. « Honnêtement, Spence, c’est rien, on était bourrées toutes les deux et pas dans le bon mood du tout, j’ai cru voir un fantôme et je t’ai sauté dessus, franchement y a rien qui allait ce soir-là. » Je saisis ta main comme pour appuyer mes propos, effacer les torts, dire : tu vois, c’est rien, on se sent mal toutes les deux, plus qu’à passer au-dessus. Tu veux changer de sujet et moi j’ai juste envie de revenir au-dessus, de gommer un peu mes peurs, juste ce qu’il faut pour t’embrasser, pour te signifier que moi aussi je pense qu’à ça, que c’est pas ta faute, que ça viendra avec le temps et la confiance. Mais je peux pas, parce que j’en suis même pas sûre, et j’ai pas envie de te mentir.
« C’était beaucoup d’inquiétude au début », je souffle, et moi aussi je regarde le plafond, je l’aurais jamais détaillé aussi intensément. « J’ai même considéré d’aller à Sydney et te chercher par la peau du cul, pendant un moment, genre un ou deux mois. » Parce que tes fuites étaient d’habitude bien plus courtes, ponctuelles, bien moins dramatiques et que forcément, en recevant le message, je me suis imaginée le pire. On n’était pas à l’abri d’un pétage de câble. Ce qui m’a retenue, c’était notre dernière dispute, je me suis dit que t’aurais tout, sauf envie que moi je vienne te voir, t’avais sûrement besoin d’espace, tu devais être chez des proches, en sécurité quelque part. Ca, couplé à une espèce d’amertume selon laquelle c’était pas mon problème. « Ensuite encore plus d’inquiétude, avec une espèce de résignation, tu voulais partir t’es partie, point barre, t’avais le droit et on se devait rien. » Je te reprochais ça comme une amante en colère et bafouée, alors qu’au fond j’avais rien à te reprocher, tu m’avais prévenue et t’as décidé de continuer ta vie ailleurs. « Puis ça a été beaucoup de colère. » Parce que t’avais foutu quelque chose en l’air, quand même. Parce que j’espérais plus et qu’au moment où je te l’ai dit, clairement, en toutes lettres, t’as décidé de répondre en te barrant. Parce que ma présence, mon soutien, mon envie de t’aider n’avaient pas suffi. J’y repense et ça me suffit à rager, à écumer dans ma colère dépassée, et je me rends compte que je t’en veux encore. « Mais t’es là, c’est ce qui compte. » Je vais pouvoir détacher mes yeux de tes lèvres, j’imagine, à un moment dans la soirée, j’arrêterai d’y penser et mon coeur arrêtera de se fracasser contre mon thorax, je me dirai pas merde merde merde merde merde en boucle en pensant que j’ai peut-être encore foutu un truc en l’air. « Putain, Spence », je peste dans un souffle, « tu reviens à peine et tu me retournes déjà toute entière. » Je ne sais même plus si je déteste ou si j’en redemande encore. Je me rapproche, à nouveau, mon visage plonge dans ton cou pour s’y blottir, je serre mes bras autour de toi et je reste là, moitié gosse trop grande moitié animal blessé qui cherche du réconfort. J’ai besoin de toi, de ton odeur de ton toucher, tant pis ce que ça me prend au passage. Une main libre chope la télécommande pour foutre un truc policier à la con, genre true crime, et je ferme les yeux. « Je peux juste rester comme ça ? » Je pousse un long soupir, je me force à dépasser les émotions négatives, à me contenter de ta présence et de l’assurance que tu vas rester, que t’es sérieuse. On y arrivera, doucement. Pour l’instant, j’ai juste besoin de tes bras.

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Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

L’objectif que tu t’es fixé plus tôt semble presque réalisable. Elle a pas encore pleuré mais toi t’es à deux doigts de le faire. Tu te contentes de hocher la tête sans grande conviction, mais tu comprends pourquoi elle te dit tout ça. Merde, ça devrait pas être aussi douloureux toutes ces conneries. Dans les histoires c’est toujours décrit comme quelque chose de beau, d’agréable et d’incroyable. Toi t’as juste l’impression qu’on a pris ton cœur et qu’on le presse avant de l’envoyer dans des montagnes russes. D’une certaine façon, c’est la preuve que t’es toujours en vie, que tu fonctionnes toujours et que peut-être, il y a quelque chose à sauver de tout ça. Elle te prend la main et pour l’instant, tu te raccroches à cette sensation. C’est pas rien et l’alcool n’était pas une excuse, clairement. Mais si elle préfère croire ça, tu la laisses faire. « J’ai un peu paniqué, je crois. » et tu réagis jamais bien quand c’est le cas. Tu t’es sentie acculée, tu t’es pris une vague d’émotions et de sentiments refoulés sans y être préparée.
Tu poses la question qui te brûle les lèvres. Comment c’était pour elle. Tu sais que la réponse va pas te plaire, mais t’as besoin de l’entendre. Alors elle parle de son idée d’aller à Sydney pour te chercher. Maintenant elle sait que ça aurait été très contre-productif. Puis la résignation, et la colère. Toi tu te mords la lèvre un peu plus fort à chaque confession. D’autant plus lorsqu’elle minimise encore tout sous prétexte que t’es là maintenant. Toujours fixée sur le plafond que tu vas finir par connaître par coeur, tu souris, amère. Tu secoues la tête. « Putain. » t’as cette irrépressible envie de pleurer quand t’écoutes tout ce par quoi elle est passée quand t’as claqué la porte. Tu serres la mâchoire et tu déglutis difficilement, essayant de chasser cette boule qui s’est formée dans ta gorge. « Pardon Mac. Pour tout, vraiment. » tu t’excuses encore, peut-être pour la dixième fois de la journée. Mais tu le diras autant qu’il faudra parce que t’estimes que ça sera jamais assez. Cent fois, mille fois, ça sera toujours pas suffisant. Elle se love contre toi et son visage trouve refuge dans ton cou. Et ton coeur s’arrête à nouveau pour redémarrer aussitôt. Tu glisses une main dans le bas de son dos pour la serrer fort. Tu prends ce que tu peux, ce qu’elle te donne et elle demande même la permission de rester là. Tu souffles un rire tremblant et dans sa position, elle a tout le loisirs d’entendre ta respiration irrégulière ou ton cœur qui s’accélère. « S’il-te-plait. » tu murmures doucement, n’accordant même pas un regard à la télévision qu’elle vient d’allumer. Tu l’embrasses sur le front, tes lèvres restant là un moment. De ta main libre, tu tâtonnes vers l’endroit où sont les plaids, faisant de ton mieux pour pas bouger plus que nécessaire et, finalement, tu réussis à en ramener un vers vous. Avec beaucoup de précautions, tu viens draper ses épaules, faisant de ton mieux pour l’ajuster sans trop gigoter. Machinalement, tes doigts tracent des motifs dans son dos et ton autre main vient trouver la sienne. A ton tour, tu fermes les yeux et tu poses ton menton sur le haut de son crâne. Plusieurs minutes passent et le silence s’installe, tu contemples l’idée de la laisser s’endormir comme ça. Tu lui dois bien ça après la nuit dernière. Peut-être même qu’elle est déjà partie, tu sais pas trop. A voix basse, tu ressens le besoin de lui dire certaines choses, t’as l’impression que si tu le fais pas là, t’en auras plus l’occasion. Peut-être qu’elle est déjà assoupie et qu’elle n’entendra pas, mais ça fait rien. « Quand on était gamines et que tu voulais à tout prix me parler, j’voulais me convaincre que t’étais qu’une chieuse qui m’apporterait que des problèmes. » alors que réellement, c’est l’inverse qui est vraie. « J’voulais juste qu’on me foute la paix à cette époque. Et toi t’es arrivée et t’as retourné toute ma vie. » tu sais pas pourquoi tu penses à ça maintenant. Peut-être parce que ça t’a bouffé de jamais pouvoir lui avouer tout ça. T'as besoin que ça sorte. « Je crois que je t’ai jamais remerciée, pour ça et tout c’que t’as fait pour moi. T’es la meilleure chose qui me soit arrivée, Mac. » ça non plus tu lui as probablement jamais dit. Et tu trouves ça idiot parce que c’est le genre de chose qu’elle mérite d’entendre plutôt que d’avoir à subir tes humeurs et tes décisions de merde. « Je t’aime. » t’ajoutes finalement, l’aveux inaudible à peine plus fort qu’un murmure. T’es même pas sûre qu’elle ait pu l’entendre tant ton cœur cogne fort dans ta poitrine. Puis plus rien. Tu te tais et tu profites juste de l’avoir là dans tes bras tant que tu peux. Pour maintenant, tu peux prétendre que tout va bien et que t’as pas merdé. Tu peux faire semblant qu’elle t’en veut pas. Tu peux imaginer que vous êtes plus que deux âmes esseulées sur un même canapé. « Dans ta voiture. Mon téléphone, j’crois qu’il est peut-être là. » ou peut-être pas. Tu pourras vérifier plus tard, mais pas pour le moment.

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@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

Le calme revient dans l'appart mais je me sens tout, sauf calme, tu me dis que t'es sérieuse, tu t'excuses encore pour ton départ, tu me prends dans tes bras comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et j'entends ton cœur tout donner contre ta poitrine et le mien se calque au rythme, parce qu'il n'y a pas de raison qu'il y en ait qu'une qui panique. Mon regard est perdu sur la télévision mais mon attention est partout sauf à l'écran ; elle est sur le front que tu embrasses une seconde de trop, sur la main qui trace des arabesques dans mon dos et qui propage des frissons sur tout mon corps. Je me sens stupide et surtout stupidement faible, de me sentir si bien ici alors que d'un moment à l'autre tu peux repartir. Tout est redevenu trop naturel, trop beau en quelques jours à peine et je devine sans peine que si tu repartais, là maintenant, les dégâts seraient plus dévastateurs encore. Je sais même pas comment je ferais, sans toi, comment j'ai fait pendant deux ans, ça me semble un souvenir lointain et éthéré, dangereusement simple à oublier. Tes mots sortent d'ailleurs, d'une partie de moi que je refoule depuis trop longtemps peut-être, cette partie qui a soif de ton amour, de ton attention, qui rêve de promesses qui ne se disent pas. Ils me touchent en plein cœur, ils finissent de m'achever de tachycardie ; toi aussi, t'es la meilleure chose dans ma vie, si je le savais pas jusqu'ici au moins je suis sûre de plus l'oublier. C'est doux et dangereux, ça me tue et ça me fait du bien. Subrepticement, ma main caresse ta taille, l'autre saisit la tienne plus fort, je suis trop enfoncée dans mon demi-sommeil pour te répondre à voix haute mais bien sûr, que je t'aime. T'es parfaite, franchement, peut-être que sous la loupe de ton ego tu te penses carrément ratée mais je m'en fous, t'es parfaite pour moi. Je me demande combien de fois en une soirée c'est possible de me faire violence et de me planter les dents dans l'intérieur de la joue pour m'empêcher de me redresser et t'embrasser. Je sais que c'est la pire idée possible, qu'y laisser court est pas loin d'être un suicide amical au mieux, mais pour l'instant j'en ai rien à foutre et si tu m'arrêtes pas il n'y aura bientôt plus rien pour m'arrêter. Nos mains se défont pour que la mienne puisse glisser jusqu'à ta joue, saisisse ton cou très légèrement. J'ai l'impression d'avoir treize ans à nouveau, des gestes maladroits et aucune connaissance de toi, de ce que tu veux et de ce que je peux m'autoriser, je tremble même, j'ai peur de trop en faire sans savoir m'arrêter. Arrête-moi, je t'en prie, dis-moi que c'est trop, qu'on court droit dans un mur, tu me sors un truc sur ton portable et mon cerveau réagit à peine, genre ah, elle l'a retrouvé, cool et je pense à tes lèvres et à tes mots et à rien d'autre. « Cool », je lâche et ma voix déraille pour produire un bruit de chat étranglé. Cool, cool, cool. « Tu veux aller voir ? » C'est complètement ridicule à force, nos visages sont à deux centimètres et demi de distance, mes yeux sont fixement rivés à tes lèvres et pourtant j'essaie d'entretenir une conversation sur la localisation de ton portable, à mille lieues de mes véritables préoccupations. Mais soit, allons fouiller ma voiture, si tu veux. Ma main se détache de ton cou et trace ton visage, plutôt, de tes sourcils à ton nez jusqu'à tes lèvres, mon doigt les frôle sans oser les toucher vraiment, trop timide, trop farouche. « Embrasse-moi », je demande, et impossible de savoir si c'est vraiment moi qui le demande ou une voix inconnue ou alors si je l'ai pensé très fort mais sans le dire. Je relève un peu les yeux pour découvrir les tiens étonnés, et j'ai peur que t'objectes, que tu me dises que finalement non, le portable est vachement plus intéressant, alors j'ajoute : « S'il te plaît. » T'as le droit de dire non, tu peux même aller récupérer ton téléphone, je m'en fous, je ferai semblant de rien avoir dit et de pas trop m'en vouloir. Tout ça, c'est chill.

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Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Tu sais pas où tu trouves la force de tout balancer comme ça. D’une certaine façon, tu te convaincs qu’elle dort et que tu parles seule alors ça rend la confession plus facile. Et tant pis si ta seule réponse c’est les voix étouffées de la télé dans le fond, et tant pis si elle n’a rien entendu. Tant pis. Si elle revient dans ta vie et même si c’est comme avant, si tu dois supporter Margot et ses jugements, tout ça, t’es prête à l’accepter. Enfin c’est ce que tu crois, parce que dans les faits, tu vas flipper dès la moindre difficulté et ça va rejouer comme un disque rayé. Les mauvaises habitudes, les sentiments trop envahissants, ça disparaît pas comme ça. Tu veux faire l’effort et t’as envie d’y arriver mais la vérité, c’est que tu sais pas si t’en es seulement capable. Y a sa main dans la tienne qui réagit et l’autre qui se visse sur ta taille. Tu réalises alors qu’elle ne dort sûrement pas et qu’elle a tout écouté et, tu sais pas si t’es soulagée ou si t’es terrifiée à cette idée. Sans doute un peu des deux. T’attends pas forcément de réponse ou de réaction, toi tu peux juste te contenter de la garder là encore un peu. Tu parles de ton téléphone et de son emplacement probable. Mais tu t’en fous et sûrement qu’elle aussi. L’objet est secondaire, tertiaire même. Et si tu rates un appel ou deux alors tant pis. Ses doigts sur ta joue puis sur ton cou t’empêchent de formuler la moindre réponse. Alors tu fais non de la tête, presque trop doucement pour que ça soit perceptible. Tu déglutis et t’as l’impression d’être à bout de souffle alors que vous avez rien fait. Putain non, tu veux pas bouger. Surtout pas. Même si tu tiens toujours à récupérer ton téléphone, t’as pas prête à faire le moindre mouvement pour aller le chercher. Parce que ça impliquerait forcément de se dépêtrer de la position dans laquelle vous êtes actuellement et merde, même si tu le voulais, t’en as pas la force. Y a son souffle sur tes lèvres et ses doigts sur ton visage et chaque contact te fais frissonner. Tu fermes les yeux et tu peux pas t’empêcher de penser que tout ça, t’aurais pu l’avoir bien avant si t’avais pas déconné et si t’avais eu un tant soit peu de courage. Sans doute que t’as mal entendu, parce que t’arrives pas à croire que c’est vrai et qu’elle vient de demander ça. C’est ton esprit qui te joue des tours à cause du manque d’oxygène. De toute façon ton cœur qui cogne trop fort et résonne dans tes oreilles, tu peux rien entendre dans ces conditions. Tu rouvres les yeux pour croiser les siens et merde, t’oublies comment respirer pour de vrai cette fois. La supplique a à peine quitté ses lèvres que les tiennes viennent la remplacer. Peut-être qu’elle va se rétracter, peut-être que t’as imaginé tout ça et que t’es dans un foutu rêve en train de faire une overdose ou tu sais pas. Et peut-être que tu réfléchis trop, aussi. C’est hésitant, au début. Et puis très vite il t’en faut plus, bien plus. Dans son dos, tes doigts se resserrent sur son vêtement et ton autre main vient se poser sur sa joue avant de glisser dans ses cheveux alors que tu l’embrasses. C’est urgent et désordonné, mais tu t’en fous putain. T’as l’impression que si t ‘arrêtes maintenant tu vas crever sur place. Tu te redresses un peu, juste pour trouver un meilleur angle et t’as le cœur qui va exploser. Tu sais que c’est sans doute pas la meilleure chose à faire, du moins tant que t’es pas clean et fiable, mais merde c’est plus fort que toi. T’oublies toute forme de prudence et de bon sens, pas en capacité de réfléchir plus loin que la sensation de vos lèvres qui se sont enfin trouvées après trop de temps à nier l’évidence. Tu pourrais pleurer, là. Parce que c’est tout ce que t’as toujours voulu et parce qu’il aura juste fallu que t’envoies tout chier pour enfin t’en rendre compte. « Tu m’rends dingue. » tu marmonnes contre sa bouche, le souffle court. Au diable le téléphone, au diable tout le reste. « Merde, j’aurai dû faire ça y a longtemps. » tu souffles dans un léger rire, amère de vieux regrets et de ta lâcheté. Tu sais pas vraiment où ça vous laisse tout ça, mais avant qu’elle ne puisse envisager de se rétracter pour de vrai, tu l’embrasses une nouvelle fois, bien plus doucement. Si tu voulais repartir ce matin, c'est plus le cas désormais.

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@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

Voilà, c'est tout. Ça sort comme une supplique parce que je ne sais pas faire autrement, c'est vrai ; j'ai ni le charme autoritaire ni le bagout pour m'imposer comme ça, j'ai encore trop peur que tu partes et que tu me brises à nouveau pour oser imposer quoi que ce soit. Alors peut-être que tu peux le prendre comme un défi ; embrasse-moi, si tu l'oses, si t'en as envie, et promis, je ne le prendrai pas mal si tu me rejettes. C'est la fatigue qui parle, le besoin de proximité, ta main qui génère d'agréables frissons dans mon dos alors que personne ne m'a affectueusement touchée comme ça depuis trop longtemps, depuis toi et tes gestes platoniques mais toujours un peu hésitants. Le temps se suspend, je risque de crever si tu me laisses attendre et d'un coup tes lèvres s'emparent des miennes, tes mains agrippent mes cheveux et mon haut et mon corps répond par automatisme, cherche à se réfugier près du tien, toujours un peu plus. Ma main glisse sous ton haut pour trouver ta taille mais ne va pas plus loin ; sentir ta peau me suffit même si tout mon être explose en incandescence.
Je réalise, de façon diffuse et confuse, entre une caresse sur mon dos et une main dans mes cheveux, qu'on vient de se foutre dans un truc qui nous dépasse complètement. Toi, tes problèmes d'addiction et de fuite, moi, Margot, mon manque de confiance, mon envie de te croire sans trop y parvenir. C'est un bordel monstrueux, tout ça, je sens venir de loin la couille dans le potage et les larmes, et si c'est le cas pour toi aussi tu le dis pas. Si quoi que ce soit, tu regrettes même que ça soit pas arrivé avant. « Ah ouais ? Bof. » Faut bien que je plaisante pour masquer mon trouble et le fait que ça fait genre des années lumières que j'attends ça. Nos lèvres se retrouvent, je pousse un soupir de soulagement contre les tiennes, et cette fois c'est moi qui m'accroche un peu plus à toi, parce que la douceur me suffit plus, je te veux entièrement près de moi. « Tu me rends dingue aussi », je renvoie, parce que c'est vrai, et tu mérites de le savoir, « et t'as pas idée de combien de fois j'y ai pensé. » S'il faut être sincère, autant l'être jusqu'au bout. Je crois que je t'ai dit, une fois, que j'avais un crush sur toi, on avait genre seize ans et les hormones qui partaient dans tous les sens, et j'ai un peu noyé le poisson dans d'autres sujets parce que j'avais peur que t'aies peur, que tu le prennes mal, que ça mette fin à quelque chose. Un long soupir m'échappe et je retrouve tes bras, parce que je sais que si je t'embrasse à nouveau je vais perdre le peu de contrôle qu'il me reste. « Putain, on est en train de se foutre dans une de ces merdes, je te dis même pas. » Ça m'arrache un rire nerveux, c'est pas que Margot c'est tout, c'est une myriade de problèmes qu'on n'a pas eu à considérer jusque-là et qu'on va être obligées de prendre en compte si on décide de franchir cette barrière. Ou alors, ça peut très bien s'arrêter là, c'était un égarement dans la fatigue et le trop-plein d'émotions. Je m'en remettrai un jour, sûrement. Comme brûlée par l'idée, je me redresse et repasse mes vêtements du plat de la main, osant à peine te regarder, sinon du coin de l'œil et quand je le fais, un sourire de mange-merde guette la commissure de mes lèvres. « On va chercher ton portable à la con, là, sinon j'vais jamais te laisser repartir. » Et toi comme moi, on sait que c'est pas possible. « Mais tu peux rester dormir, hein, j'te fous pas à la porte. » Tu peux même prendre le lit, je resterai sur le canapé à attendre que tu me proposes de te rejoindre. Mais ça non plus, t'es pas obligée.

it doesn’t have to be a world away
Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

C’est  une sacrée connerie, de céder. C’est foutre en l’air toutes les raisons pour lesquelles t’as décidé de partir y a deux ans et c’est aussi prendre le risque de faire pire. Mais tu penses plus à rien sinon à elle, pendant un moment t’oublies même que t’es une addict qui aura bientôt besoin de plus que ça pour continuer à fonctionner un minimum. Peut-être qu’elle a eu un moment de faiblesse et que toi t’en as profité de façon complètement éhontée, parce que t’es seule depuis trop longtemps et que Mac, c’est la seule personne avec qui t’as jamais voulu être. Tu doutes toujours pouvoir lui apporter ce qu’elle veut réellement, tu doutes toujours pouvoir un jour être autre chose qu’une meuf dépendante aux narcotiques, mais pour l’heure tu penses pas à tout ça. Y a qu’elle dans tes bras, y a qu’elle contre tes lèvres, y a que ses doigts sous ton haut et ça balaye tout le reste. Pause. T’as la tête qui tourne et tu sais sortir que des murmures éraillés. Semi-confessions s’il en faut, elle répond par une plaisanterie et t’as envie de lui répondre qu’elle t’énerve, mais pas vraiment. A la place tu l’embrasses à nouveau, comme si c’était la chose la plus naturelle à faire dans cette situation. Et ça l’est quand tu décides d’oublier tous les paramètres qui font que c’est encore une énième mauvaise décision. T'aimerais bien savoir combien de fois elle y a pensé. T’aimerais bien un chiffre précis mais ça ne servira qu’à te lamenter sur l’opportunité manquée. Parce que tu sais que t’aurais dû faire un truc avant que Margot arrive dans le paysage. T’as perdu trop de temps, comme d’habitude. Pardon, t’as encore envie de dire. L’échange prend fin et c’est trop tôt à ton goût. Mieux vaut arrêter, pourtant. Avant d’aller trop loin, avant de se perdre pour de bon. Elle exprime tout haut ce que tu veux pas dire. Tu pinces les lèvres et acquiesce en silence. « On est pas obligées de- » de rien, en fait. Elle a raison et tu le sais. Y a tellement de choses qui vont pas et qui peuvent mal tourner si ça prend trop d’ampleur votre histoire. Et tu vas t’en vouloir d’encore faire une connerie et de la blesser dans le procédé. Comme d’habitude, t’as pas réfléchi plus loin que cinq minutes plus tard. T’es encore un peu sous le coup de l’émotion et de la sensation de ses lèvres contre les tiennes ou de ses doigts sur ta peau. Ton coeur semble pas se calmer, pas encore. T’en viens de nouveau à jalouser Margot, comme ça, sans raison. T’as eu un aperçu de ce qu’elle a depuis des années pendant que toi tu t’obstinais à refouler tes sentiments et ça te fait la détester encore un peu plus. Quelle débile. T’arrives pas à terminer ta phrase parce que tu penses trop. Mac se redresse, regarde à peine dans ta direction et tu te demandes si finalement, elle ne regrette pas d’avoir demandé. Ta main abandonne son dos et tu contemples l’idée que t’as juste merdé une fois de plus, que t’aurais pas dû. Elle veut  aller chercher ton téléphone, te propose même de rester encore ce soir. « Maintenant ? » tu râles en t’enfonçant dans le canapé, ne prétendant même pas faire l’effort de te redresser. T’as pas envie de bouger et de sortir d’ici. Pas après tout ça. « Je bosse demain aprem et je heu- J’dois repasser chez moi avant. » c’est pas un refus. Pas vraiment en tout cas. Tu pourrais lui dire que t’as juste des médocs à prendre ou un truc du genre, mais elle est assez intelligente pour savoir ce que ça veut dire. Avec le soupir d'une gamine qui rechigne à aller à l'école et qu'on force à y aller, tu te résignes.
La bagnole est garée pas très loin et ça t’arrange un peu de pas avoir à crapahuter à mille bornes. Mac déverrouille les portières et tu vas jeter un oeil côté passager. Rien à première vue, jusqu’à ce que tu te contorsionnes pour aller voir sous le siège. Et effectivement, le téléphone se trouve là, ayant sûrement glissé la veille. T’essayes de l’allumer, en vain. « Il est mort. » tu grommelles en le mettant dans ta poche. Tu verras plus tard pour le recharger, pour le moment t’as plus important que ça  en tête. Tu fermes la portière et tu regardes vers Mac. Est-ce que c’est le moment où tu refuses clairement sa proposition de rester une nuit supplémentaire et que tu rentres chez toi ? En principe, c’est la solution la plus sage, parce que d’ici là, t’auras rien dans le système depuis trop longtemps et tu vas te retrouver dans un sale état, avec une humeur de merde et t’as pas envie de lui faire subir tout ça. D’un pas un peu hésitant, tu fais le tour de la voiture pour revenir vers Mac. « Ça veut dire quoi, pour nous ? » merde, c’est pas tellement ce que tu voulais demander. « J’veux dire, je sais qu’on est sans doute pas dans dans les meilleures dispositions pour tout ça et heu- Ca a pas à vouloir dire quoi que ce soit si tu veux pas. » parce que t’es encore trop instable et qu’elle a d’autres préoccupations que ta petite personne. Dans l’histoire, c’est tout de même elle qui a le plus à perdre.

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Je regrette déjà d'avoir brisé l'instant alors qu'on s'écarte ; rien ne m'obligeait à nous ramener au présent et à la réalité de nos situations chaotiques, et pourtant je l'ai fait. Réflexe de survie, sûrement, à moins que ce ne soit la peur qui me domine. J'en sais rien et j'ai tout, sauf envie d'y penser, j'ai juste besoin de retrouver tes bras ta peau ton contact ton envie parce qu'il n'y a qu'en elle que je me retrouve. Je me sens enfin moi-même sous ton regard qui me jauge et me désire et j'ai absolument aucune envie d'arrêter. Surtout pas pour aller chercher ton portable. Et c'est ce qu'on fait, pourtant, parce que j'ai décrété que si on commençait on allait jamais s'arrêter, j'allais tomber dedans sans retour possible, si on allait plus loin je pourrais plus me passer de toi aussi facilement. Voire plus savoir faire tout court.
Mon corps est gênant, trop grand pour rentrer dans la voiture, je sais plus où me foutre, je m'en carre de ton téléphone et de tes appels manqués ; je te veux pour moi. Tu le retrouves, il est mort, je fais semblant de m'en attrister alors qu'au fond je me dis qu'au moins personne peut te voler à moi. C'est faux, d'ailleurs, parce que j'ai le sentiment de déjà être en train de te chasser ; après tout on est là, à la voiture, t'as rien laissé chez moi, et tu dois rentrer avant de prendre le boulot parce que t'as des trucs à récupérer. Merde. La fin semble incontournable, impossible à délayer. C'est toi qui me retiens, tu reviens vers moi et tu reprends la parole. Moi je te regarde comme une biche prise dans des phares sur l'autoroute, genre qu'est ce que veut dire quoi pour qui, qu'est ce qu'on a fait. « Bah… » Bah rien, en fait, je sais pas quoi dire. Je réfléchis, mes yeux tombent sur les fringues trop grandes que tu m'as chopées et un sourire me prend les lèvres. « C'est là, d't'façon. C'est arrivé. On peut pas l'effacer. » On pourrait, si. « Et puis j'en ai pas envie. » Je te donne la vérité sans fard ou filtre, parce que tu la connais déjà, je regrette rien et si c'était à refaire j'hésiterais même pas un quart de seconde, tant pis pour Margot ou ta non sobriété ou tout le reste, d'ailleurs. Pour ce qui est du reste, j'y ai jamais réfléchi. « Qu'est ce que tu veux que ça signifie pour nous ? » Ça me donne du temps pour réfléchir à ce que je veux moi-même, mais ça me paraît surtout un bon point de départ. Si je ne me suis jamais attardée sur ce que moi, je voulais de toi, ça me paraît assez clair : tout. « Et me dis pas ce qui est mieux pour moi, essaie pas de me protéger de je ne sais quoi. Dis-moi juste ce que toi, tu veux. » Parce que moi c'est tout vu, j'ai envie de voir où ça mène, tout ça, ce qu'on pourrait être si on arrêtait de s'interdire l'idée, si on choisissait de se donner un coup comme ça au hasard, rien que pour voir ce qui en ressort. Tant pis pour le reste ; le reste a déjà trop été bousillé pour que je ressente le besoin de le préserver loin de mes sentiments amoureux. Je tends la main et pose des doigts hésitants sur le col de ton haut, je rêve de les laisser traîner sur ta clavicule, de retrouver tes lèvres. « On avisera à partir de là », j'ajoute. « On est pas obligées d'en parler maintenant. Déjà tu peux venir charger ton téléphone, rester un peu et, euh, on verra après. » On peut y aller petit pas par petit pas. C'est bien aussi.

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Sur le trajet pour aller à la voiture, tu rumines un peu. Y a toutes les implications et les conséquences possibles qui tournent en boucle dans ton crâne, et puis y a l’envie de juste pouvoir l’embrasser encore, de pouvoir être avec elle et lui offrir tout ce que t’as. Tu retrouves bien vite ton foutu téléphone et en vrai, t’as envie de le balancer au loin parce que si t’en avais pas parlé, vous seriez encore nichées sur le canapé, peut-être assoupies mais inconscientes de tous vos problèmes pour au moins quelques heures. Parce que c’est plus simple de vivre dans le déni que de devoir affronter la réalité. Une fois que t’as récupéré ton bien et que tu sais plus si t’es supposée rester ou partir maintenant, tu viens te planter devant elle pour lui poser la question. Elle semble hésiter, mais finalement veut rien effacer et c’est suffisant pour toi. L’entendre ça te soulage parce qu’il y aurait tellement mille raisons pour elle de regretter. La précipitation, l’appréhension, tout le reste. Tu l’écoutes sans trop savoir quoi répondre dans un premier temps. D’un côté, il y a ce que tu aimerais pouvoir dire. De l’autre, il y a ce que tu devrais dire. La mauvaise décision et la bonne décision. Un peu comme si elle lisait dans tes pensées, presque comme si Mac te connaissait par coeur malgré la distance que tu t’es efforcée de mettre pendant deux ans, elle demande de pas choisir cette option là. Tu te mords l’intérieur de la joue en relevant ton regard vers elle alors qu’elle pose ses doigts sur le haut du hoodie dans un geste un peu hésitant. Elle te propose de remonter pour charger ton portable et rester encore un peu. Forcément, ça te fait sourire parce que tu demandes pas mieux. Tu t’approches d’un pas, et même si ça t’obliges à lever les yeux pour trouver son regard, c’est pas bien grave. Délicatement, tu prends la main qui frôle à peine ton vêtement volé et tu la portes à tes lèvres pour embrasser sa paume que tu gardes ensuite contre ta joue. C’est pas vraiment nécessaire, mais d’une certaine façon, ça te donne un peu de courage pour t’exprimer. T’aimes aussi croire que peut-être, ça la rassure aussi. « Je veux… » tout. Tu veux tout. Maintenant, tout de suite. Mais même toi t’as conscience que c’est trop, pour elle comme pour toi. Tu déglutis et tu souffles un coup, posant une main hésitante sur sa taille en t’approchant encore un peu. « J’aimerai qu’on se laisse une chance, mais- Merde, ça me terrifie en fait. » t’ajoutes dans un espèce de rire nerveux. Tu veux te convaincre que c’est forcément une mauvaise idée, que si vous vous lancez là-dedans, c’est voué à l’échec. T’as presque réussi une première fois et tu sais pas comment ça t’a pas butée, t’es pas prête à recommencer. Et d’un autre côté, après tout ça, t’as aucune envie de laisser passer ta chance de pouvoir avoir ce que t’as toujours voulu. « C’que je veux dire c’est que je sais comment je peux être et que ça va pas toujours être aussi simple. Et c’est pas à toi de devoir gérer tout mon bordel parce que j’en suis pas capable. » quand t’es en possession de tous tes moyens, ça va, tu gères. Quand t’as un coup dans le nez ou que ton organisme te rappelle douloureusement que t’as pas eu de dose depuis trop longtemps, c’est une autre histoire. Elle pourra peut-être le supporter une fois ou deux, mais au bout d’un moment même elle en aura marre. Et après quoi ? « J’ai déjà tout gâché une fois, j’ai pas envie de recommencer. » de nouveau, tu déposes un baiser au creux de sa main. « T’es sûre de toi ? » c’est flou tout ça. C’est flou et c’est sans doute une pente très glissante, si y en a une qui chute, elle va forcément entraîner l’autre et c’est sans doute ce qui te fait le plus peur. Parce que c’est sûr que ça sera forcément toi et elle sera pas forcément toujours là pour te rattraper. « Je saurais pas rentrer chez moi sans le GPS, de toute façon. » tu plaisantes avec un léger sourire. C’est pas tout à fait vrai, y a toujours moyen de se débrouiller. Mais ça fait une bonne fausse excuse pour ne pas repartir tout de suite. « Et toi faut que tu dormes. » ça fait bien peu pour apaiser ta culpabilité de l’avoir réveillée la nuit dernière. Et t’as peur de savoir que ça sera pas la dernière fois.

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@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

Toi aussi, tu veux nous laisser une chance ; je déglutis pour retenir un soupir de soulagement, j’avais peur que tu fuies, que tu te dises que c’était la pire idée du monde, que ce soit le manque et la fatigue qui t’avaient poussée à moi. Pourquoi pas ? Les vieux démons reviennent et la possessivité m’entaille, l’air de rien. « J’comprends », moi aussi j’ai peur, je flippe tellement que j’en vomirais sur ma caisse, mais rien que le fait que tu fuis pas, que tu me préviennes que ça sera pas tout rose, ça me suffit. On continue dans les onomatopées : « Je sais », c'est tout ce que je réponds ; ça me semble suffir, face à tout ça, je sais que ce sera pas simple et que t'as tes humeurs, tes accès de colère, tes enfermements qui me rejettent et que je m'explique jamais trop. Ils m'ont toujours fait du mal mais je me dis que, face à ton absence totale, c'est préférable. Tant pis si c'est dur à gérer, du moment que je ne suis pas seule dans tout ça. Je t'ai, et un petit peu me semble mieux que rien du tout. « Puis je te l'ai dit : je m'attends pas à ce que tout soit parfait tout de suite. » Et je le pense. Je caresse ta joue de mon pouce, doucement, la sensation est nouvelle et je l'imprime dans mon épiderme. « Tu vas pas tout gâcher », je réplique, sans savoir si j'y crois ou si je m'en convainc, mais qu'importe ; « ou en tout cas préviens-moi avant. » Sourire en coin : je déconne sans être trop sûre de moi. Je sais même pas si tu serais capable de te voir venir avec tes conneries ou si à toi aussi, elles te tombent complet dessus. « Aucune idée de si je suis sûre, mais j’ai pas envie de me demander toute ma vie, alors… » Le haussement d’épaules conclut la phrase : j’ai passé trop de temps à me dire que c’était une mauvaise idée et pourtant ni ça, ni deux ans loin de toi n’ont suffi à faire partir le truc, l’envie d’un plus. Peut-être que c’est extrêmement con, qu’on va se planter dans trois jours, trois semaines, trois mois, mais l’important c’est maintenant, c’est la volonté. Tu me caches rien avec des réassurances débiles et ça me fait du bien. « On peut y aller doucement, tu sais. » Je m’humecte les lèvres, doucement c’est bien, doucement c’est moins menaçant et peut-être aussi que ça nous ressemble plus. « Personne nous demande d'emménager ensemble, de prendre un golden retriever pour veiller sur les gamins et d'avoir un plan retraite, hein. Être ensemble, voir où ça nous mène, c'est déjà pas mal, je crois. » Je dis je crois mais j’en sais rien, c’est un bon début, le plan retraite, mais c’est trop pour toi, et puis pour moi, aussi : faut pas que j’oublie, y a Margot à qui il faudra raconter tout ça sans qu’elle fasse ta poupée vaudou direct après, c’est dingue de me dire que la seule fois où je serai honnête avec elle en quatre ans ce sera pour la larguer.
Nouvelle vague de soulagement quand tu décides de rester, et je fais comme si c'était vraiment une histoire de GPS. « J’te raccompagnerai, on n’est pas des chiens. » Je suis même pas sûre de réussir à dormir, de toute façon, avec toi à côté. « Mais, ouais, allons dormir. » Je saisis ta main pour repartir et je t’offre un sourire narquois ; je pense même que je vais pas dormir pendant trois mois, parce que je suis une vraie gamine et que je vais rejouer Stupeur et Tremblements façon loveuse au lieu de dormir. A peine dans l’ascenseur je t’embrasse, parce que je n’ai envie de rien d’autre, en attendant d’ouvrir la porte je t’embrasse, ma main saisit ta taille plus fermement, une fois la porte derrière nous je t’embrasse, mes lèvres descendent vers ton cou. Les mouvements sont maladroits car étrangers, je maîtrise rien, je connais pas ton corps et je n’ai pas l’habitude de le traiter comme ça. C’est une espèce de out-of-body experience, comme si je disais à un élève ça va, je te dérange pas ? en classe : bizarre, mais extrêmement satisfaisant. On avance à peine vers le canapé que je réalise : « Putain, Margot. » Mon corps se tend et je me redresse comme si on me ramenait d’entre les morts, coup d’oeil à l’horloge putain bientôt dix-huit heures, coup d’oeil à mon portable ouf pas d’appel manqué. « Je lui ai rien dit encore », je te précise, forcément que je lui ai rien dit, mais c’est pas le problème au fond, « on doit se voir vers dix-huit heures trente. » Voilà, c’est surtout ça. Parce qu’en quatre ans d’adultère j’ai toujours prévu le coup, parce que je suis assez méticuleuse pour m’organiser, mais faut croire que tu dépasses un peu ça et que j’envoie tout se faire foutre quand tu débarques.

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Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

La certitude qu’elle a que tu vas pas faire n’importe quoi, ça te fait un peu peur aussi. En plus de tout le reste. Dans ta tête, y a tellement de trucs qui peuvent mal tourner, c’est difficile de ne garder que les potentiels événements positifs que ça peut aussi apporter. Prendre votre temps et communiquer, ça paraît pas infaisable. Ca va juste demander un gros travail sur toi, parce que tu sais que tu vas être tentée plus d’une fois de lui mentir ou de pas tout lui dire. Pour pas qu’elle s’inquiète, pour pas qu’elle s’énerve, pour pas assumer. Tu peux te persuader tout ce que tu veux que tu vas pouvoir gérer tout ça, t’es pas naïve au point de penser que tu vas pouvoir être parfaitement transparente avec elle tout le temps. Et le manque d’honnêteté, c’est typiquement ce qui risque de poser des soucis. Tu l’as habituée à la déception et au mensonge, ça va prendre du temps avant qu’elle ne puisse complètement te faire confiance. Ca va prendre du temps avant que tu ne te fasses complètement confiance. Alors oui, y aller doucement, à votre rythme, c’est sans doute la meilleure idée. Un pas après l’autre, une difficulté à la fois. « T’imposerai un golden à Marlon ? » tu plaisantes en affichant un air presque offusqué. Comme si c’était la chose importante à retenir de tout ça. D’une certaine façon, c’est la pression qui retombe et ça fait du bien d’avoir l’esprit un peu plus clair sur votre situation. T’affiches un sourire, reconnaissante à l’idée que tout ça, c’est pas des conneries et que c’est vraiment en train d’arriver.
A l’instant où elle te prend la main et que tu vois son sourire en coin, tu sais que vous n’allez pas tellement dormir. Tant pis. C’est brouillon et vous avez l’air de deux ados en pleine crise d’hormones. Mais c’est pas si grave, bien au contraire. Parce que tu te rappelles pas avoir jamais été aussi euphorique à l’idée d’embrasser quelqu’un dans un ascenseur, ou sur le pas de la porte, ou à n’importe quel autre endroit en fait. Il te faut pas beaucoup de motivation supplémentaire pour répondre avec ferveur à ses baisers. Tu peux pas t’empêcher de sourire comme une débile, parce que pour la première fois depuis longtemps, t’as vraiment la sensation d’être heureuse. Et c’est pas un truc artificiel que tu forces ton cerveau à accepter, nan. C’est réel et ça va pas s’évaporer d’un seul coup en laissant un grand vide ensuite. Ses lèvres sur ton cou, tu lèves le menton pour lui laisser le loisir de découvrir et tu soupires son prénom en laissant tes doigts se perdre une nouvelle fois dans ses cheveux. T’as besoin de la sentir plus proche. T’as besoin de la savoir à toi. Vous tâtonnez jusqu’au canapé sans pour autant l’atteindre complètement. Mac semble se réveiller d’un seul coup, genre une épiphanie qui lui apparaît soudainement à propos de sa copine. Merde, c’est vrai. T’en es venue à complètement l’oublier celle-là, alors qu’il y a quelques heures encore la simple évocation de son nom suffisait à te foutre la rage. « Oh. » ouais, oh. Ca t’emmerde de savoir qu’elles doivent se voir ce soir, clairement. Mais d’un autre côté, toi t’es juste arrivée comme un cheveux sur la soupe et t’as un peu chamboulé tous les plans de Sutherland sans même lui laisser le temps de respirer. Tu t’écartes un peu, juste pour pouvoir croiser son regard. « Tu veux lui en parler ? J’veux dire… Ça fait un moment que vous êtes ensemble, c’est pas obligé de tout précipiter. » si t’as jamais pu encadrer Margot, ça veut pas dire qu’elle mérite de se faire jeter de façon aussi abrupte. Et même pour Mac, ça doit être plus compliqué à gérer que ce qu’elle prétend. T’as le bon angle pour que tes lèvres trouvent sa gorge, puis sa mâchoire et tu remontes jusqu’à son oreille. « Dis lui que t’es malade ou un truc du genre, on peut voir ça plus tard. » tu souffles en revenant à sa bouche sur laquelle tu déposes un bref baiser. Être honnête de suite ou laisser couler, c’est pas un choix simple. « Ça va aller pour toi ? » tu demandes, un poil soucieuse. Tu poses une main sur sa joue et tu prends un instant pour l’observer avec attention. C’est pas rien, comme décision. Des années ensemble, ça laisse pas indifférent et c’est pas comme si elle allait mettre un terme à une relation avec quelqu’un qu’elle déteste. Tu te sens un peu mal de savoir qu’elle se retrouve dans ce genre de situation à cause de toi. « Quoi que tu choisisses de faire, j’te suis. » tu lui assures le plus sérieusement du monde. Si elle veut s’accorder un peu plus de temps pour trouver la bonne façon de faire, si elle veut arracher le pansement tout de suite, qu’importe. Tu seras là pour lui tenir la main, c’est bien le minimum que tu puisses faire.

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Mes lèvres s’attardent sur ton cou, le découvrent et guettent ses points faibles ; je découvre tes sensibilités et je retrouve ton odeur sans savoir comment m’empêcher de m’y noyer. Chaque sensation m’absorbe tout entière et je suis pas sûre d’en ressortir un jour ; je m’interromps de justesse quand l’heure, la future présence de Margot et le déplacé de toute cette situation incongrue me heurtent de plein fouet. Je suis encore avec Margot, on s’est pas vues une seule fois en deux semaines depuis le Nouvel An, on a même pas parlé de ta présence et l’idée de lui dire, là tout de suite, que je la largue pour toi, après deux ans à la convaincre que t’étais pas une menace et deux autres à pleurer sur ton départ, et deux toutes petites semaines pour culminer à tout ça où on s’est retrouvées, ça me semble d’un coup complètement stupide. Toi, tu me proposes de lui dire plus tard, parce que quatre ans conclus comme ça c’est presque déplacé sinon complètement méchant, et t’as raison mais la raison disparaît quand tu trouves mon cou, puis ma mâchoire et, presque en automate, ma main trouve ta nuque pour te rapprocher de moi. « Putain, tu me facilites pas la tâche, tu sais ? » je soupire, j’ai aucune envie que tu t’arrêtes, j’ai aucune envie de voir Margot, y a que toi toi toi partout, si tu éloignes ton corps du mien je vais chialer, c’est sûr. Mais tu t’éloignes pas, tu m’embrasses plus doucement, tu portes ta main à ma joue, tu me donnes l’impression que tout va bien se passer. « Ouais, ça devrait aller. » Je sais pas, en fait. Margot c’est quatre ans de ma vie, deux fois plus que toi et simultanément dix fois moins, mais c’est surtout le connu et le stable, le rassurant mais le chiant. « Attends, non », j’interromps, et c’est à moi de te sonder, « toi, ça te dérange pas ? » Je sais que tu l’aimes pas, elle doit titiller ta jalousie, tu dois m’imaginer la revoir et l’embrasser et mettre naturellement tous nos rituels en place jusqu’à ce que je lui annonce la nouvelle. Je me mets à ta place et ça me fait grincer des dents. J’aimerais pas te savoir comme ça. « J’lui dirai plus tard. » Bien obligée, de toute façon ; j’ai pas envie de te faire ça. « Mais je lui dirai. Promis. » Mes doigts caressent ta nuque comme en guise d’assurance. Je l’ai trompée je sais pas combien de fois, avec X Y Z et même U tréma, mais je l’ai jamais dit, j’ai jamais donné à quiconque l’impression qu’il était possible de la remplacer non plus. Je l’ai jamais dit avant, alors c’est que c’est vrai. Ma propre lâcheté me saute aux yeux. « Mais j’ai mauvaise conscience. Vis-à-vis de toi. » Je lâche ça comme ça, sans trop savoir pourquoi au fond, peut-être parce que quand je me mets à ta place ça me semble criminel ; « Enfin, j’ai pas envie de la voir et de pas lui dire tout de suite et que… » Parce que je vais bien la voir, à un moment, va falloir que je lui dise en face, qu’il y ait une mise en jambes, je vais pas lui donner rendez-vous dans un putain de coffee shop pour la larguer en public, pas après quatre ans. « Merde, j’ai aucune idée de ce que je dois faire. » J’ai envie de rester avec toi et que tu partes plus, que tu m’empêches de réfléchir à la réalité ou à quoi que ce soit, rien que pour ce soir. J’ai besoin que tout soit clair, aussi, me débarrasser de la situation ne va pas la régler. « Mais okay. J’vais l’appeler, j’ai chopé une chiasse monstre d’un coup et je suis pas dispo ce soir. » J’ai envie de faire les choses bien mais j’ai surtout peur que tu partes, et Dieu sait combien de temps je vais encore attendre avant de te retrouver. Je fais mes trucs, je m’excuse profusément à Margot en tâchant de ne trahir aucunement mon humeur - avec le temps et l’expérience, j’ai appris à faire, je suis plutôt douée, ou alors c’est elle qui l’est à faire semblant, je sais pas trop. Qu’importe : elle ne demande pas plus de précisions, on reporte à dans deux jours. Le sursis est maigre mais il me suffit pour l’éloigner de mes pensées pour l’instant. « J’suis toute à toi », je conclus. Mes rêves se réalisent, j’ai huit ans à Disney winter wonderland. Je grimpe sur le meuble de la cuisine, je fais quatorze fois ta taille mais je te demande de venir d’un geste et j’enroule mes jambes autour de ta taille, koala trop grand qui veut toujours plus de proximité. Je reste là, un moment, jusqu’à ce que ça me brûle, à nouveau : « Hé, tu pourrais me parler de ce qui s’est passé pendant ta période pseudo-Sydney ? » Ca me bouffe de pas savoir.

it doesn’t have to be a world away
Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Y a tellement à découvrir que tu sais pas par où commencer. De toutes les relations que t’as pu avoir, t’as jamais pris le temps de vraiment apprendre à connaître l’autre. Souvent c’était juste histoire d’avoir une présence à tes côtés, c’était assez peu intéressant et trop compliqué à gérer pour que tu ne prennes la peine d’essayer. Vingt-cinq ans et t’as jamais eu quelqu’un assez longtemps dans ta vie pour envisager le moindre projet avec. Tout était basique et sans la moindre saveur, rien qui ne faisait vraiment vibrer. C’était facile de prétendre le contraire, c’était facile de mettre un terme à la relation avant que ça ne devienne trop envahissant. Tout était toujours trop creux et trop vide. Quand t’étais avec Mac c’était différent. Et même à l’époque, quand c’était pas toi qu’elle embrassait ou qu’elle touchait comme ça, tu penses que peut-être t’aurais pu t’en contenter. Il manquait quelque chose, mais c’était mieux que rien. Et là, maintenant que tu sais à quoi ça ressemble de pouvoir partager ça avec elle, tu sais que non. Ça n' aurait pas été suffisant. Tu souris contre sa peau quand sa main se glisse dans ta nuque. Elle prétend que ça va aller, puis se rétracte pour s’inquiéter pour toi. « T’en fais pas pour moi. » ça fait quatre ans que tu supportes l’idée de ces deux là ensemble, tu peux bien patienter encore un peu. Toutes choses considérées, t’as la partie facile dans toute cette histoire. Tu reviens comme si de rien n’était après deux piges de silence radio et des excuses foireuses tout ça pour récupérer la fille de tes rêves alors que tu lui as parlé comme à une étrangère lors de vos retrouvailles. Mac de l’autre côté, elle doit gérer avec tout ça et se retrouve dans une situation délicate. Et malgré tout ça, elle arrive à te faire passer avant tout et tu t’en veux de lui imposer ce genre de plan foireux. « Tu prends le temps qu’il te faut pour gérer tout ça, okay ? T’inquiète pas pour moi, pense à toi. » t’as aucune foutue idée de ce qu’elle est supposée faire non plus, tout ce que tu peux faire c’est la rassurer à ta façon, être là pour lui tenir la main et faire ce que t’aurais dû faire depuis des années. Être présente pour elle sans te poser mille questions. « Je suis pas la plus heu… Qualifiée, pour ce genre de situation. » tu grimaces un peu. Si t’as réussi à tenir trois mois dans une relation, ça relève déjà de l’exploit. Alors quatre ans, merde, t’en sais foutrement rien. « On voit ça quand on peut. » toutes les deux. Pas elle seule, pas toi seule, vous. T’affiches une brève grimace à l’excuse qu’elle sort mais t’acquiesces néanmoins. Sans l’urgence de la situation Margot, vous aurez le temps de vous poser et de réfléchir à tête reposée. Tu lui adresses un sourire encourageant alors qu’elle part passer son coup de fil. Toi t’en profites pour aller brancher ton téléphone dans un coin près du canapé où t’as repéré un chargeur. Du coin de l’oeil, tu l’observes distraitement le temps que le truc démarre. Pas d’appel manqué du boulot et tu lâches un soupir de soulagement. Y a tout un tas de messages bloqués automatiquement du numéro d’Elijah et tu grimaces. T’as pas hâte de le recroiser, celui-là. Tu verras ça une autre fois. Mac termine son appel et tu jettes un regard dans sa direction alors qu’elle s’installe sur le meuble de la cuisine. D’un même mouvement, tu verrouilles ton téléphone que t’abandonnes pour la rejoindre. Ses jambes se referment autour de toi et tu peux pas t’empêcher de sourire un peu bêtement. Tes mains se posent sur ses cuisses et tu prends ton temps pour l’observer et redécouvrir ses traits. Ses yeux, son nez, ses lèvres. Ca fait drôle de pouvoir faire ça sans avoir peur qu’elle te remarque en train de la fixer. Tu te figes quand elle demande ce qui est arrivé pendant les deux années où t’as prétendu être à Sydney. Merde, non. Malgré toi, ton sourire contemplatif s’efface. Soudainement t’arrives plus à supporter l’idée de la regarder dans les yeux alors tu préfères baisser le regard. T’essayes de te concentrer sur sa présence et sur le fait que tout ça c’est derrière toi. Enfin presque tout. T’as encore un sacré paquet de mauvaises habitudes qui ont la vie trop dure pour disparaître du jour au lendemain. « Mac… J’ai pas vraiment envie de parler de ça. » tu marmonnes en secouant la tête. Tu marques une pause, juste le temps de rassembler tes idées parce que clairement, tu peux pas juste lui balancer tout ce que t’as fait. T’inspires un coup et tu vas poser ton front sur son épaule. Pour avoir un point d’ancrage et te donner un peu de courage. « C’était… C’était une période de merde. J’dormais dans des endroits craignos sans savoir si j’allais pouvoir me réveiller le lendemain. Des fois j’allais dans des centres pour les sans-abris, mais c’était pas non plus incroyable comme solution. » de nouveau, tu prends quelques instants pour savoir jusqu’où tu vas avec tes demi-révélations. T’occupes tes mains en les faisant glisser de ses cuisses jusqu'à ses hanches que t'agrippes pour la rapprocher encore et la sentir toujours plus proche de toi. « Ça m'arrivait de piquer des portefeuilles ou de faire la manche pour avoir un peu d’argent. Des fois j’arrivais à bosser au black ici et là, jamais bien longtemps mais c’était quelque chose. » tu passes sous silence ce que tu pouvais faire d’autre parce que le simple fait d’y repenser te fout des frissons d’angoisse et de dégoût. Y a plein de trucs que t’avoueras jamais à voix haute parce que t’as trop honte pour assumer ces choses là. Plus d’une fois, t’as enfermé ta dignité dans un coin et t’as fini par la laisser là pour de bon. « Y a plein de trucs dont je suis pas fière, tu sais. Mais j’ai fais ce qu’il fallait pour survivre. » t’ajoutes en te redressant, osant enfin la regarder en face. « Partir à Sydney c’était vraiment la pire idée qui soit, hein ? » la tentative de plaisanterie est maladroite, mais c’est tout ce que t’as trouvé pour désamorcer un peu tout le bordel. Tes doigts passent sous son haut et se perdent sur sa taille alors que tu la lâches pas du regard. « Je peux pas changer ce que j’ai fait- Je peux essayer de faire mieux. J’ai aucune idée de ce qui va se passer pour la suite, mais si t’es là ça vaudra forcément le coup. » combien de temps ça va durer, c’est là toute la question. Pour toujours, t’espères. Pas assez longtemps, tu sais. « Je peux t’avouer un truc ? » tu demandes sans vraiment attendre de réponse, parce que tu vas le faire de toute façon. « Je déteste pas Margot. Enfin si. Enfin pas vraiment. » tu souffles un rire en approchant tes lèvres des siennes, t’arrêtant juste avant de les toucher. « J’aimais surtout pas le fait qu’elle t’avait comme ça. Je sais que j’aurai pu, aussi. Mais j’sais pas, je crois que j’avais peur de franchir le pas et qu'on se rende compte que c'était pas ce qu'on voulait. » sans doute que ça vous aurait évité bien des peines si t’avais juste sauté sur l’occasion.

it doesn’t have to be a world away
@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

Ca me démange de te demander ce qui s’est passé pendant deux ans, ce que t’as foutu qui te faisait trop honte pour que t’oses revenir, demander de l’aide, ou rien qu’en parler, te réfugier du monde de temps en temps, j’ai pas osé jusqu’à présent parce que je vois tes traits fatigués et vieillis et j’ai peur de ce que je risque d’entendre, ou de voir quand tu seras à ton plus bas. Je pensais jamais arriver à un moment où tu me ferais peur. « Spence… » je chuchote, façon de dire t’es pas obligée, mais tu commences, tu cales ta tête contre mon épaule et moi j’ose rien faire, de peur de t’infantiliser, de te brusquer ou quoi, alors je reste là les mains ballantes à ne pas savoir quoi dire. Tu me dis que tu dormais dehors, parfois dans des centres si t’avais de la chance et pas la peur de te faire planter sûrement, que t’enchaînais les vols et les jobs au black pour t’en sortir. Tu rajoutes que t’as fait ce qu’il fallait pour t’en sortir. « J’comprends », je souffle sans te forcer à me regarder ni à relever la tête. Je dis rien de plus, pas désolée pas merde putain fait chier pas rien. Je m’arrête là et je caresse ton bras par réconfort silencieux. Je ne veux pas que tu t’imagines que j’ai pitié ou que tu me dégoûtes. « J’suis sûre Sydney aurait été vraiment plus sympa, en plus », voilà tout ce que j’ajoute à ta plaisanterie. Je saurais pas quoi dire d’autre.
Tu sauves le moment et tu passes à un autre secret, pas très secret celui-là, tu m’avoues ça avec un air plus léger et je conclus que l’orage est passé. « Ouais, je sais. Parce que je m’en doutais déjà, et surtout parce que tout le monde sauf toi l’adorait. C’était suspect, quand même. » Je retiens un sourire en me mordant l’intérieur de la joue, me rapprochant à peine de toi, te surveillant avec malice. Ca aurait pu être que tu voyais un truc que les autres ne voyaient pas, un peu comme ces chats qui sniffent les bad vibes, mais j’y croyais pas trop. A ta charge, cela dit, c’est tes réticences parfois très ostensibles qui m’ont mise en garde, moi aussi, et qui m’ont empêchée de m’y jeter complètement. « C’était ce que tu voulais, du coup, tu penses ? » Je frotte mon nez contre le tien, le sourire à la con ne m’a pas quittée mais au moins il est moins évident. « Si jamais, on peut toujours arrêter et faire comme si c’était jamais arrivé. J’suis sûre que ce sera pas très compliqué. » Ce sera létal, cette fois, j’imagine à peine, mais ce sera toujours mieux que plus t’avoir du tout. Et puis faire comme si de rien n’était, on maîtrise, depuis le temps. « J’vais t’avouer un truc, aussi », je reprends, ma main jouant avec une mèche de cheveux, « Margot c’était un peu pour te rendre jalouse, à la base. » Mais vraiment à la toute base, avant que ça se transforme en quelque chose de sincère, d’un peu creux mais vrai quand même. « Putain, c’est horrible à dire, tu vas me prendre pour quoi », je reprends rapidement, trop soucieuse de ce que tu peux penser, « je l’aimais vraiment et j’ai beaucoup d’affection pour elle. C’était juste au début. » Et après, ça n’a été qu’un pâle goût de ce qu’on aurait pu avoir, jamais satisfaisant, vide de sens pour l’une comme l’autre. Tu t’es ouverte à moi alors j’ai besoin d’en faire de même, de te montrer le plus laid chez moi, mais j’ai peur de ce que ça va montrer de moi, vraiment, d’à quoi je vais devoir faire face à travers tes yeux. « Mais je savais qu’il y aurait rien entre nous et j’en ai eu marre d’attendre à un moment. » Et puis Margot c’était simple, pas de questions pas de jalousie pas d’attentes, ça avançait pas mais ça comblait un vide affectif en moi et je demandais pas plus sur le coup. Quatre ans après, je la sais frustrée de la situation, insatisfaite de mes absences et de mes refus de m’engager plus loin, mais je la sais aussi consciente que notre relation a peut-être atteint toutes ses limites. Elle est patiente et douce et je ne la mérite pas. « Elle t’aimait pas non plus, si ça peut te rassurer. » Je t’offre un rictus en coin, bien sûr qu’elle t’aimait pas, ça t’a jamais échappé, peut-être qu’elle te sentait pas mais elle était surtout jalouse. « Et j’aimais aucun de tes exs. Full circle. » Et ils m’aimaient pas non plus. Je me demande si on a perdu du temps, si ça aurait marché à l’époque, si j’aurais été bien pour toi. Si j’aurais pu t’empêcher de sombrer d’une quelconque façon. « En plus, la honte, je t’avais écrit une lettre d’amour quand j’avais genre, treize ans trois-quart, genre six mois après qu’on se soit rencontrées, mais j’avais trop peur que tu balances à mon père. » Tu faisais tellement confiance à personne et je te donnais tellement tout sur un plateau qu’à un moment, forcément, j’ai flippé. T’étais un loup blessé dans la nature à l’époque et moi, j’étais un golden retriever qui allait chercher son pote pour jouer à la balle. Le tableau était absurde. « P’têtre qu’on va se rendre compte dans trois jours que c’est pas du tout ce qu’on veut, j’en sais rien. » Je resserre instinctivement mes jambes autour de toi comme pour t’empêcher de flipper et partir et je t’embrasse à nouveau, d’un moment à l’autre il me semble que tu peux partir, tout est tellement délicat avec toi. « On se promet rien et on verra. » Pour l’instant j’ai juste besoin que tu sois là, tout contre moi, même encore cinq minutes, je saurai me démerder après. « Et j’te ramène si tu veux pas dormir ici. On peut y aller doucement. »