| (caelanwar) in the wrong place tryin' to make it right |
| | (#)Jeu 20 Jan 2022 - 7:32 | |
| caelan & anwar in the wrong place tryin' to make it rightHello, world, hope you're listening, forgive me if I'm young for speaking out of turn. There's someone I've been missing, iI think that they could be the better half of me. They're in the wrong place tryin' to make it right, but I'm tired of justifying so I say to you : come home, come home. ☆☆☆ La vision du désordre qui régnait dans son salon avait arraché à Anwar un léger soupir. Si Alma avait parfaitement assimilé l'emplacement de son coffre à jouets et la faculté d'en vider entièrement le contenu au gré de ses envies, il y avait encore des progrès à faire concernant le rangement. Mais pour l'heure, l'apprentissage et les négociations se concentraient exclusivement sur le fait d'accepter d'aller au lit en temps et en heure : un suffisamment gros morceau pour qu'apprendre à ranger ses jouets ne soit pas la priorité. Par chance, la matinée au jardin tropical avait suffisamment entamé le quota d'énergie de sa progéniture, et le brun n'avait ce jour-là pas eu à batailler trop longtemps pour la mettre à la sieste, croisant désormais les doigts pour qu'elle y reste au moins une heure – deux, s'il était vraiment chanceux. Tâchant de faire le moins de bruit possible, il avait donc entrepris de rassembler cubes, peluches, fruits et légumes en plastique et autres figurines animalières, le tout dans le but de redonner à la pièce un peu plus des airs de salon, et un peu moins des airs de crèche municipale. Posé sur le dossier du canapé, Ibis le perroquet profitait quant à lui que l'humain miniature ne soit plus dans les parages pour étirer ses ailes et nettoyer son plumage sans crainte d'être importuné. Le quotidien de père au foyer, rythmé de temps à autres par les balades en voilier qu'il proposait çà et là aux touristes, avait d'abord eu la saveur des vacances avant de prendre le goût plus acre de l'ennui. Anwar n'avait jamais géré sa lessive aussi bien, la vaisselle ne s'entassait plus durant des jours avant que Maze ou lui ne se motivent à s'en occuper, il avait fait du tri dans la cave et abandonné un tas d'affaires aux bonnes oeuvres, et se proposait toujours de bon coeur pour aller chercher Aidan ou Maya à la sortie de l'école les jours où Norah ou Talia terminaient plus tard. Il avait plus profité d'Alma en l'espace de six mois qu'il n'avait pu le faire durant toute la petite enfance de Tarek, aussi, et parce qu'elle grandissait à toute vitesse il avait conscience que ce temps qu'il leur octroyait n'avait pas de prix. Et malgré tout … Malgré tout le temps commençait à lui sembler long, et ses pensées vagabondaient du côté du commissariat où il n'avait plus mis les pieds depuis presque quatre mois. Il conversait régulièrement avec Charlie par messages, se tenait un peu au courant de la vie au poste en son absence, mais après plusieurs semaines durant lesquelles l'idée même de reprendre le travail lui filait des palpitations, désormais c'était de s'imaginer arpenter indéfiniment et sans aucun but la surface de son appartement qui lui semblait insurmontable. Dans la poche de son jean, les vibrations de son cellulaire étaient finalement venues le sortir de son introspection, et fronçant les sourcils devant la mention "numéro inconnu" il avait tout de même fait glisser son pouce vers la droite pour accepter l'appel. « Cet appel provient du STD du Centre Correctionnel de Brisbane-Wacol. La conversation est susceptible d'être enregistrée. Tapez 1 pour accepter la communication. » Le rythme cardiaque d'Anwar s'emballant aussitôt, il avait abandonné sur le canapé le lapin en peluche qu'il tenait jusque-là entre ses doigts, et s'était empressé de sélectionner la touche correspondante. La tonalité bippant une fois, puis deux, la troisième avait été coupée en plein vol par la mise en relation des deux interlocuteurs et la voix du brun s'était élevée, volontairement enjouée : « Comment va cette grande asperge de Leckie ? » Traversant la pièce, il était allé s'installer près de la fenêtre de la cuisine. « Ça fait plaisir de t'entendre, mate. » Cela ne remplaçait pas une visite en chair et en os, bien sûr, mais faute de mieux l'un et l'autre tentaient de s'en contenter, et malgré la culpabilité Anwar savait que c'était pour le mieux.
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| | | | (#)Dim 13 Fév 2022 - 19:30 | |
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Caelan attendait toujours la période des fêtes avec impatience, sauf cette année puisqu’il avait dû la passer seul entre les murs de l’établissement carcéral où il purgeait sa peine. Depuis sa naissance, c’était la première fois que Norah et lui étaient séparés lors de leur anniversaire et qu’il ne partait pas à la chasse aux cadeaux pour ses proches dans l’espoir de trouver le présent parfait pour chacun d’entre eux. Les viennoiseries réconfortantes de Norah lui manquaient particulièrement en ce moment, tout comme la compétition débile que Marcus et lui entretenaient depuis longtemps pour le titre du meilleur oncle. Ces dernières semaines, il n’avait pu faire autrement que d’imaginer les membres de sa famille s’amuser et rire sans lui devant le sapin de Noël, bien qu’il était probablement très loin de la réalité, son absence se faisant sentir autant de leur côté que la leur du sien. Le brun essayait de voir le bon côté des choses en se disant qu’il avait purgé la moitié de sa peine – déjà ou enfin, tout est une question de perspective – mais le retour à la réalité l’angoissait de plus en plus même s’il ne désirait pas passer une journée de plus à l’intérieur de ces murs. Caelan n’avait que ça à faire, penser, et pourtant, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il voulait faire en sortant de prison maintenant que son casier judiciaire l’empêcherait de retourner en ingénierie. Son travail n’était pas qu’un gagne-pain, c’était aussi une passion et étant donné qu’il réussissait bien dans son domaine depuis des années, il n’avait jamais réellement pensé à un plan B au cas où il devrait se réorienter. Chaque fois qu’il pensait à son avenir professionnel, il ne pouvait s’empêcher de penser aux films dans lesquels les ex détenus finissent par travailler dans un restaurant miteux à laver la vaisselle ou à tourner des boulettes de hamburger sur un immense grill à longueur de journée. Penser que ça pourrait être son cas suffisait à le déprimer.
Sagement, Caelan attendit en file que ce soit enfin son tour de faire un appel. Après avoir inséré sa carte d’appels, il composa le numéro de téléphone d’Anwar en espérant que ce dernier allait être disponible. Après tout, à l’inverse de lui, ses proches continuaient leur vie à l’extérieur et ses appels ne tombaient pas toujours au bon moment, mais Anwar décrocha et Caelan fut soulagé d’entendre sa voix. « Comment va cette grande asperge de Leckie ? » L’esquisse d’un sourire prit place au coin des lèvres du détenu qui jeta quelques coups d’œil par-dessus ses épaules. Cette question était inévitable et y répondre était de plus en plus difficile pour lui alors qu’il détestait mentir à ses proches, mais d’un autre côté, il ne voulait pas les inquiéter en étant honnête et il n’aimait pas parler des problèmes qu’il rencontrait en prison tandis que d’autres détenus attendaient leur tour à proximité. « Oh, tu sais, numéro un. J’ai repris le basket! » Maigre tentative de détourner l’attention sur ce sport qu’il avait pratiqué de façon intense à l’adolescence. Croyait-il vraiment que l’inspecteur le croirait? Pas vraiment, mais il espérait au moins qu’il n’insisterait pas. « Ça fait plaisir de t'entendre, mate. » Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour pouvoir aller lui rendre visite sur son voilier, loin de ces murs de bétons et du barbelé à l’extérieur, mais il devait se contenter de courts appels téléphoniques en attendant sa sortie. « Je suis content que tu aies décroché, je ne savais pas si ça allait être un bon moment pour toi. » répondit-il en entortillant le fil du téléphone autour de ses doigts. « Comme ça t’es rendu blond?! » lui demanda-t-il sur un ton beaucoup plus enjoué que précédemment. « C’est quoi… t’as perdu un pari? Ou si c’est ça la crise de la quarantaine? Dis-moi que tu t’es pris en photo au moins, je veux trop voir ça. » Il allait en avoir des choses à rattraper en retrouvant sa liberté. |
| | | | (#)Mar 1 Mar 2022 - 7:14 | |
| Juché sur son perchoir avec majesté, Ibis l'Amazone vert observait d'un œil circonspect les gesticulations incessantes de son propriétaire. L'humain miniature envoyé au lit peu de temps avant, l'oiseau espérait bien profiter enfin d'un brin de tranquillité, celle-là même dont il manquait tant chaque fois que les babillages ou pleurs du petit monstre en couche-culotte venaient importuner son ouïe si sensible. Si on lui avait demandé son avis, Ibis aurait volontiers suggéré de ramener cette chose de l'œuf duquel on l'avait sortie – mais personne ne lui demandait jamais son avis. Soit, au moins aurait-il la paix tant qu'elle était à la sieste, et il aurait bien été prêt à vendre quelques plumes contre le fait que cela dure des heures, mais non … Non, il avait fallu que le grand imbécile s'agite en de prenant soudainement pour une fée du logis. Tu trompes personne chico, on sait tous que ton appartement ressemblait à une garçonnière avant que Miss Grande-Bretagne vienne prendre la chambre d'ami. Et après ? S'il se tenait tranquille, l'animal espérait bien obtenir un petit quelque chose à grignoter … Sa mangeoire était encore à demi remplie de graine, certes, mais ça n'avait pas le goût d'un pépin de grenade ou d'un quartier d'orange, et il y avait l'un et l'autre dans la corbeille à fruits. Avait-il seulement conscience, le grand dadet, du self-control que lui demandait le fait de ne pas se jeter sur la corbeille à fruits dès qu'il était hors de sa cage ? Non, bien sûr, il prenait cela pour acquis, et un jour Ibis promettait que de lui prouver lui contraire lui ferait peut-être les pieds. Allons bon, et maintenant le téléphone ? Personne ne respectait donc plus la tranquillité des perroquets las et fatigués, ces temps-ci. Cette grande perche de Leckie ? Intéressant. Et tandis qu'Anwar faisait quelques pas pour aller se poser près de la fenêtre, Ibis étirait ses ailes d'un air dramatique tout en tendant l'oreille. « Oh, tu sais, numéro un. J’ai repris le basket ! » L'oiseau n'avait pas l'ouïe suffisamment bonne pour entendre ce qui se disait à l'autre bout du fil, bien sûr, mais le mince sourire qui s'était étiré sur les lèvres de son dealer de graines laissait supposer qu'il y avait matière à rire – ouais, il fallait au moins ça pour arracher un sourire même minime à Grincheux, ces temps-ci. « Ça fait plaisir de t'entendre, mate. » Le sourire venait peut-être de là, finalement, et disant cela le bonhomme était allé s'accouder contre le rebord de la fenêtre pour jeter un oeil au-dehors. « Je suis content que tu aies décroché, je ne savais pas si ça allait être un bon moment pour toi. » Demi-tour, et Grincheux avait quitté la fenêtre pour se diriger vers le réfrigérateur et en sortir la brique de jus d'orange entamée. « Non, tu tombes à pic. Je viens de mettre Alma à la sieste, croise les doigts pour moi que ça dure plus d'une demi-heure. » Même Ibis croisait griffes et plumage, qu'on se le dise, quant à Anwar il avait sorti un verre et l'avait rempli de jus de fruits. « Comme ça t’es rendu blond ?! C’est quoi … t’as perdu un pari ? Ou si c’est ça la crise de la quarantaine ? Dis-moi que tu t’es pris en photo au moins, je veux trop voir ça. » Qui l'eût cru, c'était même un bref éclat de rire qui avait finalement échappé à la fée du logis du dimanche. « Tiens-toi tranquille jusqu'au bout, et t'auras peut-être pas besoin d'une photo pour admirer ma soyeuse chevelure toi-même. » Soyeuse, laisse-moi rire, t'as l'air d'un paillasson mon pote. Et le voilà qui embarquait son verre pour aller s'asseoir sur le canapé – Ibis pariait deux plumes qu'il n'y restait pas assis plus de dix secondes. « Qu'est-ce que tu veux que j'te dise, faut croire que le blond me manquait … Mais au moins cette fois-ci j'avais pas trop bu pour m'en rappeler. » Alors c'était ça, la vérité ? Un beau jour d'octobre 2017 Bozo le clown était rentré blond comme les blés après avoir découché, et il ne se rappelait même pas comment c'était arrivé ? Vous parlez d'un génie. Au moins cette fois-ci il avait pris la poulette à témoin – et pas que. D'ailleurs : « J'ai même convaincu Maze de faire pareil, maintenant on a l'air de Barbie et Ken. » Les muscles en moins pour l'un et le boule en moins pour l'autre, alors. Oh, qu'il se vexerait Grincheux s'il l'entendait penser … Mais non, il se contentait d'être prévisible, et voilà qu'il était à nouveau debout dix secondes après. « T'as reçu le bouquin ? Norah m'a dit qu'elle te l'amènerait la prochaine fois. » L'air un instant goguenard d'Anwar s'était finalement évaporé, et voilà qu'il se dirigeait maintenant vers son vieil ami le piaf. Oh no. « De base j'avais choisi Le Comte de Monte-Cristo, mais j'me suis dit : hm, maybe too soon. » Hilarant, Zehri. Et qu'avait-il à s'approcher comme ça, tout d'un coup ? Hors de question de rentrer dans la cage, il n'était pas l'heure de dormir. Et puis … oh. Ah. Les gratouilles sur la tête, oui. Voilà, juste ici. Ok Zehri, t'as gagné – pour cette fois. - open for a surprise:
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| | | | (#)Lun 27 Juin 2022 - 4:47 | |
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Était-ce le moment d'avouer à Anwar qu’il avait rêvé de lui quelques jours auparavant? Tout était très flou, mais plus le son de sa voix résonnait dans l'appareil, plus Caelan avait des flashs. Sans trop savoir pourquoi, les images qui lui revenaient en tête le faisaient autant sourire qu’elles le rendaient mal à l’aise… (@Jina Crawley) Finalement, peut-être était-ce plus sage de garder ce rêve un peu gênant pour lui histoire de ne pas donner davantage de raisons à l’inspecteur de se moquer de lui. « Non, tu tombes à pic. Je viens de mettre Alma à la sieste, croise les doigts pour moi que ça dure plus d'une demi-heure. » Il sourit tristement en pensant à la gamine qu’il n’avait jamais eu la chance de rencontrer étant donné la distance que son ami avait décidé de maintenir entre eux lorsque Caelan avait refusé de lui expliquer la véritable raison de son départ précipité au Canada. S’il y avait bien quelqu’un à qui il en voulait pour tous les moments importants qu’il avait déjà manqués et pour les prochains, c’était lui-même. « Je vais croiser tout ce que je peux croiser pour toi. Si ça continue, je devrais même être capable de me tresser la barbe bientôt. » répondit-il en se caressant le menton de sa main libre en se forçant à rire tandis qu’il tentait d’imaginer à quoi Alma pouvait bien ressembler aujourd’hui. « Elle doit avoir beaucoup changé depuis la dernière fois. » Depuis l’âge qu’elle avait sur l’une des rares photos qu’il avait vue d’elle. Il serait sans doute incapable de la reconnaître s’il la voyait en personne sans qu’on ne lui dise de qui il s’agissait. Plutôt que de s’attarder sur ce sujet qui lui rappelait bien trop qu’il était passé à deux doigts de perdre le brun, il préféra détourner la conversation vers la chevelure maintenant dorée de l’inspecteur. « Tiens-toi tranquille jusqu'au bout, et t'auras peut-être pas besoin d'une photo pour admirer ma soyeuse chevelure toi-même. » Un conseil qu’il comptait bien suivre parce qu’il n’avait pas l’intention de passer une minute supplémentaire derrière les barreaux. « J’ai l’habitude de ne pas me tenir tranquille? » Oui, Caelan. Difficile d’avoir l’air innocent maintenant qu’il purgeait une peine pour avoir presque tué quelqu’un. Par accident, certes, mais sa fuite ne l’était pas elle. Qui plus est, le géant n’avait pas pour habitude de rester immobile très longtemps, il en était incapable. Il fallait que ça bouge. « Qu'est-ce que tu veux que j'te dise, faut croire que le blond me manquait … Mais au moins cette fois-ci j'avais pas trop bu pour m'en rappeler. » Il rit, sincèrement cette fois-ci. « T’as pas fait un infarctus en te voyant dans le miroir de la salle de bain cette fois-ci? Rassuré de l’entendre. » Avec le teint de la peau d’Anwar, le blond ressortait beaucoup plus et Caelan n’avait aucun mal à imaginer la réaction que l’homme devait avoir eue le lendemain matin. « Au moins c’est une bêtise qui se corrige assez bien. Je n’ai jamais eu le courage de passer sous le laser pour corriger la mienne. » Le fameux « 007 » que Channing et lui se sont fait tatouer il y a plus de dix ans un soir où ils avaient tous les deux trop bu. Iris ne l’avait pas trouvé drôle, mais étant donné l’emplacement de son tatouage, il avait décidé de le garder et il s’y était fait à la longue, d’autant plus qu’il lui rappelait celui qu’il considérait comme un frère. Ça et peut-être un peu aussi parce qu’il redoutait la douleur du laser… « J'ai même convaincu Maze de faire pareil, maintenant on a l'air de Barbie et Ken. » Il ne manquait plus qu’ils s’achètent une voiture rose à l’effigie de Barbie. La classe. « Et votre prochaine victime sera Alma, c’est ça? Allez, comme ça il y aura le trio de Barbie, Ken et Kelly. » Un petit tout particulier à Julie pour ces connaissances sur le sujet. « T’es pas obligé de dire à Lene que c’était mon idée par contre hein. » Il y avait déjà suffisamment de personnes autour de lui qui n’étaient pas son fan numéro un. « T'as reçu le bouquin ? Norah m'a dit qu'elle te l'amènerait la prochaine fois. » Pas lecteur en temps normal, le Leckie avait apprécié cette petite attention qui lui permettait d’oublier un peu son quotidien le temps de sa lecture. Se changer les idées en se mettant dans la peau de quelqu’un d’autre lui faisait le plus grand bien. « Je n’aurais jamais pensé que t’étais un fan de 50 shades of grey, autant dire que t’as fait des jaloux ici et quelques frustrés. » Fidèle à lui-même, il tentait de détendre l’atmosphère et de détourner l’attention avec ses blagues pourries malgré son ton beaucoup plus maussade qu’à l’habitude. Toute sa vie, Caelan s’était mis la pression de ne pas se montrer faible pour pouvoir épauler ses proches et ce n’était certainement pas dans cet environnement où on surveillait ses moindres faits et gestes à la recherche d’une faiblesse qu’il comptait faire autrement. Alors il jouait le jeu une fois de plus malgré qu’il se doutât que Zehri remarquerait le moindre changement, il s’agissait de son métier après tout. Naïvement, il espérait que le fait qu’ils ne se voyaient pas jouerait en sa faveur. « De base j'avais choisi Le Comte de Monte-Cristo, mais j'me suis dit : hm, maybe too soon. » Un ricanement s’échappa d’entre ses lèvres. « T’aurais pu prendre, je ne sais pas… Arsène Lupin. Ça m’aurait servi au moins. » Servi à prolonger sa peine, oui, parce que ce n’est pas avec son mètre quatre-vingt-onze qu’il aurait réussi à s’infiltrer dans de petits espaces pour s’évader et, de toute façon, il était clairement trop maladroit pour y arriver sans se faire prendre. « Plus sérieusement, oui je l’ai bien reçu et merci, j’apprécie l’attention. » Étant donné la façon dont leur relation s’était dégradée suite à son mensonge, Caelan était convaincu que jamais ils ne retrouveraient le lien qui les unissait auparavant. Anwar aurait très bien pu décider de couper les ponts, mais il était revenu auprès de lui et ça il ne l’oublierait pas le jour ou à son tour il aurait besoin de lui. Il s’était trompé sur son compte et il le regrettait, comme il regrettait avoir cru Iris lorsqu’elle lui avait promis qu’elle serait là pour lui pendant son incarcération. Depuis qu’il s’était dénoncé, elle brillait par son absence. Nostalgique, il se perdit dans ses pensées tout en entortillant le fil du téléphone autour de ses doigts en fixant le vide. Voilà deux mois qu’il ne partageait plus de beaux moments avec ses proches et qu’il se sentait à des années lumières de tout le monde, qu’il avait cette impression que sa vie à lui était sur pause tandis que celle des autres filait à toute allure. Comment choisir un sujet à aborder quand il n’avait aucune idée de ce qu’il se passait à l’extérieur? Que ses journées à lui se ressemblaient toutes et qu’il n’avait strictement rien d’intéressant à raconter? Il avait la sensation de s’éteindre à petit feu, un peu plus à chaque journée. « T’as vu Norah dernièrement donc? » demanda-t-il après avoir poussé un léger soupir. Ils avaient été séparés pour plusieurs mois lors de son séjour au Canada, mais à l’époque, il avait toujours la possibilité de rentrer à la maison si le besoin se faisait sentir d’un côté ou de l’autre. Aujourd’hui, il était coincé en prison et le bien-être de sa sœur l’importait bien plus que le sien. « Je déteste te demander ça, surtout en ce moment… » Il était en arrêt de travail après tout et ce n’était certainement pas parce qu’il était en pleine forme. « Tu gardes un œil sur elle hein? » Évidemment qu’il y avait Chris et Marcus qui étaient présents pour elle, mais une personne en plus n’était pas de trop. « Après, t’es peut-être débordé, qu’est-ce que j’en sais… tu fais quoi de tes journées? Tu faire encore des tours de bateaux aux touristes? » |
| | | | (#)Lun 10 Oct 2022 - 2:02 | |
| Le temps qui passait était une question de perception. A Caelan chaque journée devait sembler interminable, mais pour Anwar elles passaient à toute vitesse dès lors qu’elle se faisait en compagnie d’Alma. Sa sieste de bébé n’aurait l’air de durer qu’une fraction de secondes, mais de l’autre côté du combiné et une fois celui-ci raccroché, les mêmes minutes s’étireraient de façon déraisonnable pour le Leckie privé de ses libertés, et si le « Je vais croiser tout ce que je peux croiser pour toi. Si ça continue, je devrais même être capable de me tresser la barbe bientôt. » était destiné à détendre l’atmosphère, le brun s’imaginant aussitôt son ami transformé en viking et l’image mentale en résultant lui arrachant un rire bref, le retour à la réalité n’avait pas tardé. « Elle doit avoir beaucoup changé depuis la dernière fois. » Depuis qu'elle dernière fois, au juste ? La dernière photo, qui elle-même n'était déjà probablement plus représentative de la réalité tant Alma poussait à vue d'œil chaque jour qui passait. Elle n'avait déjà plus rien du nouveau-né que Caelan n'avait jamais rencontré – et le temps qu'il sorte de prison, elle n'aurait déjà plus rien à voir avec ce qu'elle était lorsqu'il y était entré. « J'ai déjà l'impression qu'elle a changé quand je la récupère après plusieurs jours chez Lene, alors. » Alors oui, elle avait assurément beaucoup changé depuis la dernière fois … Mais puisqu'il était un peu tard pour avoir des regrets, d'un côté comme de l'autre, autant ne pas s'appesantir plus sur la question. En cela, son retour au blond californien faisait une excellente diversion, et si le brun ne prévoyait pas de pousser la plaisanterie pour retourner travailler avec ce look, il était plus que prêt à le conserver suffisamment longtemps par donner à Caelan l'occasion de s'en amuser de visu, pourvu que cela détende un peu l'atmosphère lorsque viendrait le moment de leurs retrouvailles. « J’ai l’habitude de ne pas me tenir tranquille ? » – « Est-ce que c'est une vraie question ? » Son réflexe premier avait failli être de faire remarquer que pour chaque occupant de la prison, la réponse à cette question s'était forcément révélée négative à un moment ou un autre, mais pas là pour enfoncer son ami inutilement, il s'était abstenu. Inconsciemment sans doute peinait-il aussi à mettre sur le même pied d'égalité le Leckie et le reste des pensionnaires de la prison, lui de par son métier si prompt à coller l'étiquette de délinquant ou de criminel sur le front de ceux qui avaient joué et perdu avec la loi, mais soudainement mis face à ce "ce n'est pas si simple" qu'il avait d'ordinaire tant de mal à entendre. « T’as pas fait un infarctus en te voyant dans le miroir de la salle de bain cette fois-ci ? Rassuré de l’entendre. » Ah, ah. « Au moins c’est une bêtise qui se corrige assez bien. Je n’ai jamais eu le courage de passer sous le laser pour corriger la mienne. » N'était-il de toute façon pas un peu tard pour cela désormais ? La bêtise en question était là depuis si longtemps qu'elle faisait presque partie de lui désormais. « Du moment que tu te laisses pas tatouer au charbon par un gros bras dans les recoins sombres d'une cellule. » La mode n'était plus aux bad boys, et ce n'était pas un tatouage de prisonnier (ni le tétanos) qui aiderait Caelan à se replonger dans le dating game à sa sortie. Mais le Leckie avait raison sur un point : la bêtise d'Anwar (dont il ne considérait même pas réellement qu'elle en était une, à vrai dire) était bien moins définitive, et sans doute cela avait-il participé à convaincre Maze, désormais elle aussi propriétaire d'une magnifique crinière platine. « Et votre prochaine victime sera Alma, c’est ça ? Allez, comme ça il y aura le trio de Barbie, Ken et Kelly. T’es pas obligé de dire à Lene que c’était mon idée par contre hein. » Croyait-il. « Je t'ai jamais parlé du fait que Lene avait tenté de négocier Britney comme second prénom ? » Autrement dit, si quelqu'un devait secrètement rêver de transformer Alma en tête à coiffer, ce n'était pas son père. Quant à Lene, elle avait su mener ses négociations d'une main de maître … Puisque sa fille portait le doux nom d'Alma Buffy Frankie Zehri. Et si le brun avait au préalable demandé son autorisation à Norah concernant le troisième prénom, il n'avait eu aucun scrupule à l'imposer à la future mère ; Il méritait au moins cela pour accepter que le second soit une référence à la chasseuse de vampires que Lene tenait en idole. L'esprit d'Anwar ayant accroché Norah quelques instants, il y était resté encore attaché le temps de s'assurer qu'elle avait bien remis à Caelan le cadeau qu'il lui avait laissé. Un simple livre, pas grand chose en somme, si ce n'était une petite attention destinée à compenser (piètrement) son impossibilité à lui rendre visite. « Je n’aurais jamais pensé que t’étais un fan de 50 Shades of Grey, autant dire que t’as fait des jaloux ici et quelques frustrés. » Laissant échapper un rire, il n'avait par conséquent même pas eu besoin de mentir pour rétorquer « Je dois avoir un don particulier pour n'inspirer que de vilains sentiments à tes colocataires actuels. » mais sans qu'il ne parvienne encore à mettre le doigt dessus la phrase de Caelan avait éveillé chez lui un sentiment d'alerte. Et si la référence à Edmond Dantès avait suffisamment fait mouche pour lui faire renchérir du même ton « T’aurais pu prendre, je ne sais pas … Arsène Lupin. Ça m’aurait servi au moins. » les mots avaient semblé tous bien plus lourds de sens lorsqu'il avait ajouté « Plus sérieusement, oui je l’ai bien reçu et merci, j’apprécie l’attention. » Lorsqu'il avait glissé le roman dans les mains de Norah il s'était senti un peu bête, comme s'il tentait de mettre un pansement sur une jambe de bois, mais que pouvait il faire d'autre ? « Je sais qu'on en a déjà parlé, mais tu sais que je viendrais, si je pouvais ? » Depuis le début de l'incarcération de Caelan c'était une crainte qui ne le quittait pas : que le blond l'imagine se servir de cette excuse pour esquiver les visites, et n'agir que par la mauvaise volonté dans laquelle il s'était illustré depuis que le frère de Norah était rentré du Canada. « Je me le pardonnerais pas, si t'avais des ennuis par ma faute. » Il était déjà tellement facile de s'en attirer, et avec tout le respect qu'avait Anwar pour son ami il n'était déjà tellement pas taillé par ce milieu, pour commencer. Tentative pour noyer le poisson plus loin, peut-être, le Leckie avait fini par questionner d'un ton précautionneux « T’as vu Norah dernièrement donc ? » Ils s’étaient vus, oui, pas plus tard que cinq jours avant et au grand damne d’un Marcus qui aurait probablement payé cher pour ne pas avoir à partager sa nièce et son neveu avec l’intrus qu’il représentait à ses yeux. « Je déteste te demander ça, surtout en ce moment … Tu gardes un œil sur elle hein ? » Tous les deux parfaitement conscient que cette simple formulation aurait eu le don de hérisser le poil de la concernée, ils se connaissaient suffisamment maintenant pour savoir que jamais cette conversation ne reviendrait aux oreilles de Norah quand bien même elle en était la principale intéressée. « C’est pas toujours le cas ? » avait-il questionné en forçant un ton amusé, comme pour tenter de dédramatiser la situation. Il était sérieux, pourtant, il n’avait pas attendu que Caelan le demande pour le faire : il s’en faisait un devoir depuis si longtemps désormais qu’il n’avait même plus besoin d’y réfléchir, n’en déplaise d’ailleurs à l’aîné de la fratrie. « T’inquiètes, entre tes frères et moi, elle est entre de bonnes mains. Même si elle doit avoir hâte de t’avoir à nouveau comme cobaye pour sa cuisine, ton frère s’encroûte à force de s'empiffrer de ses pâtisseries. » Auquel des deux frangins faisait-il référence, ça Anwar laissait en revanche à Caelan le soin de choisir ce qui lui semblerait le plus probable, et se garderait bien de dire que sa propre balance aussi faisait un peu la tête depuis qu’il n’avait plus à s’acquitter des quatre heures de salle hebdomadaires au commissariat. « Après, t’es peut-être débordé, qu’est-ce que j’en sais … tu fais quoi de tes journées ? Tu fais encore faire des tours de bateaux aux touristes ? » Pour un peu, il se serait attendu à l’entendre lui aussi parler du Borealis comme d’une vulgaire pirogue – mais Dieu merci, il n’y avait que Zoya pour faire preuve d’autant de légèreté à l’égard du navire de l’inspecteur. « Te moque pas trop, t’as pas idée des pourboires que peuvent laisser certains touristes, j’vais pouvoir prendre ma retraite avant la cinquantaine, si ça se trouve. » Ou peut-être pas soit, mais pour quelqu’un qui ne touchait plus son salaire de fonctionnaire de police, disons qu’Anwar n’était pas aussi à plaindre qu’il aurait pu se l’imaginer en rendant (provisoirement) son badge d’inspecteur. « C’est la première fois que j’arrive à ne pas penser au boulot. Genre, pour de vrai. » avait-il néanmoins fini par confier d’un ton plus sérieux. D’ordinaires les vacances n’étaient jamais suffisamment longues pour lui permettre de décrocher, et les week-ends bien trop courts pour permettre une vraie coupure. Pour la première fois depuis les presque deux décennies de sa carrière il n’avait pas l’esprit parasité par les horreurs avec lesquelles il fallait parfois (souvent) composer lorsque l’on avait choisi de faire son métier. « Tiens le coup là-dedans, d’accord ? T’as fait le plus long, tu seras bientôt dehors. » Mais “bientôt” était un terme relatif – et bien plus facile à appréhender lorsque l’on était à la place d’Anwar plutôt qu’à celle de Caelan, qu’on s’entende.
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| | | | (#)Lun 21 Nov 2022 - 18:02 | |
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« J'ai déjà l'impression qu'elle a changé quand je la récupère après plusieurs jours chez Lene, alors. » Alors il n’y avait aucun doute que la gamine serait méconnaissable pour le prisonnier qui n’avait pas vu de photos d’elle depuis plusieurs mois déjà. Caelan pouvait seulement compter sur l’espoir que la fillette ressemble de plus en plus à son père en vieillissant pour pouvoir la reconnaître facilement, quoique ce n’était pas forcément une bonne chose si elle héritait aussi des défauts de celui-ci dans le processus. À moins qu’elle ait les défauts de sa mère et les qualités de son père comme aimait souvent taquiner la mère du géant. « J’imagine, ça change tellement vite à cet âge… » Étant donné le lien puissant qu’il entretenait avec Norah sans grande surprise, Caelan avait toujours été très présent dans la vie de son neveu et de sa nièce. Même s’il n’avait pas eu d’enfant à lui, il pouvait donc se baser sur ceux de sa sœur pour se faire une idée et il se souvenait encore qu’ils changeaient presque à vue d’œil lorsqu’ils avaient environ l’âge d’Alma. Apparemment, il n’y avait pas que la fillette qui changeait à vue d’œil, mais aussi son père qui connaissait visiblement une crise de la quarantaine. Entre son arrêt de travail et sa crinière dorée, Anwar semblait avoir besoin de changement dans sa vie. « Est-ce que c'est une vraie question ? » L’inspecteur était sans doute le mieux placé pour savoir que ceux qui se retrouvaient derrière les barreaux comme Caelan n’étaient pas innocents, sans parler du tempérament actif du brun qui avait besoin d’action dans sa vie pour s’épanouir. « Tu n’es pas obligé de répondre. » Il ne valait probablement mieux pas.
« Du moment que tu te laisses pas tatouer au charbon par un gros bras dans les recoins sombres d'une cellule. » Il était peut-être aventureux, Caelan, en plus de faire son fier un peu trop souvent, mais il allait être le dernier à se porter volontaire pour se faire tatouer par un de ses voisins de cellule. Son courage n’allait pas si loin, surtout lorsqu’il était question d’aiguille. Si ce n’était pas de l’alcool qu’il avait ingéré le soir où il s’était fait tatouer sur le torse, sa peau serait toujours vierge. « Trop tard… » L’ancien Caelan aurait ajouté qu’il s’était fait tatouer près du pubis un cœur dans lequel on pouvait lire le nom Annie, mais son état d’esprit des derniers mois l’empêchait de pousser la blague au maximum. « Je t'ai jamais parlé du fait que Lene avait tenté de négocier Britney comme second prénom ? » Il réfléchit quelques secondes en fronçant les sourcils. « Non, je ne pense pas. » Il fallait dire que Caelan n’était pas le plus présent pour ses proches à l’époque où Anwar avait appris qu’il allait être papa une deuxième fois, ce n’était donc pas surprenant que son ami ne soit pas au courant de cette histoire. « C’est pour ça que tu t’es reteint les cheveux en blond? » Oops I did it again. Jamais Caelan ne jugerait le choix de nom d’un enfant, ça ne regardait que les parents, mais il comprenait que le blond avait tenu son bout dans cette histoire.
« Je dois avoir un don particulier pour n'inspirer que de vilains sentiments à tes colocataires actuels. » Aux yeux des codétenus de Caelan, Anwar commençait avec un sérieux désavantage rien qu’en raison du métier qu’il pratiquait et ça même pour ceux dont il n’avait absolument rien à voir avec leur incarcération. « C’est certain qu’il ne faut pas t’attendre à ce qu’ils t’invitent à leur prochain BBQ. » Si le Leckie était lui-même un détenu, il n’en voulait pas pour autant aux policiers qui avaient été impliqués dans son dossier et ça n’avait rien à voir avec le fait qu’il s’était dénoncé plutôt que de s’être fait attraper. Il était le seul responsable de ce qu’il s’était passé, les policiers ne faisaient que leur travail et il trouvait ridicule que les autres détenus leur en tiennent rigueur. C’était là une autre preuve qu’il n’avait pas grand-chose en commun avec les autres hommes présents dans l’établissement. « Je sais qu'on en a déjà parlé, mais tu sais que je viendrais, si je pouvais ? Je me le pardonnerais pas, si t'avais des ennuis par ma faute. » De son côté du combiné, il hocha doucement la tête en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule. « Ne t’en fais pas, je le sais et je comprends. » Même si son ami lui manquait, il était le premier à ne pas vouloir d’ennuis pendant son séjour en prison, déjà qu’il en avait sans la visite de l’inspecteur. Il n’était pas dupe, il voyait déjà les changements que son incarcération avaient sur lui, mais s’il pouvait au moins un peu préserver sa santé physique, ce serait déjà au moins ça. « On se reprendra quand je sortirai. » dit-il encore loin de se douter que la seule chose dont il aurait « envie » en sortant allait d’être seul.
À défaut de savoir ce qu’il se passait dans la vie de ses proches pendant que lui passait le temps comme il le pouvait en faisant un travail insignifiant en prison, Norah était un sujet facile à aborder pour meubler le temps et dissiper son malaise. Il s’en faisait pour tous ses proches, évidemment, mais sa sœur jumelle avait une place spéciale dans son cœur, mais aussi dans ses priorités. Elle avait vécu beaucoup de choses difficiles ces dernières années et Caelan culpabilisait d’en ajouter une couche avec son incarcération en plus de ne pas pouvoir être là pour la soutenir comme il le désirait. « C’est pas toujours le cas ? » Il haussa une épaule en souriant. « Oui, évidemment, je voulais juste être sûr. » Pas que c’était nécessaire, il savait que Anwar était toujours présent pour Norah et le fait qu’il restait malgré la façon dont Marcus agissait avec lui depuis un moment prouvait bien qu’il était pour rester. « T’inquiètes, entre tes frères et moi, elle est entre de bonnes mains. Même si elle doit avoir hâte de t’avoir à nouveau comme cobaye pour sa cuisine, ton frère s’encroûte à force de s'empiffrer de ses pâtisseries. » Malgré la tristesse qu’il pouvait ressentir de manquer ces petits moments banals de la vie, Caelan rit légèrement en imaginant la scène. « Il va falloir que je trouve un nouveau surnom à Marcus, c’est ça? Brioche ne suffira plus? Il va falloir que je lui botte le cul en sortant pour qu’il se remette en forme. » Parce que c’était assurément de lui que Zehri parlait, il n’y avait aucun doute possible dans la tête du détenu. « Te moque pas trop, t’as pas idée des pourboires que peuvent laisser certains touristes, j’vais pouvoir prendre ma retraite avant la cinquantaine, si ça se trouve. » répondit l’inspecteur en parlant des tours de voilier qu’il organisait avec des touristes. « Pourquoi je me moquerais? Je trouve au contraire que c’est une bonne idée. » Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable? Anwar pouvait avoir un revenu supplémentaire en pratiquant un de ses loisirs. « C’est la première fois que j’arrive à ne pas penser au boulot. Genre, pour de vrai. » Et ça, le brun était content de l’entendre parce qu’il imaginait sans difficulté comment il devait être difficile de ne pas ramener le travail à la maison avec le métier que pratiquait son ami. « Je suis content de l’entendre, ça doit te faire un bien fou de décrocher enfin. » Au moins son congé ne servait pas à rien. « Tu es en congé pour combien de temps? As-tu une date de retour ou pas encore? » le questionna-t-il avec curiosité. « Tiens le coup là-dedans, d’accord ? T’as fait le plus long, tu seras bientôt dehors. » Il se dandina en fixant les pieds, un peu mal à l’aise d’aborder le sujet de sa libération parce que même s’il était impatient de retrouver sa liberté, il n’avait aucune idée de la vie qu’il allait mener dehors et ça lui faisait peur. « Ne t’en fais pas, je suis un grand garçon ok? » tenta-t-il de le convaincre alors que c’était lui qui avait besoin de l’être. « Je devrais y aller, le tatoueur aux gros bras veut faire un appel lui aussi. Prends soin de toi Annie. » Lentement, il raccrocha le combiné en soupirant avant de laisser la place à quelqu’un d’autre. Si l’appel lui avait en quelque sorte fait du bien, son cœur était lourd maintenant qu’il était de retour dans sa réalité douloureuse. |
| | | | | | | | (caelanwar) in the wrong place tryin' to make it right |
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