it won’t do no good
@Hunter Stringer & Spencer Blackwell

Trop de choses qui tournent dans le coin de son crâne, trop de mouvement et de changements partout. Et malgré toute sa bonne volonté, sa consommation ne diminue pas, bien au contraire. C’est con à dire, mais elle a l’impression que c’est la seule chose qui l’aide encore à respirer et à encore tenir debout. Ça l'aide à aller mieux, ça l’aide à ne plus penser. La spirale semble sans fin et son stock diminue plus vite que prévu, la faute à un début d’année compliqué. Parce que c’est plus facile de tout oublier le temps d’une soirée que d’affronter ses démons. Avec Elijah, elle a atteint un point de non retour et il est hors de question qu’elle se remette en contact avec lui. Pas si elle veut en sortir indemne en tout cas. Elle a arrêté de compter toute la thune qu’elle lui doit et surtout, elle a arrêté de répondre à ses messages et à  ses appels. C’est qu’une question de temps avant qu’on lui tombe dessus, mais en attendant elle a besoin de ses merdes de produits. Elle a mis du temps, mais elle a finalement utilisé le numéro laissé par Raelyn lors de leur première rencontre. Longtemps oublié dans le fond d’une poche, elle a ressorti le bout de papier et l’a contemplé sans doute un peu trop longtemps avant de se décider à envoyer un message. Salut c’est JJ, Noreen m’a dit que tu pouvais me dépanner un peu de diesel, t’as un moment ? Rien de directement demandé, rien d’assez explicite pour éveiller les soupçons de potentiels curieux. Le diesel n’en est pas vraiment, bien sûr, ce n’est qu’une des nombreuses appellations de l’héroïne qu’elle aime tant s’enfiler. Pour toute réponse une adresse, une date et un horaire. A vrai dire elle se fout pas mal de savoir ce qu’il va lui refourguer, du moment que c’est efficace.
Est-ce qu’elle est sensée dire à Raelyn que, ça y est, elle a suivi son conseil et elle a changé de dealer ? Non, sans doute pas. C’est sans doute pas le genre de chose qui l’intéresse de toute façon. Et Spencer se doute bien qu’elle va rester le plus loin possible de ce milieu là maintenant qu’elle a une petite tête blonde qui a pointé le bout de son nez. Et hors de question également d’en toucher un mot à Mac ou à qui que ce soit d’autre, en fait. C’est pas un petit secret qu’on partage au détour d’une conversation. Non, ça c’est toujours sa propre merde à gérer et tant qu’elle a pas de quoi apaiser son système avide d’opiacé, elle se démerde avec du Xanax. Au moins histoire de tenir le coup et de pas devenir complètement barge. Dès qu’elle se sent comme ça, elle peut balayer d’un revers de main tous les espoirs d’un jour réussir à sortir la tête de l’eau. Malgré toute sa bonne volonté et ses pseudo-promesses, elle a pas le choix. Si elle arrête du jour au lendemain, elle va crever c’est sûr. Si elle essaye de le faire petit à petit, elle dérape toujours. Décidément, elle s’est foutu dans une sacrée merde et c’est un puit sans fond.
Pour le moment, elle a besoin de refaire des stocks et l’heure du rendez-vous approche justement. Elle a choppé quelques billets grâce à la vente de l’ordinateur et des bijoux volés, de quoi récupérer quelques grammes et tenir un peu. Elle déambule sur les quais sans prêter attention aux gens présents. La plupart sont des camés aussi, c’en est rempli par ici. Au lieu exact du rendez-vous, y en a un qui sort du lot. Il a le dos droit, le regard méfiant mais pas erratique des drogués, Spencer est à peu près sûre que c’est son homme ou qu’il saura la renseignée. Elle redresse les épaules et vérifie les alentours d’un coup d’oeil pas tranquille, elle s’approche, mains dans les poches. « Hey, désolée de te déranger mais je cherche hm Wolfy ? » est-ce que c’est lui, est-ce que c’est son pote, elle s’en fout un peu tant qu’elle repart d’ici avec sa came. « D’la part de JJ. » la fameuse JJ, toujours dans les bonnes combines celle là.

14 janvier 2022. Un jour de plus dans l’année 2022 et Hunter reprenait les rênes du cours de sa vie. Depuis son agression en octobre, il avait eu une baisse de régime mais il avait décidé de ne pas se laisser abattre. Parfois, il se disait que la vie était vraiment chienne avec lui, et la seule chose qui le faisait se lever le matin et mener cette double vie éreintante était sa mère. Il devait se faire ce fric, et lui envoyer pour qu’elle puisse avoir de quoi vivre. Ils en avaient tellement bavé ces dix dernières années et maintenant qu’il avait la possibilité d’égayer un peu leur vie, il le faisait sans rechigner – ou presque.

Son quotidien n’était pas forcément facile mais il se plaisait dans cette pseudo routine. Le jour, il jouait les parfaits petits mécaniciens, avec ses mains de fée il arrivait à venir à bout de beaucoup de problèmes. Puis la nuit, où il se transformait en dealer pour le Club et arrivait à machiner un sacré pécule. Mise à part Stacey et depuis peu, Autumn, personne n’était au courant de cette double vie. Il arrivait tant bien que mal à garder bonne figure mais il savait au fond de lui qu’il ne pourrait pas faire ça toute sa vie. Mais, un jour après l’autre, il avançait et chaque pas en avant était une réussite. Ce n’était pas un garçon aux pensées très positives en général, et chaque jour était un combat.

Il était au Mécanor quand il reçut un message d’un numéro inconnu : Salut c’est JJ, Noreen m’a dit que tu pouvais me dépanner un peu de diesel, t’as un moment ? Il avait horreur qu’on le contacte de la sorte pour la première fois à vrai dire. Il préférait toujours qu’on lui présente les gens avant de commander. Mais soit, la personne parle de Noreen et il se doutait qu’il ne devait pas faire de vagues. Il avait horreur de ça, Hunter, c’était la petite souris du Club. Parfois, on ne le voyait même pas venir au Casino pour faire son échange d’oseille à une table de jeu. Aux alentours de 18h, il finit son service et décida d’envoyer un message avec l’heure et le lieu du rendez vous. Non loin de son bloc, dans l’appartement où il vivait, se trouvait un lieu assez fréquenté où il pouvait facilement se fondre dans la masse sans se faire remarquer. Il se rendit donc au lieu de rendez-vous, son sweat à capuche noir sur le dos, les mains dans les poches, il espérait que l’inconnu se montre ponctuel, c’était la moindre des choses car pour lui, c’était seulement le début de la soirée. « Hey, désolée de te déranger mais je cherche hm Wolfy ? » Il se tourna et fit face à une petite blonde, il fronça automatiquement les sourcils, assez perplexe – elle faisait un peu tache au décor. « D’la part de JJ. » Il regarda autour de lui, se pinça les lèvres, il hésita un instant… Puis il plongea ses yeux dans les siens : « Ouais, c’est moi. » lâcha-t-il entre ses dents. Toujours sur le qui-vive, il regardait de temps à autre autour de lui. « Qu’est ce qu’il te faut au juste ? Plus précisément ? » finit-il par dire, héroïne, cocaïne, ecstasy… Il avait pris quelques sachets, puisqu’il avait d’autres commandes après celle-ci. Il ne put s’empêcher de la dévisager, de haut en bas, il était perplexe. Il ne savait pas pourquoi mais il se méfiait, ayant peur que ça soit un coup des flics ou un truc du genre, mais si la jeune femme disait vrai, elle allait finir par remarquer qu’il était plutôt insistant.

 

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Pour une fois, elle se fait ponctuelle. Y a des besoins vitaux qui vous motivent plus que d’autres, faut croire. Sans stock restant, elle sait très bien qu’elle passera une sacrée sale soirée. Elle compte pas particulièrement sortir ou aller fêter un truc, mais elle a quand même besoin de sa dose avant de se sentir trop mal. Elle connaît la zone du rendez-vous, bien qu’elle y ait rarement foutu les pieds. Y a du passage dans les environs alors il va falloir être un peu vigilant. Nouvel endroit, nouveau dealer, elle aime pas tellement comment ça se profile. Mais vu qu’elle est un peu au pied du mur, certaines décisions se prennent plutôt rapidement. Tout n’est qu’une question de nécessité, il faut croire. D’une certaine façon, heureusement qu’elle avait ce numéro sous la main parce que vu sa dernière entrevue avec Eli, elle aurait été bien dans la merde pour se fournir aussi rapidement.

Elle se fait connaître, utilise le pseudo débile de l’autre qui la dévisage avec ses sourcils froncés. Il fait quoi, là ? Il veut se donner un genre gros dur pour impressionner et dissuader qui que ce soit d’essayer de faire affaire avec lui ? « Ouais, c’est moi. » qu’il confirme néanmoins, pas l’air ravi. Qu’il se rassure, JJ aime pas tellement être là non plus et devoir gérer avec un dealer inconnu. Elle sait bien que le numéro vient d’une source sûre et que techniquement elle aura des produits de bonne qualité, mais elle peut pas s’empêcher d’être sur ses gardes. Elle détesterait avoir à affronter un flic sous couverture ou un mec louche qui demande des faveurs particulières en échange de sa came. A priori ça devrait aller, Raelyn avait pas vraiment de raison de la rouler comme ça, hein ? « Qu’est ce qu’il te faut au juste ? Plus précisément ? » merde, l’appelation diesel a pas l’air de lui avoir fait tilt. Elijah appelait ça comme ça, mais t’imagines qu’il y a mille et une façons de nommer la merde qu’elle prend en intraveineuse. Spencer déglutit et lance quelques œillades méfiantes aux alentours. Ils sont seuls, mais ça l'apaise pas pour autant. Jamais l’esprit tranquille, toujours sur le qui-vive, c’est épuisant, vraiment. « Héro. » elle enfonce ses mains dans les poches de son hoodie et souffle un coup. Que tout ça soit terminé vite, elle a besoin de se foutre en l’air encore un peu plus. « Si t’as un peu de fentanyl, je prends aussi. » qu’elle ajoute ensuite. Son salaire est rentré il y a quelques jours, elle a des billets à cramer alors autant le faire. Elle aura le temps de regretter quand elle aura encore plus rien à bouffer ou à s’injecter dans une semaine. L’autre la regarde avec un peu trop d’insistance à son goût, et elle aime pas tellement ça. Elle s’humecte les lèvres et jette un nouveau coup d’oeil aux alentours. Avec une légère grimace, Blackwell revient sur son nouveau camarade. « Y a un souci ? Genre j’ai un truc coincé entre les dents ou une tâche sur la tronche ? » qu’elle demande d’un air un peu revêche, prête à détaler au moindre mouvement suspect de sa part ou de celle d’un autre. « T’as un tarif pour les nouveaux clients ? Genre un sachet acheté, un sachet offert. » hé, quitte à essayer de gratter quelques dollars, elle va pas se gêner.

14 janvier 2022. Hunter enchaînait entre ses deux tafs, il ne prenait parfois pas le temps de repasser par chez lui. Il allait aussi tous les soirs au Casino pour convertir sa thune et cette routine était plutôt plaisante pour lui. Il rencontrait du monde, il se faisait une clientèle, et à côté de ça il vendait aussi sa weed qu’il poussait chez lui à Toowoomba. Des vieilles habitudes qu’il perpétuait encore, sa mère fermait les yeux car elle n’avait même plus la force de se battre. Puis, après tout, il faisait tout ça pour elle, pour lui envoyer de l’argent et qu’elle puisse sortir de ce fichu trailer. Hunter ne cracherait jamais sur cette communauté, ils les avaient accueillis quand ils étaient au plus bas, et le dealer y allait de temps à autre pour revoir ses anciens collègues. Ici, à Brisbane, il se faisait plutôt petit et ne voulait pas se faire remarquer par qui que ce soit pour des raisons évidentes, ce qui voulait aussi dire que son cercle social était plutôt restreint. Il échangeait plus avec ses clients au garage ou dans la rue plutôt qu’avec des proches…

Cette fois-ci, Hunter avait affaire à une nouvelle – il n’aimait pas les nouveaux. Il avait toujours l’impression qu’il allait être pris au piège mais elle avait sorti le nom de Noreen donc il avait fini par se déplacer et voir ce que ça donnait. De temps à autre, Hunter rendait des comptes à Raelyn sur ses clients, la consommation du moment, et tout ce qui pouvait l’intéresser pour l’avancée de son business. En ce moment, les affaires roulaient et depuis son agression, Hunter avait réussi à se rattraper. Alors face à cette inconnue, il valida son identité avant de lui demander ce qu’elle voulait exactement. « Héro. » dit-elle après un moment d’hésitation, Hunter pouvait comprendre qu’elle soit sur ses gardes, il l’était aussi. « Si t’as un peu de fentanyl, je prends aussi. » Il leva la tête pour croiser son regard, et un instant il se dit qu’elle n’avait pas la tête d’une droguée, elle semblait perdue ici et pour autant elle avait l’air de savoir parfaitement ce qu’elle faisait. « Laisse-moi une seconde. » dit-il doucement avant de jeter un œil sur son téléphone, il leva la tête à nouveau pour la regarder : « Y a un souci ? Genre j’ai un truc coincé entre les dents ou une tâche sur la tronche ? » Hunter eut un petit rire qu’il étouffa au fond de sa gorge, elle mordait apparemment. «  Range tes griffes, Rebelle. » lâcha-t-il avant de ranger son téléphone, il avait vu ce qu’il voulait. « T’as un tarif pour les nouveaux clients ? Genre un sachet acheté, un sachet offert. » Il la regarda avec un sourire au visage, un sourire de petit con bien évidemment. « Bien essayé. » lâcha-t-il avant de tourner les talons, sans un mot. Après plusieurs minutes, il revint sur ses pas. Il ne portait pas toute la conso sur lui, et avait des points stratégiques qu’il ne révélait pas. Il se planta devant la blonde. Il lui tendit un carton Amazon, le genre de carton qui aurait pu enfermer juste un livre. « 250$ » dit-il alors qu’elle posa la main sur le carton pour le récupérer. « Pour le prix d’ami, tu n’auras qu’à voir avec Noreen directement. » ajouta-t-il en cherchant à la regarder dans les yeux, d’un ton léger il se voulait plus chaleureux qu’à leur premier échange mais c’était une manière de dire qu’il n’était pas apte à faire des prix à qui que ce soit, il n’était rien dans la chaîne.

 

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Jusqu’ici, tout se passe bien. Elle a le bon gars, ça ressemble pas à une vieille entourloupe qui va lui coûter littéralement un rein, bref, elle respire un peu mieux. Pas beaucoup, mais un peu. « Laisse-moi une seconde. » et il check son portable. Genre il a un carnet de note là-dedans où un truc comme ça ? Elle l’observe en affichant une moue impatiente. Déjà qu’elle est pas tranquille en temps normal, alors pendant une affaire pareille, encore moins. En tout cas, il se marre lorsqu’elle s’offusque. « Range tes griffes, Rebelle. » et elle roule des yeux en lâchant un ricanement. Okay, bon, à première vue, Wolfy n’a pas l’air d’être un de ces connards qui prend mal la moindre remarque. Pas une raison suffisante de baisser sa garde, mais un bon début, déjà. Si traîter avec lui se fait assez cordialement et que ça se passe bien, tant mieux. Elle demande pas grand chose de plus en vérité. « Bien essayé. » et elle affiche une mine déçue, forcément. Bon, elle ne s’attendait pas du tout à ce qu’il lui fasse un quelconque prix, hein. Mais hé, sur un malentendu qui sait. Paraît que certains font les premières conso moins chères, juste histoire de fidéliser la clientèle. Et une fois qu’ils sont piqués, qu’ils doivent revenir, ça augmente drastiquement. Et après ça s’endette, encore, encore et toujours plus. Elle tend la main pour récupérer son colis, et forcément c’est pas aussi simple. Il se barre quelques instants, et ça ne fait clairement rien pour arranger sa nervosité. « 250$. » passer à la caisse, c’est pas tellement la partie qu’elle préfère dans tout le procédé. Tout cet argent qui pourrait lui être vraiment utile, parti en fumée en un claquement de doigts. Quelle tristesse. Spencer grimace, farfouille dans la poche de son hoodie en jetant toujours quelques regards anxieux dans les alentours. Après plusieurs secondes, elle en sort quelques billets, les compte pour ne donner que le strict nécessaire et les tend au brun. Avec ça, elle espère avoir un stock assez conséquent pour tenir un moment. De toute façon, c’est pas comme si elle avait les moyens de se refournir tout de suite. Triste réalité, mais tant pis, elle doit faire avec. « Pour le prix d’ami, tu n’auras qu’à voir avec Noreen directement. » « Hmf. » est-ce que c’est le moment où elle est supposée dire qu’elle ne sait même pas qui c’est, cette Noreen ? Non. Non, certainement pas. « Et si toi tu deviens mon ami ? » qu’elle demande en récupérant son foutu carton après qu’il ait terminé de recompter l’argent. Après un énième regard aux alentours, elle entreprend de vérifier l’intérieur sans rien sortir. Tout a l’air réglo et elle lâche un soupir de soulagement. « Genre on oublie Noreen, pouf, j’deviens une bonne cliente et j’ai une carte de fidélité en prime. » elle continue de parler sans même prendre la peine de relever la tête. « T’as le droit d’avoir des amis dans ton boulot, d’ailleurs ? » qu’elle demande en plissant les yeux, reportant son attention sur lui. « C’est une vraie question, j’me suis toujours demandé. » maintenant qu’elle y pense, elle a du mal à se dire que le jour c’est sûrement un type qui a une vie tout à fait normale. Une meuf, un chat, des parents, peut-être une petite soeur. Et la nuit, il se transforme en vendeur de bonbons de la mort, c’est une sacrée transition. Ou alors il est gangster cent pour cent du temps. « Mon ancien fournisseur de heu- livres, il avait à peu près toujours une tronche de six pieds sous terre, c’était pas ultra agréable de faire affaires avec lui. » et la blonde entreprend d’imiter la tête du fameux type.

14 janvier 2022. Face à l’inconnue, Hunter eut dû mal à croire un instant que c’était bien une cliente. Lui aussi n’était pas à l’aise de faire affaires avec des nouvelles personnes. Il préférait lorsqu’un contact sûr lui présentait un nouveau client. Cette fois-ci cela s’était fait différemment et il avait seulement pris le risque car la personne semblait connaître le nom de Noreen. Le but de Hunter dans ce business était avant tout de se faire tout petit, de ramasser son fric et de ne remuer aucune vague. Il était donc sur le qui-vive mais la blonde semblait tout autant en alerte que lui. Il se disait tout de même qu’au vu du gabarit, il serait capable de la courser si jamais elle se barrait sans le payer. A moins qu’elle cache non loin d’ici des acolytes qui l’aideraient à s’enfuir. Hunter avait subi une agression au mois d’octobre dernier et il n’avait pas envie de revivre cette expérience. Il prit un instant pour checker son téléphone, il regarda les alentours et partit vers sa cachette pour revenir avec la came qui lui fallait. A son retour il n’attendit pas une seconde pour lui demander l’argent. Ce n’était pas une partie de plaisir pour les clients en général mais, pas le choix. Hunter finit par répondre à cette remarque qu’elle avait lancée pour essayer. « Hmf. » Sans aucun doute déçue, la jeune femme releva sa tête pour le regarder et il croisa cette petite lueur dans les yeux, elle ne semblait pas si méchante, la Rebelle. « Et si toi tu deviens mon ami ? » Sans attendre, il pouffa de rire. Il rangea l’argent dans une poche intérieure et reposa ses yeux sur elle. « Genre on oublie Noreen, pouf, j’deviens une bonne cliente et j’ai une carte de fidélité en prime. -- T’as le droit d’avoir des amis dans ton boulot, d’ailleurs ? » Elle posa enfin ses yeux sur lui, quel honneur. « C’est une vraie question, j’me suis toujours demandé. » « Premièrement, le but d’une carte de fidélité est de revenir plusieurs fois, donc pour l’instant ce n’est pas le cas, newbie. » dit-il sur un ton léger car il avait l’impression qu’elle était adepte du sarcasme et de l’humour au second degré. Il se permit donc de continuer dans ce sens-là. « Deuxièmement, non. Je n’ai pas d’amis et j’en  veux pas. » lâcha-t-il en haussant les épaules. Il avait des amis, mais… on ne pouvait pas dire qu’il prenait le temps d’en prendre soin, et de les voir. Il se comptait seulement sur une main d’ailleurs, et puis la plupart d’entre eux ne connaissait pas le vrai Hunter, sa double vie qui menait. Il était loin de la vie posée avec une femme, des enfants et un chien. Oh oui bien loin de ce stéréotype. Il se suffisait d’un appartement en ville, et déjà ça c’était une grande avancée pour l’homme qui avait vécu plus de cinq ans dans un campervan avec sa mère. « Mon ancien fournisseur de heu- livres, il avait à peu près toujours une tronche de six pieds sous terre, c’était pas ultra agréable de faire affaires avec lui. » Un mince sourire vint se dessiner sur le visage juvénile du dealer. La cliente était apparemment bavarde et pourtant au premier abord, Hunter aurait cru qu’elle serait partie aussitôt la came dans la poche. « Et avec moi alors ? C’est mieux ? » demanda-t-il, curieux de savoir pourquoi elle lui confiait ce détail sur son ancien fournisseur. « Du côté des clients, c’est pas toujours la joie non plus tu sais. » confia-t-il finalement en venant sortir une clope qu’il vint allumer aussitôt pour tirer une barre. Il tendit le paquet à l’inconnue pour savoir si elle voulait prendre cinq minutes pour discuter en cramant ses poumons.   

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Tout est presque trop détendu pour être honnête. Elle se méfie autant qu’elle apprécie discuter avec ce type là. D’un côté, elle se dit que Raelyn ne l’enverrait pas voir n’importe qui et de l’autre, elle a du mal à le cerner. « Premièrement, le but d’une carte de fidélité est de revenir plusieurs fois, donc pour l’instant ce n’est pas le cas, newbie. » « Oui mais imagine que je reviens. » elle insiste sans vraiment être sérieuse, préférant le ton léger qui est adopté qu’un échange trop formel où tout le monde se regarde du coin de l’oeil en s’attendant à se prendre un coup de schlass dans le dos. « Deuxièmement, non. Je n’ai pas d’amis et j’en veux pas. » ça la fait rire doucement, elle ne peut pas vraiment lui en vouloir de se protéger, elle fait pareil depuis toujours. « Triste ça. » elle constate alors qu’en vérité, elle est pas vraiment mieux. Des gens proches (des vrais qui tiennent à elle ou font semblant), elle n’en a pas tant que ça. Ca doit se compter sur les doigts d’une main et c’est même pas le genre de personnes qu’elle peut qualifier d’amis. Elle se plaint à moitié de son ancien dealos qui faisait toujours la gueule, gardant cette espèce d’atmosphère un peu trop relax alors que rien ne va, là. Elle est pas en train de causer avec son pote de lycée, c’est un gars qu’elle ne connaît absolument pas et qui, à tout instant, peut l’envoyer se faire foutre ou décider qu’elle est trop louche et trop nerveuse pour continuer à faire affaires avec lui. « Et avec moi alors ? C’est mieux ? » Spencer fait mine de réfléchir un instant, termine par hausser les épaules l’air de dire “qui sait.” « Du côté des clients, c’est pas toujours la joie non plus tu sais. » elle ne peut pas vraiment le contredire sur ce point là. Plus d’une fois elle a eu des altercations avec le revendeur habituel et plus d’une fois ça a failli mal tourner. A la place, elle ricane en acquiesçant. « Écoute pour l’instant ça va, j’vais pas m’en plaindre. » elle sourit en haussant les épaules, répondant enfin à sa question précédente. « Tu vois c’est l’attitude qui fait tout, on n’est pas obligés d’être des sauvages non plus. » après tout, qui a décrété que les dealers devaient forcément tirer la tronche et se montrer désagréables ? Personne, voilà. C’est comme quand on va acheter un truc à l’épicerie, c’est toujours plus sympa si le caissier est souriant et qu’il tape la discute, on y revient plus facilement. Wolfy sort une clope et en tend une à sa nouvelle cliente favorite qui s’empresse d’accepter l’offre. « Ah, merci. » qu’elle marmonne en plaçant le tube entre ses lèvres, dégainant son briquet dans un même mouvement. « C’est une bonne attitude commerciale ça. » la blonde ricane en allumant son poison, prenant quelques bouffées et soufflant la fumée par le nez. C’est une grande première ça, un type dans son genre qui lui propose une clope après un achat où elle vient de claquer 250 boules pour pouvoir aller se faire crever à petit feu dans un coin où les règles sanitaires ne sont pas forcément de rigueur. C’est pas désagréable, faut être honnête. « Alors, c’quoi le pire client que t’aies eu. Genre y en a qui ont déjà essayé de te menacer et tout ? » question peut-être un peu con, mais c’est le genre de chose qu’elle n’a pas tellement l’habitude de pouvoir demander. En temps normal, elle est plus du genre à faire sa transaction et à se barrer tout de suite. Mais pas là, là y a quelque chose qui l’interpelle un peu chez lui, même si elle ne sait pas tellement dire ce que c’est et si c’est très judicieux de se lancer dans ce genre de manœuvre. Au pire tant pis, elle se prendra un revers de médaille plus tard.

14 janvier 2022. Hunter n’aimait pas dealer avec des nouveaux, il était toujours inquiet de se faire berner. Il n’était pas à son compte, non les comptes il devait les rendre. Il avait déjà été agressé une fois, il ne comptait pas faire de faux pas à nouveau. Hunter ne voulait pas se faire remarquer, il n’était qu’un petit oiseau qui faisait son bout de chemin et c’était sans cacher sa méfiance qu’il parlait avec cette jeune femme. « Oui mais imagine que je reviens. » « Dans ce cas, j’aurais bien fait mon travail. » conclut-il avec un sourire fier mais tout aussi amusé. Il ne rentrait pas son jeu mais c’était bon enfant. Et aussi sympathique et angélique qu’elle puisse être, Hunter campait ses positions ne cherchant pas réellement à se faire des amis, qui en avait dans ce milieu de toute façon ? « Triste ça. » commenta-t-elle sans cacher son amusement. « On est mieux seul que mal accompagné. » dit-il en la regardant du coin de l’œil, cherchant à la cerner aussi. Maintenant qu’elle avait sa came, pourquoi tenait-elle à prolonger cette conversation ? Peut-être que Noreen l’avait envoyée pour en savoir plus sur lui, peut-être que suite à son agression, le Club avait besoin de savoir ce qu’il avait de le ventre… Il était en train de se faire des idées pour rien le minot. « Ecoute pour l’instant ça va, j’vais pas m’en plaindre. » C’était déjà une bonne chose, qu’elle ait une bonne image de lui, ainsi si elle devait croiser qui que ce soit du Club elle pourrait dire qu’elle avait eu une bonne impression de Wolfy… « Tu vois c’est l’attitude qui fait tout, on n’est pas obligés d’être sauvages non plus. » Un ricanement au fond de la gorge, il la regardait avec curiosité, parce qu’au fond, Hunter gardait toujours cette façade quand il était Wolfy. « C’est vrai mais on ne peut pas dire qu’il n'y ait que des tendres dans ce milieu. » qu’il dit, repensant encore à son agression, pensant aussi à l’effroi qu’il pouvait ressentir quand il croisait Amos ou Raelyn au Casino, non ce n’était pas le genre de gens qu’il aimait croiser tous les jours… En tout cas, le dealer prolongea à son tour ce moment en l’invitant à griller une clope avec lui. « Ah, merci. » Elle accepta sans rechigner. « C’est une bonne attitude commerciale ça. » Il haussa les épaules en venant allumer sa clope, il aspira en répondant : « Tu m’as l’air sympathique. » Il expira avec un sourire pincé, elle était curieuse, spontanée, ce n’était pas le genre de clients qu’il voyait tous les jours. « Alors, c’quoi le pire client que t’aies eu. Genre y en a qui ont déjà essayé de te menacer et tout ? » C’était au tour de la blonde de prolonger la conversation, il se mordit l’intérieur de la joue en réfléchissant, ne sachant quoi lui partager comme confidences. « Je me suis fait agresser une fois oui, mais pas sûr que c’étaient de vrais clients. » avoua-t-il simplement, d’un air détaché, il lui faisait comprendre que ce n’était probablement pas des habitués qui étaient venus cette nuit-là. « Hormis ça, y en a juste qui sont flippants. » dit-il d’un ton plus léger en tirant sur sa cigarette, paradoxe quand on savait que les deux avaient l’habitude de se mettre beaucoup plus forts et toxiques que cela dans leur corps…  

Spoiler:

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@Hunter Stringer & Spencer Blackwell

Le courant semble bien passer, du moins pour l’instant. En y repensant, elle n’a jamais eu de transaction aussi chill que celle là. Habituellement, elle file son fric en échange des produits et si elle ne se fait pas envoyer chier tout de suite, il est fortement sous-entendu qu’elle ferait mieux de ne pas traîner dans les parages. A part des regards mauvais et des rappels de paiement, elle n’a jamais rien eu d’autre de la part de ses précédents dealers. Le changement est pas désagréable, faut l’avouer. « Dans ce cas, j’aurais bien fait mon travail. » elle acquiesce. Certes. « J’espère que ton boss te filera une commission en plus ou un truc du genre. J’sais pas trop comment ça marche dans le milieu. » elle fait un bref signe de main. C’est sans doute pas du tout comme ça que ça fonctionne, il a pas genre une fiche de paie en fin de mois avec marqué dessus “vendeur de farine” ou elle ne sait quelle connerie. Ses avantages il doit les toucher autrement et c’est pas le genre de chose qui regarde la blonde. « On est mieux seul que mal accompagné. » elle ricane et acquiesce. Ca, elle ne va pas le contredire. « Amen. » comme s’il venait de citer une quelconque parole d’Evangile digne d’être célébrée. En même temps, il a raison. Traîner avec les mauvaises personnes, ça ne peut que mal finir, elle ne le sait que trop bien, la Blackwell. Tellement de fois elle s’est retrouvée dans les emmerdes à cause ou à la place de quelqu’un d’autre, alors aujourd’hui elle s’assure généralement de prendre les devants. C’est elle qui la met à l’envers à ceux qui la font chier, pas l’inverse. Enfin à première vue, pas de raison de s’inquiéter ici. « C’est vrai mais on ne peut pas dire qu’il n'y ait que des tendres dans ce milieu. » « Que des tendres ? » elle plaisante avec un sourire amusé. « Genre, y en a tout court ? » typiquement elle imagine très mal quelqu’un qui se laisse marcher sur les pieds dans ce business là. « Tu m’as l’air sympathique. » « Ah, merci. Toi aussi. » au moins c’est dit. Alors elle essaie d’alimenter la conversation, juste histoire de gagner des points et peut-être des prix pour les prochaines fois. « Je me suis fait agresser une fois oui, mais pas sûr que c’étaient de vrais clients. » « Oh merde. » elle plisse le nez dans une grimace. « Bon visiblement tu t’en es pas trop mal sorti, vu que t’es toujours là. » bon en vrai elle sait pas hein. Si ça se trouve il sort tout juste d’un coma de trois ans à cause de ça, qui sait. « Hormis ça, y en a juste qui sont flippants. » « Ouais j’te confirme qu’il y a une paire de siphonnés. » la blonde ricane de nouveau en expulsant la fumée de sa clope. « J’te jure l’autre fois j’en ai croisé un qui avait juste une cicatrice sur la tronche, de là à là. » du bout du doigt, elle trace un trait sur son propre visage, du milieu du front jusqu’à la joue. « Pas le genre de gars avec qui tu vas boire un thé, hein. » il ressemble à un vieux mafieux de film, il fait flipper ce type. « Ou alors si tu le fais, c’est pas deux fois. » parce que personne doit ressortir vivant de chez ce gars là. « Mais ouais, contente de pas être tombée sur un type flippant, du coup. » peut-être que si Wolfy se met à froncer les sourcils, il peut le devenir.

14 janvier 2022. Hunter n’était pas un caïd des rues. Il s’était retrouvé dans ce business par pur hasard et il profitait de cette opportunité pour se faire son fric et ne rien demander à personne. Il avait subi une agression il y a de ça quelques mois et ça l’avait mis en porte à faux face à ses boss, il avait dû se racheter à leurs yeux et cette épreuve avait été assez troublante pour lui, pour vouloir remettre ça. Hunter était un mec qui ne voulait pas se faire remarquer, et même quand il parlait à cette nouvelle cliente, il restait sur ses gardes. Les deux inconnus avaient l’air de rester méfiant l’un envers l’autre, ils avaient probablement une expérience similaire en termes de confiance et puis ce milieu n’était pas réputé pour être rempli de gens bienveillants. Toutefois, le dealer se permit de lui offrir une clope pour prolonger cette conversation sans réellement savoir comment cerner la blonde. « J’espère que ton boss te filera une commission en plus ou un truc du genre. J’sais pas trop comment ça marche dans le milieu. » Il ricana en secouant la tête. « Non pas vraiment, le statut du meilleur employé du mois n’est pas reconnu dans ce milieu. » confia-t-il sur le ton de l’humour, un sourire en coin. Bizarrement, elle n’avait pas l’allure de traîner dans ce milieu, peut-être avait-elle succombé à ces vices il y a peu de temps ou bien alors était-elle seulement l’intermédiaire pour une autre personne de son entourage. De toute façon, ce n’était pas le genre de questions qu’on posait dans ce business, tant qu’elle payait c’était tout ce qui importait Hunter. « Amen. » approuva-t-elle d’ailleurs à l’idée qu’on était toujours mieux seuls de toute façon.   « Que des tendres ? » s’étonna-t-elle en ricanant. « Genre, y en a tout court ? » demanda-t-elle finalement de manière rhétorique alors qu’il plaça sa main sur son cœur en signe d’offense. « Et moi alors ? » rétorqua-t-il d’un air faussement offensé, avec un sourire mutin au visage, amusé par cette conversation. « Ah, merci. Toi aussi. » concéda-t-elle finalement au fait qu’il soit en tout cas, sympathique. « Oh merde. Bon visiblement tu t’en es pas trop mal sorti, vu que t’es toujours là. » « Perspicace. » qu’il dit aussitôt en levant les yeux pour la regarder. En effet, il s’en était sorti avec une côte fêlée et des hématomes qui avaient mis des semaines à guérir mais aujourd’hui, plus rien n’était resté pour témoigner de cette affreuse nuit. « Ouais, j’te confirme qu’il y a une paire de siphonnés. »  Il plissa les yeux en la regardant, se disant alors qu’elle avait croisé ce genre de personnes, et qu’alors elle n’était apparemment pas tombée là dedans hier. « J’te jure l’autre fois j’en ai croisé un qui avait juste une cicatrice sur la tronche, de là à là. » Il la regardait faire, intrigué. « Pas le genre de gars avec qui tu vas boire un thé, hein. Ou alors si tu le fais, c’est pas deux fois. Mais ouais, contente de pas être tombée sur un type flippant, du coup. » Les sourcils froncés, mais le sourire aux lèvres, Hunter était content d’entendre qu’il n’était pas flippant. Elle parlait tout de même beaucoup pour une acheteuse, il avait plutôt l’habitude à des échanges furtifs plutôt qu’à de longues conversations. « Ravi de savoir que je ne fais pas flipper. » dit-il en premier lieu avant de tirer sur sa cigarette et d’ajouter : « Même si dans ce milieu, j’suis pas sûr que ça soit à mon avantage de ne pas faire flipper. » reprit-il finalement faisant mine de réfléchir, et d’être même embêté par ce constat.  

it won’t do no good
@Hunter Stringer & Spencer Blackwell

« Non pas vraiment, le statut du meilleur employé du mois n’est pas reconnu dans ce milieu. » elle ne peut s’empêcher de rire à l’image que ça renvoie. « Quoi tu veux dire que y a pas vos portraits d’accrochés sur un coin de mur dans ta cachette de vendeurs ? » imaginer ça pour le coup, c’est vraiment drôle. Un hangar à moitié branlant qui sert de repaire de mafieux avec des cadres d’employés du mois ; “qui a vendu le plus de pochons aux lycéens en janvier ?” et là forcément, elle visualise un grand chauve à l’air méchant et un nom allemand super cliché comme numéro un. « Faut que je t’avoue, je trouve ça un peu décevant d’apprendre ça. » qu’elle continue pour plaisanter. Comme si les dealeurs bossaient dans des open space organisés en célébrant les meilleures ventes de la semaine autour d’un café. « Et moi alors ? » elle fait mine de l’observer quelques secondes en détail, avant de finalement hausser les épaules d’un air nonchalant. « Tu devrais froncer les sourcils un peu plus. Et carrer les épaules. » ça lui donnerait l’air un peu plus imposant quoi. Heureusement que Spencer les bons conseils est là pour rectifier le tir. Là il aura l’air d’un gros dur. Ou d’un dealer et il se fera alpaguer par le premier flic qui passe, ce qui serait carrément dommage. Il parle de ses déboires, Wolfy. De clients malencontreux et forcément, la blonde constate qu’il a l’air de s’en être plutôt bien sorti. « Perspicace. » elle acquiesce, faisant genre d’être fière de son observation plus qu’évidente. Pour une fois, la jeune femme prend le temps de discuter avec son nouvel ami. D’ordinaire, l’échange est furtif, peut-être même un poil louche pour quiconque y assiste. Là, on dirait juste deux amis en pleine discussion normale et c’est peut-être ça, le but recherché. Elle glane des infos, juste ce qu’il lui faut pour décider si oui ou non elle y reviendra. La réponse, elle la connaît déjà. Elle ne peut plus aller voir Elijah ou ses gars sous peine de mal finir. Alors elle brode, elle parle des types louches qu’elle a déjà pu croiser, ceux qui la faisaient flipper et dont elle évitait de croiser le regard. « Ravi de savoir que je ne fais pas flipper. » il s’offusque et Spencer ricane à nouveau. « Même si dans ce milieu, j’suis pas sûr que ça soit à mon avantage de ne pas faire flipper. » « Ouais, vrai. T’as pas un copain gros bras qui peut venir faire genre d’être ton garde du corps ? » et pour faire bonne mesure, Spencer jette un oeil aux alentours, comme pour s’assurer que ce n’est pas déjà le cas. Si ça se trouve y a un type baraqué et menaçant planqué dans la pénombre, prêt à taper son meilleur sprint et à couper court à toute tentative malencontreuse de la part d’un client un peu trop téméraire. Enfin vu l’état actuel des choses, il ne faut pas être un génie pour voir que ce cher Wolfy ne court pas trop de danger en compagnie de sa nouvelle camarade JJ. Elle est plus petite que lui, achète de la came et donc ça implique forcément qu’elle consomme et que par conséquent, elle n’est pas forcément en excellente forme. Enfin c’est sans doute pas ce genre de détail qui aura stoppé certaines personnes à tenter leur chance, elle en est certaine. La blonde termine sa clope et souffle en écrasant le mégot au sol. « Merci pour la commission rapide, en tout cas. » qu’elle dit avec un sourire. C’est que ça dépanne bien, l’air de rien. « Encore désolée pour heu, le message sorti de nulle part. Promis la prochaine fois on fait à ta façon. » qu’elle dit en enfonçant les mains dans les poches de son blouson. Si ça se trouve un il a une manière bien à lui de livrer ses colis et elle a foutu la merde dans son planning sans le vouloir.

14 janvier 2022. Ce n’était pas dans l’habitude de Hunter de prolonger la discussion avec ses clients mais l’inconnue était bavarde et curieuse, sans être trop envahissante non plus. Il se laissa alors cramer une clope à ses côtés. « Quoi tu veux dire que y a pas vos portraits d’accrochés sur un coin de mur dans ta cachette de vendeurs ? » Il eut un petit rire, et en plus de ça, elle était marrante. « Faut que je t’avoue, je trouve ça un peu décevant d’apprendre ça. » Son rire dénota d’un fond de moquerie mais rien de méchant, juste qu’il n’avait jamais visualisé cette scène. « Désolé de te décevoir. » conclut-il finalement en haussant des épaules. « C’est pas fun ce taf. » ajouta-t-il finalement en la regardant du coin de l’œil. Mais cela n’avait pas l’air d’être son premier coup d’essai, elle savait ce qu’elle voulait, et il se demandait alors comment elle le voyait en tant que dealer. Après tout, elle lui avait posé des questions sur ses clients… « Tu devrais froncer les sourcils un peu plus. Et carrer les épaules. » Il laissa passer de l’air entre ses narines, retenant un rire. « Tu trouves pas que je passe inaperçu au moins comme ça ? » demanda-t-il finalement, d’un ton curieux car il voulait réellement avoir son avis à ce sujet. Même si en effet, son gabarit n’avait clairement pas dissuadé ses agresseurs au mois d’octobre dernier.

Hunter ne faisait clairement pas flipper, il en était bien conscient. Mais au moins, il savait fidéliser la clientèle. « Ouais, vrai. T’as pas un copain gros bras qui peut venir faire genre d’être ton garde du corps ? » Immédiatement il pensait à Oliver, son vieil ami, la brute de l’école qui avait toujours été à ses côtés jusqu’à … bien longtemps maintenant, ils ne faisaient plus partie du même monde. Il vint tirer sa dernière taffe en secouant la tête négativement, il la regarda terminer la clope et il vint se redresser pour se mettre face à elle. « Merci pour la commission rapide, en tout cas. » Il hocha la tête avec un léger sourire. « Encore désolée pour heu, le message sorti de nulle part. Promis la prochaine fois on fait à ta façon. » « T’en fais pas. » dit-il finalement, il l’imita en mettant ses mains dans ses poches. « Avec plaisir pour te revoir, si toutes les transactions pouvaient être aussi agréables… » qu’il dit d’un ton presque charmeur, mais c’était Hunter alors on ne pouvait pas réellement déceler de la drague là-dessous, simplement de la pure gentillesse. « A bientôt » dit-il avec un clin d’œil alors qu’il finit par reprendre sa route comme si de rien était.