La peinture, ça a toujours été pour toi une grande passion. D’aussi loin que tu puisses t’en rappeler, ça a toujours été cette zone de sécurité où tu pouvais vraiment être toi-même. Cette flamme que tu ressens brûler en toi lorsque ton pinceau s’agite sur la toile dans toutes les directions, ce feu brûlant que sans doute seuls les autres passionnés d’arts et de peinture peuvent comprendre. C’est donc avec surprise que tu découvrais une invitation à participer à un atelier peinture organisé par la ville. Une agréable surprise, de voir ton principal centre d’intérêt enfin à l’affiche. Une surprise tellement agréable qu’elle vint même faire germer l’idée d’y participer dans ton esprit. Si certains auraient sautés sur l’occasion sans se poser davantage de questions, pour toi l’exercice représentait un défi. Sortir de chez toi, voir des gens, socialiser… toutes des choses qui ne t’inspirent guère, du moins pas pour le moment. La question vint donc sérieusement se poser pour toi. C’est en cherchant des moyens de te convaincre d’y participer, que te vint l’idée d’inviter Oakley. Oakley, c’était cette rencontre inattendue au bord de la route, dans des circonstances improbables et qui étaient pourtant arrivées. Mais surtout, c’était celle que jamais on aurait cru vous imaginer traîner ensemble, et encore moins devenir amies. Et pourtant, c’était bel et bien ce qui était arriver. Certes, cela faisait un moment que vos chemins ne s’étaient pas croisés et tu voyais en cet atelier l’occasion toute rêvée pour vous de rattraper le temps perdu.
C’est ainsi que tu te retrouves à enfiler ton sac à bandoulière autour de ton épaule, barrer ton petit studio derrière toi avant de t’élancer dans les rues de Brisbane vers la galerie d’art. Une phrase improbable te concernant. Wolfie qui sort de chez elle. Un événement. Mais aujourd’hui, tu as décidé de faire fi de tes appréhensions et tu es décidée à passer un bon moment avec Oakley. Les choses se compliquent légèrement lorsque tu pousses les grandes portes de la galerie. Tu clignes des yeux sous la surprise, réalisant que tout le monde est vêtu de tenues habillées, te sentant bien à côté de la plaque avec tes jeans et ton t-shirt. Te serais-tu trompée d’endroit? L’affiche indiquant pourtant bien la galerie d’art. Et à en croire les toiles remontées aux quatre coins de la pièce, tu croirais bien être au bon endroit. Alors tu décides de ne pas t’arrêter et de t’enfoncer un peu plus loin dans l’immense bâtiment vers le local indiqué dans l’annonce. C’est finalement au fond de la galerie que tu retrouves un grand panneau jonchant le sol où l’on peut y lire « atelier de peinture », une grande flèche dessinée au pinceau indiquant la porte entrouverte juste à côté. Satisfaite, tu prends une grande inspiration avant de rentrer dans la pièce bondée de monde. Par bondée, on entend peut-être une dizaine de personnes, ce qui ne serait peut-être pas beaucoup pour certains mais une foule de personnes pour toi. Tu survoles la foule du regard à la recherche d’une tête familière, ou plutôt, à la recherche de Oakley. Tu commences à paniquer lorsque tu ne la trouves pas mais tu te ressaisis rapidement, te secouant les épaules avant de t’avancer vers le fond du local où se trouvent deux tabourets vides répartis autour d’une grande table, l’un en face de l’autre. Tu poses ton sac sur la table en jetant un coup d’œil nerveux autour de toi. Pour le coup, tu espères sincèrement que quelqu’un d’autre ne prendra pas sa place avant son arrivée.
Oakley n’est pas une artiste, elle ne l’a jamais été. Pour elle c’est plutôt le sport, les activités physiques les choses dans lesquelles elle excelle. Elle est douée pour jouer au foot, pour aller courir, pour faire un cours de sport, pour battre des records et relevé des challenges, mais elle n’a jamais été une grande artiste. Elle aime l’art, elle a toujours aimé cela et elle a toujours trouvé cela fascinant de voir à quel point certaines personnes peuvent faire passer des émotions à travers des photos ou à travers une peinture. Elle apprécie de regarder des tableaux, de faire ce genre de choses alors quand Wolfie lui envoie un message pour lui proposer de venir à un atelier de peinture avec elle, elle accepte. Elle sait qu’elle ne fera sûrement rien de magnifique, mais elle aime tester de nouvelles activités alors elle n’hésite pas. Elle répond à son amie avec un message avant d’aller se préparer. Elle ne sait pas vraiment comment s’habiller, alors elle enfile un jean et un simple tee-shirt. Cela fait plusieurs mois qu’elle n’a pas vu Wolfie. Si les deux jeunes femmes sont devenues amies il y a quelques années, elles ne se voient pas forcément très régulièrement. Oakley a pourtant toujours apprécié la présence de la brune, avec elle les choses sont simples et avec les derniers événements de sa vie, c’est exactement ce dont la blonde a besoin. Elle a besoin de se changer les idées, de ne pas penser à Cian alors toute occasion est bonne pour faire autre chose que d’être seule dans ses pensées.
Une trentaine de minutes plus tard, Oakley arrive devant la galerie d’art. Elle observe les quelques personnes à l’intérieur de la galerie avant de pousser la porte. Elle entre dans le building et regarde un peu autour d’elle avant de suivre le fléchage qui indique l’endroit de l’atelier. Elle entre dans la petite pièce et en scannant l’endroit son regard tombe immédiatement sur son amie. Wolfie n’a pas changé, elle est toujours aussi belle avec ses longs cheveux bruns. Il lui adresse un grand sourire et vient doucement vers elle. « Hey ! » Oakley lui dit avant de venir doucement lui donner une accolade. « Ca fait longtemps, comment tu vas ? » La blonde lui demande avant de déposer son sac à côté d’elle et de se poser sur l’un des tabouret. « Je suis contente que tu m’aies proposé de faire ca. Même si je vais probablement être une catastrophe avec un pinceau dans les mains. » Elle laisse échapper un petit rire.
Oakley était l’une de ces rencontres à laquelle tu ne t’attendais pas. Au bord de la route, en pleine crevaison, sans repaires et surtout avec personne à appeler, la comparaison est faible, Oakley avait été un véritable cadeau du ciel. Tu ne t’étais pas attendue à ce que cette rencontre perdure dans le temps jusqu’à devenir une amitié et c’était pourtant ce qui était arrivée. Aujourd’hui, Oakley et toi vous voyiez de temps à autres, certes moins que ce que tu aurais espéré mais elle était restée une amie fidèle à tes côtés, avec une personnalité aux antipodes de la tienne et c’était là justement tout ce dont tu avais besoin; elle te poussait à sortir, oser, sortir de ta zone de confort lorsque vous étiez ensemble. Des occasions comme aujourd’hui, et c’est d’ailleurs pour cette raison que tu n’avais pas hésité un instant à lui proposer cette sortie.
La pièce se remplit peu à peu et tu jettes régulièrement des regards furtifs en direction de la porte, attendant impatiemment que ton amie arrive. Miraculeusement, le siège en face du tien est toujours vide et les gens s’en détournent comme par magie à chaque fois qu’ils passent devant, comme s’ils pouvaient lire dans tes pensées. Il faut dire que ton attitude n’est pas très avenante et que tu ignores chaque étranger qui se prostre en face de toi, plus par timidité que par malice. Tu relèves finalement la tête de tes pinceaux, le sourire aux lèvres et pleine d’espoir lorsque tu entends avec distinction la voix d’Oakley, qui se trouve d’ailleurs juste à côté de toi. « Hey! » que tu lui ripostes, miroir avec son accueil, chaleureux comme à son habitude. Vous vous faites une accolade puis elle dépose ses choses aux côtés des tiennes, réservant de ce fait le tabouret en face du tiens et libérant un poids de tes épaules. « Ça fait longtemps, comment tu vas? » Tu la regarde s’asseoir, toujours souriante de revoir ton amie que tu n’as pas vu depuis ce qui te paraît être des lustres. « Ça va, et toi? Ça faisait longtemps et lorsque j’ai vu cet atelier dans un flyer, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à toi. » Pas parce que tu connaissais Oakley pour un talent certain envers la peinture, mais plutôt car tu te souviens d’elle comme étant curieuse, touche à tout et surtout, toujours prête à tenter quelque chose de nouveau. Tu t’esclaffes gentiment de rire lorsqu’elle mentionne qu’elle risque d’être une catastrophe avec un pinceau entre les mains. « Mais non, ne dit pas ça. » Tu marques une courte pause, avant de relever un regard coquin en sa direction. « Enfin, je ne sais pas. » Puis tu esclaffes à nouveau de rire. « L’important c’est de s’amuser, et puis la Oakley que je connais ne dit jamais non à de nouvelles aventures. » Tu lui lance un clin d’œil alors que l’instructeur à l’avant commence à donner ses directives. Des équipes de deux, ce que tu avais déjà pu comprendre avec les tabourets situés les uns en face des autres. « … L’objectif d’aujourd’hui sera de faire un portrait de la personne en face de vous. Vous disposez de tous les pinceaux et couleurs en face de vous et d’un chrono d’exactement deux heures. » Puis tu le regardes, sans davantage d’avertissement, taper sur un cadran relativement grand posé sur le bureau qu’il semble avoir apporté exprès pour l’occasion. « Le temps est parti! » Tu regardes Oakley, lui souris et commence à faire le tri entre les multitudes de pinceaux et de couleurs contenus dans un petit pot en face de toi, les étalant sur la table. Cette activité risque d’être intéressante.
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